Qui singer ? : Touraine SereineTouraine Sereine Vingt mois déjà ——— pourtant, un moi « nous » suffit bien ! « Plaque des couleurs | Page d'accueil | LXIX CRESCENDO » lundi, 05 février 2007 Qui singer ? À ce que j'ai compris, Elsa est étudiante à Sciences Po. Après avoir, pas très gentiment, ironisé sur son maniement particulier de la langue française, je suis allé faire un tour sur son blog. Il s'avère, tout d'abord, que c'est une jeune fille courageuse, plutôt lucide et qui, sur son blog, au moins, écrit dans un français quasiment impeccable. Il est dommage qu'elle ne mette pas le même soin aux commentaires qu'elle laisse sur le mien ; sans doute trouve-t-elle que je n'en vaux pas la peine... Ouf de soulagement : quand ils s'appliquent, les étudiants de Sciences Po savent encore écrire français... aussi bien, en tout cas, que les journalistes du Monde. Par ailleurs, je vous invite à lire son billet Oublier Blanche-Neige, qui montre qu'Elsa ne pratique ni la langue de bois ni la langue de velours. On trouve, dans ce billet, les deux visages diamétralement contradictoires d'Elsa. D'une part, l'analyste lucide : Au fond, le plus grave est que nous, ma génération, manquons cruellement de projet et d'idéologie. Avant même d'être entrés en politique, nous sommes blasés et ne croyons pas en grand chose. Plus exactement, il y a beaucoup de choses en lesquelles on croit, très peu pour lesquelles on reçoit du soutien. Nous sommes tous contaminés par une sorte de morosité ambiante, qui s'étend partout, y compris et surtout dans le champ politique. C'est quand même effrayant que la seule chose qui puisse mobiliser la jeunesse, c'est une sombre histoire de contrat d'embauche. Tout se passe comme si les combats pour la liberté, pour les grands idéaux, pour des grands projets, étaient derrière nous, et qu'il ne nous restait plus que la réalité. D'autre part, une forme d'inculture historique et politique tout à fait alarmante, surtout de la part de quelqu'un qui dit, par ailleurs, détester Sarkozy : On se console en se disant que DSK fera un bon ministre de l'économie et des finances, qu'elle pourra lancer des sujets de gauche sur la table (en particulier l'environnement, une gestion plus "juste" des immigrés, etc.) Et juste après on songe qu'on n'a pas vraiment de ministre des Affaires Etrangères crédible. Oups, pourquoi Kissinger était américain, et pas français ? Humm, de toute façon il est mort. Kissinger ? N'est-il pas, tout de même, l'un des principaux responsables du coup d'Etat du général Pinochet ? Son nom n'est-il donc pas - sinon pour tous, du moins pour certains militants de gauche - irrémédiablement sali par le sang d'Allende ? Et je passe sur les innombrables autres vilénies diplomatiques commises au nom du containment, que ce soit en Amérique latine ou en Afrique... Alors oui, Elsa, vous manquez d'idéologie. C'est, à titre personnel, ce qui m'affole le plus dans la campagne que mène Ségolène Royal : l'absence d'idéologie. Vous manquez d'idéologie, mais ce n'est pas grave, car, de toute évidence, vous êtes intelligente. Mes propos pourront vous paraître condescendants ; je donne peut-être l'impression de vous faire la leçon... Peut-être... C'est ma façon... Qui n'a pas ses défauts, hein ? Mais voilà : la prochaine fois que vous lancez un nom, afin de le donner en exemple ou de le vouer aux gémonies, vérifiez un peu, quand même. 12:30 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note Trackbacks Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note : http://tourainesereine.hautetfort.com/trackback/865461 Commentaires Il faut vraiment se calmer là... C'est pas parce que j'ai soutenu Adrien en rappelant (à juste raison il me semble) que Georges Frèche a été suspendu des instance nationales du PS pour ses propos sur les harkis, alors même que l'idée contraire a été répandue un peu partout, que je doit recevoir des attaques personnelles. Ce que, malgré mon petit cerveau étroit, mon manque d'idéologie inquiétant et compagnie, je n'ai jamais fait, sauf à parler de personnages publiques. Maintenant, tu seras gentil de supprimer tout ce qu'il y a d'indications personnelles (même apparemment insignifiantes), avec un lien qui permettrait de me retrouver. Je parle notamment de l'école où je fais mes études. Tu remarqueras que mon blog ne comporte pas une seule fois le nom de cette école dans les articles et pour cause : c'est un espace d'expression personnel, que je veux garder cantonné au cercle restreint de mes amis, et je tiens absolument, de fait, à éviter toutes les googlisations. C'est peut-être contradictoire, mais mon blog est "semi-public", je dirais. Donc, j'espère que tu comprendras que je tiens à ce que tu retires cette indication. Et pourquoi garder un cadre semi-public ? Peut-être aussi pour assurer que le lectorat reconnaisse mon type d'humour, pas forcément drôle mais qui m'a souvent value d'être mal comprise. Mes amis connaissent mon humour et ma manière de penser. D'une manière générale, je ne pense pas qu'on puisse prendre au pied de la lettre une phrase qui commence par "Oups". Il n'y a pas non plus d'approfondissement ni de développement autour de Kissinger, ce qui montre à nouveau, qu'il n'y avait pas de quoi prendre cette phrase trop au sérieux. Séparons la politique étrangère américaine sous la Guerre Froide (certes largement incarnée par Kissinger), du personnage lui-même. Si les mémoires de Kissinger sont étudiées comme référence dans la plupart des cours de relations internationales et d'histoire du système international, ça n'est pas un hasard. C'est indispensable pour comprendre les relations internationales aujourd'hui. Kissinger était un fin stratège, un maître des relations internationales, et un excellent négociateur. Cela dit, il s'est clairement placé au service d'un pays, dans un contexte bien particulier (celui de la Guerre Froide), et d'une idéologie. Jamais, au grand jamais, je n'irai l'encenser sans nuancer mes propos. Et je ne l'ai pas fait. Quand je parle de Kissinger, à propos des affaires étrangères françaises, je voulais bien sûr parler (et c'est en parfaite cohérence avec le contexte et mes articles précédents) d'un fin stratège et d'un maître des relations internationales à la française, indépendamment des actions qu'il mène. Et ça, clairement, la France en manque. Plus exactement, la France n'a pas réussi à les intégrer au paysage politique. La distinction peut paraître artificielle, mais tient la route selon moi. Surtout dans une petite phrase légère qui commence par "Oups". D'une manière encore plus générale, je n'aurais pas osé mettre sur un même plan Kissinger et DSK^^. Deuxièmement, j'ai beau être très critique vis-à-vis de la Françafrique, je ne crois plus à des relations internationales blanches, pures et irréprochables. C'est ce vers quoi l'on doit tendre, mais cela reste hautement difficile, ne serait-ce que de part les personnes que l'on a en face (qui sont loooin de partager les mêmes idéaux), et de part l'impossibilité de prévoir l'avenir. Ecrit par : Elsa | lundi, 05 février 2007 ******************************************************* From: guillaume.cingal@wanadoo.fr To: tuRRRlututu@hotmail.com Subject: Oups (!) Date: Mon, 5 Feb 2007 18:06:00 +0100 Chère Elsa, Je tiens à vous présenter mes excuses si je vous ai froissée. On ne peut pas dire que le sens ironique de votre remarque sur Kissinger était très clair, mais j’admets m’être fourré le doigt dans l’œil. Toutefois, si vous me lisiez depuis assez longtemps, et si vous saviez combien je peux être critique, vous sauriez que mon billet était vraiment un hommage. Par exemple, il m’arrive assez rarement de dire de quelqu’un qu’il est « intelligent » et c’est la qualité qui compte le plus pour moi. D’ailleurs, j’ai cité votre § d’analyse sur votre génération, qui me paraît plus beau et plus incisif que des dizaines de livres sur le même sujet. J’ai aussi, au début de ce billet, admis avoir été méchant, et que vous écriviez bien, en fin de compte. Il m’arrive assez rarement de reconnaître m’être trompé, et je pensais aussi que la conclusion auto-ironique de ce billet suffisait à vous montrer que je ne me mettais nullement « au-dessus de la mêlée ». Bref, autant dire que, si vous avez pensé « recevoir des attaques personnelles », c’est un immense malentendu. Je n’étais pas du tout au courant du fait que vous cachiez votre appartenance à Sciences Po, puisque vous en avez fait plusieurs fois fait état sur le blog de Simon. Enfin, puisque vous vous sentez attaquée (alors que, croyez-le, je voulais vous rendre hommage et lancer un débat constructif avec vous (ce à quoi votre réponse contribue, d’ailleurs)), je vous laisse le choix : voulez-vous que je supprime purement et simplement ce billet, s’il était maladroit ? Une fois encore, je n’ai jamais proposé cela à quiconque, et c’est là aussi m’en remettre à votre jugement, ce que je ne fais pas si souvent que cela. En espérant que vous voudrez bien accepter mes excuses, je vous fais part de mes salutations respectueuses. Guillaume Cingal