Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 08 septembre 2020

Extraits d'une lettre à un "ami" soi-disant communiste

[...]

Quand, quelques lignes après avoir dit que tu es athée et que pour toi ça compte plus que tout et qu’il ne faut tolérer aucune religion, tu parles de ton activité militante comme d’un « sacerdoce », ça prouve bien que tu te vois du côté du camp du Bien en train d'évangéliser les ignorants. Et c'est ce que tu fais sans arrêt : toi seul as raison, aucun débat possible, ta propre parole est sacrée.

Ainsi tu es content, y a quelques personnes qui ne voteront plus Le Pen. OK. Ils continueront à détester les arabes ou les gays ou les « féministes », mais ils votent plus Le Pen, toi t'es content. T'as un pays idéal universel et unitaire, une nation fantasmée où en fait plus de la moitié des gens sont opprimés ou victimes de discriminations d'une manière ou d'une autre, mais bon t'appelles ça universalisme et t'es heureux.

 

Depuis des mois que je te lis partir en vrille, je vois que, pour toi bourgeois est la seule critique fondamentale : la littérature est un truc de bourgeois, les luttes LGBT ou féministes sont des trucs de bourgeois, l'antiracisme est un truc bourgeois (parce que les Africains en situation irrégulière exploités par ÜberEats c'est des bourgeois n'est-ce pas). Un de tes potes sur Facebook m’avait d’ailleurs sorti ça comme argument-massue imparable et qu’il n’y avait que la lutte opposant deux camps, les bourgeois et les prolétaires, que rien d’autre n’avait de sens. Je lui ai demandé si, pour lui, un plombier à son compte qui touche 4.000 euros par mois déclarés (sans compter tout ce qu’il escroque au fisc) était bien un prolétaire et moi, qui touche 2.500 euros avec 25 ans d’ancienneté dans l’enseignement supérieur, un doctorat et une agrégation, j’étais un bourgeois ? Ni lui ni toi n’avez répondu. Il faut croire que l’argument-massue a tout de la brindille.

 

Moi j'ai toujours été clair idéologiquement : le seul sujet fondamental, absolument prioritaire, c'est le changement climatique et la biodiversité. Les luttes qu'on peut y associer pour que le monde soit moins pourri sans attendre un (j'en ai peur impossible et trop tardif) virage à 180° en matière de politiques environnementales, je m'y associe. Et ça inclut bien sûr une remise en cause fondamentale du capitalisme : ce qui n'est pas facile, c'est que beaucoup d'anticapitalistes déclarés comme toi, voire de gens qui se disent seuls à pouvoir la bonne parole (sacerdotale ?) de l'anticapitalisme, sont productivistes, consuméristes, et ne sont aucunement gênés par les lobbies agro-industriels. Cela ne rend pas la convergence des luttes très aisée...


Et, enfin, c'est la énième fois que tu me sors, en pensant m'insulter, le truc selon lequel si l'extrême-droite arrive au pouvoir tu auras « beaucoup plus à craindre que moi ». Le sous-entendu est que je collaborerai lâchement. Peut-être. On verra. Et que toi tu seras forcément en danger, en tant que « communiste » revendiqué.
Alors en fait non.

Si l'extrême-droite arrive au pouvoir et si tu as des ennuis il te suffira de mettre en exergue ton compte Twitter, dont 90% des posts depuis un an reprennent mot pour mot les obsessions de toute la presse identitaire. Si l'extrême-droite arrive au pouvoir pour les mecs comme toi dont TOUTE l'activité sur les réseaux sociaux se résume à jeter l'opprobre sur les féministes, les militant-es LGBT, les antiracistes, l'Union européenne, l'Allemagne, le virage « sociétal » du PCF, le prétendu « capitalisme » d’EELV, les anti-nucléaire ou les anti-chasse, ce sera open bar : il est des nôtres, il déteste le "politiquement correct" comme les autres...

 

12:19 Publié dans *2020* | Lien permanent | Commentaires (0)