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mercredi, 06 mars 2024

06032024

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De retour à Tours immense plaisir de trouver dans la boite aux lettres mes exemplaires. Ce livre, dont on a vu naître et se dessiner les contours sonnet après sonnet, il y a quelques années sur Facebook, quel bonheur de le découvrir, avec ses belles pages, sa typographie soignée... et les collages de Françoise Guichard, décidément douée de tous talents.

 

dimanche, 04 février 2024

Insurrection de la poussière

 

En 2018 à Lyon on avait vu l’exposition d’Adel Abdessemed avec l’installation Shams, dont il est beaucoup question ici. Cixous la décrit très bien (p. 93).

En empruntant plusieurs – et donc très peu, à peine une dizaine de – livres de Cixous j’ai donc découvert l’amitié qui la liait à Adel Abdessemed, et ce gros livre carré contenant de très belles photographies d’œuvres d’A.A., ainsi que la correspondance entre H.C. et A.A. (c’est comme ça sur la couverture), avec reproduction des pages manuscrites. J’ai survolé la correspondance, le temps de me confirmer le caractère insupportablement poseur, trop souvent, de Cixous (qui réussit à commencer une très longue lettre par la notation qu’elle a « un peu, très peu de temps, autour de mon stylo », p. 130 (on croirait la parodie de Proust dans À la manière de…, sauf que pour Cixous c’est premier degré)).

D’ailleurs, A.A. le 26 juin 2013 :

Insurrection de la poussière (04022024)

Peut-être aussi ne suis-je pas proustien parce que je traite des images… et non des mots… Toutes mes œuvres sont des autoportraits présents… J’ai toujours fait des autoportraits… et tout ce que je fais est un autoportrait… Un autoportrait dans un EXIL perpétuel… Je suis toujours là… et je ne suis jamais là… (p. 228)

 

Je n’avais pas compris, ou j’avais oublié (est-ce que ça revient au même ?), que Shams commémore – Cixous abuse ici encore de son néologisme-valise commémourant – les travailleurs (africains surtout) qui meurent chaque jour sur les chantiers au Qatar. Cixous :

Au Qatar on ne voit pas. Invisibles les maîtres. Invisibles les esclaves. Au Qatar on sent qu’on ne voit pas. La sensation que l’on est qatarisé croît de jour en jour. On nonvoit ce que l’on sent. Le ciel est fiévreux. La qatarisation des sens menace. (p. 97)

 

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Il est opportun que je dise que ce genre de livres que je parcours, ou dans lesquels je pioche plus que je ne les lis, résonnent particulièrement d’échos des autres lectures simultanées : pour les sens, L’Appel des odeurs de Ryoko Sekiguchi ; pour le chien de Goya (j’y viens), Aliène de Phoebe Hadjimarkos Clarke (que je finirai ce soir).

 

J’y viens, au chien d’A.A. (celui qu’il a enlevé, qui « n’aurait pas survécu dans cet enfer sans ciel », p. 108) et celui de Goya, auquel H.C. le rapporte :

Il [Goya] a créé le chien et l’être chien, la vérité de la vérité, le chien qu’il était et qui meurt, et pour rien, il n’y a pas de rédemption, ça ne sert à rienni à personne de mourir comme un chien, ni qu’un chien meure pour vous, il n’y a personne à appeler, personne pour dire votre nom, le monde est sans témoin. Sauf ce sourd fou de peintre qui dépose sur les murs de sa cellule. Une déposition que lui seul recueille. (p. 105)

 

Aussi : la poussière (qui me travaille beaucoup ces temps-ci, entre le Dust Bowl de Guthrie à McGrath, et la paronomase dust/rust (le roman de Khadija Abdalla Bajaber dont je me suis convaincu que seule S* était en mesure de savoir pouvoir le traduire)). Aussi : la cote en 700 du livre dans les collections de la B.U. et son classement à ABD (pas à CIX).

 

mercredi, 31 janvier 2024

31012024 (La Désolation)

C’est le dernier jour du mois, à la veille d’une grève probablement massive dans l’Education nationale, mais qui ne donnera rien, ou presque rien, prise qui pis est au milieu du mouvement des agriculteurs, à qui le gouvernement – passé pourtant maître dans l’art de la répression violente et démesurée des mouvements sociaux – laisse faire absolument n’importe quoi depuis maintenant plus d’une semaine, tout en dévoyant leurs revendications et en les manipulant.

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Dans ce contexte, rentré à la maison pour un bon thé après la réunion de jury de L1, j’ai lu la bande dessinée La Désolation, qui tourne autour de l’hypothèse d’un groupe de Norvégiens survivalistes retournés « à l’état de nature », ou plus justement à l’état paléolithique, dans les îles Kerguelen. Bon scénario, dessins et planches magnifiques.

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jeudi, 10 août 2023

10082023

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Avant-hier on a visité l'exposition 2020-2023 de Lynette Yiadom-Boakye au Guggenheim. Dans le catalogue on ne trouve pas le quatrain, très dickinsonien et sans doute de L. Y.-B. elle-même, qui figure en exergue de l'exposition.

08:05 Publié dans 2023, BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 25 février 2023

Pineapple

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Peut-être avais-je déjà « vu passer » ce tableau, ou plutôt une reproduction de ce tableau*. Je parle de reproduction, car outre la blagounette sur Twitter (cf ci-contre), je ne peux m’empêcher de trouver ce tableau réussi à tous égards sauf pour la représentation de l’ananas, justement. Or, le sujet est bien cet ananas : même si le roi en majesté ne doit pas se voir voler la vedette par un fruit, si exceptionnel soit-il sous les climats anglais, et encore moins par l’homme agenouillé qui le lui présente (et qui lui vole si peu la vedette que son identité est demeurée hypothétique), l’ananas est au centre du tableau.

Ce qui ne va pas, c’est qu’on ne le voit pas, cet ananas. Et peut-être est-ce justement dû à la qualité des reproductions sur le Web. J’en ai consulté une dizaine, et franchement sur toutes on devine l’ananas plus qu'on ne le voit. Il faudrait donc voir la toile « en vrai », pouvoir s’approcher, et, même sans s’approcher particulièrement, juger de cet ananas dans le contraste des couleurs. Il n’en demeure pas moins que le choix de placer l’offrande d’un fruit brunâtre devant la balustrade d’un gris ocreux n’était sans doute pas très judicieux. Imaginons que, même en trichant par rapport à la pose des sujets, le peintre ait choisi de placer le roi en haut des marches, et le jardinier deux ou trois marches plus bas, l’ananas se trouverait (à condition ne pas représenter le jet d’eau ?) devant l’allée blanchâtre, et ne pourrait que ressortir : n’est-ce pas ce qu’on demande à l’objet central d’une toile ?

Ou alors, le peintre aurait pu tricher et choisir des tons beaucoup plus clairs pour les deux balustrades et les deux statues. L’ironie est que la plante en pot située quelques centimètres plus bas sur le tableau, de forme ananasoïde, si j’ose le néologisme, est beaucoup plus visible que l’ananas, et que plus que je regarde ces reproductions, plus je me dis que, si le peintre était vraiment habile, il s’agit peut-être de la représentation d’une supercherie, avec ces huit jarres ananasoïdes entourant le jet d’eau, avec cette demeure difficile à identifier, avec ce petit chien dont la pose semble mimer celle du jardinier mais qui pourrait tout aussi bien pousser des jappements à l’encontre du monarque.

 

Il est impossible pour moi de finir ce billet sans donner en lien la chanson de mon (peut-être) groupe préféré, Sparks. À en croire les images choisies par l’auteur de la vidéo, il y aurait un Pineapple Rag de Scott Joplin, mais j’en ai assez vu et entendu pour aujourd’hui : trêve d’ananas.

 

 

 

* Ce billet n’existerait pas sans le visionnage, hier soir, d’un épisode de la 12e et dernière saison de The Big Bang Theory, dans lequel Sheldon Cooper est tout content de pouvoir placer l’anecdote sur le portrait de Charles II avec un ananas. La citation exacte (retrouvée sur le site officiel de la série) est : « Now, I'm not sure if this helps, but did you know that pineapples were once so rare that King Charles posed for a portrait with one? » Je n’ai pas le courage de retrouver le passage précis, mais il me semble que dans les sous-titres King Charles a été traduit par Charles Ier.

 

dimanche, 19 février 2023

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Château de Tours : très belle exposition sur les autochromes dans les années 1910 et 1920, à partir notamment de la collection de Soizic Audouard et Élizabeth Nora, mais aussi des archives des photographes de guerre F. Cuville et P. Castelnau. Le mince catalogue donne raison, par l’exemple, à l’affirmation d’un des auteurs selon laquelle le transfert sur le papier fait perdre tout son éclat, et beaucoup de sa beauté, à ces photographies.

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Soldats sénégalais, à Saint-Ulrich (Haut-Rhin).
Autochrome de Paul Castelnau (17 juin 1917)

 

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Soir : Cancion sin nombre, film (beau aussi, et émouvant) de la cinéaste péruvienne Melina Leon.

 

22:18 Publié dans 2023, BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 13 novembre 2022

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Avant l’habituelle promenade sur les bords de Loire, côté sud, du pont Mirabeau au pont Wilson, nous sommes allés au château de Tours, pour deux nouvelles expositions, très différentes.

 

La Loire à Tours

 

Le deuxième étage est consacré aux collages sur plexiglas de Nental, peintre-collagiste qui a son atelier à Saint-Pierre des Corps. L’ensemble des collages utilise des reproductions fragmentaires et déchirées de tableaux des 17e et 18e siècles autour du cortège de Bacchus, des Ménades etc. Assez sceptique en entrant dans la première pièce, j’ai été progressivement happé par cet univers, ce travail très astucieux, intelligent et impressionnant.

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Nental utilise les superpositions et la transparence avec un sens de la composition et un humour très puissant. Le rapport entre les scènes de groupe ou à deux figurées dans les peintures de l'époque classique et les différents éléments plus modernes, les couleurs, les citations ou les fragments de publicités n'est jamais simple ou simpliste.

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20221113_152708    (détail)

 

Le troisième étage est consacré à une rétrospective de l’œuvre photographique, entièrement en noir et blanc, de Bernard Descamps, Au-delà des apparences. Les séries malienne ou égyptienne m’ont particulièrement « tapé dans l’œil » mais c’était globalement une belle découverte. Je me suis difficilement retenu d’acheter, non le catalogue, mais Le don du fleuve, le livre que Descamps a composé  autour d’une anthologie de poèmes oraux peuls traduits.

 

Le château de Tours est un lieu d’exposition vraiment sublime. Le rez-de-chaussée et le premier étage accueilleront bientôt une autre exposition.

 

mercredi, 28 septembre 2022

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Après la bataille de Curupaytí (1893)

Une toile hallucinante de Cándido López (1840-1902), que je découvre via ma lecture du moment, le roman de Mariana Enriquez Notre part de nuit...

 

12:49 Publié dans 2022, BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 07 novembre 2020

Belle unanimité dissonante

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vendredi, 18 septembre 2020

Journée à Rennes

 

Après un lever très matinal (4 h 30), je n’ai pris la route qu’à 6 h 25. Par la nationale, la route est très agréable, et j’ai trouvé infiniment plus pénible le chemin du retour, par l’autoroute : de surcroît, la demi-heure que l’on gagne ne me paraît pas valoir les 20 euros de péage. C’est comme le débat actuel autour de la 5G : les gens qui n’en ont pas un besoin impératif devraient accepter de choisir systématiquement la solution la plus économique en ressources. Le problème de la 5G n’est pas le danger éventuel pour la santé des individus ; c’est la surconsommation, qui a déjà bousillé notre planète et qui menace de la précipiter plus rapidement que jamais dans le gouffre, avec le Groenland irréversiblement fondu et les incendies de Californie que l’on voit d’Europe.

 

Rennes, 18 septembre 2020   Foin de ces considérations, qui ne me quittent jamais vraiment et qui me minent, la journée d’aujourd’hui consistait plutôt en une sorte de petit break bienvenu, malgré les 500 bornes aller-retour. Outre que j’ai pu apporter pas mal de conserves à A* et faire un peu de ménage dans son studio, je suis allé visiter le Musée des Beaux-Arts, gratuit jusqu’à la fin du mois, et où j’étais entièrement seul, si l’on ne compte pas les employé-es. Seul. Rennes est tout de même une agglomération de quelque 500.000 personnes, et à part moi, même pas rennais, pas un clampin dans un tel musée… Les collections sont magnifiques, en prime : salles égyptiennes passionnantes, galeries de peinture très diverses (même si je crois que je finis par détester la peinture de genre du 17e plus encore que les paysages de seconde zone du 19e), parfaite collection de peinture flamande de la grande époque dans le cabinet de curiosités de Robien…

Dans les salles consacrées au dernier tiers du 20e siècle, plusieurs œuvres « mécaniques » se déclenchent lors de l’entrée d’un visiteur ; pour deux d’entre elles, lisses et vacantes, le cartouche indiquait qu’elles étaient « hors service ». Un bon résumé d’une partie de l’histoire de l’art contemporain : cette œuvre est hors service.

Peter Van Slingeland, Chat guettant un oiseau (une souris ?) / Musée des Beaux-Arts de Rennes Statuette de musaraigne, Bas-Empire, Egypte / Musée des Beaux-Arts de Rennes Détail d'un des 4 grands tableaux de F.-J. Casanova / Musée des Beaux-Arts de Rennes

 

 

Je me suis ensuite rendu au parc du Thabor (et à chaque fois que je viens à Rennes j’ai Rabbi Jésus de Dick Annegarn dans la tête), où je n’ai pas trop cherché l’installation de Martin Parr mais où je me suis espalasé sur une des pelouses afin d’y finir enfin ma lecture de Sur la route du Danube d’Emmanuel Ruben. Un rouge-gorge très familier m’avait collé quand j’étais sur un banc ; un écureuil, bondissant de ci de là, m’a accompagné pendant une bonne part de ma lecture.

 

Mes parents sont arrivés pour le week-end, dans l’après-midi. A* et moi sommes rentrés à Tours vers huit heures du soir ; dîner sur la terrasse, avec trois tables pour permettre une distanciation maximale ; A*, qui devait avoir aujourd’hui le résultat de son test Covid19 de mardi dernier, ne l’a pas encore.

 

3 selfies tout seul dans le Musée des Beaux-Arts de Rennes, i

mercredi, 09 septembre 2020

Du navet

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Avant de me replonger dans le dernier livre de Jean-Christophe Bailly, L'imagement, dont un chapitre m'a suggéré la juxtaposition ci-contre, j'avais fait un bref aller-retour à l'université, en plein cagnard, autour de quatre heures, et ce après la séance du matin à laquelle je m'étais rendu en tram, mais là, à vélo, pour la première fois, j'ai gravi la Tranchée sans mettre à pied à terre, ce qui est une évidence pour tout un chacun, mais pour moi qui n'avais pas fait de vélo depuis 25 ans avant de m'y remettre en juin, qui ai du jus de navet dans les guiboles et un cul à ne pas se lever de sa selle, c'est une petite victoire. (Puis il faudra enquiller le livre d'Emmanuel Ruben, Sur la route du Danube, que je n'avais as acheté l'an dernier et qui a été réédité en poche... j'avais tant aimé Icecolor et Terminus Schengen. Et peut-être aller plus loin sur les rayons. C'est toujours une histoire de pages.)

 

dimanche, 06 septembre 2020

Première à Mosnes

Cette après-midi, petite promenade à Mosnes, village où nous ne nous étions jamais arrêtés, et qui se trouve entre Montlouis et Chaumont.

20200906_144142.jpgAu lavoir, nous y avons écouté plusieurs formations chambristes, dont le quatuor Todoroff dans son répertoire de transcriptions de musiques tziganes, mais aussi un Terzetto de Dvorak par des jeunes instrumentistes des CNSM dont je n'ai pas su le nom (aucun programme n'étant disponible).

Le Terzetto est une pièce très belle, très émouvante. Je ne l'avais jamais entendu, je crois.

 

Ce soir, au lieu de'écrire ce billet de traductologie auquel j'ai songé toute la journée, j'enfile un épisode de Mrs America, le récital de Martha Argerich avec Renaud Capuçon à Salzbourg et la deuxième mi-temps d'ASM/Toulouse tout en continuant un peu la lecture de Shelley (The Revolt of Islam) et en commençant magdaléniennement de Dominique Fourcade.

N'importe quoi.

 

samedi, 29 août 2020

Charbonné

L’érable chétif face à la cuisine a deux grosses feuilles brunes. Il fait frisquet aujourd’hui.

 

Je poursuis ma lecture de Zoocities, de la philosophe Joëlle Zask : le livre est intéressant, de par son sujet autant que par sa problématique, mais le manque répété de rigueur dans les sources et dans la démonstration m’agace toutes les trois pages.

 

Encore un achat mobilier aujourd’hui : une bibliothèque d’occasion, au dépôt-vente de Saint-Pierre des Corps. Elle va nous permettre de ranger DVD et divers bouquins de façon plus rationnelle à la buanderie.

 

Pendant que j’enregistrais, comme on doit le faire chaque semaine, les différentes pièces de hautbois jouées par O*, j’ai feuilleté deux livres qui se trouvent au salon : ma fidèle anthologie des littératures du Moyen-Âge – qui m’a donné envie de lire le Huon de Bordeaux – et un livre d’art L’art belge, entre rêves et réalités, que je n’avais pas ouvert depuis longtemps et dont je retiendrai le nom de Maximilien Luce.

 

vendredi, 14 août 2020

Présomption

 

Saint-Cirq Lapopie, où nous n’étions pas allés depuis ce fameux été 1999. Cette fois-ci Alain Prillard exposait carrément dans le Musée Rignault. Très belle rétrospective, avec toujours les linotypes, des toiles récentes moins convaincantes et des sculptures en fer forgé très réussies. La plupart des sculptures perdraient une partie de leur charme en dehors de cet écrin de collines pentues et de pierres calcinées. La maison d’André Breton semble, non pas à l’abandon, mais enfin…

 

Musée Rignault, expos Alain Prillard ° Saint-Cirq Lapopie

 

À Domme, personne ne portait de masque dans la Grand’Rue bondée. L’hôtelier ne l’avait ni pour nous accueillir ni dans l’hôtel même ; même aberration le soir avec le patron du restaurant (alors que les serveurs étaient dûment masqués). Le soir, en promenade, nous avons discuté avec un cycliste qui cherchait le site de tournage du Tatoué (film pas vu). C’était, finalement et tout simplement, la Porte des Tours.

 

lundi, 04 mai 2020

Un beau bouic par Beuys

Levé tôt, avant même le réveil, à 6 h 30. Raté le café, c'est assez rare pour être souligné : il m'arrive d'avoir la main lourde, mais cette fois-ci j'ai fait, exceptionnellement, un café trop léger. C'est vraiment infect.

 

La journée est studieuse pour tous ici, dans la maisonnée : A* a deux examens à distance, dont un de maths tous les matins de la semaine à 7 h 30 ; O* en face de moi écoute des documents en espagnol pour une compréhension orale ; C* dans la chambre fait un cours en visioconférence ; de mon côté, j'ai déjà fini un de mes 5 paquets de copies, traité les mails professionnels, commencé à préparer le cours de demain matin (commentaire de texte sur un extrait de Gordimer). Suis en pleine lecture et correction aussi du chapitre que m'a envoyé mercredi dernier mon étudiant de M2.

 

beuys.JPGJ'ai aussi traduit vite fait mon poème quotidien pour les Germaniques de mai. Celui d'aujourd'hui est d'Eva Zeller, poète toujours vivante (97 ans !), à ne pas confondre avec Eva Christina Zeller dont on trouve, sur son site Web, gratuitement, toute une anthologie de poèmes traduits par un universitaire néo-zélandais. — J'ai un peu tergiversé dans mon choix de la poète à traduire et ai commencé à lire, avant de renoncer (la langue est trop complexe), une poète du dix-huitième siècle, Sidonia Hedwig Zäunemann.

 

Hier, je me suis “débarrassé” de la vidéo très longue dont j'avais commencé l'enregistrement le 6 avril. Une bonne chose de faite, en attendant mon improbable liste des 100 (73 ? 41 ?) livres majeurs du 21e siècle. — Hier soir, aussi, le nanard du dimanche soir : Les Bons Vivants, film à sketches de 1965 qui n'est (vaguement) sauvé que par le troisième “acte” et un de Funès en pleine bourre. Petit détail, l'excellent dictionnaire de l'argot Bob suggère plusieurs citations pour le mot bouic, synonyme de bordel que je n'avais jamais rencontré.

 

mardi, 28 janvier 2020

Arithmétique et tricherie

J'ai lancé, pour 2020, sur l'autre blog, un ambitieux projet d'écriture dont j'ai donné les principes à quelques ami·es, sur Facebook. Ce texte s'intitule pour le moment lactations: déSastre.

Ce texte, qui doit in fine se composer de 555 textes principaux (+ 1 poisson d'avril), est constitué de quadrilatères. Cela signifie que j'écris toujours les textes par groupes de 4. Je viens de composer le quadrilatère 53-56 en une demi-heure, ce qui est assez rapide, et surtout j'ai composé le dernier en moins de huit minutes : cela signifie qu'il m'a fallu un peu moins de deux écoutes de la K56 de Scarlatti par François Guerrier pour écrire le texte, le mettre en forme pour le blog, y ajouter les liens hypertexte puis le mettre en ligne.

Cette rapidité est liée au fait qu'une fois le texte fini, j'ai vérifié le nombre de signes : 841. Soit pile le nombre que doit avoir chaque texte multiple de 4. J'avais vérifié le nombre de signes avant d'écrire la dernière phrase (en fait, pour savoir s'il n'était pas déjà trop long). Il y avait 740 signes. J'ai écrit une phrase supplémentaire, que je pensais trop longue également. Cette dernière phrase était donc longue de 101 signes, exactement la longueur souhaitée.

Il y a des jours, comme ça, où ça s'embouche bien.

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La raison pour laquelle j'ai voulu aussi écrire un billet ici, c'est parce que la vidéo YouTube utilisée pour écouter une version de la sonate K56 reproduit, de manière partielle et sans indiquer aucune référence, la toile célèbre de Caravage, Les Tricheurs. Or, cela m'a fait penser qu'une façon de faire déraper ce projet déjà insensé serait de dériver vers les références picturales des vidéos YouTube. Par lâcheté, je préfère prétendre que cela reviendrait à tricher.

 

dimanche, 11 février 2018

Traduire “A Humument”

Hier, j'ai donc enregistré, au petit salon à l'étage, ma 137e traduction improvisée, ou traduction sans filet. C'est un chantier qui me tient à cœur et que j'ai relancé en 2018 avec pour principe de ne pas dépasser 10 minutes et d'en enregistrer 3 par semaine en moyenne.

Hier, c'était effectivement la troisième de la semaine, de sorte que, si j'en enregistre une aujourd'hui, ce sera en bonus, ou en prévision de semaines moins fastes. (Il y a ce genre de calcul dans le roman d'Ursula K. Le Guin que je suis en train de lire, The Left Hand of Darkness : le premier ministre déchu et l'Envoyé doivent gagner la frontière de Karhide, et, pour ce faire, couvrir 800 miles en 70 jours en traversant un immense glacier. Les journées où ils ne parcourent que 6 ou 8 miles en raison de la pluie et des ascensions difficiles s'achèvent dans le doute ou la déprime.)

 

Hier, je me suis décidé — mais comment l'idée ne m'en était-elle jamais venue ? — à traduire une page de A Humument. Bien entendu, j'ai choisi une seule page, la page 198, mais “traitée” différemment dans deux éditions différentes. Quand j'enregistrerai le dixième épisode de la série JE RANGE MON BUREAU, je parlerai encore de A Humument. Hier, j'ai tout de même bafouillé cinq minutes avant de traduire à proprement parler, ce qui ex plique un léger dépassement du temps maximal autorisé : la vidéo fait 10 minutes et 56 secondes. Il aurait suffi d'un montage un peu nerveux pour descendre en-dessous des 10 minutes, mais c'est un autre principe : si je procède à un montage, ça me prend entre 30 et 90 minutes, et ce projet ne peut se maintenir s'il devient aussi chronophage.

A Humument — je n'en reparle pas ici ; je l'ai souvent fait ; je renvoie le lecteur égaré ici à la préface de Tom Phillips, disponible sur son site à l'instar de nombreux documents et reproductions de l'œuvre.

Dans la vidéo, je ne suis pas parvenu à traduire de manière satisfaisante la paronomase triple shuttered/ fluttered/ muttered. Je n'y reviens pas ici, mais ce qui m'a frappé, en fait, c'est que le contenu presque arbitraire de certains redécoupages en îlots rendait plutôt aisée la tâche de traduire. En d'autres termes, comme je le dis dans la vidéo, cela fait bientôt treize ans que je connais cette œuvre et la traduire ne m'avait jamais traversé l'esprit. Je songe à le faire avec l'édition la plus courte à ma disposition, The Heart of Humument. Il faudra respecter la disposition et surtout la longueur des phylactères, comme pour une bande dessinée. Si je m'y mets vraiment, ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps.

 

(Dans un autre ordre d'idées, si quelque généreux mécène ne sait pas quoi m'offrir pour me remercier de mes blogs et de mes vidéos, voici quelques suggestions. ;) )

mardi, 06 février 2018

66 secondes de lecture, 27 : les fausses évidences de Tom Phillips

Après avoir reçu, aujourd'hui, dans la boîte à lettres que commençait à recouvrir la neige, l'édition définitive (final edition) de A Humument, il était évident que c'était ce livre qu'il fallait choisir pour la lecture du jour, oubliée le matin faute de temps.

Et n'est-il pas évident, depuis le temps que je tourne autour de ce(s) livre(s), ou que ce projet ferraille en moi, qu'il faudra consacrer une traduction improvisée à une page de A Humument ? Pourquoi pas la même page dans 4 éditions différentes ? (Je ne possède pas, hélas, la première édition.)

samedi, 03 février 2018

37 shenanigans

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samedi, 27 janvier 2018

66 secondes de lecture, 17 : “children opened the imagination”

 

Pour la dix-septième lecture à haute voix, un défi & un plaisir : en revenir (toujours) à ce chef-d'œuvre sublime, drôle, joyeux, beau, A Humument de Tom Phillips, l'œuvre d'une vie. J'en ai déjà parlé par le passé dans ce blog, et me contente aujourd'hui de renvoyer au site officiel de Tom Phillips.

Ici, j'ai donc ouvert au hasard la quatrième édition (je possède un exemplaire de la 2e et un de la 3e) et tenté de lire le texte formé par les phylactères non caviardés. Ça fait une sorte de poème, mais en improvisation ma lecture s'est faite trop solennelle, pas dans le ton de l'œuvre.

Peu importe.

C'est un livre auquel, forcément, je reviendrai.

 

(Autre innovation : en écho à cette première lecture d'un texte “illisible”, j'ai lu avec un fond sonore, en quelque sorte. En général, c'est une mauvaise idée ; la variation exige que cette série de lectures à voix haute soit, parfois, constituée de mauvaises idées. — Il y a aussi le fait, agaçant mais auquel je finis par me résigner, que le smartphone a tendance à flouter soudainement, et pendant plusieurs secondes, l'image : c'est gênant pour moi, qui lis en fait à l'écran (car l'écran souvent me cache la page), plus que pour l'éventuel vidéospectateur, qui, après tout, est censé m'écouter.)

 

samedi, 02 décembre 2017

Hommage à la mafieuse

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vendredi, 24 février 2017

“That's a pure Malevitch”

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Il y a trois ans, je faisais réciter par écrit un poème de Dickinson que j'avais fait apprendre par cœur à mes étudiants de première année... l'occasion d'être un peu sarcastique.

De mémoire, l'étudiante n'était pas venue me demander d'explication sur l'annotation, et aurai-je la naïveté de penser qu'elle a gouglé Malevitch ?

vendredi, 08 juillet 2016

charrette à bras

ça semble un enfant au cerceau

& ce serait un charretier

pas rue du château des rentiers

où dort le mort dans son berceau

 

d'un épais trait d'encre de chine

tel pour le croquet les arceaux

dépenaille tous les pinceaux

le diable veille à sa machine

 

ton regard hautain pas altier

s'abstient d'embrasser les chantiers

pour y dénicher la bobine

 

d'un trait d'encre de chine épais

tel que sous la télécabine

on prend le forfait au rabais

samedi, 09 avril 2016

Léo & Pipo dans le rétro

Ce matin, en allant récupérer la voiture à Charenton (et j'en profite pour recommander très vivement le site Néoparking, qui nous a permis de garer notre véhicule pour 7 jours tout près de notre logement parisien pour 41 euros), j'ai photographié, comme samedi dernier, un des nombreux pochoirs reproduisant une citation de Camille Claudel, et qui émaillent (recouvrent ? décorent ? (peut-on émailler un trottoir ?)) le trottoir qui mène de la porte de Charenton au métro sis sur l'avenue de Paris.

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Au retour, en voiture, sur la rue qui porte le nom de la fondatrice — ainsi que je l'ai appris cette semaine — du Planning familial*, j'ai vu (et également photographié) un mur que décorent deux œuvres de street art, toutes deux immédiatement identifiées par ma mère. La plus réussie des deux est donc l'œuvre du duo, fort connu semble-t-il, Léo & Pipo. Le smartphone ayant publié automatiquement la photographie en indiquant l'heure de la prise de vue, j'ai pu constater que j'avais raté d'une seconde la perfection : il était 9 h 09... et 10 secondes.

 

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* Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé

mercredi, 27 janvier 2016

L'étrange sérénité des fonds marins

Ce texte de Christian Garcin, publié fin 2014, se présente sous la forme d'un petit format carré glissé dans une pochette en plastique et qui, quand on commence à le lire, se déplie soit comme un livre classique soit en accordéon aboutissant à un octogone, les pages formant un rempart autour du vide. L'éditeur se nomme circa 1924, et à n'en pas douter il y a un véritable choix de proposer autre chose qu'un texte en ligne (ici : un texte crénelé).

Objet sobre et marquant, ce mince volume est porteur d'un texte qui est loin d'être anecdotique. Je l'ai lu une première fois il y a une semaine, et la Mina du texte m'a d'abord évoqué la M'dina de Sardines, puis, une fois ma comprenette désalentie, je me suis rappelé avoir déjà rencontré le nom de Mina Loy, déjà associé à celui d'Arthur Cravan.

Le texte raconte un moment dans la vie de ce bizarre couple, juste avant la disparition de Cravan, en 1918. Garcin s'est inspiré d'une série de photographies faussement anciennes (le rabat les nomme “pictorialistes” et les attribue à un certain Hugo Brehme [j'apprends donc à cette occasion que ce n'est pas par un effet de fausse ancienneté mais bien parce que ces images sont peu ou prou les contemporaines de l'idylle imaginée entre Cravan, ici “Colossus”, et Mina Loy qu'elles semblent anciennes, tant pis, je laisse mon erreur puisque ce crochetage l'affirme : elles ne sont pas faussement anciennes !]) pour raconter comment, au Mexique, Cravan et Mina Loy cherchent une cathédrale rose : d'une part, les photos sont sépia ; d'autre part, comme l'écrit Garcin, au Mexique « de nombreuses cathédrales sont roses : comment trouver la bonne ? ».

 

De Mina Loy — que, moi aussi, en fin d'adolescence, j'avais provisoirement confondue avec Myrna Loy —, retenons, pour le moment, un poème, Lunar Baedeker qui n'est pas sans échos avec le texte de Garcin.

L'expression citée entre guillemets, « au torse immature de bébés géants », provient d'un poème de Mina Loy, “Property of Pigeons” (dans le texte : the immature torsos / Of their giant infants). Je ne le mets pas en lien, car Google Books est un répertoire particulièrement bordélique et difficile à consulter, mais cela se retrouve facilement — un très beau poème, aux pages 120-1 du recueil posthume The Lost Lunar Baedeker (repris en 2015).

 

De Cravan, je mets en lien le texte singulier (détestable ? Cravan voulait-il se dépeindre de manière à ce qu'on le trouvât détestable ?) sur André Gide. Je pense que Breton, devenu un poil dogmatique à partir de la fin des années 20, ne devait pas se retrouver totalement dans cette ambivalence opaque.

mercredi, 11 novembre 2015

Sarihs

J'ai donc 41 ans, ai passé une agréable journée (nuageuse et tiède) en famille – dont un déjeuner tout à fait honorable au Bistrot de la Tranchée – ai été gâté, ai reçu plusieurs coups de fil, ai passé trois heures à déménager des étagères et à réorganiser tous les rayonnages de littérature étrangère en traduction (presque 7 ans après l'emménagement ici, tout un programme), et poursuis donc le plan quotidien de reprise des publications, à quoi s'ajoute le nouveau texte, sur l'autre carnétoile. En revanche, je n'ai toujours pas mis au propre ma recension du Lit des ombres de Victor Kathémo, dont j'ai terminé la lecture dimanche à l'aube... et j'ai peur que, les jours passant, je ne perde le fil de ce que j'avais à en dire.

 

L'artiste qui marquera ce jour est George Shiras, dont j'ai découvert – via le livre préfacé par Jean-Christophe Bailly – l'existence, et le travail précurseur.

Sur l'exposition, lire ici. ▓▒░ Sur les pièges photographiques, plus particulièrement : .

 

mardi, 10 novembre 2015

Une suite & 1 photo

 

Juneteenth est une suite pour piano seul de Stanley Cowell. Sur l'album que vient de publier le jazzman américain, les 15 mouvements de cette suite sont précédés d'un titre en forme de prologue, “We Shall 2”. L'album est publié sur le label français de “musique narrative”, Vision Fugitive. L'occasion en est le cent-cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage, qui fut célébré le 19 juin dernier.

 

Je connais mal Cowell ; un rapide survol de mes étagères me rappelle qu'il joue sur certains albums plus ou moins fétiches de ma discothèque (le disque de standards de J.J. Johnson au Vanguard, un Stan Getz...) Se proclamant narrative, Juneteenth s'inscrit pleinement dans cette optique, puisqu'il s'agit d'une suite dédiée à la mémoire des esclaves afro-américains et inspirée par une série de photographies et de documents liés à l'histoire de l'esclavage et inclus dans le livret, sans autre explication. Les titres des mouvements marquent assez nettement le rapport avec le sujet annoncé, mais j'avoue avoir beaucoup de mal avec la musique narrative... en d'autres termes, ne rien y entendre, stricto sensu. Cela est vrai de certaines symphonies de Beethoven, qui me bouleversent mais où je suis infoutu d'entendre tel épisode ou tel phénomène naturel que l'orchestre, sur ces mesures, est censé mimer, mais aussi d'autres œuvres, comme cette suite.

Pour ce que j'y entends (guère, je l'ai déjà écrit maintes fois), le piano, très improvisé/maîtrisé, de Cowell penche plus du côté d'Erroll Garner (“Ask him”) et de Debussy (voire de Stockhausen (cf le “Finale”)) que du negro spiritual, même si un des plus beaux mouvements, “Commentary on Strange Fruit”, est une longue variation à partir du thème de When the Saints. Le huitième est un blues lumineux et mélancolique. Le long mouvement final, “Juneteenth Recollections” est le plus complexe, peut-être celui où Cowell se livre le plus à une forme d'introspection : cette suite est-elle l'aventure d'une mémoire individuelle aux prises avec la mémoire collective ?

 

Une des photographies du livret m'a, plus que d'autres, intrigué. Elle représente deux ou trois familles de Noirs, très jeunes pour l'ensemble, sept ou huit adultes, et trois très jeunes enfants, dont l'un dort, au premier plan, allongé sur une sorte d'édredon très blanc. Presque tous regardent vers la droite et se trouvent sur une langue de terre entre deux grandes étendues d'eau (on voit des peupliers inondés, au fond, à gauche). Le titre en est “Refugees on levee, April 17, 1897”, et elle se trouve dans le fonds photographique de la Librairie du Congrès. J'avoue que mon ignorance me fait m'interroger sur ces “réfugiés”, quarante-deux ans après l'abolition de l'esclavage : a-t-on continué de nommer réfugiés, comme naguère les esclaves fuyards, les Noirs fuyant la ségrégation des États du Sud ? ou le titre joue-t-il sur le sens de réfugiés, car cette douzaine de sujets bien vêtus ont-ils simplement trouvé refuge sur la digue (la levée, dit-on en Touraine) ? et où cette scène a-t-elle été saisie ? Heureusement, la notice détaillée de la photographie dans le catalogue de la Library of Congress offre toutes les réponses : cette photographie a bien été prise à Grenville, dans le Mississippi, et si tous les adultes regardent vers la droite, hors cadre, c'est qu'ils se sont effectivement laissés piéger sur cette langue de terre et qu'ils attendent le navire qui va venir les secourir.

 

jeudi, 27 novembre 2014

Violons pour L’Uræus

 Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Alechinsky – lui dont les belles planches pour le Traité des excitants modernes de Balzac m’ont tant ému – ne s’est pas trop foulé pour illustrer (encadrer ? ses traits violets servent en effet de marges aux poèmes de ce bref recueil)  L’Uræus de Salah Stétié. Les traits du premier poème sont très dynamiques, avec trois fois rien Alechinsky invente un monde ; et puis après, on a l’impression qu’il s’est désinspiré.

(Ce n'est pas la page que j'ai choisie comme illustration de ce billet. Ici ↓ je reprends le poème dansé/dansant.)

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Il a résisté à la tentation de dessiner ou d’évoquer des cobras (l’uræus est, je l’apprends à cette occasion, le cobra femelle (pas une seule occurrence de ce mot dans l’ensemble des textes intégraux mis en ligne sur le site Latin Library (!??))), tout comme Stétié n’explicite guère son titre. Certains poèmes sont très forts, prenants, résonnent. Il y a au moins un choix de préposition que je ne comprends pas :

Des enfants pourtant crient sur un préau d’école

ils vivent tous sur un seul grain de sable

échappé

 

Le premier sur est-il appelé par le second ?

Beau mot, en tout cas, que préau, peu présent en poésie ni prose. Citons seulement Les Misérables : « La première chose qui le frappa dans ce préau, ce fut une porte du seizième siècle qui y simule une arcade, tout étant tombé autour d'elle. »

 

samedi, 22 novembre 2014

Lenka Clayton

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Cette artiste propose des œuvres qui font une sorte de synthèse légère entre le pop art, l'OuLiPo et les tentatives plus objectales ou sérielles d'un Rauschenberg. C'est souvent amusant, toujours émouvant.

▬·▬·▬ Entre la pile de livres dont les titres vont de 1 à 50, le voyage de James et Lenka en vélo de James à Lenka, et enfin la prouesse consistant à faire tenir des confetti en colonnes, mon cœur balance !

08:55 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 18 octobre 2014

Humumental

24 septembre

 

The Heart of Humument, finalement, n'est pas la 1ère édition, mais, pour 25 euros, une curiosité valable : tiré-à-part à 367 exemplaires d'une partie des pages de l'édition 1, en Allemagne en 1985 — donc une pierre à ma collection humumentale, tout de même.

 

Sinon, No Longer At Ease, que je devais racheter parce que ça fait partie (avec les Tutuola) des bouquins que je prête et que je ne vois jamais revenir, est arrivé dans une collection dégueulasse de 2013, un truc ronéo, éditions "Important Books" je crois (!) — bref, un exemplaire à donner ou à enterrer dans un rond-point — et je peux me recommander la Heinemann.

jeudi, 16 octobre 2014

Expositions Gilles Caron & Jean-Luc Olezak, au Château de Tours

Aujourd'hui, peu avant la clôture des diverses expositions du château, nous sommes allés voir l'exposition Gilles Caron, en partenariat avec le Musée du Jeu de Paume, et celle consacrée, sur le dernier étage, à un photographe tourangeau d'origine polonaise, Jean-Luc Olezak, dont le nom, apparemment, devait à l'origine s'écrire Olczak.

Gilles Caron est très célèbre, non seulement parce qu'il est l'auteur de reportages de guerre mémorables et de photographies non moins célèbres (les enfants dénutris du Biafra, images magnifiques et atroces, ou le Cohn-Bendit jovial souriant à face d'un CRS sur un trottoir parisien), mais aussi pour avoir fait partie des photographes retranchés dans une école, en plein désert, avec les rebelles du Tibesti. Cette histoire, grave, lourde de symboles, je la connaissais pour l'avoir lue et entendue de Depardon. Ce que j'ignorais, c'est qu'il n'était pas mort jeune, mais qu'il avait disparu en 1970 en territoire khmer rouge. Disparu, cela signifie que son corps n'a jamais été retrouvé, non ?

Ce que j'ai découvert, dans cette exposition qui permet d'espacer les vues, de faire respirer le regard entre chaque série, grâce aux belles et vastes salles du Château, ce sont les photographies de manifestations en Irlande du nord, mais aussi que Gilles Caron — lui, dont le nom suggérait ce retournement du chapeau circonflexe ou incurvé de Twiggy en un œil acéré tourné vers toute la saloperie militaire de ce monde — avait commencé par la photographie de mode.

 

jlo_004_m.jpgJean-Luc Olezak, lui, n'est pas, à ma connaissance, très connu. Pourtant, cette rétrospective, qu'il ne reste que trois jours pour aller voir, contient quelques véritables pépites. Par-delà l'aspect amusant (mais anecdotique) qui permet de revoir tel lieu tourangeau qui s'est déjà, même en dix ou quinze ans, métamorphosé, Olezak porte un regard profond, mais sans sécheresse, sur les gens et sur les lieux. Le risque est parfois qu'un certain kitsch vienne côtoyer une plus rigoureuse beauté, ainsi de ce diptyque de la Tour Eiffel : dans une image, superbe et qui n'est pas sans évoquer Kertesz, à une Tour Eiffel tronquée dans le ciel grège répond une flèche semblablement étêtée sur le bitume gris... et dans l'autre, un orteil flou, au premier plan, semble toucher le haut de la Tour Eiffel en arrière-plan (le comble du kitsch à cartes postales). Peut-être le tri n'a-t-il pas été fait très judicieusement, car on sent que sur certaines séries, il doit y avoir des dizaines d'autres photographies tout aussi fortes dans les cartons de l'artiste... à moins que ce kitsch ne soit le goût que l'on souhaite aussi inculquer, ou respecter chez certains visiteurs ?

samedi, 04 janvier 2014

Signets peints

Essayant de rester concentré sur la Deuxième de Mahler (par Abbado, toujours le coffret), je lisais le livre XXXV de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien (très instructif *), la chatte sur les genoux — et figurez-vous que cette andouille de bestiole, qui semblait profondément assoupie, calée entre mes cuisses et mes genoux, n'a rien trouvé de mieux que de prendre le signet du Pléiade, qui ballait mollement non loin de son museau, pour un fil de pelote et donc de s'y attaquer, elle qui est si peu joueuse. Il va de soi qu'elle s'est coincée une griffe dans le dit signet tout en le lacérant. Après avoir décoincé la griffe de la demoiselle (sur un violent passage cuivré), j'ai repris ma lecture, en veillant à maintenir le signet (en partie effiloché) entre ma main et la couverture du Pléiade.

 

* Il serait tentant (mais cela n'a-t-il pas été tenté ?) de proposer, pour chaque tableau signalé par Pline, la plupart d'entre eux n'étant pas véritablement décrits et beaucoup étant perdus, une version imaginaire, esquissée, dont le titre serait, à chaque fois, et par exemple

ASTYANAX par Callimaque

— (titre imaginaire).

dimanche, 26 mai 2013

Schwitters en vitesse

Hier soir, j'ai lu, en quatrième vitesse (il s'agit d'un texte très bref) et, dois-je l'avouer, tout en faisant semblant de regarder la finale de la Ligue des champions (le football ne m'ntéresse plus du tout, ou alors seulement en regardant les matches avec Oméga ou en écrivant mes foutus distiques), le petit récit de Kurt Schwitters que les éditions Allia viennent de publier en édition bilingue, initiative que je salue — La Loterie du jardin zoologique. J'ai donc pu le lire en allemand (comme Kafka, qui me voit, par la grâce des proses courtes, faire des incursions régulières dans le fort volume de ses œuvres, mais contrairement à Arno Schmidt, que j'aime énormément et dont il va bien falloir que j'achète les romans en allemand, faute d'exemplaires disponibles à la B.U.), tout en regardant la traduction (ce qui m'a évité de devoir chercher Nilpferd, dans lequel seul (est-ce la fatigue ?) je n'aurais pas reconnu l'hippopotame, trop happé peut-être par les valeurs de néant du signifiant nil).

Le texte est très drôle, plus absurde sans doute que nonsensical — toutefois, plus je travaille sur la question du nonsense, moins j'ai le sentiment d'en savoir quelque chose : après tout, le nonsense est ce qui nous fuit, se dérobe à la catégorisation... En particulier, le dénouement est totalement rationnel, raisonnable, logique, même s'il est présenté de façon loufoque. Cela rejoint mon impression déjà ancienne (que ne confirme pas trop le texte donné en post-face (mais en français seulement [??!]) par Allia, Merz et Anti-Dada de Raoul Hausmann), selon laquelle les collages de Schwitters (et tout son Merzisme en quelque sorte) s'expliquent, se conceptualisent beaucoup plus facilement que la poésie d'un Tzara, par exemple, qui est ce que le dadaïsme a donné de plus dur et de plus durable (de plus admirable aussi). Ou est-ce le dadaïsme allemand qui fut d'emblée plus politique, plus adversatif... plus spartakiste ?

jeudi, 02 mai 2013

XX-Art (Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine du Rocher), 1er mai 2013

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Sous une pluie battante, plus digne de novembre que de mai, nous nous sommes promenés, à un rythme de marathon plus que de manifestation de Fête du Travail, dans le parc de La Mulonnière, et dans les serres et resserres de l’Espace Nobuyoshi, à Saint-Antoine du Rocher. Il s’y tient, depuis trois ou quatre ans, une exposition d’une semaine, dont le principe est que chaque artiste ne propose qu’une seule œuvre de grand format. Le titre de cette exposition est XX-Art, ce qui est un nom un peu bêta, mais qui a au moins le mérite de la brièveté, et d’être, à cet égard, facile à retenir.

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Il me semble que, si agréable qu’ait été la découverte de ce lieu (nous n’en avions jamais entendu parler jusqu’à la veille), la promenade a été gâchée par les hallebardes, les ornières boueuses, le parking gavé de voitures à la manœuvre – un curieux afflux de peuple, étant donné que cette manifestation n’est pas très médiatisée.

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Il n’y avait pas grand-chose de transcendant à se mettre sous l’œil, si ce n’est quelques amusantes sculptures extérieures, et deux ou trois toiles abstraites dérivatives mais pas désagréables ; il y avait, dans la grande serre principale, des sortes de sculptures (en plastique renforcé ?) tout à fait réussies, et j’ai pu découvrir un échantillon de la dernière manière de Juliette Gassies, qui se rapproche désormais un peu de sa voisine Florence Lespingal, mais de façon plus contrastive et surtout plus foncièrement figurative. Il y avait, cette année, un hommage à Didier Bécet, artiste sans doute trop tôt disparu (il n’avait pas cinquante ans), mais dont la petite « rétrospective » a confirmé tout le mal que je pensais de ses hideuses kitscheries.

Exposition XX-Art, Espace Nobuyoshi, Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), 1er mai 2013. Reste qu’une année prochaine, sous des cieux plus cléments, on pourra tenter de se promener à grands et amples enjambées, dans un style plus proche des Tableaux d’une exposition.

lundi, 22 avril 2013

Erki Kasemets

Erki Kasemets, Life-File, installation, 2008, Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie (vue partielle) Il y a cinq ans, j'avais pris plusieurs photographies d'une très belle, très forte, très inspirante installation d'un artiste estonien contemporain, ce dans le cadre d'une exposition d'art estonien contemporain qui avait été annoncée, alors, à grands renforts de clairon, comme la première d'un événement appelé à se répéter, et baptisé, du coup, biennale. Cinq ans après, on attend toujours la deuxième partie de cette biennale.

vendredi, 22 mars 2013

Poignée d’heures

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Déjeuner au BarJu, qui a dû changer de propriétaire (plus classique, moins chichiteux, plus cher aussi – mais avec les insupportables interruptions (« Bonne dégustation » et autres) indissociables des restaurants contemporains), puis achat de nippes (godasses, futals) avant un détour par “Le Cosmographe” (qui ne s’appelle plus Les Amours jaunes depuis trois ans, là encore je semi-débarque), où j’ai acheté un recueil de Fitzgerald que je n’avais pas (mais lu, pourtant : The Diamond as Big as the Ritz), Suicide d’Edouard Levé, La langue maternelle de Vassilis Alexakis, La grammaire en forêt de Josée Lapeyrère, et enfin, in extremis, entr’aperçue sur une étagère, une monographie consacrée à Achille-Etna Michallon, dont je ne cesse de croiser le chemin ces temps-ci et qui, tenez-vous bien, avec son prénom volcanique, a tout de même peint des éruptions de Vésuve !

Contiguïté malencontreuse. Librairie Le Cosmographe, Tours.

samedi, 16 mars 2013

Insolite épisode de la vie d'Anton(in) Dvořák

On le sait peu, Anton Dvořák 

Aimait beaucoup Jacques Chirac.

Questionné par Le Parisien,

Le très émouvant musicien

Lança un jour « Il est fort, Jacques ! »



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(En illustration : une photographie d'un certain Lukas Dvořák.

J'aime bien les hasards de l'homonymie, et les filles à oilpé.)


jeudi, 07 mars 2013

Ode à la ligne 29 des autobus parisiens

roubaud.jpgGrâce à Facebook, où j’avais publié en cours de lecture quelques images reproduisant telle ou telle page du poème en question, je peux dater ma lecture de l’Ode à la ligne 29 de la fin novembre. Je lisais ce petit livre à la couverture grise et aux pages colorées (Roubaud est, avec Butor et Danielewski, un écrivain qui fait de polychromie un principe formel aussi exigeant qu’excitant), au lit, mais aussi, je m’en souviens, dans la salle d’attente de l’école Louis-Pergaud, où Oméga suit ses leçons d’éveil musical, le mercredi matin.

L’Ode est – outre un de ces ouvrages empilés près de mon bureau dans le but d’en écrire un jour quelques phrases – un très beau poème narratif et lyrique, autobiographique et mélancolique, novateur tout autant que passéiste.

On lit les vers de Roubaud avec une exultation de métromane, et aussi une forme de fascination lexicographique. En fin de compte, c’est de ma relecture récente de L’Année terrible que je pourrais le mieux rapprocher ma perception de cette Ode. Comme Hugo, Roubaud ose – va de l’avant, suit son fil, trace sa voie. On le suit, ou on le délaisse. L’un comme l’autre m’emporte.

vendredi, 25 janvier 2013

La Crasse bitumineuse

Vieux restes de fruits pourris, excroissances, chewing-gums écrasés et en voie de décomposition, morceaux de sac en papier de fast-food déchirés et collés par la pluie… depuis le temps que je voudrais m’en saisir… C’est là un des sens possibles de la texturologie : un fragment banal de sol, ou d’une surface quelconque, est généralement complexe, dense, hétéroclite. Le plus difficile est de rendre l’impression de fondu, de masse informe, en n’appuyant pas trop sur les contrastes. Par le film ? la vision de biais ? toujours, à défaut, reste l’écriture, qu’on emporte partout avec soi.

lundi, 21 janvier 2013

La Toile du maître

Une de mes chansons préférées. Bon. Vieillote, sans doute, avec des imperfections.

Mais fondamentalement géniale.

Découverte, comme les autres du même album, en décembre 1991, grâce au vinyle (la réédition de 1972, où ne fugure pas la chanson Pas de pain) de ma tante maternelle. Repiqué sur cassette. La cassette morte, ces albums jamais repris en CD, vive le Web.

Or, j'en découvre aujourd'hui le clip (ou le Scopitone, comme on devait dire, en 1968), qui est tout à fait grotesque. Je ne veux pas parler des effets visuels, ni du « non-jeu de scène » du jeune Gérard Manset (une sorte de Jean-Pierre Léaud sans présence physique), mais du collage de tableaux : la Valse de Severini, principale œuvre montrée dans le clip, est sans doute très bien choisie, d'un point de vue esthétique (le futurisme comme une sorte de mouvement précurseur du pop art ?), mais la chanson parle justement d'une toile qu'on ne peut pas voir, « refusée dans les musées » .

Contresens ?

Apparemment.

À moins que, par un détour complexe, Manset (si c'est lui) n'ait conçu le clip, justement, dans le souci de ne rien illustrer. Ainsi, pour illustrer une chanson sur le grand tableau universel (et en partie imaginaire), il choisit des tableaux réels, ponctuels, sans rapport avec la chanson.

lundi, 29 octobre 2012

Le soi-disant poète du taxi, dans la neige barcelonaise

 

L'Effacement. Série, en hommage à "La Place du mort" de M. Renaud Camus.Il a tout à coup ralenti pendant quelques secondes le rythme de ses questions, mais uniquement pour faire un retour encore plus en force et me dire que l'art avait un peu à voir avec l'acquisition de la quiétude au sein du chaos. La quiétude intrinsèque aussi bien de la prière que de l'œil de l'ouragan, a-t-il rondement conclu. Puis il s'est tu complètement. Un moment poétique digne des applaudissements d'un théâtre bondé parce qu'il m'a permis de me concentrer et de penser à l'œil même de cette tempête de neige qui dévastait Barcelone. Mais il est vrai que je n'ai connu la véritable quiétude que lorsqu'il est enfin descendu du taxi.

Enrique Vila-Matas. Air de Dylan (traduction A. Gabastou). Bourgois, 2012, p. 305.

jeudi, 04 octobre 2012

Becquée

À huit heures du soir, le 10 octobre, il devenait difficile de se promener à l'intérieur de la Galerie d'art de Sudbury. Le lissier s'exprime par la tapisserie comme d'autres par la gravure, la peinture, la sculpture. Les étrangers ont raflé la plupart des autres prix, mais le Québec n'a pas tout perdu.
 
(PaperPestPaste, ii)
 

jeudi, 06 septembre 2012

Dodderers and junk-gatherers

Tant qu'à commencer quelque part, et à ne jamais commencer en fait, autant le faire en signalant une découverte essentielle : le nom junk viendrait, en anglais, du vieux français jounc (le jonc). On peut donc aisément dire : on se pèle la camelote ici.

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Bois et cuivres dans la Suite n°1 de Stravinsky (ma préférée - la n°2 est déjà trop citationnelle) mettent de bonne humeur, ça et ce soleil revenu. Ils me rappellent surtout combien j'avais aimé l'exposition Hockney à la Royal Academy en 1995, par rapport à notre désarroi cet été à Bilbao : Hockney commet maintenant de la mauvaise peinture, au sens où elle est parfois mauvaise en tous points : pâte, mouvements, projet et structure. Le comble, presque, ce sont les dessins à deux balles sur iPad imprimés ensuite en format géant. Foutage de gueule maximal, aucune émotion, et presque pas (plus) de talent.

Bois et cuivres, rayons de bicyclettes, soleils d'ici, préservez-moi du gâtisme.

 

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Série Impuissance, X2

Il y a quelques jours, renonçant à rattraper un jour le retard accumulé dans les prises de notes etc., j'ai rangé sur les rayonnages encore-déjà trop étroits tous les livres que j'avais ordonnés à la façon d'une paroi séparant les deux bureaux, mais non sans les prendre en photo dans différentes dispositions, le tout formant une série que j'ai nommée Impuissance. Ainsi me souviendrai-je au moins que j'aurais voulu tirer quelque chose de ces différents livres marquants. (Mais quoi ? le pareil au même ? Autant oublier.)

mardi, 22 mai 2012

Le Vent à carreaux

La fresque de céramique éclate en lignes, en courbes, en ovales, en couleurs vernissées. On se pose là.

On se pose là, un jour de pluie froide, en mai.

On se pose là.

Asger Jorn et Jean Dubuffet, qui ont beaucoup manigancé ensemble, et composé notamment la musique d'un petit film expérimental parfaitement cocasse que l'on peut voir, avec tant d'autres documents, dans la salle centrale du musée, étaient amis. Ceci explique cela. Alors, même si, avec les toits en tôle et les blocs de parpaing brut, la cour ne paie pas de mine, on a envie de trouver cela plus proche encore de Dubuffet que de Jorn, car Jorn n'a pas proposé une rupture aussi complète avec l'esthétique traditionnelle (ses codes, ses conduits).

Donc on se pose là, on attend, on regarde yeux mi-clos, on scrute.

Et si on s'affaire, ce n'est pas pour rien. On a le temps pour soi, en cette journée froide et pluvieuse de mi-mai. On est à Silkeborg, tout de même.

dimanche, 15 avril 2012

Intermittences : sur quelques phrases d’Anthony Powell

 

Jeudi soir, tard, j’ai terminé la lecture de The Soldier’s Art, huitième volet de la dodécalogie d’Anthony Powell. Je crois avoir lu les 6 premiers tomes vers 2007-2008, avant de devenir directeur du département d’anglais en tout cas. J’y suis donc revenu, avec la trilogie militaire, dont seul le dernier tome – The Military Philosophers – me reste à découvrir.

J’y suis revenu, avec des sentiments mitigés. La lecture en est tout à fait plaisante, stimulante, même s’il me semble que le travail stylistique s’y émousse. Le côté « Proust de second rayon » est moins présent, ce qui, finalement et sans paradoxe, diminue le charme, voire la qualité d'écriture. On le retrouve toutefois par intermittences. Qu’on en juge :

The potential biographies of those who die young possess the mystic dignity of a headless statue, the poetry of enigmatic passages in an unfinished or mutilated manuscript, unburdened with contrived or banal ending. (The Valley of Bones, p. 197)

 

Il s’agit plus d’influence proustienne que de décalques jamesiens, comme lors de la description d’un bombardement aérien à l’époque du Blitz :

Out of this resplendent firmament – which, transcendentally speaking, seemed to threaten imminent revelation from on high – slowly descended, like Japanese lanterns at a fête, a score or more of flares released by the raiding planes. Clustered together in twos and threes, they drifted at first aimlessly in the breeze, after a time scarcely losing height, only swaying a little this way and that, metamorphosed into all but stationary lamps, apparently suspended by immensely elongated wires attached to an invisible ceiling. (The Soldier’s Art, p. 11) *

 

La semaine dernière, je citais un extrait de The Valley of Bones (tome VII, et 1er volet de la trilogie militaire). Sur la même page se trouve, toujours dans la bouche de Dick Umfraville, un jugement général, misogyne et galvaudé sur les femmes (“The answer was always no. Then one day she changed her mind, the way women do.”), ce qui m’a fait sourire. (Stratégie narrative difficile à démêler ici.)

Je n’ai pas vérifié si les douze romans de Powell qui composent ce cycle intitulé A Dance to the Music of Time, et que je lis dans l’édition Heinemann cartonnée que possède la B.U. de Tours, ont été traduits. Il me semble que traduire et publier ces romans maintenant aurait quelque chose de terriblement délicat, ainsi que d’éminemment suranné. Par exemple, toujours dans The Valley of Bones (p. 117) :

We were squadded by a stagey cluster of glengarry-capped staff-sergeants left over from the Matabele campaign, with Harry Lauder accents and eyes like poached eggs.

 

Comment, dans une traduction, saisir sans l’effriter le mille-feuilles culturel que constitue une seule phrase ?

 

Un autre passage qui m’a beaucoup amusé, dans The Soldier’s Art cette fois, et notamment en raison d’associations montypythoniennes ** qui relèvent ici de la coïncidence, ou – mieux – du plagiat par anticipation, donnerait, à la traduction, quelque fil à retordre :

‘How went the battle, Derrick ?’ he asked. […] ***

‘Pretty bloody, Eric,’ he said. ‘Pretty bloody. If you want to know about it, read the sit-rep.’

‘I’ve read it, Derrick.’

The assonance of the two colonels’ forenames always imparted a certain whimsicality to their duologues****.

‘Read it again, Eric, read it again. I’d like you to. There are several points I want to bring up later.’

‘Where is it, Derrick?’ (The Soldier’s Art, pp. 35-6)

 

Dans un registre moins satirique, il me semble important de clore ces quelques remarques éparses en citant un paragraphe où se mêle trois métaphores essentielles du cycle dans son entier – le jeu, la musique, la stratégie militaire :

This was an unexpected trump card for Stevens to play. Moreland, always modest about his own works, showed permissible signs of pleasure at this sudden hearty praise from such an unexpected source. Music was an entirely new line from Stevens, so far as I knew him, until this moment. Obviously it constituted a weapon in his armoury, perhaps a formidable one. He had certainly opened up operations on an extended front since our weeks together at Aldershot. (The Soldier’s Art, p. 135)

 



* Je dois à la vérité de préciser que j’écris ce billet, recopie ces citations, tout en écoutant un très beau duo d’Evan Parker et Urs Leimgruber, ce qui, par crépitements, démontre assez combien je mets en pratique le principe fondamental d’un de mes maîtres, Isidore Isou, et donc ce procédé – la discrépance – consiste ici à recopier des phrases à l’architecture ample et mesurée tout en étant profondément imbibé de sonorités que même le qualificatif de free ne suffit plus à décrire. Qu’il soit dit, au passage, que ce principe même est au centre d’une série de textes sur l’autre blog (Unissons).

 

** En l’espèce, que cette séquence animée, toute en nonsense et cochons tirelires, me soit immédiatement venue à l’esprit n’a rien de fortuit : le modèle commun des deux textes (Python & Powell) n’est-il pas le duo Tweedledum&Tweedledee du brave révérend Dodgson ? Ou l'auteur du bref sketch animé (Gilliam lui-même ?) aurait-il lu The Soldier's Art (publié en 1966, soit trois ou quatre ans avant la saison 2 du Flying Circus) ?

 

*** Le passage que j’omets de citer est tout à fait long, je dois le signaler, et très savoureux. À un universitaire, les deux colonels sont susceptibles d’évoquer quelques infernaux mandarins, par exemple Jean-Jacques Tatin et Elisabeth Gavoille.

**** Toujours j’écoute Evan Parker et Urs Leimgruber. Le terme de duologue leur siérait à merveille. Ce sont à la fois les nymphes de Mallarmé/Debussy et les camelots de la foire. Quelle merveille !

 

mercredi, 15 février 2012

Ali Ferzat, Egon Schiele, la "dégénérescence"

 Les auteurs de l'article n'ont pas compris que le dessin est aussi une référence au tableau (pourtant archi-célèbre) d'Egon Schiele, l'Autoportrait aux doigts écartés. L'image des doigts cassés relie ainsi le caricaturiste opprimé par le pouvoir syrien à certaines formes de l'art moderne européen que les nazis devaient qualifier de dégénérées (entartet).

Autant dire : Télérama n'a rien compris. (Une fois de plus.)

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vendredi, 03 février 2012

À la vie à la mort (ARFI / Petit Faucheux)

Hier, pour la Chandeleur, par le jour le plus froid – pour l’instant ? – de l’hiver tourangeau, c’était, pour moi, la reprise de l’année au Petit Faucheux. Il s’agissait d’un spectacle déjà créé il y a deux ou trois ans en partenariat avec le Petit Faucheux, mais que je n’avais pas eu l’occasion de voir à l’époque : À la vie à la mort, par un quatuor composé de Jean Aussanaire (saxes), Jean Méreu (trompette), Laurence Bourdin (vielle à roue) et Bernard Santacruz (contrebasse), compositions sur le tableau de Bruegel l'Ancien, Le Triomphe de la mort, que j’ai pu (re)voir au Prado l’été dernier.

Les compositions sont très belles, les musiciens à la fois très inventifs et très attentifs, mais je ne devais pas être très en forme (ou très in the mood), car j’ai trouvé toute la première demi-heure trop homogène, tirant toujours un peu du côté de la lamentation ou de la mélopée. Le dernier quart d’heure était, pour moi, ce qu’il y avait de plus fort, à partir d’un duo frotté très sourd entre la vielle et la contrebasse.

Villerouge-Termenès, 21 juillet 2011 Après le concert, autour d’une Grim, mon collègue Eric R. et moi avons parlé, de manière assez prévisible (à ceci près que lui ne connaissait le musicien que depuis deux semaines, et moi depuis six mois !), de Valentin Clastrier, dont je ne retrouve pas, ce matin, dans mon fatras, l’album que j’avais acheté totalement par hasard l’été dernier en pays cathare (décidément, le concert d'hier dressait un pont entre l’hiver et le dernier été), mais aussi de Leonard Cohen et de musique baroque.

 

En bonus : lien vers la page consacrée au spectacle sur le site de l’ARFI, avec un extrait.

vendredi, 06 janvier 2012

Markson à Marissel

Camille Corot - L'Eglise de Marissel (1866).Corot painted approximately two thousand pictures. Three thousand of these are in American collections.

Springer's Progress. [1977], 1999, p. 9.

 

L'heure à laquelle j'achève ma lecture du premier texte nonpolar de Markson. Marquant. En germe, tout. Et tout un pan joycien, assez nabokovien aussi, dont il se sera ensuite, progressivement défait. Corot, pour moi, c'est Marissel, mes heures à cadrer d'un regard gris l'étendue des pierrailles et bétons qui ont remplacé les étangs. Et ce soir aussi, les faussaires en Egypte. Fuite.

jeudi, 08 décembre 2011

This Is (Not) Iris Clert

(Il faut cliquer sur Robert Rauschenberg. Portrait of Iris Clert (1961). l'image pour comprendre de quoi il retourne ici.)

Quand on tombe sur les deux lignes constituées de la citation de Rauschenberg en italiques et de l'"explication" proposée par l'auteur (Writer ? David Markson ?) dans This Is Not A Novel, on (le lecteur) succombe encore à l'illusion référentielle, car si on ne connaît pas l'oeuvre de Rauschenberg, on s'imagine aisément qu'il y a une oeuvre que Rauschenberg qualifie de "portrait d'Iris Clert". Rauschenberg aurait dû s'expliquer dans un télégramme et confirmer que le tableau (sans doute peu figuratif, ou peu figuratif d'Iris Clert) était bien ce qu'il était censé être. Mais pas du tout. Le masque tombe, tout en s'épaississant si j'ose ainsi croiser les métaphores, après une recherche sur Internet : l'oeuvre, c'est le télégramme. (Et d'ailleurs, il semble qu'il existe plusieurs télégrammes, donc plusieurs oeuvres, avec des dispositions différentes sur la page.)

L'oeuvre, c'est le télégramme, et le télégramme est un portrait d'Iris Clert par pur acte performatif de l'artiste ("if I say so"). L'oeuvre, c'est le télégramme, un peu comme le père, dans Eraserhead de David Lynch, s'aperçoit, en découpant les langes emmaillottant l'étrange bébé hurleur, que les linges étaient la peau du bébé.

Question qui n'est ni triviale ni secondaire : les olibrius dans mon genre bousillent-ils l'effet-texte du roman-non-roman de Markson ? En effet, on peut considérer qu'en publiant une reproduction du télégramme-portrait sur Flickr et en la légendant avec la citation de Markson, je court-circuite la stratégie déceptive de Markson, qui égrène des anecdotes et des citations en les tirant de leur contexte. Toutefois, j'arguerai volontiers que cette stratégie, par l'énumération, justement, appelle un lecteur qui, intrigué, s'interroge, et va chercher à y regarder de plus près. Les stratégies trompeuses sont faites pour être détournées ; les assassins des romans policiers laissent exprès des traces car ce sont des assassins de fiction.

 

Deux autres remarques, que je ne sais pas où mettre alors je les mets n'importe où (après tout, l'auteur, ici, c'est moi) : - la présentation du texte dans le télégramme que j'ai choisi pour illustrer les deux phrases de Markson est un hommage évident à e.e. cummings (le double "IS", la dernière lettre qui se trouve en fait avant le début de la phrase, les mots formant le nom de la rue collés les uns aux autres). On pourrait sous-entendre : this is so evidently a pastiche of e.e. cummings I need not say so.

--- L'acte performatif de désignation qui constitue le télégramme en portrait d'Iris Clert est à mettre en rapport avec le titre du roman-non-roman de Markson (le lien est (trop) appuyé à la page suivante).

mercredi, 07 décembre 2011

Picasso regarde Stein regarder Blake regarder l'homme drapé regarder le ciel d'âme (Gray)

Pablo Picasso. Portrait de Gertrude Stein (1906). William Blake - Thomas Gray's Elegy, circa 1797.

09:53 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 05 décembre 2011

La signature, de sang peint

Beheading of Saint John the Baptist, by Caravaggio (1608) - approx. 12 x 17 feet.Aujourd'hui, c'est-à-dire dimanche après-midi (il est minuit passé), j'ai écrit une phrase sur Caracas, et je n'ai pas su continuer. Puis, plus tard, bien plus tard, j'ai dû me replonger dans le Caravage, dans le sang-signature. De proche en proche, ça a donné beaucoup de n'importe quoi (surtout grâce à Goodman).

Spell = spill.

In DM's words.

 

(Mais ça m'a tout de même ramené à Sandra Belloni.)

jeudi, 01 décembre 2011

3111 / Le Lapin sous le prunier

Dans tous ses états, elle était, la pauvre femme. On va se laisser passer l’heure… le sablier, ça n’est pas rien… la seconde du rendez-vous elle-même est importante… Des foutaises. Mais bon. Elle était dans tous ses états. J’aurais voulu la calmer, la secouer, la calmer ou la secouer, je ne sais, toujours est-il qu’elle faisait pâle figure, un sacré tableau.

C’est quand elle a fait brûler le cadre que je me suis énervé.

Ce n’était plus possible.

Joachim Wtewael, Festin chez EmmaüsOn avait fait la sieste sous un prunier, c’était l’hiver – mais quoi ?

Pénible. Pas moyen de se reposer, toujours cette injonction, le lapin d’Alice, en retard, en retard, j’entendais la voix de Guy Piérauld, en retard en retard en retard. Pffff. Pénible. Kano pensively lifted a plum upon the point of a toothpick and began nibbling at its wrinkled skin. Pourtant, je finis par me rendre à l’évidence et par l’accompagner, non sans ramasser les feuilles de prunier et les déposer dans les conteneurs spéciaux prévus à cet effet.

Roger Dorsinville m’ennuyait ; René Barjavel encore plus ; même mon idole, Flann O’Brien, je n’arrivais pas à me plonger dans son univers dense et loufoque. J’avais passé toute la nuit précédente à traduire des poèmes de Bedri Rahmi Eyüboğlu, sans rien savoir du turc, bien sûr, mais juste comme ça, par science immanente. (Ce n’est pas donné à tout le monde. Je raconterai un jour ce qui m’est arrivé. Barjavel peut pâlir.) J’avais appris l’existence de ce peintre et écrivain turc par le biais d’un texte méconnu du majoral Sylvain Toulze. J’avais voulu traduire aussitôt tout ce qui m’était tombé sous la main. Et Marie, devant ces lilas, avait ménagé une large plate-bande, où elle s'amusait à cultiver elle-même quelques rosiers, des giroflées et des résédas. Et j’étais satisfait du résultat.

Mais, quand elle a commencé à faire cramer les cadres, là, j’ai explosé. Dans la ligne de tir. Trop de fers au feu. Et le centenaire de Pompidou, dont tout le monde se contrefout. Alors, voilà, je l’accompagne à son rendez-vous.

Pas moyen autrement.

mercredi, 30 novembre 2011

3011 / Galet (traduit du turc)

Berdri Rahmi Eyuboğlu, Han Kahvesi, 1973 Tandis que je pense à toi, en moi un galet se réchauffe, et un oiseau se pose au rebord de mon cœur.

Un coquelicot soudain fleurit, un coquelicot saigne, subtil coquelicot.

 

Tandis qu’à toi je pense, et m’interroge, un prunier se redresse et commence à tourner, pareil à un derviche.

En en tournant sur lui-même, il se délie, il se dénoue, il se défait. Il diminue, rapetisse, et sa sève encore laiteuse devient une prune d’un bleu si noir

Que le bleu de la prune à chaque fois me brûle les lèvres.

 

Tandis que je pense à toi, en moi un galet se réchauffe.

 

(Oui, c'est un poème de Bedri Rahmi Eyüboğlu que j'ai traduit, avec toute une fournée d'autres textes tous plus beaux les uns que les autres. Oui, je deviens fou à ne plus savoir qui m'écrit. J'attends la nuit. A street in Constantinople is a picture which one ought to see once—not oftener. L'année va être plus folle et plus longue que toutes les autres. J'ai trouvé les messages de la narratrice, mais pas dans les couloirs de la National Gallery. En fait, à Istanbul. Et il y avait ce tableau du peintre et poète turc aussi. Je deviens fou.)

mardi, 22 novembre 2011

Kids (Melquiot / Bouillon), Nouvel Olympia (Tours), 21 novembre 2011

Hier soir, nous sommes allés voir la mise en scène de Kids, de Fabrice Melquiot, par Gilles Bouillon.

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire tout le mal que je pense de l’inepte Gilles Bouillon. Cette fois-ci, en choisissant de mettre en scène un texte qui est absolument nul d’un bout à l’autre, le grand manitou du Nouvel Olympia avait l’occasion – amplement saisie – de mettre une sorte de point d’orgue à sa navrante carrière. En effet, le texte de Kids est absolument nul, au sens premier du terme : plat, fade, creux – rien ne dépasse, même du mauvais côté.

 

Il m’arrive très souvent d’être agacé par tel ou tel travers de l’écriture théâtrale contemporaine. Là, c’est bien simple : Melquiot s’est livré à un exercice de style qui consiste à les réunir tous, de sorte que son texte constitue une accumulation de tous les tics et imbécilités de la dramaturgie française des années 1990-2000 : faux style familier totalement clinquant, revolver présenté comme un « jouet » qui finit par exploser à la gueule d’un des adolescents, métaphores d’élève de CE2 peu inventif, jeux de mots Carambar, recours à la langue anglaise (délibérément mal prononcée) pour-montrer-l’attrait-de-l’Amérique-sur-les-jeunes-générations-des-pays-ravagés, structure en prolepse et analepse abondamment soulignée des fois qu’un spectateur demeuré (ou endormi, le bienheureux !) continue de ne pas comprendre, didascalies lues par une actrice en semi-off, chansons a cappella ou accompagnées en veux-tu en voilà. Kids est donc, dès son écriture, une sorte de mise en pratique de tout ce qu’il y a de plus explicite et idiot dans les versions dérivées les plus creuses d’un « brechtisme » compris de travers.

Bien entendu, le défi, pour Gilles Bouillon, consistait à réussir à mettre son grain de sel et à rendre le texte encore plus effroyablement mauvais. Gilles Bouillon est un maître, et c’est le genre de défi qu’il ne craint pas. Pari gagné, donc : ce qui était déjà d’une surprenante mièvrerie, il réussit à l’accentuer encore par une direction d’acteurs qui tient du patronage façon années 70. Ce qui est totalement explicite, et, du coup, parfaitement ennuyeux, dans le texte, il le souligne encore par des gimmicks de mise en scène déjà vus cent fois, même pour quelqu’un qui, comme moi, ne va quasiment plus jamais au théâtre. Par exemple, les personnages figurent les murs de la pièce dans laquelle ils sont censés se trouver à l’aide d’un tracé de craie sur le sol de la scène – mais, attendez, ce n’est pas tout : quand un personnage demande à être admis dans la pièce, un des acteurs qui se trouve dans la « pièce » efface environ 80 cm du tracé de craie avec une éponge ! (Oui, oui, les 80 cm effacés, c’est la PORTE !!! ils ont osé aller jusque là dans l’idiotie. Heureusement que la mort est une chose sérieuse : Brecht ne peut pas se retourner dans sa tombe.)

 

Bouillon, donc, en un sens, se surpasse. Y a-t-il, dans le texte de la pièce, des chansons bêtasses, mi-Sheila mi-Gotainer ? L’illustre metteur en scène fait prendre à la « chanteuse » des poses et des mines de radio-crochet, avec œillades que même leur caractère très évidemment « second degré » ne sauve pas du ridicule. Je pense même que c’est encore plus ridicule et vil de faire tout cela au second degré.

Y a-t-il un accompagnement de guitare (cela, je ne sais pas si c’est dans le texte et je ne compte certainement pas vérifier) ? Le guitariste a évidemment des dreadlocks, et il joue évidemment les pieds nus. D'ailleurs, si j’en crois le programme, c’est évidemment un fils ou un neveu du metteur en scène. Il ne manquait, comme corde à l’arc de M. Bouillon, que le népotisme ; c’est chose faite.

J’en passe, et des pires.

 

Un dernier mot. De quoi parle cette pièce ? Des orphelins de guerre, et de la guerre en Bosnie. J’hésite à donner à l’auteur de la pièce une importance qu’il n’a sans doute pas en faisant une lecture politique de son texte… Melquiot doit prétendre, je suppose, que sa pièce subvertit le discours dominant par un recours au second degré (l’insupportable second degré, vieux jeu et élimé depuis déjà trois décennies) et au carnavalesque. Toutefois, ce qui est absolument choquant, c’est de voir une telle pantalonnade, qui, à force de ne pas vouloir dire, de surexprimer ce qui va de soi et d’éviter de parler du vrai drame bosnien, ne dit finalement rien du tout. « Faire une pièce » sur les orphelins de Sarajevo, et ne rien dire du tout, en fin de compte, de ce qu’a pu signifier la guerre en Bosnie, c’est bougrement indécent. Il n’y a ni sens, ni ambiguïté, ni jeu – juste l’immense vacuité d’un plateau hélas surpeuplé.

samedi, 05 novembre 2011

Aux vingt-et-un boutons dorés

Le maréchal des logis Frumence Biche (Henri Rousseau).jpg

Henri Rousseau. Le maréchal des logis Frumence Biche (1893).

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vendredi, 07 octobre 2011

Giacometti n'attend pas (l'isba albâtre)

Après avoir poursuivi poussivement ma préparation in progress de la communication que je délivre (même s'il est peu probable que j'en sois définitivement délivré) demain matin (non : ce matin -- garçon, il est minuit passé), il me resterait à écrire deux textes pour mes deux carnétoiles, et surtout à noter quelques passages de Call It Sleep, que je dois rendre demain --- le PEB n'attend pas. Pas la force, tant pis, je ferai rapidos des photocopies des quelques pages que je voulais, voudrais archiver.

Call It Sleep, en effet : il faut aller dormir, je n'y tiens plus......... et ce même après une belle soirée # Hôtel de Rive, un spectacle court mais marquant, avec ses défauts même, de Frank Soehnle, l'artiste en résidence cette année à l'Université -/- un spectacle qui gagnait surtout à ce qu'on ne sache pas (et je ne le savais pas) que le texte était de Giacometti (la révélation finale éclairait la forme des figures marionnettes).

N'arrive plus à faire des phrases, doit se pieuter. Planque quand même un lien vers le billet que la publication de celui-ci fait disparaître. (Arrive encore à faire des phrases tordues, doit se pieuter.)

mercredi, 07 septembre 2011

Le gris, le palimpseste


« Produit de sept ou huit couches de peinture blanche sur une couche de peinture blanc et noir, mon fond actuel a l’épaisseur grasse que je lui souhaitais, et sa clarté grise, conquise de haute lutte, se souvient très bien du noir qu’elle a eu tant de mal à recouvrir. Or c’est exactement ce que j’aime, dans les tableaux (et dans les phrases) : que chaque couleur se souvienne de toutes celles dont elle a triomphé. Il faut viser au palimpseste. » (Renaud Camus. Parti pris, p. 49)

5729 Couverte-Boîte n° 6 (12.VI.2011, YHWH 16), huile sur toile, 40x40x8

 

« Il me semble qu’il n’y a rien de plus désirable pour un peintre que d’être sacré le maître des gris. Sur les sept heures du soir j’étais enchanté de mon gris, mais à huit heures et demie il m’a semblé parfaitement plat. Nous verrons ce qu’il en est demain. » (p. 200)

 

vendredi, 22 juillet 2011

Homecoming

Le Jour ni l'Heure 0538 : Carl Kylberg, 1878-1952, Homecoming, 1938, musée des Beaux-Arts de Gothembourg, Suède, samedi 28 août 2010, 16:55:47 "J'aime mieux le Homecoming de Kylberg, ou son Soleil levant, que n'importe quel Nicolas de Staël." (Parti pris, p. 363)

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samedi, 02 juillet 2011

Le Rouge et le bleu

Le Nietzsche peint par Munch de la collection Thiel n’est pas celui que j’avais cru, celui qui était reproduit sur la couverture d’Ecce homo dans la collection “10-18”, je crois bien. Celui d’ici est à dominante bleue, alors que l’autre est à dominante rouge – au moins dans mon souvenir. Et comme l’autre m’est plus familier, au moins en reproduction, celui-ci m’a un peu déçu, d’autant qu’il occupe le fond d’une grande pièce à lumière zénithale, un peu glauque comme on dit à tort, et qu’il faut le contempler entre de hautes palmes de salon d’hiver, un peu gênantes. (Renaud Camus, K. 310, journal 2000 – entrée du 27 mars 2000. P.O.L., 2003, p. 83)

 

Je croyais me souvenir d’un Nietzsche de Munch très rouge (pas Nietzsche, le tableau). Ce Nietzsche rouge doit être ailleurs, je ne sais où. Celui de Thiel a des dominantes bleues et brunes, un peu éteintes. Il m’a légèrement déçu. Je serais curieux de voir ce que j’en disais en 2000. La collection des Munch de M. Thiel est néanmoins très impressionnante. (Parti pris, journal 2010 – entrée du 2 août 2010. Fayard, 2011, p. 314)

 

Même persistance d’une grande acuité dans le doute (« je crois bien », « je ne sais où »).

Même incertitude sur la source de première vue (la couverture de l’édition de poche d’Ecce homo aura servi d’écran premier).

Même relativisme de la déception (« un peu », « légèrement »).

Même point de départ : la croyance (« cru », « croyais »).

    è Ce que je nomme la (blême) mêmoire – avec son accent circonflexe.

 

Munch_Nietzsche.jpg  M0254.jpg  nietsche_3.jpg

(Sinon, pour ce qui est de l’existence de deux toiles (une rouge, une bleue), je me demande, après avoir consulté rapidement la Toile, s’il n’y a pas un seul tableau (celui de droite, ci-dessus, provient de la collection Thiel), mais que le maquettiste de l’édition de poche mentionnée par Renaud Camus aurait accommodée au moyen d’un filtrage rouge.)

jeudi, 09 juin 2011

De quoi Cucuphas est-il le nom ?

 

Ayne Bru.jpgLes entrées des différentes WP (francophone, lusophone, hispanophone) donnent la même étymologie pour le nom de saint Cucuphas, dont on peut voir, dans la basilique de Saint-Denis, une chapelle qui lui est consacrée. (Je ne suis pas très sûr de la syntaxe, bancale voire fautive, de la phrase qui précède.*) Il s’agirait d’un nom dérivé du copte cacupat, par l’intermédiaire du grec kukupha et du latin upupa : ces noms désignent la huppe.

Or, pour l’entrée de la WP anglophone, nettement plus complète, l’étymologie proposée, empruntée au site Web Santi Beati, fait remonter ce nom à une expression phénicienne dont le sens serait « celui qui aime faire des plaisanteries ».

hoopoe.jpgJe ne dispose ni des compétences ni des ressources, ni surtout du temps nécessaire à l’élucidation de ces hypothèses contradictoires, de sorte qu’il m’est aisé d’imaginer qu’elles sont en fait complémentaires : le cri de la huppe appelle l’analogie avec l’homme qui se gausse, comme on le dit du merle moqueur, ou qui glousse. Cela, pourtant, est bien incertain. Je ferais mieux de m’intéresser à cet Ayne Bru qui a peint le tableau le plus connu, et surtout le plus reproduit, représentant ce martyre – ou tenter de lire sérieusement l’hymne que Prudence lui a consacré – ou encore envisager d’aller me promener dans le bois de saint Cucufa à La Celle-Saint-Cloud – ou, seulement, décrire la chapelle à la minute même où je la vis.

 

* ...saint à qui une chapelle est consacrée, dans la basilique Saint-Denis.

samedi, 27 novembre 2010

Dents, arceaux, percussions

Lena nYadbi, 2008.jpg   Ce mardi-là à Canberra, parcourant à pas comptés (et la tête échauffée, solitaire et attentif) les salles de la National Gallery of Australia consacrées à l'exposition Emerging Elders, pouvais-je, en contemplant, me rappeler ce texte de Daudet étudié dans un de mes cours de traductologie deux ou trois ans auparavant, et dans lequel l'expression "salons en enfilade" peut donner lieu à de subtils développements sur les métaphores figées, les changements d'image d'une langue à une autre, ainsi que sur les doubles sens involontaires (anachroniques), d'autant que, la sueur perlant à mon front, peut-être, après une promenade dans le jardin des sculptures, je n'avais pas encore lu (ni même acheté : c'était place de Strasbourg le 29 août 2010) le bref et assez vain (quoique (ou parce que) habile) roman de Christophe Claro dans lequel, à la page 74, l'Esprit de la cave prend son envol ?

 

Parfois, il arrive qu'ils me croisent. Le noir leur tombe dessus comme un rat d'une canalisation haut perchée - un bruit mat et lourd, puis plus rien, même pas le grattement des pattes, juste son poids, sa trompeuse chaleur -- et alors, ALORS, ils me sentent. Ils sentent l'Esprit de la cave. des peurs d'enfance leur griffent l'entrecuisse, une toux sèche leur noue le thorax, un invisible pic à glace leur taquine l'échine.

Ni vigile d'une vulgaire Lascaux, ni tour-operator de je ne sais quelle catacombe, j'halète et grince et sue, tenu à de solitaires inspections, à de très chiantes circonvolutions dans cet univers de cadenas et de minuteries.

 

 

Ne trouve-t-on pas, dans le nom même de Lena Nyadbi, l'image même du tissage...

"Bo Diddley Meets the Monster". Self-Portrait with one of Bert Flugelman's Cones. National Gallery Sculpture Garden, Canberra, May 11, 2010.

... et, dans les cônes de Bert Flugelman, une rencontre quasi incestueuse avec l'Esprit de la mêmoire ?

lundi, 06 septembre 2010

Italiques gibleuses

[Samedimanche.]

Le soir, nous achevons de regarder, à marches forcées, la série Rome. L'après-midi, au réveil de la sieste d'Oméga, je lis, assis par terre, Sols, tout en supervisant le jeu avec les cavaliers romains. Le conducteur du quadrige (l'aurige ?) se nomme Labonnibeul ; le dux du char gris et rouge se nomme Gibleuse.

Fusco.jpg

"Sylvain Fusco, le grand peintre schizophrène" (p. 56)

 

mardi, 13 mai 2008

1981 - Michel Puygrenier, le génie festivalier

Michel Puygrenier, l'âme des Fêtes Musicales de Touraine, est un être divin aux multiples facettes. Tantôt il est capable, sans se départir de son rictus narquois ni de son chapeau mou, d'asséner de merveilleuses pépites afin d'expliquer à un grincheux pourquoi le Festival l'escroque de soixante-dix euros, en arguant notamment que "ce genre d'incident ne se produit jamais", puis de se retourner vers une des dames patronesses qui lui servent d'escorte en expliquant qu'"on ne rembourse jamais les gens, et puis quoi encore".

Mais il sait aussi présenter somptueusement les artistes qui viennent se produire "dans [s]a Grange" [sic]. Ainsi, le 22 juin, à quatre heures, ne l'entendit-on pas annoncer le quatuor Artémy, et une oeuvre de Kapustain ? Rien de surprenant, dès lors, que le violoncelliste du quatuor Artémis se soit autorisé à lancer au public que "Kapustin [qu'il faut prononcer comme Raspoutine, eh oui, mon vieux Michel] n'était pas du tout connu en France".

Cela n'est pas vrai, très cher Eckart Runge : Michel Puygrenier n'est pas la France. Il est un univers à lui tout seul.

 

mercredi, 30 avril 2008

Artistes estoniens au Château de Tours, [3] : dessins de Priit Pärn

Dessin de Priit Pärn, exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie # 17

À mi-chemin entre les visions arachnéennes et plombées d'Alfred Kubin et l'humour noir d'un Topor, Priit Pärn, sans casser trois pattes à un canard, fait preuve de métier.

 

Dessin de Priit Pärn, exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie # 24    Dessin de Priit Pärn, exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie # 31

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samedi, 26 avril 2008

"Plaisirs de l'imagination", [2] : Fleurs imaginaires d'Urmo Raus

Urmo Raus, Série "Les Fleurs imaginaires", Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie...

Courbes rouges, orbes, volutes :

Urmo Raus, Série "Les Fleurs imaginaires", Exposition Plaisirs de l'Imagination, Château de Tours, avril 2008

 trois carrés pris dans les Fleurs imaginaires de l'artiste estonien

Urmo Raus, Série "Les Fleurs imaginaires", Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie.

Urmo Raus.

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mercredi, 23 avril 2008

Exposition "Plaisirs de l'imagination", Château de Tours [1]

Il ne reste que qutre jours (pas un de plus) pour aller découvrir l'exposition d'art contemporain estonien qui est présentée, pour trois semaines seulement, au Château de Tours. Elle occupe les deux étages médians du Château.

Erki Kasemets, Life-File, installation, 2008, Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie, Château de Tours, avril 2008 : vue d'ensemble.

Il s'agit d'un panachage des collections du Kumu (Eesti Kunstimuuseum) de Talinn, forcément inégal mais très intéressant.

Erki Kasemets, Life-File, installation, 2008, Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie, détails de boîtes de lait peintes (Château de Tours, avril 2008)

J'ai choisi, pour illustrer ce bref billet, deux photographies de l'installation d'Erki Kasemets, "Life File", réalisée in situ.

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vendredi, 29 février 2008

Né un 29 février, il y a 100 ans

Balthus, Autoportrait (1940)

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mardi, 19 février 2008

De dos

Tournedos à la forestière

Stalles de l'abbatiale de la Trinité, Vendôme.

dimanche, 17 février 2008

Sens aigu de la propriété

Refus de partager


Il n'y a pas si longtemps, pour pouvoir accéder aux magnifiques stalles de la cathédrale d'Amiens, il fallait attendre qu'un vieux fou ouvre le lourd portail avec la clef qu'il était seul à détenir, puis subir sa "visite guidée", toute en approximations et en imbécilités dignes de figurer dans les meilleures anthologies. Un jour, nous l'entendîmes, un ami et moi, décrire comme suit la sculpture, très belle et sobre, représentant Joseph et la femme de Putiphar : "elle ressent ce que les femmes ressentent dans ces cas là... pire que les fumerolles du Kamchatka... vous voyez, c'est plus chaud qu'un film X, il y a des godasses dans tous les sens..."
Une autre fois, quand je m'y trouvai avec mes parents, il avait lancé au public déconcerté : "quand vous aurez admiré notre belle cathédrale d'Amiens, vous pourrez aller voir la catastrophe de Beauvais".
Une autre fois encore, comme, selon notre ordinaire, nous refusions délibérément d'écouter ses sornettes et préférions admirer les détails des stalles, nous nous entendîmes semoncer de la belle façon : "on n'ouvre pas les stalles pour flâner mais pour écouter quelqu'un".

J'espère que ce vieux schnock ne sévit plus à la cathédrale d'Amiens, et qu'il n'a pas trop dégoûté de touristes dans sa carrière de mufle professionnel.


Le détail ci-dessus représente, en une légère discrépance ici encore hommage à Isou, une miséricorde de l'abbatiale de la Trinité (Vendôme, Loir-et-Cher).

vendredi, 15 février 2008

De la cornemuse...

Cornemusier


Yet to give some light into the business, I'll e'en tell you what had been anciently foretold in the matter by a venerable doctor, who, being moved by the spirit in a prophetic vein, wrote a book ycleped the Prelatical Bagpipe.  What d'ye think the old fornicator saith?  Hearken, you old noddies, hearken now or never.
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D'où ces trois phrases sortent-elles ? Non ?!? Si ! De la traduction du Cinquième Livre de Rabelais publiée en 1653, et signée par Sir Thomas Urquhart of Cromarty et Peter Antony Motteux.
Aussi, dans ce fil : "Les vezes, bousines et cornemuses sonnèrent harmonieusement." (Le Quart Livre, 1552)

La miséricorde, elle, provient (toujours) des stalles de l'abbatiale de la Trinité, à Vendôme.

mercredi, 13 février 2008

Vendanges tardives

Foulon tenté

Stalles de l'abbatiale de la Trinité (Vendôme, Loir-et-Cher).

mardi, 05 février 2008

Les trois traits noirs du souci

N'ayant pas eu le temps de retourner visiter l'exposition "Julio Gonzalez en famille", n'ayant pas eu le temps de poursuivre mes forages dans l'univers sombre et livresque de Petite nuit, je me contente (les yeux crépitant de petits signes gris anthracite (pages de Soyinka)) de reproduire un dessin de l'artiste espagnol, un dessin de 1936 :

Julio Gonzalez, Dessin de 1936.

lundi, 04 février 2008

Perutz, Poitiers, saules, lentes dédicaces

Comme je voulais aborder l'écriture du (long, peut-être) texte que je veux consacrer à Petite nuit de Marianne Alphant, j'ai ouvert le document Word où j'écris certains textes avant de les publier dans l'un ou l'autre de mes carnétoiles, et j'y retrouve ces bribes, datées du 19 janvier dernier et jamais publiées / franchement oubliées :

19 janvier, déjà, minuit quinze, je ne m’endors pas du tout.

 

        Le seizième chapitre de Turlupin est parfaitement hilarant. Leo Perutz, dont le goût du roman historique – même déconstruit – me semblait un peu fade, sur les premiers chapitres, est maître dans l’art de faire dérailler progressivement, mais non sans une violence jubilatoire, un récit de prime abord anodin. (Il y a aussi la façon dont, subrepticement, « la danse de Toulouse », p. 104, me rappelle « la jambe de Poitiers », octobre 2003.)

        Autour du titre. D’emblée : Je crache des gauloiseries. Avant, il y eut turlupiner, dont je crus lire que l’expression française était « ça me turlupiline » (j’avais sept ans, mettons, ou huit). Turlupin était, nous apprennent les dictionnaires, un auteur de comédies vite populaire pour l’inanité de ses calembours en dessous de la ceinture (ou, en adaptant à la mode du dix-septième siècle, ses mots proches du haut-de-chausses). Le nom de Tirelupin, dans Gargantua, a fait couler beaucoup d’encre : les auteurs du Robert culturel y consacrent d’ailleurs un encart instructif.

        (Accessoirement, le lecteur vagabond finit par apprendre qu’en français du Québec et d’Acadie, la turlutte n’est pas ce qu’on pense. Cela dit, il n’est pas indifférent que le substantif turlupin soit encadré par turgescence et turlute.) Ça, c’était autour du titre. De pleines bouchées de mots crus...


 

Julio Gonzalez, Les saules (1925).


Pour tout compliquer, j'illustre ce billet au moyen d'une photographie de l'exposition "Julio Gonzalez en famille" [Julio Gonzalez. Les saules, 1925. (Ils n'ont pas l'air de saules, mais bon... la pâte prend l'ascendant...)].

samedi, 02 février 2008

Julio Gonzalez au Château de Tours I

Ce sont peut-être trente ou quarante billets que j'aurais voulu écrire, dans les pages de ce carnétoile, au cours de ces jours de vaches maigres. Une migraine atroce me martèle aux tempes. Avant de visiter, en coup de vent (et en passant entre les averses), l'exposition Julio Gonzalez en famille au Château de Tours, je n'avais (shame on me) jamais entendu parler de Julio Gonzalez, et encore moins, bien évidemment, de son frère Joan, mort jeune (à quarante ans), ou de sa fille, Roberta, huiliste, dont les toiles occupent tout le deuxième étage du Château. On est toujours l'inculte de quelqu'un. De retour à la maison, après un cours de thème dans une salle surchauffée qui a achevé de me plonger dans les bras de la sinusite (a foolish figure), j'ai pu vérifier, dans mon bon vieux L'Aventure de l'Art au XXe siècle (sous la direction de Jean-Louis Ferrier. Chêne/Hachette, 1990), l'étendue des dégâts : Julio Gonzalez y est cité pas moins de sept fois, dont deux petits articles à lui seul consacrés, avec deux reproductions de ses sculptures (la Tête aiguë de 1927 et le Masque de Montserrat criant de 1941).

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

Feuilletant L'Aventure de l'Art au XXe siècle, je me suis retrouvé à méditer sur La Patience de Braque, sur mon rapport ancien mais conflictuel avec la peinture de Baranoff-Rossiné, et, enfin, à découvrir l'histoire savoureuse du Coucher de soleil sur l'Adriatique de Joachim -Raphaël Boronali. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a conduit (en chantonnant in petto la chanson de Jean Ferrat ("Il est au milieu d' la route / Le stupide aliboron / On dirait qu'il nous écoute / Avec sa têt' de cochon")) à vérifier l'étymologie du substantif/sobriquet aliboron, d'où la citation qui va clore ce modeste et foutraque billet et qui peut renvoyer tant au Livre des mines quà mes lectures récentes d'Orhan Pamuk (encore que, dans Istanbul, Gautier ne soit guère évoqué) :

" Ces ânes étaient harnachés de bâts, de tétières et de croupières agrémentés de dessins en petits coquillages de différentes couleurs et n'avaient pas la mine piteuse de nos pauvres aliborons qui se sentent plaisantés. "

(Théophile Gautier. Constantinople. 1854.)

 

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

[The story of my life.]

jeudi, 17 janvier 2008

Fischerboote

Une collègue qui est désormais en poste à Paris-IV m'a renvoyé un volume que je lui avais prêté, et dans lequel se trouve sans doute mon article de "critique" le plus délirant.

Fischerboote im Seesturm

Elle m'a remercié d'un petit mot très cordial, au dos d'une carte postale représentant le tableau de Jan van Goyen, Fischerboote in einer Flussmündung (1655). Sur la vaste Toile aux milliards de marines, je n'ai pas trouvé ce tableau-là, mais cet autre, du même : Fischerboote im Seesturm (Bâteaux de pêche pris dans une tempête).

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samedi, 22 décembre 2007

Itinéraires, au Château de Tours

D'emblée, j'ai un faible pour les expositions du Château de Tours. Le bâtiment a beau avoir subi les outrages du temps (et surtout des restaurations), il me plaît beaucoup ; il me plaît plus encore en tant que lieu d'exposition. Les salles sont vastes, amples, d'une grande sobriété pierreuse.

Ce vendredi après-midi, je m'y suis donc rendu, pour y découvrir l'exposition de l'association Itinéraires, qui occupe les trois étages et le rez-de-chaussée. Bien entendu, on ne s'attend pas à rencontrer le génie à toutes les cimaises, quand on parcourt les salles d'une exposition consacrée à 39 artistes tourangeaux contemporains : si la Touraine était peuplée d'artistes de premier plan, cela se saurait. Mais il y a tout de même, outre les inévitables croûteleux et ringards à la mode (dont Jean-Claude Loizeau est en passe de devenir le pire), quelques remarquables artistes du second rideau.


Florence Lespingal, "Meule"

J'ai retrouvé avec un grand plaisir les ardoises de Florence Lespingal, qui est de plus en plus inspirée et dont les meules, notamment, nous avaient séduits lors de notre visite de l'atelier. Les dernières en date sont encore plus belles.


Hélène Sellier Duplessis - Plante

Dans un style voisin, j'ai découvert Hélène Sellier-Duplessis, dont les toiles gagnent sans doute à partager la même salle que la kitschissime Malou Ancelin.


Charles Bujeau 1

Charles Bujeau a livré plusieurs grands formats abstraits, tôles peintes qui font grand effet sur les murs.

 


Alain Plouvier (Exposition Itinéraires au Château de Tours)

Les compositions d'Alain Plouvier sont très déconcertantes, et je ne sais trop qu'en penser.


 

Eraldo Buratti - Paysage intérieur avec effet de soleil (21 décembre à 15 h 51)

Après un premier mouvement de recul, je me suis surpris à aimer plutôt la peinture d'Eraldo Buratti, grands aplats de lumières bleues ou jaunes qui portent, si mon souvenir est bon, des titres conceptuels. J'ai photographié le tableau ci-dessus à quatre heures moins dix, alors que le soleil dessinait, à travers les carreaux, de jolies découpures de jour. La photographie, malheureusement, n'est pas à la hauteur de l'épiphanie.


 

Mise en cène ocre (Philippe Phérivong) Philippe Phérivong - Mise en cène (Totems au sol, détails)               Philippe Phérivong - Mise en cène (Totems au sol)

Au troisième étage, il y a aussi la salle conçue par Philippe Phérivong, artiste dont j'ai eu l'occasion de voir naguère des petits formats aux Bons Enfants. Philippe Phérivong propose une véritable installation, une série de toiles et de totems qui portent tous le titre Mise en cène. Le jeu de mots est un rien vaseux, mais la reprise du motif de la Cène est très convaincante. Il y a trois ou quatre grandes toiles rectangulaires, dont chacune représente les treize figures sous une couleur dominante, de petits triptyques, un ou deux Christ isolés, et enfin, au milieu de la salle, alignés, treize totems dont chacun représente deux ou trois apôtres et un verre de vin incarnat.

mercredi, 19 décembre 2007

Tout a l'air du toc / Tout a l'air tactique / Tu m'as l'air typique / -Ment sans trac

Médusés

dimanche, 16 décembre 2007

1880 - Paulinaaaggle

The Gates of Paradise est un site consacré à la poésie visuelle. Il y a là de quoi s'égarer des heures durant, en planchant sur la Toile. (I know I have.)

À titre d'exemples, je vous recommande le projet Gaaagle (a gag, en anglais, est un baîllon) et les poèmes visuels de Komninos Zervos.

thalia's carnage

 

Illustration : thalia est, tout comme Komninos Zervos, australienne d'origine grecque ; elle compose des poèmes visuels à partir des signes sténographiques conventionnels (shorthand alphabet).

 

samedi, 15 décembre 2007

Brosses glaces noires

Absolument vous vous moquiez de moi, vous tapiez ma fiole. Plein le flacon qu'il en avait le rombier.

 

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" J'ai rencontré aussi la veuve de Marfaing, une femme au beau visage, vêtue comme un Marfaing, si l'on peut dire, id est en noir, bien entendu, un peu à la japonaise."

(Corée l'absente, p. 453)

 

 

L'évier enfin débouché, on put remercier en lever de rideau les bras au ciel l'homme au torse musculeux qui s'extirpait difficilement du faux placard.

 

vendredi, 07 décembre 2007

Voilà ce coeur qui a tant aimé les hommes

Vitrail du Christ, église de Saint-Branchs

vendredi, 23 novembre 2007

Léger excès de bleu

L'Orage au bord d'un lac

 

P.-H. de Valenciennes (1750-1819). L'Orage au bord d'un lac.

 

 

Le léger excès de bleu dans la couverture de Sommeil de personne ne frappe que moi, apparemment. (Corée l'absente, p. 136).

 You can say that again.

La couverture est un détail du tableau. Les couleurs du tableau ne sont en rien si bleutées, ni la nuée entre terre et ciel si verdâtre, ni la forêt si violette. Ou est-ce la reproduction du site de la RMN, ci-dessus par moi reproduite, qui n'est pas assez bleue / verdâtre / violette ?

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mardi, 16 octobre 2007

Carambolages, le hérisson

Carambolage, Nico Nu


Nico Nu (ré)invente l'affiche à colorier soi-même...

(Mouais...)

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dimanche, 16 septembre 2007

nico nu / descendant l'escalier

nico nu descendant l'escalier 2 nico nu descendant l'escalier 3 nico nu descendant l'escalier 4

ça donne du champ Duchamp est mort mors aux dents dans la prairie ris de veau volonté de fer

nico nu descendant l'escalier 5 nico nu descendant l'escalier 6 nico nu descendant l'escalier 8

10:05 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Art, Ligérienne

samedi, 15 septembre 2007

nico nu / dévalant l'escalier

La

nico nu dévalant l'escalier 1

polka La

nico nu dévalant l'escalier 2

rumba

 

(Et le carnaval : génial !

Et un p'tit coup de mezcal : normal ! )

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vendredi, 14 septembre 2007

Jacqueline Lamba au Château de Tours

641e18884418cc38e37b16cd5ce38c78.jpg« Jacqueline Lamba, c’est en haut ». Ça commence bien, me dis-je ; au royaume de l’explosante-fixe, les étages s’inversent. Non : au troisième étage du château de Tours, Jacqueline Lamba est au plus près du ciel, et presque déjà dans les montagnes. Tout va bien, alors, rien ne déraille.

Je ne connaissais, de Jacqueline Lamba, que son statut de « femme et muse d’André Breton », pour ainsi dire. La rétrospective que propose le Château de Tours permet de saisir l’artiste dans la discontinuité même d’un travail poursuivi pendant plus d’un demi-siècle, de l’époque des jeux surréalistes aux villes et aux ciels des années 1980.

Dans le grand couloir, le visiteur est accueilli par une multitude de documents divers, dont une longue série de très belles photographies, datant surtout des années Breton, c’est-à-dire d’une petite décennie à peine, puisque Jacqueline Lamba quitta le poète pendant la seconde guerre mondiale, pour épouser le sculpteur David Hare (dont je n'avais, pour ma part, jamais entendu parler (à moins de considérer que connaître son parfait homonyme le dramaturge né en 1947 est en avoir entendu parler)). Ne serait-ce que par ces photographies – dont une splendide de Claude Cahun et une, sans nom d’auteur, un peu bougée, où l’on voit le trio formé par le couple et leur fille Aube, le père et l’enfant étonnamment semblables dans leur expression mi-inquiète mi-farouche – l’exposition vaut le déplacement.

[Il est à regretter, d’ailleurs, que le catalogue en propose si peu, et dans des formats dérisoires.]

e2cd63a1bb8ba8995b165d574203a78e.jpgToutefois, il ne faut pas s’en tenir à ces belles photographies, et, d’un pas décidé, en suivant ou non l’ordre chronologique, respirer au rythme des cent et quelque toiles exposées dans les six salles aériennes de ce troisième étage de féerie.

[J’exagère un tantinet, mais bon, Hugo est surréaliste quand il n’est pas bête, n’est-ce pas ?]

 

Respirons. Entrons. En effet, on n’est pas déçu du voyage, car bien des œuvres sont loin d’être mineures. Comme la maison ne recule devant aucun calembour hâtif pour faire pièce à Fuligineuse, on peut dire que Jacqueline Lamba n’était pas un peintre lambda.

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On reconnaît, dans les diverses phases de sa vie d’artiste, l’influence de peintres plus célèbres ou plus marquants – Matisse, O’Keefe, Mondrian… – sans qu’il s’agisse jamais de simple imitation, ni d’hommage : on a le sentiment que Jacqueline Lamba poursuivait de ses pinceaux une vision intérieur, une fièvre de paysages qu’elle trouva à exprimer selon divers modes au cours de sa carrière.

516110f63b484156ad5f8ce89faf3ca6.jpgIl me semble, pour ma part, que les toiles les plus belles, les plus durables, les plus admirables, sont la demi-douzaine de « montagnes » sur supports divers (papier journal, feuille de patron couturier, etc.), très inspirées des encres obsessionnelles de Michaux ; mais cette prédilection est sans doute l’influence de mes goûts préalables. J’aime aussi beaucoup la série des puits, de la première manière & donc exposée dans la première salle. Dans cette même salle, je n’ai pu photographier que de biais le troublant autoportrait, et encore sans éviter tout à fait le reflet d’autres cadres au niveau des yeux.

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Ce soir, boudant le festival in de Montlouis, souvent convenu voire carrément à cent lieues du jazz (ce soir, c’est l’octuor du mollasson Fabien Mary, très peu pour moi), je vais découvrir le trio du pianiste Frank Woeste. Vous en dirai des nouvelles. (Word souligne en vert, je ne suis pas surpris.)

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jeudi, 13 septembre 2007

Make It Rain : François Gratelle aux Bons Enfants

Certes, François Gratelle a invité, pour cette exposition personnelle, deux de ses amis ou acolytes (avez-vous remarqué comme le mot alcyon veut obstinément apparaître sous les doigts quand on n'a nul besoin de lui ?), Olivier Cheminard et Ûr, sculpteurs sur ferraille, mais les 69 pièces majeures de ce qu'on ne peut - pour un artiste aussi jeune - nommer une rétrospective sont bien de lui, François Gratelle, dont le nom ouvrait cette phrase qui n'a cessé de se ramifier et de proliférer, au point que le point (justement, et sans redite) se demande bien quand viendra son tour, ce qui lui ressemble bien, à celui-là, signe de ponctuation pressé d'en finir et de briser là, de couper court, de faire taire, quoiqu'il sache bien (on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre ni les points avec des phrases courtes, n'en déplaise à l'atroce Fred Vargas et autres sous-écrivaillons de la même farine) que l'espace qu'on ménage juste à sa droite, le plus souvent, n'est que duperie, et que rares sont ceux appelés au statut de point final, de sorte que je n'ai pas encore dit un mot, vraiment, de l'exposition que l'espace des Bons Enfants consacre ce mois-ci à François Gratelle, ce qui, d'une certaine façon, est se foutre du monde, et je n'en disconviens pas. (Que le point vienne après le pas, voilà qui plaît aux danseurs.)

Les 69 oeuvres proposées, accrochées par François Gratelle, sont tout à fait dignes d'intérêt... sinon, franchement aurais-je pris la peine d'écrire un tel billet ? Pas pour dégoiser sur la psychologie des signes de ponctuation, en tout cas, non, je ne mange pas de ce pain-là. La plupart sont de format carré, petites, et constituent des séries accrochées par lignes de neuf, six ou trois, mais qui forment un ensemble, avec des titres qui reviennent, non comme des motifs, mais comme, semble-t-il, des points de départ (et non des points finaux) à l'imaginaire du peintre. Ces petits formats, qui, encre et lavis sur papier, constituent la très grande majorité de l'arsenal, le gros des troupes, ont des titres anglais qui rappellent ou évoquent certaines oeuvres littéraires (A Good Man Is Hard to Find, par exemple) ou musicales. L'inspiration assez jazzeuse de plusieurs de ces petits formats laisse penser aussi que plusieurs titres sont empruntés à des standards, hypothèse que mon ignorance ne me permet pas de confirmer ni d'infirmer. Par les tons choisis (gris, ocre et bleu pétrole le plus souvent), mais aussi par les thèmes (charnier, ossements, visages et corps défigurés), ces encres broient du noir, mais c'est justement là que le principe des lignes de neuf, six ou trois trouve tout son sens, car les quelques représentations plus joyeuses viennent contrecarrer l'impression parfois lugubre, ou, à tout le moins, sombre de ces carrés.

Certaines de ces encres ont servi aussi de point d'accroche à des toiles plus grandes, surtout des huiles, dont il faut bien dire qu'elles sont moins réussies : ainsi, la huitième encre, Make It Rain, splendide de douloureuse ambiguïté (a-t-on bien vu un visage se multiplier en facettes hésitantes ?), devient, à l'agrandissement, beaucoup plus transparente, et cesse de résister. On peut voir également, sur le pilier près de la fenêtre, deux très belles lithographies, Christ gris et Christ rouge, qui soulignent plus qu'elles ne signalent (plusieurs des carrés nous avaient déjà alertés) l'importance des figures christiques dans le travail de François Gratelle ; à ces figures de Christ, justement, François Gratelle a consacré le plus beau, le plus poignant et le mieux construit, en quelque sorte, des trois "carnets" exposés. Christ en croix par collages rectangulaires, esquisses de dépositions, mise au tombeau fulgurante, c'est là un livre de feu et de suie.

Balourds, ferrailleux, crispés sur leur fausse modernité, l'éléphant de Cheminard et le monstre hybride d'Ûr n'en peuvent mais.

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lundi, 03 septembre 2007

« En forme de couronne de laurier »

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                    « À distance, il me rappela l’autoportrait de Luis Meléndez qui est au Louvre, mais en dégradé et en vicieux ; et ce que le peintre a sur les cheveux n’est pas comparable : un foulard noué, sauf erreur de ma part, en forme de couronne de laurier ou cherchant à pr od uire cet effet. » (Javier Marías. Ton visage demain II. Danse et rêve. Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu. Gallimard, 2007, p. 92)

 

 

 

 

… j’ai bien mis l’accent aigu sur le i, encore que je ne sache pas du tout à quoi cela correspond… j’avais bien dit que je me lancerais fiévreusement dans ce Danse et rêve le soir du 31 août… relu un extrait d’un texte traduit de Javier Cercas, semble-t-il un clone de Marías... Martin Mantra s’en bat l’œil… du nu herculéen à l’oreille fermée on ne dira rien… du double pinceau pointant vers la peau mate du peintre non plus… de la feuille à croquis désespérément retroussée moins encore… on ne dira rien du reps bleu… finalement le foulard noué petitement ne serait pas si saillant, sans la signature.

jeudi, 17 mai 2007

Itinéraire d'un traîneur de glèbe

J’ai traîné, non mes guêtres mais mon vieux blouson rouge (quatorze ans d’âge déjà), encore dans les allées du prieuré Saint-Cosme. medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_054.jpgOn a beaucoup discuté, avec A., de choses et d’autres (mais surtout de Ronsard, hommage au génie du lieu oblige), sous la grisaille que seul un timide mais fulgurant rayon de soleil est venu transpercer, tandis que nous approchions du jardin des senteurs.

Finalement, je n’avais rien écrit au sujet de notre précédente visite, il y aura quatre semaines demain. Le prieuré est un lieu si agréable, malgré le passage de la 2x2 voies tout près du jardin des simples et du potager, que l’on y revient toujours.

Tinou y a été intriguée, dernièrement, par les saints aussi médecins anargyres, et, de fil en aiguille, par la matula du bon saint Cosme. (Iam hercle ego vos pro matula habebo, nisi mihi matulam datis, dit Callimadates dans la Mostellaria de Plaute, ce qui doit vouloir dire quelque chose comme : « Ah par Hercule, je vous prendrai pour une cruche, si vous ne me donnez pas la cruche à pisse. » (Bon, là, il faudrait relire la Mostellaria pour s’assurer que cela veut vraiment dire quelque chose, et j’ai autre chose à faire !))

Il y a, à partir d’aujourd’hui, une intéressante exposition de Serge Crampon, artiste qui glane bois, tissus et formes sur les rives de la Loire. L’exposition s’intitule Itinéraire d’un traîneur de grèves, et, après avoir découvert plusieurs troncs d’arbre verticaux seulement tournés d’une certaine façon et rehaussés de quelques ajouts peints (ils figurent des corps immobiles, statues arrachées au fleuve), medium_Prieure_St_Cosme_20_avril_2007_078.jpgle visiteur peut admirer une plus large palette du travail de Serge Crampon dans le grand et toujours aussi beau réfectoire du Prieuré. Toiles au sens fort du terme, grands fusains (Corps d’arbres), troncs suspendus, impressions sur tissu… Cela n’a rien de sidérant, mais ça n’est pas du tout désagréable. En revanche, le film qui présente l’artiste et son travail vaut son pesant de cacahouètes : le texte en voix off, qui a dû être écrit par un ancien étudiant de philosophie qui ne s’est jamais remis de ses échecs répétés aux concours de l’enseignement (si, vous savez, dans le genre Juan Asensio), commence d’emblée par un imparfait du subjonctif (fussent-ils, etc.) aussi superbe qu’inutile, puisque le verbe principal est au présent… ! Tout est à l’avenant…

Bon, j’arrête de râler et je retourne à mes moutons. (Il faudra tout de même reparler de la précédente visite au prieuré. (Prétérition à répétition.))

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Je jure mes grands dieux que je n'ai même pas fait exprès de publier cette note le 17 mai à 17 h 05. (C'est grave, anargyre ?)

samedi, 03 mars 2007

Frasques de fresque

Je ne sais plus à quand remonte le brouillon de billet ci-après, car il est en carafe depuis des semaines. Un mois et demi, peut-être ? Je comptais donner, à ce quatrain, quelques frères, mais il est préférable de poser d'ores et déjà les jalons. De plus, c'est l'occasion rêvée d'annoncer (avec une semaine de retard) la parution d'un ouvrage en collaboration avec Tinou, qui a très bien fait le service de presse sur son blog ! Merci à elle d'avoir accordé sa confiance à mes mirlitoneries.

 

Vous souriez, mais ce n'est rien.

Vos lèvres déjà vous échappent ;

Le sourcil baissé patricien

Ploie sur la peau comme une chape.

 

lundi, 05 février 2007

LXIX CRESCENDO

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Dans le cadre du salon « Expression d’amour »

 

 

BARZECK-GRADZKI

 vous invitent à venir

découvrir leur nouvelle exposition

 

« LXIX CRESCENDO »

 

samedi 10 et dimanche 11 février 2007

Espace VINCI à TOURS

de 10h à 20h

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dimanche, 28 janvier 2007

Gérard Marchand, accords & corps subtils

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Comme j'ai aimé ses petits formats exposés, avec ceux d'autres artistes, dans ce même espace des Bons Enfants, en décembre & janvier, je fais, sans ambages, la promotion de l'exposition personnelle de Gérard Marchand, qui se tiendra en février 2007. (Vernissage le 3, mais on ne m'y verra pas : je fuis ces endroits/moments-là.)

 

 

 

 

Ajout de 14 h 14 : 5555 visites ce mois-ci, en 27 jours. Ce carnet retrouve très progressivement son rythme d'antan. Moins de billets publiés, mais toujours quelques lecteurs, des perles et des polémiques.

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mardi, 09 janvier 2007

Ni fée ni affaire

Ce matin, entre plusieurs rendez-vous et surveillances d'examen, j'ai réussi (dans l'université presque déserte (après un lundi peuplé, du matin jusqu'au soir, par les étudiants de troisième année de L.E.A.) et avant d'aller me faire doucher sans parapluie) à coincer l'oiseau Nico Nu, affairé à refaire son tableau vert (qu'à part moi j'ai depuis longtemps baptisé (sur le modèle de "l'escalier le formidable") "le vert-igineux") et à déposer un panonceau Interdit de cracher. Comme, contrairement à l'ami Simon, je ne me promène pas avec mon appareil photo sur mon lieu de travail, vous devrez vous contenter de mes mots... et d'attendre ce qu'en dira le Blog Oranginal, toujours sur le pont dès qu'il s'agit d'élucubrations niconuesques. Il se trouve aussi que j'ai rapidement engagé conversation avec l'artiste, après avoir pu admirer enfin de visu (et pas en photo, once again) ses premiers essais de signalétique, que je trouve très réussis, dans le genre loufoque propret.

Bien entendu, tout ce billet ne doit avoir ni rime ni raison pour ceux qui ne connaissent pas le premier mot de toute cette affaire, et à qui je ne saurais trop conseiller de lire les divers textes de Simon, marqués en lien ci-dessus.

 

En écoute : Wayne Shorter Quintet. "Speak No Evil" (Speak No Evil, 1964.)

Quel phrasé, quelle atmosphère en ténèbres & magie glorieuse, comme si un vieillard couvert de givre sentait renaître la vie à fleur de peau ! Ce n'est pas ça ici.

mardi, 12 décembre 2006

Vitraux de Truyes, 3

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Un brin martial, ce Saint-Martin farouche, quoique offrant son manteau. (Ou un pan d'icelui.)

lundi, 11 décembre 2006

Vitraux de Truyes, 2

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Trois mauvais moines contemplaient, avec une tendresse de parade, le vitrail où dansait l'hostie, un ovale presque imperceptible que désirait ardemment effacer le cercle de feu. Face au calice, Saint Martin, de profil, semblait moins les menacer que ces trois scrutateurs austères, drapés de rouge et coincés entre la chasuble bleue du saint et la crosse d'or de l'évêque, une sorte d'image-miroir de leurs propres faux-semblants. La grisaille de la pierre n'est pas plus funeste que le fond de mon coeur.

dimanche, 10 décembre 2006

Vitraux de Truyes, 1

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Je n'ai pas trouvé, sur le Web, d'informations au sujet des quatre vitraux de l'église Saint-Martin de Truyes (mais j'essaierai de dégotter quelques menus renseignements via le fonds de la Bibliothèque Universitaire). Comme, de surcroît, je suis nul en botanique, je ne sais identifier ni la plante représentée ni, a fortiori, le symbolisme qui s'y attache. (Mais pour ce qui est de placer, dans une même phrase et avec une belle symétrie, deux groupes adverbiaux dont un emprunté au latin, trop fort le mec !)

Tout au plus me semble-t-il que la structure de ce vitrail rappelle la figure longiligne du clocher-tour, avec ses quatre baies géminées. Le bleu est superbe.

 

lundi, 13 novembre 2006

Retour de bal

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Hier, sur la route de La Ville-aux-Dames, le compteur kilométrique de la Mégane affichait 90109, palindrome parfait. Mais il n'est pas question de cela. Plutôt (encore) des cormorans, dont nous avions déjà admiré le bal il y a un an et que j'ai pu photographier mercredi dernier, mais mal (en raison d'un appareil numérique compact au zoom faible).

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Dans les peupliers, j'ai dénombré une bonne centaine de cormorans, oiseaux fabuleux. Sur l'îlet sablonneux, il y avait un intrus (goéland), que, de toute évidence, ses ailes de géant empêchent de se tenir debout.

Pas l'ombre d'un albatros.

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(Onze heures. L***, étudiante qui a subi mes cours pendant quatre années de rang, vient de passer et m'a dit avoir découvert mon carnétoile par hasard, à la faveur d'une recherche sur... Florence Lespingal.)

mardi, 24 octobre 2006

Philippe Pradier, ou le creusement des grattures

Philippe Pradier expose ces jours-ci, aux Bons Enfants, une vingtaine de ses toiles. Il ne reste que quelques jours pour aller admirer ces carrés aussi variés qu'obsessionnels dans leurs thèmes et leurs teintes. Il s'agit principalement d'acryliques sur toile ou sur papier marouflé ; certaines des peintures sont composées à même les pages de vieux livres et encadrées ensuite.

Finalement, et contrairement à ce que m'avaient laissé penser les petits formats présentés en décembre dernier dans cette même galerie, Philippe Pradier échappe généralement à la petite moulinette creuse du vertige citationnel. Le principe de composition est le même, pour l'essentiel : vastes fonds colorés recouverts de repeints minutieusement distincts. Les couleurs les plus souvent employées sont l'ocre, le jaune, les roux et les orangés, mais il y a de belles incursions du côté des bleus et des verts. Toutes ces toiles sont figuratives, avec une oscillation entre une façon assez classique de composer (dans les oeuvres les plus récentes) et d'autres tableaux qui se distinguent par une structuration de l'espace peint selon des cases ou zones (ce qui n'est pas sans rappeler certains tableaux de Klee (toutes proportions gardées)).

Parmi les formats réduits, j'ai bien aimé Le repos, La maison au petit jardin japonais et La chute de l'ange, qui donne à voir le théâtre du monde sous un versant plutôt léger. Parmi les tableaux les plus énigmatiques, il faut certainement signaler Le mur des oiseaux : est-ce une arène ? une falaise ? troglodytique ? les arbres, ici aussi, sont-ils des horloges ? faut-il appeler au secours le marchand de couleurs (d'oublies, d'oiseaux, de sommeil) ?

Il me paraît nécessaire de m'arrêter, le temps de quelques phrases, sur deux des grands formats exposés, qui frappent autant par leurs similitudes que par leurs dissemblances. Il s'agit de Terres inconnues et du Voyage du Douanier Rousseau (qui est, surtout par les couleurs, un hommage au célèbre peintre). Ici et là, même composition, même trouée et tracé vertical au moyen de l'arc de la barque. Pourtant, ces deux tableaux diffèrent fortement, dans leur "propos" et dans leur effet sur le spectateur. Ici, un océan tourmenté plutôt japonisant (avec les volutes des vagues et les boucles du ciel) et un net recours à l'abstraction (le temps et l'espace y sont représentés par des signes et des symboles, sans compter le texte gratté). Là, en revanche, corps nus se mêlant aux branches ou se confondant avec elles, impression d'apaisement qui naît tant de la structure matérielle ("purement" picturale?) de l'espace-temps et, peut-être aussi, de la mise en abyme, très sobre et presque effacée, de l'artiste au fond de la barque, comme les poissons des îles de la Sonde.

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[ Je suis allé piquer, sans vergogne aucune, une photographie de l'artiste devant une de ses toiles. Merci beaucoup à la ville de Fondettes et à son site Web ! ]

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lundi, 16 octobre 2006

Atelier Lespingal, 15 octobre

C'est curieux. J'aurais juré

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que j'avais parlé, dans ce carnétoile, ou dans l'autre, tant mieux prolifique *, de cette superbe ardoise de Florence Lespingal que nous avons achetée en décembre dernier, après avoir admiré une série de six aux Bons Enfants...

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Or, je ne retrouve rien. Peu importe. Mes yeux et ma mémoire savent l'amour que je porte aux ardoises de Florence Lespingal, et qui s'est accru encore depuis que nous avons visité, hier, son atelier, dans l'un des nombreux quartiers informes de Montlouis-la-Tentaculaire.

 

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Plutôt que de longs discours, cette fois-ci, je préfère vous inviter/inciter à aller faire un tour du côté du site/blog de l'artiste elle-même, où se trouvent de nombreuses reproductions de ses oeuvres. (Elle pensait que je n'en trouverais pas l'adresse, mais c'est sans compter sur l'admirable Madame Google, avec ses gros yeux braqués sur le monde des écrans.)

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Sur la paroi extérieure d'un joli cabanon de planches, six ardoises tétramétriques dardent leur feu sur le monde, et la grande sphère bleugrise (ni bleue ni grise) s'ouvre comme un gouffre qui nous engloutira... joyeusement.


* Faudrait que tu arrêtes d'imiter certaines formules de la Renaissance.
Pourquoi pas une perruque ?

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mercredi, 11 octobre 2006

Exposition Henri Gaden, suite

Hier après-midi, mon collègue, Michel Naumann, grâce à qui la bibliothèque d'anglais-L.E.A. de Tours a pu accueillir l'exposition Henri Gaden, a répondu aux questions d'un journaliste de La Nouvelle République.

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Il y avait aussi un technicien de l'U.F.R. Lettres & Langues, que je ne connaissais pas et qui est très gentil.

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J'ai pu admirer de nouveau ces trente clichés vraiment très beaux.

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lundi, 09 octobre 2006

Exposition Henri Gaden

Vendredi s'achèvera, à la Bibliothèque d'Anglais-L.E.A. de l'Université François-Rabelais (site Tanneurs) la très belle (mais trop brève) exposition de 30 photographies de Henri Gaden. Il s'agit d'une partie de l'exposition qui avait été présentée en 2001 au Salon du Livre de Bordeaux.

(Nota, pour plus d'informations sur Henri Gaden : le texte de préface d'Anne-Laure Jégo se trouve en ligne ici.)

 

Des 335 clichés sur plaque de verre stéréoscopique légués par les héritiers de Henri Gaden à la ville de Bordeaux dans les années 70, trente sont ici présentés. La plupart sont d'une très grande beauté : le photographe, administrateur colonial en Afrique de l'Ouest, a saisi des fragments de cérémonies, de conversations, des visages solitaires (vire solaires), des groupes d'enfants, sans parler de la capture de Samory Touré, à laquelle il a participé, selon ses fonctions d'alors. J'aime beaucoup les portraits d'individus seuls, et notamment une très belle Africaine saisie au vol d'un sourire. Le Portrait de Samory Touré après sa capture (n° 3056-57) est très impressionnant, pour ne rien dire de l'image intitulée Colon français et Africaine (Beyla) (n° 3066-67), où se lisent toutes les ambiguïtés de ce qu'il est convenu d'appeler, par un bel euphémisme, "l'aventure coloniale".

La rencontre de ces deux personnes n'a rien d'improbable : le cadrage, qui centre le regard sur l'Africaine, semble témoigner de la joie de cette femme, mais, comme il ne faut pas oublier que le photographe est un officier colonial, toutes les hypothèses sont permises. Rencontre mi-joyeuse mi-gênée ? Signe d'une vie quotidienne assumée, où la ligne de partage entre Blancs et Africains n'est jamais absolument fixe ou figée ? Simple moment d'harmonie ? Savant calcul idéologique du photographe ? Bien entendu, cette image nous renvoie à nos propres fantasmes, nos propres jugés ou préjugés.

 

Caverne et jeu d'ombres (n° 2976-77) est trop esthétisant, d'une certaine manière. Je lui préfère, et de très loin, ce petit bijou de photographie narrative qu'est l'image (références non notées, silly me!) de quatre hommes dans une salle vide : l'un est debout, un autre assis sur une chaise, un assis à l'arrière sur une sorte d'estrade, un enfin, torse nu, au premier plan, le dos tourné au photographe. Trois chapeaux coloniaux sont posés sur le sol. Que font-ils là ? Qu'ont-ils l'air d'attendre ? La différence entre le nombre de chapeaux et celui des sujets photographiés ne laisse pas d'intriguer : j'ai cru voir que le personnage au fond, assis sur l'estrade, avait une casquette à visière. On pourrait aussi imaginer, à l'extrême rigueur, que le personnage vu de dos, torse nu, soit une femme... Laissons dériver l'imagination...

 

dimanche, 08 octobre 2006

Le Misanthrope (Nouvel Olympia), Benoît Lambert

On relance le chauffage ce matin, à peine, mais pour couper le refroidissement nocturne. Peu après, le soleil tape fort à travers les vitres, et il ferait presque trop chaud.

Hier soir, nous avons vu Le Misanthrope, au Nouvel Olympia, dans la mise en scène de Benoît Lambert. Une ancienne étudiante, désormais au Conservatoire (où elle se plaît beaucoup plus, me dit-elle, qu'à l'université, ce qui se comprend très bien) et ouvreuse en ces soirées, m'a assuré que c'était un très bon spectacle. Elle n'est pas difficile, ou nous n'avons pas les mêmes critères (sans doute).

En effet, il s'agit d'une mise en scène parfois judicieuse, souvent intéressante, mais médiocre dans l'ensemble, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'interprétation est très inégale, et il faut notamment déplorer que la plus mauvaise des trois actrices soit justement Célimène (Lara Suyeux), qui, de surcroît, est terriblement mise en avant par les choix du metteur en scène. Elle fait partie de ces actrices qui donnent le sentiment de débiter leur texte (surtout si ce sont des vers) sans rien y comprendre. Des formes généreuses et une belle chevelure brune ne suffisent pas à faire d'elle une actrice convenable, et tout était balancé d'une voix éraillée, d'un ton uniforme, sans que l'on ait jamais le sentiment que les mots correspondaient à un quelconque état intérieur du personnage, ni même, parfois, qu'ils aient un sens. Soit. Philinte (Emmanuel Fumeron) n'avait pas l'air très à l'aise, mais peut-être n'avait-il pas été dirigé... On laissera, à l'acteur, le bénéfice du doute.

Par ailleurs, si les choix de mise en scène étaient souvent astucieux, ils ne semblaient pas tellement relayés par les acteurs. Manque de direction, une fois encore ? Peut-être. Il n'est pas très novateur de faire de Célimène une sorte de semi-mondaine entourée de semi-maffiosos, mais l'idée d'utiliser alternativement, dans deux ou trois scènes très précises (dont la scène du sonnet), la voix nue et un micro, était tout à fait bien venue et donnait du relief aux relations entre personnages. Benoît Lambert ne nous épargne pas ce qui est, à mon avis, la malédiction du théâtre contemporain : les rideaux coulissants. Ici, ils sont là pour la parade, ou pour amuser le spectateur qui ne goûte pas les vers de Molière. De fonction dramaturgique, apparemment, pas l'ombre. On se serait bien passé aussi des riffs de guitare en musique de fond qui agrémentaient certaines scènes.

Ces quelques exemples montrent que ce spectacle était, sinon farci, du moins largement composé de petits gimmicks scénographiques qui sont la marque d'un metteur en scène dont l'un des desseins est d'impressionner ou de scandaliser le public peu habitué à aller au théâtre : lycéens, notamment, et toute la cohorte de ces messieurs dames qui voient un ou deux spectacles l'an et s'offusquent de ce qui a été calculé pour les choquer. Dans ces gimmicks, certains éclairent le texte de Molière, ce qui n'est déjà pas si mal, et d'autres n'apportent rien.

Que reste-t-il ? Eh bien, à l'exception de Philinte et de l'épouvantable Célimène, le texte est porté par de bons acteurs, qui font entendre de vrais alexandrins, et les disent dans le respect des règles prosodiques et des diérèses, sans oublier non plus les enjambements. Je retiens aussi un retour à des mises en scène qui mettent en avant les éléments comiques de la pièce, après des charretées de mises en scène à la limite du tragique existentiel (dans les années 1990 notamment). À cet égard, Oronte servait de contrepoint constant et parfait, avec un Guillaume Hincky cabotin juste à point. L'idée du remploi d'une même séquence de quatre vers dans plusieurs scènes, et entre des personnages différents, se prêtait tout à fait à l'oscillation entre comédie et nuances plus noires.

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mercredi, 04 octobre 2006

Exposition Philippe Pradier aux Bons Enfants

Nous avons découvert quelques toiles de Philippe Pradier lors de l'exposition d'hiver Petits formats aux Bons Enfants, en décembre dernier. Cette fois-ci, le peintre amateur de citations picturales est de retour pour une exposition personnelle, en ce même lieu, ce que l'on peut vérifier sur le blog du galeriste.

Finalement, nous n'avons pas acheté ce 60x60 de Salaün que j'aimais beaucoup, parce que C. était moyennement emballée. (Or, pour transporter (être transporté(e)?), il faut un emballage.)

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mardi, 03 octobre 2006

Vertes fenêtres...

Vertes fenêtres désuètes,

Quand le soleil brûle, attiseur,

Vous offrez vos grâces --- muettes

Que surprend un climatiseur.

vendredi, 15 septembre 2006

Exposition Jean-Michel Salaün

Comme je l'avais déjà annoncé, les Bons Enfants exposent ce mois-ci les travaux de Jean-Michel Salaün.

Il s'agit de tableaux peints, pour l'essentiel, à partir de grands aplats, car l'artiste se sert principalement des paumes de ses mains. Les toiles sont de formats divers, principalement des carrés, le tout allant, pour les proportions, de petits 20x20, presque monochromes, à deux ou trois toiles de 150x150. Il y a aussi de petites sculptures en technique mixte, de couleurs plus composites que les toiles.

J'ai surtout "craqué" pour le 60x60 qui se trouve au fond à droite, en entrant (que je nommerai Visage sous nuage, même si aucune des toiles n'a de titre) ; la série de six 30x30 (surtout le carré noir que j'aimerais nommer Orage) ; enfin, le grand 100x73 qui se trouve juste à droite en entrant (titre inventé par moi : Chair à vif).

Visage sous nuage : carré rouge où se dessine, par un triangle noir (traînée d'encre de Chine ?), une sorte de visage seulement pourvu d'une bouche grattée. Seul un nuage orangé vient menacer cette ombre paisible.

Orage : carré noir, pluie de suie qui tinte et tape sur la porte ardoisée d'une caverne (or et grisaille).

Chair à vif : frappé d'emblée par son éclat, quand je suis entré dans la salle d'exposition, je me suis toutefois aperçu, au second regard prolongé, que la chair rose blanchâtre qui compose, au centre de l'incandescence, un trapèze, me séduit moins - est-ce un visage ? une porte ? une hallucination ? le soleil aveuglant ?

 

Il faut, si l'on habite la région, aller voir cette exposition, d'autant qu'il est toujours très agréable de discuter avec Fred Ronfaut, hôte attentionné et galeriste délicat. Vous pourrez emporter (en guise de souvenir et s'il en reste) l'un des 260 morceaux d'un tableau de Jean-Michel Salaün, chacun de ces petits carrés ayant reçu la signature et l'empreinte digitale de l'artiste, ainsi que le numéro de série (mon exemplaire est le 183/260) et une inscription cryptique (996 ?).

 

 

[Lien vers le site des Bons Enfants.]

 

lundi, 28 août 2006

Dire qu'il y a une semaine je me demandais sérieusement si j'avais encore le goût des carnétoiles...

Hier, je vous signalais l'existence du nouveau blog (photographique) de Tinou. J'en remets une couche en vous signalant que la manière la plus séduisante, à mon avis, de découvrir l'ensemble de ces images est de passer par le module des archives mensuelles, sinon guette la pléthore.

Par ailleurs, j'ai laissé, sur deux de ses très belles images de Sousse, deux commentaires qui pourraient constituer deux fragments de mon autobiographie africaine : I et II.

Sinon, il faudrait que je toilette la rubrique (ci-contre à droite) des blogs amis, et y ajoute, enfin, celui de Baptiste Coulmont, déjà remarqué dans ces pages, et où je m'excite un tantinet ce jour d'hui.

dimanche, 02 juillet 2006

Exposition Joël Frémiot, au château de Tours

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Nous dirons, après quelques escalades, que

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les images sont

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parlantes,

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à moins de considérer

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la vie du visiteur

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comme un

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happening.

 

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mardi, 27 juin 2006

Exposition Simone Lacour

Il vous reste une semaine pour aller admirer, au premier étage du Château de Tours, l'oeuvre variée de Simone Lacour, peintre et sculpteur belge née en 1926, et dont cette rétrospective montre les différents visages, les multiples facettes.

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Ce dimanche, l'artiste elle-même se tenait, digne et droite, près du petit bureau de bois de l'accueil, dans le grand et somptueux couloir où étaient exposées ses toiles, aquarelles, dessins et objets de moindre format.

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Elle discutait avec la dame préposée à l'accueil.

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Dans les salles se trouvaient, accrochées aux cimaises, les toiles de (très) grand format et - chacune sur son pédiestal - les sculptures.

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Sans être une artiste de premier plan, Simone Lacour donne à voir quelques scultpures et quelques crayonnés d'une grande beauté. Les toiles sont plus inégales, à mon goût : de grandes réussites ligneuses ou ignées, abstraites et sombres, côtoient certaines, qui, plus figuratives, semblent plus convenues ou au bord d'un imaginaire un peu kitsch.

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Un dimanche émouvant, dans la pierre époustouflante du Château, et non sans se mirer dans le Vellum - Féminin de la grande dame.

lundi, 26 juin 2006

Fulgurante face austère

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Azay-le-Rideau, 6 novembre 2005.

 

En le miroir encore, tu nous invites à méditer sur notre propre sévérité.

La rivière s'orne de rides qui t'engloutissent.

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mardi, 28 mars 2006

Malou Ancelin aux Bons Enfants

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Du 1er au 30 avril 2006.
Vernissage le samedi 1er de 14 h à 19 h.

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vendredi, 27 janvier 2006

Fauteuils de Juliette Gassies

Qu’est-ce que j’ai bien pu écrire de si affreux, sur les nageuses de Juliette Gassies, qui ait pu dérouter l’artiste ? J’écris ces lignes sans accès à la Toile, ni, du coup, aux archives de ces carnets.

Toujours est-il que le galeriste des Bons Enfants m’a raconté aujourd’hui qu’il lui avait laissé entendre que c’était de l’humour…

Je n’avais pas vraiment aimé ces nageuses, assurément, mais l’artiste ne me laisse pas indifférent, loin de là : la nouvelle série, de trois fauteuils, nous a totalement séduits, C. et moi.  Cette série joue sur un faux bichromatisme bleu/rouge, qui se décline, en fait, en infinies nuances de perspective et de coloris. Entre deux fenêtres de salon, face à la lumière vitrée, ce fauteuil rouge, de trois quarts, rend admirablement.

Aux Bons Enfants, à Tours, c’est, demain, le dernier jour pour fouiner dans les nombreux petits formats qu’exposent différents artistes. Mention spéciale pour Carole Boissière, dont la série de six teraku est confondante de maîtrise, de terreuse et ferrugineuse beauté.

********************

 

P.S.: Vérification faite, voici ce que j'écrivais le 9 décembre : "Le galeriste défend avec maestria la série des nageuses, qui est de Juliette Gassies, je crois. Pour moi, c'est quasiment irregardable. Et il y a pire encore."

C'était assez méchant, en effet. À les revoir auprès de ces beaux carrés représentant les fauteuils, les nageuses sont, tout de même, regardables. Mais ce goût pour de fades silhouettes n'est pas ce qu'elle fait de mieux, je le maintiens. Il faut comprendre la phrase "il y a pire encore" comme suit : dans la note du 9 décembre, je ne parle que des artistes qui m'ont plu.

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jeudi, 26 janvier 2006

Hommage à Richard (Au vent la lettre II)

Namibie...

Algie...

Corolle infinie ?

Encore la Namibie.

 

La nostalgie du balanin.

 

lundi, 23 janvier 2006

Le démon de l’association

De la table du déjeuner, une longue giclée d’orange sanguine atteignit le plancher, en parquet flottant. Peu s’en fallut que les grosses gouttes rosées ne tâchassent mon chandail (qui s’en serait remis) ou l’une des innombrables copies d’examen qui jonchaient la table, hâtivement repoussées pour permettre au tâcheron de se sustenter. L’image de ces gouttes vastes et violentes, que j’essuyai d’un coup de chiffon vigoureux, fit naître devant mes yeux quelques réminiscences de Kill Bill, vu tout récemment. En dépit de l’inévitable distanciation que provoque le mélange grossier d’humour décalé et de parodie propre à Tarantino, la violence de ce film demeure, et m’a choqué, sans doute comme pour C., qui avait pris à cœur certaines scènes de Casino : dans ce cas précis, le génie de Scorcese avait fait, de mon côté, passer la pilule.

 

Ces quatre ou cinq gouttes d’orange sanguine venaient clore, en point d’orgue, un repas fruste mais délicieux qui avait pour charnière trois œufs sur le plat ; il se trouve, pensais-je en faisant la vaisselle et en regardant, pour une énième fois, la reproduction de l’une des versions de la Vierge de Munch qui est collée à l’un des carreaux au-dessus de l’évier, que j’avais écrit, adolescent, un mauvais poème dont l’image principale était l’analogie, pour un prisonnier devenu anorexique et anémique, entre le jaune d’œuf servi à la cantine et le sang de son crime.

 

La carte postale qui représente cette Vierge peinte en 1895, achetée en 1998 à Paris lors de la grande exposition consacrée au Fauvisme en Europe, a longtemps orné l’un des côtés de l’étagère de bois blanc fabriquée par mon grand-père maternel, et qui servit, dans notre appartement puis notre maison de Beauvais, de séparation entre salon et salle à manger.

 

La vaisselle faite, j’écrivis les quelques bribes de phrase qui devaient me rappeler l’essentiel de ce billet à l’encre rouge (celle dont j’usais pour corriger les copies d’examen que n’avaient pas effleuré les gouttes de jus sanguin), puis, la cartouche faisant flic, à l’encre verte.

 

 

………

En écoute (en boucle) : « Rag » de Julien Jacob (album Cotonou. Wrasse Records, 2005. WRASS 138)

dimanche, 22 janvier 2006

Renaud Lagorce expose au Cub’ Ink

Il y avait aussi des encres calligraphiant des silhouettes (d’Isabelle Genty), et un buste accompagné quatre photographies chromatiques (de Marie-José Laflaquère), mais j’étais venu faire un tour au magasin Cub’ Ink (21, rue Néricault Destouches, à Tours) pour voir les nouvelles images de fluides de Renaud Lagorce. Je ne fus pas déçu, même s’il n’expose que huit grandes photographies argentiques, collées sur aluminium.

 

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L’artiste lui-même, dont C. m’a offert une petite œuvre en décembre, m’avait téléphoné pour m’avertir qu’il exposait, et j’avais relayé l’information sur ce carnet de toile.

 

Le travail de Renaud Lagorce est très particulier, à la limite du kitsch d’après C. Je suis, pour ma part, tout à fait séduit, sous le charme. Il met en image des fluides colorés, selon une technique qui m’échappe. La seule réticence que j’ai en ce qui concerne l’œuvre offerte, c’est son encadrement dans une ardoise de couleur beige foncé, qui se lie mal à la vue du fluide.

 

En revanche, les cadres d’aluminium des huit œuvres exposées au Cub’ Ink mettent au mieux en valeur ces fluides qui paraissent, selon l’angle ou l’humeur, fumerolles, nuées, radiographies, fleurs de poésie.

 

Lecteurs de la région, allez-vous faire une idée par vous-mêmes…

jeudi, 19 janvier 2006

Humour fagot

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- Jésus, arrête de jouer avec l'orbe dans la grange ; tu vas finir par blesser une vache.

- Appelle-moi Salvator Mundi, d'abord, toi !!!

- C'est comme ça que tu parles à ta mère ?

 

 

 

 

 

[Très belle statue de la collégiale de Bueil. Droits réservés.]

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mardi, 17 janvier 2006

Christ aux épines

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Ce Christ superbe, sur une commode, dans la cmabre bellement lugubre où Louise de Lorraine vécut ses années de veuvage*.

 

 

 

 

* En fait, elle avait sa chambre au rez-de-chaussée du château de Chenonceau, en face de la petite chapelle, mais la chambre a été reconstituée à l'identique au deuxième étage, ce qui la rend, en son isolement, plus sinistre encore.

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Au vent la lettre

Les images, les cieux, les coudées, les frimas, les brisées, les territoires, les sagesses, les blessures, les terrasses de couleur, tout cela est si beau.

samedi, 14 janvier 2006

Daumier, ou les bouffissures

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"La charge de Daumier est féroce. Les trognes exsudent les bouffissures de la vanité. Une cravate bourgeoisement nouée compresse le menton renfrogné, la fausseté d’un regard luit dans l’oeil mi-clos sans que jamais le détail n’égare."

(Dominique Widemann. L'Humanité du 30 octobre 1999)

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vendredi, 13 janvier 2006

Fait tapisserie au château de Chenonceau, 6

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Fait tapisserie au château de Chenonceau, 5

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Fait tapisserie au château de Chenonceau, 4

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mercredi, 11 janvier 2006

Exposition de Renaud Lagorce

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Je vous raconterai ultérieurement dans quelles circonstances, pourquoi et comment ma compagne m'a offert, pour Noël, une photographie de fluide de M. Lagorce.

Dans l'immédiat, je vous informe d'une nouvelle exposition de cet artiste digne d'intérêt, Etherance, rue Néricault-Destouches, à Tours.

 

Fait tapisserie au château de Chenonceau, 3

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Fait tapisserie au château de Chenonceau, 2

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Fait tapisserie au château de Chenonceau, 1

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mardi, 10 janvier 2006

Médaillons sculptés de Chenonceau, 6 : Galba

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Médaillons sculptés de Chenonceau, 5

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Médaillons sculptés de Chenonceau, 4 : Germanicus

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Médaillons sculptés de Chenonceau, 3

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Médaillons sculptés de Chenonceau, 2 : Néron

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lundi, 09 janvier 2006

Médaillons sculptés de Chenonceau, 1

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Vierge florentine du XVème siècle

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Cette Vierge à l'enfant, absolument magnifique, se trouve dans la chapelle sise au rez-de-chaussée du château de Chenonceau.

Le menton et les arcades sourcilières de la Vierge, sa chevelure, l'expression de l'enfant Jésus, l'ange espion juste dans le fond... quel mariage osé entre la douceur et la merveille !

Je n'étais jamais allé à Chenonceaux, ni à son château (qui, lui, ne prend pas d'x), et je vais avoir besoin de temps pour m'en remettre. Le château, avec son mobilier et sa collection d'art, est splendide et mérite tous les éloges mirobolants que l'on peut lire ès tous lieux.

samedi, 07 janvier 2006

Six vues du monument aux morts de la place René-Coty

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Comme pour l'ensemble de ce site, tous droits image et texte réservés Guillaume Cingal.

mercredi, 04 janvier 2006

Double coup double

Je cherche une citation précise de Hervé Guibert, dans L'Image fantôme, et je tombe sur celle-ci, plus belle encore :

Mon désir va vers les personnages qui entrent intrusément dans le cadre familial. ("Photo animée", p. 50)

 

Je le parcours. Le pré reverdit de son encre noire, encore. Il faudrait citer chaque phrase de ce livre. Voilà, enfin, celle que je promis de recopier dans ce carnet de toile :

Les photos que je trouve bonnes, moi, sont toujours les photos loupées, floues ou mal cadrées, prises par des enfants, et qui rejoignent ainsi, malgré elles, le code vicié d'une esthétique photographique décalée du réel. ("Inventaire du carton à photos", p. 40)

 

Voilà une citation, qui, outre réparer un oubli, devrait contribuer à un débat.

lundi, 12 décembre 2005

Est-ce ce palmier-là ?

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Jawlensky. Berge und Palmen. 1914.
***

" De nouveau à la F.I.A.C., hier soir, avec Jean et Philippe. Beaucoup de choses m'avaient échappé dans la cohue de l'inauguration, et par exemple un paysage avec un palmier de Jawlensky, de 1914 semble-t-il, qui est certainement pour moi la merveille de la foire, l'objet de fantasme par excellence, comme l'Udalzowa de chez Gmurzynska, l'année dernière."
(Renaud Camus. Journal Romain (1985-1986). 11 décembre 1985)

vendredi, 09 décembre 2005

Petits formats aux Bons Enfants

Avant et après le déjeuner (de très piètre qualité), au nouveau restaurant mexicain de la rue Bretonneau, Chez Kristina, que nous vous déconseillons absolument, nous sommes allés, C. et moi, voir, en deux temps pour mieux nous en imprégner, la petite mais robuste exposition de petits formats à l'espace des Bons Enfants. J'en ai annoncé le vernissage avant-hier, et je confirme l'intérêt qu'il y aura, sinon à aller rencontrer les artistes au cours du pince-fesses susdit, du moins à faire un tour du côté de la rue des Bons-Enfants.

Plusieurs des vingt-six artistes exposés nous ont "tapé dans l'œil ", comme on dit vulgairement.

J'aime beaucoup les nouveaux carrés encadrés de noir de Jean-Pierre Loizeau, des figures composées, à peine défigurées, noires illuminées, ou soudainement jouant sur des contrastes d'orange et de rouge très puissants.

J'aime beaucoup le travail subtil, coloré et jouissif de Philippe Pradier en hommage à certaines toiles reconnaissables (la très galvaudée Jeune fille à la perle, hélas, mais aussi un Braque), qui forme une sorte de série très réussie, serinée, et passée sans encombres au surin des regards.

Les photographies de Renaud Lagorce, qui représentent des fluides colorés, me plaisaient énormément, notamment deux d'entre elles (une grise, l'autre rouge) qui donnent à voir, en fonction de l'angle, soit une structure en fil de fer, soit une exquise fumerolle. Mais C. trouve cela très kitsch. Des goûts et des couleurs... (J'attends vos avis, chers lecteurs ; quand vous aurez visité l'exposition...)

Autres points forts de cette exposition, les tôles de Charles Bujeau et les ardoises de Florence Lespingal, presque abstraites (mais un soupçon de figuration vient relever, d'une touche lumineuse, ces petits blocs de toute beauté). Les ardoises de Jean-Pierre Lenoir, saignements de lave et boues noires virulentes, dans un recoin, irradient leur douceur, près de statuettes blanches, rêveuses et paisibles (mais de qui ? (à vérifier)), très réussies, au moins pour trois d'entre elles, en porcelaine (ce qu'il est impossible de deviner ou déceler).

Il y a là, évidemment, des artistes dont la "démarche", comme on dit communément, est tout ce que j'abhorre : esthétique inspirée de la bande dessinée (ou des arts décoratifs), figurations hyperréalistes dans des teintes outrancières, etc. Par exemple, le galeriste défend avec maestria la série des nageuses, qui est de Juliette Gassies, je crois. Pour moi, c'est quasiment irregardable. Et il y a pire encore.

Mais l'ensemble de l'exposition est, pour le regard, extrêmement stimulante. Le vernissage a lieu demain, samedi 10 décembre, tout l'après-midi, et le galeriste m'a dit qu'il ouvrait aussi dimanche après-midi.

 

******

Une petite plaisanterie s'est glissée dans la trame hypertextuelle de ce message. Saurez-vous la trouver ?

Salon du Petit Format, à Truyes

Je l'apprends à l'instant : il se tient, au château de Truyes, un Salon du Petit Format. Il ne reste qu'un jour et demi pour s'y presser, mais je n'arrive pas tout à fait après la bataille.

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jeudi, 08 décembre 2005

22

Un beau gars de Champchevrier

Courait tout comme un lévrier :

"Je cherche, tel Saccard,

L'artiste des Rougon-Macquard,

Car je sais bien que L'Oeuvre y est."

 

mercredi, 07 décembre 2005

Les Bons Enfants

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ExpoSiTion  "les bons enfants font des petits..."
Ann !, Didier Becet, Carole Boissière, Charles Bujeau,
Chantal Colombier, Michel Davo, Laurence Dréano,
Juliette Gassies, Virginie Gauthier, François Géhan,
Pierre Guitton, Renaud Lagorce, Jean-claude Lardrot,
Bernadette Leclercq, Jean-Pierre Lenoir, Florence Lespingal,
Yannick Le Petitcorps, Jean-Pierre Loizeau, Claude Marchat,
Wareen Numa, François Pagé, Philippe Pradier, Dominique Perrot
Hélène Stéfanica , Coco Téxèdre ,  François Tomasi...
vous invitent à découvrir leurs oeuvres
lors du vernissage de l'exposition le samedi 10 décembre 2005 à partir de 14h
(les artistes seront présents tout au long de l'après-midi et de la soirée)

du côté des bons enfants
(près de la place Châteauneuf)
7, rue des bons enfants - 37000 TOURS
Tél. 02 47 31 30 60 / Port. 06 81 25 12 13

vendredi, 02 décembre 2005

Je sors de ma torpeur (exposition Buren)

Le silence n'aura duré qu'un jour. Mais je reprends la plume brièvement pour m'indigner seulement d'une phrase trouvée dans un article de Régis Guyotat, daté du 29 octobre dernier et paru dans Le Monde :

"Pour célébrer les vingt-cinq ans d'activités du Centre de création contemporaine de Tours, son directeur Alain Julien-Laferrière a donné carte blanche au plasticien Daniel Buren pour tenter de sortir de sa torpeur le château de Tours."

Pour penser que le château de Tours a vécu ces dernières années "dans la torpeur", il faut être singulièrement inculte et mal informé... ou ne regarder la province tourangelle que du seul haut de son parisianisme creux et inepte.

J'ai consacré une note à cette exposition il y a bientôt un mois.

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mercredi, 23 novembre 2005

O'Nan

Comme il est beaucoup question de mes autoportraits ou de leur éventuelle indécence/inintérêt (en tout cas, ils attirent les commentaires), voici un poème récent de Steve Gehrke, inspiré d'un célèbre tableau d'Egon Schiele.

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dimanche, 20 novembre 2005

Où va l'érudition...

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Les Presses Universitaires de Princeton ont même publié un ouvrage, d'une certaine Carrie Rebora Barratt, sur les circonstances dans lesquelles Thomas Sully réalisa, en 1837, un portrait de la jeune reine Victoria.

 

 

 

 

... je sais, les auteurs de carnétoile qui n'ont pas le temps d'écrire se contentent de quelques images ou de notes courtes... sombrant dans la facilité...

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Il y a 168 ans, le 20 novembre 1837...

... le peintre Thomas Sully assistait à une conférence du professeur Green, le grand anatomiste anglais.

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(Thomas Sully. Portrait de Thomas Jefferson. 1821)

vendredi, 18 novembre 2005

Guillaume Cingal, dans le rouge fade de l'exposition Buren

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......................................................
J'emprunte à ma mère son appareil photo (car j'avais oublié le mien à la maison), je tends le bras (comme j'avais toujours fait), et je me risque à de subtiles discordances, les lunettes neuves cerclant mes yeux, l'écharpe de laine en légère contre-plongée (sinon mon triple menton vous jaillissait aux tripes), le flash perceptible sur le mur d'un rouge uni, j'esquisse même un sourire (anticipais-je sur les objurgations de Jacques?) puis prends la plume (quelques jours plus tard, mais qu'importe?), car écrire (m')est (plus qu')imaginer.

Un débat sur l'art

Je voulais vous signaler une vigoureuse (mais d'idées) empoignade avec Marione, au sujet de l'exposition Buren. Mes deux longues réponses expliquent aussi mon silence sur ce blog-ci.

jeudi, 17 novembre 2005

Des crocodiles dans tes rêves : Tchekhov, Markowicz, Bouillon

Cette fois, nous n’avons pas bu le bouillon – pas tout à fait, en tout cas.

 

Je m’étais juré, depuis le ridicule Songe d’une nuit d’été et l’affreux Léonce et Lena, de ne plus aller voir de mise en scène de Gilles Bouillon. Mais la curiosité de découvrir la traduction de Markowicz en action fut plus forte, et, samedi soir, nous sommes allés voir Des crocodiles dans tes rêves, le spectacle composé de cinq pièces courtes de Tchekhov proposé par le C.D.R.T., au Nouvel Olympia, à Tours. Evidemment, Bouillon est un metteur en scène qui est incapable de faire entendre les moindres subtilités d’un texte dramatique, et, comme il ne semble pas non plus savoir choisir ni diriger les acteurs (son Léonce et Lena, l’an passé, était un cas d’école), le choix qui consiste à surjouer, entre le grotesque et la fanfare, est à peu près la seule option qu’il ait à sa disposition. Toutefois, dans le cas des pièces choisies, ce parti pris fonctionnait à merveille, à l’exception de La noce, qui traînait en longueur et manque de rythme. Sinon, L’Ours et La Demande en mariage, les deux premières, très outrées, marchent bien, en grande partie grâce au talent des acteurs.

 

Un collègue, mécontent, me disait qu’il s’agissait, à son avis, d’un contresens, car Tchekhov est tout intériorité, ce qui me semble inexact. Tchekhov est le dramaturge de l’intériorité qui éclate, de l’explosante-fixe, des tréfonds extravertis.

 

Aussi ce parti pris n’était-il pas, pour moi, choquant, d’autant que la deuxième partie du spectacle se concentrait sur deux pièces plus retenues, plus lentes. Je connaissais bien Sur la grand-route, car j’avais failli jouer un rôle dans cette pièce en 1995 ; le revirement final est un peu poussif, mais il n’était pas mal rendu par des acteurs qui savent trouver le ton juste. Le chant du cygne est une très jolie parabole sur le théâtre et la vie, qui offre à l’acteur le grand privilège de jouer plusieurs scènes classiques du répertoire shakespearien, un bonus s’il en est.

 

Dans l’ensemble, et même si l’on peut déplorer la longueur du spectacle (quatre heures), la construction en est intéressante, la scénographie plate mais au service du texte, le jeu souvent juste, et les scènes font leur effet sur le spectateur. Il se trouve que je suis en train de lire, toujours dans la traduction de Markowicz (mon compagnon du moment), Images du passé, la trilogie – méconnue en France, me semble-t-il – de Alexandre Soukhovo-Kobyline ; ces pièces sont assez proches de l’esprit des pièces courtes de Tchekhov que Gilles Bouillon a choisi de mettre en scène. Je baigne donc dans une Russie pétrie de folie financière, de dérives verbales, d’inquiétudes bureaucratiques.

mercredi, 16 novembre 2005

Exposition Daniel Buren, au château de Tours

 

Ecrire ou ne pas écrire… L’exposition présentée par Buren au château de Tours est une telle imposture, une fumisterie, que l’on aimerait l’ignorer, tout bonnement – ce d’autant qu’il me faudra justifier mon avis pour ne pas donner l’impression de n’avoir « rien compris » (vous n’avez rien compris : c’est l’argument habituel des avant-gardistes les plus chevronnés et inconditionnels, ceux qui, au nom de Soulages, Fontana ou Pollock, artistes vraiment géniaux, vous feraient avaler les pires couleuvres en vous menaçant d’être d’“affreux réactionnaires” – rien n’est mieux à même de dégoûter de l’art dit « contemporain » que le zèle mis par ses thuriféraires à affirmer que toutes les œuvres ont une valeur).

 

 

Toujours est-il que Buren n’a pas réellement enlaidi le château. Son exposition s’appelle « plus petit ou plus grand que », et le seul concept a consisté à transformer l’espace rectangulaire du château en un triangle, au moyen d’échafaudages tout à fait hideux. La figure géométrique du triangle représente, je suppose, les signes > et <.

 

A l’intérieur du château, le triangle est constitué, sur trois niveaux, par des planchers colorés qui redéfinissent le sol. L’installation se limite à ces planchers de couleur (vert au rez-de-chaussée, orangé au premier étage, rouge au second étage), et – outre son caractère complètement superficiel, qui ne redéfinit rien du tout, et ne permet en rien la « déconstruction de l’espace visuel » vantée par les argumentaires bien-pensant – elle n’est même pas techniquement bien faite : les bordures des planchers peints, qui débordent sur les escaliers, ont été peintes avec force dégoulinures, de toute évidence involontaires, à faire honte au plus inepte des apprentis. Ici, l’art ne produit ni une belle vision, ni le moindre sens ; il ne témoigne pas même d’une quelconque compétence technique.

 

Au mieux, on pourrait penser que l’installation est propre à scandaliser les badauds, ou à épater les gogos. Mais y a-t-il des gens encore assez incultes pour se laisser épater ou scandaliser par une telle médiocrité ? Peut-être ; ce qui est certain, c’est que l’on peut s’offusquer de la médiatisation d’un si fade imposteur.

mardi, 15 novembre 2005

Le singe et le chameau

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(Détail d'une tapisserie du château de Langeais.)

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Tout de même, ce singe a l'air d'un homme, mais pas tout à fait non plus. Le chameau me fait penser à cette réplique célèbre du Flying Circus:

"What is it now, you great pillock?"

Les admirables feuillages jurent de miroiter le ciel.

mercredi, 09 novembre 2005

Rue Briçonnet, toujours

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Est-ce un lion, un griffon?

 

Toutes griffes dehors,

comme un très curieux chat

posé sur la corniche -

 

Il se refuse même

(en pierre) à nous toiser

dimanche, 23 octobre 2005

In memoriam Serge Charchoune

Je parlais tout à l'heure de Serge Charchoune, dont on trouve peu d'oeuvres en ligne (mais je me rappelle avoir vu une très belle toile naguère à Oxford). Ce ne fut sans doute pas l'un des peintres d'avant-garde les plus marquants, mais, s'il s'est laissé oublier, comme Breton l'écrivait de Saint-Pol Roux, il reste possible de le ramener à la surface le temps d'une note:

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Dada

La commémoration actuelle de Dada, dont Yann Kerninon souligne justement le paradoxe, a été, pourtant, l'occasion de rechercher des informations sur Serge Charchoune, peintre dont je ne connaissais que le nom, longtemps associé pour moi à la vision hallucinée, amusée et toujours reprise de L'oeil cacodylate, l'un des "chefs d'oeuvre" de Picabia. (S. Charchoune est celui dont la signature occupe le plus d'espace sur la toile.)

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vendredi, 21 octobre 2005

Sainte Ursule

Pour célébrer les vacances de la Toussaint qui commencent pour Marione et Simon, alors que moi, pauvre bagnard, je trace mon sillon, je tiens à montrer certaines représentations remarquables de Sainte Ursule.

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Celle-ci provient du Musée de l'Oeuvre à Strasbourg et constitue l'un des deux panneaux conservés d'un retable perdu. La fresque ci-dessous, en revanche, se trouve près de nous, en Touraine, dans l'église de Souvigné:

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Enfin, j'ai l'impression ( que je n'ai pu nullement vérifier ni confirmer) que le tableau de Vittore Carpaccio ci-après était une anamorphose. Il faudrait s'en assurer de visu... mais Venise est loin de Tours, hélas.

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lundi, 17 octobre 2005

Isaak Levitan

Que nagent les nuages
et se penchent, s'épanchant, les peupliers en pluie
Sans que le vert s'arroge
un droit autoritaire
Ô les nuages gris ô les nuages doux ô les nuages
Verts
qui penchent vers l'abîme qui se tournent se fondent Ô vers
quelle infortune avez-vous détourné
La course de mes yeux?

Ton infini voyage
aux îles détournées
se déverse en sanglots de joie et de douceur

********

Inspiré d'une toile superbe d'Isaak Levitan, à voir sur l'écran nuageux du Sablier.

samedi, 15 octobre 2005

Soutine à Champigny

Vous pouvez quitter ce carnet pour admirer un tableau peint par Soutine à Champigny-sur-Veude. (Il faut cliquer sur l'image en haut à gauche pour en avoir une vue agrandie.)

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jeudi, 13 octobre 2005

Château de Cinq-Mars la Pile

Samedi dernier, nous avons eu l’excellente intuition d’aller visiter le château de Cinq-Mars la Pile, tout près de Tours, sur la rive droite de la Loire. Excellente intuition, car il sera bientôt fermé aux visiteurs, comme beaucoup de « petits » châteaux qui n’ont intérêt à ouvrir qu’entre mai et octobre, mais surtout en raison du temps splendide et presque estival : le château, en effet, se réduit à deux tours étêtées ou “découronnées” (sur ordre de Richelieu, qui avait fait exécuter Henri Ruzé d’Effiat, Marquis de Cinq-Mars, pour haute trahison), mais il y a une très agréable promenade autour des tours, dans les douves herbeuses, puis au-dessus de la terrasse de la Juiverie, et enfin par le bois d’ifs. Nous y avons été accompagnés par le maître des lieux, un chat fort aimable et joueur.

Nous avions été, de prime abord, accueillis par la propriétaire, qui nous a appris que la majorité des visiteurs n’étaient pas de la région, soit que les Tourangeaux ignorassent l’existence même de ce château, soit qu’ils préférassent partir en promenade plus loin et se garder, en quelque sorte, cette excursion voisine pour de plus lointaines journées : c’est tout près, on aura toujours l’occasion de le visiter plus tard… Curieuse mentalité, mais si elle le dit, comment ne pas la croire ?

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Du haut de la première tour, on peut observer le panorama. La propriétaire nous avait promis que nous pourrions admirer Villandry, en raison du temps dégagé, mais tout ce que nous avons vu, c’est cette affreuse et immense usine que l’on voit depuis la route qui relie Tours à Saumur. Cette terrasse est toutefois un lieu mémorable et singulier, en raison aussi des nombreux graffiti gravés, parfois fort anciens, et creusés à l’aide d’outils très perfectionnés (burin de marbrier, certainement). Il y a, notamment, une gravure représentant une silhouette assise.

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Dans la salle du premier étage sont exposés trois tableaux d’un certain Nicolas Untersteller, notamment une Descente de croix, apparemment des années 1950, très influencée par l’expressionnisme allemand et le nouveau réalisme français d’après-guerre (Hélion, par exemple), mais sur le mode mineur. Comme la propriétaire nous a introduits dans son salon (la demeure occupée par les actuels propriétaires correspond aux anciens communs) et que nous y vîmes chevalet, tableaux, matériel de peinture, nous ne savons si l’artiste est son mari, son père, son beau-père, etc.

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Il y a, dans les douves, plusieurs figuiers superbes, aux figues toutefois complètement vertes, ce qui est étonnant.

Après cette visite, nous avons admiré la porte qui ouvre sur la rue de la Juiverie, acheté rillettes et rillons dans la charcuterie locale et pris un verre dans le bistrot complètement désert, et décoré d’affiches dont le thème commun était « le corps féminin fortement dénudé », exposition aussi d’un autre genre.

mercredi, 12 octobre 2005

La Pléiade de La Riche & Coco Texèdre aux Bons-Enfants

Sous un soleil toujours magnifique, je me suis rendu, pour la première fois, en ce début d’après-midi radieux, à la Pléiade, la salle de concerts de La Riche, qui est très mal fléchée et devant laquelle, sans être pourtant aveugle ni inattentif, je suis passé deux fois sans la voir : au troisième passage, ayant été renseigné par un piéton, le seul indice fut l’arrêt de bus, qui porte la mention « La Pléiade ».

Revenu à Tours, je me suis arrêté près de la place de Châteauneuf, et j’ai visité, rue des Bons-Enfants, l’exposition Coco Texèdre, dont j’avais annoncé, en fin de semaine dernière, le vernissage. C’est, de fait, une artiste digne d’intérêt. Je n’aime pas tellement les petits formats et les livres accordéons, mais les séries de tableaux de dimensions plus larges sont très convaincantes. J’ai surtout en tête les trois 38 x 58 qui se trouvent sur le pilier de gauche en entrant, les deux 38 x 108 tout à droite près de la fenêtre, la série des huit 26,2 x 75 sur le mur de gauche en allant vers le fond de la salle d’exposition, et enfin, last but not least, les trois remarquables compositions en 26,2 x 75 qui se trouvent sur le mur à droite en face de l’entrée. Je trouve que les plus grands formats offrent à l’artiste un espace plus créatif, une page plus étendue, une plage d’expression qui la contraint à des compositions plus astucieuses, plus complexes, et de cette belle hétérogénéité naît un effet visuel piquant. Ainsi, une seule de ces grandes toiles se subdivise en un cadre empli de calligraphies creusées, une barre de couleur noire, une inscription peinte deux autres cadres plus petits, etc.

Les formats moindres, plus homogènes, donnent une idée plus simpliste du projet esthétique de Coco Texèdre. Le galeriste, très gentil, avec qui j’avais déjà conversé il y a fort longtemps et qui se souvenait très bien de moi (faible fréquentation de la galerie ou excellente mémoire ? les deux, disons), m’a montré le petit catalogue qu’avait édité, lors de son inauguration, la médiathèque de La Riche autour des œuvres de l’artiste.

Il y a aussi une petite commode en bois, avec seize tiroirs cubiques en carton blanc ; chaque tiroir est affecté d’un numéro imprimé à la façon des meubles d’internat de jadis (de naguère ? de maintenant ?) et d’un bouton original (pierres, galets, morceau de bois, etc.). Il s’agit, m’a expliqué le galeriste, d’une variation autour du cabinet de curiosités. De près, pourtant, l’effet du carton blanc n’est pas terrible…

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En écoute : « Keyornew » (Mathieu Boogaerts. Michel, 2005)

lundi, 10 octobre 2005

Demande: "The Stray Shuttlecock"

Quelqu'un parmi mes lecteurs connaîtrait-il un moyen de mettre la main sur une reproduction du tableau de Frank Dillon, The Stray Shuttlecock (1878)? Je viens d'en découvrir l'existence, et il pourrait revêtir une certaine importance dans le cadre de mes activités pédagogiques (qui occupent, en dépit des apparences, une part non négligeable de mon temps). Découvert par le hasard du module "Images" de Google, ce tableau n'est disponible, sur la Toile, que dans des proportions minuscules, car il s'agit, à chaque fois, de sites payants.

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Zoffany, David et Goliath

N'est-ce pas une idée curieuse de se représenter en triomphateur de Goliath?

13:04 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (2)

Blanche Lazzell

Les célébrations à la gomme improbables sont aussi l'occasion de s'instruire, d'ouvrir les yeux, et pourquoi pas, de découvrir l'oeuvre peint de l'Américaine Blanche Lazzell, qui est née il y a cent-vingt sept ans à Maidsville (la ville des demoiselles, ou des vierges (cela ne s'invente pas)) et qui peignit The Violet Jug, fut influencée par Braque dans ses compositions insturmentales (certaines semblant relever aussi du collage?), ou grava, poursuivant sa quête colorée avec des blocs de bois peints, In the Garden par exemple, etc. etc.

vendredi, 07 octobre 2005

Vernissage de l'exposition Coco Texèdre

Tourangeaux,

demain à cette même heure

medium_vernissage_coco_texedre.jpg

n'oubliez pas.

14:00 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

Beaux-Arts en deux lieux

Dans le collège de jésuites qu'avaient fréquenté le grand Condé et Bourdaloue himself, fut créée, le 7 octobre 1881, l'Ecole des Beaux-Arts de Bourges, ce qui est l'occasion de saluer les étudiants en arts plastiques qui me lisent par milliers, mais aussi les Berruyers qui sont de proches voisins des Tourangeaux. Coïncidence amusante, c'est ce même jour que fut également fondée l’école nationale des Arts décoratifs de Nice.

jeudi, 06 octobre 2005

Coco Texèdre aux Bons Enfants

Suite des coïncidences? Je reçois aujourd'hui même de la galerie des Bons Enfants l'annonce suivante:

COCO TEXEDRE
vous invite à découvrir
ses peintures, dessins et livres...
du 1er au 31 octobre 2005
Vernissage
samedi 8 octobre 2005
de 14h à 19h30
à l'espace d'exposition
"du côté des bons enfants"
(près de la place Châteauneuf)
7, rue des bons enfants - 37000 Tours
tél. 02 47 31 30 60

15:09 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (1)

mercredi, 05 octobre 2005

Coco Texèdre… à suivre…

Mercredi, 11 h 50

Je reviens, avec mon fils, de la médiathèque de La Riche, où sont exposées, comme souvent, des œuvres d’artistes locaux, dont il vaut mieux, généralement, se dispenser de parler. (C’est le genre d’œuvres dont nous parlons, avec C., en employant l’expression palette fléchoise en souvenir d’une mémorable exposition de croûtes vue à La Flèche l’été 1994). Toutefois, ce matin, il y avait, le long de l’escalier qui permet d’accéder à l’espace adultes du 1er étage, deux grandes plaques de verre en partie sculptées et recouvertes de peinture rouge ou bleue, et d’inscriptions dans un style voisin d’Alechinsky ou Opalka, toutes proportions gardées. La documentaliste du bureau de prêt m’a dit qu’il s’agissait d’œuvres de Coco Texèdre (?). Je ne suis pas certain de l’orthographe de ce nom, et je vérifierai en cherchant sur la Toile plus d’informations. En tout cas, voilà un nom d’artiste qui ne laisse rien présager de très captivant, et pourtant, l’alliance d’une technique complexe et d’un graphisme subtil m’a tapé dans l’œil.

 

A consulter: le site de Coco Texèdre.

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Atelier mode d’emploi: Ségolène Garnier et Cécile Cluzan

Mercredi, 11 h 40

 

Dimanche dernier, en début d’après-midi, dans le cadre d’une manifestation culturelle appelée Atelier mode d’emploi et qui consistait, pour les artistes tourangeaux, à accueillir le public dans leurs ateliers respectifs, nous nous sommes rendu, mes parents, ma compagne, A. et moi, au 32, rue Delpérier, où demeure Ségolène Garnier, qui avait exposé certains de ses mobiles tridimensionnels, et une série fort longue de figures rouges sur supports imprimés retravaillés. C’est, de ses œuvres, cette série que j’ai préférée. J’ai aussi remarqué, sur les rayonnages de sa bibliothèque, qu’elle avait lu Le sujet monotype de Dominique Fourcade, dont j’avais promis de parler mais que j’ai dû rendre, entre-temps, à la Bibliothèque Universitaire (ou S.C.D.).

 

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Auparavant, nous avions été accueillis, dans la courette de l’immeuble, et pendant une battante averse, par l’invitée de Ségolène Garnier, Cécile Cluzan, qui avait édifié une sorte de tente-igloo entièrement constituée de pull-overs et de chandails décousus puis recousus les uns aux autres, dans une sorte de sarabande colorée très insolite. J’ai photographié le reflet, dans la théière, des visiteurs et hôtes assis autour d’un thé fumé sur ce fond multicolore.

Je ne sais si Ségolène Garnier m’autoriserait, elle, à inclure dans ce carnet de toile une ou deux images volées à ses figures rouges ; je vais essayer de retrouver sa trace, afin de lui signaler, au moins, l’existence de cette note.

Après cette incursion dans l’atelier de ces deux jeunes artistes, nous avons profité du soleil revenu pour flâner avant de conduire mes parents à la gare de Saint-Pierre des Corps. Je leur ai montré les bâtisses de style art nouveau de la rue Jules Charpentier ; nous avons visité, dans ces parages-là, un autre atelier dont je préfère éviter de parler.

jeudi, 29 septembre 2005

Un jeudi de fin septembre vers huit heures

Ce matin, avec la pluie fine enfin berçant nos visages, il a fallu amener A. à son école avec la voiture, alors que, bien entendu, il tient très fort à la promenade à pied. Hier en fin d’après-midi, vers cinq heures, nous avions fait cette même promenade en vélo, jusqu’au « chantier de l’école », dixit A. J’en ai profité pour prendre quelques images de “mon quartier”, où il n’y a décidément, pas de quoi se rincer l’œil, pas grand-chose à sauver.

 

Samedi dernier, j’ai reçu une carte extrêmement gentille et même flatteuse de Valérie (VS). Il faut absolument que je retrouve, dans mes fichiers, la photographie que j’ai promis de lui envoyer depuis bientôt trois mois. La carte représente un lieu pittoresque à Chü-Chü, par Wang Mong. Dois-je avouer mon ignorance totale en ce qui concerne cet artiste ? Les divers carmins des arbres, le plissé des rocs, certaines fugitives figures anthropomorphiques dans ces mêmes rocs, tout cela me réjouit profondément, et mériterait d’en voir l’original. Et ces méandres en écailles, est-ce un torrent qui glisse et s’étend de plus en plus vers le bas de l’image ?

 

Hier, j’ai reçu l’album de Kevin Mark, Rolling the Dice (2004), envoyé gracieusement par François Thiffault et accompagné d’un petit mot signé de Kevin Mark, me remerciant de mes commentaires, ce qui est un comble quand on sait que je n’avais pas été tendre (litote!) avec son groupe il y a une quinzaine. De fait, le disque est nettement plus convaincant que la prestation sur scène au off de Montlouis ; j’en reparlerai en essayant de maintenir un avis aussi peu influencé que possible par la gentillesse du cadeau.

samedi, 17 septembre 2005

Autosuffisance

Je suis d'une incroyable suffisance!

Je me surprends, depuis deux jours, à attendre la publication, sur le blog de Marione, du portrait imaginaire qu'elle devait faire de moi.

Bon, Marione, je disais ça juste comme ça...

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vendredi, 16 septembre 2005

Syntaxe & peinture

Il y a 187 ans, soit onze fois dix-sept années, naissait le peintre Francis Seymour Haden, qui croqua les bords de la Tamise, une église contre une falaise, fut lui-même portraituré par Alphonse Legros, auteur lui-même méconnu d'un assez émouvant Cupidon et Psyché (auquel on peut préférer la plus moderne et colorée version de Basil Rakoczi) ou d'une Communion très influencée par les Préraphaëlites, ce qui nous tire loin du sujet d'origine, la célébration du 16 septembre 1818, quand naquit Francis Seymour Haden.

jeudi, 15 septembre 2005

Jean-Gilles Badaire, suite

 

Un crâne sur une chaise,

La boue brune qui tourmente

Et nous laisse au firmament

 

 

[Voir aussi ici.]

lundi, 12 septembre 2005

Il paraît pariétal : hommage aux Chimères domestiques d’Alain Prillard

Une paroi réfléchit vos pugnacités. Ne réfléchit rien. Une paroi, cela ne réfléchit pas.
Où, tout d’un coup, une sarabande s’esquisse. Un défoulement, débandade de petits trolls, folies et férocités.
Celui-ci se crispe, se baisse, se tord – troll comme une sucette fondue. Cet autre se démène, c’est la danse de saint Guy ; cet autre encore me fixe du regard, darde intensément les nuages de mon visage.
Qui croire dans cette diablerie ?

19:25 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 08 septembre 2005

Un diptyque de Badaire

  medium_0_badaire_diptyque.jpg

Prise de biais, cette photographie, où l'on aperçoit aussi un fragment de mur, représente l'un des quelques diptyques de l'exposition du château de Tours consacrée au peintre Jean-Gilles Badaire, dont je parlais hier. Le temps de reformater des images plus grandes à partir des fichiers matrices, et vous verrez mieux ces oeuvres...

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mercredi, 07 septembre 2005

Jean-Gilles Badaire, le crâne et la glu

 

[A partir d'une première ébauche, vendredi 2 septembre]

 

 

Samedi dernier (27 août), nous avons visité l’exposition rétrospective de Jean-Gilles Badaire, peintre dont je n’avais jamais entendu parler mais qui affirme une œuvre pleine à la fois de constance et de diversité. Je ne sais pas trop si j’ai le droit de mettre en ligne une image, mais je voulais vous donner un aperçu : il me semble que la piètre qualité de mes photos d’amateur ne viole pas la loi sur les droits, et, dans tous les cas, peut susciter le désir, chez mes rares lecteurs, de mieux connaître cet artiste, voire d’acheter certains de ses livres ou des nombreux ceux (dits livres d’artistes, ce phénomène de mode qui participe, chez lui, d’une vraie conviction esthétique et d’un réel dialogue avec les écrivains) auxquels il a participé. Quoi qu’il en soit, c’est de ce désir de partage et cette volonté de faire connaître son œuvre que naîtra, sur l’écran, à partir de demain, une série de reproductions photographiques d'oeuvres. Si M. Badaire vient à passer par ici, et qu’il souhaite le retrait des images, je m’exécuterai aussitôt, bien évidemment.

 

Ce préambule procédurier passé, voici le vif. L’exposition présentait, dans l’ensemble des salles du premier et du deuxième étages du château de Tours (soit une dizaine de grandes pièces (non, vraiment il faut que vous visitiez ce lieu superbe!)), des œuvres représentatives des différentes séries picturales ou phases de l’œuvre, sans compter, bien entendu, maintes vitrines où étaient exposées des livres d’artistes.

 

La salle que C. a préférée est celle où sont présentées les « pages de carnet », qui comptent certes d’indéniables réussites, mais auxquelles je préfère les grandes toiles achevées, surtout celles que travaille le motif de l’ossature, du squelette, du crâne. Grands et lumineux lambeaux, vertigineux vestiges qui disent la cruauté du corps, ces peintures s’attaquent à un aspect passablement rebattu et connu de l’art contemporain, mais avec une fraîcheur qui m’a donné une sensation de véritable nouveauté. Voir une image de squelette avec le sentiment d’une expérience entièrement nouvelle, ce n’est pas évident.

 

Par exemple, la toile carrée Pot, piment et tête de mort est d’une fort belle facture, composition très juste, très resserrée, le crâne exorbité semblant se fondre dans le vase comme en un effroyable sablier noir sur la gauche et d’un blanc tavelé sur la droite. Le fond, ocre et gris, souligne le passage du temps, avec cette inimitable ligne noire diffractée qui parcourt ce fond de gauche à droite, se divisant en deux à droite du crâne et constituant une ébauche de récit.

 

Des portraits de femmes, je retiendrai la sublime Fille qui se branle, beaucoup plus proche de Klimt ou Soulages, en un sens, que de Schiele (peintre que je n’aime pas) — ou aussi cette énigmatique Louttre, mystérieuse par son titre, bien sûr, avec ce redoublement du t, mais aussi par sa posture, son visage dérobé, obscur, ténébreux et d’où sourd pourtant une force presque joyeuse.

 

Un pan entier de cette exposition est consacrée à ce que je suis tenté de nommer la période africaine de Badaire, où, sans sombrer dans l’exotisme, ou la référence convenue à certains mythes de l’esthétique occidentale (masques, scènes rurales), Badaire réinvente l’ocre, le gris, la matité des peaux, des contours, des cieux. Bien entendu, cela me parle, comme on dit si vilainement, et je signale aussi que la collaboration continue et plurielle du peintre avec l’écrivain Joël Vernet est liée à ce désir d’Afrique.

Il a aussi signé, chez Fata Morgana, une édition illustrée du texte célèbre de Marcel Griaule, Greniers dogons

 

 

..................... Autant dire que c’était une belle exposition, et que je vous conseille de guetter de prochaines apparitions de cet artiste. Prolongement possible : le "catalogue", qui est un véritable livre - Marc Blanchet. Jean-Gilles Badaire. Le temps qu'il fait, 2005.


vendredi, 02 septembre 2005

L'instar

De vertes plaines arborées, où un chemin se décolore. Une nuée de rides, aux mondes effarés. Une brise lactée, dont l'odeur m'environne. Une boule de feu, qui nous emportera.

D’un portrait de M.L. par André Masson

Est-ce une torche

Ou un verre renversé

Que vous tenez à la main

Droite, comme la main gauche

Vous dissimule la tronche ?


Ce crayonnage

Aussi compose volutes

Echappées peut-être d’un

Cendrier fuligineux

Suie de votre personnage.

lundi, 29 août 2005

Discours agile


– Moi, ça m’est égal qu’on soit ou ne soit pas curieux
– Si indifférente ?
– Je hais tous les indifférents, à part un seul, celui de Watteau. Non, mais lorsque quelqu’un me plaît, il devient un mystère si insondable et si passionnant que tout ce qu’il peut m’expliquer sur son caractère me paraît absurde.
(Lise Deharme. Eve la blonde, p.105)

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samedi, 27 août 2005

Tatamkhulu Afrika

J'ai dilapidé - dans la fièvre des pierres, la rêverie des terres - une bonne partie de ma soirée à me replonger dans l'oeuvre poétique de Tatamkhulu Afrika. Il y avait quelque temps que je n'avais pas ouvert ces cinq recueils ou plaquettes que S°°° m'avait envoyés il y a trois ans et demi. J'avais découvert là, par-delà mon admiration pour le prosateur hors pair, l'un des plus grands poètes de langue anglaise de ce siècle.

J'ai pour tâche, l'ayant promis à la suite d'une discussion sur le Forum de la SLRC, de retrouver un poème qui célèbre l'amour des garçons, et je penche en faveur de "War Mate", qui se trouve dans le recueil Turning points.


...

Sinon, la journée a été paisible dans les involutions du corps, mais mouvementée pour l'esprit. Plusieurs notes écrites à la main et pas encore recopiées, car il faut bien que C. prépare son cours de rentrée sur Les Châtiments, tout de même. De surcroît, pour répondre à une question posée dans un commentaire, je ne peux toujours pas accéder à mon compte de courrier électronique. Ce soir, le réparateur m'apprend que la panne de mon ordinateur portable concerne l'écran et la "nappe" (?), qu'il y en a généralement pour "dans les trois mille balles" (j'aurais dit "400 à 500 euros", mais bon...). On se dirige droit vers un nouvel achat...

...

Nous avons aussi visité l'exposition Jean-Gilles Badaire au Château de Tours (j'en reparlerai demain, pour son dernier jour (foncez!)).

...

Pour s'y retrouver dans les personnages de ce carnétoile
S°°° est une jeune femme qui a soutenu il y a deux ans une thèse fort brillante sur Breyten Breytenbach, et avec qui j'ai longtemps été en correspondance suivie avant de la perdre de vue ces derniers temps.

dimanche, 21 août 2005

Chaudron de Chardin

Ce chaudron vivace qui ne
Pourrait en rien être miroir
A ce visage, je m'efface,
A la lame du couteau noir
Donnant ce sein fuligineux
Et poivrier du temps qui passe.

samedi, 20 août 2005

On enleva Wlérick des nouveaux dictionnaires…

Le sculpteur Robert Wlérick, dont je voulais vérifier les dates de naissance et de mort (car mon beau-père m’apprenait qu’il avait réalisé une série de dessins (exposée en ce moment à Mont-de-Marsan) pour l’édition originale des Fleurs du mal, et j’aurais pensé qu’il était très jeune en 1857)), ne figure ni dans le Petit Larousse 2000, ni (et c’est plus surprenant) dans le Robert des noms propres en cinq volumes…! Là, à la page 3356, entre Lars Wivallious et Wloclawek, une horrible béance!

La collection Simonow à Flaran

L’abbaye de Flaran s’enorgueillit, pour sept ans je crois, d’un partenariat avec le collectionneur privé Michael Simonow, dont la collection est exposée par petites touches, selon un principe tournant: chaque année, une partie de la collection s’offre au public. Ce sont environ trente-cinq œuvres que nous vîmes, ce 15 août, à Flaran, outre l’abbaye elle-même et ses bâtiments conventuels, dont je n’avais gardé, je dois l’avouer, qu’un souvenir ténu ou flou depuis ma dernière visite, vers 1994 (mais elle est très belle).

Le plus curieux, c’est que ce collectionneur ne semble pas avoir de parti pris évident, et qu’il fonctionne au coup de cœur, sans réelle cohérence, si ce n’est un intérêt évident pour les portraits et pour le tournant du siècle dernier. Le plus gênant, de mon point de vue, c’est que ses coups de cœur n’entrent que très partiellement en résonance avec mes goûts, et que je n’ai que faire des deux croûtes de Léon-Auguste Lhermitte, par exemple, qui sont ici exhibées. Toutefois, la deuxième salle présente plus d’intérêt, avec, notamment, un Pas de deux ailé de Rodin, époustouflant de grâce. Une Jeune fille de Piazzetta et une nature morte de Suzanne Valadon ont aussi retenu mon attention.

Dans son que nous avions le sentiment d’avoir déjà vu (mais où?), Renoir trace ce mélange de joie et d’inquiétude qui est aussi le propre des scènes maritimes ou florales du sujet. Renoir, d’ailleurs, ne s’est jamais aussi peu regarder peindre que dans ce portrait d’un confrère (puis-je risquer ce mot?).

Nous avons acheté la «jaquette», qui recèle dix reproductions grand format d’œuvres exposées, et plusieurs feuilles photocopiées de format A4, ce qui ne donne pas une très haute opinion de l’investissement du Conseil Général et des instances culturelles dans cette exposition, dont il est fait, par ailleurs, un battage assez impressionnant (jusque sur les murs de Bordeaux, où l’affiche partout s’étale*). Parmi les dix glaçages de la jaquette, la marine de Monet est donnée dans des teintes nettement plus vertes que l’original, à moins que ce ne soit l’éclairage extrêmement sombre qui soit responsable de ce hiatus. Rentré chez soi, n’ayant plus le tableau devant les yeux, on se perd en conjectures.


* La fréquentation assidue du Fou d’Elsa me ferait-elle passer, à mon insu, des alexandrins cachés au vers de seize syllabes?

Etamination

S'attirer des trolls, ce n'est pas très agréable. Les refiler aux autres, comme de vils morbacs, c'est moins terrible encore. D'autant que Traube n'a pas compris que, justement, je défendais profondément l'art contemporain, que j'aime, non sans discernement, c'est-à-dire: non sans trouver quelconques ou fades beaucoup d'oeuvres contemporaines.

Je me demande ce qui m'ennuie le plus chez Traube: 1) de ne rien comprendre à ce qu'il écrit, parce que ce n'est pas du français 2) de constater qu'il ne comprend rien à la plupart des notes qu'il commente, aussi chez les autres 3) qu'il pollue la Toile 4) qu'il soit assez bon artiste (parce que le pire, c'est qu'il n'est pas du tout inintéressant, comme artiste, et j'avais même un a priori favorable à son endroit)...

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Visite de Plieux le jour de l'Assomption

(18 août, cinq heures de l’après-midi)



Quinze août, trois heures. La voiture s’approchait de Plieux, par le même chemin emprunté cinq ans auparavant, et le conducteur s’étonna du carrefour qui indiquait que le chemin de droite conduisait à Plieux (1,8 km) et que celui de gauche était recommandé pour le château (avec le sigle des Monuments historiques). Pourtant, si la visite de 2000 avait capoté car le site était fermé, une chose était sûre: le château était au cœur du village. Y avait-il là un désir particulier que les visiteurs arrivassent d’un côté plutôt que de l’autre, avec telle vue plutôt que telle autre? D’emblée, nous voici dans l’énigme.

Une fois la voiture garée sur la placette qui se trouve au bas du château, le conducteur, qui avait vu le grand portail en contrebas, s’imagina que c’était là la seule entrée, au lieu de se rendre directement au petit portillon situé tout près de la placette. (Dans tous les cas, cela doit ajouter trente mètres à l’itinéraire, et, si je fais remarquer cette autre bévue, c’est qu’elle semble montrer un goût poussé du maître des lieux, Renaud Camus, pour les ambages et bifurcations: pourquoi ce lieu aux choix cachés?)

Sonnons à la cloche! La cloche tinte! Un bruit de pas dans l’escalier. Un jeune homme finement barbu et moustachu vient nous ouvrir: ce doit être Pierre, le compagnon de Renaud Camus. Il nous demande gentiment de patienter en attendant la fin de la précédente visite (des Britanniques) et nous ouvre les deux salles jouxtant la tour, où se trouvent exposées plusieurs œuvres de Marcheschi: de quoi bellement patienter, indeed! Ces murs austères, cette pierre rugueuse et suave se prête merveilleusement aux grandes brûlures, aux jeux ignés et fuligineux du peintre. Longue admiration et déambulation.

Ensuite, notre guide revient, la visite commence, vite interrompue par un couple qui souhaite visiter mais a oublié l’argent dans la voiture. Pendant que le monsieur retourne à la voiture, nous discutons avec notre guide, qui nous explique le sens de la démarche et les techniques de Marcheschi. Trop timide jusque là pour avancer un pion, je lui fais comprendre que je connais l’artiste et la collection de réputation, mais que c’en est la première vision. “Ah, vous êtes des lecteurs du Journal, peut-être?” “Oh, du Journal et des autres pans de l’œuvre…” répondis-je.

Comme Monsieur Pierre (c’est une citation) comprend que je suis membre de la SLRC, il s’avoue confus de nous avoir fait payer. Je ne suis pas à jour de cotisation, mais la vraie raison en est que, parfois, on veut payer. (Je ne suis pas, contrairement à ma mère ou ma sœur, du genre à réclamer ma réduction enseignants à 5% dans les librairies, par exemple.)

Le monsieur revient enfin de son expédition en quête de sous, et la visite peut commencer. Je n’en dirai pas grand chose, car je crois qu’il faut visiter Plieux, non pour l’amour de l’œuvre de Renaud Camus, mais pour la singularité du lieu, qui ne ressemble véritablement à aucun autre château habité par des particuliers et ouvert à la visite que je connaisse. La «décoration» (thanked be Jean-Paul Marcheschi) y est pour beaucoup, bien sûr, et le goût du maître des lieux en matière d’ameublement et d’espaces épurés. Mais la vastitude des pièces et leur faible nombre tracent un trajet sans pareil.

Si l’on connaît l’œuvre du propriétaire, l’attente est sans doute importante, car de nombreuses pages ont servi à dessiner les contours de ce château, à faire deviner tel détail de telle pièce. La contemplation de la bibliothèque, par exemple, prend un sens différent selon que l’on est familier de l’œuvre ou non. Dans mon cas, la surprise est venue de l’escalier et de l’enchaînement des pièces, dont je n’étais jamais parvenu à me faire une idée exacte. Comme mes livres sont à Tours, je n’ai pu vérifier non plus où se trouvaient les pièces de commodité (salle de bains, cuisine), qui, naturellement, ne se visitent pas, et dont je ne parviens pas à comprendre où elles se trouvent. (Bon, j’ai une quasi-certitude, mais, plutôt que d’écrire des âneries, je préfère, pour une fois, passer pudiquement!)

Les Morsures de l’aube et Nuits sont certainement le fleuron des deux étages, mais une autre surprise est venue, pour moi, de nombreuses statuettes ou objets “primitifs”, que je pense africains (mais d’où exactement?), dont un cimier remarquable admiré dans la bibliothèque (et qui a détourné longtemps (longtemps, c’est-à-dire, à l’échelle d’une visite d’une heure au plus (hélas), deux minutes) mon attention des tranches). Héritage d’une “autre vie”, ou goût persistant de Renaud Camus pour l’art africain, dont je n’ai pas gardé le souvenir ou qui s’exprime dans des textes que je n’ai pas lus (ou qui constituerait le vrai jardin secret de l’écrivain…)?

Nous avons dû, évidemment, quitter les lieux à l’issue des quarante minutes de visite, non sans avoir posé plusieurs questions sur tel point d’histoire ou d’architecture (et notre guide fut, comme on pouvait s’y attendre, incollable). Sur le chemin du retour, une énigme n’a pas été résolue: quel pouvait être le Pléiade absent de son boîtier, entre Kafka et Mallarmé? (à vos méninges)

Une autre énigme, de mon point de vue, c’est la présence, sur les rayonnages, de toutes les pièces de Jean-Luc Lagarce, dont je ne connais qu’un seul opus, vu à Beauvais, et dont j’avais conclu qu’il s’agissait d’un dramaturge ultra-mineur, sans inventivité. La pièce que nous avions vue (en 1999) s’intitulait Derniers remords avant l’oubli, était sans intérêt tant pour son texte que pour la mise en scène, et a été montée plusieurs fois depuis, dont l’an dernier à Tours (à moins que ce ne soit une autre du même, j’ai un doute subit).

Cette fois-ci, nous ne nous sommes pas cassé le nez à Plieux. Sur le chemin de retour, nous étions encore sous le charme des prouesses brûlantes de Marcheschi et de cette rencontre curieuse, en léger porte-à-faux, entre une œuvre lue et sa matérialisation partielle.

dimanche, 31 juillet 2005

Cornue

Où l'on s'interroge sur les tags.

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