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dimanche, 16 octobre 2005

The Shining de Stanley Kubrick

Je n’ai pas tellement envie d’écrire des paragraphes entiers sur ce film vu hier soir (jamais vu auparavant), car qu’apporterais-je de nouveau à l’interprétation de ce déjà-classique ? En l’occurrence, des milliers d’autres ont dû dire des milliers de fois combien le décor est impressionnant, combien le lieu lui-même, l’hôtel, avec ses corridors immenses, contribue à créer l’ambiance insolite qui fait progressivement pénétrer dans l’architecture mentale du born-again murderer. Les dialogues très littéraires ont une force de conviction étonnante, les trouvailles scénographiques ne manquent pas, etc.

 

Mais quelqu’un a-t-il jamais écrit noir su blanc ce qui nous a fait hurler, C. et moi, tout au long du film, à savoir que Jack Nicholson joue effroyablement mal, que rarement acteur aura aussi abondamment (mais involontairement, je le crains) mêlé le jeu hyperbolique (overacting) à la plus étonnante incompétence (gestuelles, mimiques, tons, déhanchements, tout est atrocement faux). Toutes les scènes où il apparaît sont apocalyptiques : qu’il essaie d’avoir l’air beurré, violent, inspiré, dément, lubrique, il est toujours complètement à côté de la plaque. Pour nous deux, le film d’horreur consistait à devoir supporter cet olibrius même pas histrionique, à voir scène après scène ce nullard s’enfoncer et engloutir le film avec lui… Epouvantable, au sens fort et littéral de cet adjectif.

 

Soyons clairs : ni C. ni moi ne le trouvons bon acteur habituellement. Il était certainement pour nous, avant d’avoir vu ce film, l’un des acteurs les plus surestimés du cinéma américain. Mais nous sommes quand même tombés de haut…

 

Bien entendu, Kubrick est mille fois coupable, non seulement d’avoir choisi cet acteur, mais aussi d’avoir su aussi peu le diriger. Car, enfin, quand le visage de Jack (le personnage (mais enfin, on ne croit jamais au personnage)) apparaît entre les échardes de la porte de la salle de bains, non seulement Nicholson fait ses ridicules yeux-de-fou (si c’était un adolescent amateur, déjà on le sifflerait pour cela) mais il se sent obligé de tirer la langue comme un benêt de la dernière espèce. Insensé, oui, le mot n’est pas trop fort !

Kubrick est coupable, d’autant que, même avec ce Nicholson inepte, son film parvient à ne pas être mauvais.

 

C’est dire qu’il aurait été génial, avec, disons, Robert Mitchum (je sais que Mitchum était trop âgé en 1980, mais c’est par comparaison avec Hunter’s Night), ou De Niro (ah, cela, ç’aurait été fort).

23:05 Publié dans Tographe | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Il ne faut pas oublier que Kubrick considérait Shining comme une étude de genre plutôt qu'un plaidoyer en faveur de l'horreur. Les mimiques outrageusement exagérées de l'acteur sont justifiables dans la mesure où le réalisateur fait référence à la vision de l'épouvante chez les expressionnistes allemands. Il faut revoir Nosferatu! Nicholson incarne ici le mal d'une façon, je vous l'accorde, qui est dépourvue de toute subtilité. Cependant, son jeu vient constamment appuyer le suspense établi par des allusions à un imaginaire tordu et à des démons qui brillent par leur absence. Ces êtres maléfiques, se matérialisant hors-champ, ont une emprise constante sur le protagoniste. C'est justement à quoi Kubrick veut faire appel en nous présentant Nicholson comme une bête de cirque teintée par une certaine forme d'ironie.

Écrit par : Francois Thiffault | lundi, 17 octobre 2005

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