Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 07 août 2025

07082025

A* m’a prêté Champs de bataille, l’histoire enfouie du remembrement d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, que nous lui avions offert pour son anniversaire, et qui est une excellente bande dessinée documentaire, peut-être meilleure encore qu’Algues vertes. J’y ai appris énormément de choses, car je connaissais assez bien les problèmes liés à l’impact désastreux du remembrement des années 1950 à 1970 en matière de biodiversité, d’appauvrissement des sols et d’exode rural, ainsi que le rôle criminel des incitations gouvernementales et du grand lobby de la FNSEA, mais, en revanche, je ne savais rien de

la mise en place des premières expériences de remembrement sur les territoires dévastés par les guerres de tranchées, et donc dès le lendemain de la guerre de 1914-18 ;

la continuité entre les agronomes vichyssois et nazis et la mise sous contrainte des campagnes françaises dans le cadre du plan Marshall (une planche assez audacieuse met d’ailleurs en regard la croix gammée et le drapeau américain) ;

la position très technocratique et pro-remembrement de René Dumont dans les années 1940-1950, lui dont la bande dessinée rappelle qu’il a explicitement fait son mea culpa dans les années 1970 ;

l’internement forcé de plusieurs militants anti-remembrement dans les années 1970-80, la psychiatrie venant en renfort de la répression policière et des édiles municipaux.

 

La bande dessinée, qui est longue de 150 pages, est suivie d’un assez long cahier d’annexes intitulé « La parole aux archives », et qui a permis à l’autrice, Inès Léraud, ainsi qu’à son conseiller scientifique Léandre Mandard, doctorant interviewé dans la BD, d’appuyer le récit mais aussi de proposer quelques prolongements. Ainsi, je m’étais fait la réflexion, en raison de mon histoire familiale – mon père dit souvent que son engagement dans la protection de la nature dans les Landes est venu du traumatisme qu’a été, pour lui, le remembrement de sa Normandie natale à la fin des années 1950 – que la BD couvre un certain nombre de territoires (Bretagne surtout, mais aussi Champagne crayeuse, Haute-Vienne, Charente) mais pas la Normandie par exemple : eh bien, le cahier d’annexes évoque Alexandra Georges-Picot et sa thèse consacrée au remembrement d’un village du Cotentin dans les années 1980 (oui, si tard !).

 

Écrire un commentaire