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lundi, 23 juin 2025

23062025 (ILMC, saison 1)

Dans l’émission La Méridienne de ce matin sur Radio Campus Tours, mon collègue Arnaud Loustalot a expliqué, en réponse à l’excellente question de Mélissa Wyckhuyse (« en quoi une radio associative peut-elle être un vecteur d’émancipation et un lieu d’éducation populaire ? »), que, pour lui, toutes les radios associatives d’Indre-et-Loire ne relevaient pas de l’éducation populaire, car (et je le cite), pour répondre positivement à la question posée il faut :

  • donner la parole aux personnes qui ne l’ont pas
  • offrir un angle différent d’analyse de la société et des politiques publiques
  • ouvrir à des expressions culturelles nouvelles, alternatives et différentes de ce qu’on entend sur les radios mainstream

 

Me demandant si l’émission que j’anime depuis janvier, I Love Mes Cheveux, répond à ces trois critères, je peux assez facilement démontrer qu’elle « coche » les critères 2 et 3. Il suffit d’aller regarder même rapidement les playlists sur les pages des 16 émissions déjà enregistrées pour voir que les choix sont très différents de ce qu’on entend sur les radios mainstream. Pour l’ « angle différent », qu’il s’agisse de littératures autochtones nord-américaines ou invitant au décentrement, qu’il s’agisse de penser la diversité des langues comme une force, de réfléchir à l’insécurité linguistique, de perspectivisme animaliste, de parler de l’apprentissage des langues au sein même des cultures, de comprendre ce qu’a pu signifier la tentative d’effacement de langues non-européennes en contexte colonial ou de s’intéresser à un corpus de bandes dessinées dont la majorité ne sont même pas traduites en français (et je pourrais citer d’autres émissions), c’est évidemment ce que je cherche à faire.

Pour le point 1) je suis moins convaincu. Quand j’ai créé l’émission je voulais absolument que ce ne soit pas une émission connivente, entre traducteur·ices et/ou entre universitaires. J’ai donc pu faire venir au micro des étudiant·es de master et de Licence : en cela, l’émission avec les trois étudiantes allophones comme celle avec les deux étudiantes de LEA anglais/chinois ont permis d’entendre et d’écouter le point de vue et les parcours de vie de personnes qui constituent le cœur vivant de l’université mais ne sont pas toujours très écoutées. De même, il était primordial pour moi d’enregistrer des émissions avec des collègues non universitaires : de ce point de vue, l’émission avec mes collègues du CUEFEE et du Pôle R.I. Tanneurs est un premier pas, mais insuffisant ; j’accueillerai lundi prochain trois collègues qui viendront parler des missions à l’étranger et du partenariat NEOLAiA, mais à l’issue de la saison 1 je n’aurai organisé que deux émissions sur 18 avec cette autre catégorie de personnel trop souvent marginalisée, voire – si je risque ce mot – encline à pratiquer l’autocensure.

 

Pour le dire autrement : I Love Mes Cheveux n'est pas une émission « réservée aux linguistes », et encore moins aux enseignant·es.

Sur le point 1) l’émission « peut mieux faire ».

Le 7 juillet, normalement, je clos la saison 1 avec une émission spéciale Étonnants Voyageurs, en donnant la parole notamment à des maisons d'édition indépendantes.

 

12:22 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 18 juin 2025

18062025 (Kneecap)

Nous avons assisté à la première projection – suivie d’un bref débat avec, notamment, mon collègue Erick Falc’her-Poyroux – de Kneecap, film de Rich Peppiatt autour (et avec les trois membres) du groupe de rap d’Irlande du nord Kneecap.

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On ne s’ennuie pas une seconde, le film est très riche en allusions et références culturelles et historiques au conflit nord-irlandais, les questions politiques liées aux diverses assignations du gaélique sont assez bien abordées, et enfin la musique même du groupe (que je ne connaissais pas et qui chante un peu beaucoup en anglais quand même) est très bonne, très énergique. Et pourtant, le problème est que ce n’est pas tant un film qu’une suite de bribes de clips articulées autour d’un mauvais scénario de série télévisée dans lequel tous les personnages sont stéréotypés et toutes les situations sont d’une incroyable lourdinguerie ; j’ai vraiment serré les dents face à des répliques et des cadrages tellement rebattus que le franglais cringe est le seul mot qui s’impose. Le virilisme – qui est un vrai sujet de débat au sein du rap, même dans ses dimensions contestataires – n’est jamais discuté : les trois personnages féminins sont simplement en pâmoison devant ces « vrais mecs ». Protestants ou catholiques, on s’entendra toujours, visiblement, sur la structure hétéropatriarcale…

Or, le rap est devenu, de facto, et s’est affirmé – dans la durée – comme le mouvement musical transnational qui permet des expressions contestataires de qualité en mettant en avant, notamment, des langues minoritaires ou minorisées. L’ignorance (et la volonté délibérée de marginaliser le rap) était encore très évidente hier soir, y compris dans le public. J’étais un peu sidéré de voir que l’intervenant présenté comme spécialiste du rap n’avait pas d’autre réponse, à la question posée de l’existence de groupes de rap chantant en breton, que de citer La Tribu de Dana de Manau... Quitte à citer Manau, qui ne chante qu’en français, il aurait mieux valu citer Panique celtique. Et, même sans connaître Plouz et Floen (un duo qui a percé vraiment tout récemment), il me semble que citer Krismenn eût été la moindre des choses : cela fait quand même quinze ans qu’il est très présent sur la scène du rap en Bretagne (et donc en breton).

Sur cette question du rapport entre le breton et les langues minorisées, ça m’a amusé que mon voisin, un vieil ami, me glisse à un moment donné « y a-t-il du rap en ouïghour ? », car, de fait, j’en diffuse, sur la recommandation de mon invité Norbert Danysz, dans l’émission qui sera diffusée lundi prochain. J’en ai profité pour faire le point et noter qu’en quinze émissions j’ai diffusé, soit de mon fait soit – plus souvent – grâce à mes invité·es, des morceaux de rap en occitan, en turc, en quechua, en yoruba et pidgin nigérian, en afrikaans, sans parler de Baby Volcano qui mélange l’espagnol, le français et l’anglais dans la moitié de ses chansons.

 

lundi, 02 juin 2025

02062025 (une journée avec Alexander Dickow)

Très agréable journée avec mon ami, l’écrivain et traducteur américain d’expression française et anglaise Alexander Dickow.

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Nous nous connaissons depuis sept ans, échangeons régulièrement, mais nous ne nous étions jamais rencontrés en chair et en os. J’ai lu tous ses livres et quelques-unes de ses traductions, et l’occasion – double – en était sa résidence à la Maison Julien Gracq et l’enregistrement de la quatorzième émission d’I Love Mes Cheveux. Ce qui fut fait cet après-midi.

Mais l’essentiel est ailleurs, toutefois ; nous avons marché dans Tours, discuté de tout et de rien, bu des bières, et pu constater que, oui, nous avions pu devenir amis sans nous être encore rencontrés.

J’ai noté des conseils de lecture à foison.

Pour ce qui est de parler ici de son œuvre, je conseille, dans l’immédiat, d’aller farfouiller dans mon vlog, et d’attendre la diffusion de l’émission, lundi prochain.

 

23:07 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 26 mai 2025

26052025

C’est compliqué, ces temps-ci, de faire tout suivre.

Trop de projets en parallèle, mais il faut se rassurer en se disant que tout avance de front, parfois imperceptiblement. La semaine dernière, j’ai bien avancé sur Gurnah, au point d’envoyer samedi soir à mes collègues qui organisent le colloque de Lille en octobre pas moins de 4 hypothèses de propositions. Ananda Devi m’a envoyé le texte de sa nouvelle inédite, mais j’ai peu de réponses des collègues sollicités pour des articles. Je n’ai toujours pas remis sur l’atelier la traduction d’Aidoo, mais c’est prévu pour cette semaine. Enfin, l’ouvrage sur le plurilinguisme n’a pas avancé d’un iota depuis dix jours. Amma Darko, elle, reste introuvable, pour ne rien dire des manuscrits sur lesquels j’espérais pouvoir travailler.

On pourrait considérer que c’est un tableau mitigé, et c’est toujours vrai d’ailleurs, mais à l’impossible nul n’est tenu. Je ne parle pas de l’émission de radio, qui n’entre pas spécifiquement dans le cadre de mon travail, mais qui me fait lire et réfléchir, et surtout dialoguer en ouvrant des pistes sur ces questions de diversité culturelle et linguistique à partir d’expériences sans rapport avec la mienne, assez étroitement cantonnée à l’analyse littéraire et à une vision très linguistique, in fine, du plurilinguisme…

 

09:11 Publié dans 2025, ILMC, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 21 mai 2025

21052025

Ce lundi 19 mai 2025, une belle émission encore, à la découverte de la filière anglais/chinois en Langues Étrangères Appliquées à l’Université de Tours. Mes deux invitées, Kellyah Ettien et Saïlat Hassan Madjid, étudiantes de L1, ont deux profils différents : Kellyah a commencé le chinois en grand débutant en septembre 2024 (je ne savais même pas que c’était possible, comme on l’entend en direct), alors que Saïlat a suivi une classe bi-langues depuis la sixième, au collège Ronsard puis au lycée Vaucanson.

L’émission – la douzième – a été mise en ligne aujourd’hui.

 

08:15 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 05 mai 2025

05052025

Dix émissions déjà.

Celle de ce matin a été diffusée à l’horaire habituel (9 h 30 désormais) mais elle avait été enregistrée le 25 avril. Maintenant, je saurai que je peux faire cela, que j’en suis capable.

L’émission de ce matin était la première dans laquelle je n’avais pas seulement un·e invité·e, et cela implique un autre fonctionnement dans la circulation de la parole. Les 12 et 19 mai, de même, il y aura plusieurs invitées, des étudiantes de deux filières différentes.

Cela compte énormément pour moi, que l’émission ouvre une fenêtre sur des missions et des métiers au sein de l’université. Tout le monde va tellement mal, à l’Université, que c’est important d’avoir des moments comme ceux-là, où on construit ensemble, où on s’écoute, où on fait découvrir d’autres aspects de nos métiers.

 

16:03 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 29 avril 2025

29042025

J’ai terminé mon article pour la revue Éthiopiques ; Elvire a gentiment accepté de le relire avant que je l’envoie, et je sais que son regard sera précieux.

 

Nous avons mis en ligne aujourd’hui le podcast de notre émission d’hier, De l’allemand et du polonais au turc et au farsi : vivre dans les langues. Il y a des moments où ça partait un peu « dans les tours » mais le sujet était si riche… En la réécoutant, Elvire m’a fait remarquer que la deuxième moitié est meilleure car elle était moins stressée et aussi parce que je lui ai posé plus de questions, ou, plus exactement, parce que je l’ai davantage interrompue. C’est compliqué, car je veux justement faire une émission dans laquelle les invité·es ont le temps de s’exprimer, sans que je coupe ou relance sains arrêt ; mais il faut bien dire que quand quelqu’un parle plus de trois minutes au micro, quelqu’un qui écoute finit par « lâcher ».

 Par ailleurs, l’émission enregistrée vendredi dernier sera diffusée lundi prochain à 9 h 30. C’est la première fois que j’enregistre en amont, alors que le principe est plutôt de faire un live.

 

17:08 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 23 avril 2025

23042025

Hier, on a appris la mort du grand philosophe et écrivain V. Y. Mudimbe. Je l’ai découvert pendant mon doctorat, bien entendu, mais j’avais surtout lu ses romans (Entre les eaux, L'Écart) ; plus tard, bien plus tard, j’ai un peu butiné dans ses essais, alors qu’il est impossible de pratiquer ainsi avec lui. Depuis que Laurent Vannini a traduit son opus magnum (The Invention of Africa, 1988 — L’Invention de l’Afrique, 2021), je m’étais promis de le lire en entier. Il se trouve que j’avais travaillé l’après-midi même sur une page d’Ama Ata Aidoo qui ferait écho aux principales théories du Congolais (le texte d’Aidoo lui est antérieur). Il n’est jamais trop tard : bien que j’aie mille autres lectures sur le feu, je lirai, en 2025, L’Invention de l’Afrique.

Voici le début du chapitre III de L’Écart, que je viens d’aller chercher sur mes étagères :

Mes notes s’accumulaient. De véritables caresses. Une excitation. J’eus, des heures durant, la nette impression d’être à l’intérieur d’un feu. Il m’était doux. Un corps. Il me nourrissait. Sa force coulait en moi. Ma communion avec lui était profonde. Des idées me venaient, ma main les prenait en charge et elles s’inscrivaient, comme d’elles-mêmes, sur mes fiches.

Ce n’est pas (plus) souvent que cela m’arrive.

 

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Il faudrait, au retour d’un voyage comme celui que nous venons de faire sur la côte est des États-Unis (et encore, nous avons à peine vu ce qu’on appelle habituellement « la côte est »), pouvoir prendre quelques jours pour faire le bilan, ou plutôt : écrire le bilan. Ce n’est pas le cas, hélas. Ça n’a jamais été le cas. Il y a toutefois, de loin en loin, dans ces carnets, des pages écrites sur le vif, ou un peu plus tard, et qui font office.

 

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Depuis l’émission enregistrée avant-hier avec Claire au sujet des littératures autochtones du Canada, je me suis aperçu que je m’étais trompé systématiquement, à l’oral comme à l’écrit, en appelant inuktikut (avec deux t et deux k) la langue inuite qui se nomme en fait l’inuktitut (avec un k et trois t) ; dans mon arrogance, ou dans mon habitude de voir les noms d’auteur·ices et de lieux dont je parle ne pas être reconnus par le logiciel, je n’ai pas pensé que le soulignement en rouge par le correcteur orthographique attirait vraiment mon attention sur une bévue. L’erreur est corrigée sur la page Web ; pour ce qui est de l’archive sonore, elle conserve la trace de mon entêtement à dire n’importe quoi. Tant pis.

De façon plus intéressante, ma collègue Maud Michaud, de l’université du Mans, m’a indiqué une vidéo passionnante dans laquelle Amaury Levillayer présente son travail d’éditeur et un certain nombre des textes dont nous avons aussi parlé lundi. Cette intervention récente a eu lieu à l’occasion des 35e Carrefours de la Pensée, en mars 2022, au Mans.

 

 

lundi, 24 mars 2025

24032025

Aujourd’hui, l’émission, enregistrée pendant près de deux heures avec Mélissa Wyckhuyse à mes côtés pour l’entretien (et donc « en coproduction avec La Méridienne », ça claque), a été mise en ligne dans l’après-midi. Je passe un certain temps à rédiger une page Web qui contient des informations et des liens, ce en dépit du fait que l’audience de l’émission est certainement assez faible, mais parce que je me dis que l’archive de l’émission finira par constituer quelque chose d’assez riche.

Avec Bernard De Meyer, nous avons surtout parlé de la journée d’études de jeudi, et d’ailleurs Mélissa a bien fait de nous recadrer car, lors de discussions sur des sujets que je maîtrise, j’ai tendance à ne pas demander assez à mon interlocuteur·ice d’expliquer mieux, de vulgariser. Or, dans l’idéal, l’émission devrait pouvoir être écoutée et suivie par des personnes de tous horizons.

 

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Soir : revu Mulholland Drive pour la troisième ou quatrième fois. Contrairement à ce qui se passe avec Lost Highway, le principe de symétrie fonctionne suffisamment pour que le charme s’estompe en partie à force de le voir. J’ai encore dû vérifier, mais le mafioso cracheur de café est bien interprété par le compositeur Angelo Badalamenti. (Oui, je sais, en général les commentaires au sujet de ce film, à commencer par les miens, s’excitent davantage sur les perruques, le plurilinguisme, le couple de vieux, les deux clés bleues, les deux apparitions du cowboy etc.)

 

20:48 Publié dans 2025, ILMC, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 10 mars 2025

10032025

5 h 10

Ce rhume me flingue une nuit après l’autre. Ce matin, il fallait que je me lève : expectorer, cracher — bref, toute la lyre ragoûtante du petit Argan portatif. (Enfin, pas toute : ni lavements ni clystères, merci bien.)

J’écris ceci avant même d’ouvrir le navigateur Web, car sinon après, une chose une autre, et une heure a filé.

 

Aujourd’hui j’enregistre la cinquième émission d’I Love Mes Cheveux, avec mon ancienne collègue Priscille Ahtoy, avec qui j’avais organisé une rencontre (précédée de deux communications) avec la romancière Mariam Sheik Fareed, en mars 2023. Comme j’ai des milliers de questions à lui poser, et comme, pour la première fois depuis que j’ai commencé cette émission, je devrai rendre l’antenne pour 11 h pile (Mélissa enregistre une Méridienne, ce lundi), il faudra sans doute qu’on en enregistre une autre dans pas si longtemps. J’hésite : est-ce que je fais « sauter » la lecture que j’avais prévu ? est-ce que je ne diffuse qu’une seule chanson au lieu de deux, génériques exclus ? Ah là là, grande différence avec le métier d’enseignant : en général, on peut laisser quelque chose en suspens et le finir à la séance suivante.

Autre différence, d’ailleurs : je rédige mon intro, les rubriques et même certaines questions. Il y a fort longtemps que, cours d’agrégation exceptés, je ne rédige plus rien pour faire cours : pour les T.D., un document didactisé qui a servi de base au travail des étudiant·es et des idées très précises quant à mes objectifs pédagogiques ; pour les C.M. un Power Point avec très peu de texte (uniquement les concepts et les citations, afin de ne pas devoir dicter x fois), et ensuite j’improvise ma présentation. Pour la radio, je suis rassuré d’avoir un « conducteur » plus détaillé ; c’est un peu idiot car, à la vérité, il entre beaucoup d’improvisation dans l’émission. La dernière fois, je n’ai pas posé la moitié des questions que j’avais préparées ; cette fois-ci, ce sera pire.

 

Je vais bientôt basculer dans le fichier Chantier CRCT, car je dois noter ma progression dans la relecture d’Empreintes de crabe (ce n’est pas si mal), ainsi que quelques références. Au cours de mon séjour à Nantes, j’ai acheté, à la librairie Les Bien-Aimé·e·s (ça me fait bizarre de redoubler le point médian, ce que je ne fais jamais), l’essai de Brent Hayes Edwards traduit par Jean-Baptiste Naudy et Grégory Perrot aux excellentes éditions Ròt-Bò-Krik [Pratique de la diaspora, 2024] et dès la préface lue en écoutant Mabanckou dire n’importe quoi sur Angela Davis et faire le show pour sa cour, j’ai noté plusieurs choses qui pourraient se trouver, sinon au centre, du moins dans une des articulations de mon projet. (Mais n’ai-je pas déjà écrit ça vendredi ?)

Outre tous ces livres qui s’accumulent devant moi sur le bureau (mais qui n’empêchent pas encore de voir l’écran de l’ordinateur), il y a le petit carnet noir et blanc acheté jeudi à Nantes avant la rencontre à la médiathèque Floresca-Guépin, dans lequel j’ai noté des foules de choses, dont une dizaine de pages après ma lecture de Profaner Ananda. Heureusement que cette pratique d’écrire dans des carnets est rarissime pour moi, sinon je sens que la maison, aussi, en serait envahie.

 

05:30 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 01 mars 2025

01032025

Beaucoup avancé dans Empreintes de crabe, et donc écrit un peu (beaucoup) dans le fichier de travail. Donc pas trop ici.

Rien d’autre à signaler que le fait que j’ai pu mettre en ligne, hier, le podcast de la quatrième émission de I Love Mes Cheveux. C’était avec mon ancien collègue et toujours ami Eric Rambeau, et on a parlé d’otaries et de phalènes, du joycien comme langue, de la traduction à la chaîne d’ouvrages de vulgarisation, de Lo’Jo, des recherches de vocabulaire scientifique avant l’avènement du Web etc. Bref, c’était bien cool.

 

19:22 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 24 février 2025

24022025 - quinze notules en lisant Ilan Stavans

Dans le train qui va bientôt partir de la gare de Saint-Pierre-des-Corps, j’ai posé, derrière l’écran de cet ordinateur portable, le livre que j’ai commencé à lire, la traduction française (par Sylvie Kleiman-Lafon) du livre d’Ilan Stavans, Sur l’auto-traduction (Hermann, 2022). Selon ma manie, mais plus encore ici vu que cette lecture est en lien direct avec mes recherches du moment, j’ai commencé à griffonner des bouts de citation et des numéros de page sur une feuille volante. Comme le billet que j’ai pondu hier soir à la va-vite est vraiment très foutraque, et comme je l’ai publié tel quel en connaissance de cause, c’est-à-dire parce que, si j’avais voulu revenir au roman de Belcourt après mon retour de Marseille, il m’aurait fallu dix fois plus de travail qu’à chaud, voici ce que j’ai à écrire sous forme de faits et de notations numérotées :

(1) Je me suis procuré ce livre car il m’a été conseillé par Louis Pichot dans les commentaires de la troisième émission de radio I Love Mes Cheveux enregistrée le 3 février avec Bayan Ramdani.

(2) Je me le suis procuré en français, et non en anglais, car :

(2a) sans l’avoir rencontrée, j’échange depuis plusieurs années avec la traductrice (SKL) sur les réseaux sociaux ;

(2b) lire dans une cinquième langue un essai sur la traduction et le plurilinguisme écrit par quelqu’un qui dit naviguer entre quatre langues est séduisant en soi.

(3) On ne fait jamais assez de promotion pour son propre travail. Ainsi, je suis sûr que je suivais déjà attentivement les publications de SKL en 2022, mais ce livre m’avait échappé. Je ne dis pas qu’elle n’en a pas parlé et qu’elle n’en a pas signalé la parution. Je dis qu’elle aurait dû matraquer

(4) En conséquence de quoi je rappelle que je me trouve dans un train pour Marseille car je vais donner une séance de séminaire demain à l’E.H.E.S.S. au sujet de mes deux traductions, Une histoire des Noirs d’Europe d’Olivette Otele (Albin Michel, 2022) et Noires origines de Howard French (Calmann-Lévy, 2024). Lisez-les, faites-les connaître !

(5) Trêve de plaisanterie, l’ouvrage de Stavans est en fait un recueil d’articles. Il y reprend un certain nombre de ses chroniques, préfaces, billets etc. Seul le premier chapitre, de moins de dix pages, porte spécifiquement sur l’auto-traduction. Bonne nouvelle : je vais pouvoir m’en servir.

(6) En écrivant ce billet, j’ai commis deux fautes de frappe lors de mes saisies du mot auto-traduction: autor-traduction et aito-traduction. Je vois comment je peux faire jouer et signifier le premier néologisme, mais le second m’interloque.

(7) Dès la première page du premier chapitre, j’ai aimé que la traductrice ait marqué le texte de son empreinte avec un passé surcomposé. Ce temps, qui me rappelle toujours mon grand-père maternel, est sous-employé par les traducteurices.

(8) Dans le premier essai de la troisième partie, qui reprend notamment le texte d’une conférence sur la traduction prononcée par Stavans en Chine, il y a une proposition avec laquelle je suis plutôt d’accord (et que je trouve, à cet égard, stimulante) et une proposition, placée immédiatement après la précédente, et avec laquelle je suis radicalement en désaccord (et qui pourrait constituer, de façon plus stimulante encore, le point de départ de toute une partie de ma réflexion sur la tritralogie de Nganang).

(9) Dans la chronique consacrée aux erreurs résultant du logiciel d’autocorrection des téléphones, qui n’a pas en soi grand intérêt (et qui est déjà très obsolète), il y a probablement une prouesse de traduction de SKL : à la page 49, elle propose une chaîne parler / panier / parier / planer dont je n’imagine pas du tout à quoi elle correspond dans le texte anglais.

(10) Dans l’essai qui donne son titre au livre, Stavans (enfin, Stavans traduit par SKL) dit ceci :

« Le principal bénéfice du multilinguisme est un sentiment de libertés, de possibilités infinies. Le principal inconvénient est un sentiment de vivre comme en suspension, de n’appartenir à aucun endroit en particulier. » (p. 17)

(11) En notant cette phrase, je me suis dit qu’il allait falloir que je fasse des recherches sur les différences entre plurilinguisme et multilinguisme.

(12) Les deux dernières phrases de ce même essai (que je recopierai plutôt dans mon fichier de recherche) parlent d’une « traduction dépourvue de texte original » (p. 19). Mutatis (multe) mutandis, on ne saurait mieux décrire mon « extatique tourment » en relisant et travaillant le texte allemand des deux romans d’Amma Darko.

(13) Suite à ma notation n° 8, d’aucun-es doivent ici se demander quelles sont les deux propositions que j’approuve et réprouve respectivement. Les voici donc :

(13a) « un traducteur ne s’épanouit pas dans la contradiction, même si la contradiction est au cœur de l’acte de traduire » (p. 54)

(13b) « Traduire, c’est lancer un pont entre deux habitats linguistiques représentant chacun une culture différente. » (id.)

(14) Pour expliquer ce qui ne va pas dans la seconde proposition, il y a une version longue, qui sera peut-être un livre, ou plutôt un chapitre du livre que je projette d’écrire sur Aidoo, Darko et Nganang. Et une version brève, qui consiste à contredire l’idée d’homogénéité culturelle au sein d’une langue. Chaque habitat linguistique (et même là, l’homogénéité n’est pas juste) représente plusieurs cultures différentes, et, souvent un faisceau indémêlable de plusieurs acceptions culturelles au sein d’un idiome pluriel.

(15) Le chef de bord vient de dire qu’il restait 135 kilomètres avant Paris, ce qui signifie qu’à la vitesse du TGV il me reste à peine le temps d’achever ce billet, de me connecter au WiFi du train et de publier ces 15 notules.

 

13:07 Publié dans 2025, ILMC, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 février 2025

03022025

Ce matin, enregistrement en direct de la troisième émission d’I LOVE MES CHEVEUX, avec Bayan Ramdani, qui, comme Marie-Aude Ravet il y a deux semaines, est un « bon client » : prolixe, intelligent, capable de dérouler une anecdote de manière vivante et de la prêter à d’éventuelles généralisations. C’était vraiment sympathique, et je m’éclate de plus en plus en faisant cette émission. (Par contre, on a encore débordé de vingt minutes ; il faudrait que je me discipline.)

Entre le moment où j’ai fermé la porte du garage et l’arrivée du tram à la faculté de droit, il s’est écoulé trente-neuf minutes : je pense avoir établi une sorte de record, mais il faut dire que le bus est arrivé à l’arrêt Torricelli au moment où j’y arrivais.

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Bientôt fini Les blattes orgueilleuses de Lynda Chouiten, son troisième roman, qu’elle m’a gentiment envoyé (publiés en Algérie, ses livres sont hélas impossibles à commander en libraire en France) ; j’ai écrit sur Bluesky que je n’étais pas loin de penser que c’était son meilleur.

Il faut dire que le sujet est casse-gueule, et que le genre auquel il appartient (le campus novel) me laisse habituellement froid : par contrecoup, le fait que ça monte en puissance, d’un point de vue narratif et stylistique, est d’autant plus magistral. Je suis persuadé que ce roman sera un jalon important dans le cadre des récits de la révolution de 2019 (Hirak / ⴰⵎⵓⵙⵙⵓ), d’autant qu’il permet de penser l’identité kabyle de façon complexe.

 

lundi, 20 janvier 2025

20012025

Aujourd’hui, avant de prendre le train, dans le coton grisâtre et brumeux qui enveloppe la Touraine, à de rares exceptions près, depuis trois mois, le froid en surplus depuis quelques jours, j’ai enregistré la deuxième émission de radio I Love Mes Cheveux avec Marie-Aude Ravet.

Après, lors du trajet et de l’assez longue correspondance à Bordeaux Saint-Jean qui m’a fait constater que « la forme d’une ville gare / Change plus vite hélas que le cœur des mortels », j’ai écouté en boucle le nouvel album de Mathieu Boogaerts, en continuant de lire Séverin et Brautigan, et en scrollant aussi, fatigué, m’effondrant bêtement en sanglots au sud d’Angoulême.

Notre train a eu une demi-heure de retard, car le train précédent avait percuté un animal.

 

mercredi, 15 janvier 2025

15012025 (ILMC & NdT)

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La première de mon émission de radio, I LOVE MES CHEVEUX, est donc enfin en ligne. Elle a été enregistrée en direct avant-hier, lundi. Pour la petite histoire, on entend mal la musique de générique au début, mais je compte améliorer cela la prochaine fois ; de même, il y a un blanc étrange vers 4'50" : j'étais perturbé de voir Mélissa modifier des réglages sur les manettes car on entendait mal le retour dans les casques, apparemment...

L’idée est d’en enregistrer deux ou trois par mois ; normalement, j’ai mon programme d’invité·es jusqu’en mars. Il est essentiel pour moi que cette émission ne se résume pas à inviter des traducteurices et à parler de leurs traductions : d’excellentes émissions et podcasts existent déjà avec cette ligne éditoriale. Mon souhait, depuis que j’ai conçu le projet, est de tout articuler autour du territoire, donc de l’université bien sûr (c’est Radio Campus Tours) et plus généralement de la métropole tourangelle. Je ne penserai avoir atteint mon but que lorsque des représentant·es de toutes les catégories de personnel et des étudiant·es de toutes les filières seront venu·es parler au micro.

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Une des questions presque marginales qui s’est posée, lors d’un échange avec Louison Millet autour de la traduction d’un mot coréen que je ne saurais ni restituer en hangeul ni donner en transcription, et dont elle disait qu’il n’était pas traduisible en français, en particulier en raison de ses connotations historiques, est celle des notes du traducteur ou de la traductrice. C’est un vaste sujet, et une question à laquelle, comme toute personne qui traduit ou qui lit des traductions, je réfléchis depuis longtemps.

Il est impossible de faire le tour de cette question dans un billet de blog, mais disons qu’il y a grosso modo deux écoles, et, au sein de ces écoles, cinquante nuances, bien sûr. D’une part, l’idée que la NdT est un aveu d’échec, une scorie à éviter à tout prix, et c’est souvent le cas des éditeurices, qui préfèrent, le cas échéant, ouvrir un espace à læ traducteurice, par exemple une postface permettant d’expliquer et de justifier certains choix ; cette idée a notamment une certaine pertinence pour la traduction de textes littéraires, dans la mesure où les idées (et donc les référents des mots) ne sont pas le seul, voire pas le principal objet/objectif du texte. D’autre part, il y a l’idée que la traduction est une opération intellectuelle et linguistique nécessaire, mais qu’elle est vouée en soi à ne pas permettre une nette et équivalente compréhension de tel mot ou de tel passage, contexte etc. : dans cette optique, la NdT se comprend comme un prolongement du texte traduit, qui donne un élément de compréhension primordial. Comme je le disais, ces deux positions admettent des nuances multiples : ainsi, Claire, avec qui j’en ai longuement parlé lundi soir, déplore que certaines traductions de textes issus de cultures non européennes finissent par anthropologiser le texte littéraire en le surchargeant de notes sans lesquelles le récit resterait en fait entièrement compréhensible en tant que récit, fût-ce au prix d’une certaine étrangeté/étrangèreté constitutive de sa lecture.

En quelque sorte, ces questionnements recoupent en partie le vieux débat (en partie stérile ou vicié) des « sourcistes » et des « ciblistes », ainsi que la question post-coloniale de l’inscription des mots ou phrases en langues non européennes dans des textes écrits en langues européennes (ce que Ngũgĩ wa Thiong’o nomme les littératures afro-européennes, cf Decolonising the Mind, pp. 26-7) : quel sens donner aux glossaires, aux équivalences intégrées, à ces différents dispositifs de mise à disposition du sens, et donc d’homogénéisation partielle ou total d’un texte hétérogène car profondément plurivocal (au sens bakhtinien) ? On touche là à mes obsessions de plusieurs années déjà, explorées dans plusieurs séminaires, et qui, au fond, trouvent à se réexprimer dans le gros projet de recherche dans lequel je m’embarque pour mon sabbatique.

Pour en revenir à la question des NdT, il faudra que je fouille un peu afin de voir si ça n’a pas été déjà fait, mais il y aurait certainement un colloque à organiser autour de ces questions, car, au-delà des questions essentielles de la transmission, de l’opacité, du « reste après traduction », ou des genres différents (la NdT est évidemment valorisée dans le cas des textes philosophiques, par ex.), la NdT, très entre autres, peut servir désormais de signal anti-IA, autrement dit la preuve qu’un·e traducteurice humain·e est à la manœuvre.