mercredi, 11 juin 2025
11062025
Cela faisait dix-neuf ans que je n’avais pas vu Nuruddin Farah, et en fait pendant dix-huit ans le contact avait été rompu même par mail. C’est moi qui l’ai recontacté il y a trois mois, et le hasard ayant fait qu’il soit de passage à Paris, j’ai sauté dans le premier train du matin et ai passé deux petites heures avec lui dans un café d’Asnières.
Nous avons parlé de beaucoup de choses, notamment de son insistance toujours plus catégorique à ne pas se mêler de ce qui n’est pas l’écriture de son œuvre : il ne lit pas la presse, il ne lit pas les travaux universitaires, ne lit pas les traductions dans les langues qu’il connaît. Je me rappelle qu’à l’époque où j’ai écrit ma thèse et traduit Yesterday, Tomorrow ce côté était extrêmement rassurant. Je ne comprends pas les traducteurices ou les universitaires qui pensent que quelque chose leur manque s’iels ne peuvent pas échanger avec l’auteurice. Bien sûr, échanger avec Nuruddin Farah m’a apporté beaucoup, mais il était très important aussi que cela se fît après ma thèse ; j’ai échangé quelques mails avec lui en 2000, et je l’ai rencontré deux fois alors que j’étais déjà maître de conférences.
Je veux croire à l’importance de certaines coïncidences. Ce matin, juste avant d’arriver à la gare d’Austerlitz, j’ai lu – dans le roman d’Eliana Alves Cruz que j’aime beaucoup mais que j’avais un peu laissé traîner – la phrase suivante : « Le meilleur endroit pour se cacher c’est sous le nez de celui qui cherche. » (p. 184). Or, j’ai beaucoup réfléchi, depuis trois mois, aux derniers romans de Nuruddin Farah, ces fameux romans qui n’ont pas trouvé d’éditeur en France, et notamment à Hiding in Plain Sight, dont je me demande depuis onze ans comment on pourrait traduire son titre. La phrase de Zé Savalu, dans le roman traduit par Daniel Matias, fait écho à ce titre.
L’essentiel de ce que Nuruddin m’a confié a trait aux deux livres de lui qui paraîtront bientôt. Je n’en dis donc rien ici.
15:16 Publié dans 2025, Affres extatiques | Lien permanent | Commentaires (0)
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