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lundi, 11 mars 2024

11032024

Épuisé… à quoi servent les vacances… à travailler.

Hier soir, j’ai fini de traduire le chapitre 37. Il me reste les dix pages du chapitre 38, les 9 pages d’épilogue et de remerciements, et surtout les 50 pages de notes (qui seront très mécaniques – j’ai gardé pour la fin toutes les notes de pures références bibliographiques).

 

Certes, le deadline est… aujourd’hui. Mais l’éditrice m’a dit qu’il n’y avait aucun problème pour m’accorder une semaine, voire davantage. Toutefois j’aimerais désormais en être débarrassé le plus vite possible. J’espère pouvoir faire des relectures dans le train mercredi et jeudi.

 

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jeudi, 07 mars 2024

07032024

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Quand tu avais déjà eu une idée de traduction le 27 février, deux jours avant de partir en “vacances”, mais que, ne t'en souvenant pas, tu as retraduit le titre le 1er mars... différemment...

(Le titre original : « PEOPLE SCATTERED, A CONTINENT DRAINED ».)

lundi, 26 février 2024

26022024

Réveillé, sans doute par un cauchemar, que je ne me rappelle pas du tout. Du coup, levé à 5 h 35, ai éclusé une partie du travail en rade, dont les 9 fiches d’évaluation orale des L3 ; pour l’une d’entre elles, j’ai dû aller copier-coller pas moins de 35 prononciations dans l’OED, en hiérarchisant ensuite les types d’erreur dans la fiche — j’espère que l’étudiante va regarder ça de près et travailler ces mots en particulier, et, plus généralement, le placement accentuel.

 

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jeudi, 22 février 2024

22022024

Du mal à m’endormir (toujours à cause des restes de pharyngite), et réveillé très tôt (4 h peut-être (j’ai fini par me lever à 5 h)), nez pris par la sinusite ; cela fait deux mois ; j’en ai marre. Je vois la docteure aujourd’hui, pour qu’elle interprète le scanner d’hier (polypes ?). Pas à me plaindre : je me sens en forme et plutôt plein d’énergie (même si là, j’aurais aimé une nuit moins courte).

 

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Par ailleurs, j’ai un peu de retard sur tous les fronts, et par exemple, même si c’est sans importance, dans ces carnets. J’ai même, ce matin, à la hâte, rempli les six dernières journées du carnet manuscrit. Malgré le travail je réussis à lire un peu (hier soir, 70 pages de l’essai de Didi-Huberman sur l’Arbeitsjournal de Brecht), et j’ai déposé dans les temps mon premier dossier de CRCT. Je crains de ne même pas obtenir un semestre.

 

Sinon, il me reste 140 pages à traduire avant le 31 mars, et alors que je vais intervenir dans deux séminaires, à Lyon et à Tours, en mars justement. Vu que je réussis à traduire 10-12 pages les « bons jours » ça a l’air simple… sauf que j’ai rarement plus de deux jours par semaine à consacrer à cette activité. Un coup de collier sur les dix jours de « vacances » s’impose. — Il y a aussi que je n’ai pas, dans ce décompte, inclus toutes les notes de bas de page, laissées en blanc pour le moment. Or, j’ai créé hier, dans le chapitre 27, le 300e appel de note. Miam !

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samedi, 17 février 2024

17022024

Pour cette Journée Portes ouvertes, nous n’étions pas – pour la première fois depuis près de vingt ans – en salle 32, mais en salle 12. Elle est plutôt plus agréable, même si le volume sonore, quand nous étions huit ou neuf simultanément à renseigner des lycéen·nes, était un peu pénible. Or, ça n’a presque pas désempli, même aux heures habituelles de désert (entre midi et deux et après 16 h). Les étudiant·es présent·es étaient super (comme toujours).

 

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lundi, 12 février 2024

12022024

J’ai retrouvé aujourd’hui, en cherchant autre chose dans un de mes comptes d’archivage gmail, un vieux tapuscrit de 2014, Le Moine qui arrouméguait, livre qu’il faudrait continuer à mettre en forme et compléter mais qui, même en le reparcourant dix ans plus tard, tient la route.

 

Traduit 14 pages (27 depuis samedi). —— Quelques coriacités.

 

mardi, 06 février 2024

06022024

Et dire que j’ai attendu d’avoir presque cinquante ans pour faire cours sur Jamaica Kincaid…

C’est à l’été 2022 que, sollicité par mes collègues responsables de la double licence anglais-espagnol pour proposer un cours sur « les littératures des Amériques » pour le module spécifique, en deuxième année. N’étant pas américaniste, mon premier réflexe a été : Caraïbes. Et puis : autrices. Et puis : pourquoi pas des autrices écrivant dans les deux langues de référence du diplôme (même si je n’ai jamais étudié l’espagnol). Et donc : autrices vivantes, hispanophones et anglophones, des Caraïbes.

Donc le tout premier recueil de Kincaid, pour faire simple (At the Bottom of the River). Et l’occasion d’aller piocher dans l’anthologie bilingue de Nancy Morejon avec traductions en anglais. Et j’ai découvert une géniale anthologie, dont j’ai fait acheter trois exemplaires à la B.U. : The Sea Needs No Ornament / El Mar No Necesita Ornamento.

Et donc lors du premier cours on avait tourné autour de “Girl”, et aujourd’hui autour d’“In the Night”. Car rien de moins juste que d’écrire que je « fais cours sur » Jamaica Kincaid. On pourrait passer des heures à lire et relire et parler de cette nouvelle en cinq parties. Mais j’ai attendu d’avoir presque cinquante ans.

 

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vendredi, 02 février 2024

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Violet sur jaune sur orange, c’est dans la réglette du tableau noir vert bouteille de la salle 23 du site Fromont les seules craies, hormis deux minuscules morceaux de craie blanche, dont je me suis quand même servi – écrire à la craie, est-ce que ça me rajeunit ? n’est-ce pas, en un sens, inimaginable ? – car orange sur jaune sur violet, ça n’est pas ce qui se fait de plus visible, mais en fait finalement si, de sorte qu’au tableau on a pu lire, lisiblement :

Ben Okri

Africanfuturism

metafiction

knowledge as intuition

Garcia Marquez

 

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jeudi, 01 février 2024

Le Voisin de zéro

C’est le premier jour de février, et j’étais aux Tanneurs à 6 h 55. Je ne sais même pas s’il y a un mot d’ordre de grève dans l’enseignement supérieur, où tout est à vau-l’eau, en débandade ; habituellement, je préfère verser ma journée de salaire aux caisses de grève ; aujourd’hui, je ne pourrai même pas manifester, c’est nul (je suis nul).

 

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Cet opuscule de Cixous, paru l’année du centenaire de la naissance de Beckett, m’avait échappé, comme m’échappe généralement ce qu’écrit Cixous : je n’y comprends rien.

Ici encore impression que HC garde tout, ne jette rien, et après tout pourquoi pas si nous acceptons d’être engloutis dans son galimatias. Pourquoi va-t-elle pêcher le Purgatoire de Dante ? Et Kafka, ça s’entend, lui dont c’est cette année le centenaire (de la mort).

 

On ne devrait parler que du centenaire des centenaires, ça apprendrait aux autres.

 

L’analyse, c’est l’art de découper à l’infini. L’art d’approcher, de Beckett le découpeur. En approchant de la chose exacte, donc première approximation et erreur, pour corriger l’erreur tu estimes l’erreur en commettant une erreur plus petite, tu approches la chose exacte, la fin, en faisant des erreurs de plus en plus fines. (p. 62)

 

samedi, 27 janvier 2024

Rousse

Quand j’ai cherché le livre dans une librairie où je vais rarement – trop grande, trop généraliste – le libraire à qui je l’ai demandé, pensant que j’en avais entendu parler de cette façon, m’a montré du doigt la table réservée aux ouvrages « passés à la télé ». Et effectivement, ce que je vais dire est méchant, mais Rousse est un livre parfaitement calibré Grande Librairie (du trapen-art).

Rousse (27012024)

 

Mais bref. Reprenons au commencement. Rousse, premier roman publié de Denis Infante (« envoyé aux éditions Tristram par la poste » dit – dans un exaspérant mensonge plein d’affèterie – le rabat de la 3e de couverture), est l’histoire d’une renarde, racontée du point de vue de la renarde (et aussi, par bribes, du point de vue de plusieurs autres animaux non humains). Comme beaucoup de livres commencent à filer ce filon, je me dis à chaque fois que je devrais relire La dernière harde de Genevoix ou De Goupil à Margot de Pergaud – très lointains souvenirs.

Le livre est en trois parties de longueur inégale : « La matière » (pp. 9-94 ; récit à la troisième personne mais du point de vue de Rousse), « L’esprit » (pp. 95-128 ; récit de Rousse à la première personne), « L’existence » / ‘Eau amère du monde’ (les trois dernières pages, encore narrées par Rousse). Pour dire la différence de point de vue, pour tenter d’écrire en non-humain (c’est tout le paradoxe, voire l’aporie, du perspectivisme [cf travaux d’Emilie Dardenne notamment]), Denis Infante invente une syntaxe qui s’écarte partiellement de la langue française standard. Le trait le plus saillant est l’absence d’articles définis, toujours remplacés par des articles ø. D’autres traits moins évidents s’ajoutent à ce dispositif, en particulier la surabondance d’adjectifs (au point qu’autour des pages 30-40, ne voyant plus que ça, je lisais en repérant tous ceux qui n’apportaient absolument rien, voire affadissaient le récit).

Autre écart, le choix de procéder fréquemment à des inversions sujet/verbe que pas grand-chose n’explique : « Puis, au point du jour nouveau, aussi brusquement qu’elles avaient commencé, cessèrent rafales, s’évanouirent hurlements, se turent grondements, retomba poussière. » (p. 92) Je pense que c’est juste un écart, juste une manière d’affecter des marqueurs linguistiques à la différence, à ce qui différencie fondamentalement l’instance focalisatrice des narrateurices ou protagonistes habituel·les des récits publiés.

Donc dans cette langue – et j’insiste sur le fait qu’en ce sens c’est un livre très littéraire, très écrit, expérimental – nous est raconté une sorte de conte. Ce conte, comme on va finir par le comprendre quand Rousse aura franchi le grand fleuve, est un récit post-apocalyptique : curieusement, l’espèce humaine a été anéantie, mais les animaux ont survécu. Les animaux ont survécu, mais peut-être en mutant (cf les kraken/krakodiles), et surtout dans un espace géographique difficile à définir, dont le paysage pourrait être celui de l’Amérique du nord, mais où vivent et cheminent des éléphants. Hypothèse commode : le désastre a modifié totalement le climat des continents. Mais est-ce si sûr ?

C’est sans doute cela, la grande réussite du roman de Denis Infante : cette incertitude. Ce qui est moins réussi, c’est la façon dont le récit ne cesse d’investir la nature et les animaux non humains d’un spiritualisme new age pas très inventif et faussement apolitique, avec le personnage du corbeau « Noirciel, qui est Maître, qui sait » (passim), grand initiateur qui relève plus de Yoda que de Bouddha (même si en fait ici ça revient au même).

 

*

*              *

 

En écoute : Evgueni Galperine – Theory of Becoming (ECM, 2022). Beaucoup écouté cet album à l’automne, et de nouveau ces jours-ci. Avec sa couverture faite de deux œuvres (gravure et huile) représentant un loup usant d’un masque humain, l’album était idéal pour accompagner la fin de ma lecture de Rousse. Par contre, rien de kitsch dans ce projet dont les compositions électroniques / samples s’ornent sur certains titres de phrases trompette et violoncelle, l’ensemble très beau, très poignant, et plutôt in-ouï.

mardi, 23 janvier 2024

23012024

Aujourd’hui, après avoir réussi quand même à faire cours (finalement, la discussion autour de Girl de Jamaica Kincaid a occupé toute la séance), j’ai appris, en discutant avec deux étudiantes, qu’une de leurs camarades, dont je demandais des nouvelles car je pensais qu’elle faisait partie de celles qui étaient parties à l’étranger pour le second semestre, a en fait abandonné le cursus en décembre. Cela m’a fait de la peine, car j’avais ces étudiant·es l’année dernière en L1, et elle, elle était redoublante ; toute l’année elle s’est accrochée, et elle a donc réussi à passer en L2. De mon point de vue, le plus dur était fait ; le cas des étudiant·es qui redoublent leur L1 puis enchaînent les années suivantes est assez classique. Elle a donc jeté l’éponge ; c’est triste. En novembre, je l’avais vue et elle semblait hyper motivée pour candidater à un poste d’étudiante d’échange en Afrique du sud. Ce que je devine de sa situation me déprime plus encore, je dois le dire.

 

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dimanche, 21 janvier 2024

Le colorisme (Alessandra Devulsky, trad. Paula Anacaona)

L’éditrice et traductrice Paula Anacaona poursuit son travail précieux et essentiel de faire connaître en français tout un corpus de sociologie et d’anthropologie brésilienne. J’avais recensé en 2021, pour Littéralutte, deux essais fondamentaux de Djamila Ribeiro. Ici, j’ai eu le grand plaisir de lire l’essai d’Alessandra Devulsky Le colorisme. Métissage, nuances de couleurs de peau et discriminations (2021, 2023).

Il se trouve que ma lecture de l’essai a commencé peu après plusieurs billets de Patrice Nganang lors de la mort de Henri Lopes, et dans lesquels il disait notamment – dans le contexte africain, donc – qu’il fallait rétablir la vérité, et que le « métissage » vanté par Lopes n’était qu’une dissimulation néo-coloniale des spectres coloristes :

Ce qui reste, c'est le sang qui a coulé sous sa responsabilité, le sang, le sang, le sang de son propre peuple. Ce qui n'est pas dit, et qui se manifeste au Cameroun aussi, est que le colorisme était son instrument de pouvoir – le fait d'être métisse, tel qu'on le voit au Cameroun aussi, bref, le racisme à l'envers qu'il appelle “métissage”. Non, c'est le colorisme. (P. Nganang, post Facebook au sujet de la nécro de Henri Lopes dans le NY Times, 3 décembre)

 

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Comme plusieurs passages de l’essai d'Alessandra Devulsky sont très importants et qu’ils vont me servir à articuler plusieurs arguments lors de mes cours (en particulier séminaire de master et cours de 2e année sur les écritures féminines décoloniales de la Caraïbe), je les reproduis ici tout en vous incitant à vous procurer cet essai (et à aller explorer le catalogue des éditions Anacaona).

 

Le colorisme ne se limite pas seulement à l'aspect physique ; il reflète une hiérarchie raciale pernicieuse qui correspond à un projet politique : diviser les Noir·es pour entraver l'émancipation socio-raciale. Au Brésil, l'esclavage et le processus colonial se sont servis de ses hiérarchies raciales, ce qui a impacté la construction identitaire de ces sociétés. (p. 12)

 

Le capital se sert de données culturelles pour fragiliser la majorité des femmes – qui, dans le cas du Brésil, sont noires – hiérarchisant ainsi les corps par la stratification des oppressions basée sur le colorisme, et fragmentant le corpus politique noir en lui imposant la falsification de ses négritudes et blanchités. Le colorisme est donc un témoignage vivant de la plasticité des technologies du capital. (pp.69-70)

 

La manière dont sont exploités les pays africains, asiatiques et latino-américains est la preuve vivante que certaines pratiques prédatrices sur les êtres humains et l'environnement sont tolérées dans le Sud parce que c'est là qu'habitent celles et ceux dont l'humanité peut être bafouée. Les crimes environnementaux comme ceux de Brumadinho et de Mariana, l'esclavage moderne dans les campagnes du Brésil, qui touche en grande majorité les Noir·es, le recours au travail infantile dans les mines de cobalt et de diamants au Congo, montrent à quel point la racialisation de ces populations autorise l'exploitation irrationnelle des ressources – quitte à menacer directement leur vie. (p. 75)

 

Penser que le métissage mettra fin au racisme par la superposition de traits et d'origines revient à oublier que le colorisme ne se résume pas à des traits et marqueurs raciaux. Le colorisme se développe main dans la main avec le racisme, ce qui en fait une technologie sociale intersectionnelle qui intériorise aussi des vecteurs socio-économiques, culturels et historiques dans ses classifications et attribution de valeurs. (p. 78)

 

Contre les accusations de communautarisme ou d'identitarisme 

Confondre le processus de réécriture des récits et de rétablissement de la vérité avec un identitarisme à la seule recherche d'un statut est une simplification vulgaire de ce que signifie, historiquement parlant, l'opposition à des processus d'oppression systématique. (p. 80)

 

Voyant la négritude comme un objet d'étude et un vecteur d'orientation politique, les femmes noires à peau claire ont progressivement trouvé une appartenance politique et raciale. Abandonner la subalternité de la « presque » Blanche pour l'agentivité de « l'orgueil noir » dépend de la place que l'on trouve pour soi dans la multiplicité des africanités existantes, et de la reconnaissance de ce que l'on sait avoir toujours été.

L'abandon des pratiques de blanchiment dépasse de loin le seul domaine esthétique, le désir d'être accueilli·e ou accepté·e par les groupes de pouvoir : il s'agit de comprendre tout ce que nous avons perdu dans les processus coloristes d'assimilation de l'africanité au sein des modèles normalisateurs blancs. de fait, se reconnecter avec les liens familiaux et communautaires, religieux et culturels, aidera celles et ceux qui ont fini par comprendre que l'assimilation raciale fait partie du projet de blanchiment – un projet qui, bien loin de vouloir intégrer ce qui n'est pas blanc aux sphères de pouvoir, cherche seulement à discréditer et à vider de valeur tout ce qui s'éloigne de la norme érigée par les Blancs pendant des siècles. (p. 120)

 

Tourner le dos aux réflexes dissimulés offerts par la blanchité est un acte politique, qui requiert de se libérer du racisme et du colorisme pour être vécu dans sa plénitude. S'affirmer Noir·e ou autochtone au Brésil exige bien plus qu'une seule volonté, ou des arrières grands-parents esclavagisés ou appartenant à une ethnie en voie de disparition. Cela exige d'embrasser les luttes d'un peuple qui n'a jamais renoncé à sa liberté même sous le viol, la perte de ses caractéristiques et d'une partie de son histoire. (p. 121)

 

vendredi, 19 janvier 2024

19012024

20240119_114924    Les couleurs n’ont pas été retouchées.

J’étais dans la salle des profs de Fromont ; en reprenant mon manteau, peu avant midi, j’ai aperçu cette enfilade de bancs que j’avais déjà vue une heure plus tôt, et j’ai décidé de prendre la photo avec mon smartphone vert.

Je l’ai simplement recadrée, d’où ce format étiré, avant de la poster sur Flickr.

Ces bancs ont été installés récemment, avec la volonté de rendre le site Fromont moins inattrayant, moins glauque.

 

mercredi, 10 janvier 2024

La pièce manquante

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Avant-hier soir, ma collègue Katy Testemale organisait, au lycée Descartes, une rencontre avec Jean Harambat, autour de la parution de sa B.D. La pièce manquante, avec la participation de mes collègues Frédérique Fouassier et Laurent Gerbier. Comme j’avais une réunion d’une de mes équipes de recherche à 15 h, je n’ai pas pu y aller, mais C* m’a résumé tout cela avec pas mal de détails tout de même (cf son compte Instagram aussi, d’où provient aussi l’image ci-contre). Elle a trouvé l'ensemble de la table ronde très intéressant, très stimulant.

 

La B.D., que j’ai lue dimanche, m’a un peu laissé sur ma faim : c’est plutôt sage, et également un peu verbeux. L’idée de faire se rencontrer, dans l’Angleterre du 18e siècle (avec un hommage appuyé au genre picaresque) l’actrice Peg Woffington (dont je n’avais jamais entendu parler (mais la WP anglophone m'apprend qu'elle a fait l'objet de plusieurs romans et films, et même d'une mention dans Ulysses de Joyce...) et une figure majeure (un peu sous-employée par Harambat), Ignatius Sancho, est très judicieuse, et l’ensemble est bien mené. C’est l’occasion aussi de broder un peu à partir de Cardenio, la fameuse pièce coécrite par Shakespeare et Fletcher en 1613, et irrémédiablement perdue.

 

Au sujet d’Ignatius Sancho (dont je ne peux que chaudement recommander les Lettres, un texte fondamental de la Black Britishness et de l’histoire de l’abolitionnisme), Katy Testemale a parlé du roman que lui a consacré, tout récemment, l’acteur Paterson Joseph, et que j’ai commencé à lire.

 

lundi, 04 décembre 2023

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Ce matin, j’ai pris la voiture, et j’étais – comme chaque jour où je vais aux Tanneurs – un peu avant 7 heures dans mon bureau. Il fait froid. Il a fait froid ce week-end, et l’administration fait tourner le chauffage de manière à dépenser le moins possible : quand on voit les factures…

Après, dans les salles de cours, on compte sur les néons et sur la chaleur humaine.

Aujourd’hui, trois surveillances d’examen, dont deux à la place d’une collègue qui a démissionné la semaine dernière et dont je vais corriger trois paquets de copies. Je n’écrirai pas : business as usual. En effet, ce genre de situation n’est pas courante, heureusement.

 

Rien publié ici depuis le 13 novembre, et mon retour d’Arles. — Il faudrait que je reprenne les archives de ces derniers jours pour publier quelques billets rétrospectifs.

 

07:42 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 24 août 2023

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Pour mon premier jour de retour à la fac, j’ai pris une photo du couloir menant de l’escalier dit « de l’île Simon » à mon bureau. On dirait un peu un crossover de Barbie et de The Shining, surtout quand il est vide, ainsi, et surtout éclairé par les néons.

 

Le bâtiment des Tanneurs a emmagasiné une chaleur touffue et lourde pour plusieurs jours sans doute, malgré le rafraîchissement qui est annoncé pour le week-end. Mëme avec courant d'air, mon bureau est caniculaire.

 

Je ne suis resté que deux heures, en comptant une course en ville. Je voulais surtout dire bonjour aux secrétaires, toutes trois revenues depuis mardi, et discuter avec elles de deux ou trois dossiers à reprendre. Je suis aussi passé au décanat, où le responsable administratif m’a accueilli : « ah, notre premier enseignant-chercheur ! »

 

jeudi, 01 juin 2023

01062023 : Ama Ata Aidoo (1942-2023)

 

 

Hier j’ai appris, via le mur Facebook de Nnedi Okorafor, la mort d’Ama Ata Aidoo. Son livre Our Sister Killjoy est un jalon fondamental pour toute personne qui s’intéresse aux littératures africaines, au féminisme, à l’intersedctionnalité et au discours post-colonial. J’explique pourquoi, vite fait, dans cette vidéo hors-série.

lundi, 22 mai 2023

22052023

Pendant qu’O. était à sa leçon de hautbois et que je cherchais frénétiquement une pâtisserie ouverte dans le centre de Tours, j’ai craqué en achetant encore pour 20 € de livres au Bibliovore. J’ai failli m’y endormir debout, car les haut-parleurs diffusaient le soporificissime Bertrand Belin.

 

À l’université, où je suis passé en début d’après-midi pour un rendez-vous avec le responsable administratif, j’ai pu constater que les M1 MEEF ont entièrement enlevé les décorations de « leur » salle et qu’iels en ont profité pour décorer quelques portes de bureaux d’enseignant-es.

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18:00 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 04 mai 2023

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Deuxième journée d’ouverture « normale » du site Tanneurs. Les diverses évaluations ont eu lieu sans problème, même si on se sent un peu en état de siège.

 

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Pris un verre avec N* sur la pause médiane. Comme elle n’était pas sûre de pouvoir entrer sur le site, elle préférait qu’on se voie dehors, et comme il faisait beau, ça m’a fait une pause tout à fait bienvenue. J’espère qu’elle sait où elle en est, car nous n’avons parlé, en suivant ses demandes, que de la soutenance du mémoire et de son projet de thèse, pas du tout de ce qui lui reste à écrire du mémoire à proprement parler. Comme elle est sérieuse et déterminée, je ne l’ai pas ennuyée avec ça ; il reste six semaines, dont elle tirera le meilleur.

N* m’a fait découvrir un roman LGBTQI nigérian qu’elle vient de commencer et dont je n’avais pas entendu parler, Butter Honey Pig Bread de Francesca Ekwuyasi. (Comme dans les années 60-70, la scène littéraire nigériane est d’une vitalité insensée depuis quelques années.)

 

mercredi, 03 mai 2023

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Le site Tanneurs a donc rouvert, pour les évaluations terminales et de contrôle continu uniquement. Vigiles aux quatre points d’accès autorisés, sorties de secours globalement inaccessibles… rien de très folichon… Ce matin, les secrétaires étaient comme moi : elles avaient passé le week-end très tendues, à appréhender la situation. Hier, elles étaient là et l’atmosphère était plutôt étouffante.

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samedi, 29 avril 2023

29042023 (#DMWM)

Ce matin j’ai presque fini de (re)lire Wittgenstein’s Mistress. Mon avis n’a pas varié : c’est une œuvre fondamentale. Par contre je pense que certains aspects plus « problématiques » m’avaient moins frappé lors de ma première lecture.

J’ai très envie de tenir un carnet, non pas de relecture – il est déjà trop tard, à moins de le faire pour une troisième lecture – mais d’analyses, un peu comme j’avais autrefois créé mon premier blog pour accompagner la préparation de mon cours de CAPES et d’agrégation sur The Good Soldier.

 

Ce carnet pourrait prendre la forme d’un hashtag récurrent sur mon compte Twitter, par exemple et sans originalité : #DMWM. Si j’écrivais, en parallèle du carnet d’analyse, un pastiche – ou fiction dérivative – ce texte pourrait commencer ainsi :

 

Is it before or after I decided to write a series of analytical texts on Markson’s Wittgenstein’s Mistress that I realized that the first-name Artémise in Nino Ferrer’s famous song Le téléfon must have come from his Italian origins, I cannot fathom.

Though this happened on this very day, on this very Saturday.

Saturday being the day I am writing these lines, and I have decided to write down what I think about Markson’s Wittgenstein’s Mistress.

That phones were never mobile then, and that mainstream technology was mostly cassette decks and typewriters. Back then too.

Now I come to think about it the connection between the first-name Artémise and typewriters is itself unfathomable.

 

mercredi, 26 avril 2023

26042023

C’est toujours le gigabordel à l’Université.

Je n’ai pas le courage d’en écrire davantage.

 

14:37 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 05 avril 2023

05042023

Il me semble que j’avais écrit dans le fichier Word les billets des 31 mars, 1er et 2 avril. J’ai dû fermer le fichier sans enregistrer ; ça n’a aucune gravité.

Ce matin, je vais assurer la première d’une série de permanences en visio pour les étudiant-es de Licence et de Master ; j’ai intitulé cela Foire Aux Questions. Le blocage des Tanneurs dure depuis trois semaines, et tout le monde est en train de péter un câble. Hier j’ai pris un verre en ville, au Tourangeau, avec mon collègue A* ; cela fait des années qu’on se salue, qu’on se parle rapidement de trucs de boulot entre deux portes, et là c’est lui qui m’a demandé si on pouvait se voir. Preuve que tout le monde est déboussolé, pour moi.

 

Je m’aperçois que j’ai employé deux fois des points-virgules au début de ce billet ; j’aime beaucoup ce signe de ponctuation, qui est de plus en plus abandonné – encore vendredi dernier, lors de l’atelier de traduction, une de mes collègues a déclaré qu’elle n’aimait pas le point-virgule car elle ne savait jamais comment l’employer. En 2005, à l’apogée de la blogosphère (quand les commentaires sous les billets des blogs qu’on suivait en priorité servaient d’équivalent préhistorique aux médias sociaux), il s’était créé (à l’initiative de Fuligineuse) un Comité de Défense du Point-Virgule.

 

mercredi, 29 mars 2023

29032023

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Ce matin, Mariam Sheik Fareed m’a téléphoné de la gare d’Auray : train annulé sans avertissement préalable de la SNCF. D’où correspondance à Paris manquée. La seule solution pour qu’elle puisse être avec nous en milieu d’après-midi étant qu’elle prenne sa voiture, je le lui ai déconseillé, tant pour des raisons écologiques et de fatigue que parce que je n’étais pas sûr qu’on puisse lui rembourser ce trajet-là. Le billet de train sera remboursé, et nous essaierons de la faire venir en mai ou juin.

 

Dans l’immédiat, ma collègue Priscille Ahtoy et moi-même avons décidé de maintenir l’événement : au vu de l’énergie dépensée pour organiser, délocaliser sur le site de la MSH, informer sur cette délocalisation, créer une équipe Teams pour l’événement en hybride, une annulation pure et simple aurait été très frustrante. Mariam Sheik Fareed s’est jointe à nous via Teams, et cela a donné 2 h 30 d’échanges tout à fait intéressants, avec une dizaine de collègues et d’étudiant-es dans le public, à quoi s’ajoutaient une dizaine aussi en distanciel. À la demande d’un collègue de la MSH, j’ai enregistré l’événement ; il est disponible sur YouTube en mode non répertorié.

Petit détail, quand Mariam Sheik Fareed, dont la conférence tournait autour des identités plurielles à partir de son nom et de son ascendance jusqu'à ses expériences d'écriture, a évoqué le Prix Goncourt décerné à Mbougar Sarr, elle a dit qu'au sein des éditions Philippe Rey elle s'était sentie appartenir à la communauté des écrivain-es africain-es...

 

Dans les prochains jours, j’enregistrerai une vidéo je range mon bureau consacrée uniquement à ces textes ultra-contemporains de l’Île Maurice que j’ai présentés, très sommairement pour beaucoup.

 

Entre Tours et Montlouis, le soir, première écoute du nouvel album du Andy Emler MegaOctet, formation que j’avais beaucoup écoutée il y a 15 voire 20 ans, et qui m’était totalement sortie de l’esprit jusqu’à jeudi dernier où mon collègue Erick m’en a parlé.

 

vendredi, 24 mars 2023

24032023

Aujourd’hui ma grand-mère fêtait ses 96 ans. Je l’ai appelée en milieu de matinée, et elle m’a parlé de La Place d’Annie Ernaux, qu’elle a adoré et relu juste après la première lecture, et de la trilogie de Carlos Ruiz Zafon qu’elle lit ; mais elle trouve cela trop long. À propos d’Ernaux, elle a particulièrement aimé le fait que ce soit aussi savamment écrit sans pour autant la moindre emphase ; ma grand-mère est donc plus clairvoyante et meilleure lectrice que tous les birbes du Figaro réunis.

Nous avons aussi parlé de la situation sociale et politique.

 

Hier j’ai acheté enfin Le Chaos en 14 vers de Pierre Vinclair, anthologie de sonnets en langue anglaise par 14 poètes. Vinclair n’est pas seulement un bon traducteur (et un grand poète), c’est aussi quelqu’un de terriblement intelligent. Très heureux d’y trouver Mary Wroth, Marylin Hacker (qui a traduit Guy Goffette, ce que j’avais étudié lors du colloque consacré à ce poète à Tours) et Joshua Ip.

 

J’ai passé une bonne partie de la journée à écrire des mails en raison du blocage, et notamment un mail très détaillé afin de répondre aux questions des étudiant-es de Licence, ce afin de « débunker » les rumeurs qui commencent à courir, de stipuler ce qui est déjà certain, et ce qui reste encore imprécis, selon la durée du blocage. En début d’après-midi, j’avais plusieurs rendez-vous en visio, avec une de mes étudiantes de L3 qui se renseigne sur les Masters recherche, avec un étudiant de M1 qui voulait parler de son projet de travail écrit, et aussi avec deux collègues.

Ce lundi, le doyen convoque un Conseil de Faculté exceptionnel.

 

samedi, 18 mars 2023

18032023

 

Ce matin, je me remets à la traduction que ma collègue M.P. m’a demandé de lui proposer. Il s’agit d’une pièce jamais traduite de Lady Gregory, The Deliverer, qui présente un certain nombre de bizarreries syntaxiques qui impliquent de ne pas traduire dans un français courant ou standard. Au départ, M. m’avait dit qu’il y avait une dizaine de pages, et en fin de compte ça en fait plutôt 40. Comme c’est gratis pro Deo, et comme ça s’ajoute à quatre mille autres trucs, c’est un peu stressant, mais je vais vite quand même, et le projet est plutôt intéressant.

Après avoir traduit 3 pages par ci, 4 pages par là, j’espère donner le coup de collier qui s’impose et venir à bout de la moitié qui me reste ce week-end. Comme j’aurai bientôt une version jouable et publiable, avis aux amateurices.

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Au passage, comme je n’ai que de très faibles connaissances en hiberno-anglais (Irish English), je suis bien content d’avoir à disposition l’Oxford English Dictionary. Reste à savoir comment traduire les variations régionales, et donc, ici, mering/mereing/mearing ; vaste sujet, qui donne lieu à maints colloques et ouvrages ; pour le moment, je me contenterai de l'affaiblir en traduisant par frontière, tout simplement.

 

vendredi, 17 mars 2023

17032023

J’ai beaucoup lu Bernardine Evaristo, qui est une écrivaine primordiale. Je viens d’écouter cet entretien sur RFI, dans lequel j’apprends que la première mouture de Lara était en prose narrative. À l’occasion de la parution, en traduction française, de son nouveau livre, Manifesto (que je n’ai pas encore lu), et de Blonde Roots, texte qui a déjà une quinzaine d’années, je vérifie et vois que les deux chefs-d’œuvre d’Evaristo, Lara et The Emperor’s Babe sont toujours inédits en français, sans doute car peu de traducteurices se sentent capables de traduire deux romans versifiés dans une forme poétique très rigoureuse, mais surtout – je n’en doute pas – car aucune maison d’édition ne pense que de tels romans soient vendables. Les éditions Globe, qui font un très bon travail (la traduction de Maud Martha par Sabine Huynh y paraît ces jours-ci, encore un livre à se procurer), prennent le taureau par les cornes… fingers crossed

 

Ce matin, cours annulé à cause du blocage. L’atelier de traduction avec Laurent Vannini étant semblablement tombé à l’eau, j’ai retrouvé Laurent et ma collègue Cécile Chapon dans un café que je ne connaissais pas de la rue du Grand-Marché. On n’a pas tout à fait refait le monde mais j’ai pris deux conseils de lecture – au moins – et découvert un groupe de metal (en est-ce vraiment ?) visiblement hyper connu, sauf de moi, System of a Down.

 

Passé une partie de l’après-midi à écrire à toustes les député·es Les Républicains afin de les inciter à voter la motion de censure lundi. L’espoir est très mince, mais sait-on jamais…

 

mardi, 14 mars 2023

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Le cours de deuxième année sur les écritures féminines contemporaines de la Caraïbe anglophone et hispanophone fait quelques étincelles. Aujourd’hui, les deux textes que les étudiantes avaient choisi de discuter étaient la brève nouvelle de Soleida Rios (Bruja / Witch) avec la traduction anglaise de Barbara Jamison et Olivia Lott, et le poème de Jacqueline Bishop, Hasan Talking to Himself in the Mirror of a Cheap Hotel Room.

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Les deux textes, différents, sont tous deux très complexes en raison des nombreux non-dits et des ambiguïtés. Ainsi, dans la nouvelle de Rios, la figure onirique de la Femme/Sorcière, arborant puis brandissant un cintre « plus petit que la normale » évoque les avortements clandestins avant que, toujours dans la vision onirique de la narratrice, le cintre disparaisse et que la nouvelle se termine sur un assez obscur cunnilingus : deux « émanations » (le mot emanaciones se trouve dans la dernière phrase, mais très sous-traduit en anglais) différentes de l’archétype de la sorcière (au féminin en espagnol).

J’ai oublié de demander à l’étudiante qui avait présenté son travail sur quelques différences entre le texte espagnol et la traduction anglaise si cela l’intéresserait d’être la première à traduire Soleida Rios en français. Il y a forcément des revues ou fanzines féministes, par exemple, que cela intéresserait.

 

mercredi, 08 mars 2023

08032023

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De quoi resémantiser l’expression fini à la pisse.

 

samedi, 04 mars 2023

04032023

 

Toute la journée « sur le pont » pour la Journée Portes Ouvertes, et dès 7 h 30. Depuis 2005 je n’en ai pas manqué beaucoup, sans parler de l’édition 2021 supprimée pour cause de semi-confinement.

Entre 9 et 10, on a eu un peu peur, car, comparativement aux autres années, il n’y avait presque personne. Finalement, nous avons reçu sans discontinuer des élèves de 1e et Terminale, avec leurs parents. J’avais organisé la salle 32 en sept îlots : par moments, les étudiant-es de L2/L3 et les collègues occupaient l’ensemble des tablées, et il m’est arrivé, ainsi qu’à d’autres, de recevoir plusieurs personnes ensemble.

Cette année j’assurais (en salle 80, que je n'aime pas) le mini-cours de traduction l’après-midi, et j’avais innové en proposant un mini-cours « What can you call postcolonial? » à partir de la première séance de mon CM de L1. Il y avait une vingtaine de personnes ; c’est toujours amusant d’essayer d’inclure les parents, dont certain-es ont décidé d’avance que l’anglais, c’est pas pour moi.

 

18:30 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 17 février 2023

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Aujourd’hui, mes parents sont arrivés ; ils vont passer le week-end avec nous avant de « filer » sur Cesson, car à part le 11 novembre pour mon anniversaire, ici, ils n’ont pas vu ma sœur, ma nièce et mon beau-frère depuis l’été. Mon père a bien sûr passé l’après-midi à couper des branches, nettoyer les haies, etc. Je ne jardine absolument jamais ; bien sûr je me prive de cette activité pour que mon père ait de quoi faire quand il vient nous voir [introduire ici gros point d’ironie doublé de l’émoji poil dans la main].

Le matin, en cours de traductologie, on a discuté notamment des hyponymes et des hypéronymes, et plus précisément de la relation dynamique qui relie les mots entre eux (et que ne recouvrent pas les notions, plus fixes, de « terme générique » et de « terme spécifique »). Deux de mes étudiantes ont visiblement été traumatisées, l’an dernier, par un texte de thème donné par un collègue et dans lequel se trouvait le mot cornue. J’ai eu Faites monter de Bashung dans la tête toute la journée.

Avant de reprendre le vélo pour une semaine de vacances (non ??? si !!!), j’ai reçu en rendez-vous « mon » étudiant de M1, qui travaille sur un projet de traduction inédit à partir d’un wiki collaboratif, et « mon » étudiante de M2, qui travaille sur trois romans féministes igbo. Ce serait tellement bien que tout notre enseignement, à l’université, puisse prendre plus souvent la forme de ce type de travail personnalisé, et plus tôt.

 

jeudi, 16 février 2023

16022023 (rencontre avec Marguerite Capelle)

diaz.jpg Magnifique rencontre avec Marguerite Capelle, dans le cadre du séminaire de master « Questioning Non-Binary Identities in African Fiction », autour de sa traduction de Freshwater d'Akwaeke Emezi, et en compagnie de Laurent Vannini, traducteur en résidence.

 

Beaucoup de questions et d'échanges avec les étudiant•es. Marguerite Capelle a montré 2 états de sa traduction, Eau douce (Gallimard, 2020), parlé de son travail, des recherches que font les traducteurices, des logiques à l'œuvre derrière chaque choix. C'était passionnant et foisonnant.

Merci ! (Et merci pour le don de cette traduction de Natalie Diaz que je ne m'étais pas encore procurée. Comme on n'a pris de photo ni en TA051 ni au restaurant coréen ni à la gare...)

 

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Edit du 20 février :
grâce à une paparazza nous avons un souvenir de cette séance,
avec des noms au tableau.

 

18:50 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 07 février 2023

07022023

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samedi, 04 février 2023

04022023

Deuxième journée au Forum de l’Orientation. O* est passé avec C*, et s’est renseigné sur les études de géographie, et sur la Double Licence histoire/sociologie notamment. J’ai aussi discuté avec J., ancienne étudiante qui a fait un master de linguistique comparative anglais/italien à Nantes et qui cherche à présent du travail, notamment en traduction… mais ce n’est pas évident.

 

Appris en fin de journée, peu avant de repartir, une entourloupe de boulot scandaleuse, et qui n’est pas qu’une entourloupe mais un vrai système de discrimination inique au sein de l’Université. Je rumine les moyens d’essayer de « faire péter le truc » mais c’est loin d’être simple.

Discuté avec mon collègue professeur d’économie en L.E.A. d’Amartya Sen, et du livre d’Olivier Martin lu au début du mois dernier, Chiffre. Il avait l’air étonné que j’envisage, sans que ce soit une plaisanterie, de conseiller des livres aux étudiant·es. L’an dernier un étudiant lui a carrément dit : « je n’ai jamais lu de livre, et je n’en lirai jamais ! ». Je suppose qu’on ne peut pas généraliser à partir des étudiant·es de L.E.A., ni de quelques-uns, mais tout de même…

 

Moins de lycéen·nes qu’hier, mais j’ai découvert l’existence d’un lycée dont j’ignorais l’existence, à Loches : Thérèse-Planiol. Quelques profils intéressants, discussions stimulantes. Comme toujours le samedi, trop de parents, et trop loquaces par rapport à leurs enfants. H*, notre responsable administratif, raconte que, quand un parent pose toutes les questions il règle le problème avec une question faussement sérieuse : « c’est lequel/laquelle de vous deux qui entre dans le supérieur bientôt ? »

Avec les élèves de troisième et de seconde, c’est l’occasion de dédramatiser toutes les injonctions comminatoires au sujet des spécialités. Ma collègue S° a une formule parlante : mieux vaut un bon bac avec les « mauvaises » spés qu’un mauvais bac avec les bonnes spés. Le problème est aussi que beaucoup de chefs d’établissement n’ont pas la moindre idée de ce qu’on fait à l’université et balancent des informations totalement erronées sur de chimériques « critères de sélection ».

 

Le soir, j’ai quand même pu regarder Angleterre/Ecosse avec O*, qui a repris une charge de rhinite/otite. On n’en sortira jamais…

 

21:41 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 28 janvier 2023

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Nuit écourtée – mais en son début – par des quintes de toux quasi ininterrompues qui ont fini par me contraindre à me lever et à me droguer au Toplexil. Ce matin, je suis dans le brouillard. Météo idéale pour commencer par les blogs.

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Je n’ai pas raconté qu’avant-hier mes étudiant-es de M1 m’ont offert, via leur délégué T*, deux boîtes de chocolat pour me remercier d’avoir accepté de déplacer le cours sur un créneau plus favorable. T* (qui m’avait déjà fait un cadeau à la même époque l’an dernier) a ajouté le livre d’Albin Wagener, Mèmologie, que je ne m’étais, de fait, pas procuré, quoique je suive de près son auteur sur Twitter.

 

Cette après-midi, j’accompagne O* (et son camarade B.) à La Riche pour les individuels de tennis de table.

 

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En écoute : Eskimo & Duck Stab (The Residents, 1979 & 1978)

 

09:22 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 27 janvier 2023

27012023

Ce matin, suis allé aux Tanneurs en voiture, car la bise et l’humidité, par 0°, c’était trop pour mes bronches. C’est bien, aussi, de pouvoir choisir. Le cours de traductologie s’est passé normalement, on va dire, mais une fois encore avec 2 des 6 segments que nous n’avons pas eu le temps de voir en cours je vais devoir me fader une ébauche de corrigé écrit pour ces 2-là. Ensuite, petite réunion avec les étudiant-es réorienté-es de LLCER et Double Licence : 4 sur 8 seulement étaient là mais j’espère que ça a permis d’informer, de dédramatiser et de donner des conseils d’organisation.

 

20230126_174310      L’après-midi, j’étais tellement épuisé que j’ai passé l’après-midi au plumard : pas vraiment dormi, mais j’ai lu presque en entier deux des livres (courts, certes) achetés hier : Funambuler de Shenaz Patel et Sortir au jour d’Amandine Dhée.

Ce n’était pas du tout prévu il y a encore quelques semaines mais je vais aussi passer un semestre en plongée dans les littératures de l’île Maurice. Comme tout ne cesse de résonner avec tout, la page 77 de Funambuler fait tout à fait sens, dans un tout autre sens que celui de l’argument de Patel dans cette sixième « traverse », pour le séminaire que j’enseigne autour de Freshwater le jeudi. Et les pages 94-5, les eussé-je lues plus tôt, auraient magnifiquement servi à la discussion sur le plurilinguisme et les sous-voix lors du séminaire que j’ai animé en novembre pour les M2 ApproDiv.

 

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En écoute : plusieurs albums des Residents (Third Reich’N’Roll, Commercial album, Mark of the Mole, Fingerprince) – groupe/collectif dont je n’avais jamais entendu parler et que je découvre grâce à E.P., qui allait les écouter à Bourges ce week-end.

Soir : Le photographe de Mauthausen, film de Mar Targarona (2018). Assez classique, mais très fort, surtout dans toute la seconde partie. Plusieurs scènes du film s’appuient sur les vraies photos prises et sauvées par Francesc Boix, et dont les originaux sont reproduits pendant le générique de fin. Boix est mort à 31 ans, à Paris, des suites de la tuberculose contractée au cours de ses 4 années ½ à Mauthausen.

 

mercredi, 25 janvier 2023

25012023

Toujours très enrhumé, ce qui me fatigue, d’autant que la toux ne me lâche pas : j’ai la gorge qui racle toute la journée maintenant. L’après-midi, j’ai conduit O* à sa séance d’orchestre et, plutôt que de faire un tour, je suis resté dans la voiture, avec manteau, à relire quelques chapitres de The Deep, toujours pour le séminaire de master. Le matin, j’avais préparé les supports pour les séances 2 et 3. Nous allons travailler sur la mise en récit du mythe des ogbanje (et des abiku), à partir de Freshwater… mais pas seulement…

À mon retour d’en ville, on a rediscuté avec C* des fameuses pages qui vendent la mèche quant à la genèse des wanjiru (début du chapitre 3, et dans le récit par une instance narrative collective changeante, chapitre 4) ; il n’en demeure pas moins que l’éclaircissement en 4e de couverture, tant dans les éditions de langue anglaise que dans l’édition française, est regrettable. J’ai aussi vérifié comment Francis de Guévremont s’était dépatouillé de la séquence depth–deepness–‘deepest deep’. Pas trop mal, mais pas parfaitement.

 

(Finalement, sans autre solution, c’est moi qui vais me coltiner le 4e groupe de traduction de 2e année, que personne ne peut/veut assurer. D’où un cours qui s’ajoute encore à mon jeudi censé être libre. Demain, en plus, conseil d’UFR.)

 

mardi, 24 janvier 2023

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Longue mais stimulante journée de cours.

 

J’ai innové pour le cours de L3 sur Lagoon, autour du début du chapitre 1. Ça a plutôt bien marché. En tout cas, tout le monde a travaillé et les prises de paroles ont été pertinentes, riches, et ont bien lancé les débats pour les semaines suivantes.

 

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Avant mes deux cours de l’après-midi, croisé Laurent Vannini, qui va finalement essayer d’intervenir dans 2 de mes cours plutôt en février, en semaine 5. Après mes cours, passage à la galette de l’UFR (il en restait (mais je n'ai pas eu la fève (Cécile l'a eue deux fois (chanceuse ou gourmande ?)))), où j’ai pu discuter de l’avancement de notre projet île Maurice avec ma collègue Priscille Ahtoy.

 

20:53 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 23 janvier 2023

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Aujourd’hui, préparation de cours, réunion de département, puis quelques coups de sonde « amusants » dans ChatGPT, le logiciel d’intelligence artificielle qui épouvante et sème la panique dans les universités, pas que françaises d’ailleurs.

 

J’ai préparé la brochure avec les 4 premiers textes de traduction de première année, tous tournés vers l’île Maurice, en prévision de la conférence/rencontre avec Mariam Sheik Fareed fin mars.

 

jeudi, 19 janvier 2023

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Aujourd’hui, jour de grève et de manifestation.

Entre 5 et 7 j’ai traité les mails pros et des questions d’emploi du temps encore en suspens. Entre 8 et 9, avant d’aller manifester, et entre 14 et 17 après être allé manifester j’ai fini mon dernier paquet de copies de la session d’examens de janvier.

 

Belle manifestation. Il faisait assez froid mais il n’a pas plu. Je n’ai pas retrouvé toutes les personnes que je voulais voir – il y avait beaucoup trop de monde – mais suis tombé sur des personnes perdues de vue et auxquelles je ne pensais pas forcément, dont une ancienne prof d’anglais de collège de A*, avec qui j’ai parlé un long moment (aussi de ce désastre total qu'est Parcoursup).

 

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Cette énième réforme des retraites – après celles de 2003 et de 2010, et après la tout aussi inique et injustifiable Loi Travail de la majorité « de gauche » – est vraiment une saloperie sans nom, qui donne lieu à tous les bobards, tous les embellissements, tous les artifices de rhétorique les plus criants de la part du gouvernement et de ses séides. Une fois encore, et plus que jamais, on va faire trimer – et crever – les pauvres pour qu’ils financent la retraite des riches.

 

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Le cortège, chose devenue plutôt rare, a traversé la Loire, et après le pont Wilson et un bout du quai, nous sommes revenus par le pont Napoléon et les Halles.

Pas lu, ni musique.

 

mercredi, 18 janvier 2023

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Réveillé à 3 h, de concert avec C* aussi enrhumée et toussant autant que moi. Pastille et doliprane, mais n’y faisant rien ou presque : je me suis levé à 4 h 15 pour avancer au moins dans le travail. Mais je sens que ce n’est pas la grande forme du tout.

Le matin, j'ai travaillé aux Tanneurs mais j'y étais allé en voiture (trop froid, trop crevé). L'après-midi, pendant la pause correspondant à la répétition d'orchestre d'O*, je suis allé récupérer les livres d'Amartya Sen commandés via le prêt navette, discuter avec le doyen sur la question des postes d'ATER, et je suis aussi passé rendre les copies de version de mon collègue S° aux agrégatives internes que je ne vais pas revoir avant leurs épreuves écrites d'admissibilité (qui ont lieu dans 15 jours).

 

En écoute : rien de particulier. Soir : couché avec les poules, à 9 h.

 

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mardi, 17 janvier 2023

17012023

 

Journée en tunnel de travail, assez monstrueuse. Si, comme semblent le vouloir les étudiant-es de M1, on déplace le séminaire sur une matinée où je n’ai, pour l’instant, pas de cours, je crois que je ne serai pas mécontent d’alléger ce mardi. Avec la gorge très prise, assurer 6 h de cours, certes avec des trous mais en faisant mille autre choses pour le département dans ces trous, entre 8 h et 18 h 30, ce n’est pas idéal.

Les nouveaux cours se sont plutôt bien passés, au demeurant. Je crois qu’il va y avoir une certaine excitation, et un dynamisme réel, à arpenter ensemble des territoires mouvants. En partant du détail des textes.

 

22:01 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

jeudi, 12 janvier 2023

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Matinée passée à recevoir les étudiant-es d’échange et à faire leurs emplois du temps individuels en fonction de leurs profils. Cela fait douze ans que j’assume cette tâche, en sus de la signature des contrats – et du suivi pendant et après la mobilité – des étudiant-es qui partent un semestre ou une année à l’étranger, et je crois que je commence à saturer.

Après-midi : conseil d’U.F.R. totalement ubuesque. Sur trois heures, plus d’une heure et demie a été perdue à cause d’un collègue qui s’enferrait dans un faux problème, et qui s’est certainement mis à dos (au détriment de la filière qu’il dirige) la totalité du Conseil pour un bon moment.

Retour : pas la force d’autre chose que de lire vaguement la presse en écoutant des disques (Sel de Julien Jacob et Continuum d’Avishai Cohen). – J’ai découvert une poète allemande que je ne connaissais pas : Gertrud Kolmar, morte à Auschwitz à l’âge de 49 ans ; j’ai acheté son recueil Mondes traduit et postfacé par Jacques Lajarrige en 2001 chez Seghers – si mon libraire ne conservait pas un fonds digne de ce nom, je n’aurais jamais fait cette découverte.

Voici les derniers vers de Die alte Frau :

Selten

Dämmert wieder aus mattem Blick der schwache, fernvergangene Schein

Eines Sommertages,

Da mein leichtes, rieselndes Kleid durch Schaumkrautwiesen floß.

Und meine Sehnsucht Lerchenjubel in den offenen Himmel warf.

 

Dans la traduction de Jacques Lajarrige :

Rarement

Dans le regard éteint point de nouveau la faible lueur au loin enfuie

D’un jour d’été,

Où ma robe légère, ruisselante, inondait les champs de cardamine

Et ma mélancolie lançait dans le ciel béant

Des cris d’allégresse d’alouette.

 

mardi, 10 janvier 2023

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C* m’a offert un plieur de vêtements comme on en a vu il y a quelques mois dans les premières saisons de The Big Bang Theory. C’est d’une utilisation très simple, même pour moi qui n’ai que des pouces, et cela fait des piles parfaitement homogènes.

Journée d’une totale grisaille, pluie ou bruine presque ininterrompue. J’ai commencé à préparer pour de bon mes nouveaux cours de ce semestre. Il ne me reste qu’un paquet de copies de la session de janvier, et je vais essayer de voir tous les étudiants d’échange dont je dois faire l’emploi du temps individuel sur la matinée de jeudi. Ce matin, levé à 5 h du matin, j’en ai profité pour achever mon corrigé du concours blanc de l’agrégation interne.

O* toujours souffrant n’a pu reprendre la classe.

 

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En écoute : Bedmonster d’I Like To Sleep ; quelques chansons de Brigitte Fontaine conseillées par un mutu sur Twitter (‘Comme à la radio’, par exemple : tout est très bien et n’a pas pris une ride… mais la voix et l’interprétation de BF sont insupportables) ; un live de Franco Battiato en 1973-4 ; l’album référencé CHHE200502 du sextet de jazz Paradigm (2005) ; Stances à Sophie du Art Ensemble of Chicago.

 

lundi, 09 janvier 2023

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Ce matin, j’ai travaillé à la maison un petit moment avant d’aller aux Tanneurs pour une très brève journée de travail : une grosse heure de travail au secrétariat, remise de copies aux L1, déjeuner avec S*. Tôt ce matin, une de nos collègues chargées des séances de remédiation a fait un malaise très inquiétant avant d’être emportée aux urgences ; les informations qu’elle a données ensuite par SMS, pour rassurantes qu’elles soient en un sens, restent énigmatiques. En début d’après-midi, l’assemblée des responsables de département a été l’occasion de clarifier un point très préoccupant qui a accaparé les secrétariats de façon exagérée et disproportionnée en novembre-décembre ; j’espère que mon intervention va permettre de revoir le dispositif et délester tout cela. En milieu d’après-midi, j’avais rendez-vous à la pharmacie du Beffroi pour le second rappel (ou 4e dose) de Pfizer. O*, toujours souffrant, n’a pas pu aller au lycée. C* vient d’en rentrer. Je n’ai pas lu une ligne, et pourtant je n’ai pas non plus fini de rédiger mon corrigé du concours blanc de traductologie d’agrégation interne. Les journées filent…

 

En écoute : Continuum du Nik Bärtsch’s Mobile [j’aime cet album davantage à chaque nouvelle écoute] ; CD1 de l’anthologie Le nostre anime de Franco Battiato ; Symphonie n° 2 de Brahms [Kurt Masur / New York Philharmonic].

18:38 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 10 novembre 2022

Soirée de lancement de la résidence de Laurent Vannini

Hier soir, très belle conférence de lancement de résidence de Laurent Vannini, avec Canan Marasligil et Mohamed Mbougar Sarr en conversation autour de la traduction et de l’écriture en langues minorées, mes collègues Anna Krykun, Yekaterina Garcia Markina et Michaela Enderle-Ristori pour l’encadrement du point de vue de la recherche et de l’enseignement, plusieurs « locuteurices » qui ont ouvert le bal avec des lectures de textes et poèmes en diverses langues minoritaires ou régionales ou perçues parfois comme « périphériques » (créole mauricien, puular, galicien, valencien, turc…), et avant un très beau concert ney/guitare/voix de Pelin Başar & Mustafa Caner Sezgin.

 

Je n’en dis pas davantage : Charlotte Matoussowsky, dont j’ignorais qu’elle se trouvait là mais avec qui j’ai pu échanger deux mots lors du vin d’honneur qui suivait, a extrêmement bien live-tweeté tout cela. J'ajoute seulement le grand bonheur que j'ai eu à entendre MMS saluer et souligner le travail d'Alice Chaudemanche.

 

Hier soir j’ai donc enfin rencontré Canan, avec qui j’échange depuis pas loin de 7 ans sur les réseaux sociaux, et dont j’admire énormément le travail de créatrice, artiste, traductrice et autrice. Ses interventions étaient passionnantes, et nous regrettons qu’elle doive reprendre le train très tôt ce matin – elle est déjà partie à l’heure où j’écris ces lignes – mais j’ai dans l’idée de la faire revenir pour des ateliers avec des étudiants de L.E.A. (dans le cadre du Laboratoire des traducteurs qu’organise Anna Krykun) et de LLCER.

Canan Marasligil, Laurent Vannini, Mohamed Mbougar Sarr - amphi Thélème, site Tanneurs, 9 novembre 2022

 

Ce matin, je vais retrouver Laurent et Mohamed, à qui je vais offrir deux livres, en leur laissant le choix de qui prend quoi. Pourquoi, à votre avis, ces deux livres ? (J'avais un cadeau pour Canan, mais ce sera la prochaine fois.)

Je vais faire dédicacer Terre ceinte, histoire de me distinguer (LOL), mais je me suis avisé en le reparcourant ce matin que la dédicace du premier roman de Mohamed Mbougar Sarr, qui se clôt sur l’évocation de sa grand-mère trop tôt disparue et à qui il aurait voulu traduire son roman en séreer, fait écho, de façon poignante même, aux discussions d’hier, vu qu’il a longtemps et fort bien parlé des conversations qu’il a avec sa mère afin de mieux écrire et mieux traduire en séreer, mais aussi vu que Canan a passé une quinzaine en Turquie en octobre suite à la mort de sa grand-mère, dont elle a dit qu’elle était un de ses liens corporels et intimes les plus profonds avec la langue turque.

 

Trois livres

samedi, 05 novembre 2022

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Le rafraîchissement qui tardait à arriver est enfin là. À mon lever ce matin il faisait 17° dans la maison. Il fait plus froid à l'étage depuis deux jours. Ce sont des signes qui ne trompent pas, et même si l'automne est encore doux et même si le coût de l'énergie risque d'exploser, on relance quand même le chauffage. Nous verrons ce qu'il en est cet hiver mais pour le moment l'idée d'avoir ma plage de travail matutinale couvert de deux robes de chambre et d'un plaid n'est pas très attrayante.

 

Depuis quatre jours, depuis notre retour de l'escapade bretonne en fait, je m'use les yeux à tenter de finir ma relecture de la traduction d'un recueil de plus de 200 pages par un écrivain/ami. Je n'écris rien à ce sujet sur les réseaux sociaux car nous nous suivons sur les trois réseaux et je ne voudrais pas qu'il voie à quel point ce travail me pèse. (Plus personne, je crois, ne lit ce blog ; c'est bien pratique.) Contrairement à ce que je pensais au départ en acceptant, les traductions sont lourdes, fautives, criblées de contresens. C'est une tâche titanesque.

 

Hier soir, O* qui participait à sa troisième compétition de tennis de table par équipes de l'année, était dans une forme incroyable ; je ne l'avais jamais vu aussi bien jouer. L'équipe a dû concéder le match nul, suite à un double perdu au 5e set, mais aussi parce que le capitaine d'équipe a perdu ses trois matches. C'était une soirée assez brève, par rapport au déplacement à Saint-Antoine du Rocher il y a un mois (nous étions rentrés à minuit passé...), et très agréable.

 

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vendredi, 21 octobre 2022

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jeudi, 20 octobre 2022

Traduction par équivalences et variations humoristiques

On parlait tout à l'heure d'expressions imagées figées sur Twitter, et notamment de la difficulté de traduire des expressions sans équivalence stricte usuelle. Il y a un autre cas intéressant : les variations (généralement humoristiques) à partir d'une expression imagée.

 

Prenons l'expression (hilarante) be up shit creek without a paddle. Littéralement : "devoir remonter un torrent de merde [ou "le Torrent-nommé-Merde] sans pagaie". Métaphoriquement (équivalence qui fonctionnera dans 80% des cas) : être dans la merde jusqu'au cou.

 

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Sur Reverso Context (qui est une ressource très problématique, à manier avec beaucoup de pincettes) voici certains des exemples.

 

La première variation sur l'expression a donné lieu à une traduction très judicieuse (à l'exception du calque de POTUS) : POTUS va être dans la mouise et je n'attendrai pas de lui servir de bouée de secours. Dans plusieurs des autres exemples, les locuteurices se sont amusé·es à jouer avec l'expression : up piss creek, up the well-known creek, up Beaver creek... et ma préférée (car elle joue avec les paronymes) : up spit creek. On voit que, dans la plupart des cas, la personne (ou le logiciel) qui a traduit n'a pas identifié le jeu de mots, et se contente d'un report/calque qui aboutit à un parfait non-sens : Vous êtes dans le crachat jusqu'au cou. Face à ce genre de feuilleté de signifiance comme disait Barthes, la solution de la sous-traduction est souvent un moindre mal : The Reformers today are up Beaver Creek without a paddle. > Les réformistes sont en mauvaise posture.

 

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J'ajoute que Word Reference est souvent plus fiable, comme dictionnaire bilingue et ressource sur les expressions problématiques, que ce soit avec l'onglet WR ou l'onglet Collins.

Dans les ressources de qualité gratuites, il y a évidemment le site des dictionnaires Larousse.

 

mercredi, 19 octobre 2022

D'un relativisme tout relatif

Aujourd’hui, le Projet Gutenberg rend publique la version numérisée, sous différents formats, d’un livre majeur publié en 1778 par un homme ayant exercé le métier de chirurgien sur plusieurs vaisseaux négriers, Alexander Falconbridge : An account of the slave trade on the coast of Africa. Je cite seulement la première phrase de la Préface :

The following sheets are intended to lay before the public the present state of a branch of the British commerce, which, ever since its existence, has been held in detestation by all good men, but at this time more particularly engages the attention of the nation, and is become the object of general reprobation.

 

Ce texte, comme tant d’autres, est à faire lire à toutes les personnes qui vont répétant qu’ « à l’époque tout le monde était d’accord », que « les mentalités ont changé » etc. C’est faux. Il en va de même de la colonisation. Dans mon troisième cours de L1 d’introduction aux études post-coloniales, je cite un extrait du Voyage à l'isle de France, à l'Isle de Bourbon, au Cap de Bonne-Espérance, &c. de Bernardin de Saint-Pierre (1773) qui explique parfaitement le mécanisme des monocultures commerciales (cash crop colonialism), donc comment l’extermination des Amérindiens d’une part, la déportation de millions d’Africains d’autre part sont toutes deux liées au commerce du café et de la canne à sucre.

Je n’en retrouve pas à présent le texte original (je cite la traduction anglaise dans mon cours), mais en voici un autre :

L’esclavage n’est point nécesse à l'Isle de France pour l'agriculture; lui est contraire, s'oppose à la population. Le code Noir n'est point observé. L'esclavage ne peut se justifier ni par la théologie, ni par la politique. Philosophes devroient le combattre, femmes Européennes devroient s'y opposer.

 

En d'autres termes, le relativisme et l'universalisme sont des concepts que manient nos défenseurs de l'héritage colonial et des crimes contre l'humanité des nations européennes selon que ça les arrange ou pas.

 

mardi, 05 juillet 2022

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Après la réunion de département, pot de fin d’année, avec cadeaux et discours pour les « partants », B. M. qui s’apprête à une reconversion, et E.R. qui prend sa retraite (j’ai fait le malin dans le discours en plaçant ce que j’avais appris en lisant l’entretien de Christiane Fioupou dans e-Rea : en espagnol, on parle de jubilacion). E. a répondu à mon discours en finissant sur deux citations particulièrement rentre-dedans de Cavanna sur la vieillesse, tirées d’un livre que je ne connaissais pas, Stop-crève. Je dis que je ne connaissais pas car, même si j’ai très peu lu Cavanna, il y avait ses œuvres complètes (ou presque, donc) chez mon beau-père.

Déjeuner rapide et sympa au Cafecito, avec, notamment, la nouvelle collègue MCF, qui a l’air très affable, curieuse, outre l’excellence de son CV.

 

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jeudi, 05 mai 2022

05052022

 

Ce matin, c’était le dernier cours de Littératures postcoloniales et de la diaspora de L3. Impression un peu mitigée car j’ai fait passer un peu à l’abattage les 8 dernières présentations orales (en moyenne, il y en avait plutôt 3 par cours, soit beaucoup de temps pour questions, échanges et reprise), mais c’était le dernier cours avec un groupe d’étudiant-es globalement très vif, très dynamique, assez poil à gratter parfois, mais de façon stimulante. Chose rare, il me tarde presque de corriger leurs copies. C’est aussi une promotion dans laquelle se trouve une demi-douzaine d’excellent-es anglicistes.

 

Après-midi : conseil d'UFR, dont deux heures perdues à discuter du sexe des anges de l'emménagement partiel sur le site Lesseps à partir de 2025.

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Soir : bonne idée, vraiment, d'aller acheter des feuilles quadrillées pour O* juste avant l'heure de la fermeture à la FNAC. Outre que les seules marques vendues là coûtent la peau des nèfles, pas pu résister à acheter deux disques, dont le dernier Oumou Sangaré. / Soir, plus tard : émission de La Grande Librairie avec Annie Ernaux. Pendant l'entretien, je me suis pris à refeuilleter le magnifique Quarto, et à commencer la lecture de La Femme gelée. Quelle écriture exceptionnelle. Deux analogies me sont venues, inattendues, difficiles à assumer ou approfondir totalement : le même creusement à partir des mots que dans les derniers livres de Sarraute ; le même creusement d'un matériau familial / générationnel que les romans de Bergounioux dans les années 80 (mais en beaucoup moins ennuyeux).

 

mardi, 03 mai 2022

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Ce matin, réunion de département en conseil restreint, assez poussive, dans laquelle nous avons enfin réglé son sort à une question qui empoisonnait les débats depuis trois réunions. Un vote formel de rejet a eu lieu, à une écrasante majorité, et j’espère qu’on ne reviendra pas me faire perdre un temps fou avec cette histoire encore et encore. Sinon, dans la foulée, j’ai été réélu directeur du département pour les 2 années à venir (j’étais le seul candidat).

Une ancienne lectrice qui a enseigné chez nous de 2003 à 2005 m’a contacté pour me demander si je pouvais rédiger une attestation d’emploi avec détail des cours enseignés pendant ces 4 semestres, ce que j’ai fait, bien entendu ; elle m’a félicité de ma « promotion » car elle venait de découvrir qu’en cherchant le nom du ou de la responsable de département the name more than vaguely rang a bell… Je lui ai évidemment expliqué que ce n’était pas une promotion et que personne ne voulait s’y coller…

 

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samedi, 15 janvier 2022

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Depuis quelques jours, mon fil Twitter s’est parsemé – voire encombré – de suites de petits carrés colorés ; j’ai fini par comprendre qu’il s’agit d’un jeu nommé Wordle, ou Sutom (le boustrophédon de « motus ») en français, ou Termo en portugais etc. Comme il n’y a qu’une seule grille par jour, le jeu ne peut pas devenir addictif, mais il ne faut évidemment pas partager la solution, de sorte que ce sont les résultats, sous forme de carrés indiquant le nombre de coups et la progression (lettres mal placées, lettres absentes etc.), qui s’affichent sur les profils des personnes dont je suis le compte ; apparemment, d’ailleurs, ces suites de carrés rendent Twitter absolument abominable pour les mal- ou non-voyants qui se servent d’un logiciel de lecture vocale.

Comme alternative, j’ai commencé à poster des citations contenant le mot à trouver. Il y a aussi plusieurs grilles différentes, comme celle du Queerdle.

 

Matin : long (dernier) cours de traductologie d'agrégation interne, en visio. Certain-es collègues me demandent de leur réexpliquer des points de grammaire qui relèvent du programme de seconde, ce qui ne laisse pas de m'inquiéter quelque peu.

Après-midi à comater dans le sofa, en lisant de la poésie, en buvant du thé, en regardant vaguement un match de rugby.

Soir : The Draughtman’s Contract, 3e visionnage pour moi. O* a aimé (on va en faire un vrai cinéphile). J’ai vu que Greenaway avait continué à faire des films depuis le dernier vu au cinéma, 8+1⁄2 Women. Envie aussi de me re-regarder The Falls et A Zed and Two Noughts (dont j’avais parlé, je crois, lors de mes premiers mois de blog). Greenaway est gallois ; je l'ignorais.

 

vendredi, 29 janvier 2021

Lève-tôt et visiolâtre

Réveillé à 3 h 45 (mais cela signifie que j'ai dormi cinq bonnes heures, d'un bon sommeil), levé à 4 h 15, j'ai résisté à l'appel du bureau, avec cet ordinateur, et j'ai passé les deux heures de l'avant-aurore dans le fauteuil de la bibliothèque, à un mètre à peine, sans écran, à poursuivre ma lecture d'Agir non agir, l'essai capital de Pierre Vinclair, et à finir de lire La saveur des derniers mètres de Felwine Sarr, qui s'achève par deux textes de l'été 2020, avec la pandémie au Sénégal.

Je ne parviens pas à me tenir au rythme quotidien dans ce blog, comme en 2020 (et même si j'ai foiré, alors, décembre).

 

Ce matin, les deux cours de 2 h chacun, de traductologie L3. La semaine dernière, pour le premier cours du second semestre, j'ai tenté le travail par petits groupes, pendant une vingtaine de minutes, ce qui permet de casser l'effet trop vertical et surtout trop aseptisé de la visio Teams, et ce qui a permis aussi à certain-es étudiant-es de collaborer sans l'avoir jamais vraiment fait avant. Faire connaissance malgré le distanciel, c'est fruste, mais tout est bon à prendre. Il faut que je retente cela chaque semaine ; cela ne retarde en rien le cours, et, la semaine dernière en tout cas, j'ai vu (moi qui peux suivre les débats dans toutes les "salles" simultanément) que l'intelligence collective n'était pas un slogan creux.

Lors d'une des vidéos tournées à bicyclette en novembre, je parlais du fait qu'il faudrait se forcer, après, à sortir des carcans/cocons dans lesquels nous plonge la pandémie ; entre autres, il ne faut pas se prendre au mirage de l'enseignement à distance.

 

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dimanche, 24 janvier 2021

Un dimanche comme d'autres

Passé la journée à corriger enfin mes copies en retard, qui me regardaient de travers depuis plusieurs jours. Il faut dire que j'ai dépensé un temps et une énergie folles pour organiser le tutorat, qui va se mettre en place, on l'espère, malgré les complications administratives, mais pas avant le 8 février, le temps de monter les dossiers (et en espérant qu'un troisième confinement ne va pas venir semer la panique).

Entre midi et une heure, visio Jitsi avec mes parents, et A*, à Rennes : cette fois-ci, la connexion fonctionnait bien pour lui. Ma mère n'arrive pas, depuis une semaine qu'elle essaie, à avoir un rendez-vous pour faire vacciner mon père (qui aura tout juste 76 ans dans trois semaines).

Soirée : deux parties de Munchkin, toutes deux gagnées par O*.

Froid prenant.

 

vendredi, 08 janvier 2021

Polyphonies

Difficile de se tenir à l'écriture quand le reste du travail rend tout cela plus difficile encore. Au moins, j'ai le prétexte, parfois, que le travail m'a empêché d'écrire. Ces jours-ci, je suis accaparé par les signatures de programmes d'études des étudiant-es qui postulent pour un semestre ou une année dans les universités partenaires d'Asie et d'Australie. Est-ce l'effet de l'étouffement ressenti avec les confinements, il n'y a jamais eu autant de candidatures.

 

J'ai passé une partie d'après-midi à lire, au salon, dans un des deux cabriolets offerts par mes parents, le roman de la romancière tunisienne Hella Feki, Noces de jasmin, paru l'an dernier aux éditions Lattès. Sans l'admirable Ahmed Slama, je n'aurais pas eu vent de ce livre. La structure et le fonctionnement narratif (alternance de 5 narrateurs à la première personne, dont un non-humain (la cellule)) rappelle le roman de Véronique Tadjo autour de la pandémie d'Ebola, En compagnie des hommes.

Il va falloir remettre sur le métier les vidéos.

 

Il fait un froid mordant. Toute la journée, brume et brouillard.

Depuis hier, j'ai mis en route une séance quotidienne de vélo d'appartement, au sous-sol, dans la chambre d'amis reconvertie depuis août en salon musical, et donc aussi désormais en salle de sport. À chaque séance de vélo correspond l'écoute d'un vinyle, avec pause médiane pour retourner le disque. Ce matin, c'était Africa / Brass de Coltrane, et confirmation que c'est peut-être le seul disque de Coltrane que je trouve ennuyeux, pénible presque.

 

lundi, 04 janvier 2021

Un froid de canard sur le site Tanneurs

Pour le billet de ce jour, je vais me contenter de copier-coller mon statut Facebook de ce matin :

 

Ce matin, rentrée sur le site Tanneurs, pour surveiller un examen de L3.

L'épreuve étant de 9 à 11, mes collègues et moi arrivons dès 8 h 25 pour préparer les amphis. Nous constatons qu'il fait un froid de canard, probablement pas plus de 10°, plus froid même que dans les couloirs et le hall de l'Extension.

Nous avons fait appeler l'Antenne Technique Immobilière : aucun résultat.

J'ai tenté d'appeler deux bureaux différents de la Faculté Lettres et Langues : "l'Université de Tours est fermée, veuillez rappeler le lundi 6 janvier 2020" (oui, vous avez bien lu).

En attendant, les étudiant-es composent en se caillant, et en gardant leurs manteaux.J

ai installé deux radiateurs à bain d'huile dans chaque amphi, ce qui était tout à fait dérisoire : soit que les prises soient condamnées pour ce genre d'appareil, soit que le plan incliné empêche son utilisation, les 4 appareils ne fonctionnent pas (alors qu'ils marchent parfaitement dans les bureaux).

Il n'y a pas que le Covid19 qui tue l'Université : il y a aussi et surtout l'incurie administrative.

EDIT de 9 h 50. À 9 h 45, la ventilation des amphis a démarré. On sent de l'air... froid. Faut-il en conclure que le système de ventilation (primordial contre le Covid) ne fonctionnait pas avant ? que le chauffage n'avait pas été lancé ?

 

samedi, 05 décembre 2020

Petit erratum à un communiqué gouvernemental

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Erratum : "Quand il y a trois cent cinquante ETUDIANTS pour des amphis de trois cents places, c'est qu'on est DANS UN PAYS QUI A TOTALEMENT ABANDONNE SES UNIVERSITES".

 

 

mercredi, 25 novembre 2020

*2511*

Coup de théâtre, Philippe Vendrix a annoncé, dans un mail destiné à tou·tes les étudiant·es et les membres du personnel, qu'il ne briguerait finalement pas de second mandat lors de l'élection de lundi prochain. Le message est très étrange, usant de juxtapositions énigmatiques. On comprend entre les lignes qu'il sait qu'il y a des défections dans ses rangs et qu'il va prendre une rouste, mais il reste possible qu'il s'agisse d'une nouvelle manœuvre, d'une énième manigance pour tenter de confisquer l'élection.

 

[EDIT du 27.11 : en effet, Claude Ophèle se présente à l'élection. Changement de candidature à trois jours du scrutin, tout ça sent la vieille soupe, les bidouillages en interne, toute cette franc-maçonnerie dont crève l'Université. Cerise sur le gâteau et symbole de leur basse politique, Claude Ophèle écrit, , dans son message qui brasse du vent, "étudiant(e)s", soit une graphie inclusive qu'on n'emploie plus depuis au moins douze ans.]

 

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vendredi, 20 novembre 2020

Ressacs infinis

Matin : la rue des Tanneurs quasi déserte, à dix heures, en semaine, c'est rare.

 

Midi : le soleil frappe le linge et le vent le fait onduler. Presque plus une feuille sur le merisier.

 

De deux à quatre long entretien, par visio, avec J.* L.* qui souhaitait m'interroger car elle fait partie d'une équipe dont le sujet de recherche actuel est la traduction dans l'apprentissage des langues. Discussion passionnante, car elle m'a suggéré de nombreuses pistes et surtout elle m'a conduit, par ses questions, à formuler des hypothèses diffuses jusque là. Autant certains points ont fini par se cristalliser pour moi, du fait de l'expérience accumulée ; autant d'autres étaient pris dans une sorte de nébuleuse. Cela fait quelques années que je n'enseigne plus la traduction, en-dehors (et c'est une exception notable, car j'y tente pas mal de choses) du cours pour étudiant-es d'échange, mais j'enseigne la traductologie, d'une façon de plus en plus rigoureuse d'ailleurs ; j'aimerais réenseigner la traduction en première année en 2021-2022, histoire de mettre en pratique un certain nombre d'idées que vingt ans de boulot sur tout ça ont fini par me faire articuler.

 

Fin d'après-midi, après promenade ballon : documentaire sur les enfants retirés à leur famille pour cause de maltraitance, avec un juge très calme, à l'élocution lente, que j'aurais aimé trouver pleinement sympathique, si ce n'est qu'il ressemblait en partie à De Rugy et à Guaino jeune. Les témoignages de trois adultes ayant vécu l'enfer des violences familiales étaient aussi édifiants que bouleversants.

 

Soirée : suite des documentaires américains sur l'astronomie, un sur le soleil et l'autre sur les trous noirs. Outre les musiques insupportables et les animations 3D inutiles et même plus spectaculaires à force d'être rabâchées, cette série présente l'inconvénient de répéter certaines informations plusieurs fois, puis de laisser le spectateur faire certaines conclusions par défaut, par recoupement d'informations. D'un point de vue pédagogique, justement, on est proche du zéro.

Ainsi, dans celui sur le soleil, le reportage insistait, dans le premier tiers, sur le fait que certains phénomènes d'explosion solaire pourraient, par projection de gaz, mettre en péril l'alimentation électrique sur Terre, ainsi que les commandes des avions de ligne et des avions militaires ; le reportage présentait alors un centre d'observation de ces phénomènes solaires ; la façon dont cette sorte de monitoring se passe y était expliquée très clairement, la voix off ne cessant toutefois de répéter que, si jamais tel type d'explosion se produisait ce serait très dangereux pour tout appareil de navigation usant du pilotage satellitaire ; on finissait par voir le scientifique chargé du monitoring observer en direct un de ces phénomènes solaires, puis constater que l'explosion majeure n'avait pas eu lieu, donc que l'alerte était terminée. Puis le documentaire passait à autre chose.

Et nous de nous interroger... Un tel phénomène, annoncé avec grands renforts de musique inquiétante, a-t-il déjà eu lieu ? on suppose que non. Si le scientifique avait constaté que ce phénomène était véritablement en train de se produire, quelle était la procédure ? comment faire cesser tout vol aérien, par exemple ? dans quel délai ? pendant combien de temps ? comment pallier la rupture d'énergie induite ? cette rupture d'énergie affecterait-elle la planète tout entière ?

Rien de tout cela. Comme je l'ai dit plus haut, zéro, d'un point de vue pédagogique.

 

lundi, 02 novembre 2020

Jour des défunts, grisaille

Malgré les inquiétudes de C*, la journée s'est plutôt bien passée.

O* l'a tout de même trouvée éprouvante. Au lycée, l'hommage à Samuel Paty a glissé comme ça, mais par contre la proviseure (qui s'est fait taper sur les doigts par le rectorat) avait maintenu la banalisation des cours de 8 à 10.

Au collège, dans sa classe de troisième, la discussion avec la prof d'histoire d'O* a duré toute l'heure ; ce qui ressort des témoignages que j'ai pu lire sur les réseaux sociaux, c'est à quel point les élèves, dans leur grande majorité, ne savaient pas ce qui s'était passé, ou ne l'avaient compris qu'à moitié, donc pas du tout.

 

Pour ma part, je travaillais à la maison le matin, puis j'ai assuré mes cours en distanciel depuis mon vieux bureau 45 du site Tanneurs (un collègue était déjà installé dans le bureau 38, et, vu la très faible fréquentation des lieux, nous n'allions pas nous gêner). Beaucoup de monde dans le bus et le tram, à l'aller comme au retour : il faut dire que ce confinement n'en est pas un ; de notre famille, seul A* est resté à la maison toute la journée sans mettre le nez dehors, alors qu'en mars-avril, nous restions à la maison. Les établissements d'enseignement restent ouverts, et les cours sont toujours dispensés en présentiel de la maternelle aux classes supérieures des lycées (mais pour combien de temps ?), sans compter le nombre important, à ce que j'ai pu voir rue du Commerce, de boutiques qui sont ouvertes sans qu'on puisse y entrer (le fameux click and collect)...

Le site Tanneurs était lugubre, dans l'obscurité et la grisaille. À moitié dépeuplée (mais à moitié seulement), la ville était lugubre.

 

otele.JPGAu retour, immense joie de trouver dans ma boîte à lettres le livre d'Olivette Otele, African Europeans. An Untold History.

Commencé à le lire, et d'ores et déjà, outre ce que j'apprends et ne savais pas (ou mal), ce qui est passionnant est de voir comment l'expression qui donne son titre au livre est réversible : le cas des mamelouks, par exemple, démontre à l'envi combien l'Afrique s'est européïsée longtemps avant les conquêtes, et combien même les concepts géographiques d'Europe et d'Afrique sont des fabrications.

Plusieurs des citations mises en exergue en tête du livre, dès avant le titre, font valoir combien ce livre est exceptionnel, ground-breaking, et on sent, dès les premières pages, l'introduction et le chapitre 1 en l'espèce, que ce ne sont pas de simples blurbs de complaisance.

Un essai qui promet d'être excitant.

 

vendredi, 16 octobre 2020

Mon trajet pour aller au travail (#infraPerec 38)

infra-Perec

 

Le plus souvent je m’y rendais en voiture, tant que les enfants étaient très jeunes et qu’il fallait les emmener dans des lieux différents (nounou et école puis école et collège) et aussi avant que les transports en commun ne s’améliorent, en 2013, avec la mise en service d’une ligne de tramway et d’une ligne de bus rapide. Dorénavant, il m’arrive encore de m’y rendre en voiture – et de me garer dans le lugubre second sous-sol du site Tanneurs – mais c’est souvent aussi en tram (alors, je rêvasse, je pianote sur mon smartphone ou j’écris des textes à contraintes, comme jadis les Quatramways) et désormais, depuis juin, à vélo, avec le VTT que nous avons acheté pour mon fils aîné mais que je peux utiliser quand il est à Rennes. Comme je mets en général un peu moins de vingt minutes, c’est le vélo qui est le plus rapide (contre 25 à 30 minutes de porte à porte avec bus 2 et tram A), mais faut-il décompter le temps passé à se désaper tous volets fermés dans mon bureau, à sécher ma sueur à la serviette et à remettre du déodorant ?

Au retour, je ne parviens pas toujours – ni souvent – à gravir la Tranchée sans mettre pied à terre. Avant-hier j’ai enfin tenté de passer le premier plateau et je crois qu’à l’avenir je parviendrai en haut de cette côte pentue de 750 mètres sans mettre pied à terre.

Quand je me rends au travail en voiture, c’est l’occasion de rapporter les livres empruntés à la B.U., d’en rapporter plus facilement et sans me déboiter l’épaule, d’écouter des disques ou de me brancher sur France info, ce qui a, en général, l’inconvénient de me déprimer ou de me stresser. Dans le tram, à l’occasion, les réseaux sociaux consultés via smartphone ont le même effet.

À pied, entre l’arrêt du tram et la maison, souvent je chantonne à tue-tête (et je sais que cette formule est contradictoire).

 

mardi, 13 octobre 2020

Des mails...

En fait, je suis levé depuis une heure, et, outre le début d'une préparation de cours, j'ai passé 40 minutes à répondre à un étudiant qui m'avait demandé des conseils bibliographiques jeudi dernier et dont j'avais zappé le mail, alors que je m'étais promis d'y répondre ce week-end.

C'est un étudiant qui s'intéresse aux traductions de Poe par Mallarmé, et qui m'envoie aussi une traduction, pas mauvaise du tout, qu'il a faite d'un poème de Pierre Unik.

La honte absolue de ne pas lui avoir répondu plus tôt.

 

C'est toujours comme ça avec les requêtes complexes : il faudrait écrire immédiatement pour dire que c'est super, qu'on prépare une réponse, en disant surtout à l'étudiant-e de vous relancer au bout de 48 heures sans réponse...

 

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mardi, 29 septembre 2020

Cours n° 3 (vidéo de substitution)

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lundi, 28 septembre 2020

All Cops Are...

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Si le gogue où j'ai mes us n'avait pas été en panne, non de papier mais de jus (électrique), je n'eusse point vu cette merveille, car c'est bien là que se niche le vrai slogan contre-pouvoir, dans l'opposition autant à la façon dont des fils à papa huppés se font des frissons en graffitant d'ineptes ACAB qu'à l'autoritarisme barbouze de la macronerie triomphante.

 

(Au demeurant, étrange journée, site déserté mais à moitié seulement, pause déjeuner coupée par un exercice d'alarme à incendie qui en fait n'était pas un exercice, etc.)

 

jeudi, 24 septembre 2020

Kafkaïennement

On sait depuis juin qu'on ne pourra pas faire un semestre normal de septembre-décembre 2020.

Nous enseignant-es avons demandé à pouvoir mettre en place des solutions pédagogiques permettant l'allègement des classes. Cela nous a été refusé. Jusqu'à la mi-septembre, et donc après le début des cours, la Présidence de l'Université de Tours nous disait : 100% présentiel, et gare à qui désobéirait.

Irresponsabilité et infantilisation.

 

Il y a 5 jours, la préfecture bascule le département en zone rouge et demande à la Présidence de l'Université de limiter les flux de personnes. Hier, mail absurde du Président informant d'un décret rendant obligatoire la distanciation d'au moins 1 mètre entre toutes les personnes en toutes circonstances. Cela n'est évidemment possible dans aucun cours, et ce même en faisant un roulement par demi-groupes. Le Président d'ajouter donc : "J’ai bien conscience de la complexité de mettre en œuvre cet arrêté. Néanmoins, il nous appartient de faire preuve de civisme et de contribuer collectivement et individuellement à la sécurité sanitaire de notre communauté universitaire."

Traduction : faites n'importe quoi, je ferai semblant de ne pas le savoir.

 

Et là ce matin à 10 h 56, le directeur de la Faculté Lettres et Langues convoque un conseil extraordinaire pour AUJOURD'HUI à 14 HEURES !!! Pour traiter en extrême urgence de choses que l'on sait depuis juin. Franchement, l'Université mérite de crever. Un pareil ramassis de tocards, ça n'a pas de sens.

 

12:05 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 22 septembre 2020

Chiméries

Passé la journée en visioconférence Zoom autour du projet de publication des œuvres complètes de René Maran, sous l'égide de l'ITEM. Passé la journée en total syndrome de l'imposteur, car, comme j'avais manifesté mon intérêt dès les premiers balbutiements du projet, m'y voilà embringué, faute de combattants en nombre suffisant, je le crains. Or, je n'ai aucune compétence éditoriale en critique génétique, et je ne suis bien sûr pas du tout spécialiste de l'auteur. Il me semblait simplement primordial de faire réémerger ce texte biscornu et bizarroïde publié en 1924, Le petit roi de Chimérie.

 

Maran n'était pas africain, mais, en sa qualité d'administrateur colonial originaire de la Martinique, il a consacré une bonne partie de son œuvre à l'Afrique subsaharienne, en ne critiquant guère le modèle colonial, et en restant, tout au long de sa carrière, un bon représentant de la schizophrénie aliénante analysée plus tard par Fanon. Republier, en les rééditant et en les accompagnant d'un appareil critique, ses livres relève donc, dans le contexte intellectuel de la France des années 2020, d'une triple gageure : littéraire, éditoriale, idéologique.

 

Nous verrons...

 

jeudi, 17 septembre 2020

Diaporamas commentés

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À noter que je me suis fait la main en enregistrant aujourd'hui les trois premiers tutoriels de mon cours magistral de méthodologie de première année, que je devais assurer deux samedis de suite mais pour lequel j'ai été autorisé, la panique gagnant l'administration de l'Université face à la bombe à Covid19 que représente le site Tanneurs, à basculer en distanciel asynchrone.

 

samedi, 12 septembre 2020

L'Université en pilotage automatique dysfonctionnel

L'UNIVERSITE DE TOURS FAIT N'IMPORTE QUOI, suite du feuilleton.
 
En juin, en vue de préparer la rentrée, les équipes pédagogiques avaient été incitées à "faire remonter" des propositions afin de pouvoir accueillir les étudiant-es dans de bonnes conditions. Nous avions compris qu'il s'agissait de maintenir un maximum d'enseignements en présentiel tout en limitant l'afflux massif habituel de 5 à 6000 personnes dans les couloirs et les salles du site Tanneurs, pour prendre l'exemple que je connais le mieux.
 
J'avais proposé de remplacer les CM de L1 dont je suis responsable par des capsules vidéo de type Power Point commenté. J'avais proposé, pour le TD de L3 que je suis seul à enseigner, de mettre en place un système de demi-groupes : les étudiant-es assisteraient physiquement au cours 1 semaine sur 2 ; les étudiant-es dispensé-es d'assister au cours devraient consulter la fiche de cours sur le cours en ligne et déposer un travail. Avec ce système, tout le monde aurait son compte d'heures, et le programme serait bouclé.
 
Nous avons appris en juillet que la rentrée se ferait en présentiel intégral et que toutes nos propositions différentes étaient balayées d'un revers de main. Ce refus strict, formulé dans des termes infantilisants, a été confirmé plusieurs fois fin août et début septembre. Comme nous avons été quelques-uns à protester, et surtout comme, cette semaine, de nombreux CM (de droit notamment) ont été annulés/reportés le jour même quand les profs ont vu la gravité de la situation sanitaire, nous avons appris hier soir (à DEUX JOURS de la reprise des cours à l'UFR Lettres et Langues) qu'"au vu de l'évolution de la situation sanitaire, et après accord de la Présidence reçu ce jour, la possibilité est donnée aux équipes pédagogiques qui le souhaitent de s'orienter vers le plan B sur lequel elles avaient travaillé à la fin de l'année dernière".
 
On constate avec amertume mais sans surprise que la Présidence finit par autoriser à DEUX JOURS de la rentrée quelque chose qui a été conçu par les équipes pédagogiques il y a TROIS MOIS... et refusé jusqu'à hier ! Très entre autres, ces 3 mois permettaient la préparation du programme de cours et la mise en place de ce nouveau dispositif. Or, pour mon cours de L3, comme pour les autres, j'ai déjà prévu mon plan de cours, plusieurs documents didactisés etc., de sorte qu'il m'est impossible de m'organiser selon ma proposition de juin, à moins de tout replanifier.
 
Mettre en place le système d'alternance, fût-ce à partir de la semaine 2, va me demander un surcroît de travail très important. Le ferai-je ? J'en doute. Je vais plutôt me contenter d'accueillir les étudiant-es dans les conditions qui nous sont, de fait, imposées : entassé-es dans des salles trop exiguës et souvent mal ventilées, en attendant (comme l'a avoué le doyen en conseil d'UFR jeudi) l'inévitable fermeture, à court ou moyen terme, du site pour raisons sanitaires et la réinstauration du distanciel pur.
 
Une fois encore, la Présidence de l'Université aura fait fi de l'innovation pédagogique autant que de la santé publique.
 

jeudi, 10 septembre 2020

L'Education nationale et l'Université, des accélérateurs de Covid19 ?

Comment l'université de Tours gère-t-elle la rentrée avec Covid ? mais comme le reste... La seule chose qui compte, ce sont les élections aux Conseils centraux du mois prochain. Pas moyen d'évoquer un autre sujet.
 
Début mars j'avais dû écrire plusieurs mails pour demander pourquoi le site ne fermait pas alors que les "rassemblements de plus de 500 personnes" étaient interdits. Le jour même où Macron a annoncé la fermeture de tous les établissements y compris universitaires, un haut responsable m'avait envoyé un mail comminatoire affirmant que je créais de faux problèmes et que mes questions étaient farfelues.
 
Et six mois plus tard, que se passe-t-il ? Eh bien, c'est pareil. Impréparation et imprudence portées au rang d'un des beaux-arts.
 
Juste un exemple (mais vous pouvez multiplier par mille). On m'oblige à assurer mes deux CM de 3 h chacun samedi 19 et samedi 26 dans un amphi bondé alors que j'avais proposé de les faire en vidéo. Université de Tours : tout en présentiel sauf pour les agents présentant un risque majeur. Et même si une solution alternative simple pour les étudiants existe.
 
Bon, au collège de mon fils cadet ça tombe comme des mouches, à commencer par plusieurs de ses potes, dans trois classes différentes... et mon fils lui-même, que ma femme a dû aller chercher ce midi pour symptômes douteux.
 
Idem au lycée de mon épouse, comme des mouches.
 
Donc l'université de Tours, à défaut d'avoir un accélérateur de particules, va pouvoir breveter son accélérateur de Covid19.
 

lundi, 07 septembre 2020

Escaliers et cycles

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Après avoir enregistré la première vidéo de la série je rends des livres depuis dix mois, j'ai rendu les livres en question, et j'en ai emprunté d'autres.

Ça y est : je connais le digicode du garage à vélos !

 

samedi, 05 septembre 2020

« je range ma caméra » ?

 

J’écris ce billet au café bolivien. Cela n’aura pas eu grand sens, très exceptionnellement, de veiller jusqu’à après minuit pour regarder ce (mauvais) documentaire sur Ferré : j’ai mis du temps à m’endormir, et je me suis réveillé à 6 h 20.

 

Le billet que j’ai écrit hier – et auquel je vais donner une forme plus diplomatique en écrivant à ma collègue conservatrice et directrice adjointe de la B.U., pour lui proposer tout simplement d’ajouter quelques livres aux tables de présentation de l’exposition – a été rédigé dans le bureau 38, mon bureau à l’université, mon bureau de 2002 à 2007 et de nouveau depuis 2015. C’était la première fois depuis très longtemps que j’écrivais pour le blog à l’université. De même, je me suis aperçu que la dernière vidéo de la série je rends des livres datait de novembre 2019. Donc, ni blog ni vlog depuis un moment, et la pandémie n’y est pas pour grand-chose.

Lundi je dois rendre plusieurs livres que j’avais empruntés en juin. Trouverai-je un endroit où m’isoler pour filmer un trente-et-unième épisode de la dite série ? Avec ses défauts et ses ridicules, cette série a au moins le mérite d’échapper au cercle étrange de la promotion dissimulée. J’ai emprunté divers livres pour diverses raisons ; je les ai lus ou seulement parcourus ; j’en parle en vitesse ; basta. Pas de promotion dissimulée, donc.

 

Ici, je renvoie à l’excellent billet d’Ahmed Slama. Ahmed Slama a entièrement raison : même nous, universitaires et blogueurs « indépendants », qui essayons de faire autre chose que du journalisme littéraire de connivence, nous retrouvons souvent à promouvoir. Et Ahmed Slama met le doigt sur quelque chose qui participe sans doute de ma réticence à enregistrer une nouvelle vidéo de la série je range mon bureau : outre que la pile de livres est trop volumineuse, que je vais encore m’épuiser en faisant cette vidéo trop longue que personne ne regardera en entier (et comme je le comprends !), il y a toujours des livres que j’ai lus et qui ont été publiés par une maison d’édition que j’aime bien, que je veux faire connaître etc. Mais si le livre ne m’a pas enthousiasmé, comment faire ?

Comme pour les Traductions Sans Filet, série abandonnée (après 210 épisodes tout de même) car ça ne m’amusait plus ou car j’avais fait le tour de l’exercice (ce qui m’amuserait, c’est de le faire en live, dans une performance théâtrale en quelque sorte), je suis à la croisée des chemins. Ce dont j’aurais envie, ce serait de faire des vidéos plus brèves, sur un seul livre ou sur deux livres, dans une perspective moins vagabonde, moins informelle, plus universitaire sans doute, en un sens. Toutefois, ce qui me retient est que je ferais là, en quelque sorte, ce que font (beaucoup) mieux que moi Ahmed Slama, justement, ou Azélie Fayolle. C’est sans doute très vaniteux, mais je tiens à ce que mes projets restent suffisamment singuliers pour qu’on y retrouve ma griffe : très peu d’abonnés, très peu de visionnages ou de « clics », mais qu’importe, c’est bien de moi que ça émane.

 

vendredi, 04 septembre 2020

Roman et histoire des littératures subsahariennes

roman et histoire.PNGJe viens de publier un petit tweet fumasse, mais je sens qu'il me faut approfondir.

 

En effet, je viens de passer à la B.U. Arts et Lettres des Tanneurs, où je travaille régulièrement et où j'emprunte régulièrement des ouvrages ; à de nombreuses reprises, j'ai collaboré à des “groupes de travail”, voire co-organisé des expositions (pour seul rappel, celle autour des traductions collectives de Clonck et ses dysfonctionnements de Pierre Barrault). Cela pour bien préciser que je n'ai rien du grincheux qui passe en coup de vent et qui pond sa petite critique sur un coup de tête.

 

Il y a donc, ce mois-ci, dans la perspective des Rendez-vous de l'histoire de Blois, une exposition "Roman et histoire", qui permet, selon la tradition, de mettre en évidence des ouvrages du fonds. Ne parlons pas de la pertinence qu'il y a mettre en avant Rufin ou Binet, auteurs déjà bien identifiés et certainement trop lus, surtout vu les libertés (pour être gentil) qu'ils prennent avec l'histoire. Je crois, sans être spécialiste de la question, que Dumas (très à l'honneur aussi) est un auteur nettement plus fiable, au strict plan historique, que Rufin.

Non, ce qui me fout en rogne, comme je l'ai écrit sur Twitter, c'est le côté totalement européocentré du choix d'œuvres. Comme on s'y attend de la part d'un africaniste, je vais proposer, ci-après, mon propre choix de titres pris dans le fonds de la B.U. afin de constituer un présentoir Roman et histoire en Afrique. Cette invisibilisation de l'histoire africaine, et, dans la foulée, des littératures subsahariennes qui problématisent et formulent l'histoire des gouvernances sur le continent m'exaspère, et c'est aussi l'objet de mes combats de chercheur et d'universitaire. Soit.

Mais, à y bien regarder, rien sur les Amériques ? rien sur l'Asie ? l'Océanie ? même les littératures nordiques et slaves sont quasi oubliées ?

 

Voici donc ma part du travail, une petite sélection d'ouvrages que l'on peut emprunter à la B.U. des Tanneurs afin de découvrir des textes de fiction qui invitent à reconsidérer l'histoire de l'Afrique. Peu d'écrivaines, mais, fonds de la B.U. oblige, c'est parce que je n'ai pas encore fait acheter assez de livres en fonction des impératifs de recherche et d'enseignement...

Roman et histoire 2.PNG

 

lundi, 31 août 2020

Rentrée

Les échos que je reçois de la rentrée des classes sont très divers. Globalement, les collègues sont si inquiets que les habituelles jérémiades et diatribes à la moi-je s’effacent.

 

Dans un lycée de banlieue parisienne, un proviseur nouvellement nommé a réussi la prouesse de déclarer qu’il « éprouvait de l’aversion pour le mot de bienveillance » et d’autoriser tout un chacun à enlever le masque lors de la réunion plénière car il ignorait le protocole officiel du Ministère. On ne sait ce qu’il faut pointer, de la logique ultralibérale en action (le Léviathan de Hobbes appliqué à l’éducation et à la santé publique) ou de la contradiction entre le discours extrêmement exigeant quant à l’ « excellence » et le laxisme total pour ce qui est de faire son travail (veiller à l’application des consignes du ministère est la mission n° 1 de tout chef d’établissement). Toujours est-il que s’il y a ne serait-ce que 10% de bahuts avec ce genre de couacs, ne pas s’étonner si ça déconne sévèrement dans les prochaines semaines.

Rien de tel, heureusement, au lycée de C*, mais elle a eu confirmation, lors de la réunion d’équipe spécifique pour la classe accueillant des élèves malentendants, que les masques avec fenêtre pour la lecture labiale ne sont en rien une panacée : le plastique au niveau de la bouche s’embue.

 

Pour son dernier jour de vacances, O* m’a battu à la pétanque et au piquet. À partir de demain, j'irai un peu chaque jour à l'université, histoire de réduire ma présence sur site à des plages brèves et de prendre le temps de recevoir les étudiantes Erasmus (moins nombreuses cette année, et pour cause).

 

En bonus : tribune de Françoise Cahen dans Le Monde daté de demain.

 

22:13 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 09 juillet 2020

Des actes, inexacts

Dernier jour de "travail" au sens le plus officiel du terme, et pourtant je ne me suis pas du tout senti "en vacances" ce soir. Il faut dire que le dernier conseil d'UFR de l'année, présidé par le nouveau doyen, a duré 4 heures, et surtout qu'il s'est déroulé selon un mode "hybride", avec une partie des collègues qui assistaient au conseil via Teams avec projection sur grand écran, et une vingtaine d'entre nous en salle des Actes : or, plusieurs collègues assis les uns à côté des autres n'avaient pas de masque, se parlaient à l'oreille etc. Nous sommes cinq à avoir gardé le masque pendant quatre heures, ce qui n'est pas confortable mais supportable.

 

Quand je pense que nous espérons (et voulons) faire une rentrée en présentiel avec des groupes de TD et de CM normaux, c'est-à-dire avec les masques mais une occupation normale des salles de classe, cela me semble mal barré. D'une part, il paraît que les gestes barrière* sont de moins en moins bien respectés, un peu partout ; c'est ce que déclarait ce matin le professeur Delfraissy à la radio ; il est donc possible que la pandémie aura recommencé à galoper avant même la rentrée. D'autre part, si nous ne sommes pas capables de respecter les mesures règlementaires minimales en conseil d'UFR, comment imaginer que les cours seront autre chose qu'un gigantesque bazar ? peut-être que non, après tout ; peut-être qu'un-e enseignant-e qui dira à la classe que tout le monde doit garder son masque sera mieux écouté-e qu'un directeur d'UFR qui, de fait, n'a rien dit, rien rappelé, pas bronché...

 

Comme j'avais fait un post Facebook sur le sujet, une des collègues qui assistait à la réunion via Teams m'a dit qu'elle avait été stupéfaite et choquée de ce qu'elle avait vu en salle des Actes...

 

 

* Je ne peux pas dire que je serai le dernier à respecter la fonction adjectivale (et donc invariable) de barrière dans cette expression, puisque, pour le coup, tout le monde a fait la faute dès le début...

 

19:32 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 30 juin 2020

Collé à la semelle

Depuis hier, j'ai de nouveau le moral dans les chaussettes, pour user d'une expression désuète. Ces sautes d'humeur sont vraiment pénibles. Et cela en dépit du fait qu'il n'y a pas de vraie raison fondamentale, et même qu'A* a passé avec succès l'examen national du code et que les résultats des élections municipales ont plutôt de quoi me réjouir.

 

Ce matin, je participerai à une soutenance de mémoire de M2 ; je croyais avoir lu ce mémoire pas assez attentivement, mais au moment de mettre en ordre mes notes prises au fur et à mesure sur divers supports, je me suis aperçu que ça représentait plus de 10 pages sans interligne. Comme si (et même pire que si) j'allais participer à une soutenance de thèse. 90% des ces remarques resteront sur le papier, pour personne. Il faut dire que les étudiant-es de Master ont de plus en plus tendance à remettre des mémoires plus longs que la norme, et même parfois aussi denses conceptuellement que des thèses de doctorat.

 

D'où me vient l'impression de n'avoir rien fait du mois de juin ?

Ce n'est pas qu'une impression, mais la multiplicité des petites et grandes tâches universitaires explique aussi cela, probablement.

 

Même l'été, sans parler des effets étranges de la période post-confinement, sera haché, hachuré.

 

07:09 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 25 juin 2020

Fin d'année étrange, queue de comète

Avant-hier, l'étudiant de M2 dont je dirigeais le travail, Louis P*, a soutenu, et de fort belle façon. Il a obtenu la note de 18, en raison de sa présentation en anglais, de la solidité argumentative et conceptuelle de son travail, aussi en raison des progrès manifestes qu'il a faits en traduction ; il est étudiant en philosophie à l'origine et a d'ailleurs enseigné comme contractuel cette année en lycée. Ce M2 en études anglophones est un vrai jalon, une vraie preuve d'un transfert réussi dans un domaine qui n'était pas le sien, et qui l'aidera, j'en suis certain, à poursuivre sa spécialisation sur les auteurs du Scottish Enlightenment.

 

Cette soutenance a été l'occasion de reprendre corps avec le travail in situ : à l'exception de S., resté à Paris et qui a participé au jury via Teams, nous étions, les 3 autres membres de jury et le candidat, en salle 36, non loin de mon bureau. Impression étrange, car tous les secrétariats refonctionnent de façon normale, avec gel hydroalcoolique et masques bien entendu, mais le site semble plus déserté que désert.

 

Mardi prochain, la prochaine soutenance de M2 à laquelle je participe, pas en tant que directeur de recherche cette fois-ci, aura lieu via Teams car les horaires et les tarifs de la SNCF sont d'une complication invraisemblable. Heureusement qu'on peut travailler ainsi, tout de même.

Ma collègue, c'est Maboula Soumahoro, dont j'ai enfin pu lire le livre dernièrement, et j'aurais aimé échanger avec elle à ce sujet avant d'en parler dans ma prochaine vidéo ; nous passerons sans doute par un appel vidéo, qui peut être aussi enrichissant. On n'a pas idée de la puissance de dénégation des formes de racisme systémique, et ce ne sont pas les imbéciles ou les salauds (y compris et surtout qui se croient de gauche) bêlant contre les fractures de l'unité républicaine ou du pseudo-universalisme qui pourront inverser désormais la force de la preuve.

Ainsi, en sus des réunions en visio (CSDP, jurys...), je suis en train de consacrer une partie de mes journées à lire attentivement le travail de l'étudiante, qui résonne avec bien des débats actuels sur le prétendu communautarisme des militant-es antiracistes, et avec le très beau texte de Léonora Miano hier dans Le Monde.

 

mercredi, 24 juin 2020

*2406*

Les notes de sax résonnent dans la maison.

Il y avait longtemps.

A* avait emporté son saxophone avec lui à Rennes en août et avait dû le laisser là-bas quand il s'est confiné ici ; nous l'avons rapporté lors de notre brève virée rennaise il y a dix jours.

Visiblement (audiblement) il improvise sur la grille de Viva La Vida!

 

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Ce matin, passé deux heures chez l'orthodontiste pour un énième rendez-vous. O* est désormais débarrassé de son appareil mais doit porter un positionneur jusqu'au prochain rendez-vous, au début de l'automne.

 

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Première vraie journée de chaleur estivale : je vais aller participer à ma réunion de CSDP via Teams dehors.

 

vendredi, 12 juin 2020

Masques sur l'administration

Ce matin, je finis par me lever, après des heures à ne plus dormir, et découvre qu'il pleut, qu'il a plu, encore.

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Hier, petit tour en ville, et l'occasion, devant un kebab désaffecté, de ce selfie "so 2020".

 

Enfin eu des infos du service compétent à l'Université : mon malaise de fin novembre est bien considéré comme accident du travail. Pour mémoire, j'ai vu le médecin expert diligenté par l'Université le 20 décembre. Me transmettre l'avis favorable du médecin expert aura donc pris six mois. Le Covid19 (ah oui, le Covid19 : je dirai la Covid19 quand tout le monde dira la week-end) a bon dos.

Bien pratique, aussi, la crise sanitaire : j'ai appris que les heures complémentaires, habituellement payées en juillet ou en août, seraient versées en... novembre...

 

jeudi, 11 juin 2020

Vidal, entre vésanies et turpitudes

 

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Voici de larges extraits d'une lettre envoyée le 2 juin par la ministre Vidal (totalement fantomatique et inutile depuis le début de son mandat, et pis encore pendant la crise du Covid19) aux établissements d'enseignement supérieur.

Vous la voyez venir, une fois encore, la saloperie absolue ?

 

Depuis des années, les universités exsangues, précarisées, demandent davantage de moyens et moins de flicage administratif par le ministère (dossiers d'accréditation, contrats quinquennaux de plus en plus lourds et assommants...).

Or, cette lettre ne mentionne jamais les questions budgétaires.

 

Par contre, cette lettre propose aux chefs d'établissement, déjà bien le doigt sur la couture du pantalon, de proposer des dérégulations, des assouplissements : comment faire encore davantage avec toujours moins de moyens, en essorant les enseignants-chercheurs et les BIATSS.

 

Cela va de pair avec l'annonce du projet de loi LPPR, contre lequel la communauté universitaire s'est déjà largement mobilisée depuis septembre. Ce projet vise à bousiller un peu plus l'Université publique, à ne financer que les projets qui permettront à des officines privées de s'engraisser sur le dos de l'Etat, et à caporaliser les universitaires.

 

mardi, 02 juin 2020

Ne pas confondre Arnold et Stefan

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Voici l'incipit du livre d'Arnold Zweig, Das ostjüdische Antlitz, publié il y a cent ans tout juste et qui, comme beaucoup d'autres livres de son auteur, n'a jamais été traduit. Mais non, je ne vais pas me mettre ça dans les pattes en plus du reste. Comme dirait le petit perfide au pseudo coréen, j'ai mieux à faire.

 

Aujourd'hui, notamment, je dois poursuivre le formatage et la mise en ligne, en vue du 15 juin, de l'ensemble des sujets de rattrapage de la Licence. Quand on voit ce que fabriquent certain-es collègues, il vaut mieux faire cela méticuleusement, en vérifiant tout à la loupe.

 

06:38 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

mardi, 05 mai 2020

Ça travaille (au ciboulot)

Ce matin, le cours d'agrégation sur Gordimer s'est bien passé : c'était une étudiante/collègue qui se chargeait du commentaire de texte. Afin de permettre davantage d'interaction qu'avec Youtube, j'avais créé un “salon” avec Jitsi. J'ai donc pu voir — ce qui change tout — les collègues, dont le seul garçon, qui a eu l'air de s'emmerder tout du long des 2 h 30...

D'ailleurs, j'ai tenté de faire un live streaming de la visioconférence sur YouTube, mais il a dû y avoir un bug car seules les 90 premières minutes ont été enregistrées / archivées. Heureusement que j'avais fait un document avec mes suggestions de plan et d'analyses pour les absentes.

Pour préparer ce texte, je me suis replongé dans De Chirico, et surtout dans The Enigma of Arrival : une envie folle de relire ce livre. Si je me mets à vouloir relire, je ne suis pas sorti de l'auberge... Pendant ce confinement, toutefois, le “placard des livres en souffrance” se vide un peu, mais pas le “confiturier”.

 

Soirée : The Big Lebowski, vu au cinéma à sa sortie. Même impression qu'il y a 20 ans et quelque : film distrayant, bien joué, mais trop long, pas très bien ficelé, répétitif, trop “second degré”. En fait, ni C* ni moi ne nous rappelions l'intrigue, plutôt l'ambiance seulement. Mention spéciale pour le numéro hallucinant de John Turturro au bowling.

 

jeudi, 16 avril 2020

Au charbon

Beaucoup travaillé ce matin. Mon cours sur Cook commence à prendre forme ; il serait temps. Mais il me donne toujours du fil à retordre. Lundi prochain, j'en assurerai la première séance, probablement via un direct non répertorié sur YouTube : ce n'est évidemment pas idéal, d'un point de vue institutionnel, comme peut l'être Renavisio, mais ça permettra l'archivage intégral du cours.

Dans l'après-midi, alors que nous avons transmis lundi à la Présidence de l'Université nos demandes de modification des modalités de contrôle des connaissances, et alors que les étudiant·es attendent les détails du calendrier pour le milieu de cette semaine, nous avons reçu de nouvelles instructions. Il faut tout recommencer. On ne sait pas quand on pourra informer les étudiant·es.

Tout se passe comme si les autorités de tutelle, à commencer par le ministère, voulaient profiter de la crise sanitaire et du confinement pour écraser les degrés inférieurs sous les tâches : concours en partie maintenus, de façon rocambolesque et absurde, multiplication des exigences formalistes oiseuses mais chronophages — dans le secondaire, confection de nouveaux emplois du temps pour faire croire aux parents d'élèves et aux médias qu'on ne va pas renvoyer les élèves dans de vrais bouillons de culture. Comme si l'administration trouvait qu'il n'y aura pas assez de morts du Covid19 dans l'Education nationale et qu'il faut alléger encore la masse salariale grâce aux burn-out et suicides...

 

Je lis depuis avant-hier Son Excellence Eugène Rougon (qu'A* vient de lire) ; je crois finalement ne jamais l'avoir lu, comme La Débâcle ; cet après-midi, j'ai repris le chapitre “De la vanité” dans les essais de Montaigne.

Soirée : Germinal de Claude Berri — l'occasion de vérifier, près de trente ans plus tard, à quel point Renaud jouait mal. C'est peut-être même plus criant encore aujourd'hui. Il est vraiment effroyablement mauvais.

 

 

dimanche, 12 avril 2020

Océan libellule

Aujourd'hui, après un samedi passé à trimer sur le calendrier des examens à distance de mai et à tenter de rassurer pas mal d'étudiants par mail aussi, je me suis embarqué dans l'enregistrement puis le montage d'une vidéo correspondant à mon cours d'avant-hier. Bilan des comptes, 5 bonnes heures. Même si je sais que, ce semestre étrange arrivant à son terme, les étudiant·es vont surtout se concentrer sur leur dossier individuel pour le 15 mai et n'iront pas regarder cette vidéo, je ne regrette pas mes efforts, car, sur la question du chassé-croisé comme sur les modulations, il y a là beaucoup d'exemples et de développements qui “resserviront”.

 

 

Moi qui ne recycle jamais de cours, je tiens là une sorte d'archive à laquelle je pourrai renvoyer les promotions futures, comme pour les annales d'examens par exemple. Inhabituellement, j'intègre la vidéo à ce billet car j'en suis assez content, malgré sa longueur, et car j'y évoque aussi au débotté telle question de normativisme linguistique ou tel autre point relatif à la Chinafrique (après tout, j'ai choisi des extraits du roman d'Owuor car c'est un texte qui relève de ma spécialité de recherche).

 

Tant qu'à user aujourd'hui de ce blog comme d'un dépotoir (c'est cela, après tout – et les textes, des déchets imputrescibles), j'archive ici les résultats d'une série de sondages linguistiques farfelus que j'organise ces temps-ci sur Twitter.

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samedi, 11 avril 2020

Dérision de l'évaluation

Levé depuis 5 h 45 pour continuer de régler toutes les difficultés liées aux examens. J'ai répondu à un étudiant de L2 complètement paniqué de n'avoir aucune nouvelle et qui se faisait le porte-parole de camarades aussi paniqués que lui, qu'il pouvait (tout en signalant que ça n'avait rien d'officiel) diffuser les infos officieuses que, découragé d'expliquer cela ici sous une autre forme, je copie-colle ci-après :

L'UFR L&L va enfin pouvoir, suite aux décisions de la CFVU jeudi, mettre en place un calendrier avec des modalités de contrôle adaptées. Ce calendrier sera communiqué officiellement aux étudiant-es après approbation par le Président, donc si tout va bien en milieu de semaine prochaine au plus tard. Si nous l'avions pu, nous (au département d'anglais) aurions déjà pris nos décisions et aurions communiqué les modalités d'examen depuis 10 jours ; cela ne nous a pas été permis.

Pour l'anglais, tout sera en distanciel, avec plusieurs matières en CC qui vont "basculer" en examen terminal. Dans certaines matières, des évaluations qui ont pu être faites avant la fermeture seront prises en compte dans le cadre d'un maintien en CC ; mais comme il n'y a eu que 4 semaines de cours, il y en a fort peu.

 Pour les évaluations en examen terminal et évaluations pour RSE, les sujets seront communiqués le 1er mai au plus tard et les étudiant-es auront 15 jours pour les rendre, via Célène ou par mail, avec, par ailleurs, une grande souplesse dans les formats de devoir remis (des photos d'un travail manuscrit seront admises, a priori). Le cas des étudiant-es empêché-es n'est pas encore fixé, la CFVU ayant interdit la proposition de l'UFR L&L de neutralisation du semestre et la demande des élues étudiantes (10 par défaut aux étudiant-es se déclarant empêché-es de composer). Ce que vous pouvez d'ores et déjà dire à l'ensemble de vos camarades c'est que des solutions seront proposées à celles et ceux qui seraient vraiment dans l'impossibilité de remettre des travaux entre le 1er et le 15 mai.

Ce qui est évident également, au vu de la situation actuelle, est que les équipes pédagogiques ont reçu des consignes de bienveillance et que le S2 sera globalement plus facile à obtenir que le S1 ; cela signifie donc que les étudiant-es ajourné-es au S1 ont tout intérêt, dans la mesure du possible, à rendre l'ensemble des évaluations distancielles en usant du délai long qui sera accordé. Je vous dis tout cela pour remotiver tout le monde. La fermeture de l'université, le confinement etc. ont pour conséquence un bilan très lourd sur le moral de tout le monde, et donc des étudiant-es aussi. Nous le savons. La situation en matière d'examens sera bientôt officiellement clarifiée, et d'une manière qui doit faire renaître l'espoir et la motivation à travailler chez tou-tes les étudiant-es.

 

Maintenant, j'attends qu'on me sanctionne pour avoir tenté d'éviter, à ma façon, quelques suicides chez les étudiant·es. (Ceci n'est pas une hyperbole.)

L'Université française est (une fois de plus, devrais-je dire) pas du tout à la hauteur de la situation et ne propose que de petits aménagements technocratiques tièdes à une véritable catastrophe. Le conseil d'UFR avant-hier en fut un excellent exemple : trois heures à discuter du sexe des anges...

 

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mercredi, 08 avril 2020

Alambic, sortie confinée

Hier, on s'est intéressé au hautbois musette, au saxhorn duplex* et à l'orgue Cavaillé-Coll d'Azkoitia.

testes.JPGRetour du soleil et de la douceur.

Le sondage Twitter d'avant-hier a donné des résultats surprenants : balls est arrivé devant nuts, mais d'une courte tête (si j'ose dire). — L'émoticône poivrière a surtout été choisi pour qu'on se pose des questions, ou pour débusquer les personnes aux idées mal placées. Pas réellement d'allusion argotique non plus.

Impossible de me (re)mettre à des choses d'envergure. Je me claquerais**. Passé une bonne partie de l'après-midi avec S°, ma directrice de département, et à tout configurer dans des tableaux Excel. (Ai-je déjà dit ici que je déteste les tableurs ?) Le soir, quelques mails suite à l'envoi, par S°, du long courrier du Doyen et des propositions d'évaluation en distanciel seulement.

Depuis quelques jours, retour des moustiques, aussi.

Ce matin, levé tôt, aussi parce que ces histoires d'examens de première session me taraudent.***

Hier soir : Gervaise de René Clément. Plutôt beau film, mais son pas toujours synchro — l'occasion aussi de se rappeler, pour C* comme pour moi, qu'on ne se rappelle pas parfaitement bien L'Assommoir : j'ai quelques excuses, l'ayant étudié en classe de troisième — donc il y a 32 ans (quoi ??!?) — et ne l'ayant pas relu, ou alors seulement par extraits, depuis.

Il y a, dans le film, à en  croire l'interminable générique de début (on avait largement le temps de finir sa clope avant d'entrer dans la salle, à l'époque), des chansons écrites par Raymond Queneau, qui s'est amusé dans le pastiche.

 

 

* Ce n'est pas l'instrument qui a le mieux traversé les âges.

** Ich könnte mich zerreißen. (Phrase trouvée dans le dictionnaire en ligne PONS une heure après avoir écrit ce billet, en préparant ma traduction allemande du jour.)

*** Et j'en ai oublié de signaler que ce billet était le 4.646e du blog. À la louche cela fait donc, depuis le 6 juin 2005, une moyenne de 0,8579870729455217 billet publié par jour.

 

mercredi, 01 avril 2020

Normal anormal

Une information de première importance, en ce commencement d'avril, et qui devrait réjouir ma mère : quatre jours d'affilée que je ne me réveille pas avant 7 h, et même que je traînasse entre sommeil et veille jusqu'à 7 h 45 aujourd'hui — une vraie grasse matinée !

Les poissons d'avril, si la presse en fait, risquent d'avoir un goût saumâtre.

Hier soir, nanard ennuyeux (ne le sont-ils pas tous ?) : Twist Again à Moscou.

La forme verbale traînasse peut être du verbe traînasser à l'indicatif 1e et 3e p. s., comme du verbe traîner, imparfait du subjonctif 1e p. s.

Une étudiante chinoise m'a sollicité en me suggérant le sujet de la prochaine vidéo de Miettes et bribes ; je vais l'enregistrer aujourd'hui.

Il faudrait que je commence une nouvelle série, peut-être pas de vidéos, plutôt de traduction de poèmes comme l'an dernier avec Rose Ausländer.

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On entre dans le confinement prolongé : cela devient “the new normal”, ce qui fait craindre à la fois pour le retour à la normale et pour notre état psychologique au long des longues semaines qu'il reste à franchir... Je l'ai écrit aux collègues il y a quelques jours en réaction aux injonctions hiérarchiques d'organiser des examens (sinon les examens tel que prévus initialement) : nous devons rejeter toute tentative de normaliser cette situation, qui est fondamentalement anormale. Face à la fracture numérique, bien sûr, mais aussi face au désarroi qu'implique l'absence de cours en présentiel, nous ne pouvons nous contenter d'improviser des évaluations distancielles comme si de rien n'était.

(Un collègue et ami m'a fait remarquer par mail que la différence orthographique présentiel/distanciel était étrange ; j'ai oublié de lui répondre, mais je m'étais fait avoir il y a 15 jours, au point d'être à deux doigts de corriger quelqu'un qui écrivait distanciel car je pensais que cette personne faisait une erreur !)

J'ai en tête la mélodie de L'Ondine de Cécile Chaminade, dont je me sers pour les génériques de mes vidéos Miettes et bribes.

 

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jeudi, 26 mars 2020

Des orfraies aux fraises

Suite à mon billet d'avant-hier, aucune réaction de la principale intéressée, et c'est bien normal (elle est accaparée, comme nous tou·tes, par la fameuse “continuité pédagogique”). Par contre, Didier Goux m'a signalé un beau passage de Chateaubriand, ce qui est l'occasion d'archiver ici cet extrait de l'avant-propos du traducteur de l'édition anglaise de 1902 des Mémoires d'Outre-Tombe, Alexander Texeira de Mattos.

Mattos.JPG

Je le fais sous forme de capture d'écran, car je me suis souvent rendu compte, après une dizaine d'années à bloguer, que les liens hypertexte avaient tendance à ne plus être valides. J'indique toutefois le lien vers la traduction anglaise du tome 1 (et vers l'original aussi sur le Projet Gutenberg). Cela devrait intéresser Claire Placial, qui a publié hier, elle aussi, des vidéos de cours. Ça fait drôlement plaisir, même si c'est dans le contexte tragique actuel. Je mets exprès le lien vers la 2e partie de son cours sur les métamorphoses chez Ovide et dans Harry Potter, car elle a été moins vue que la 1ère (mais cent fois plus que n'importe laquelle de mes élucubrations (tiens, ça va donner raison à VS qui pense que mon angoisse principale est le manque de reconnaissance, cf infra)).

 

J'évoque VS ? Ah, d'une menteuse l'autre. Hier après-midi, lors de la conférence de presse consécutive au conseil des ministres, la menteuse et manipulatrice Sibeth Ndiaye, vraiment une des pires de cette majorité de faquins, a calmement insulté les 800.000 professeur·es de France, en disant qu'en ce moment “ils ne travaillent pas”.

Here is for the record as well :

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Tout cela est démoralisant. Impression de bosser plus que jamais, pour se faire cracher à la figure. Difficile de garder le cap. Heureusement, les garçons ont l'air de très bien supporter le confinement. Hier soir, O* a dit qu'il avait beaucoup aimé Rome, ville ouverte, dont je ne me rappelais pas, pourtant, que ce fût aussi bavard par moments. Toute la scène dans les bureaux de la Gestapo est vraiment étrange, jusqu'aux femmes qui entrent et sortent comme dans un moulin de la salle de torture. Très beau film néanmoins. — Dans un tout autre genre je viens de recommander à un étudiant de L3 d'essayer de voir en entier l'excellente adaptation cinématographique de Twelfth Night avec Imogen Stubbs.

 

vehesse22mars.JPGÀ noter : Valérie Scigala, désormais, ne trouve pas d'autre moyen de m'insulter que de dire que je suis chauve... Cela montre à quel point de bassesse elle est descendue. Faut dire qu'elle qui ne cesse de dire depuis trois ans que les fonctionnaires ne comprennent rien au vrai monde du travail et que la politique gouvernementale est parfaite avoue ces jours-ci  tout benoîtement qu'il y a des jours entiers de télétravail où elle... ne travaille pas...

 

mercredi, 25 mars 2020

*2503*

Hier, ma grand-mère maternelle a fêté, seule bien entendu (et hélas), ses 93 ans.

 

Depuis hier, des échanges assez soutenus ont commencé entre collègues anglicistes de Tours, au sujet de l'évaluation du second semestre. Je ne suis pas en mesure de révéler des discussions confidentielles sur des propositions encore officieuses, mais en tout cas ce qui est certain, c'est qu'une fois encore (et plus que jamais, car la gravité sans précédent de la crise fait encore ressortir la futilité des préoccupations) les universitaires montrent, pour beaucoup, leur incapacité à aller au plus simple. Je ne sais si c'est une forme de crispation sur des choses qui paraissent essentielles à mes collègues, en mode byzantin, ou si, plus généralement, cette majorité d'enseignants-chercheurs en sciences humaines trouvent insultante la simplicité... En tout cas, même après 25 ans de métier, ça ne laisse pas de me fasciner, et de m'exaspérer.

Film du jour (hier) : Rencontres du troisième type. — Vu une seule fois, il y a trente ans, and counting... J'avais, comme souvent dans de pareils cas, un souvenir très vif de plusieurs passages, mais totalement oublié d'autres moments pourtant primordiaux. Souvenir d'un film qui traîne en longueur, et je n'ai pas varié sur ce point. Je m'en souvenais si bien que je me rappelle très distinctement qu'il y avait, outre celle qui dessine Devils Tower et celui qui la sculpte, un personnage qui avait décrit le site dans les moindres détails. Chacun sa forme artistique, en quelque sorte. Or, dans la version regardée hier, pas trace de ça. Ai-je pu imaginer cela de toutes pièces ? c'est étrange. Il doit y avoir plusieurs versions du film, et celle que nous avons regardée doit être une version courte (omg!).

 

Hier sont morts Manu Dibango, des suites du Covid19, et Uderzo, de vieillesse.

vendredi, 20 mars 2020

Chantage et désenchantement

Hier journée splendide ; nous avons déjeuné sur la terrasse, avec la grande table carrée en fer qui permet d'être encore plus éloignés les uns des autres que la table du salon. Petite promenade (avec nos attestations !) autour de 17 h et sans s'éloigner de la maison : ce n'est pas le désert ni le calme plat (surtout grâce à tous les casse-pieds qui n'ont pas d'autre occupation que le taille-haie électrique ou la tondeuse) mais ça ne ressemblait pas à l'heure de la débauche sur semaine.

Travaillé, certes, mais pas comme j'aurais voulu. Fatigue ou lassitude ? Un peu des deux, je pense.

Ce matin je me suis réveillé à 6 h 15 : j'ai gagné plus d'une heure de sommeil. Pourvu que ça continue de s'améliorer.

J'ai déjà rendu visible pour les étudiant·es de mon CM du vendredi matin les contenus correspondant aux séances de cette semaine et de vendredi prochain. Je leur ai aussi envoyé la petite soufflante ci-après.

Message de M. Cingal, cours 6320 (CM de RDM), 20 mars 2020.

Dear students

I hope you are coping. If anything is not working out properly, please remember that you can write to Dr *** for questions about courses in general, or to the SSU for health issues.

Regarding THIS class, I have uploaded material for today's and next week's class. I expect you ALL to work. For the time being, only 54 students have downloaded the slideshow for the February 14th class, and only 31 students have downloaded the slideshow for the March 6th class.

This was BEFORE the current events. Let me be crystal-clear: we'll all be very attentive and helpful, but NOT with students who have not been working. CELENE makes it possible for us all to check who has been working and who hasn't.
In addition, only 134 students are registered in this online class. Anyone who is not even registered won't validate the credits for this class. Please try to inform your friends.

Health matters more than anything else, and I hope that you are not going outside or meeting anyone. Health matters, but to get a grip on the situation, you need to remain busy and to work for your L1. This will keep your minds busy and alive.

Best regards
GC

Je ne pratique jamais ce chantage d'ordinaire, mais là il est hors de question qu'ils/elles se la coulent douce en attendant qu'on bosse d'arrache-pied pour eux puis qu'on valide leur année comme par enchantement, juste pour compenser la crise sanitaire. Incidemment (non, pas du tout incidemment), il s'agit du groupe que j'ai fini par engueuler vendredi dernier (donc au lendemain du premier discours de Macron) parce qu'ils se massaient les uns contre les autres, se serraient la main etc. et ce trois semaines donc après la publication des “gestes barrière” (que je suis le seul, je crois, à écrire en considérant barrière comme un nom adjectivé invariable) comme préconisation absolue.

Ma mère m'a écrit que la dame qui livre les repas aux personnes âgées dans le village lui a dit ne pas porter de masque car ça ne sert que quand on est contagieux. Une poignée de quelques millions de parfaits imbéciles finira par nous faire tous crever !!!

 

Hier, O*** a lu (après les deux premiers la veille (et sur ma recommandation, sa prof de latin n'ayant pas encore donné de travail)) l'un des 25 chapitres d'un livre qui adapte les Métamorphoses. Il fait à chaque fois un petit résumé (sur le mode burlesque, les chiens ne font pas des chats), et hier j'ai rejeté un œil au passage du livre VIII consacré à Philémon et Baucis. Si le confinement pouvait être l'occasion de me remettre au latin autrement qu'en butinant ou à la volée (cochez la métaphore animalière de votre choix)... En effet, la langue d'Ovide est quand même formidable. Dans les vers 620-1,

                                    tiliae contermina quercus
collibus est Phrygiis modico circumdata muro

le narrateur annonce déjà, par la syntaxe, la fusion des deux corps en deux arbres entrelacés : les trois premiers mots signifient littéralement (mais dans le sens inverse, en commençant par le génitif, ce qui a aussi son importance) “un chêne adossé à / tout proche d'un tilleul”. Le fait que quercus soit de genre féminin suggère déjà un rapprochement avec le très féminin, de première déclinaison, tilia (et ce sera Baucis). Le placement de l'adjectif conterminus au féminin entre les deux noms, tout à fait classique en latin, montre en quoi l'adjectif relie les deux noms. Ainsi, dès le début du récit, Philémon et Baucis sont reliés, différents et inséparables. Les traductions qui commencent par traduire en parlant du mur ou des monts phrygiens du vers 621 manquent totalement cela.

Outre la magnifique édition très grand format richement illustrée publiée aux éditions Diane de Selliers, je possède l'édition bilingue avec la traduction de Danièle Robert. Ces livres vont traîner au salon quelque temps, je pense...

 

07:10 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (3)

vendredi, 13 mars 2020

Est-ce ta première fin de millénaire ?

Dernière grosse journée (11 heures sur place) de cours sur le site Tanneurs, avant combien de temps ?

Pas envie de la raconter, si ce n'est le seul moment un peu normal et lumineux : les 2 heures où j'ai pu assister aux pré-doctoriales, notamment (mais pas seulement) à la présentation de l'étudiant qui travaille sous ma direction, Louis, et dont le travail de traduction de passages rares d'Adam Smith et de David Hume dans le cadre d'une analyse de l'esthétique des Lumières écossaises promet d'être passionnant, rigoureux, innovant.

 

Le soir, lire le message officiel de l'Université expliquant que tout continuera comme d'habitude pour les enseignants et les membres du personnel administratif la semaine prochaine m'a désespéré et mis en colère : ces (ir)responsables n'ont donc RIEN compris à ce qui se passe, ni au discours de Macron ?

C'est pareil dans les lycées : recteurs et chefs d'établissement annoncent le maintien de toutes les réunions, conseils de classe etc. Je le note ici pour mémoire et pour la postérité (allons-y franchement) : alors que le pays aurait déjà dû être confiné et alors que le discours du chef de l'Etat était on ne peut plus clair sur la nécessité d'arrêter tout ce qui n'était pas vital comme échanges physiques, tous ces minables de l'Education nationale (à commencer par ceux de l'Université de Tours) n'avaient qu'une idée en tête, fliquer et caporaliser leurs subordonnés...

 

mardi, 10 mars 2020

*1003*

Parmi les très nombreuses choses que je devais organiser pour avril et même pour plus tard, et dont j'ignore si elles pourront avoir lieu, il y a la rencontre avec Corinna Gepner, que j'ai commencé à préparer avec les étudiant-es d'échange mais aussi avec les étudiant-es de M1. Quel dommage de ne pouvoir réellement lancer cela.

Déjà, le 29 janvier dernier, mais pour d'autres raisons (à l'époque, c'était la fermeture du site Tanneurs, pas la crise sanitaire du Covid19), j'ai dû annuler la rencontre avec l'éditeur Benoît Verhille et la directrice de collection Anna Rizzello.

 

Il y a aussi le tour de France de l'écrivain Charles Yu, vers juin. Je ne vois plus très bien comment articuler cela avec l'année universitaire, qui risque d'être très perturbée. De manière inimaginable, même.

 

 

lundi, 02 mars 2020

Tout oublier

Aujourd'hui, maussade, triste, pas inspiré.

En cours de traduction pour étudiant·es d'échange, on traduisait un article sur le réchauffement climatique et les stations de ski françaises. En guise de prolongement culturel, comme j'essaie toujours de m'y contraindre, je n'ai pas trouvé mieux que le clip de Tout oublier*.

Si j'en crois le rapide tour de classe, seule une minorité de mes soixante étudiant·es avait entendu parler d'Angèle, ce qui semble démontrer qu'ils/elles ne fréquentent pas tant que ça les étudiant·es français·es, ou que ce n'est pas sur les goûts musicaux que roule alors la conversation, ou qu'Angèle n'est pas si populaire qu'on pourrait le croire (gare aux filter bubbles).

 

* Pas mieux, car je préfère faire découvrir des choses à ces étudiant·es qui ne passent qu'un ou deux semestres en France, mais apparemment c'était une découverte. Sinon, je suis convaincu que le clip parle bel et bien, de façon détournée certes, du réchauffement climatique et de la consommation de masse.

samedi, 08 février 2020

J.P.O.

Journée Portes Ouvertes, site Tanneurs (finalement).

Le site Tanneurs a rouvert, il reste quelques tags mais surtout des vigiles. J'espère que les vigiles ne seront plus là la semaine prochaine.

Beaucoup de monde. Entre 10 h et 11 h 30, nous avons accueilli – les 12 étudiant·es et 3 collègues – sans discontinuer un·e ou plusieurs lycéen·nes. 

Parti vers 13 h 30.

 

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vendredi, 07 février 2020

*0702*

Il y a, à la B.U. de Droit du site Portalis, un petit mètre linéaire (et encore) pour les ouvrages cotés en 800 dans la classification Dewey : une vingtaine d'ouvrages pour la rubrique "Littérature". C'est normal, on est dans une bibliothèque de droit. Pour avoir des dizaines de milliers de livres de littérature, se rendre à la B.U. des Tanneurs.

Ce qui m'amuse, c'est le type d'ouvrages : presque uniquement des livres sur la rhétorique, ou sur la littérature comme art du discours, culture générale.

Ce mètre linéaire résume ce qu'est la littérature selon Blanquer, Philippe et Macron : l'art de la superficialité, de l'embobinage.

Soit le contraire de ce qu'est la littérature, évidemment.

 

jeudi, 06 février 2020

Bartlebysme

S'il vous plaît, lisez en entier ce texte d'une amie avec qui j'ai eu la chance de travailler (et dont je comprends trèèèèès bien les choix).

Moi, j'ai pris l'option bartleby tiède en essayant de ne pas me laisser ni meurtrir ni scléroser par le système, mais quant à savoir si j'y suis parvenu...

Merci Fanny, pour ton beau texte.

vendredi, 31 janvier 2020

Etats Généraux de l'Université de Tours

Participé toute la journée aux Etats Généraux de l'Université de Tours.

Quand on pense qu'il ne s'est écoulé que dix jours entre la première réunion informelle, lancée par mon collègue F. K. afin que des collègues de différentes UFR se concertent sur les luttes en cours, et ces Etats Généraux, qui ont été rendus possibles par la banalisation des cours...

Nous étions environ 250 dans l'amphi E du site Portalis. Le plus intéressant, ce fut les ateliers et la séance plénière de restitution du matin. On a mis en place la caisse de grève. On a échangé entre enseignant.es, étudiant.es, employé.es BIATSS, de manière très libre et très foutraque. Les mots qui sont revenus le plus souvent : colère, épuisement, précarisation, perte de sens, destruction managériale de ce qu'est l'Université...

Il y aura sans doute des comptes rendus plus organisés, mais on sent que ça bouge, que la plupart des collègues ne veulent plus courber le dos ou continuer de même façon à marches forcées.

 

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lundi, 27 janvier 2020

*2701*

Matinée : préparé des cours, fait une vidéo (la 61e de la série je range mon bureau).

 

Après-midi : premier vrai cours de traduction pour étudiant·es d'échange, délocalisé à Fromont, donc. Salle trop petite, on a dû aller chercher des tables et des chaises dans une salle voisine, et même ainsi plusieurs étudiant·es n'avaient pas de table. Pas trop de vertiges ni de douleurs, alors que j'appréhendais beaucoup.

Pourtant, deux heures et demie très physiques.

 

Plaisir d'enseigner le français, au fond. Et de lever quelques complexités amusantes. Ainsi, dans le texte de Yancouba Diémé que j'avais donné à traduire, il y avait, quasiment dans la même phrase, le verbe avaler et le nom hirondelles. Or, ces deux mots sont homonymes en anglais : swallow. Ce qui se produit, dans de tels, c'est l'apparition, dans le texte-cible, d'un jeu de mots qui ne se trouve pas dans le texte-source. Ce n'est pas forcément recommandé (ça dépend évidemment du type de texte). Ici, la question s'est résolue d'elle-même, car le verbe avaler ne pouvait pas se traduire par swallow :

tu avales rapidement une tasse de kinkeliba et un morceau de pain

En effet, en français, on peut avaler une tasse sans que la métonymie prête à confusion : le sujet du verbe n'avale pas vraiment une tasse mais le contenu de la tasse. En anglais, la métonymie crée une ambiguïté, comme me l'ont confirmé les nombreux anglophones qui participent au cours (et ce en dépit de ce que laisserait penser une requête restrictive Google (preuve qu'il faut se méfier de cela)). On a donc, sur la proposition de l'une d'entre elles, traduit comme suit :

you wash down a cup of kinkeliba tea with a piece of bread

 

mercredi, 22 janvier 2020

155 signataires

Beaucoup d'activité, notamment militante.

 

Le Président a fait débloquer le site Tanneurs par les forces de l'ordre.

Dans l'après-midi, il a donné plusieurs interviews à la presse, dont une dans laquelle il nous a qualifiés, nous les collègues qui désapprouvons ce recours à la police (et à une société de gardiennage privé qui coûte 10.000 euros par jour), de "gens qui soutiennent le vandalisme aggravé".

J'ai déployé beaucoup d'énergie  pour rédiger et faire signer une lettre à la Présidence.  Elle sera envoyée demain ; il y aura une centaine de signatures.

On s'organise aussi pour les actions de ces 2 prochains jours. Dans de nombreux départements de l'Université, la lutte se structure et risque de compliquer beaucoup la suite de l'année universitaire.

 

Les fake news se multiplient : le Président prend prétexte des dégradations pour retarder indéfiniment (et à l'infini ?) la réouverture des Tanneurs. Il évoque auprès de la presse des chiffres qui sont 10 ou 20 fois supérieurs aux chiffres que communiquent les responsables des deux UFR du site.



[EDIT : la lettre a été envoyée jeudi 23 au matin avec 113 signatures. Le Président a envoyé un message à 12 h 30 à tou-tes les étudiant-es et membres du personnel (dont 95% n'ont rien compris car ne connaissant pas la lettre en question), dans lequel il nous accordait enfin une partie de nos revendications : banalisation des 24 et 31 janvier, C.A. extraordinaire le 10/02...]

[NR 155.PNGEDIT 2 : article dans la NR vendredi 24 + vidéo du die-in du vendredi 24]

samedi, 18 janvier 2020

Questions, toujours

Tôt le matin, j'ai évacué une partie du travail (mails professionnels). Mais le plus long reste à faire : refaire le corrigé du concours blanc (le document est dans l'ordinateur de l'université et j'ai oublié de m'en envoyer une copie (or, le site est bloqué (et, apparemment, carrément fermé administrativement la semaine prochaine))), préparer des documents à mettre en ligne pour le cours de L3, essayer de contacter tou·tes les étudiant·es d'échange dont je suis responsable afin de leur donner rendez-vous avant mon cours déplacé à Fromont, histoire que ce créneau serve à quelque chose.

Ce week-end, il faut que j'avance dans mes lectures : depuis deux jours, trop de réseaux sociaux et de glandouille. Il y a aussi une sacrée pile que je devrais écluser dans une vidéo. Irai-je au Salon des Lycéens ? Et comment se remettre à Pinget ?

Tant que je n'ai pas de soucis plus graves...

Hier, l'IRM, c'était comme se trouver dans la sono d'une technoparade, mais avec un casque anti-bruit, heureusement. Pas de résultats avant la semaine prochaine ; je ne sais pas quand prendre rendez-vous avec ma toubib.

 

lundi, 13 janvier 2020

Blocage

Ce matin, arrivé tôt comme toujours le lundi, j'ai réussi à m'infiltrer dans le site Tanneurs en cours de blocage. La porte proche du secrétariat pédagogique d'anglais n'était barrée, de l'intérieur, que par quelques tables et chaises mal rassemblées : un coup d'épaule a suffi. Un quart d'heure plus tard, j'ai fait entrer ma collègue Carine de semblable manière. A 8 h 30, c'était mort : tout ficelé, cadenassé.

20200113_100706.jpgNous avons pu travailler au chaud, recevoir tout de même les étudiantes d'échange qui ont pu passer plus tard, quand les étudiant-es mobilisé-es, ayant obtenu report des épreuves et annulation de facto des cours de la première journée de cours en Arts et Sciences Humaines, laissaient rentrer au compte-gouttes, etc.

Vers midi, j'ai aidé le directeur d'UFR et la responsable administrative à récupérer les sujets d'examen de ce jour et de mardi, afin qu'ils soient acheminés vers le site Grandmont, où sont relocalisées toutes les épreuves.

C'est un peu beaucoup le grand n'importe quoi, comme toujours. Tout le monde a tort, en un sens. Et notamment les révoltés d'opérette qui écrivent ACAB partout dans les couloirs déserts de l'Université, comme si cela allait changer quoi que ce soit aux violences policières. En revanche, ça ne va pas dérider les femmes de ménage quand elles devront nettoyer ce merdier ; ce n'est pas moi qui irai leur expliquer que les imbéciles qui salopent les murs qu'elles doivent laver sont en lutte contre la précarité et les injustices sociales...

samedi, 11 janvier 2020

Dînatoire

Ce soir, nous avons passé la soirée (enfin, le début de soirée, c'était un “apéro dînatoire”)) chez nos voisins Y. et R. Il y avait aussi G* et C*. Comme, dans ce quartier, on ne se voit, entre voisins, que de loin ou en passant, c'était l'occasion de rattraper un peu quelques mois sans vraiment se parler (à part avec G* tout de même).

Il faudrait rendre l'invitation, ne pas faire cela de manière aussi éloignée, mais nous devenons vraiment asociaux, je crois, de vrais Tourangeaux. La ville aura mis un peu plus de dix ans à nous rendre totalement asociaux. (Nous sommes arrivés en 2003.)

Après-midi : manifestation. Je suis remonté plus tôt avec Oméga, et encore, du rond-point du pont Napoléon à l'arrêt Place Choiseul, j'ai cru que je n'arriverais jamais à me traîner. Aussi, je ne fais pas assez sérieusement tous mes exercices de kiné.

Le matin, j'ai corrigé tout mon gros paquet de L1, questions sur la culture biblique dans les cultures anglophones. Il fallait simplement avoir suivi le cours et/ou téléchargé les PowerPoint en les apprenant bêtement. Les résultats sont catastrophiques, car d'une part la culture générale des étudiant·es est affligeant, d'autre part la capacité de la majorité à travailler ne serait-ce qu'un peu est quasi nulle.

Mais ce constat n'a rien de nouveau.

Pas lu une ligne aujourd'hui, je me désespère.

 

jeudi, 02 janvier 2020

*0201*

Aujourd'hui je dois au moins écluser le second paquet de copies de traduction, finir de corriger les travaux de traductologie déposés par mes L3 sous CELENE. Idéalement, je devrais aussi commencer à taper dans les copies de littérature, mais là, je me connais : si j'ai fait le reste, je serai trop las, et surtout trop content d'avoir un prétexte de ne rien foutre, donc je ne ferai plus rien.

Aussi, je voudrais achever de lire Martin Eden, commencé le 26 décembre. Je traîne sur ce roman, mais aussi, il infuse. J'en ai publié plusieurs extraits sur Twitter au fur et à mesure de ma lecture.

Curieux, ce livre dont je n'avais jamais même entendu parler il y a, quoi, deux ou trois ans, n'a cessé d'apparaître partout : sur les réseaux sociaux, dans l'essai sur les transclasses qu'a lu C* récemment, dans Désherbage de Sophie G. Lucas. Cette lecture me conduit à réviser mon jugement, vague et  lointain, ill-informed, au sujet de Jack London : ce n'était pas seulement l'auteur des aventures sauvages, "ce qu'on lit quand on est enfant" selon le vers de Manset.

La B.U. possède, je crois, les volumes de la Library of America contenant l'essentiel de l'oeuvre (prolifique) de London. À creuser.

vendredi, 21 juin 2019

Axiome

Quel que soit le nombre de copies dans un paquet (7, 41, 314), le nombre de copies dont il est impossible de décacheter la partie d'anonymisation sans un cutter, un coutelas, une bouilloire électrique ou une tronçonneuse est exactement égal à 1.

jeudi, 20 juin 2019

Allégorie de l'Université française à la sauce Vidal

amphiAtanneurs.jpg

lundi, 17 juin 2019

Titres de presse pour traductologie

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La saison de collecte des titres de presse les plus débiles pour ma première séance de traductologie L3 en septembre est officiellement ouverte.

jeudi, 02 mai 2019

Autoportrait en troll stérile

  • Blog, textes de recherche, vers fantaisistes, photographie... : Touraine sereine (4.510 articles)

 

 

 

 

  • Improvisations et lectures de tous les livres que je lis : je range mon bureau (depuis 2017, 45 vidéos à ce jour)

 

  • Improvisations et lectures des livres empruntés : je rends des livres (depuis 2017, 25 vidéos à ce jour)

 

 

Ne parlons pas de Twitter et Facebook, qui me servent aussi d'atelier... et ne parlons pas du fait que tout cela n'inclut rien de mon activité professionnelle : plusieurs nouveaux cours à préparer chaque année, entre 2.000 et 2.500 copies par an, travail d'encadrement des étudiant·es d'échange depuis 2011, séminaires de recherche, colloques, articles... En effet, mon enseignement et ma recherche ne portent ni sur la vidéo, ni sur Pinget, ni sur Gertrude Stein, ni sur la poésie, ni sur l'écriture poétique, ni même (en fait) sur la traduction improvisée.

 

mardi, 09 avril 2019

And up she rises!

Il y a quelque temps, un ami me posait la question du genre des navires en anglais. Plutôt, comme il savait fort bien qu'on dit she pour un navire, il se demandait si cela valait seulement pour les grands navires de la marine britannique, ou pour tous les bateaux. Sans vérifier, je lui ai répondu que bien des pêcheurs se servent du féminin pour parler de leur chalut, ou même d'un bateau pas particulièrement grand.

Entre-temps, j'ai déniché un petit article drôlement utile, intitulé Metaphorical Gender in English. Il fait le tour, entre autres, de la question.

La raison pour laquelle je repense à cela aujourd'hui, c'est que j'ai commencé de lire hier un roman de Monique Roffey, Archipelago, publié en 2012. Dès l'incipit se pose, pour le traducteur, la question du genre : « The dog mumbles something under her breath. » Pas de problème, car le chien est bien une chienne, et on pourra traduire en féminisant clairement toutes les références à l'animal. Là où ça se complique, c'est que le personnage principal s'enfuit ensuite avec sa petite fille sur un bateau, que ce bateau se nomme Romany, et que, bien entendu, suivant l'usage en anglais, le texte en parle au féminin : « She's small and slim and old-fashioned with her teak washboards, hatches and locker tops, like one of those Nordic Folkboats with her nose and tail lifted up from the sea. » (p. 27). Il faudra traduire par un féminin, d'autant que tout le voyage (je n'en suis qu'à la moitié du livre mais j'ai nettement compris cela) est hanté par l'épouse/mère disparue : la chienne et la bateau sont donc des compagnes de voyage.

Autre complication, d'ailleurs : la phrase que je viens de citer se trouve dans le chapitre 2, qui s'intitule “The Great Dane”. Effet déceptif, car, au moment d'aborder le chapitre 2, le lecteur a déjà “rencontré” la chienne, mais pas le bateau. Or, le titre désigne aussi et surtout le bateau, car il a été transporté à Trinité-et-Tobago par un Danois. Comment traduire alors ? Great Dane = dogue allemand ou grand danois → choisir “grand danois” pour maintenir l'ambiguïté chien/bateau → oui, mais il faut des termes féminins → "la grande danoise" ne peut désigner ni un chien ni un bateau...

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lundi, 01 avril 2019

André Markowicz, le black face et le quant-à-soi de l'intelligentsia

Pour comprendre quelque chose à ce dont il va être question ici, il faut d'abord lire le billet d'André Markowicz.

Voici tout simplement mon premier commentaire, écrit en fin de matinée hier :

Bon, je suis très énervé de lire autant d'inexactitudes, et de voir que votre aura intellectuelle offre une caution à tant des commentateurs-rices qui, ci-dessus, parlent de censure et de communautarisme sans savoir de quoi il retourne.

Alors reprenons. Le problème n'est pas l'essentialisation de l'art dramatique ni le communautarisme. Le problème est que le metteur en scène a d'abord fait un choix raciste (grimage) puis que, face à la polémique, il s'est livré à une manipulation en changeant le maquillage en masques et en prétendant que les opposants étaient de pauvres incultes.

Je suis évidemment favorable à ce que n'importe quel rôle puisse être joué par n'importe quel acteur, peu importe l'âge ou la couleur. Mais pourquoi poser la question en ces termes ? ce n'est pas du tout de ça qu'il s'agit.

Il va de soi que les actrices appelées à jouer ces rôles peuvent tout à fait être blanches, blondes, que sais-je. On s'en moque. Les grimer en noires, en 2019, c'est du blackface qui ne peut même pas avoir l'excuse de l'ignorance (après les affaires Griezmann et Dunkerque...).

La Sorbonne et tout un tas d'intellectuels "de gauche" se sont engouffrés dans la manipulation tardive du metteur en scène en reprenant le thème des "masques" et en tenant des propos aggravant encore le côté raciste : en résumant à grands traits "ah la la, tous ces Noirs qui ne connaissent rien au théâtre antique". Sauf qu'au départ ce n'était pas des masques mais des maquillages, donc du black face.

Je trouve toute cette histoire très emblématique du mépris de classe dans lequel beaucoup d'intellectuels français "de gauche" tiennent le peuple, et notamment les opposants "noirs", forcément incultes. Ce qui me peine dans votre chronique, cher André Markowicz, c'est que justement vous en profitez pour faire un pas de côté, partir de cette histoire des Suppliantes et la relier à des choses beaucoup plus problématiques, et sur lesquelles je rejoins en grande partie votre embarras. Je ne suis favorable ni aux quotas ni à l'essentialisation de l'art. J'y suis même tout aussi opposé que vous.

Mais là, la mise en scène de Brunet utilisait un artefact raciste, lié (comme on ne peut l'ignorer en 2019) à un crime contre l'humanité, et pour moi le fait d'avoir supprimé ensuite les photos d'actrices grimées et de prétendre qu'il s'agissait de masques aggrave encore le cas du metteur en scène : d'abord, on fait un choix de mise en scène raciste, puis, face à la polémique, on modifie en douce et on accuse les détracteurs d'être incultes (ce qui est un racisme encore plus insupportable).

__________________________

 

Hier après-midi, devant l'avalanche de commentaires d'un racisme décomplexé sur le mur d'André Markowicz, j'ai écrit un billet en réponse, que je redonne ici :

 

DRAMES DE L'IMPENSÉ COLONIAL.

On n'enseigne pas, à l'école et à l'Université, ou pas assez, l'histoire des crimes coloniaux. Sétif ou la répression de l'insurrection malgache de 1947, qui connaît ? Et dans les médias, n'en parlons pas...

Le blackface ? des dizaines de gens, à qui j'explique depuis plusieurs jours qu'il s'agissait d'une pratique courante dans les spectacles populaires français — au même titre que les publicités représentant des petits Africains se blanchir la peau grâce au savon des gentils Européens —, me rétorquent : "bah, on n'est pas aux Etats-Unis..."

Bah oui, le racisme et la ségrégation, c'est Rosa Parks et Nelson Mandela. Ça n'a jamais existé chez nous.

Ainsi, la manipulation à laquelle s'est livrée le metteur en scène Philippe Brunet, qui a tenté in extremis de remplacer par des masques plus conformes à l'esthétique antique le grimage racialiste et raciste d'actrices blanches, aura surtout montré la profonde inculture de l'intelligentsia française. On se sait de gauche, on s'est convaincu pour toujours de ne pas être raciste, et donc, même si des spécialistes de la question viennent vous rappeler que le grimage en noir, sur une scène théâtrale française, est une pratique analogue au black face, on dira que ce n'est pas vrai, que c'est de la censure.

Notre pays n'a pas réglé sa dette vis-à-vis de son ancien Empire, ce qui permet notamment à la France de continuer à essorer ses anciennes colonies grâce au subterfuge scandaleux du franc CFA. C'est ce qui a permis à l'Etat français d'aider très efficacement au génocide rwandais en 1994. C'est ce qui permet aujourd'hui à tant d'universitaires et de gens de théâtre de s'asseoir sur l'histoire de la colonisation en taxant de "communautaristes" les opposants qui manifestent leur désapprobation quand un spectacle utilise une pratique indissociable d'un crime contre l'humanité.

Et voilà comment des intellectuels, sans doute de bonne foi, se retrouvent, durant toute une semaine, à justifier le racisme institutionnel, aux cotés des Le Gallou et Zemmour dont ils se prétendent les adversaires.

Cela me révolte et me révulse, mais cela n'a pas de quoi m'étonner : quoique je n'appartienne pas à une communauté racisée (ou que je ne fasse pas partie d'une minorité visible (aucune de ces formules ne me satisfait)), cela fait vingt-cinq ans que je travaille dans le domaine de la littérature africaine et que j'entends des collègues et des "intellectuels" tenir des propos d'un racisme souvent inconscient mais tout à fait audible. Il y a longtemps que des ami·es me demandent de raconter tout ce que j'ai entendu, mais ce serait le sujet d'une autre chronique.





_______________

Ce matin, André Markowicz a récidivé, en quelque sorte, sur son mur, en écrivant un long texte dans lequel il me passe la brosse à reluire mais qui commence surtout par :


« Sur le "blackface" lui-même. Qu'il soit inacceptable de se moquer de l'apparence, de la couleur de la peau de quelqu'un, c'est évidence. Qu'il y ait beaucoup de gens qui le font, c'est une autre évidence (pas seulement contre les Noirs). Mais quelle est l'instance qui décide de l'intention a priori d'un artiste qui peindrait en noir un corps blanc ? N'y a-t-il pas là, finalement, une discussion qui ressemble à celles qu'on peut avoir sur la notion de blasphème ? Qui décide à quel moment on "insulte aux sentiments religieux", en Russie, en France ou n’importe où dans le monde ? Et qui décide à quel moment on « insulte aux sentiments des gens "racisés" » ? — Pourquoi ne laisseront-on pas les gens eux-mêmes décider s'ils sont choqués ou non ? — S'ils le sont, là encore, le recours aux tribunaux est légitime. »

 

À quoi j'ai répondu :


Cher André Markowicz

Je suis vraiment atterré. Si, après ce que quelques autres et moi même avons essayé d'expliquer hier, vous pensez encore (ou feignez de penser) que le problème est une "insulte aux sentiments des gens racisés" c'est que vous n'avez pas lu ou pas compris ou décidé de passer la vérité historique par pertes et profits. Je vois qu'après une première chronique pour le moins maladroite vous décidez d'en "remettre une couche" et que cela va encore légitimer le racisme inconscient car ignorant de centaines de vos lecteurs. Tant pis. Ceci sera mon seul commentaire. Sur le fond du problème (et du contresens que vous faites) j'ai écrit ce que j'avais à dire sur mon mur. J'ajoute seulement que je suis, comme vous, hostile au communautarisme, mais que comme hier la dénonciation du black face n'a AUCUN rapport avec ce sujet.

(Il va de soi, et je l'ai fait dans nos échanges privés, que je dénonce les militants qui parlent de génome et de culpabilité collective raciale.)

lundi, 11 mars 2019

Les chats & les chiens de Clonck

Pour traduire le chapitre 66, cette idée qu’on pourrait traduire « pluies torrentielles » par raining cats and dogs, qu’aucun anglophone n’emploie vraiment, ou – en tout cas – sérieusement. Et, dans la foulée, cette idée qu’il serait possible de garder cette idée de traduction, mais implicite, de sorte que Clonck’s Glitches pourrait finir par décrire un autre univers, parallèle à l’univers déjà parallèle de Clonck et ses dysfonctionnements.

 

Rue Fontestit. Les arbres ont tant enflé qu’ils éclatent un à un ; peut-être en raison d’un dysfonctionnement, mais il se peut que les pluies torrentielles soient la cause du problème.

 

Fontestit Street. The trees have swollen so much that they burst one after the other–possibly due to a glitch, but who knows if cats and dogs are not to blame.

 

Il y aurait donc une infinité de textes dépliables : la traduction de Clonck au sens classique du terme, et les différentes dystranslations de Clonck.

 

mardi, 20 novembre 2018

James Fenimore Cooper et les caricatures

 

In a country where the cholera could not escape being caricatured, you will readily imagine that the King has fared no better. The lower part of the face of Louis-Philippe is massive, while his forehead, without being mean, narrows in a way to give the outline a shape not unlike that of a pear. An editor of one of the publications of caricatures being on trial for a libel, in his defence, produced a large pear, in order to illustrate his argument, which ran as follows:—People fancied they saw a resemblance in some one feature of a caricature to a particular thing; this thing, again, might resemble another thing; that thing a third; and thus from one to another, until the face of some distinguished individual might be reached. He put it to the jury whether such forced constructions were safe. "This, gentlemen," he continued, "is a common pear, a fruit well known to all of you. By culling here, and here," using his knife as he spoke, "something like a resemblance to a human face is obtained: by clipping here, again, and shaping there, one gets a face that some may fancy they know; and should I, hereafter, publish an engraving of a pear, why everybody will call it a caricature of a man!" You will understand that, by a dexterous use of the knife, such a general resemblance to the countenance of the King was obtained, that it was instantly recognised. The man was rewarded for his cleverness by an acquittal, and, since that time, by an implied convention, a rude sketch of a pear is understood to allude to the King. The fruit abounds in a manner altogether unusual for the season, and, at this moment, I make little doubt, that some thousands of pears are drawn in chalk, coal, or other substances, on the walls of the capital. During the carnival, masquers appeared as pears, with pears for caps, and carrying pears, and all this with a boldness and point that must go far to convince the King that the extreme license he has affected hitherto to allow, cannot very well accord with his secret intentions to bring France back to a government of coercion. The discrepancies that necessarily exist in the present system will, sooner or later, destroy it.

Little can be said in favour of caricatures. They address themselves to a faculty of the mind that is the farthest removed from reason, and, by consequence, from the right; and it is a prostitution of the term to suppose that they are either cause or effect, as connected with liberty. Such things may certainly have their effect, as means, but every good cause is so much the purer for abstaining from the use of questionable agencies. Au reste, there is really a fatality of feature and expression common to the public men of this country that is a strong provocative to caricature. The revolution and empire appear to have given rise to a state of feeling that has broken out with marked sympathy, in the countenance. The French, as a nation, are far from handsome, though brilliant exceptions exist; and it strikes me that they who appear in public life are just among the ugliest of the whole people.

 

James Fenimore Cooper. A Residence in France (1836), Letter III.

mercredi, 07 novembre 2018

Les démocrates américains, ou le trompe-l'œil permanent

Victoire à la Pyrrhus, faux-semblants... les ultraconservateurs n'ont jamais été aussi forts dans leurs bastions, et la Floride — l'État qui fait la bascule lors des élections présidentielles — n'a jamais été aussi marquée du côté républicain : deux sénateurs républicains en Floride, il faut remonter loin pour voir ça.

45623678_10214542007277804_5407352590029553664_n.jpgAutant dire que, nonobstant la victoire des Démocrates à la Chambre des représentants, Trump est quasiment assuré d'une réélection triomphale en novembre 2020... et cette fois-ci il a tellement achevé de fasciser les Etats-Unis, surtout dans la moitié confédérée, qu'il pourrait même avoir plus de voix que son adversaire démocrate à l'échelle du pays.

Ceux qui pensaient, entre mars et novembre 2016, qu'il était inimaginable qu'un pareil clown puisse accéder à la Maison Blanche vont continuer de s'aveugler. La preuve est faite que, malgré ses malversations, malgré sa rhétorique poujadiste (ou à cause d'elle ?), malgré l'avalanche de critiques qu'il suscite (ou à cause d'elles ?), Trump a plutôt renforcé sa base électorale.

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samedi, 13 octobre 2018

Projets / chantiers

Il faudrait, il faudrait...

Tant de projets en l'air qui viennent s'ajouter aux chantiers.

Et tout ça face à quoi : cette après-midi, nous allons participer à la seconde Marche pour le climat, après celle de septembre, déterminés, mais si désemparés à la fois. Je me rappelle avoir passé toute mon adolescence à être tiraillé entre la noirceur de tout ce qui se produisait d'atroce en matière de saccage des ressources naturelles et l'aspiration à quelque chose d'autre — l'art, on dira, pour faire vite. Mais l'art n'est-il pas une manière de se dérober ?

Il n'en demeure pas moins que je suis embringué dans des projets et des chantiers, et que, tout en cherchant à faire de mon mieux à ma modeste échelle pour que « ça aille mieux » (ou que le pire scénario en matière de réchauffement climatique soit évité), ça n'aurait pas grand sens non plus de ne rien faire d'autre.

Donc, les chantiers : les vidéos, bien entendu — et, le 13 novembre, une communication à Lyon sur ce que produisent et/ou ont produit jusqu'ici mes improvisations de traductions.

Les projets.

Il me faut reprendre l'écriture, car l'expression sous forme de vidéo, pour pratique et irremplaçable qu'elle est, ne peut entièrement se substituer au travail en profondeur, au travail de creusement que suppose l'écriture. À court terme, il faudrait que je me mette enfin à la tâche pour écrire un article, ici, un billet de blog donc, sur Empreintes de crabe. Le problème, c'est que, pour bien faire, je souhaiterais y associer une réflexion sur l'ensemble de la trilogie, donc aussi Mont Plaisant et La saison des prunes.

Régulièrement, je me dis qu'il suffit, pour l'écriture dans les blogs, de me forcer à écrire chaque jour un texte, même bref, dans n'importe laquelle des dizaines et des dizaines de rubriques de celui-ci ou de celui-là. Mais ça ne marche pas comme ça, ça n'a jamais marché comme ça.

Il y a quelques jours, lors d'un échange avec Pierre Barrault, je me suis rendu compte — c'est lui qui me l'a soufflé — que le nom des éditions Louise Bottu, dans les Landes, venait du nom de la poétesse dans Monsieur Songe. Quelle honte, de ne pas m'en être aperçu. Ainsi, l'idée qui me trottait dans la tête, de reprendre tout Pinget et de tenir la chronique de cette réappropriation, ne serait pas chimérique.

Et traduire...

Oh la la...

 

vendredi, 05 octobre 2018

Nanardège

On vient donc de regarder un nanard rigolo, et une des actrices n'était autre que l'étudiante de L3 partie en cours d'année en 2006 pour échouer à Miss France puis reconvertie dans Secret Story puis reconvertie en blogueuse beauté et donc désormais occupée à dire (mal) ses répliques.

 

jeudi, 04 octobre 2018

Conférence de Patrice Nganang (Université de Tours)

dimanche, 23 septembre 2018

Not the sharpest apple

Il faut croire qu'on peut toujours s'améliorer. Vingt-et-une années d'enseignement, seize ans à Tours, et voici que je viens d'inventer l'eau tiède ; j'en ris tout seul, ce matin, face à mon écran d'ordinateur.

Cela fait deux ans que j'assure un cours de thème réservé aux étudiant.es d'échange, cours très agréable notamment en raison de la grande hétérogénéité des groupes, tant pour le niveau en français que pour l'origine géographique. Je choisis habituellement de faire traduire des documents très variés : articles de presse sur un événement local, extrait de roman récent plutôt facile, vidéo de François Bon, chanson, etc., le tout parfois suite aux suggestions des étudiant.es même (l'an dernier, on s'est retrouvés à traduire les paroles de Basique d'Orelsan).

Comme je veux qu'ils puissent garder une trace, et comme — malheureusement — les salles équipées de TNI sont toutes trop petites pour que je puisse y enseigner (je n'ai que des groupes d'au moins 35-40 étudiant.es), j'ai pris l'habitude d'utiliser la vidéoprojection de la façon la plus simple : je projette le document Word où se trouve le texte à traduire, et je complète avec les propositions de traduction en anglais, ce qui peut être un peu fastidieux (every cloud has a silver lining). Ainsi, toutefois (regardons le verre à moitié plein), je mets presque systématiquement des propositions de corrigés dans le cours en ligne sur CELENE.

filets protecteurs.PNGVoici donc que, ce matin, en préparant de mon côté les pistes de traduction, j'ai eu l'idée — afin de projeter le document tout en ayant une trame déjà écrite — de blanchir ma traduction afin de ne la faire apparaître qu'après avoir entendu les propositions des étudiant.es. La solution, total bricolage, est d'une banalité affligeante. Je n'y avais jamais pensé.

D'où que je ris tout seul, face à mon écran.

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mercredi, 12 septembre 2018

La chanson de Benjamin Pavard

Cette après-midi, premier cours de traductologie avec les 12 étudiantes — donc collègues — d'agrégation interne. Huit d'entre elles n'avaient jamais entendu parler de la chanson de Benjamin Pavard, et pour trois d'entre elles le défenseur français n'était même pas un nom.

Comme quoi on peut enseigner en collège/lycée et passer totalement à côté des trucs les plus évidents qui sont les références communes de l'immense majorité des Français, et comme quoi aussi les râleurs professionnels qui disent qu'on ne peut pas échapper au foot se trompent : on peut très bien échapper au foot !

(Je rassure tout le monde : ces 12 collègues ont toutes proposé des solutions de traduction stimulantes et ont bien identifié les recatégorisations et autres modulations dans leurs hypothèses.)

 

En bonus, une traduction à laquelle nous avons abouti, grosso modo et collectivement :

Benjamin Pavard Benjamin Pavard

I don't think you've heard of him

Comes out of the blue

Kicking like a mule

That's our Benjamin Pavard

lundi, 18 juin 2018

(pas les) Corrigés du bac philo

Grâce aux sujets de philosophie du baccalauréat (séries générales), j'apprends que Schopenhauer et J.S. Mill écrivaient en français...

Nos collègues de philosophie — et les relecteurs (?) du Ministère (?) — ont fait fort.

 

Suggestion de sujet pour la session 2019 :

Peut-on commenter un texte

quand on ignore ce qu'est un texte ?

mercredi, 13 juin 2018

13 juin 2018

Rien n'est semblable à (je n'ai pas écrit rien ne vaut*) l'excitation qu'il y a à travailler sur une tâche administrative ardue, et à se rendre compte qu'on est toujours aussi rapide, et qu'on trouve efficacement les bonnes solutions, et surtout les bonnes connexions.

 

 

 

* Rien ne vaut la jouissance sexuelle.

vendredi, 08 juin 2018

8 juin 2018

Au déjeuner, sur les bords de Loire, j'observe le bal des sternes.

Un coupe d'aigrettes garzettes est passé, repassé, piétine et déambule sous les arches du pont Wilson. Aussi, un héros cendré qui est apparu, s'est renvolé. On ne compte plus les moineaux, les colverts, qui viennent mendier à tout hasard des miettes aux noceurs de peu assis sur les bancs.

Je ne sais pas dessiner, mais le type qui a décoré l'escalier d'honneur du bâtiment E, au Plat d'Étain, non plus.

 

mercredi, 23 mai 2018

ParcoursSup & la politique de l'hystérie

Je ne veux pas donner l'impression de défendre ParcoursSup et le gouvernement, car cette réforme était d'une totale idiotie, et on va en constater désormais l'impéritie. Mais enfin, à quoi riment tous ces cris d'orfraie à base de captures d'écran des dossiers affichant 10 refus sur 10 demandes ?

Franchement, à quoi s'attendait le lycéen moyen qui a demandé 10 BTS “singuliers” ou formations hypersélectives ? Avant, avec APB, il y avait des tripotées de lycéens qui faisaient 25 vœux dont aucun n'était accepté. 

Tous leurs professeurs ont dû leur dire de mettre une ou deux universités dans la liste, histoire de ne pas avoir que des refus... mais bon, même s'ils sont totalement tocards, ça fait des années qu'on leur fait croire qu'ils sont géniaux et qu'ils auront tout ce qu'ils veulent...

 

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lundi, 23 avril 2018

D'un bureau l'autre

redémarrage.PNG

Quand tu n'as pas pu empêcher le redémarrage automatique, tout se ferme alors que tu étais en plein dans le document RECUEIL DES TEXTES L2S3 2018-9...

dimanche, 22 avril 2018

Pourquoi j'aime Heaney. Réponse à une question que je ne me posais pas.

Claire Placial m'a interpellé récemment sur Twitter pour me demander, en gros, comment j'expliquerais mon amour pour la poésie de Heaney. Je ne me rappelle plus sa formulation exacte, mais l'idée était que, parmi les nombreuses personnes avec qui elle échange sur les réseaux sociaux, je serais celui-qui-aime-Heaney.

Cela, déjà, est un peu embarrassant, parce que, d'une part, je ne prétends pas connaître si bien que cela la poésie de Heaney (par exemple, je ne possède, comme édition, que les New Selected Poems 1966-1987), et, d'autre part, il y a plusieurs poètes de langue anglaise contemporains de Heaney que je place plus haut que lui qui comptent plus pour moi — par exemple, et pour le redire, car je ne le dirai jamais assez : Walcott.

J'ai encore écrit récemment que, si on exigeait de moi de ne garder qu'un seul poète de langue anglaise du vingtième siècle, ce serait — vrai crève-cœur pour les délaissés — Walcott. Mais là n'est pas le sujet.

 

Le sujet, donc, est Seamus Heaney, et cela doit faire une bonne semaine que j'ai différé ma réponse, tout en y réfléchissant. Il se trouve qu'hier j'ai lu, dans le dernier recueil publié de Leontia Flynn, The Radio, le poème composé le 30 août 2013, ou en mémoire du 30 août 2013, et donc, puisque c'est ce jour-là qu'est mort Heaney, en mémoire de Heaney. Il se trouve aussi que j'ai enregistré cette semaine une vidéo dans laquelle je suis revenu sur le roman de Robert McLiam Wilson, Eureka Street, dans lequel un des personnages caricature la poésie irlandaise, et notamment Heaney. Enfin, en travaillant récemment avec ma collègue Fanny Quément sur des traductions de Billy Ramsell, on a forcément pas mal repensé à Heaney, et parlé avec Ramsell de Heaney, vu que, notamment, Fanny a consacré sa thèse de doctorat à Heaney.

 

Bon. Cela doit faire assez d'adverbes et d'occurrences du nom Heaney dans un seul paragraphe.

 

Now, seriously...

 

Il faudra que j'approfondisse, mais, si je dois expliquer pourquoi je suis attaché à la poésie de Heaney, pourquoi elle compte pour moi, c'est parce que la langue est à la fois complexe et un peu rude. J'aime être malmené, c'est-à-dire que j'aime qu'un poème – ou une œuvre – résiste, mais pas jusqu'à l'abstrusion. C'est pour cela que, j'hésite à l'écrire, j'admettrai volontiers que la poésie de Celan est plus importante (whatever that means) que celle d'Ingeborg Bachmann ou de Rose Ausländer, mais que je suis incapable de lire Celan plus de vingt minutes d'affilée, alors que ce n'est pas le cas avec Bachmann ou Ausländer. Autrement dit, Heaney – comme Ted Hughes, pour évoquer une autre grande figure que j'ai beaucoup relu depuis Noël – est, d'une certaine façon, un poète classique, mais qui ne cesse d'accrocher. Il n'est pas délibérément moderniste ou provocateur, et pourtant chacun de ses poèmes dérange.

 

Dérangement... oui, de la langue mais aussi du lecteur. Et c'est, du coup, une poésie qui exige d'être dite à haute voix, ou à mi-voix.

 

Un autre aspect important, c'est que Heaney parle du monde réel, c'est-à-dire des choses, des objets, des sensations. Il y a, dans sa poésie, le corps humain, et il y a ce qui échappe à l'humain. De là vient peut-être aussi ce dérangement. La manière dont les poèmes de Heaney jouent de la prédominance des mots monosyllabiques dans la langue anglaise, des termes saxons, je la relie – sans doute à tort – à cette façon qu'ils ont, sur un autre plan, de confronter l'humain au non-humain. (C'est plus vrai encore de la poésie de Hughes.)

 

Je pourrais prendre quinze exemples, comme un seul. The Grauballe Man. Dans la forme brève, on voit – même sans connaître ces cadavres de tourbières – ce qui est donné à voir : un portrait. Mais ce portrait est aussi (surtout) un portrait sonore. De là l'émotion. Que ce poème fasse un accroc.

 

Ou un autre exemple, le huitième des sonnets de Glanmore. Le jeu avec la construction du sonnet, sans que ce soit pur jeu formel. L'irruption de l'adjectif composé allitératif blood-boltered, qui évoque Hopkins (alors quoi : est-ce que ça perle parle du Christ?), préfigure le tas de bois du vers suivant (woodpile) ainsi que l'identification finale du sujet du poème à du bois de bouleau : My all of you birchwood in lightning.

(Et le mot birch lui-même... passons...)

 

Je vais m'égarer. C'est inévitable. Disons, pour tenter de répondre à la question posée, que la plupart des poètes qui m'accrochent sont ceux dont les poèmes font naître un monde étrange tout en représentant le monde réel. Peu importe l'attention à l'objet, ou le lyrisme du lieu : en ce sens, je suis autant lecteur de Guillevic que de Ponge ou Maulpoix. C'est dire.

 

Il faudra, je le crains, répondre de cette réponse.

 

vendredi, 20 avril 2018

Haut comme trois pommes

Treize heures treize. Je croque dans une pomme.

La troisième.

Trois pommes : c’est là tout mon déjeuner.

(Je peux bien écrire ce que je veux. Qui me lit.)

 

Il y a très longtemps que je ne fais plus les allers-retours entre le site Tanneurs et le site Fromont. Quand j’y réfléchis, je me dis que la dernière fois que j’ai mis les pieds rue Fromont, c’était peut-être pour cette surveillance de concours blanc de CAPES, il y a six ans, peut-être plus.

Bien des images de cours donnés à Fromont me reviennent, mais aucun souvenir plus récent que cette journée de… quoi ? décembre 2011, je dirais.

Ça se vérifie facilement : j’avais traduit, pour me désennuyer, un récit bref de Ben Okri.

Ainsi, je n’enseigne plus jamais à Fromont, l’avantage (le seul ?) de faire cours principalement le lundi et le vendredi, le lundi dès 8 h du matin souvent, et le vendredi jusqu’à cinq heures du soir généralement, parfois plus tard.

Plus d’allers-retours, donc.

 

Et si je passe devant ce qui est désormais la Maison des Vins de Loire, ou quelque chose comme ça, je me rappelle que, quand je faisais les emplois du temps avec l’ancien logiciel (entre 2004 et 2006), c’était le site Béranger : il y avait des amphis, où je n’ai jamais dispensé de cours mais où j’ai surveillé, au moins une fois, un examen de littérature britannique de deuxième année.

 

J’ai fini de manger ma pomme.

La troisième.

 

Et, d’ailleurs, qui était Fromont ?

(Étienne ?)

dimanche, 08 avril 2018

Essays of Elia (1823)

Ma mère m'a passé trois livres de l'ancienne collection Everyman's Library, la collection cartonnée dont je possède déjà — toujours grâce à ma mère et à la faveur de je ne sais plus quel désherbage de bibliothèque de lycée — une dizaine de sélections de poètes romantiques anglais.

Ces livres, qui ont dû être l'équivalent, il y a 120 ou 130 ans, du livre de poche dans ce qu'il peut avoir de plus cheap, sont d'une belle qualité éditoriale ; l'impression et le papier sont très agréables.

Là, il y a le volume (marron, réédition de 1905 (?)) des Essays of Elia de Charles Lamb. J'avoue qu'à part ses Tales from Shakespeare, co-écrits avec sa sœur, je ne sais à peu près rien de Lamb. Le hasard fait curieusement les choses, car je me démène ces jours-ci avec Rasselas de Samuel Johnson (qui m'ennuie) et avec Wordsworth, et me trouve donc — en simplifiant beaucoup — en plein dans la charnière entre le premier romantisme et le second romantisme.

 

Ces Essays of Elia, écrits à partir de 1820 mais rassemblés en volume en 1823, auraient pu être écrits 75 ans plus tôt par Smollett ou Johnson, justement : ils sont tout du côté du 18e siècle. J'en ai lu trois ou quatre cet après-midi, et notamment le stupéfiant “The Praise of Chimney-Sweepers”, que j'ai choisi de lire à cause de l'intertexte blakien : il est ahurissant de voir à quel point Lamb se contrefout, au fond — et d'une façon qui le place aux antipodes de Blake, qui avait montré mille fois plus d'empathie trente ans plus tôt —, de voir ces enfants faire un travail dangereux et destructeur. Tout le mépris de classe, jusque dans des remarques qui frôlent régulièrement la pédophilie, est tellement évident et assumé qu'il faut lire absolument ce texte, qu'on trouve notamment ici. (Je n'ai pas bien élucidé l'histoire de la décoction de sassafras, mais enfin...)

 

Moins idéologiquement terrible, et plus contemporain, en un sens, ce passage du bref essai sur la Saint-Valentin, dans lequel on voit par ailleurs combien le côté commercial était déjà abusif et moqué :

In these little visual interpretations, no emblem is so common as the heart — that little three-cornered exponent of all our hopes and fears — the bestuck and bleeding heart; it is twisted and tortured into more allegories and affectations than an opera hat. What authority we have in history or mythology for placing the head-quarters and metropolis of God Cupid in this anatomical seat rather than in any other, is not very clear; but we have got it, and it will serve as well as any other. Else we might easily imagine, upon some other system which might have prevailed for any thing which our pathology knows to the contrary, a lover addressing his mistress, in perfect simplicity of feeling, “Madam, my liver and fortune are entirely at your disposal;” or putting a delicate question, “Amanda, have you a midriff to bestow?” But custom has settled these things, and awarded the seat of sentiment to the aforesaid triangle, while its less fortunate neighbours wait at animal and anatomical distance.

 

(Je clos sur une pirouette : entre Rasselas, la traduction en cours de Dead-Sea Fruit, le Guyana Quartet de Wilson Harris et donc, à présent, les essais de Lamb, je crois que l'aiguille moyenne de mes lectures, sur l'axe du temps, s'était rarement trouvée — ou en tout cas pas récemment — aussi éloignée du jour d'hui.)

samedi, 17 mars 2018

Derek Walcott, l'inconnu éditorial

Il y a un an mourait Derek Walcott.

 

Il y a deux jours — ou trois, peut-être —, sur le mur Facebook d'un ami, j'écrivais ceci :

Avec 25 ans de lectures accumulées dans le domaine, si on me demande de ne retenir qu'un seul poète anglophone du vingtième siècle, je garde Walcott. Et pourtant, il y en a des dizaines qui me feraient deuil...

 

Rappel : il n'existe pas, pour Walcott, contrairement à Ossip Mandelstam ou Sylvia Plath par exemple, d'édition française complète des poèmes. En fait, l'immense majorité de ses pièces de théâtre sont inédites en français, de même que tant de ses recueils de poésie. Alors que la plupart des grands poètes du vingtième siècle sont disponibles in extenso en français, voire souvent que des traducteurs différents ont proposé des interprétations différentes de leur œuvre (pour Trakl, par exemple, la traduction Petit/Schneider de 1972 et la traduction Legrand en deux tomes chez GF), Walcott, dont chaque poème bouleverse et dont chaque recueil est absolument essentiel, reste en dehors des radars parisiens.

vendredi, 23 février 2018

66 secondes de lecture, 44 : le début du chapitre 3 de EVE'S RANSOM

Ce matin, j'ai emprunté quatre romans de George Gissing, et comme j'ai tendance à tout penser sous format YouTube ces temps-ci j'ai aussitôt embrayé avec une nouvelle série

BOOKS I BORROW

C'est un assez beau titre.

On verra ce qu'il en sortira. Après tout, ce qui a commencé comme un gag, ou presque (les Traductions sans filet), en est à 142 épisodes.

 

Donc, ma mère me force, en quelque sorte, à m'intéresser à Gissing, qui n'est pas du tout l'auteur que je m'étais paresseusement imaginé.

Tout à l'heure, en mangeant mon premier kebab de 2018, j'ai commencé la lecture d'Eve's Ransom. Le moins que l'on puisse dire est que l'écriture et la situation narrative donnent envie d'aller plus avant. Voici donc, pour faire feu de tout bois, le début du chapitre 3, dans le cadre des 66 secondes quotidiennes.

 

Le livre, un reprint déjà ancien, est très agréable à lire : fort volume relié, gros caractères, papier épais. Bien entendu, ce roman de Gissing est disponible sous de nombreux formats dans le Projet Gutenberg, mais aussi comme livre audio, pour ceux qui aiment (moi, je n'y arrive pas).

 

(J'écris ces lignes dans le bureau 38, site Tanneurs, grand soleil dans la poire à travers la vitre. Hors de question que je baisse le volet roulant : le soleil a été trop rare ces dernières semaines. Qu'on fasse, même au grand froid, une cure de soleil.)

vendredi, 02 février 2018

Tract sur la “loi Vidal”, quelques précisions

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Voici le tract distribué ce matin devant le site Tanneurs, avec mes annotations sous forme abrégée.

 

Quelques précisions :

 

1. La prétendue “année de mise à niveau” n'existe pas. La réforme Vidal impose aux universités de proposer des "modules de remise à niveau" à tous les étudiants qui ne répondent pas aux attendus. (Au passage, cela montre bien qu'il y aura zéro sélection, vu qu'un étudiant à qui une filière a signifié qu'il va droit à l'échec pourra quand même s'y inscrire.) En l'état actuel des informations dont disposent les équipes pédagogiques, il n'y aura, à Tours, aucun financement de ces modules, ce qui signifie qu'il s'agira probablement de modules d'autoformation parallèles à une année de L1 tout à fait normale.

 

2. “Écarter les étudiants [...] des bac pro et techno” n'aura pas lieu, vu qu'il n'y a pas, de facto, de sélection. Toutefois, un rappel s'impose : chaque année, des étudiants issus notamment des filières professionnelles s'inscrivent à l'Université et échouent immanquablement. J'ai été président du jury de L1 de LEA de 2005 à 2008 et de 2011 à 2016, et directeur du département de LLCER Anglais de 2008 à 2011 : chaque année, j'assurais un suivi des étudiants les plus en difficulté, et n'ai JAMAIS vu un étudiant issu d'une filière professionnelle obtenir son année, pour ne rien dire du diplôme. Pour moi, le pire est cette absence apparente de sélection qui pousse chaque année des milliers de lycéens puis d'étudiants à s'illusionner.

 

3. Les étudiants n'auront PAS à choisir 3 modules correspondant à différentes disciplines. Dans l'état actuel de la réflexion (les maquettes ne sont pas encore votées par le CFVU), un semestre type se composera de 4 modules, dont 1 extérieur à la discipline. Ce module interdisciplinaire sera obligatoire uniquement en L1 et pourra être remplacé à partir de la L2 par un module de renforcement disciplinaire. En un mot, c'est déjà ce qui se passe depuis 2010 avec les parcours spécialisés.

 

4. Le lien qui est fait dans ce tract entre modules pluridisciplinaires et fin du système de compensation des UE et des semestres est absurde : rien n'empêche, dans la structure du logiciel Apogée, de maintenir la compensation totale. Et cela, c'est quelqu'un qui, pour des raisons pédagogiques profondes, est opposé à la compensation totale. Autrement dit : j'adorerais que la compensation disparaisse, mais hélas, en dépit des remarques de la ministre en novembre, la réforme Vidal ne va rien faire dans ce sens. Pire même, cette annonce est un chiffon rouge qui a pour fonction de démobiliser les étudiants dès que la compensation sera officiellement maintenue.

 

5. D'où sort cette histoire de “menace de suppression des bourses en fonction des notes” ?

 

6. Pour en revenir au point n° 2, qui est selon moi le plus important : tant qu'on ne réservera pas les places en BTS et en IUT aux bacheliers issus des sections technologiques et des filières professionnelles, aucun des problèmes soulevés dans le point n° 2 ne sera réglé. En faisant cela, on revalorisera ces filières et sections (qui ne seront plus “les moins favorisées”) et on évitera la réorientation par défaut de milliers de lycéens issus de ces filières dans des diplômes universitaires dont les méthodologies et les contenus d'enseignement correspondent spécifiquement aux sections générales.

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jeudi, 25 janvier 2018

66 secondes de lecture, 15 : Kaplan à (1+7x)

Cette lecture, faite à huit heures du matin et illico publiée, j'ai attendu toute la journée avant d'en publier l'écho ici, sur le blog.

Bizarre, de s'être tourné plus vers les vidéos, même pas une solution de facilité.

Mais le carnet vert persiste. Le carnet gris, agonisant, n'a pas toutefois disparu. De temps en temps, le fantasme émerge d'en faire, comme pour les sonnets, un bouquin, un énorme pavé.

Même avec les méandres ou les traversées du désert, ce n'est pas si mal d'avoir tenu déjà douze ans et demi l'aventure du blog. Roubaud, que je lis en ce moment (car en fait & en dépit des apparences je ne lis pas du tout Leslie Kaplan), rappelle l'aphorisme de Gertrude Stein selon laquelle en écrivant chaque jour pendant une demi-heure on débouche sur un bon paquet de pages au bout de 40 ans.

Eh bien, oui, la polygraphie.

D'autres diraient : la logorrhée.

Je n'en ai cure.

Et puis tiens, si je me remettais à écrire des rondels ?

lundi, 22 janvier 2018

66 secondes de lecture, 12 : le test du dictionnaire

Dans une journée de pleine panique au boulot, prendre un des rares livres pas trop pénibles sur une étagère (bureau 38 toujours) et en lire un passage.

En plus, ça fait écho à l'essai de Bill Bryson sur lequel on fait travailler les étudiants de première année.

samedi, 30 décembre 2017

viii + iii

viii + iii

 

Qu’on la (le ?) remplisse de thé ou d’un autre liquide (lait chaud, grog, café…), dit-on un mug ou une mug ?

Relisant les chapitres de la première partie écrite hier matin les doigts frigorifiés (ce matin, ça va), je m’interroge, bien que j’aie toujours appliqué la règle parentale en féminisant ce mot anglais longtemps avant – d’ailleurs – qu’il ne soit couramment utilisé,  et je me rappelle que mon ami Frédéric, chez qui j’allais discuter en écoutant des disques et en mangeant des Eukalyptusbonbons, disait « ton mug » et « le mug ».

Si on décide du genre en fonction du genre du nom français désignant l’objet le plus similaire, il faudrait pourtant féminiser : une tasse une mug.

Ainsi, j’ai toujours entendu mon père dire « une sweat-shirt ». J’avoue ne pas pousser jusque là la rigueur grammaticale, et me contenter déjà de rappeler à mes étudiant·e·s, quand l’occasion s’en présente et quand je n’ai pas encore fait ma minute vieux con, que ce mot venant bien du nom sweat (sueur, prononcé /swet/) et non de l’adjectif sweet (doux, prononcé /swiːt/ ), il faut prononcer “souêt-cheurt” et non “souît-cheurt”, de même que j’omets rarement de rappeler qu’il m’est devenu impossible de commander la pâtisserie nommée brownie dans les boulangeries françaises, car si je n’ai pas de mal, en effet, à franciser à peu près, et notamment en faisant un /r/ dur et en n’accentuant pas le mot sur la première syllabe, il m’est vraiment insupportable de ne pas diphtonguer le ow de brownie : j’ai vraiment fait l’expérience d’une boulangère à qui je demandais un brownie dans ce qui me faisait l’effet déjà de ne plus du tout être le vrai mot, et à qui j’ai dû montrer l’objet du délit avant qu’elle ne comprenne en me reprenant sur ma prononciation : « ah, un brô-ni ! »

jeudi, 21 décembre 2017

Fin de règne

La salle 29

Aux Tanneurs 

Fouette l'œuf 

Dur et le chou fleur.

mercredi, 20 décembre 2017

Stop au harcèlement de rue (happening aux Tanneurs)

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samedi, 16 décembre 2017

Disponibilité

evaSys.jpgUn extrait, parmi d'autres, des résultats de l'évaluation d'un de mes enseignements (de L3). Une fois encore, cela donne tort à celles & ceux qui ne cessent de dire que l'évaluation anonyme des enseignements est l'occasion pour les étudiant·e·s de se lâcher contre les professeur·e·s.

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mercredi, 13 décembre 2017

Jodel, pas Jodelle

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L'application (ou est-ce une plate-forme ?) Jodel est l'objet de très nombreux fantasmes dans le milieu universitaire : les étudiants y diffameraient les enseignants à longueur de colonnes anonymes, les cours — sacro-sainte propriété de leurs auteurs — y seraient largement pillés et partagés.

 

J'ai envie de dire : if only...

If only... : si seulement les étudiants étaient tellement passionnés par leurs études qu'ils se servaient de cet outil pour échanger des cours pour collaborer au sens étymologique (travailler ensemble)...

 

La capture d'écran que je donne ici, tout à fait représentative, raconte une autre histoire.

dimanche, 19 novembre 2017

Zéro pointu

La grande gagnante de la soirée, c'est quand même l'étudiante qui annonce — avec les deux captures d'écran requises démontrant qu'elle n'a emprunté que ce livre-là — un compte rendu de Mr Dalloway de Robin Lippicott, et qui résume... Mrs Dalloway de Virginia Woolf.

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vendredi, 17 novembre 2017

L'homme amoindri

Il s'en est passé, des choses, en 2006.

Je repense à tout cela en faisant quelques scans, au bureau 49bis, de la traduction française de Slow Man, que C*** vient de relire. Voyant que l'édition française date de 2006, je me rends compte que j'ai lu ce livre à sa sortie, en anglais, donc il y a plus de dix ans.

 

Comme L'Homme ralenti est publié au Seuil, ça me renvoie à ce traumatisme absolu que fut, en 2007, l'annonce que le Seuil, tout en me payant intégralement ma traduction de Links, ne la publierait pas. La raison officielle en était qu'ils souhaitaient concentrer le secteur d ela littérature étrangère sur leurs auteurs déjà confirmés : même si leur catalogue a ensuite confirmé cette hypothèse, je n'ai pu m'empêcher de songer, depuis lors (et bien que je reste, d'autre part, très fier de cette traduction et tout à fait certain qu'elle était excellente), qu'il y avait un problème avec moi.

Tous mes échecs, depuis lors, à trouver un éditeur pour les textes africains non traduits qui me semblent si capitaux ne découlent-ils pas de tout ce malheureux épisode ?

 

Links a été depuis traduit (et bousillé) aux éditions du Serpent à plumes, sous le titre (idiot) d'Exils. Depuis, plus personne pour lever ne serait-ce qu'un sourcil quand on parle des inédits de Nuruddin Farah, de Nnedi Okorafor ou de Ngũgĩ wa Thiong'o.

lundi, 13 novembre 2017

LA FOLIE GUETTE

bonjour m. Cingal je tiens a vous joindre se mail si vous n avez pas reçu les dernière mail que je vous ait envoyés je vous le renvoi en espèrent que cela ne changera rien car je l ai quand même remis a l heure mais je l ai envoyés a guillaume Cingal je ne savait pas si cela vous a été transmis. je vous gréé de accepter mes sincère salutation

 

(mail reçu ce jour)

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vendredi, 10 novembre 2017

Eavesdropping

— Y a encore plus de pécu chez nous merde y en a marre.

— Vous les meufs vous gaspillez trop de papier.

— Ouais et puis vous les mecs c'est pas parce que vous avez le cul sale plutôt.

 

Peut-on survivre au vendredi ?

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mercredi, 25 octobre 2017

Brrrrrrrrrrrrrrm

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samedi, 14 octobre 2017

All Over The Place / #NameTheTranslator

Une amie a posté sur son mur Facebook la citation suivante, attribuée à Pearl Buck.

« Quel que soit son domaine de création, le véritable esprit créatif n’est rien d’autre que ça : une créature humaine née anormalement, inhumainement sensible. Pour lui, un effleurement est un choc, un son est un bruit, une infortune est une tragédie, une joie devient extase, et l’erreur est la fin de tout. Ajoutez à cet organisme si cruellement délicat l’impérieuse nécessité de créer, créer, et encore créer – au point que sans la possibilité de créer de la musique, de la poésie, des livres, des édifices, ou n’importe quoi d’autre qui ait du sens, il n’a plus de raison d’être. Il doit créer, il doit se vider de sa créativité. Par on ne sait quelle étrange urgence intérieure, inconnue, il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer. »

 

Comme je suis très sourcilleux dès que je vois fleurir une citation évidemment traduite dont ni la source ni le nom du traducteur ne sont cités, j'ai mené ma petite enquête.

Tout d'abord, des dizaines de blogs reprennent cette citation (moyennement bien traduite d'ailleurs) sans jamais citer le nom du traducteur ou de la traductrice. Une recherche rapide a également permis de retrouver le texte original de cette citation, qui se trouve reprise dans un nombre plus important encore de sites anglophones :

The truly creative mind in any field is no more than this: a human creature born abnormally, inhumanly sensitive. To him, a touch is a blow, a sound is a noise, a misfortune is a tragedy, a joy is an ecstasy, a friend is a lover, a lover is a god, and failure is death. Add to this cruelly delicate organism the overpowering necessity to create, create, create — so that without the creating of music or poetry or books or buildings or something of meaning, his very breath is cut off from him. He must create, must pour out creation. By some strange, unknown, inward urgency he is not really alive unless he is creating.

 

Wikisource — qu'on a connu plus inspiré dans son classement des citations assurées, apocryphes ou douteuses — donne cette citation pour authentique, sans préciser la source primaire et en se contentant de citer un ouvrage de 2001. Je suis allé vérifier dans l'ouvrage en question : aucune source, aucune note de bas de page ; autant dire que l'auteur aurait très bien pu inventer ce texte de toutes pièces. Heureusement, Google Books (qui propose pas moins de 32 résultats pour cette citation) répertorie quelques ouvrages antérieurs à 2001, et même un (malheureusement impossible à visualiser) antérieur à la mort de Pearl Buck (1972).

Il reste toutefois impossible, au stade où j'en suis, de savoir si cette citation apparaît dans un livre évidemment attribuable à Pearl Buck, ni, par conséquent, de connaître l'éditeur et le traducteur de ce livre en français. Le fait que ça traîne partout sur le Web n'est pas pour inspirer confiance.

mardi, 03 octobre 2017

Prescription sans ordonnance

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mardi, 19 septembre 2017

3 traductions du début du chapitre 2 d’Alice in Wonderland & 1 réécriture

Comme je pense que ce document que j'ai établi à l'intention de mes étudiants de troisième année (cours Approches de la traduction) peut intéresser quelques lectrices ou -eurs de passage, je le mets également en ligne ici. 

3 traductions du début du chapitre 2 d’Alice in Wonderland & 1 réécriture

 

Il s'agit d'un passage connu (et bref) d'Alice au pays des merveilles, dont j'ai donné le texte anglais, français (Henri Bué, 1869), allemand (Antonie Zimmermann, 1869) et italien (T. Pietrocola-Rossetti, 1872), ainsi que la réécriture — pas très réussie, imho — de J.C. Gorham (1905).

Bien sûr, les étudiants ne connaissent pas tous l'italien ou l'allemand, mais c'est la première fois que j'essaie, de manière marginale, de proposer ce genre de prolongement dans un cours de LLCER. On verra ce qu'il en sera.

dimanche, 17 septembre 2017

Chimères

Sous le regard des Chimères domestiques (elles sont au nombre de 42, et je vérifierai plus tard si j'en ai déjà parlé dans ces carnets), je réponds depuis un petit moment maintenant à la quinzaine de mails professionnels accumulés depuis hier soir.

Plaisir des mots qui sont interdits ailleurs.

Que l'on s'est interdit.

Prolifération de ce son ici, alors.

lundi, 11 septembre 2017

Toilettes & grammaire trans-genre

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Pour s'accorder au sujet de l'article, la journaliste de la NR adopte la grammaire trans-genre.   

vendredi, 08 septembre 2017

Complexe

Devant la porte de mon bureau, ce matin, deux clochards bien crades qui ont dû passer la nuit allongés sur leurs sacs à dos. Comme je ne suis pas du genre à me formaliser, je les réveille gentiment et je leur paie le café...

L'agent qui passe dans la foulée avec son chariot est nettement moins amène... peut-être que c'est lui qui a raison et que c'est moi qui suis un gros hypocrite...

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lundi, 13 mars 2017

4141 — Deux vidéos sur les toits de la Bibliothèque

Expositions de poètes africainEs, Bibliothèque Arts et Lettres, site Tanneurs, Tours, 13 mars 2017.     Cela faisait longtemps que je voulais faire ça.

 

L'occasion de venir prendre quelques photographies de l'exposition de livres d'écrivains africains était trop belle pour que je la manquasse.

 

Pour la première vidéo, j'ai repris de mémoire (et je me suis planté : pour le dernier vers, c'est « le temps veille », pas « l'esprit veille » (il a dû se produire une conflagration, dans mon esprit, avec le tableau de Gauguin)) un bref poème d'Esther Nirina qui est à l'honneur avec le présentoir de poésie anglophone du troisième étage.

 

Et donc, deux vidéos d'un coup, pour profiter aussi du passage par le bureau et donc de la connexion ultra-rapide de l'Université.

 

 

Pour la deuxième vidéo, plus longue, je me suis attaché à présenter le livre bouleversant de Shailja Patel, Migritude.

Comme je parle du spectacle dansé dont le texte constitue la première partie de Migritude, voici quelques autres liens pour se faire une idée (et se rafraîchir les yeux après ma tronche et mon blabla) :

  • The Cup Runneth Over (“an act of poetic terrorism”) — à faire écouter aux fans de Barack Obama

 

vendredi, 24 février 2017

“That's a pure Malevitch”

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Il y a trois ans, je faisais réciter par écrit un poème de Dickinson que j'avais fait apprendre par cœur à mes étudiants de première année... l'occasion d'être un peu sarcastique.

De mémoire, l'étudiante n'était pas venue me demander d'explication sur l'annotation, et aurai-je la naïveté de penser qu'elle a gouglé Malevitch ?

vendredi, 03 février 2017

Désensablé sur Loire

Enseigner, même avec ses fatigues et ses frustrations, reste la partie la plus jouissive de mon métier.

16298868_1220384547998702_6424909361380335334_n.jpgCe matin en cours de traduction pour étudiants d'échange on regardait un peu les titres du Canard enchaîné... Je leur expliquais quelques trucs sur l'actualité politique en France, et donc, on traduisait. “Ensablé-sur-Sarthe”... Je leur explique le jeu de mots, je cherche une vanne équivalente... Et soudain une étudiante (nord-américaine) me propose, du fond de la classe : di-sable-d sur Sarthe... Waow.

L'heure précédente, en L1, un des cinq étudiants faisant l'exposé m'avait appris que Robert Baldwin Ross, le dédicataire de The Importance of Being Earnest, était né à Tours*. Une autre a vu un jeu de mots que je n'avais pas vu (“a sad blow”). Une autre encore avait des étoiles dans les yeux quand j'ai établi un parallèle entre telle structure de dialogue dans la pièce de Wilde et la langue des pièces d'Ionesco.

 

 

* À noter d'ailleurs que ni l'édition de la pièce sur Gutenberg ni celle sur Wikisource ne contiennent la page de dédicace, ce qui est une omission surprenante. Robert Baldwin Ross, on l'apprend aussi sur Wikipédia, était le petit-fils d'un des artisans de l'indépendance du Canada.

mardi, 31 janvier 2017

Graphique sur les ressources de presse

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Source : Katie L. Price

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mardi, 24 janvier 2017

Fitness & crétinerie

Je ne hais pas le sport, mais beaucoup de sportifs sont irréfléchis (pour rester poli).

Pire que tout, la communication sportive.

En voici encore un exemple brillant. Me connectant à mon Environnement Numérique de Travail, afin d'accéder aux outils de travail que sont la bibliothèque en ligne, la messagerie électronique, les emplois du temps etc., je vois s'afficher, comme à l'ordinaire, les “actualités” (dans lesquelles, soit dit en passant, pas le moindre hommage n'a encore été rendu à mon excellent collègue Philippe Chardin, mort il y a quinze jours et dont on attend encore que l'Université fasse semblant de s'en apercevoir).

 

Et que vois-je ?

32460997606_a5d0644661_z.jpgÇa.

 

Entre autres idioties mises en avant par le Service Communication de l'Université, cette Nuit du fitness (titre déjà crétin), avec pour “dress code” (!) Tahiti douche.

 

Ces gens ne sortent-ils jamais les neurones de leurs muscles fessiers, et ne savent-ils pas qu'il y a, ces jours-ci, de fortes intempéries en Polynésie française, de sorte que Tahiti a été ravagé par des inondations ? Outre que l'idée même d'un dress code est inepte, que demander à des étudiants (et à des enseignants) de se déguiser en flacon de gel douche (c'est ce que je comprends, mais je ne garantis pas que je ne fais pas de contresens) est doublement inepte, la simple décence voudrait qu'on n'écrive pas ce genre de chose en ce moment.

jeudi, 05 janvier 2017

At Home At Work At Play

WAW — Le sigle signifie, je l'ai précisé plusieurs fois, William At Work. La rubrique, de ce fait (je veux dire, du fait de son sujet), s'enrichit aisément de notules et de billets. Je vous invite à aller fouiller dans les plus anciennes, qui datent de juin 2005.

237 en 139 mois, ça ne fait pourtant pas même un billet par quinzaine.

Le problème, bien entendu, est que je n'écris pas pour raconter mon travail, ni même mes travaux. Si je notais ici, même de façon télégraphique, chaque tâche accomplie, il y aurait plusieurs billets par jour. Or, le dernier billet date de novembre, et, de manière caractéristique, faisait allusion au travail effectué le samedi, ainsi surtout qu'un travail restant à accomplir le dimanche : que signifie, du point de vue topique, at work pour un enseignant ?

Un de mes regrets essentiels — je l'exprime rarement, mais bien trop souvent toutefois (trop souvent, car ce genre de regret est absolument ridicule vu de l'extérieur) — est que ces billets de blog n'attirent plus guère d'attention, et quasiment plus jamais le moindre commentaire. Il est stupide de me plaindre de cela, étant donné que je ne fréquente plus guère la blogosphère non plus. Les réseaux sociaux ont remplacé les blogs pour ce qui est des échanges : poursuivre un tel site (comme l'autre d'ailleurs), c'est, plus que jamais, soliloquer.

Les réseaux sociaux ont remplacé les blogs pour ce qui est des échanges, certes, mais, sur Facebook, mes vidéos de traduction et mes publications les plus sérieuses (les plus réfléchies, dira-t-on) sont celles qui ont le moins d'audience. C'est que la majorité recherche, sur Facebook, le bref et l'immédiat. Hier soir, j'ai partagé la traduction d'un long et magnifique entretien avec Aslı Erdoğan — trop long : deux “likes”.

Je ne renierai pourtant pas ce que j'écrivais, dans la rubrique WAW, justement, le 9 novembre 2015.

dimanche, 20 novembre 2016

Délitement d'hier

Hier, j'ai quand même été en-dessous de tout.

Sans doute est-ce parce que la journée avait bien démarré : levé à 6 h, j'avais fait quelques recherches dans la trilogie de Delbo pour vérifier certaines affirmations de sa biographe (en fait, comme je l'ai écrit hier, le livre de Dunant n'est absolument pas une biographie), puis lu Médée de Corneille (éblouissant, nerveux, roboratif), de sorte qu'à 8 h 30, quand le reste de la maisonnée a commencé à émerger, j'avais déjà assez bien rempli ma matinée.

Alors, après, délitement total de toute volonté, le coup classique chez moi : petites tâches ménagères, beaucoup de glandouillage sur le Web, un peu de lecture, quatre écoutes (je crois) du nouvel album d'Annegarn, matage de match de rugby avec Oméga le soir (& production de distiques ribéryens — encore inédits sur ce site, mais ils n'ont eu absolument aucun succès sur Facebook).

Du coup, aujourd'hui, les copies, le thème à préparer pour le cours de demain pour étudiants d'échange, pages à relire pour une amie...

Comportement de dé-bile. (Disons, Felipe dans Mafalda.)

samedi, 19 novembre 2016

Solutions finales

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Tout d'abord, le contexte de ce “dialogue” sur Facebook : un ami commun a posté la couverture de Valeurs actuelles, avec une photographie de Philippe de Villiers et la citation « Ma France sans l'islam ».

 

Il va sans dire — mais peut-être plus rien ne va-t-il sans le dire — que je honnis Villiers et son islamophobie, mais doit-on forcément, par un retour de balancier, prôner d'autres discriminations ? Que Philippe de Villiers énonce des propos scandaleux, j'y suis habitué. Qu'une universitaire apparemment spécialiste de sciences humaines puisse écrire sans sourciller, en commentaire d'un billet public sur un réseau social, qu'il faudrait exterminer une partie de l'humanité sur la base de sa couleur de peau et de son sexe, je n'y suis pas habitué. Il n'est pas rassurant de voir que, face à la montée des racismes et des communautarismes haineux, une collègue (sa page FB explique qu'elle travaille à l'Université Toulouse-Jean-Jaurès) est capable de prôner, comme solution des problèmes de la France (ou des États-Unis, on ne sait pas trop), l'élimination des hommes blancs.

dimanche, 13 novembre 2016

De Donald Trump, et des encyclopédies

Je viens de dénicher encore un très bon exemple pour mon cours de documentation sur les encyclopédies, dans lequel je démontre notamment que :

1. la Wikipedia, anglophone mais pas seulement, est un outil d'approfondissement et de connaissance souvent plus fiable que bien des sources “autorisées” *

2. les encyclopédies “classiques” doivent faire l'objet d'un regard aussi critique que ce qui se trouve sur le Web

 

L'exemple ?

Il s'agit de l'article “Donald Trump” de l'Universalis en ligne (accessible seulement aux abonnés, donc gratuite pour tous nos étudiants via leur ENT).

Cet article en français, dont l'auteur est pourtant un éminent américaniste (vice-président du jury d'agrégation, crois-je savoir), comporte plusieurs énoncés non neutres, plusieurs erreurs rédactionnelles, et surtout des faits non avérés, ou discutables. Par exemple, l'auteur reprend comme une évidence ce que plusieurs instituts de statistique ou politologiques contestent, à savoir que Trump a été élu en parvenant « à mobiliser largement les abstentionnistes de son socle électoral, majoritairement les Blancs non diplômés de l’enseignement supérieur ».

Sur WP, un tel article se verrait immédiatement apposer un ou plusieurs bandeaux d'avertissement : neutralité, nécessité de citer les sources etc. Sur l'Encyclopédie Universalis, le vénérable professeur d'histoire américaine est libre de signer son nom un article contenant plusieurs approximations, et, je le suppose, de dire — comme tant de collègues qui n'ont jamais regardé de près la Wikipedia et son fonctionnement — du mal de Wikipedia !

 

* Ce que j'essaie de montrer dans ce cours, en expliquant le fonctionnement des bandeaux, le système de recherche dans l'historique, le système de vote collectif pour améliorer ou supprimer des articles, c'est que le fait que tout le monde puisse être auteur ne se fait pas au détriment de la qualité. (Au contraire, même : la WP est actuellement l'outil encyclopédique le plus complet et le mieux écrit, en anglais notamment.)

La majorité de nos collègues en sont restés à l'époque des débuts, vers 2004, où on pouvait écrire n'importe quoi et où ça restait en ligne pendant des semaines. Cela est nettement moins vrai de nos collègues anglophones, qui, depuis très longtemps, participent activement aux portails des domaines dont ils sont spécialistes.

En France, quand apparaît un outil formidable mais bouleversant les codes, on préfère cracher dans la soupe plutôt que de participer à l'améliorer. L'exemple plus frappant, dans cette histoire des rapports de frilosité des élites intellectuelles françaises vis-à-vis du numérique, restera pour moi cette baderne de Fumaroli fustigeant le Projet Gutenberg et Google Books en vantant les mérites de Gallica, qui était, à l'époque, cent fois moins complet et surtout cent fois moins pratique que Gutenberg ou Wikisource. Depuis, d'ailleurs, Gallica s'est considérablement améliorée... en se gutenbergisant.

jeudi, 10 novembre 2016

Work with — Bernie Sanders “collabo” ?

Je me suis — difficilement — retenu d'archiver ici hier les différentes brèves de comptoir dont j'ai abreuvé mon mur Facebook sur l'élection — grave, prévisible, tragique — de Donald Trump à la présidence des États-Unis...

Aujourd'hui, j'interviens sur un point qui n'est pas de détail, mais qui relève au moins de mes compétences officielles, la langue anglaise.

 

Bernie Sanders, sénateur et candidat battu à la primaire démocrate, a publié ce matin le communiqué suivant :

 

Donald Trump tapped into the anger of a declining middle class that is sick and tired of establishment economics, establishment politics and the establishment media. People are tired of working longer hours for lower wages, of seeing decent paying jobs go to China and other low-wage countries, of billionaires not paying any federal income taxes and of not being able to afford a college education for their kids - all while the very rich become much richer.

To the degree that Mr. Trump is serious about pursuing policies that improve the lives of working families in this country, I and other progressives are prepared to work with him. To the degree that he pursues racist, sexist, xenophobic and anti-environment policies, we will vigorously oppose him.

 

Les médias français de reprendre cela, pour la majorité d'entre eux, sous des titres aussi vendeurs que partiels et faux : Bernie Sanders prêt à travailler avec Donald Trump.

“Work with” ne signifie ni collaborer, ni travailler pour. Dans 4 cas sur 5, pour ce qui relève des structures verbales en tout cas, il ne faut pas traduire with par avec de l'anglais au français. Ici, ça veut dire que Bernie Sanders, comme d'autres “progressistes”, est prêt à soutenir des décisions ou des projets politiques au coup à coup.

C'est un peu le genre de discours pragmatique qu'on connaît aux centristes français honnêtes (et j'espère ne pas commettre, en écrivant cela, un double oxymore).

Donc, le raccourci saisissant qui consiste à renvoyer dos à dos populistes xénophobes et “progressistes”, justement, ou — en France — la droite extrême (qui ne propose que des mesures visant à l'appauvrissement du plus grand nombre) et la gauche dite “radicale” n'est qu'un tour de passe-passe sémantique des plus dégueulasses, ainsi qu'une manipulation de l'ordre de celles qui consistaient à annoncer à l'avance la défaite du Brexit et la victoire de Hillary Clinton.

Pour ma part, n'aimant pas la politique du pire ni la stratégie de la terre brûlée (métaphore qui prend un sens encore plus fort face à un ”ticket” créationniste et climato-sceptique), je souhaite vivement que des gens comme Bernie Sanders parviennent à infléchir le cours de l'histoire en incitant Trump à appliquer surtout les points les moins dévastateurs de son programme de clown assassin.

mardi, 18 octobre 2016

Traduire “fembot”

Un bon exemple, pour renouveler mon stock pour le cours magistral que je consacrerai fin novembre, dans le cadre du cours de première année de Documentation*, à la question des ressources lexicographiques en ligne (monolingues, bilingues, multilingues), c'est le nom composé amalgamé fembot**.

En effet, si les dictionnaires bilingues Larousse en ligne ne connaissent pas le terme, c'est le cas de la plupart des ressources habituelles (Collins ou IATE).  Wordreference reste pareillement muet, à l'exception d'une discussion très marginale sur le forum, et Linguee ne répertorie quasiment aucune occurrence (ce qui est plus étonnant).

Le site le plus disert reste Reverso, surtout dans son interface contextuelle. Toutefois, les nombreuses phrases en contexte n'ont, en regard, que des traductions manquantes, fausses ou peu convaincantes : tout au plus serais-je tenté d'emprunter cybernana et de le moderniser en cybermeuf. Finalement, des traductions “sèches” proposées en haut de page, femmebote et robote, seule la seconde peut sembler convenir. Cela requiert, toutefois, un certain discernement : rien de tout cuit ici.

L'aller-retour entre la version francophone et la version anglophone de la Wikipédia suggère une équivalence trop restrictive ou trop technique (gynoïde).

À qui voudrait traduire le titre de la chanson de Zappa, “Fembot in A Wet T-Shirt”, que conseiller ? L'anglicisme (une fembot en t-shirt mouillé) ? Robote dans un t-shirt mouillé ? Une cybermeuf ?

 

 

* Triple génitif, I know.

** Oui, je suis en train de réécouter Joe's Garage de Frank Zappa.

samedi, 15 octobre 2016

D'un rapport de jury, et d'un corrigé.

Neuf mois après les épreuves écrites, le jury d'agrégation interne d'anglais vient enfin de publier son rapport sur la session 2016. Ce document est toujours très instructif pour les candidats, et pour les universitaires qui assurent les cours.

Il s'agit d'un document public, consultable ici.

Je viens de passer un certain temps à lire les parties qui me concernent le plus, et notamment les pages 43 à 50, sur l'explication des choix de traduction.

Toutefois, je me contenterai de reproduire ici le texte du sujet de version, et la proposition de traduction à laquelle finit par aboutir le jury.

 

Texte à traduire (extrait de Freedom de J. Franzen)

Walter had never liked cats. They'd seemed to him the sociopaths of the pet world, a species domesticated as an evil necessary for the control of rodents and subsequently fetishized the way unhappy countries fetishize their militaries, saluting the uniforms of killers as cat owners stroke their animals' lovely fur and forgive their claws and fangs. He'd never seen anything in a cat's face but simpering incuriosity and self-interest; you only had to tease one with a mouse-toy to see where its true heart lay. Until he came to live in his mother's house, however, he'd had many worse evils to contend against. Only now, when he was responsible for the feral cat populations wreaking havoc on the properties he managed for the Nature Conservancy, and when the injury that Canterbridge Estates had inflicted on his lake was compounded by the insult of its residents' free-roaming pets, did his old anti-feline prejudice swell into the kind of bludgeoning daily misery and grievance that depressive male Berglunds evidently needed to lend meaning and substance to their lives. The grievance that had served him for the previous two years —the misery of chainsaws and earthmovers and small-scale blasting and erosion, of hammers and tile cutters and boom-boxed classic rock— was over now, and he needed something new.

Some cats are lazy or inept as killers, but the white-footed black Bobby wasn't one of them. Bobby was shrewd enough to retreat to the Hoffbauer house at dusk, when raccoons and coyotes became a danger, but every morning in the snowless months he could be seen sallying freshly forth along the lake's denuded shore and entering Walter's property to kill things.

 

Proposition de traduction

Walter n'avait jamais aimé les chats. Il lui avait semblé que c'étaient les sociopathes du monde des animaux de compagnie, une espèce domestiquée comme un mal nécessaire à l'élimination des rongeurs et fétichisée ensuite comme les pays malheureux fétichisent leurs militaires, saluant l'uniforme de tueurs comme les propriétaires de chat caressent la jolie fourrure de leur animal et lui pardonnent ses griffes et ses dents pointues. Il n'avait jamais rien lu dans l'expression d'un chat si ce n'est une absence de curiosité et un égocentrisme de façade ; il suffisait d'en taquiner un avec une fausse souris pour voir quelle était sa véritable nature. Jusqu'à ce qu'il vînt habiter dans la maison de sa mère, il avait eu quantité de maux plus graves à affronter. C'est seulement maintenant, comme il avait la charge des populations de chats harets causant des ravages dans les terres que lui avait confiées The Nature Conservancy et qu'à la blessure infligée à son lac par les lotissements Canterbridge s'ajoutait l'affront des animaux de compagnie que les résidents laissaient vagabonder, que son vieux préjugé contre les félins avait grossi jusqu'à devenir cette espèce de grief, de tourment matraqué journellement dont les hommes dépressifs de la famille Berglund avaient manifestement besoin afin de donner sens et épaisseur à leur existence. Le grief qui lui avait servi ces deux dernières années —le tourment des tronçonneuses, des bouteurs, des petits dynamitages et des terrassements, des marteaux, des coupe-carreaux et du vieux rock à pleins tubes—avait cessé et il avait besoin d'autre chose.

Certains chats sont fainéants ou inaptes à tuer mais ce Bobby, noir, aux pattes blanches, n'était pas de ceux-là. Bobby était suffisamment rusé pour se replier dans la maison des Hoffbauer à la tombée de la nuit, à l'heure où les ratons laveurs et les coyotes devenaient un danger, mais tous les matins des mois sans neige on le voyait repartir à l'aventure sur la rive sud dénudée du lac et pénétrer le domaine de Walter pour y tuer.

 

Ma seule réaction, après avoir noté à la hâte toutes les erreurs de traduction (en rouge ci-dessus), fut, paraphrasant Coluche : ils s'y sont mis à plusieurs pour faire ça ???

vendredi, 14 octobre 2016

Frankie Lee & Judas Priest

Mon métier d'universitaire et d'enseignant-chercheur, c'est aussi de former à la traduction, et — à partir de la troisième année, seulement, hélas — à la réflexion sur les questions de traduction.

Dans le cadre de mes T.D. de traductologie, je vais faire travailler les étudiants sur un “texte” de Bob Dylan, et sur une traduction française de ce texte. Pour ceux que cela intéresse, voici le document de cours sous PDF.

Comme je l'écrivais hier, la singularité de l'œuvre de Dylan, c'est qu'elle en grande partie non traductible, à savoir qu'elle n'a pas besoin d'être traduite pour être comprise ou saisissable (comme les grandes œuvres de théâtre, dans lesquelles tant de ce qui se produit n'est pas lié strictement à la langue).

mercredi, 05 octobre 2016

Un tiers de vie

Au travail, dans l'amphi A, dès 7 h 20, j'admire le travail de la femme de ménage tout en préparant mes dossiers et mes diaporamas, et constate, vu tout ce que va dénicher et pousse le balai, que les étudiants sont des sagouins.

Auparavant, elle m'a fait remarquer, après que nous nous sommes salués, que j'étais matinal. Pas faux. Et m'a demandé si ça ne me gênait pas qu'elle continue. Au contraire, j'avais peur, moi, que ça l'embête que je sois là.

Encore auparavant, dans le tramway, je me suis aperçu que j'aurai bientôt 42 ans et que, comme j'ai commencé ma carrière tourangelle en septembre 2002, j'ai donc passé un tiers de ma vie ici ; j'espère être encore là à 56 ans pour signaler une demi-vie, mais qu'à 70 ans “ils” m'auront laissé filer.

On verra.

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vendredi, 30 septembre 2016

“Y avait d'l'ombr' qu'en d'sous du pont”

De retour de ma brève pause déjeuner, avant d'“enquiller”* les trois cours de midi à 16 h 30, j'ai vu cette étudiante qui lisait sous l'escalier de la passerelle des Tanneurs, côté place des Joulins. Il pleuvait — il a plu, la première pluie continue et parfois drue de la saison — enfin !

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Comme je n'ai pas encore récupéré le chargeur de batterie de mon Lumix (oublié il y a plus d'un mois dans les Landes — nous avons tergiversé et toujours pas décidé d'acheter un nouvel appareil**), et comme de toute façon au travail je n'aurais sans doute eu que mon smartphone à photos pourries, je n'ai ni osé prendre la photo du bon côté, presque à bout portant, ni voulu rater totalement cette scène, que j'ai donc saisie, trois minutes plus tard, de l'autre côté de la Passerelle, depuis la vitre ouverte de mon bureau, avec le zoom qui rend l'image plus dégueulasse encore.

Puis j'ai répondu rapidement à trois ou quatre emails, et suis allé explorer, avec les étudiants de troisième année, ce qui arrive à Kayo dans son laboratoire.

 

 

* Allusion au professeur d'histoire d'Alpha.

** Note pour la postérité : en septembre, le troisième tiers ; en octobre, les taxes foncières des deux maisons ; en novembre, la taxe d'habitation des deux maisons. Bonne raison de ne pas claquer 350 € comme qui rigole.

mercredi, 28 septembre 2016

Cancanements

Que manque-t-il, sinon cela, le temps de se poser un peu, d'abord à une table rose vif sur un tabouret jaune pétard, puis à l'ordinateur de l'estrade ?

 

Ce matin, l'amphi était entièrement éclairé, et l'ordi était resté allumé. Bizarre.

Comme j'ai ouvert la porte de secours qui donne, non précisément sur les berges, mais sur le large chemin planté de platanes qui surplombe le chemin des bords de Loire, j'ai fini par entendre des cancanements, ce qui me rappelle qu'avant-hier, en salle 309, de tels cancanements (de colvert femelle) ont été l'occasion d'apprendre à mes étudiants d'échange les mots colvert, cancaner, potins et l'expression “dire du mal de quelqu'un dans son dos” (qui est quasi identique en anglais).

 

Les trois premières pages de Levins Mühle sont étonnantes.

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mercredi, 21 septembre 2016

Mercredi à l'aube, bords de Loire.

Il y a deux ans, j'avais commencé de tenter de circonscrire, à bâtons rompus, un chronotope : le lundi de cinq à sept, dans le quartier de la cathédrale (où se trouve le Conservatoire).

IMG_20160921_073055.jpgCe matin, avant de publier la photo du jour sur le nouvel autre blog, j'ai pris en photo l'amphithéâtre où je vais faire cours, de huit à neuf, mais pendant quatre semaines seulement.

Récurrence modérée.

Il s'agit, pour quatre mercredis donc — celui-ci étant le deuxième — du cours magistral sur Tail of the Blue Bird de Nii Ayikwei Parkes.

lundi, 30 mai 2016

Caryl Phillips, premiers pistages

Depuis quelques jours, j’ai enfin pris le temps de me lancer dans l’œuvre de Caryl Phillips, écrivain britannique que l’on qualifie aussi parfois de “Black British”, d’origine antillaise, mais qui a enseigné et écrit pas mal aux États-Unis… bref, cette question des définitions identitaires est, comme on peut le supposer et comme sans doute l’histoire littéraire en retiendra le caractère essentiel pour les générations d’écrivains des années 1970 aux années [reste à compléter], au centre de son travail.

Le prétexte – fortement agissant – de cette plongée est le fait que je devrai préparer, s’il y a des candidats, les agrégatifs de l’option Littérature du pôle mutualisé Limoges-Poitiers-Tours à l’œuvre mise au programme, Crossing the River. En général, les cours d’option débutent seulement en janvier, mais comme il faut, dès début septembre, voire avant, donner des indications de lecture aux étudiants, et comme d’autre part ce mois de juin devrait être plutôt calme sur le front du boulot, je m’y mets d’arrache-pied maintenant.

Pas encore relu Crossing the River, que j’ai lu il y a une dizaine d’années et qui m’a laissé un souvenir diffus. Préféré, pour l’instant, arpenter le territoire d’autres livres de C. Phillips. Commencé par Dancing in the Dark, portrait en kaléidoscope de l’itinéraire du grand comédien noir américain – originaire des Bahamas – Bert Williams. Dans sa structure, ce livre va certainement m’éclairer sur les choix de point de vue et de voix qui figuraient déjà dans Crossing the River.

Actuellement, je lis les essais rassemblés dans Colour Me English et The Atlantic Sound, un texte très étrange mêlant fictions, récit de voyage et réflexions historiques sur la traite et le commerce triangulaire ; le moins réussi, pour l’instant, est le passage narratif de la première partie dans laquelle Phillips raconte le séjour à Liverpool, en 1880, d’un jeune Ghanéen venu tenter de récupérer les fortes sommes perdues par son père après affaire avec un marchand anglais véreux. (Pourtant, quel beau sujet...)

Pour le style autant que pour le regard, Phillips m’évoque les récits de Naipaul, le Calcutta de Chaudhuri — pour la recherche d’une signification englobante lyrique, les aphorismes et les envolées d’un Ben Okri — et, pour le travail autour de l’identité très particulière du prolétariat du nord de l’Angleterre, la prose quasi ethnographique d’un Stuart Maconie. Curieusement, son anglais, précis, recherché, s’autorise de curieuses ruptures, comme le non-respect quasi systématique de la règle de grammaire sur les pronoms relatifs who et whom.

lundi, 09 mai 2016

Routines

Nous ne sommes pas nombreux, à l'Université, aujourd'hui.

La concierge d'à côté, parano sans humour...

 

Toujours clochards et gros clébards. La routine va routiner, tout le mois de mai...

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mardi, 03 mai 2016

Premières terrasses

On a doux le soleil les premières terrasses

Qu'avant la fin de l'exam les tudiants se cassent.

 

Croivu-je avoir faisi un sujet trop facile

Qu'on n'est pas lu leur truc übermégadébile.

vendredi, 01 avril 2016

Vieil homme sous un ciel en suspens

Pour célébrer la vingt-sixième vidéo, filmée tard ce soir, je signale l'importance du poète sud-africain Tatamkhulu Afrika (1920-2002).

Ces prochains jours, les publications de traductions improvisées et filmées seront peut-être plus sporadiques.

lundi, 29 février 2016

L'Ivresse / Drunkenness

 

 

Pour un cours déplacé au lundi matin à 8 heures, il y avait certes quelques absents, mais nous avons bien travaillé. Les étudiants devaient chercher dix exemples de modulation dans les sous-titres anglais de l'épisode de Kaamelott ci-dessus.

Les échanges ont été nourris, et on a pu faire le tour de presque toutes les modulations les plus courantes.

Les présents auront même appris ce que sont un hyponyme, une brachylogie, une catachrèse — sans compter le rappel des fonctions poétique et phatique du langage selon Jakobson.

 

Il tabasse, le Cingal.

dimanche, 21 février 2016

Of Mice and Men (Sinise, 1992)

Regardé hier soir le film de 1992 adapté de Of Mice & Men — que j'enseigne ce semestre, donc je voulais me faire une idée. Occasion de faire découvrir l'œuvre à mon fils aîné aussi (je lui ai fait lire le dernier chapitre en traduction, pour lui montrer comment la schizophrénie de Lennie était évacuée dans le film au profit de sa “simple” débilité).

Il s'agit, globalement, d'une adaptation très fidèle, de et avec Gary Sinise (jamais entendu parler, jamais vu — auteur d'une très fidèle et assez belle adaptation).

John Malkovich, qui interprète le rôle de Lennie, est excellent, comme à son habitude, et campe merveilleusement (c'est-à-dire avec beaucoup d'habileté mais aussi d'humanité) le demeuré. Ce que je me demande, c'est comment il est parvenu à égrener ces litanies de "George" monocordes et semi-plaintifs sans être hanté en permanence par les versions parodiques de Tex Avery.

Tout est là, en quelque sorte, notamment les éléments très évidents de complicité homo-érotique... mais, à ce titre, l'ambiguïté de la relation entre George et Slim est tout à fait effacée au profit du seul couple Lennie/George. Pour cela, le texte reste plus subtil, avec notamment la belle dernière phrase, dans la bouche d'un lourdaud sans cœur, Carlson : “Now what the hell ya suppose is eatin’ them two guys?”. Ces hommes rongés, grignotés par leur humanité autant que par leur sexualité complexe, ce sont Slim et George Milton, eux qui, après la mort de Lennie, demeurent.

21:42 Publié dans Tographe, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 09 février 2016

Ruptures

Comme hier, à Paris, un vent à décorner les markhors m'a tiré du lit, à Tours, vent plus fort encore à 7 h 20 qu'il y a deux heures.

L'avantage des fins de nuit un peu précoces, c'est de pouvoir régler, par mail, des questions importantes avec les partenaires australiens, malais et coréens — et japonais — alors que, pour eux, c'est l'après-midi.

1 h 20, donc, à traiter les mails professionnels... Dire que je me levais en pensant avancer dans les textes personnels pour le blog anthracite...

vendredi, 05 février 2016

Fin de stage

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Je crois que “ma” stagiaire de troisième a essayé de me dire un truc sur ce qu'elle a pu observer du métier d'enseignant-chercheur.

vendredi, 29 janvier 2016

Un vendredi.

Journée de travail très réussie, aujourd'hui. Globalement, j'aime mon métier et mes journées ne sont pas atroces, mais il est rare que tout s'arrange, non pas merveilleusement, mais simplement bien.

Le premier cours (thème L3) est vraiment en petit groupe. Dix présents seulement sur les 14 de la fois précédente. On ne va pas se plaindre, avec les 50 étudiants par TD de L1 et de toute la filière L.E.A.. Cela fait plusieurs années que je n'ai pas enseigné le thème, à l'exception des trois années de traduction audio-vidéo entre 2012 et 2014 et le thème économique de L.E.A. (qui compte un peu pour du beurre), et j'ai décidé d'innover un peu : outre les textes à préparer chaque semaine (6 textes alternant prose littéraire et textes de presse, distribués dès le début du semestre), je propose à chaque cours une “fenêtre” de 15-20 minutes consacrée à une traduction improvisée, y compris pour moi. Nous n'y travaillerons pas les questions de syntaxe, ni les procédés les plus complexes, mais c'est une manière de travailler sur les automatismes et aussi sur d'autres supports. Ainsi, hier, à la stupéfaction (navrée) de mes étudiants, je leur ai diffusé le refrain de Notre amour sent l'ail. Cela nous a permis de réfléchir à la manière de traduire convenablement les deux sens de blanc (“le plus blanc” vs “chevalier blanc”), mais aussi de réfléchir à la traduction des insultes, dont certaines qu'ils ne comprenaient pas dans le texte source français (“banane”* et “lajoie”). — En tout cas cette fenêtre donne un double aspect au cours, avec un côté ludique ou un peu déconnant...

Le deuxième cours était Aide à la réussite L1, dans le lugubre amphi C ; le T.D. s'articule autour d'un exposé fait par un groupe d'étudiants en première heure puis d'un extrait du livre présenté en exposé et sur lequel tous les étudiants ont travaillé au préalable. Les dix livres qui donnent lieu à exposé ont été annoncés dès novembre, avec ordre identique dans les cinq groupes de T.D. de la promotion. Tous les exposés doivent épouser la même structure (l'auteur, la structure du livre, les principaux thèmes, les difficultés rencontrées, la phrase préférée de chaque étudiant du groupe). Hier, c'était le deuxième cours, avec le premier exposé, sur Common Sense de Thomas Paine. Les quatre étudiantes avaient très bien travaillé, fouillé le texte, relevé les éléments les plus importants. Elles ont distribué leur plan au début de l'exposé, avec le glossaire obligatoire de 30-50 mots, puis ont présenté leur travail en faisant parler chacune, à tour de rôle, Thomas Paine à la première personne. Deux d'entre elles avaient appris leur texte, mais sans réciter (elles ne risquaient pas d'être sanctionnées pour cause de notes trop rédigées), et les deux autres avaient des aide-mémoire discrets. Une d'entre elles est très évidemment bilingue, mais parlait trop bas, avec peu de présence ; deux avaient un anglais moyen de première année (et donc, fautes de grammaire, intonation française et fautes d'accentuation) ; la dernière, enfin, s'appuyant probablement sur une expérience théâtrale, occupait la scène et jouait vraiment Thomas Paine ressuscité et venu lever les malentendus sur son livre, ce qui, avec un anglais globalement bon, compensait ses quelques déplacements accentuels sur les polysyllabiques (je pense que j'en faisais largement autant à son âge). Au bilan, un exposé original et très vivant. La deuxième heure s'est bien déroulée ; j'ai donné quelques conseils ; nous avons travaillé sur les deux extraits de Common Sense, avec un peu de participation (intelligente) et pas de bavardage.  De mon point de vue, le cours de L1 parfait.

Après la pause sandwich vraiment minimale (il y a une demi-heure de battement, ce qui en fait signifie vingt minutes à tout casser), le cours de traductologie de L3, qui s'appuyait sur un extrait d'A Tale of Two Cities vraiment bourré de tournures verbales exigeant le chassé-croisé et sur une série de 20 titres de chansons françaises à traduire, s'est avéré vivant et riche, surtout, une fois encore, car presque tous les étudiants avaient vraiment fait leur travail et proposaient leurs contributions ou faisaient part de leurs doutes ou interrogations. Au sujet de la traduction de "darted into their houses", j'ai même donné raison à un étudiant après avoir comparé une traduction proposée, avec chassé-croisé (entrèrent chez eux en trombe), et la sienne (se précipitèrent chez eux). J'avais en effet commencé par soutenir que la sienne impliquait une modulation avec effacement de l'image (dart), tandis que l'autre procédait à un changement d'image (en flèche → en trombe). Il m'a fait remarquer, en invoquant la parenté avec précipice, que, selon lui, se précipiter était aussi une image ; sans que j'aie le temps de vérifier dans un dictionnaire de langue française (il y a, comme dans beaucoup de salles, un ordinateur avec vidéoprojection, mais on ne peut pas s'interrompre toutes les trente secondes), j'ai en effet constaté que l'étymologie lui donnait certainement  raison (prae-caput). De retour à la maison, j'ai pu vérifier que c'était le cas. Le Robert culturel indique même, comme citation illustrant le sens 1, ce vers de Cinna  : « Puis soudain, dans le Tibre, il s'est précipité. »

La journée de travail s'est poursuivie avec plusieurs rendez-vous : signature du contrat pédagogique d'une de “mes” étudiantes australiennes (de Deakin), rendez-vous avec deux des trois étudiantes de L.E.A. qui partent prochainement pour leur séjour d'études obligatoire d'un semestre en Malaisie (nouvel échange pour lequel elles essuient les plâtres — avec un nombre tel d'embûches que je me demande si je ne vais pas suspendre l'envoi d'étudiants pour une année, le temps de faire le point), rendez-vous avec une étudiante angliciste qui est extrêmement motivée pour valider sa L3 par un séjour d'études dans une autre université partenaire dont je suis responsable (UKZN, à Durban et Pietermaritzburg), et enfin entretien avec un collègue de l'équipe pédagogique de L.E.A. suite à un problème survenu cette semaine. Journée qui s'est donc clôturée, pour la partie in situ, vers quatre heures de l'après-midi, mais avec un véritable sentiment de satisfaction. Journée très complète, aussi, dans ses “activités”... j'espère que la stagiaire de troisième que j'accueille la semaine prochaine pourra observer ce genre de journée...

 

 

* Une seule étudiante connaissait et a confirmé que c'était une insulte plutôt affectueuse, ou en tout cas ambivalente, car, quand l'étudiante était plus jeune, sa mère lui disait ça gentiment. Bizarrement, j'ai évoqué ça ce soir en famille, et Oméga (qui est en CE2) était étonné, car "on n'arrête pas de dire ça dans la cour"... En cherchant un peu sur le Web — où il est difficile de filtrer les articles qui parlent de l'affaire des enfants catholiques qui avaient jeté des bananes à Taubira — je suis tombé sur un répertoire d'“insultes pas trop vulgaires” plutôt insolite... je vous laisse juger...

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vendredi, 22 janvier 2016

Bureau 38, 1

Encore quelques échanges asymétriques au ping-pong (asymétriques car pas de notule équivalente dans Pong-ping).

Suite au billet d'hier (Bibliothèque, 1), dans lequel l'une des questions posées portait sur le nom même de la pièce, je réponds d'ici, c'est-à-dire du bureau 38, où j'avais mes quartiers professionnels de 2002 à 2007, avant trois détours, pour y revenir — l'histoire serait trop longue et oiseuse.

En titre, j'ai écrit Bureau 38, 1, ce qui est mentir, puisqu'on trouverait dans ces carnets même de nombreux billets qui y furent écrits, voire qui en parlent (de la place des Joulins, de la vue sur la passerelle, des six magnolias, des étudiants ou collègues qui clopent ou discutent près de la fenêtre, des jambes que l'on voit descendre les degrés de la passerelle laide moulée dans son béton).

Autre lieu de travail : peu de livres, mais des piles et des piles de feuilles, de documents, de paquets de copies. On a beau faire régulièrement le ménage (grand nettoyage pour le chariot du papier à recycler), empilements & congères de paperasses.

Ce matin, bus & tramway : 18 minutes de Torricelli à Anatole-France (grâce à un tramway qui arrivait pile en même temps que moi à Coppée). 26 minutes de porte à porte (on pourrait dire de bureau à bureau).

Ce bureau à 38 à huit heures du matin, voire avant : chronotope surtout de l'année de turboprof (2002-2003, j'arrivais ici le mardi matin après ma nuit à l'hôtel Régina). Mais j'ai dû aussi y arriver très tôt, aussi le lundi et le mardi, l'année suivante, après long détour par la crèche.

(J'ai dû. Pourrais-je en être sûr ?)

 

dimanche, 17 janvier 2016

Mettre en mue

Attaquant demain avec mes étudiants de première année la scène de l’acte 1 de Richard III dans laquelle, après avoir brièvement discuté avec Hastings de sa récente disgrâce, Gloucester poursuit son monologue en y exposant ses projets (I, i, 122-162), j’ai rompu des lances avec le beau distique du chambellan (132-3) :

More pity that the eagles should be mew'd
    While kites and buzzards prey at liberty.

Il va de soi que, pour les étudiants, je veux surtout insister sur les métaphores et sur l’antithèse (exprimée d’une manière dissymétrique, d’ailleurs : “more pity that.. while…”), mais, à titre personnel, j’ai un peu creusé ce ‘mew’d’, ici au sens 3 du verbe mew dans l’Oxford English Dictionary, terme de fauconnerie désignant une cage et, par extension, le fait de confiner un oiseau pendant la période de mue.

Je n’ai, sous la main, « que » trois traductions, celle de François-Victor Hugo (1866, reprise en GF), celle de Jean-Michel Déprats (Gallimard 1995) et celle d’André Markowicz (Les Solitaires intempestifs, 2010).

François-Victor Hugo – on trouve d’ailleurs le texte en ligne sur Wikisource – traduit en prose : « Tant pis que l’aigle soit en cage, — quand les milans et les buses pillent en liberté. »

Déprats :

« C’est grand dommage que les aigles soient mis en cage,

Quand milans et buses chassent leur proie en toute liberté. »

Markowicz, seul à tenter de rendre les pentamètres iambiques par des décasyllabes “classiques” (4/6), conserve, audacieusement, un terme de vénerie à peu près inconnu du fait de son archaïsme (on le retrouve dans le Littré) :

« Quelle pitié de mettre en mue les aigles

Quand les busards et les gerfauts sont libres. »

La restitution d’une métrique et d’un rythme proprement shakespeariens se fait au prix d’un effacement, le prey de la proie, qui n’est pas insignifiant, bien sûr. Ce qui me paraît le plus délicat, c’est la perception – et donc la compréhension – par un spectateur contemporain de ce terme de mue. J’ai vérifié la traduction du jeu d’échos entre cette occurrence et celle du monologue d’ouverture. En effet, Gloucester, dès le vers 38 : This day should Clarence closely be mew’d up

Markowicz, sans surprise, a été attentif à cet écho : « Ce jour verra Clarence mis en mue » — Déprats, nada : « Aujourd’hui même Clarence sera bouclé » — F.-V. Hugo non plus : « Clarence sera enfermé étroitement aujourd’hui même ».

 

 

(Dans une pièce très contemporaine de Richard III, Roméo & Juliette, Lady Capulet dit de sa fille : To-night she's mew'd up to her heaviness. (III, iv). Ce que F.-V. Hugo traduit par cloîtrée dans sa douleur.

À suivre...)

dimanche, 10 janvier 2016

Cokaïne

IMG_20160110_135219.jpgJe viens de passer un noir week-end pluvieux à écluser des centaines et des centaines de copies de 1ère année. Outre la petite centaine qui restera à corriger (L3 principalement), je dois recevoir, lundi et jeudi, presque tous les étudiants australiens et coréens dont je supervise les études ici, avant de faire le guignol, comme chaque année, vendredi et même samedi matin, au Salon des Lycéens (qui ne s’appelle plus comme ça, dont le nom change tous les ans… de sorte que métonymiquement tout le monde finit par dire “à Rochepinard”, ce qui, avouez-le, est d’une classe absolue).

Il faut donc, tout de même, que je tente d’écrire un texte un peu plus élaboré, qui enfonce un coin dans le retard accumulé et permette de sortir du week-end la tête un peu rafraîchie — certes, il y eut Coggle, rugby, trois épisodes de Rome et diverses fariboles… mais les monceaux de TP à corriger resteront la note dominante, comme la houille de Hard Times.

mardi, 05 janvier 2016

La boucloucle va boucler

Un moment comme tant d'autres.

Ce matin, dans le tramway, je lis la très belle nouvelle de Christian Garcin, “Les muets” (dans La neige gelée ne permettait que de tout petits pas). J'ai décidé de découvrir Christian Garcin suite à une vidéo enthousiaste de François Bon. Presque simultanément, notre ami lillois — à qui nous avons rendu visite début mai — nous envoie ses vœux électroniques. Or, la nouvelle se passe à Lille, se nourrit de la ville.

Plus tard, je lis, sur Facebook, la belle chronique d'André Markowicz sur la neige tombée dans la nuit du 3 janvier à  Petersbourg. Comme cela me fait penser au célèbre “Souvenir de la nuit du 4”, je cherche, comme ça, au hasard, une traduction anglaise.

Après avoir trouvé une paraphrase d'une étonnante platitude, je trouve, sur Wikisource, une magnifique traduction. Elle est de Toru Dutt... Toru Dutt, je la connais, sous un autre versant, grâce au travail de Chandani Lokugé, autre écrivaine que j'ai pu côtoyer — comme André Markowicz et François Bon — lors de son séjour de travail à l'université de Tours.

 

dimanche, 20 décembre 2015

D’une disparition

17 décembre 2015

Voulant chercher quelques nouvelles citations pour prolonger le projet des soixante-et-onze phrases de Farah, je m’aperçois que mon exemplaire de From A Crooked Rib est introuvable. Bon, j’ai dû le prêter, et je ne l’ai jamais récupéré – à racheter.

Ce qui est plutôt amusant, c’est que j’ai deux exemplaires de la traduction du roman par Jacqueline Bardolph (publiée à l’époque, juste après la mort de la grande spécialiste, en collection “Motifs”, à l’instigation de Jean-Pierre Durix) et que je ne parviens pas non plus à remettre la main sur la première traduction, celle de 1987, due à Geneviève Jackson et parue dans la collection “Monde noir”, aux éditions Hatier.

Autre curiosité (plutôt de nature à faire rire jaune, celle-ci), c’est qu’il y a quinze ans, un texte de Farah pouvait sembler mériter une retraduction, alors qu’il est devenu impossible de faire traduire ses derniers romans. Links a été bousillé par une certaine Marie-Odile Fortier-Masek, infoutue de comprendre la plupart des allusions culturelles et encore moins de saisir l’importance de certaines figures (allitérations, effets de symétrie, jeux sur la polysémie des adjectifs) ; depuis, Knots, Crossbones et Hiding in Plain Sight sont dans les limbes.

J’ai aussi, sur mes étagères, 4 exemplaires de Links, et pas mal d’autres doublons nuruddiniens… mais pas trace du tout premier roman.

mercredi, 16 décembre 2015

Carv-ER

Yeux explosés, connexion qui rame, épaule démise (non, je plaisante — une simple douleur idiote), il faudrait encore que je pondisse quelque notule...

(Ils sont nombreux, les billets qui ainsi commencèrent...)

Depuis un mois et demi, je m'y suis (re)tenu, au rythme de publication quotidien, parfois en recyclant ou développant un billet Facebook. Je pense que seul le 13 novembre a dû passer à la trappe, pas tout à fait pour les raisons que cette date pourrait évoquer, mais grosse journée de boulot puis magnifique concert de Steak à l'Olympia. ▓ Et, du coup, je n'ai pas raconté ce concert...

 

16 décembre 2008 : signature devant notaire de l'achat de notre actuelle maison.

(Époque à laquelle je m'étais presque retiré de la blogosphère.)

 

15 décembre 2015 : nouvelle forme poétique inventée, en 19 vers et 125 syllabes, schéma assez complexe et pas encore pris le temps de reprendre ici ou là le premier surgeon de cette forme nouvelle.

Aujourd'hui, entre autres, j'ai découvert que je ne savais absolument pas répondre à une des six questions de l'examen de Littérature donné par mes collègues qui assurent la partie Cours Magistral : ça en dit long sur la totale absence de coordination (et pourtant, je me démène, pour essayer de savoir). Ça en dit long, aussi, sans doute, sur le caractère vraiment nécessaire du contenu de cette question, si moi qui suis enseignant-chercheur en littérature, pas américaniste certes mais tout de même, suis infoutu de deviner ce qu'elle recèle...

 

Bientôt nouvelles lunettes (avec version solaire) pour Alpha, dernier cours de solfège / chant choral de l'année 2015 pour Oméga, quelques emplettes (cadeaux), un découvert vite épongé (sitôt découvert), poursuite du chantier de lectures (sept en simultané) et de correction (5 paquets, 2 à venir vendredi).

Au matin, dans un bel appartement de Saint-Cyr, nettoyage de 425 gobelets réutilisables par une fine équipe.

 

Yeux vraiment explosés. Croisons les doigts pour la connexion.

jeudi, 03 décembre 2015

Géographie

« Ma salle préférée à La Bibliothèque de Droit est la salle de géographie car elle est vraiment silencieuse et je travaille mieux dans un petit espace. »

Ce doit être la trentième étudiante de Droit-Langues qui écrit ça, alors soit ils mentent, soit la salle de géographie n'est pas si petite que ça, soit ils sont 30 à en connaître l'existence, soit c'est par comparaison avec les salles de droit, et je ne veux pas imaginer.

09:03 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)