lundi, 16 mars 2015
Dîner dans l'herbe à Robinson
Il est crucial de ne pas laisser filer (s'effilocher) ce projet.
Lundi dernier, sous le coup (reprendre Oméga souffrant à l'école, appeler en urgence pour informer le Conservatoire de son absence), je n'ai rien écrit. D'ailleurs, j'ai passé près de deux semaines à ne pas écrire, si ce n'est sur Facebook (ce n'est pas rien).
Ce lundi, je parviens à me garer quasiment devant l'entrée du Conservatoire, donc on poireaute avec Oméga au premier étage en attendant le professeur. (Je conserve ce pseudonyme d'Oméga pour mon fils cadet, mais il y a, dans son groupe, une Calixte et un Robinson. Sociologie des conservatoires...) Tandis qu'on poireaute, j'ai le temps de lire deux poèmes brefs de Pieyre de Mandiargues (j'avais empoché fissa, avant de sortir de la voiture, le petit volume de l'ancienne collection NRF Poésie) et surtout un long poème en prose, beau quoique non dénué de quelque tendance à la chichiterie, dans un style très Julien Gracq première manière.
Après le début du cours, je dévale les marches, sors dans la rue, vais à la gare prendre mes billets au guichet automatique — procédure qui paraît déjà archaïque et que je préfère, pour ma part, à la réservation sur le Web et à l'impression en ligne, beaucoup plus lentes en fin de compte — avant de voir s'installer devant le guichet proche du mien, une star locale, Périco Légasse ; à cette apparition j'ai ensuite consacré un distique ribéryen. J'écoute quelque temps un jeune pianiste, mais l'acoustique est immonde, il a beau jouer fort bien on n'entend rien.
Je m'installe en terrasse (il fait meilleur dehors, au soleil d'avant-printemps, que dans le hall de gare balayé par un vent glacial), commande une Leffe — depuis combien de temps n'avais-je pas sifflé une bière... — et m'enquille la fin de Juste ciel. À la pharmacie, je rachète du Doliprane 500 en sachets, vais finir de lire mon Chevillard dans la salle d'attente du Conservatoire. Oméga finit par sortir, très content de la leçon ; pourtant, même la partie chant choral a été remplacée désormais par du solfège.
Le chronotope mue imperceptiblement ; cette fois-ci, j'ai traîné mes guêtres plus du côté de la gare. Il y passe un monde fou. Si j'avais décidé de décrire en direct passants et passantes, je me serais haché la main. Le nombre de gens qui parlent à voix (très) haute dans leur portable est particulièrement frappant. Sur l'esplanade, autour du limule géant en verre que battent de vigoureux jets d'eau claire, on se sent au centre d'une grande ville, d'une vie frénétique, sentiment que je n'ai presque jamais à Tours.
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22:12 Publié dans Ce qui m'advient | Lien permanent | Commentaires (0)
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