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mercredi, 07 février 2024

Trois livres de Guy Bennett traduits par Frédéric Forte aux éditions de L'Attente

Trois pour (même pas) le prix d’un ——— On s’est demandé s’il fallait placer la parenthèse du titre entre pour et le ou entre le et prix : car ce que j’ai voulu dire, c’est – comme on le voit avec les codes-barres – c’est que ces livres ont été empruntés à la B.U. (Et ce n'est même pas le titre retenu pour le billet de blog. (Pondre ces billets me prend trop de temps. L’exhaustivité prend trop de temps. Même pour gagner du temps sur les vidéos, ces billets me prennent trop de temps. Et tiens, l’alarme sonore indiquant que la lessive est terminée résonne.))

 

Ce fut donc, hier et ce matin, la découverte de Guy Bennett, oulipien et américain. Je sens que je vais toujours le confondre avec Guy Davenport. On n’a pas idée de ne pas être francophone et de se prénommer Guy. J’ai lu ces trois petits livres de Guy Bennett car ils ont été traduits (en fait : co-traduits) par Frédéric Forte, qui m’a demandé en ami il y a quelques jours sur Facebook, sans que je sache trop pourquoi (j’ai lu naguère voire jadis son Dire ouf, mais c’était avant le vlog donc je n’en ai jamais parlé).

 

Trois livres de Guy Bennett (07012024)

 

Ces trois recueils traduits par F.F. (j’écris ces lignes en écoutant les deux premiers albums de Franz Ferdinand) ont chacun leur couleur :

Capture2.PNGPoèmes évidents – rose : le plus ludique, le plus abordable sans doute – avec quelques jolies trouvailles.

 

Capture3.PNG

 

Ce livre – taupe : le plus expérimental, il « détaille les clés théoriques et techniques de la matière textuelle qui le constitue ». Ou : « où cela mène-t-il le lecteur qui cherche à en découdre avec le présent ouvrage ? » (p. 71 [j’aimerais bien savoir quel verbe anglais est ici traduit par en découdre avec])

 

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Œuvres presque accomplies – rouille : le plus profond et le plus jouissif, selon moi. Mais je ne suis pas objectif : la question des livres que j’ai échafaudés et été trop flemmard pour écrire me taraude continuellement. Il y a deux jours, Milène Tournier a commenté sous un des sonnets que je publie ces jours-ci sur Facebook en disant « ils sont incroyables tes sonnets ». J’étais à deux doigts de lui répondre : personne n’en veut. Et je ne l’ai pas fait car ça aurait été faux. En 2016 j’ai autoédité mes 135 sonnets de la décennie précédente sans les avoir jamais proposés à aucun éditeur. Pour en revenir au livre de couleur rouille de Guy Bennett, car c’est censé être le sujet ou l’objet de ce billet, difficile d’en parler, sinon à faire l’inventaire des projets non réalisés et qui me semblent le plus excitants : bokéogrammes, glissandi, Le Projet des ponts, « Mon contenu » (cette idée, je l’ai eue aussi, et on est nombreuxses à l’avoir eue)… Quel est ce sonnet en anglais de la page 41 dont le titre est le premier vers du sonnet en -yx ? Guy Bennett l’a-t-il écrit par anagrammes de chaque vers du sonnet de Mallarmé ? ai-je été inattentif ? Je juxtapose ce qui s’ajoute et se jouxte. Débrouillez-vous.

 

J’étais parti pour y passer dix minutes, et ça fait la demi-heure sans faire la rue Michel. D’ailleurs, aucun écrivain anglophone, même oulipien, ne se prénomme Michel.

 

vendredi, 26 janvier 2018

Mines de sel

Le Roi Lear revient souvent dans l’œuvre de Leslie Kaplan, et singulièrement, dans Les Mines de sel, quand la grand-mère Émilienne donne la réplique à sa petite-fille répétant le rôle de Cordelia. (Il y a une thèse à écrire sur la façon dont les écrivainEs ne cessent d’en revenir à la figure de Cordelia. Conformisme inversé ?)

Ce qui compte, c’est comment, plus tard, la vieille femme se moque de l’absence de sentiments des hommes autant que de la non-jouissance de sa fille :

– Le désespoir des hommes : des plaisanteries, des blagues, des poses ! Ceci, cela. Rien de rien.

Tout en parlant elle faisait des mines, prenait des airs pincés, pour souligner le ridicule.

– Les hommes ne sont jamais vraiment désespérés.

(p. 48)

 

Le titre, lui, vient de ces mines de sel dans lesquels travaillent – sont sacrifiés – les enfants brésiliens. Histoire d’un trafic d’enfants : l’adoption illégale est-elle pire, moralement, que la condamnation sociale aux travaux forcés ? Sel des larmes et faux désespoir : tout se tient.

Il y a aussi les mines sinistres des contrôleurs de bus (« leur air habituel, fatigué et brutal », p. 101 : mine de rien, ces trois adjectifs creusent de l’intérieur ce que le métier fait de ces hommes apparemment réduits à un type collectif).

mercredi, 27 janvier 2016

L'étrange sérénité des fonds marins

Ce texte de Christian Garcin, publié fin 2014, se présente sous la forme d'un petit format carré glissé dans une pochette en plastique et qui, quand on commence à le lire, se déplie soit comme un livre classique soit en accordéon aboutissant à un octogone, les pages formant un rempart autour du vide. L'éditeur se nomme circa 1924, et à n'en pas douter il y a un véritable choix de proposer autre chose qu'un texte en ligne (ici : un texte crénelé).

Objet sobre et marquant, ce mince volume est porteur d'un texte qui est loin d'être anecdotique. Je l'ai lu une première fois il y a une semaine, et la Mina du texte m'a d'abord évoqué la M'dina de Sardines, puis, une fois ma comprenette désalentie, je me suis rappelé avoir déjà rencontré le nom de Mina Loy, déjà associé à celui d'Arthur Cravan.

Le texte raconte un moment dans la vie de ce bizarre couple, juste avant la disparition de Cravan, en 1918. Garcin s'est inspiré d'une série de photographies faussement anciennes (le rabat les nomme “pictorialistes” et les attribue à un certain Hugo Brehme [j'apprends donc à cette occasion que ce n'est pas par un effet de fausse ancienneté mais bien parce que ces images sont peu ou prou les contemporaines de l'idylle imaginée entre Cravan, ici “Colossus”, et Mina Loy qu'elles semblent anciennes, tant pis, je laisse mon erreur puisque ce crochetage l'affirme : elles ne sont pas faussement anciennes !]) pour raconter comment, au Mexique, Cravan et Mina Loy cherchent une cathédrale rose : d'une part, les photos sont sépia ; d'autre part, comme l'écrit Garcin, au Mexique « de nombreuses cathédrales sont roses : comment trouver la bonne ? ».

 

De Mina Loy — que, moi aussi, en fin d'adolescence, j'avais provisoirement confondue avec Myrna Loy —, retenons, pour le moment, un poème, Lunar Baedeker qui n'est pas sans échos avec le texte de Garcin.

L'expression citée entre guillemets, « au torse immature de bébés géants », provient d'un poème de Mina Loy, “Property of Pigeons” (dans le texte : the immature torsos / Of their giant infants). Je ne le mets pas en lien, car Google Books est un répertoire particulièrement bordélique et difficile à consulter, mais cela se retrouve facilement — un très beau poème, aux pages 120-1 du recueil posthume The Lost Lunar Baedeker (repris en 2015).

 

De Cravan, je mets en lien le texte singulier (détestable ? Cravan voulait-il se dépeindre de manière à ce qu'on le trouvât détestable ?) sur André Gide. Je pense que Breton, devenu un poil dogmatique à partir de la fin des années 20, ne devait pas se retrouver totalement dans cette ambivalence opaque.

lundi, 28 décembre 2015

Tous les minuits dont le souvenir...

29 décembre 2012.

Tous les minuits dont le souvenir peut revenir doivent venir clore le Livre des Mines.

Samedi d'un retour.

Incompréhensible, s'il est un lien entre l'Émile Blanche de Nerval et le portraitiste de Proust, autrement que dans ce genre de filiation sémiotique dont on ne veut plus entendre parler.

La Blanche : drogue et collection crème.

Il se doit d'intituler ses œuvres complètes “La Polygraphie du narval”.

mercredi, 27 mai 2015

Cheval de mine

Il ne s'est pas rêvé yearling, mais plutôt cheval de trait, cheval de halage tirant sa charge au pas, cheval de mine peinant dans le noir.

(Préface de J.-B. Para à l'édition NRF-Poésie de La Descente de l'Escaut de Franck Venaille, p. 8)

 

Donc, ce serait ça, aussi, qui travaillait en moi ? Une rêverie des profondeurs, de la suée, du coup de boutoir au fond des galeries. Ai-je toujours eu un côté taupe (avec l'aveuglement) ? En tout cas, une fois lancée la constitution en livre à proprement parler de ce Livre des mines, je n'ai plus eu envie, tiré une tronche de terril, me suis écharpé avec moi-même. Ce ne sera peut-être jamais le moment de raconter l'histoire du moine qui arrouméguait, mais toujours de tirer des plans sur la comète.

Ce qui compte, au fond, c'est toujours le coup de grisou (héritier du coup de dés comme du Livre projeté), puis, au rabais, le coup de crayon : chez moi, la langue ne reçoit guère mandat de traduire des émotions, mais plutôt de les former (ibid., 11). Ainsi, le cheval de trait sert de figure, de modèle aussi au cheminement dans la langue. Ça fait dix ans que ça dure, et avant ça déjà quinze ans au bas mot.

Le chant est un chantier. On n'a pas le choix. Nous sommes les enfants des désengagés de 70.

mardi, 24 février 2015

Poésie du gérondif — Jean-Pierre Minaudier

Ce petit livre, publié en 2014 aux éditions du Tripode, je l'ai acheté par hasard chez mon libraire. Intrigué par la quatrième de couverture, qui indique que l'auteur – non pas linguiste mais “amateur de mots” – s'est armé de “ses quelque 1 186 grammaires concernant plus de 800 langues”, j'ai feuilleté cet essai d'un genre bien particulier, et été forcément séduit par les 137 différents proverbes ou phrases en 137 langues différentes qui ornent les marges de chacune des 137 pages de texte. Donc, je l'ai acheté, et me dois de préciser qu'après l'avoir lu, j'en ai acheté un deuxième exemplaire, à destination d'un ami, et en achèterai encore deux ou trois autres d'ici peu, car je vois tout à fait qui ce livre séduira.

 

Poésie du gérondif n'est pas un essai de linguistique ; c'est plutôt une sorte d'autoportrait d'un linguiste amateur, d'un fou de grammaires, d'un collectionneur d'exemples et d'ouvrages portant sur les langues les plus rares du monde. L'argument de Jean-Pierre Minaudier, si tant est qu'un livre aussi riche puisse se réduire à un seul argument, est qu'en côtoyant une grande multiplicité de langues on s'aperçoit que la thèse des générativistes relatives à une “grammaire universelle” ne tient pas debout, et que les particularismes grammaticaux des langues les plus éloignées de la souche indo-européenne correspondent à des “visions particulières”. Un de ses exemples, assez classique il est vrai, consiste à partir des différents sens du verbe eimi en grec et de leur importance dans la constitution de la métaphysique aristotélicienne, et à montrer comment une telle métaphysique dépend étroitement de la langue qui la fonde (ou l'a fondée) — p. 51 notamment. Autre point fort de cette démonstration, le développement sur les évidentiels en tariana (pp. 120-2). Syr la question des genres, ou sur celle des pronoms – toutes deux assez attendues à ce stade – Minaudier offre une pléthore d'exemples très parlants et très convaincants.


Ainsi, en vrac, le futunien a deux pronoms de première personne du singulier, l'acehnais n'a pas d'adjectifs, le motuni compte jusqu'à cinq genres différents qui ne distinguent pas des “genres” au sens où nous l'entendons (gender), les locuteurs murinyapata comptent dans une combinaison de base 2 et de base 5 (de sorte que leur mot pour dire “100” a soixante-dix syllabes), le kalam n'a pas d'autres voyelles que le schwa, etc.

 

Ce qui doit recommander, par-dessus tout, cet ouvrage est qu'il n'est jamais cuistre, toujours vibrant de passion, et surtout extrêmement drôle. Hyperbole, images cocasses, humour de répétition (avec le gag récurrent  au sujet des inestimables éditions De Gruyter & Mouton, qui s'achève en apothéose dans l'Épilogue et dans la note 100), la drôlerie est le signe d'une subjectivité omniprésente et délibérée. Cela signifie aussi que cet essai en forme d'autobiographie partielle n'est jamais neutre, de sorte que Minaudier s'y autorise des jugements sur l'espéranto “hideux et grotesque avec son look de patois latin dégénéré” (p. 19), non sans aboutir à des développements d'une profondeur et d'une concision admirables. Ainsi, je tiens la page 119 pour une des synthèses les plus claires et les plus abouties sur les questions de plurilinguisme et de traduction. (Je ne la cite pas – achetez le livre. Ou, si vous êtes de mes amis, attendez de voir si je vous l'offre.)

 

Pour conclure, et comme c'est aujourd'hui le 55ème jour de l'année 2015, laissez-moi citer la phrase marginale de la page 55, en fidjien (j'ai un peu triché, ou, en tout cas, ça tombe bien – la plupart des langues citées ont recours à des lettres, accents ou diacritiques que je ne saurais pas trouver sur mon clavier, même avec les raccourcis Alt) :

Au taaleita'ini i'o va'alevu ca'e ti'o mai ina veisiga.

Je t'aime chaque jour davantage.

jeudi, 01 janvier 2015

Quatrains du P.Z.P.

Lorsque l'on se sent en danger

Ce qu'il faut c'est agir à fond.

La soigneuse donne à manger 

De l'excrément au girafon.

 

Si je suis désespé-

Ré, tout m'est étouffant.

Les lions du PZP

Ont des rochers chauffants.

 

Le gel, le frimas nous lamine

Et nous transit comme un fruit mûr.

Le vétérinaire examine

Le vagin de l'hapalémur.

 

Oyez donc ma complainte

Aux accents sensuels.

Le mâle ara hyacinthe

Était homosexuel.

 

Quand j'ai la tête dans le cu

Je prends un Efferalgan.

Le docteur Alexis Lécu

Arbore un gros catogan.

 

mardi, 23 décembre 2014

Mine d'entrouvrir

Mais, du coup, Lisa revint sur lui, et avec le bagou d'une fille grandie dans les ruisseaux de Montmartre :

— Maître, le Scapulaire est à vous.

Gioja fit mine d'entrouvrir sa redingote.

 

Sinon, l'alexandrin cidessus représentait mes deux balles, et ses graisses albumineuses.

jeudi, 04 décembre 2014

Exécrable

Ce soir, je m'y suis repris à trois fois pour écrire correctement (dans un mail) exécrable.

 

Ce soir, j'ai failli ne rien écrire, tant la journée grise et morne m'a laissé sans forces. Pourtant, me voici, ridiculement même (j'ai publié au moins un billet par jour ici depuis fin octobre : friche et désert, néanmoins).

 

J'achève la lecture de l'essai de Linda Lê, et j'y trouve les plus belles pages jamais écrites, selon moi, sur un des plus grands écrivains, Thomas Bernhard.

Ce soir, j'ai montré à mon fils aîné les premières pages de Guignol's band, pour qu'il voie à quoi ça ressemble, déjà, visuellement. L'explosion n'est pas le ressassement. J'ai laissé mon livre des mines en chantier, en capilotade même, en déshérence. Tout un pan, je le vois, je le ressens maintenant après presque dix ans à tâtonner (et je chemine de plus en plus seul), c'est de creuser la question de l'écriture qui mine, dynamite, creuse en souterrain, fait voler en éclats ou sape imperceptiblement. Céline et Bernhard ont là quelque chose de commun avec Beckett et Gertrude Stein.

 

Nuruddin Farah a dit le mois dernier dans un entretien que s'il ne fallait retenir qu'un écrivain, ce serait Joyce. Je comprends ce choix ; ce ne serait pas le mien. (Mais que je serais embarrassé, surtout.)

 

samedi, 14 juin 2014

L’Hiver de Yellowstone

L’Hiver de Yellowstone

 

Quatrains documentaristes à forte densité animalière

 

 

Ah, je trouve vraiment ardent

Le goût âpre du roquefort.

Plus le froid est mordant,

Plus les loups sont forts.

 

╠═╗

 

Ce vers, petit,

Tu l’as bâclé.

Le wapiti

Est encerclé.

 

╠═╗

 

En naviguant sur mon esquif,

Je chantais à tue-tête “Che sarà sarà”.

Quand le froid sera plus vif,

Le rapport des forces s’inversera.

 

╠═╗

 

Ô, je veux glorifier

La beauté de ma Muse seule.

Les loups frigorifiés

Ont de la buée à la gueule.

 

╠═╗

 

Votre diction monotone

Me rappelle un âpre désert.

Le volcan de Yellowstone

Respire lentement au travers des geysers.

 

╠═╗

 

Dans le lointain azuré

Se dessine la lune grège.

Le gros bison bien fourré

Farfouille salement la neige.

 

╠═╗

 

Devenu fou, Oreste

Épousa la solitude.

Même pour de simples restes,

La concurrence est rude.

 

╠═╗

 

Pour vaincre l’univers entier,

Ce matin je me sens d’attaque.

Les pygargues altiers

Lacèrent des bouts de barbaque.

 

╠═╗

 

Ô ces belles roses fanées

Et votre teint, devenu glace !

Depuis plusieurs millions d’années

Le continent américain se déplace.

 

╠═╗

 

Mon style fort sémillant

Plaît aux reines et aux princesses.

Les loutres, sautillant,

Semblent courir un steeple-chase.

 

╠═╗

 

Toujours en été nous restons

Demi-nus à nous divertir.

Quand il se caille les roustons,

Le bison sait qu’il faut partir.

 

╠═╗

 

Vois-tu, le vase de Soissons,

Souviens-t’en, duc de Tintagel.

La loutre broute-poisson

Fume un cigare Vivagel.

 

╠═╗

 

Très peu probable que j’oublie

Par un froid pareil mon duffle.

Le bison affaibli

A de la neige plein le mufle.

 

╠═╗

 

J’ai brisé ma mine en

Composant ces vers régaliens.

Pour les grands ruminants,

Le choix est cornélien.

 

╠═╗

 

Qu’un poète chante l’amour

En de lyriques vers abstrus !

La louve s’éclipse pour

Se faire choper par l’intrus.

 

╠═╗

 

Embarquez pour Cythère,

Coupe-jarrets et sicaires !

Le loup solitaire

Retourne à sa vie précaire.

 

╠═╗

 

Ce qui n’est pas pareil

Est différent, je crois.

La chaleur du soleil

Fera plier le froid.

mardi, 18 février 2014

Kartet

Kartet.jpg

vendredi, 19 juillet 2013

la tirade le trampoline

la tirade le trampoline 
moucherons les hommages
la brassée d'arbres les guêpes 
j'écris textes instantanés 
que je mettrai
un temps infini à exhumer 
la chatte le guet
rivières les libellules 
le taon qui passe 
près de l'étable c'est forcé 
omelettes froides tourterelles 
airelles rouges opérettes
après l'engoulevent le butor 
pas maintenant plus tard
à la date limite 
à l'heure butoir 
carrioles les abeilles 
une âme une brouette 
l'encre désherbée du smartphone 
valetaille l"embrasure 
et la mort trampoline 
sous les noisetiers la chatte à l'affût 
tas de feuilles tas de ferraille 
je n'ai rien pour vous 
la mine casse

dimanche, 30 juin 2013

Dans la mire !

Dans la mire.

Dans la mine.

Pleins feux sur les yeux du cyclone !

Je bois mon café (réchauffé) à une tasse pseudo-bosselée (cabossée ?), que mes fils — elle porte une inscription en lettres bleues près de l'anse porte-cuillère — ont gagnée lors de la kermesse, vendredi.

Ça scintille dans la mire !

Ça luit dans la mine !

Un regard reluit-il, l'œil reluque, tant pis pour le père Paul.

On fouille dans les vieux papiers avec des humeurs de fouine, des gestes empressés de furet, le poil blond à refléter d'anciens soleils.

Dans la mire... dans la mine !

Au fond du trou, et pour longtemps.

dimanche, 23 juin 2013

18


Le Minotaure entre toujours, tôt ou tard, dans l’arène, et, foulant le sable du labyrinthe de buis, détruit tout, déchire les topiaires, se fraye un chemin, a toujours partie gagnée d’avance, de sorte que le mythe n’a plus rien à envier aux pires calamités de bastringue, aux opéras gavottes dénués de toute signification que jouent, dans la rue, les mendiants aveugles sur leur orgue de Barbarie, ni à ces devantures éclatées, vitres désespérément sales, où l’on vend, pour de faméliques quidams confits dans leur anonymat, de sales vestes rapiécées en reps et des habits en serge brune de Dorchester.

dimanche, 09 juin 2013

700 postes sur 930 supprimés à Joué-lès-Tours

Mines fermées à la sortie de l'usine Michelin hier à 13 heures.

Peut-on être sûr que le jeu de mots n’est pas intentionnel ?

Le journaliste a peut-être voulu susciter un rapprochement avec l’ère de Germinal, mais aussi avec la crise des hauts fourneaux.


L’an dernier, lors d’une réunion visant à « cobayer » des sujets pour le baccalauréat de français, un inspecteur avait donné la liste des auteurs trop sensibles, risquant de provoquer la colère des associations de parents d’élèves, des catholiques, etc., et dont il ne fallait pas même songer à choisir un extrait.

 Parmi eux,  Houellebecq, Zola.

lundi, 20 mai 2013

Pfingsten, na

L'arsouille avait la dalle en pente.

Moiteur rance.——— Le pupitre fut brisé, le service interrompu. 

Sueur des mollets ankylosés, dans la côte.

Festlich heiter glänzte der Himmel und farbig die Erde.

Antonin Artaud l'a appris hier.

L'arsouille, trois grammes à chaque bras, descend la pente. (Et maintenant je m'imagine sous vos dentelles vos crinolines le cœur coincé dans la portière...)

vendredi, 03 mai 2013

Le printemps, enfin ?

Qu'y avait-il dans l'air hier ? Etait-ce le contraste avec la veille, si froide et pluvieuse ? En effet, quoiqu'il y ait eu quelques journées plus chaudes ou plus ensoleillées en avril, je me sentais d'humeur quasi estivale, l'après-midi, dans les rues de Tours. De même, Alpha nous a confié qu'il avait infiniment plus de plaisir à jouer du saxophone quand il fait beau (il avait des sensations similaires à celles de l'été dernier, et des étoiles dans les yeux en l'expliquant) – cela ne l'a pas empêché de s'exercer tous les jours, même au creux de cet interminable hiver.

 

Ce matin, toujours dans le vieux Tours, j'ai inauguré, avec le minable appareil photographique de mon smartphone (comment dire autrement ? il doit bien y avoir un québécisme plus ridicule encore que le franglais...), une nouvelle série, qui pourrait se nommer Blue Shoes... mais je vais chercher à compliquer les choses, pour ne pas changer.

mercredi, 03 avril 2013

Symphonie n°5 de Franz Lachner

Le ‘Menuet’ (troisième mouvement) de la 5ème Symphonie de Franz Lachner est vibrant – noir et entraînant. Le reste de l'œuvre, tout à fait consistent (cohérent, “qui tient la route”), me semble plus attendu, presque convenu dans son post-beethovénisme. Je veux donc retenir ici un ‘Menuet’ tout en noirceur, au charbon – qui, solide, chtonien, est tout sauf minaudant.

Renaud Camus a écrit à plusieurs reprises combien il admirait certaines œuvres post-romantiques (symphonies de Bax, notamment), tout en ne sachant jamais trop si c'est l'histoire de la musique qui les a reléguées au deuxième, voire au troisième plan, ou si ces partitions sont intrinsèquement médiocres. Ce qui est captivant, ici, c'est que cette musique n'est pas « post » : elle est pleinement romantique, et n'est en rien dérivée de Schubert, dont on nous dit que Lachner fut proche, et encore moins de Schumann ou Brahms, qu'il précède plutôt (par rapport à Brahms, c'est très évident dans le final de cette symphonie, qui date de 1835 !).

 

 

Emporté par ces accords, j'ai failli faire cramer les neuf pommes au four que je préparais. Et allez savoir pourquoi le correcteur orthographique de cette camelote du démon baptisée Open Office souligne chtonien en n'acceptant que chthonien !

Il nous faut des pommes sataniques.

jeudi, 14 mars 2013

Les deux biens, en écoutant Jacqueline du Pré

Je mets, sur la platine, plusieurs disques du coffret Jacqueline du Pré, afin de m'accompagner dans mon travail, mais, écoutant le concerto d'Elgar d'une oreille neuve, me rends compte qu'un des thèmes de l'adagio est commun à une œuvre orchestrale de Borodine, me lance alors dans maintes recherches sur la genèse, la date etc. de ces pièces. On doit invoquer la théorie des deux biens (Renaud Camus). Sur le motif : la vérification n'a pris que 10 secondes, puisque Borodine est mort 35 ans avant la composition du Concerto d'Elgar — mais, du coup, on lit plein de choses intéressantes sur Elgar.

Le Concerto de Delius, après ça, vraie douche froide. Que d'affectation et de cucuterie.

———Le finale du concerto de Dvořák est, regrettablement, pompier, ronflant, faussement enthousiaste. C'est l'Adagio que je retiens. (Note to self : write a limerick in French with "dvorjak" and "fort, Jacques".) ————

Après des flottements, donc, des flottements d'archet (?), les trois mouvements du Schumann (souvenir de Peter au sortir du Prieuré : “the Schumann [qu'il prononce ‘shew-mun’] was wonderful”) font l'effet d'une sorte d'apothéose absolue, perfection de chaque vibration, tous les rayons de soleil élevés au porte-mine. Le concerto de Monn, sous la baguette (derechef) de Barbirolli, c'est un autre univers. Avec l'ordonnancement des disques du coffret, et la succession des « plages » sur la platine, il ne faut pas avoir peur des transitions abruptes. Un côté jésuite, ou est-ce dans l'air du temps, pas dans la musique. Le splendide Allegro du Hob. VIIb2 (Haydn) va réconcilier, avec la lumière chaude et flamboyante de ce jeudi matin, ces longs enfoncements dans l'impromptu. Puis il faudra quitter la salle.  

dimanche, 23 décembre 2012

Conclure provisoirement

« All conclusions and confusions are mine alone »

(Jamal Mahjoub, Travelling with Djinns)

 

Se replonger dans un grand livre qui vous accompagne, bon an mal an. Là, pour le travail, malgré les 600 copies en souffrance.

(Autre parenthèse : à quoi sert le crochet ?) —— D'ailleurs, cette citation ira aussi dans le Livre.

samedi, 03 novembre 2012

Car,publicitaire

Des moments comme ça, vieil or et sang-de-boeuf, en est-il ailleurs?

tommy.com   Oui, et c'est pour cela qu'on va y voir.

(Je m'en avise, Messaline est une mine cachée, une mine enflée, une mine d'écriture où le sale côtoie le sel des rocs où vont brouter les animaux des hautes pâtures.)

Messaline te dévisage, dans un loden Hilfiger.

Time to go to bed.

lundi, 10 septembre 2012

Asamine

Réveil très progressif, lames de courant.

Sommes-nous les seuls, cette nuit, à ne pas avoir entendu la tempête ? N’était-ce pas plutôt l’orage ? Autant de questions posées au prunier, qui ne répond.

Mouvement des étiquettes, d’un support à l’autre, et regards furtifs dans le rétroviseur intérieur. Rien ne contredira la beauté d’Asamine.

Gri-gris verts sous certains mots, rouges sous d’autres, et sans la force d’espérer on se contente de souffloter, harmonie du verre, absence de construction, alors vos brindilles sur pilotis ne tiendront pas, fétus vénérant Asamine.

294 années ont passé.

Elles germaient, ces peuplades…

294 années ont soufflé. Des vents de plus en plus violents. Posés là, les uns près des autres. La civilisation gotek (que l’on nomme aussi, ailleurs, goekt – ou même tokeg) n’a pas tenu, fétus de paille doux comme des cordes envolées, frissons dans la nuit. Jamais le prunier, même après mille leçons d’envolée lyrique, ne nous répondra.

Dis, était-ce un orage ou une tempête ?

Millénaire, noueux, patriarcal, le prunier s’était emmuré dans le silence.

Et nous ne vîmes jamais Asamine.

mercredi, 04 juillet 2012

La distribution des jouets

Par un de ces matins d’été où, après une nuit ni bonne ni mauvaise, on se sent assez fatigué, las, presque abattu, on dessine dans l’air imaginaire des chorégraphies qui s’achèvent par des bricolages de phrases, on repense à ces photos de mineurs entrevues avant de replier sur elles une toile d’emballage et d’en dénuder le recueil non loin d’un célèbre Hellène. Venir si près, toucher au but, se sentir assez fortuné, s’être miné le moral – à Locmariaquer ou ailleurs – cela n’a guère plus de sens, je n’ai plus de ressort. De tout cela on pensera ce que l’on voudra, bien entendu, mais n’était-il pas étonnant que (Mineros ou pas, mufle sauvage ou non, labyrinthe ou pas, face de bouclier et vocalises de stentor), dès le linge étendu, le ciel se couvrît de nuages dont la couleur allait du bronze à l’anthracite, menaçant ruine, tant que le regard pouvait guetter, sur la table noirâtre et rouillée aux coins, les éventuelles premières gouttes ?

Il faudrait un troisième trône, pour façonner définitivement le podium.

mardi, 22 mai 2012

Le Vent à carreaux

La fresque de céramique éclate en lignes, en courbes, en ovales, en couleurs vernissées. On se pose là.

On se pose là, un jour de pluie froide, en mai.

On se pose là.

Asger Jorn et Jean Dubuffet, qui ont beaucoup manigancé ensemble, et composé notamment la musique d'un petit film expérimental parfaitement cocasse que l'on peut voir, avec tant d'autres documents, dans la salle centrale du musée, étaient amis. Ceci explique cela. Alors, même si, avec les toits en tôle et les blocs de parpaing brut, la cour ne paie pas de mine, on a envie de trouver cela plus proche encore de Dubuffet que de Jorn, car Jorn n'a pas proposé une rupture aussi complète avec l'esthétique traditionnelle (ses codes, ses conduits).

Donc on se pose là, on attend, on regarde yeux mi-clos, on scrute.

Et si on s'affaire, ce n'est pas pour rien. On a le temps pour soi, en cette journée froide et pluvieuse de mi-mai. On est à Silkeborg, tout de même.

jeudi, 12 avril 2012

Jour de soif, dies illa

& les tours d'horloge / me serrent la gorge / chaque seconde me tue


Nicolas Hulot est fâché avec les prépositions.


Racine feat. La Belette, ras-le-bol. Pardon. Rotrou feat. L'Hermine. Try again. Molière feat. Le Glouton. Mairet feat. Le Furet ? Et Samantha St Jean ? Elle a chanté avec La Fontaine feat. Le Putois ? Non, c'est juste le clip suivant sur W9. Je vous croyais devant... Non, de loin. (Le cadet a une otite.)


----------- Je tiens à rassurer les nombreux fans d'Oméga, que je garde car il a une otite : il est en pleine forme (lui...) et joue présentement au nain jaune avec son lapin en peluche blanc. ----------

 

J'ai entendu la pub de l'office de tourisme du Jura, matraquée sur France Info. N'en reviens pas. 

"Viens randonner sur moi"   <==   a une tête d'oeuf.


Il calamite. Et ignomine. Et passe les gnomes à la calamine.

"le chat aussi / couci-couci"

Et à la page 31, l'appel de note de bas de page est un ♥.


Après avoir passé la tête-de-loup puis l'aspirateur dans son Versailles pavillonnaire de province, puis perdu au nain jaune tout en ayant fait deux fois "grand opéra", la marquise, les mains rompues par les vaisselles et les naseaux comblés par le fumet de la flamiche aux poireaux, se connecta à Facebook.

 

Grand concours de syntaxe postmoderne et de sémantique déconstructionniste dans le journal Sud-Ouest.

mercredi, 28 mars 2012

Pétage de plombs en zone diurne

Chaque poème semble s'échanger contre ce qui le consume ou le mine. On dit ça, on dit ça. Et les perroquets, pourquoi ? Oh, ça va vite. C'est ce qu'on dit, dites.

 Pourquoi les perroquets, ou plutôt la perruche, plutôt que les furets ou les gerbilles ?

On est à Chinon.

On se prend le chignon.

Les crêpes sont recouvertes d'un mouchoir de linon.

Fais passer le message à ton tonton.

 

Ce n'était pas Chinon, mais une loge de concierge, dans le quartier Blanqui, à Tours. (Balivernes.) Alors, là, vraiment, c'est le bouquet, ça dépasse l'entendement, c'est la queue de mickey et tout le tremblement, on peut définitivement dire que chaque poème semble s'échanger contre ce qui le consume ou le mine (et des couleurs je m'en bats l'os).


jeudi, 22 mars 2012

Mingus Minces

Charles Mingus resented being called Charlie. And didn't he just hate being called a giant ? Sure he did. Did hate that. Charles Mingus hated the word jazz. Now he did. Let it also be said that Charles Mingus resented people who could not hold their applause until the end of a song. Mingus hated the Beatles, Eric Dolphy said. Charles Mingus resented all nicknames derived from Charles, more particularly Charlie. And with all his love for skins and views, Charles Mingus hated his stay at Bellevue so much that he composed a tune punning on such hatred (Hellview of Bellevue). True, he did. Did Charles Mingus. And he resented the word jazz even more than he resented the world of jazz.

lundi, 19 mars 2012

Maudit [...] ton nom

Popescu lui a fait rencontrer des pays, qui n’avaient jamais été perdus, même en nostalgie, « à cause du danger représenté par les mines de toutes espèces dont les plages étaient parsemées ». Un centon serait aisé. (Pourtant, on a écrit peu de pages pour ce Journal raturé, vous savez bien…) Il ne serait pas difficile d’aligner des lignes. (De laminer des mines ? Pas possible.) En lisant Popescu dans le train, il note, au dos d’une carte postale Libération, les phrases « tu la regardes dans ta mémoire » et « tu feuillettes ta mémoire » (p. 10 et 14 respectivement). Quand même.

Alors, de nouveau, cri primal : Attendez, les minettes !

(Comme ça, et pas autrement, il photographia la gare d’Angoulême, sans descendre du train.)

On a sauté en l’air, Tobrouk pour tout le monde. Nul alibi (ce serait aisé).

 

(Travers Divers, p. 761)

dimanche, 22 janvier 2012

Trains miniers dans le Rif

La procession de pénitents qui, couverts de poussière rouge, et portant les cailloux tachés par les entrailles sanglantes de la montagne, allaient comme des fourmis de la mine au train, du train à la mine, silencieux, attendant le coucher du soleil et les trente sous.

Civilisation d'Occident, trains miniers, sociologie de charité chrétienne et, derrière, l'armée, la vie jeune et puissante, avec trois mots au bord des lèvres : patrie, héroïsme, sacrifice. [...] Dans ce secteur, la grande dalle calcaire est un autel primitif et féroce.

Ramon Sender. L'Aimant [1930]. Traduction de Jean-Pierre Ressot.

Imprimerie nationale, 1994, pp. 208-9.

lundi, 15 août 2011

Usé bâti [L'Anémie, I]

Ce que je voulais dire, sans y parvenir, c'est combien l'air me semblait anémié, assorti au matériau usé dans lequel Paris semblait bâti.

(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 62)

 

Le moral miné, tout autant qu'intellectuellement exalté, j'ai toujours compris que je ne serais, dans la capitale, qu'un oiseau de passage. Paris, pour moi, fut toujours irrespirable.

vendredi, 15 juillet 2011

Minerve

Quand elle est venue me faire signer des papiers, cette après-midi,

elle portait une attelle, non, une... minerve.

Renaud Camus. Parti pris, p. 526.

 

Autour d'un verre de vin rouge charpenté, nous discutions, l'automne de l'agrégation, ma camarade australienne et moi. Plus tard, je croisai de nouveau sa route, longtemps après qu'elle se maria, et au détour d'une sombre histoire de recrutement dans laquelle l'Homme des Collines joua un rôle trouble. Je n'ai jamais su ce que signifiait son nom (son patronyme).

lundi, 11 juillet 2011

Pierre, pitance, in-pace

C'était le même édifice en pierre noire ou grise baigné de la même lumière morte où l'on servait la même pitance intemporelle à des jeunes gens transférés de leurs humides oubliettes dans l'in-pace de l'internat.

(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 30)

 

N'ayant pas été logé, pour mon hypokhâgne (ni d'ailleurs par la suite), à l'internat, et n'ayant pas non plus quitté l'âpreté de la Corrèze pour la morne Limoges, je n'ai, de mes années de classe préparatoire, que des souvenirs lumineux, éblouissants aussi de sérénité. J'étais sans doute plus décomplexé, et sans attentes, que P.B. Aussi: j'ai pu avoir des professeurs plus enthousiasmants que lui. Néanmoins, néanmoins… Se peut-il que les lieux comptent plus que tout pour donner le ton d'une année, ou pour infléchir ce que l'on comprend d'un cursus ?

vendredi, 24 juin 2011

Mines, 57 : un centon amoindri

Tandis qu'elle fulmine ses obscurs oracles

-- comme un herbivore ventru qui rumine toute une prairie --

Les enfants des héros qui firent Salamine

(loqueteux et personnages minables)

trouvent de plus pharamineux dans votre blason

un sourire qui illumine une voilette.

mercredi, 22 juin 2011

Se dévêtir de gris

Nous évitions les bals où les mines étaient grises

afin de mieux nous revêtir des nôtres.

(Haute lice, p. 33)

 

De quel mystère a-t-on trouvé à se parer, dans un bal démultiplié ? (Démultiplié : un bal qui se généralise et devient le signe, ou l'exemple, des bals, de tous les bals.) On peut penser que, refusant de faire grise mine, cherchant à avoir sa propre figure, on arborera une allure autre que grise. D'ailleurs, cela n'a rien d'évident, car le gris lui-même est d'une grande richesse : ainsi, un mur gris n'est jamais uniforme ou monochrome, mais constitué d'un nombre presque infini de teintes, de variations, de subtils passages (jaune sale, beige terne etc.).

Je n'ai jamais su (vérifié) si les belles phrases que l'on prête à François Mitterrand sur la beauté du gris (dans le film de Guédiguian ou le docu-fiction de Moati) sont bien de lui. Peu importe, si un sujet en chasse un autre. Le revêtement des routes, par exemple, varie (j'avais d'abord écrit : vire) du bleu très sombre à l'anthracite. Et c'est toujours le temps de l'attente, dans les salles de bal (la salle des bals).

Par voie de conséquence (mais il n'y a là ni voie, ni variation), par tel ou tel canal d'emprunt, on peut souligner que c'est aujourd'hui un jour d'été singulier : longue, très longue averse de plus de quatre heures (laquelle a commencé, sur un coup de tonnerre, un peu avant 6 h du matin), puis, après dissipation progressive de la grisaille, un soleil doublé d'un vent moins gorgé d'humidité qu'on ne l'aurait cru, et qui n'a cessé de s'imposer en trompe-l'oeil.

Des ardeurs perçaient (sous la grande mondaine). Le soleil, toujours en trompe-l'oeil, est de ce monde.

dimanche, 01 mai 2011

Mince gourmet

Six lessives en 23 heures - heureusement qu'il y a du vent et (encore) un peu de soleil.

Jeans anthracite, tshirt kaki et veste vert forêt - une vraie tenue de jour férié.

Pas de muguet dans les mirettes.

Une pile de quatorze livres qui s'impatientent sur ma gauche (une pile), d'autres livres en tas sur l'étagère blanche (2ème zone), le Périgord qui file, etc.

Pfffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff-.-

Attendez, les minettes !

lundi, 28 février 2011

Plain-chant

Au fonds de ceste baye y a un achenal qui asseche aussi de basse mer, autour duquel y a nombre de prez & de bonnes terres pour cultiver, toutesfois remplies de quantité de beaux arbres de toutes les sortes que j'ay dit cy dessus. Cette baye peut avoir depuis l'isle Longue jusques au fonds quelque six lieues. Toute la coste des mines est terre assez haute, decouppée par caps, qui paroissent ronds, advançans un peu à la mer. De l'autre costé de la baye au suest, les terres sont basses & bonnes, où il y a un fort bon port, & en son entrée un banc par où il faut passer, qui a de basse mer brasse & demye d'eau, & l'ayant passé on en trouve trois & bon fonds. Entre les deux pointes du port il y a un islet de caillons qui couvre de plaine mer. Ce lieu va demye lieue dans les terres. La mer y baisse de trois brasses, & y a force coquillages, comme moulles coques & bregaux.

jeudi, 09 décembre 2010

..... composer chastement mes charmes .......

9 décembre 2010.

Dans le tome 1 de l'édition Hubschmid des oeuvres de Nadar, le portrait de Caran d'Ache (avec monocle) fait face à celui de Caro-Delvaille (avec barbe en pointe et pinceau fin à la main droite). Bernard est bien heureux. Eglise des Carmes, dite aussi Saint-Saturnin, Tours, 29 janvier 2010.Bernard est bienheureux. Rien ne s'est tant perdu, ai-je chanté sur tous les tons, que la mode du gilet (blanc ou beige, notamment). Où les heures passent-elles ? Où les heures passent-elles ? Un an plus tôt, nous battions le pavé. Et ce jour-là (où sont-elles passées, les heures ?), la cité était bien déserte. On voit bien que la pierre rougeoie, et la fausse ardoise de l'autre côté. Bernard, bienheureux, mène une vie de patachon. Pourtant, vous chantiez si bien, plus jeune. Bernard mène une vie de famine. Les chants suivent la rosace.

vendredi, 26 novembre 2010

Antiprolepse : génie ou plagiaire

 

The ancient stone steps had been climbed, the wisps of sound had melted away like mist, his new melody, darkly scored in its first lonely manifestation for a muted trombone, had gathered around itself rich orchestral textures of sinuous harmony, then dissonance and whirling variations that spun away into space, never to reappear, and had now drawn itself up in a process of consolidation, like an explosion seen in reverse, funnelling inwards to a geometrical point of stillness; then the muted trombone again, and then, with a hushed crescendo, like a giant drawing breath, the final and colossal restatement of the melody (with one intriguing and as yet unsolved differ­ence) which gathered pace, and erupted into a wave, a racing tsunami of sound reaching an impossible velocity, then rearing up, higher, and when it seemed beyond human capability, higher yet, and at last toppling, breaking and crashing vertiginously down to shatter on the hard safe ground of the home key of C minor.

Amsterdam, V, i

 

samedi, 23 octobre 2010

Donald Barthelme Made A Miniature

Dumdum bullets, October 11, 2008 #3

dimanche, 17 octobre 2010

Ler dla canpane

Non, vous ne m'aurez pas. Pas à ce jeu. Pas à chercher la petite bête : tu as cru pendant deux ans, stupidement, parce que tu n'avais pas réfléchi deux secondes, que dans le titre Mine Boy, le premier mot était un pronom possessif, archaïsme argotique pour my -- avant de comprendre, à peine le livre acheté à Oxford, la couverture orangée devant les yeux, qu'il s'agissait d'un roman prolétarien sur le monde de la mine, une sorte de Germinal africain (aussitôt les poncifs, tout aussi irréfléchis, pleuvent).

En page 27, c'est la Tordue...

La folle tordue ? Where have you stored shoved your gaydar ? ça ne m'amuse plus, tu penses...

Bref, vous ne m'aurez pas. Bref, tu auras écrit 128 fois "Bref" pour n'en plus finir, t'appesantir dans plus de deux mille billets, en cinq ans chrono c'est un long lustre, et allonger le pas, toujours, quand la ville s'endort. Vous ne m'aurez pas, et vous me verrez me tutoyer moi-même, ondoyer dans l'air en cendres, c'est le comble de la rustauderie, de la rusticité : a rustic => un péquenot ? un plouc ? un jacques ? (383, palindrome, tout ça juste pour "the rustics", et encore je n'ai pas regardé l'OED -- non, mais).

Ce qui donne, et le bon air vous va bien, que le Ciel vous bénisse et vous fasse le noeud le nez comme j'ai le trombone à coulisse la cuisse :

The next moment, in the plain dress of rough brownish cloth, which he always wore except upon state occasions, he followed the fool to the gate, where he found him talking through the wicket-grating to the rustics, who, having passed drawbridge and portcullises, of which neither the former had been raised nor the latter lowered for many years, now stood on the other side of the gate demanding admittance.

 

Tout de même, 383 ! On doit être bien, dans vos Eglogues. (Et dans tes étagères à mégot, hé, cafard ?!!?) Parlez-en à Martin Buber. Mehr Licht !

 

 

lundi, 27 septembre 2010

Illumination I

.   [Samedi]     Le déglingué tient le coup au café et au jus d'acerola. Passe son temps dans les pâtés, stylographe. Ou publie bribes, images, sur divers sites, publie comme un fou au rythme de ses douleurs abdominales. Ne garde aucune archive, préfère ce choix précaire. Le déglingué qui tient le coup chaque jour au café et au jus d'acerola préfère ces publications précaires ; si jamais les sites sur lesquels il publie, ça et là, ferment impromptu ses comptes, il n'aura plus rien. Il aime ce côté précaire, de n'avoir pas d'attaches, et de savoir ses bâtards semés aux quatre vents... d'être, au fond, éparpillé, traçable partout, et -- en un sens -- également insaisissable.

 

mardi, 26 février 2008

L'Haleine heureuse

266210561.jpgDans Les Soldats de Salamine, Javier Cercas évoque les réunions des poètes phalangistes qui se tenaient "dans les caves du café Lyon, rue Alcala, dans un endroit connu sous le nom de La Baleine joyeuse" (Actes Sud, "Babel", p. 95). Intrigué par ce nom, j'ai trouvé, dans une page Web consacrée à Fernando Sesma Manzano, une reproduction de la fresque qui a donné son nom au sous-sol du café, La Ballena Alegre en V.O.

La Ballena alegre est aussi le titre d'une émission de radio diffusée sur Radio Inter Continental, et le nom d'un camping sis sur la Costa Brava. 

710273174.jpg

 

Plus étrange, il y a une Baleine joyeuse à Villefranche-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes.

Mais il semble que le motif de la baleine heureuse (happy whale) soit universel.

 

Et puis... on finit par en revenir, à force de recherches, à la "Phalange authentique" (!), qui a publié, pendant plusieurs années, une revue portant encore et toujours ce même titre. Le nom de la revue conviendrait mieux, au premier abord, à un cénacle de poètes surréalistes sud-américains qu'à la version madrilène des chemises brunes, mais enfin, ne soyons pas trop cratyliens. (D'ailleurs, le titre du roman de Cercas, passablement déceptif lui aussi, nous décourage du cratylisme.)

Il est difficile de savoir si le "récit réel" de Javier Cercas participe de la réhabilitation des écrivains phalangistes, et singulièrement de Rafael Sanchez Mazas. Ce qui est un peu agaçant, aussi, c'est l'accumulation de faits et d'arguments d'autorité dont, autofiction oblige, Cercas se pense dispensé de préciser les sources : d'un certain point de vue, ce "récit réel" est trop proche des événements historiques dont il tire sa substance pour se permettre le flou du romanesque...

lundi, 25 février 2008

Moires

Dans les montagnes du Minangkabau, où sont les grandes gigantesques huttes pour femmes mariées, l’Islam traditionnel était matriarcal ; mais aura-t-il résisté, dites-nous, à la radicalisation de ces dernières années ?

 

[ 13 février 2008 ]

samedi, 23 février 2008

Un genre mineur

Faire mine : creuser.

Depuis deux ans, il s’est contenté de donner de petits coups de pioche à la surface de la terre dure et rocheuse. Ce n’est pas ainsi qu’il fera jaillir des pépites !

Bien entendu, à chacune de ses lectures, il remarque telle ou telle occurrence du verbe faire mine de, ou de l’expression figurée une mine de, notamment – pour sa plus grande confusion – dans les textes traduits d’une langue étrangère. Qu’il ait été question, dans le projet initial, de possession, ou de l’art des troubadours, cela ne semble même plus lui effleurer l’esprit.

Dans une existence idéale – mais malheureuse, peut-être bien – qu’il pourrait consacrer entière à l’écriture, il aurait pu prendre ses aises et aller vivre, pendant quelques mois, en Anjou, histoire d’arpenter, de sillonner les moindres recoins des territoires significatifs. Peine perdue que de rêver.

Le livre éparpillé reste un genre mineur.

[ 13 février 2008 ]

samedi, 02 février 2008

Julio Gonzalez au Château de Tours I

Ce sont peut-être trente ou quarante billets que j'aurais voulu écrire, dans les pages de ce carnétoile, au cours de ces jours de vaches maigres. Une migraine atroce me martèle aux tempes. Avant de visiter, en coup de vent (et en passant entre les averses), l'exposition Julio Gonzalez en famille au Château de Tours, je n'avais (shame on me) jamais entendu parler de Julio Gonzalez, et encore moins, bien évidemment, de son frère Joan, mort jeune (à quarante ans), ou de sa fille, Roberta, huiliste, dont les toiles occupent tout le deuxième étage du Château. On est toujours l'inculte de quelqu'un. De retour à la maison, après un cours de thème dans une salle surchauffée qui a achevé de me plonger dans les bras de la sinusite (a foolish figure), j'ai pu vérifier, dans mon bon vieux L'Aventure de l'Art au XXe siècle (sous la direction de Jean-Louis Ferrier. Chêne/Hachette, 1990), l'étendue des dégâts : Julio Gonzalez y est cité pas moins de sept fois, dont deux petits articles à lui seul consacrés, avec deux reproductions de ses sculptures (la Tête aiguë de 1927 et le Masque de Montserrat criant de 1941).

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

Feuilletant L'Aventure de l'Art au XXe siècle, je me suis retrouvé à méditer sur La Patience de Braque, sur mon rapport ancien mais conflictuel avec la peinture de Baranoff-Rossiné, et, enfin, à découvrir l'histoire savoureuse du Coucher de soleil sur l'Adriatique de Joachim -Raphaël Boronali. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a conduit (en chantonnant in petto la chanson de Jean Ferrat ("Il est au milieu d' la route / Le stupide aliboron / On dirait qu'il nous écoute / Avec sa têt' de cochon")) à vérifier l'étymologie du substantif/sobriquet aliboron, d'où la citation qui va clore ce modeste et foutraque billet et qui peut renvoyer tant au Livre des mines quà mes lectures récentes d'Orhan Pamuk (encore que, dans Istanbul, Gautier ne soit guère évoqué) :

" Ces ânes étaient harnachés de bâts, de tétières et de croupières agrémentés de dessins en petits coquillages de différentes couleurs et n'avaient pas la mine piteuse de nos pauvres aliborons qui se sentent plaisantés. "

(Théophile Gautier. Constantinople. 1854.)

 

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

[The story of my life.]

vendredi, 11 janvier 2008

Le monde (S'approprier) : Leçon 1

Que tout le jour ait fait grise mine, à se rafraîchir même, ce n'est rien. Neige, non. Une matinée dans les papiers, les prospectus, les affiches, mais aussi : les logiciels (ah !) ! Heureusement qu'au téléphone j'ai aussi pu évoquer les articles de Lyn Hejinian. D'aucun (oui, au singulier, pourquoi pas) a fumé un pétard à Chargé, ça ne s'invente pas. Qui d'autre m'a aussi, forme noble de péril, informé de l'existence de son blog. Au Juanita Banana (trop sombre, trop techno, trop branchouille), la cuisine est savoureuse, quoiqu'elle hésite entre trop d'horizons. Neige, non. On n'a pas réussi pour autant à passer entre les gouttes. L'écoute-bébé réagit aux avions. Bientôt fini de lire Neige, qui me laisse sur ma faim, sans doute parce que les nombreuses imperfections de la traduction gâchent mon plaisir. Des photographies argentiques de Londres, nébuleuses comme les souhaits prononcés sur les ronds-de-sorcière, emmènent la cadence. Ah, le finale du Nonett Nr 2 de Hanns Eisler... Bientôt fini tout bientôt. Neige, nom.

samedi, 15 décembre 2007

Mines farouches

En cherchant dans le Robert culturel divers renseignements sur les deux étymologies de mouche et moucher, mais aussi les dates de première occurrence de certaines expressions idiomatiques (dont faire mouche ou fine mouche), je découvre la citation suivante, si typique de Rousseau paranoïaque :

Je pris l'enfant dans mes bras, je le baisai plusieurs fois dans une espece de transport, & puis je continuai mon chemin. Je sentois en marchant qu'il me manquoit quelque chose. Un fort besoin naissant me ramenoit sur mes pas. Je me reprochois d'avoir quitté si brusquement cet infant, je croyois voir dans son action, sans cause apparente, une sorte d'inspiration qu'il ne falloit pas dédaigner. Enfin cédant à la tentation, je reviens sur mes pas ; je cours à l'enfant, je l'embrasse de nouveau, & je lui donne de quoi acheter des petits pains de Nanterre, dont le marchand passoit là par hasard, & je commençai à le faire jaser ; je lui demandai qui étoit son pere ? il me le montra qui relioit des tonneaux ; j'étois prêt à quitter l'enfant pour aller lui parler, quand je vis que j'avois été prévenu par un homme de mauvaise mine, qui me parut être une de ces mouches qu'on tient sans cesse à mes trousses. Tandis que cet homme lui parloit à l'oreille, je vis les regards du tonnelier se fixer attentivement sur moi d'un air qui n'avoit rien d'amical. Cet objet me resserra le coeur à l'instant, & je quittai le pere & l'enfant avec plus de promptitude encore que je n'en avois mis à revenir sur mes pas, mais dans un trouble moins agréable qui changea toutes mes dispositions. (Rêveries du promeneur solitaire, IX)

 

Du transport au trouble, on passe par les trousses. La mouche, c'est ici l'espion, le mouchard. L'homme de mauvaise mine, c'est la némêsis toujours retrouvée de Rousseau.

(Dans le Robert culturel, la citation, plus restreinte que ci-dessus, se trouve entre bateau-mouche et fine mouche.)

mercredi, 21 novembre 2007

Araucaria à la dérive

Aucun des quatre billets publiés le 21 novembre 2006 n'a reçu de commentaire : il y a des jours où même les quarterons n'attirent pas les foules.

Ce matin, dans l'ouvrage d'entraînement à la version et au commentaire de traduction de Sébastien Salbayre et Nathalie Vincent-Arnaud, j'ai lu un texte dElizabeth Jane Howard, extrait de son roman Confusion (que je ne connaissais pas) et où se trouvait l'expression monkey puzzle, que je ne connaissais pas non plus et qui désigne, semble-t-il, l'araucaria.

Le soleil a fini par se lever, le feignant des bureaux d'obsèques. (Cette apodose ferait, pour Bruno Schulz, un bon titre. Jean Dubuffet me souffle que c'est l'essentiel, quoique je sache désormais que je dois me méfier de ses dires, et plus encore de ses pinceaux ou de son fil à tailler le polystyrène.)

Dans The Drift Latitudes, le fils de Rachel saute sur une mine. (C. n'a pas aimé la troisième partie ; je me tâte.)

 

......... où Villandry signe blanc .........

 

mercredi, 24 octobre 2007

... ce que tu as ...

L'ami raccompagne Nolot en lui disant, exaspéré : Vraiment, ce que tu as bonne mine.

Il y aurait ces dizaines de phrases de Linda Lê, démineuse devant l'éternel. Ici au moins je prends date. On attend aussi The Return of the Killer Tomatoes.

{ ... ce que nous voyons, ce qui nous regarde ... }     Une valse lente, Mingus toujours.

vendredi, 05 octobre 2007

Cogitation

Plaque claque d'accords (sautent tressautent (il fut ballé sauté dansé)), sur ce clavier de ciel...  ::   :

Cogitation, composition d'Yvan Avice, jouée à quatre saxophones térébrants ce soir de mi-janvier il y a treize bientôt quatorze ans. (Te souviens-tu de nos rires d'alors, sur le beau chemin ou comme je lisais Simmel ou ces poèmes follement appliqués de Biscaye (Klee pour la poésie) en t'attendant dans le froid ?). Non, peu importe, je cogite.

... en cet après-midi d'automne brûlant estival...

Si je féminisais votre swing, ça deviendrait plat sans ambiguïté. (Passez-moi les plats, faites-moi du gringue... pas repassées mes fringues ?!??). La barre d'espace malade grave des clusters inattendus.

"Je te regarde, monsieur Macbeth, et tu voudrais m'entendre juger ton passé et ton avenir sur ta mine ? " (Pierre Senges) Un poème de Dana Gioia. Deux tercets de Dana Gioia. Un vers bascule de Dana Gioia. Où est le présent, perdu dans le temps ? Là, à la virgule même de Dana Gioia. 

(On ne va pas tarder à distribuer les jouets. Penser toujours à la pyramide de chaussures, plaque claque d'accords ce spectacle massif dépareillé en cet après-midi d'automne brûlant estival.)

Sisyphe

                                 'Tis dry - 'twill burn -

Ha, ha! how my old Husband crackles there!.

 I know him; he'll but whiz, and strait go out.

(Dryden's Aureng-zebe, 1676.)

 

Tu n'as pas eu d'autre souffle, d'autre recours, d'autre rempart --- sinon cette destination, de la flèche perçant le talon la volute sanglante, la volte tournoyante, la flamme électrique & pourtant millénaire. Tu n'as pas eu d'autre rebut, d'autre rire à dents de chacal, à cette minute même, d'autre but que de faire le mal, de ravir le miroir et grimper au sommet du grand if, ses fruits tentateurs tels des sortilèges. Tu n'as pas sifflé soudain en t'envolant à cent à l'heure, pas cinglé de ta brise les joues fragiles de la Mère. On t'en pardonnera d'autres. Graves sont les sons de nos cloches, lourd le vol des bourdons, sourds à gravir toujours la tige la moins ferme.

vendredi, 07 septembre 2007

L'Âme noire du Prieur blanc

Quoique j’eusse emprunté l’exemplaire des Monodrames pour y lire Le Fumier, j’ai commencé par la première des deux pièces, L’Âme noire du Prieur blanc, très belle dans sa limpidité même, en ce qu’elle a de fatal, de prévisible. L’entretien brûlant entre l’apparition du prieur damné et le novice Bénédict – shakespearienne à la surface seulement – donnerait des démangeaisons de mise en scène au plus blasé des théâtreux.

      — Ô, il a ce matin employé son rasoir électrique, comme ça, parce qu’il était là, et qu’il s’agit d’un mode nomade de rasage !

Stalles de Solignac : dragons affrontés

Athanase et Onésime (tout de même) s’entretiennent et avalent le feu sacrément démoniaque. L’Apparition parle « sacripantement » et « de rechef » (oui, en deux mots). Les Reclus passent, la bouche en chœur. Le latin de catafalque se perd en tribraques.

      Ô, il va finir par bannir, de ses textes, de son écriture même, tous les mots contenant les deux lettres o et d successivement !

Six points violets soulignent chaque occurrence : ce serait une idée de mise en scène. (Ou comment Le Livre des mines devint Le Livre de l’Âme.) Dans la chambre 424, they’re screwing without giving a single thought to Alma’s corpse. Faut-il prononcer, doit-on entendre le g de Magdeleine ? En anglais, comme l’a souligné justement Javier Marias, ou son narrateur Jacques – au fait des usages –, Magdalen se prononce comme maudlin. Chaque saint berger finit voué aux gémonies, vipérisé.

      Il faut absolument résolument insolemment isolément être

Pélerins

« Les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches. » Toujours j’aimai, chez Saint-Pol-Roux, le sens de la période. (Six points violets, six notes messianiques, six couchers de soleil, et le rideau se ferme sur les vitraux pierreux de l’abbatiale.)

mercredi, 05 septembre 2007

Un sang d’encre

2 septembre.

   Je me rase avec une de ces lames qui enfin ne me coupent pas la peau, un rasoir à lames jetables (mais terriblement durables) que m’a offert en mai Alexis (je sais qu’il avait, à un moment donné, un pseudonyme dans ces carnets, mais au diable…), je me rase sans le moins du monde me prendre pour Thierry Woods ni Roger Henry ni Tiger Federer, et je pense aux coupures du passé qui plus jamais ne se produisent : je ne me coupe plus jamais, pensé-je en songeant aussitôt ou presque à l’expression petites coupures qu’un instant je confonds avec coupures de presse (et si pressé alors je me coupais je n’appliquais pas de pierre d’alun achetée cher en petites coupures), et, me dévisageant dans le miroir de la salle de bains après avoir entraperçu mon reflet dans la bonde je vois deux menues éraflures de sang au niveau de la moustache (absente puisque le rasage a pris fin) ; ainsi, je pensais, en me rasant, à ce texte que j’allais écrire, et je me suis coupé ! même je ne me suis pas loupé ! short cuts, ce qui s’appelle se faire un sang d’encre. L’encre coula, puis le sang.

   Il faut toujours tout reprendre par le menu, surtout ici dans ces pages, et en reprenant fatalement je reprise, ravaude, et le texte qui s’imprime sur l’écran blanc face à moi n’est plus guère celui que je jetai tout à trac ce matin au dos d’une carte postale TER Pour être bien bougeons mieux, en brèves phrases, brefs fragments. Il faut reprendre par le menu, car le sang d’encre je le retrouve aussi ce soir dans la lecture que je poursuis du tome 2 de Ton visage demain, et je ne sais plus trop comment je me l’étais formulé à moi-même ce matin dans la salle de bains avant de jeter ces quelques bribes avant oubli sur la carte postale qui représente une sorte d’hybride entre l’oryx et la girafe (image de synthèse) contempler du haut d’une colline (on imagine) un véritable embouteillage de voitures dans le désert. On oublie tout, dit-on (d’ailleurs, c’est l’une des lignes de force qui traversent tant Mantra de Rodrigo Fresan que ce tome de Ton visage demain, mais aussi la première phrase, si je me la remémore correctement, de Frasques, ce bref roman que j’écrivis à Oxford début 1996), et même la girafe est éberluée. Tout ça pour dire, écrire que le sang coule quand on pense s’être prémuni des coupures et tirer de ce détail pitoyable et anodin quelque short cut d’écriture dans la panique, une coupure à la hâte, un mot à la va-vite, un billet à la hussarde.

   (Au demeurant, écrivit le critique pompeux, ces histoires de lames de rasoir sont un motif récurrent de son œuvre.)

   Ce qui est sûr, c’est que la moustache (ou son emplacement virtuel) en deux points même menus ébréchée, et le reste du visage lisse, je tire une drôle de tronche. L'après-midi même, au château de Gizeux, j'appris, pour mon malheur, qu'on peignait jadis les portes des écuries au sang-de-boeuf mêlé de vinaigre, pour éloigner mouches, taons et autres insectes. À un texte comme celui-ci, rouge ou pas, on peut toujours ajouter, comme une ode en do. Quand on se coupe, on dit merde ou aïe ou zut en ut, ou on ne dit rien, trop occupé à constater les éraflures ou petites coupures qui repeignent notre façade sans chasser les insectes.

dimanche, 02 septembre 2007

Doublure minée

« sa crise de minauderie durait un moment »

 

: je n’ai lu cette phrase – traduite de l’espagnol – que peu avant minuit, et pourtant j’avais eu, me trottant dans la tête, les vers d’une vieille chanson à peu près oubliée de tous, je pense

Coucou, c’est moi la bavure

J’ai d’ la minerie dans ma doublure

Et je suis au regret de vous annoncer

Que je s’rai pas tout seul ce soir

 

J’avais neuf ou dix ans quand j’écoutais Des lourdeurs dans les erreurs, et justement je m’aperçois ce matin, au terme d’une brève recherche, que j’avais toujours compris les paroles de travers. Il semblerait que le deuxième vers soit : « J’ai d’la nitrite dans ma doublure ». C’est nettement plus satisfaisant, d’un point de vue sémantique… et pourtant… L’internaute qui  transcrit les paroles hésite au moins une fois et laisse un blanc, comprend joue au lieu de fous (« J’ fous des serpents dans les plumards »), orthographie dérisoire sans –e : ces menues erreurs (sans lourdeur) incitent à douter du reste, même si, hélas, trois fois hélas, dans le cas du doublon minerie/nitrite, je suis persuadé, désormais, qu’il a raison.

Cette histoire dure un moment. Dans le Robert culturel, il n’y a pas de minerie entre minéralurgie et minerval. La sagesse voudrait qu’on s’en tînt là, et ne publiât pas même ces quelques phrases ; enfin, c’est du matériau, du minerai, de l’engrais rêvé pour Le Livre des mines. (Le jour où on l’écrira vraiment, celui-là !...)

dimanche, 26 août 2007

(ça va ...)

Entrevue, une voiture de sport rouge qui passe à 70 dans une zone 30. Pour un peu, elle serait doublée par les Supercinq et les mobylettes. Il est des quartiers où jamais vous ne verrez le bout de la queue de la casquette d'un gendarme. Trop paisibles, jusqu'au jour où quelques gamins se feront sauvagement écraser.

L'attente : le temps d'apprendre à vivre... Sur l'île d'Yeu, je me fie aux dieux. Sur l'île d'Ys, je me fie aux lys. Sur l'île d'Ouessant, j'ai vu couler enfin, tel quel, mon sang. Il restait cette énigme éternelle, de sorte qu'on ne pût en rien rattacher ce texte aux autres de même eau (de même farine, de même genre, du même ordre, de la même fournée), et le Sphinx refusait de formuler la question.

On n'est guère avancés, lança l'homme sportif et moderne amateur de goûts naturels en réclamant un Bartissol.

Il a englouti la quiche en cinq sec. Sa fille a donné la langue au chat et vendu la terre précaire, environnée d'eau, à un gentil monsieur biscornu. Il a englouti la quiche en cinq sec.

Ne me parlez pas de kouign amann maintenant. (Reste-t-il du Bartissol au fond de la bouteille de Rivesaltes ? Pauvres orphelins, on prie par habitude.)

 

J'imagine vos bouilles.

C'était en 1963. Pas la peine de vous procurer ce nectar ; vous n'aurez jamais, à dîner, que des rustauds se contentant des apéritifs qui traînent et sévissent partout. (Du Bartissol !)

samedi, 18 août 2007

(.. .. mal)

Tu as petite mine. Est-ce d'avoir lu, toute la nuit, en prenant des notes, Crayonné au théâtre ? Chaque jour un croquis sert de dépôt à tes pensées, tes tourments, tes affres de la nuit blanche. Sur papier bible jamais même tu ne pourrais te passer de ce gros crayon à pointe grasse, presque un crayon de charpentier ou de boucher. Si, au réveil, épuisé des cauchemars où tu ne vois qu'alignements de corps calcinés ou de disjecta membra, passant au ralenti sur une autoroute, tu saisis, avant même la poêle pour le bacon et les oeufs sur le plat, ou la tasse de café d'Ethiopie, ce crayon et ses acolytes, tu sais aussi que tu as, indéniablement, petite mine.

Stan Laferrière simplement devrait se dispenser de chanter.

(ça va mal)

lundi, 18 juin 2007

Au Nuage

Il est temps de laisser sécher, sur le rivage mûr comme les pages d'un roman, les algues qui fermentent. Il avait vu, dans les zébrures nocturnes d'un ciel vrillé par l'orage, apparaître ce qui devait devenir la devise de son blason, de sinople à trois bandes sur camaïeu de gueules :

CE QUI EST MIEN

POINT

NE ME MINE

.

 

C'est reparti comme au 14 : La vie est variable aussi bien que l'Euripe. Dans le sable où j'ai crayonné tant de pages fugaces pour toi, dans les plis de ce rivage où ensemble toujours nous nous abîmerons, je sais qu'une quinzaine n'est encore rien.

lundi, 28 mai 2007

Le Principe de ruine, p. 78

Pierre, Melchior et Le traversin : chants d'amour tendre.

Quand elle évoque "l'homme qui a faim et qui ne mange rien, l'homme miné", il ne peut s'empêcher de penser au graphite, et aussi aux graffiti, à l'indécence veule ou laide de clamer béatement.

Fabriquez des pelisses à la centaine, vous verrez toujours. (Ce sont des signes en aveugle dans la nuit, des panneaux sans armature et même, dans le chant retrouvé des merleaux échappés du nid, une poignée de fantassins sans armure.) Le fou de Chaillot, dont le père est un porc.

dimanche, 20 mai 2007

Lu dans le marc

Je m'étire sans fin (fatigue).

"Mai tire à sa fin." (Abbés, p. 19)

 

Le 19 mai passé, sûr qu'on affine.

samedi, 19 mai 2007

Lèvres miennes

Il ne faut pas trop s'arrêter à l'érudition. Pourtant, tout se mêle en un maelström, et surtout ce polylogue :

Tu n'avais quand même pas l'intention de... ?

Si, dès le principe, janvier 2006.

Mais alors...

Il y a eu cette interruption dans la parution, donc aussi l'écriture en a pâti.

Donc, c'était tout ce réseau ?

Mein, mine, mien, tous les mots qui riment en -mine, tout ça ?

Oh, et bien plus encore.

Et bien pire encore.

Comme quoi ?

Des anagrammes, des boustrophédons, des étirements, des interpolations. Va savoir. Suffit de relire ce qu'il y avait déjà courant janvier 2006.

Ah ?

Le pluriel n'était pas du projet, seulement le mot mine lui-même.

Ah ?

 

Le grand prieur de Cluny en personne les accueille, il est grave. Il accueille Adémar de Chabannes arrivé en même temps qu'eux, Adémar reprend le fil de son récit à sa façon romanesque et rusée. Le grand prieur les réunit dans la basilique, etc.

(Pierre Michon, Abbés, Verdier, 2002, p. 69)

vendredi, 18 mai 2007

Minuscules, 1

Il faut beaucoup de résolution, c’est-à-dire aussi un œil résistant aux pixels en pagaille. Quitte à tout considérer comme réservoir, répertoire, bassin d’orage même – et même (surtout) ces revues, ces milliers de pages qui s’entassent en tous recoins et dont on pourrait, à chaque page ouverte, faire son miel – pourquoi ne pas prendre la tangente, comme le veut un stupide cliché contemporain, ou tracer en virant à l’oblique. (J’aime tant le vol des hirondelles.)

Ainsi, veux-je citer les premières phrases de l’article que Marie-Laure Delorme consacra il y a deux ans à Jean Rolin dans le Magazine littéraire, je me trouve à vouloir décrire le sourire qu’arbore l’écrivain sur la photographie (et qui, lèvres plissées vers le bas, est néanmoins un sourire de joie douce, nullement un rictus), à chercher dans ma mémoire si j’ai lu, de Jean Rolin, autre chose que La Frontière belge (à quinze ans, et alors n’y ayant pas compris grand-chose), mais aussi à tourner en tous sens ce mot-là, magazine.

Que les centaines de fascicules entassés me soient un réservoir, une cuve, gisement, carrière abysse, est-ce encore l'affaire ?

Qu’importe :

     Le style dit tout. Les phrases de Jean Rolin, remplies d’une multitude de « peut-être », de « ou », de « à tort ou à raison », charrient un monde miné de l’intérieur. Minuscules bouts d’humanité comme tombés de la marche du temps. Entrez donc dans un univers incertain.

 

Il y avait là, dans le choix de ces clonages (ou plutôt, de ces boutures), l’envie d’en revenir à ce qui me possède (et non à ce qui m’appartient), renversement éminent de tout désir du possessif. Faire mien ne m’intéresse pas.

mercredi, 16 mai 2007

M qui signifie les Mines

Déjà, quand elle descend la rue de l'Église, les mères font hâtivement rentrer leurs enfants, avec des mines sombres et inquiètes.

Dans la glaise je descends.

 

Réinventant la roue, je me vautre.

 

Le M qui signifie les Mères (heeeeeeein ?).

 

Du moment que j'ai toujours, à mon casque, son plumet, je resterai fermement sédentaire dans le territoire du crayon.

mardi, 15 mai 2007

Toupet d'étoupe

Il est surprenant qu'une expression aussi fréquente que le livre des mines (qui donne son titre à ce fil) ne soit quasiment jamais employée. Naguère, j'ai pourtant vu, sous son apparente simplicité, se dessiner d'innombrables polysémies. Peut-être était-ce aussi sous l'influence du sonnet de Baudelaire, Le mauvais moine ? Non, je dois être en train de reconstruire à partir des virages récents qu'a pris ce projet d'écriture.

On s'interrogera sur les enluminures du mal. Il rejette le capuchon, elle voit la tête d'étoupe.

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Il peint les signes du sutra en trempant dans l'encre la queue du chat, placide, puis le disciple furieux, de la pointe du couteau dont la lame lui entaille la paume, grave les signes dans les planches du ponton, avant que, plus apaisés encore que le chat à la queue irrémédiablement noircie, les deux policiers n'aident le maître à peindre le creux des lettres de multiples couleurs (orangé, mauve, bleu, vert), en contournant délicatement le corps endormi du disciple épuisé.

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Vingt-sept tirets froissés, le temps de compter les billets. La guichetière prend son temps, et dans la file d'attente on s'impatiente. Guillaume est trop blond et sa colère galope comme le feu.

Ah, vous rédigez intégralement vos exposés ? C'est une très mauvaise habitude ! (Mais c'est un très bon travail.)

"Le roi prie, déjeune, termine sa toilette et est habillé." : celle-là, je vous la piquerai pour mon Livre des mines (auquel il est question que je me remette sérieusement).

Louis XIV. Abbés, p. 20 et p. 10.

 

C'était griffonné au dos de la fiche d'identification d'une certaine Camille Dugenoud. Demain est un autre jour. On comptera les saisons, et surtout on en reparlera, puisque la question même des sept âges de l'homme, des quatre saisons de l'existence, et autres fariboles ejusdem farinae, est au creux du corps du projet.

En âge

(15 mai 2007) Le Président de la Fédération Française de Natation est attendu aujourd'hui à Rome, où il doit essayer de déminer les bassins italiens. Je suis en nage. À la brasse j'ai des yeux de braise. Un papillon ne fait pas le printemps, mais ça nous fera quand même tout drôle, ce froid revenu. Pour essayer de déminer le terrain et faire en sorte que la réunion du groupe ne se transforme pas en vaste pugilat, Bernard Accoyer, très remonté contre Jean-Louis Debré, a passé sa soirée de lundi au téléphone avec Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy et même Jacques Chirac. (17 octobre 2006)

-------------- Dernier jour de Jacques Chirac aux affaires.

vendredi, 11 mai 2007

Maldonne

Tu es têtu, Malamine ; écoute ton père, Malamine...

Dans son boubou blanc, il trouve encore le monde trop compliqué. Trouver mon cadavre en travers de la porte.

Malamine est devenu fou.

 

Aller frapper à la porte de la muette, mettre la case à feu. Le corps à sang se repose sur des charbons ardents. Vous n'avez qu'à retrousser vos pensées, et que la pierre traverse aussi le fleuve.

C'était le 13 avril, à quatre heures de l'après-midi.

Maudit soit le nom de celle qui fut violée. (Also sprach...)

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... billet qui devait (ap)paraître ce matin à cinq heures, mais le 31, non le 11, avait été (malencontreusement) coché. Pour ne rien dire des diverses mauvaises, bonnes ou tristes mines que je ne cesse de rencontrer, d'origine ou en traduction (mais une traduction est un texte original), depuis que j'ai commencé d'écrire Le Livre des mines, il faudrait s'aligner sur ces zooms avant trop brusques et (dis)paraître de l'écran.

mercredi, 09 mai 2007

Embrassades

Le bouquet apporté il y a dix jours par G. et P. tient encore le coup. La grisaille toujours domine. Hier, au retour de Talcy (où il n'est jamais question de Ronsard, mais de l'un des premiers traducteurs du Faust de Goethe, Albert Stapfer, également pionnier de la photographie*), nous avons admiré un clocher d'église, mais ce n'était ni à Villexanton ni à Epiez. Je suis enseveli sous les copies (entre autres d'agrégation) et plus généralement par le travail, et je n'ai pas eu le temps de vous entretenir (ici ou ailleurs) de la piste Trakl. Il pleuviote (ou pluviote, ou pleuvote) toujours ce matin. Le temps passe et la grisaille domine.

 

* On ne sait si le double portrait des jeunes filles qui date de 1849 est de lui, mais cela donne envie d'en savoir plus. Hélas, sur cette partie de son activité, Dame Google demeure désespérément muette.

mardi, 01 mai 2007

Memini

Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. La table de la cuisine est recouverte de trente-deux carreaux bleus (selon un schéma classique de huit sur quatre), et bordée de bois. Les carreaux répondent à ceux de la paillasse, à droite de l'évier. C'est une cuisine où j'ai vécu mon enfance. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Dans la caravane, à l'été 1986, quelque part entre la Bavière et le Baden-Würtemberg, j'avais photographié ma mère avec, à la main, cette colossale chope. Je me rappelle aussi des palais et folies en coquillages, théâtres de pierre, d'eau et de verdure et surtout pas du meilleur goût. Il y eut aussi quelques parties de badminton avec de jeunes Néerlandais et des adolescents allemands, toujours roux, peu ou prou. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Nous avons parcouru, à longues enjambées, par un soleil printanier, les allées poussiéreuses du Parc de la Haute Touche, où il était question d'installer les pauvres ours du Jardin botanique de Tours. Nous avions passé la matinée à nous promener près des étangs de la Brenne, dont celui de la Mer rouge. Nous nous étions cassé le nez au château de Nailhac. Il y a un an, il était question, dans un échange épistolaire entre ma mère et moi, de La Buveuse de Pietr de Hooch. Cela, je me le dis sans cesse, il ne sert à rien de le ruminer, même en flânant dans les abbayes vidées de leurs moines, les rues grises ou sales où l'on ne voit rien d'autre que chats dépenaillés ou chiens abandonnés...

dimanche, 22 avril 2007

Minérales, 1

En Allemagne, en 1985, ce qui me surprit le plus, ce fut le goût de la Mineralwasser, qui n’avait rien de commun avec l’eau minérale ni avec l’eau du robinet. Homme déjà âgé, le père de Lenz, l’ancien « correspondant » de mon père – et que nous appellions Opa – nous avait expliqué qu’il ne fallait pas boire l’eau du robinet car elle était pleine de chlore : das ist amerikanisches Wasser, was Ihr müßt trinken ist echtes Wasser. Pour lui, la vraie eau, l’eau-thentique (sataniquement poussé par la Dame au Sablier, je ne résiste pas à ce jeu de mots foireux (minable) pour traduire echtes Wasser), était l’espèce d’Aspirine salée et imbuvable qu’il nous tendait, et que je m’efforçai, par politesse, d’avaler.

Deux étés plus tard, quand, devenu ami du fils de Lenz, Tim, je passai quatre semaines à Francfort sans ma famille, je trouvai toutes les stratégies possibles et imaginables pour ne pas boire de Mineralwasser. Cela m’était d’autant plus difficile que, n’ayant jamais été un enfant difficile quant à la nourriture, je n’avais ni l’habitude de gruger ni celle de refuser : on m’avait appris à ne jamais refuser d’aliments, et à toujours goûter, voire, dans l’idéal, à finir l’assiette, ce que je faisais généralement. Alors, en lieu et place de Mineralwasser, je buvais du lait, du jus d’orange, toutes sortes de jus de fruit et même de l’eau du robinet, au risque de paraître affreusement pro-américain dans cette ville traumatisée par la présence durable d’une base américaine. (C’était l’année, à moins que je ne confonde, du grand conflit politique et citoyen autour de l’installation de missiles Persching en Allemagne de l’Ouest (mais je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans, etc.).)

 

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Les palindromophiles apprendront avec plaisir que ce billet est le 1551ème de Touraine sereine, mais aussi le 22ème du Livre des mines.

jeudi, 15 mars 2007

Nouveau bâtiment des Tanneurs

Voici quelques images volées, ce matin, dans le nouveau bâtiment du site principal de l'université, rue des Tanneurs. Voyant l'accès, jusque là en travaux, enfin ouvert, je n'ai pu résister à l'appel de la curiosité. Heureusement que cette aile du site reste encore déserte, car je devais avoir une drôle de mine, à traquer les ombres dans ce lieu où ne manque qu'une ultime couche de ripolin, et quelques derniers coups de balai (à suivre je suppose d'ici après-demain, pour la Journée Portes Ouvertes).

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mardi, 06 mars 2007

Eh non, c’est faux

Au petit jeu des neuf énoncés vrais, seul le seigneur Chieuvrou – ainsi que je l’ai annoncé avant-hier – a tiré son épingle du jeu.

En effet, seule la phrase n° 2 était fausse. Il s’agissait d’un énoncé farci de petits détails qui pouvaient être autant de chausse-trapes, mais qui, du coup, donnèrent l’illusion du réel. Terrain miné, ce qui est anecdotique et loufoque paraît toujours vrai, n’est-ce pas ?

Quel est donc l’élément du deuxième énoncé qui le rend faux ? Récemment : exact ; ce dont il est question dans cette phrase a eu lieu le 27 février dernier. Hôtel du Mail à Angers : c’est bien là que nous nous trouvions. Sécher un chien en peluche : grotesque mais vrai. Sami est le nom du chien : oui (même si le taulier a lancé, assez énigmatiquement, à mon fils : « eh bien, tu ne risques pas de le perdre, ton Chonchon »). Ce qui est faux donc n’est ni le prédicat ni les compléments, ni la relative, mais le sujet : c’est ma compagne qui – le ridicule ne tuant pas et le chien s’étant mouillé sous la pluie – entreprit, mardi dernier, de sécher Sami dans la salle de bains de l’hôtel du Mail. J’ajoute que, si j’avais bien ruminé ce projet de billet depuis douze jours au moment de sa publication réelle, c’est cet incident absurde qui m’a donné l’idée de l’énoncé erroné à glisser au milieu des véritables.

Voilà. Je rappelle au seigneur Chieuvrou que je lui offrirai un livre et l’invite à boire un bon verre somewhere. Des internautes à qui j’ai demandé de faire ce jeu, certains se sont défilés ; je ne dénonce personne, mais bon… Allez, du nerf, comme aurait dit Robert Pinget ! Je signale aussi qu’Aurélie m’a envoyé ses 10 phrases, qu’elle me demande de ne publier qu’après le 23 mars. Rendez-vous pris donc, dans deux semaines et demie.

jeudi, 25 janvier 2007

Ce que dit le pagure Kenny Craig

Cavere, par le Zeena Parkins Pan-Acousticon, ça déménage ; méfiez-vous des cabots et plus encore des demoiselles qui les promènent. Il y a des livres à un euro à la Boîte à Livres de l'Etranger ; des livres qui valent le coup. Harpe et violoncelle, piano qui se disloque. Il doit faire moins cinq à Tours demain matin. Après une matinée passée à régler des subtilités d'emploi du temps, je vais aller faire le guignol au lycée Jean-Monnet, pour un déjeuner de travail (comme je crois qu'on dit). En revenant de la Poste, j'ai croisé une étudiante qui, me voyant le nez coulant, les yeux injectés, les mains violacées*, m'a souhaité bon courage pour mon rhume, ce qui était très gentil (mais l'hiver seul est coupable). Maudit soit ton nom, Salamine ! Un ami m'a écrit qu'il aurait bientôt, peut-être, un poste à Tours. * On se croirait dans Dracula, ou, allez savoir, dans les Récits de la Kolyma (où les crachats gèlent en vol). Formons des souhaits. À huit heures, sur le pont Mirabeau, la vitre côté conducteur a finalement accepté de se baisser**. Peasant Boy par le trio de Bob James, ce n'est pas mal non plus ; on est sur la route, maintenant, à regarder le rideau de pluie, les affaires empilées à l'arrière du camion (bâché, bien sûr). Dormez tous, je le veux. ** Je sais, il ne faudrait jamais démarrer sans avoir conscieusement raclé les vitres et dégelé l'ensemble des points de vision. Look into my eyes, not around the eyes, look into my eyes. Vous repartez au charbon, mais c'est l'engrais qui ici culmine.

lundi, 11 décembre 2006

Vitraux de Truyes, 2

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Trois mauvais moines contemplaient, avec une tendresse de parade, le vitrail où dansait l'hostie, un ovale presque imperceptible que désirait ardemment effacer le cercle de feu. Face au calice, Saint Martin, de profil, semblait moins les menacer que ces trois scrutateurs austères, drapés de rouge et coincés entre la chasuble bleue du saint et la crosse d'or de l'évêque, une sorte d'image-miroir de leurs propres faux-semblants. La grisaille de la pierre n'est pas plus funeste que le fond de mon coeur.

dimanche, 10 septembre 2006

Mais je fais mine...

Dense, tout de même, plus lourd que le plomb.

 

“Le public apprécie leurs gracieux ébats. Moi, je m’ennuie plutôt. Mais je fais mine, plus ou moins. Bien articulé, le bâillement est un soupir béat.” (E. Chevillard. Au spectacle.)

 

Cela fait des plombes, aussi, que je poireaute.

mardi, 29 août 2006

Hébétude

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Labrit, village où dorment les huppes, offre ses arceaux et ses fureurs au passant, pélerin désabusé qui poursuit son ombre enfuie. Qu'une vache rumine, il s'éveille, sort de ses pensées et voit voler la huppe, apeurée, elle qui fouaillait le sol de son long bec, laissant voir les zébrures hardies de son plumage rutilant.

 

 

 

 

 

 

 

Moulage de statue menhir.

Le Grand Pressigny, 21 juin 2006.

mardi, 31 janvier 2006

Miné

Je ne pensais pas céder un soir à la tentation de ce calembour, mais voilà – le mal est fait.

 

Des jours comme ça…

 

Le matin, une belle baffe ailleurs sur le réseau, & tout le jour un végétatif qui a posé ses crottes dans les commentaires de ce carnétoile, sans compter  le Vidal qui médicalement propose son terrorisme intellectuel.

 

À l’université, journée désastreuse. Au premier chef, lutte contre des ragots diffamants (histoire compliquée, dont on n’a pas vu le bout). Puis, dans l'ordre et en beauté...:

Une sombre histoire de devoir statutairement inscrit dans le livret et qu’un collègue n’a pas fait faire à ses étudiants ; c’est moi qui rattrape le coup et organise tout (téléphonages, entrevues, course après les salles).

Un T.D. de 45 étudiants placé dans une salle ne comptant que dix-huit places.

Enfin, une collègue qui me fait une scène à propos d’une prétendue confusion entre les deux centres de recherche. Il se trouve qu’elle affabule, comme d’habitude d’ailleurs.

 

Heureusement, les miens sont là. Je rêvasse en douceur en regardant mon fils. Et, ce matin, tout de même, j’ai consacré deux heures et demie à recevoir des étudiants, à qui je donnais des conseils individualisés sur leur travail : cela, c’est un vrai bonheur. (D'ailleurs, tous les entretiens que j'ai eus avec des étudiants aujourd'hui ont illuminé ma journée.)

 

Journée quand même affreuse. Je vais virer

[tiens, c’est le 31 janvier : le temps idéal pour cesser de remettre tout au lendemain et tenir ses promesses]

le Net de mon existence :

c’est-à-dire (bémol) préprogrammer une note par jour, et basta pour l’instant !

lundi, 30 janvier 2006

Eric Meunié, 7 : Meure ciné I

[443]

Tous les nombres sont beaux. Tous sont tressés de merveilles.

Du 16, puissance qui clôt le recueil, au 919, palindrome, qui l’ouvre, comment ne pas lire, surinscrire un sens ?

919 est un nombre extraordinaire de beauté. J’y vois, par-delà le palindrome, mon fétiche 91 multiplié par dix, auquel encore s’ajoute 9.

Tous les nombres sont beaux.

Les mots aussi, mais moins : il leur faut la parole, et le travail si incroyablement vain d’un écrivain.

dimanche, 29 janvier 2006

Diary, 11 juin 2002 (derniers extraits)

[...]

Vers cinq heures.

 

 

La journée pourrait s’écouler ainsi, à vaquer au quotidien oisivement et à écrire, reprenant le vieux lien entre écriture et oisiveté, entre texte et paresse. Pourtant, qu’il faut de volonté et d’énergie pour écrire un roman, même court. Paradoxes toujours.

 

A., de nouveau à plat ventre, pleurote. Joyeux dès que je lui lance une grimace. Attrape ! Attrape sa tortue-tambour, qui tinte du grelot. Essaie d’attraper en fait le socle violet de la pyramide de soucoupes (je me comprends). La pyramide de soucoupes est au premier étage de la maison (je me comprends), laissant le socle seul, au rez-de-chaussée, dans le parc.

 

Il fait exprès de s’espalaser, de s’affaler de tout son long sur le ventre, pour que j’aille m’occuper de lui. Rien que de très normal. A. est un enfant très sage. S’il ne l’était pas, vous croyez que, pendant qu’il joue, à onze mois, son père aurait le temps d’écrire autant ?

 

 

 

 

Des voitures s’arrêtent, se garent, repartent. Je guette C. d’une oreille, son retour du travail, du collège où elle enseigne le français. Collège dit sensible, et ce n’est pas un vain mot ; c’est même un euphémisme.

 

Les jours où C. travaille, vers l’heure du retour, je guette son retour. A., lui, se penchant puis se redressant, continue de balancer les inserts ronds (le rose et le jaune) à travers les barreaux du parc, tout ça d’un air canaille.

 

 Cela avance vite, un journal, mine de rien, cela avance.

 

Mine de rien, se pose alors la question du style.

samedi, 28 janvier 2006

Cure de mots (1111)

Le Livre, cette librairie pas vraiment curieuse – ce serait curieux d’écrire cela ; qu’elle est curieux. Les deux libraires forment un couple intrigant, curieusement assorti – peut-être. Mais la librairie est, tout simplement, une vraie librairie. C’est peut-être cela, le plus curieux : que cela existe encore.

Ici, on ne veut pas de curieux.

Cette formule ambiguë, pourraient se l’approprier, en des sens différents, Laurent, le libraire sec du Livre, et ses inverses, les marchands de soupe des supermarchés et des FNAC. En des sens différents.

vendredi, 27 janvier 2006

Arroumégueur

Que dis-je ? j’arroumègue…

Arrouméguer (orthographe non garantie puisque non fixée) est un verbe gascon, qui mériterait de figurer, en tant que régionalisme, avec les helvétismes et belgicismes des dictionnaires de langue française. Je ne connais rien de plus réussi, du point de vue de Cratyle et de la concordance entre le signifiant (rythme et sonorités) et le signifié, que ce verbe, qui ne se traduit pas réellement en langue d’oïl, n’a pas d’équivalent strict : quand on arroumègue, on râle, on rumine, on rouspète, on fulmine, on fait preuve de mauvaise volonté – un peu tout cela en même temps… que ne désigne que le verbe arrouméguer.

 

Le gascon est le parent pauvre des dictionnaires de langue française. Les rares mots dont les lexicographes précisent qu’ils viennent du « Sud-Ouest » (ce qui, du point de vue de l’étude des différents dialectes occitans, n’a aucun sens) sont en fait franchement languedociens ou tolosans, et totalement inconnus de par mes contrées natales.

 

Alors, j’arroumègue, j’arroumègue… contre les lexicographes.

jeudi, 26 janvier 2006

Lit 1101

Ne nous méprenons pas. Le texte publié hier dans ce même livre de comptes, ce louvre de contes, ce havre de lave, n’était pas pur jeu d’égotisme. Il est bon, je pense, de lire Le Livre des mines comme un tout. Après l’échec du carnet dédié à l’écriture de fictions interactives, je procède par mélange et alternance. Tous les jours, à l’heure du dîner filial, se publie, toujours programmé à l’avance, un billet qui ajoute son sédiment de phrases au Livre.

 

Il est, imberbe, défiant les cieux, prêt à livrer, pour chacune des images de son adolescence, un poème en prose. Il reste au lit ; ce lit est à moi.

 

mercredi, 25 janvier 2006

Compte de mots

[14 h 40. Ce billet est le premier, du Livre des mines, que j’écrive ailleurs qu’à la table du salon ; je suis au bureau baigné de soleil. Il fait chaud derrière les vitres. La plupart de ces textes ont été conçus en déplacement, déambulant. Puis écrits au salon.]

 

 

Ce livre est à moi, cette sale mine est à moi, ce style est à moi, cette énumération longue, lourde et laborieuse, est à moi, ce stylo et ce clavier sont à moi, avec lesquels j’écris des masses de mots. Ce livre est à moi, cette voix est à moi, et dans le miroir le matin cette mine est à moi. Ces lèvres sont à moi, se fendillent légèrement, s’ourlent ou rentrent dans la carapace ; c’est alors que j’ai l’air d’une cistude. Ces lèvres sont à moi, et ce livre est à moi. Ce carnet est à moi, cette plage est à moi, noyée par le soleil, baignée par les embruns. Ce silence est à moi, ce tapotis clapotant des doigts dictant les dix ou cent dix lignes à l’écran est à moi, oui, ce livre est à moi, il ne fait que commencer.

 

Cette danse est à moi, cette abondance est mienne. Cette voix est à moi, ces mélopées, ces vélocités, ces dégueulandos sont à moi. Ces plaintes sont à moi, ces rayons de soleil me transperçant la joue sont à moi de toute éternité, et si la voix vitreuse est à moi, je survis.

 

Ce diable est à moi, ce diable c’est moi, ce monologue est à moi, cette furieuse envie d’écrire n’est à personne d’autre. Cette danse est mienne, abondance de moi roulant mon abdomen dans les draps. Ce lit est à moi, ce lieu est à moi, ce regard de vampire et d’amant posé sur toutes choses.

Je lève, vainqueur, la conque au-dessus de ma tête. Plein dans le mille, ce livre est à moi, à nul autre.

mardi, 24 janvier 2006

Ni amble ni trot...

Pauv’ minable !

Si l’on cherchait à retranscrire l’accentuation de cette exclamation lâchée, parfois, par gros temps, entre deux ennemis de misère, cela donnerait sans doute

pAUV – miNAble

.

le mi disparaissant sans bémol dans l’ombre du pauvre, à moins que l’on ne préfère, pour plus d’emphase, ne pas amuïr le e final de pauvre, ce qui permet à la voix courroucée de rebondir sur le début de minable :

Pauvre – MInable

.

.

Ni trot ni amble, est-il possible d’envisager d’autres situations, d’autres accrocs, d’autres accents ? [Il est, en ces lieux, des spécialistes de phonologie. Ce n’est pas mon cas.]

lundi, 23 janvier 2006

Les Trois Glorieuses

« Nos trois jours, c’est une horreur… »

 

En 1830, Pierre-François Lacenaire tournait, en sa tête, sa conversion ironique.

Je crois aux dieux du Nil et de l’Euphrate,
Ciboule, oignon, dieux qu’on mangeait tout crus ;
Je crois aux Dieux de Platon, de Socrate ;
Je crois encore aux dieux de Mélitus ;
Je crois aux Dieux du bonhomme Tibère,
A tous les Dieux du vieux pays latin,
A tous les Dieux qui ravagent la tere,
Je crois au Dieu de Constantin.

 

.

 

Je me nourrissais, pour ma part, d’abats jetés aux chiens, emplissant mes bajoues à la manière de la grenouille du fabuliste.

 

 

Comme un mauvais moine, en 1830, je dépérissais. Mais le glas, au clocher de la collégiale, me retrouva, vagabond, nu comme un ver.

dimanche, 22 janvier 2006

… le miracle de la transsubstantiation…

 

Je parle ici des mines classiques, de celles faites de graphite qui sont la moelle épinière des crayons courants. Mais il y a aussi celles des crayons de couleur, d’une pâte plus tendre et plus grasse et quasi argileuse ; celles des crayons Conté, rêches, bruyantes sur le papier, et qui sont d’authentiques charbons ; celles enfin de cette répugnante invention qu’on appelle « crayon-encre », qu’il faut humecter avant de s’en servir, et qui laissent sur la langue un petit goût amer, sur les lèvres des traces violacées, teinte chimique entre toutes, emblématique des évêques, en raison peut-être des étranges réactions qu’opèrent entre terre et ciel les grands princes de l’église, chefs de ces immenses laboratoires de pierre où est censé s’accomplir tous les jours le miracle de la transsubstantiation.

 

 

Michel Leiris. “Perséphone”. In Biffures (La Règle du jeu I). Paris : Gallimard, 1948. Réédité en « L’Imaginaire », 1975, pp. 107-108.

samedi, 21 janvier 2006

Envers et contre

Jeudi 19, trois heures de l’après-midi.

 

Ce stylo, à la mine verte, un peu ébréchée, distillant son encre verte, m’accompagne depuis le lycée – disons, depuis la fin du collège, presque vingt ans.

Je le reprends aujourd’hui, pendant une réunion houleuse, longtemps attendue.
Il est d’encre verte aujourd’hui – mais la partie la plus prolifique de son activité (lycéenne puis durant les trois années de classes préparatoires) se fit à l’encre bleue effaçable. D’ailleurs, la mine est encore incrustée (piquetée, pectinée, mouchetée) de bleu roi.

Je n’écris plus très souvent à la main – à la plume. Souvent, je corrige à la plume (d’encre rouge, verte ou noire, mais le plus souvent verte, à la surprise, parfois exprimée, des étudiants).

Le comble, c’est de passer au laminoir des mots ce stylo ; le comble, qui est à creuser ; le comble enfin débrouillé, on y voit plus clair.

vendredi, 20 janvier 2006

Ainsi parlait Sara Thoustra

 

« Dis, c’est quoi ? c’est n’importe quoi, ces textes… »

 

 

jeudi, 19 janvier 2006

Souvenirs de Salamine

Maudit soit ton nom, Salamine !

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Sitôt l’exclamation proférée, l’image qui me revient, c’est le visage hilare ou goguenard de ce camarade d’hypokhâgne (lui en HK1, moi en HK2), avec qui, au mois de mai 1992, nous échangions, d’une extrémité à l’autre de la cour du lycée Montaigne (à Bordeaux), de telles répliques en imitant l’intonation ô combien grandiloquente de la première (et dernière sûrement) version télévisée des Perses d’Eschyle, que nous avait montré notre professeur d’histoire ancienne, Mme N*.

Au cours des trois années qu’il passa, comme moi, en classes préparatoires dans ce lycée bordelais, Loïc défraya quelque peu la chronique. Il y a cinq ou six ans, ayant retrouvé ma trace via l’un de mes premiers balbutiements sur la Toile, il m’avait envoyé un courriel, et nous avions échangé quelques nouvelles, mais, n’ayant jamais été proches, et lui se trouvant au Royaume-Uni, la discussion électronique tourna court.

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Frappez-vous la poitrine !

mercredi, 18 janvier 2006

Colloque – senti – mental

– Vous n’aimez rien tant que les chiffres.

– Les nombres, les extases. Et surtout les excuses.

– Le cul, quand même, ce n’est pas rien…

– Le verbe s’est fait chair, dit-on par plagiat ou blasphème, mais c’est d’une facilité…

– Par ennui, dirais-je.

– …

– J’en reviens à ma question : vous n’aimez rien tant que les chiffres, n’est-ce pas ?

– Ah… c’était une question ?

 

mardi, 17 janvier 2006

J’ai mauvaise mine

La dessinatrice – Je vais rendre mes planches en retard.

Le mineur – Ma détresse est un puits sans fond.

Le démineur – Je ne sauterai pas de joie.

La starlette – Si mon agent me voyait dans cet état…

 

Le blogueur – Passe un corbeau, je reprends un verre.