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mercredi, 04 juin 2025

04062025

Trop de choses m’intéressent, et je m’ajoute sans cesse de nouvelles activités – ou des bricoles, comme je dis. C’est un peu dans une telle frénésie qu’est né ce blog il y aura vingt ans après-demain, surtout dans les mois suivirent et me virent tenter tant de choses en parallèle, dans cette frénésie d’écriture qui avait enfin trouvé un point d’ancrage. Et d’ailleurs, aujourd’hui, vingt ans plus tard, la volonté de marquer cet anniversaire fait partie des bricoles qui me tournent dans la tête.

 

Ce n’est pas pour parler de cela que j’avais commencé ce texte ; là encore, typique.

D’ailleurs, le texte que je voulais écrire, c’était pour dire pourquoi je m’étais arraché à la chaise longue où je m’étais installé depuis moins d’une heure, sur la terrasse, avec Featherhood de Charlie Gilmour. Ce matin, j’avais plein de choses à faire, côté travail, et je n’en ai pas fini, mais après le déjeuner j’ai regardé in extenso le quart de finale stupéfiant de la jeune Française inconnue Loïs Boisson, sans regrets (j’ai l’impression d’être très fatigué et d’avoir besoin de ce genre de coupure), puis je me suis installé dehors pour lire car je dois avancer dans Featherhood.

Et donc voici ce qui est symptomatique : je lis Featherhood car je vais servir d’interprète – première fois que je ferai cela, qui est un vrai métier et ne s’improvise pas, j’ai vraiment les foies – pour son auteur, Charlie Gilmour, lors des tables rondes de la Vegan Place, le 28 juin. En effet, Charlie Gilmour se verra remettre le Prix Maya 2025 catégorie Récits pour la traduction française de ce livre (Premières plumes en français).

 

Je pourrais me contenter de ça : lire le livre en anglais pour être capable de comprendre de quoi il retourne. Oui, mais le livre est bien écrit ; il m’intéresse. Donc me voici notant plusieurs passages dans lesquels Gilmour procède, par le langage – c’est-à-dire au moyen de métaphorisations, presque de jeux de mots –, à établir une continuité entre l’oiseau l’animal humain. Et me demandant comment c’est traduit. Mais Claire n’a plus son exemplaire de Premières plumes, de sorte que je devrai vérifier plus tard.

Et je note d’autres choses encore.

Au point de sentir le besoin irrépressible de m’échapper de la chaise longue pour raconter cela ici : après tout, j’ai trois jours de retard dans ces carnets, n’est-ce pas ?

Je m’épuise, non pas au sens fort / sérieux – mais : ma propre personne est un sujet d’épuisement, quand j’y pense.

 

Alors je pense que ce n’est pas possible que le traducteur français, Anatole Pons-Reumaux, ait réussi à conserver toutes ces images, ces jeux de langage, cette métaphorisation des humains en oiseaux, qui revient si souvent. Et d’ailleurs ça dépasse le domaine ornithologique, ça s’étend à l’oisellerie (et donc à la prédation ou à l’asservissement des oiseaux par les humains – I start to feel like I’m being hoodwinked, p. 108) et à d’autres animaux, à d’autres situations qui relèvent de la faune maritime, et là encore de la prédation, toujours en relation avec la figure du père biologique, le fuyant Heathcote Williams : when I try to fish for more details, he clams up.

Bien sûr, on peut essayer de traduire cela. I start to feel like I’m being hoodwinked > J’ai l’impression qu’il me prend pour une buse… [?] (Je précise que le hoodwink, c’est, à l’origine, le capuchon dont on se servait pour aveugler les oiseaux de proie captifs utilisés en fauconnerie.) When I try to fish for more details, he clams up. Quand j’essaie d’aller à la pêche aux informations, il se referme comme une huître. ––– On peut essayer, mais je ne suis pas sûr que je n’aurais pas moi-même opté pour des traductions démétaphorisantes moins lourdes. Je verrais ce qu’en a fait le traducteur. Or, tout de même, ici Heathcote Williams, le père démissionnaire, le père absent, c’est celui qui mettrait un capuchon d’aveuglement sur la tête de son fils pour le rendre docile ; cette image, ce n’est pas rien.

 

Bref, je m’épuise.

 

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