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mercredi, 13 mars 2024

13042024

Je ne suis jamais allé à Naples ou à Mexico City, mais, supposant

qu'il y a au moins 2 ou 3 rues à peu près calmes dans ces deux

villes, peut-on se mettre d'accord pour dire que Lyon est la ville la

plus bruyante et la plus fatigante du monde ?

 

Pour précision, cette phrase, postée sur Facebook, a valu un déferlement – à la modeste échelle de mon peu déferlant compte Facebook – de commentaires. Que les choses soient claires : c’est peut-être hyperbolique, mais à peine. À chaque fois que je me rends à Lyon, je suis rappé par la saleté et le bruit. Il n’y a pas une rue où on puisse échapper aux bagnoles. Par ailleurs, je ne trouve pas cette ville très belle ni très attachante. Les ponts sur le Rhône sont trop californiens, et les ponts sur la Saône forment un paysage d’ensemble sans charme. Lyon, c’est Paris en plus bruyant et surtout en pas beau. Change my mind.

 

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dimanche, 03 mars 2024

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Hier soir...

samedi, 12 août 2023

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Cielfie, dernière promenade à Cagnotte.

vendredi, 11 août 2023

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Chaleur de la Sainte-Claire.

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Le lagerstroemia ne fait pas ombrelle.

 

lundi, 31 juillet 2023

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D’Emmanuel Ruben j’avais beaucoup aimé, d’une part, Icecolor et Terminus Schengen, parus au Réalgar, et d’autre part Sur la route du Danube (Payot, 2019), dans lequel il raconte son périple à vélo en remontant le Danube de ses estuaires à ses sources.

 

La ligne des glaces, p. 41  20230731_162117  La ligne des glaces, p. 65

 

D’Emmanuel Ruben je viens de commencer La ligne des glaces, texte un peu antérieur (2013), et ces brefs chapitres aussi impressionnistes qu’imprégnés d’un sentiment géographique du monde me plaisent bien.

mercredi, 26 juillet 2023

26072023 - Femmes d’exception dans les Landes

Ma mère a acheté le dernier livre de (en fait, dirigé par) Philippe Soussieux, Femmes d’exception dans les Landes (éditions Kilika, 2023). Signe, un de plus, que l’entreprise de désinvisibilisation des créatrices, ou plus généralement des femmes qui ont eu un rôle majeur au moins à l’échelle régionale, se généralise.

 

L’ouvrage est imprimé avec soin, richement illustré, et les textes sont globalement de bonne facture, même si on ne comprend jamais trop bien qui sont les auteurices (11 femmes pour 5 hommes) ni à quel titre iels interviennent dans le livre. Certains chapitres sont rédigés avec une neutralité toute encyclopédique, d’autres avec un lyrisme un peu suranné (celui sur Claude Fayet par exemple), ou d’autres encore très subjectifs. On sent la touche et la patte de ce qu’on pourrait nommer l’érudition caractéristique des « historien-nes régionalistes », mais cela rend le livre très vivant, même si ça part un peu dans tous les sens. La majeure partie du livre est consacrée à des chapitres monographiques, et l’autre, plus restreinte mais presque plus intéressante, à une « encyclopédie féminine landaise » répertoriant, dans des notices beaucoup plus succinctes, un nombre plus important de « figures ».

 

Pour comprendre cette notion de « figures », justement, ce qui est intéressant, c’est la diversité des profils retenus : outre des femmes dont l’importance historique a été notée et approfondie depuis longtemps (Corisande d’Andoins ouvre le bal), le livre invite à découvrir des écrivaines (Christine de Rivoyre et Lise Deharme, bien sûr, mais aussi Henriette Jelinek, Claude Fayet, Valentine Penrose), mais aussi une martyre (Marguerite Rutan), une mystique (Marie Lataste), une conservatrice générale du patrimoine (Bernadette Suau), une peintre (Suzanne Labatut), une « grande bienfaitrice » (Eugénie Desjobert – j’ai enfin compris ce que signifiaient les initiales ED sur le grand pont de Saubusse), une voyante (Madame Fraya), une rescapée du goulag soviétique (Andrée Sentaurens), une aviatrice (Andrée Dupeyron), mais aussi deux sœurs, Cora et Marie Laparcerie, dont l’une fut une grande comédienne et directrice de théâtre, et l’autre chansonnière, journaliste et romancière. De Marie Laparcerie, sa biographe, Ginou Coumailleau, évoque la participation au journal féministe La Fronde dès 1897, mais aussi ses nombreux romans jugés « dangereux » par la presse conservatrice de l’époque, dont un roman au titre pas si transparent que cela, Isabelle et Béatrix, roman du 3e sexe. Je ne suis pas encore allé regarder/écouter la vidéo qu’Azélie Fayolle et Camille Islert viennent de consacrer à l’ouvrage collectif Ecrire à l’encre violette. Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours, mais voici une autrice (et un texte) qui pourrait bien s’y trouver.

 

Après un premier parcours – je ne peux me targuer de l’avoir véritablement lu, encore – de cet ouvrage collectif dirigé par Philippe Soussieux, infatigable défricheur et vulgarisateur du patrimoine landaise, j’ai déjà envie d’aller approfondir, en particulier avec les autrices que je ne connaissais pas du tout Valentine Penrose et Marie Laparcerie, et Claude Fayet sans doute également. Parmi les chapitres monographiques, j’ai omis celui que Janine Dupin Capes consacré à Emilie, baronne de Bouglon, qui fut le grand amour ou l’ « Ange blanc » de Barbey d’Aurévilly : en fait, et heureusement, cette propriétaire du château du Prada à Labastide-d’Armagnac mérite de figurer dans l’ouvrage par-delà son association avec Barbey, d’autant que la présence, dans un ouvrage visant à désinvisibiliser des femmes puissantes mais oubliées, de l’auteur des Bas bleus ne laisse pas de paraître quelque peu ironique, sinon contradictoire.

 

mardi, 02 mai 2023

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Journée à Angers, afin de déposer le hautbois d’O* pour la révision. J’étais déjà venu en décembre 2021 et j’avais passé la journée à préparer un cours d’agrégation sur Carpentaria au café. Aujourd’hui, j’ai corrigé des copies et traité mes mails professionnels.

 

Ma mère m’ayant fait découvrir un « nouveau » chanteur italien (du 20e siècle en fait, et mort il y a dix ans), Lucio Dalla, j’ai écouté un certain nombre de chansons sur la route du retour, avec le Bluetooth. Certaines chansons sont totalement dénuées d’intérêt, mais il y a des choses magnifiques (Come è profondo il mare par exemple).

 

dimanche, 23 avril 2023

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Réveillé tôt encore, à Cagnotte ; étrangement, le fait de me tenir davantage éloigné de l’actualité, des mille turpitudes et ignominies qui la peuplent, ne diminue pas mon angoisse. Je pensais, avant de me lever et d’allumer cet ordinateur, que je n’avais pas écrit ici depuis trois semaines, et même depuis fin mars. Or, apparemment, cela ne fait « que » dix-huit jours… Cela a beau faire dix-huit ans que je tiens ces carnets, je n’ai toujours pas compris pourquoi il est si difficile de se tenir à la règle d’un billet par jour au moins, ni comment il est si facile de laisser filer les jours sans écrire, comme si de rien n’était.

Pour ce qui est du sommeil, c’est aussi parce que mes journées sont moins chargées et que j’ai commencé à me reposer, que je me lève ainsi, aussi tôt. Malgré le début de « vacances » passé à régler la question des recrutements d’ATER et les services 2023-24, malgré aussi la fatigue du voyage à Saragosse, je me suis reposé, de fait.

 

Histoire de noter quelque chose d’un peu plus intéressant, avant de me lancer dans l’écriture de billets a posteriori pour ces 18 journées manquantes : ne parvenant toujours pas à « entrer dans » King Lopitos de Vilma Fuentes (et pourtant ça me plaît), j’ai emprunté hier à ma mère son exemplaire de Wittgenstein’s Mistress, livre primordial pour moi, avec lequel je bassine tout le monde depuis pas loin de vingt ans, mais que je n’ai jamais relu ; j’en ai lu, donc, les 30 premières pages hier soir avant de tomber de sommeil, et c’est vraiment aussi génial que dans mon souvenir. Le livre est au programme de l’agrégation pour l’année prochaine, choix qui m’a surpris (favorablement (même s’il n’y a pas de texte post-colonial)).

 

vendredi, 21 avril 2023

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Retour de Saragosse, un peu fatigant (beaucoup de circulation, lente, sur la route entre le Somport et les Landes). Le matin, nous nous sommes promenés un bon moment dans le Parque del Agua, qui a été bâti pour l’Exposition universelle de 2008 et qui présente la particularité (d’où l’adjectif « bâti ») d’être peu arboré, et très minéral. En été, ce gigantesque parc doit être étouffant, et brûlé par la sécheresse.

Col du Somport / 20230421_145748

Après le déjeuner à Jaca (où nous n’avions pas remis les pieds depuis août 2010), j’ai eu le grand bonheur de me faire arrêter par la Guardia civil, après avoir commis ce que j’ignorais être une infraction, à savoir que, dans une côte, à la vitesse maximale, je ne me suis pas rangé sur la voie de droite que j’avais crue réservée aux véhicules lents. Or, il ne s’agissait pas du tout d’une voie pour véhicules lents. Bam, cent euros dans la vue !

 

Cathédrale de Jaca (Espagne), 17 août 2010.    À savoir : sur la photo ci-contre, d’août 2010 donc, c’est un prospectus que j’ai dans la poche, puisque je n’ai pas eu de téléphone portable avant fin 2011 (c’est assez inimaginable, mais c’est la vérité). En outre, cela me fait penser qu’il faut que je me rachète des pantalons blancs.

 

jeudi, 20 avril 2023

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Aujourd’hui nous avons visité le palais de l’Aljaferia, composite, en partie recomposé, donc foutraque, le musée Pablo Gargallo (très bien, dans un palais du 17e siècle d’un charme fou) et le Museo Goya (un peu décevant). Déjeuner à l’espagnole, à 3 h de l’après-midi, dans une pizzeria toutefois, proche de la Plaza del Pilar.

 

Saragosse, 20.04.2023

lundi, 17 avril 2023

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Première journée dans les Landes, avec un réveil très matinal, deux promenades, une partie de mah-jong l’après-midi.

Commencé la lecture du Grand chasseur de Märta Tikkanen, traduit du suédois par Philippe Bouquet, et que j’ai acheté avant les vacances à la nouvelle librairie tourangelle Rosemonde (c’est une réédition en poche, chez Cambourakis – le livre avait déjà paru en 2008). Il s’agit d’un texte autobiographique duel autour d’un séjour au Groenland – exploration de la culture groenlandaise, à travers l’étrangeté de sa langue, par une écrivaine elle-même tiraillée (suédophone de Finlande). Elle raconte comment elle se trouve à intervenir en étant traduite deux fois, d’abord en danois puis en groenlandais. Apparemment, et contrairement à ce que des amis scandinaves m’avaient dit, être de langue maternelle suédoise ne permet pas de comprendre le danois sans interprète. (Ou alors c’est un artifice pour montrer que Märta Tikkanen est à la fois très attentive à tout ce qui se passe autour d’elle et doublement éloignée des Groenlandais ?)

 

mercredi, 22 février 2023

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Journée à Saint-Malo, sous la bruine et dans le brouillard, au moins le matin. Vers 10 h 30, le fameux plongeoir était dans les flots, marée haute, et on n’y voyait guère plus loin ; en début d’après-midi, lors de la promenade au phare, par ciel devenu dégagé, la ligne d’estran était facilement 200 mètres plus bas, et on voyait bien loin, jusqu’à Dinard notamment.

Saint-Malo      Nous avons observé un goéland argenté juvénile (1 an et demi, je pense, vu son plumage) s’amuser à lâcher le poisson qu’il tenait dans son bec, à chuter en piqué plus vite que le poisson afin de le récupérer plus bas. Jeu délicat, et assez dangereux si j’en crois la manière dont il a manqué s’assommer sous nos yeux.

Très bonnes galettes à la Crêperie du Marché.

 

Retour par Becherel, où nous avions passé plus de temps il y a trois ans et demi, d’une part car il faisait beau (et ce mercredi, par contre, était de frimas) et d’autre part car, après la troisième bouquinerie, nous portions, O* et moi, un gros sac dans lequel se trouvaient les Mémoires de Saint-Simon en 20 tomes, dans l’édition rouge et dénuée de valeur, mais très propre et bien éditée, de Jean de Bonnot, pas pour une bouchée de pain mais presque.

 

mardi, 21 février 2023

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Départ pour Rennes. Je continue d’éviter soigneusement l’autoroute, pour des raisons d’économie mais pas seulement. Toutefois, la route par la Mayenne ma saoule passablement aussi. On s’est arrêtés à Meslay-sur-Maine vers 11 h 30, dans l’espoir d’y trouver une boulangerie ouverte : dans une bourgade de cette taille, où se trouvent une trentaine de boutiques (plus de la moitié désaffectées, il faut bien dire), il y a plusieurs caisses de distribution automatique de baguettes, mais plus une boulangerie-pâtisserie, ou en tout cas pas dans les rues que nous avons arpentées.

 

Rennes

 

À Rennes, nous avons traîné dans la zone habituelle, en nous arrêtant dans la librairie de livres étrangers qui n’avait pas grand-chose mais où j’ai vu qu’un client avait fait commander pour lui le dernier roman de Nnedi Okorafor, et où j’ai acheté la V.O. du roman de Lauren Groff, Matrix, que C* n’a pas encore lu mais qui figure en bonne place sur sa table de chevet (traduction Carine Chichereau). À la librairie M’Enfin, j’ai acheté les tomes 2 à 5 de Death-Note mais j’ai eu la déconvenue de constater, en le lisant, que le tome 2 avait été mal imprimé : le cahier des pages 121 à 140 a été imprimé deux fois, et mal placé, et il manque les pages 61 à 80. Flemme d’écrire, réclamer et me faire rembourser auprès de l’éditeur. J’ai réussi à comprendre l’essentiel de l’intrigue malgré tout. Mais irritation, et flemme.

 

Antichambre des Enfers, ou quasi, la boutique du Stade Rennais a permis à O* de se consoler de ne pas avoir eu de place pour le match retour d’Europa League de jeudi soir en s’achetant une des écharpes.

 

dimanche, 03 janvier 2021

Par la Mayenne

C'était étrange, cet aller-retour à Rennes, notamment pour apporter un second radiateur à A*, dans son appartement de Cesson-Sévigné. Et malgré cela il nous dit ce soir que ça chauffe lentement. (Il n'est pas frileux et il sait manier autant l'euphémisme que l'hyperbole.)

Je me suis arrêté deux ou trois fois sur le chemin du retour, brièvement car je n'ai pas pris l'autoroute et je voulais aussi passer quelques heures avec O*, un peu morose entre la fin des vacances et le départ de son frère ; une autre fois, je ferai de vrais détours, pour voir, filmer etc. Aujourd'hui, j'ai surtout filmé en conduisant (mais les deux mains sur le volant, les yeux rivés sur la route) ; je verrai ce que je fais demain de ces images, pour le projet hache plus.

La campagne mayennaise est loin d'être laide, même sous la grisaille.

Je la pense injustement décriée.

 

lundi, 19 octobre 2020

Le retour de Mammouth

122164059_10219942651850543_1711267130452275329_o.jpgPour la partie de belote de ce soir, nous avons ouvert un jeu de cartes qui était encore sous son blister.

Oui, nous sommes en octobre 2020.

 

mardi, 06 octobre 2020

Artaud Kierkegaard

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"Chercher une rue Kierkegaard au Danemark, c'est un peu comme si vous cherchiez une rue Antonin Artaud dans les 35000 communes françaises, mettons." (L.M., ami FB)

 

 

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vendredi, 18 septembre 2020

Journée à Rennes

 

Après un lever très matinal (4 h 30), je n’ai pris la route qu’à 6 h 25. Par la nationale, la route est très agréable, et j’ai trouvé infiniment plus pénible le chemin du retour, par l’autoroute : de surcroît, la demi-heure que l’on gagne ne me paraît pas valoir les 20 euros de péage. C’est comme le débat actuel autour de la 5G : les gens qui n’en ont pas un besoin impératif devraient accepter de choisir systématiquement la solution la plus économique en ressources. Le problème de la 5G n’est pas le danger éventuel pour la santé des individus ; c’est la surconsommation, qui a déjà bousillé notre planète et qui menace de la précipiter plus rapidement que jamais dans le gouffre, avec le Groenland irréversiblement fondu et les incendies de Californie que l’on voit d’Europe.

 

Rennes, 18 septembre 2020   Foin de ces considérations, qui ne me quittent jamais vraiment et qui me minent, la journée d’aujourd’hui consistait plutôt en une sorte de petit break bienvenu, malgré les 500 bornes aller-retour. Outre que j’ai pu apporter pas mal de conserves à A* et faire un peu de ménage dans son studio, je suis allé visiter le Musée des Beaux-Arts, gratuit jusqu’à la fin du mois, et où j’étais entièrement seul, si l’on ne compte pas les employé-es. Seul. Rennes est tout de même une agglomération de quelque 500.000 personnes, et à part moi, même pas rennais, pas un clampin dans un tel musée… Les collections sont magnifiques, en prime : salles égyptiennes passionnantes, galeries de peinture très diverses (même si je crois que je finis par détester la peinture de genre du 17e plus encore que les paysages de seconde zone du 19e), parfaite collection de peinture flamande de la grande époque dans le cabinet de curiosités de Robien…

Dans les salles consacrées au dernier tiers du 20e siècle, plusieurs œuvres « mécaniques » se déclenchent lors de l’entrée d’un visiteur ; pour deux d’entre elles, lisses et vacantes, le cartouche indiquait qu’elles étaient « hors service ». Un bon résumé d’une partie de l’histoire de l’art contemporain : cette œuvre est hors service.

Peter Van Slingeland, Chat guettant un oiseau (une souris ?) / Musée des Beaux-Arts de Rennes Statuette de musaraigne, Bas-Empire, Egypte / Musée des Beaux-Arts de Rennes Détail d'un des 4 grands tableaux de F.-J. Casanova / Musée des Beaux-Arts de Rennes

 

 

Je me suis ensuite rendu au parc du Thabor (et à chaque fois que je viens à Rennes j’ai Rabbi Jésus de Dick Annegarn dans la tête), où je n’ai pas trop cherché l’installation de Martin Parr mais où je me suis espalasé sur une des pelouses afin d’y finir enfin ma lecture de Sur la route du Danube d’Emmanuel Ruben. Un rouge-gorge très familier m’avait collé quand j’étais sur un banc ; un écureuil, bondissant de ci de là, m’a accompagné pendant une bonne part de ma lecture.

 

Mes parents sont arrivés pour le week-end, dans l’après-midi. A* et moi sommes rentrés à Tours vers huit heures du soir ; dîner sur la terrasse, avec trois tables pour permettre une distanciation maximale ; A*, qui devait avoir aujourd’hui le résultat de son test Covid19 de mardi dernier, ne l’a pas encore.

 

3 selfies tout seul dans le Musée des Beaux-Arts de Rennes, i

samedi, 22 août 2020

Deux crapauds écrasés

L’orage de la nuit dernière, avec ses pluies, a bien rafraîchi l’atmosphère. Magnifique journée d’été. Le matin, en promenant jusqu’au Bassecq, nous avons vu, ma mère et moi, deux cadavres de crapauds écrasés, à deux endroits différents. Les averses les ont poussés à traverser coûte que coûte, pour s’accoupler ou pour pondre.

 

Les journées se suivent et se ressemblent : mah-jong, piscine, belote, saison 3 de Two and a Half Men. Ce soir, à l’apéro, c’était tarot, pour changer : mon père nous a plumés. Il a une chance qui ne se dément pas.

 

Dernière journée dans les Landes. Cet été, fort calme en fin de compte, nous ne serons pas du tout allés à la plage, en raison du Covid. Pas d’océan.

 

vendredi, 14 août 2020

Présomption

 

Saint-Cirq Lapopie, où nous n’étions pas allés depuis ce fameux été 1999. Cette fois-ci Alain Prillard exposait carrément dans le Musée Rignault. Très belle rétrospective, avec toujours les linotypes, des toiles récentes moins convaincantes et des sculptures en fer forgé très réussies. La plupart des sculptures perdraient une partie de leur charme en dehors de cet écrin de collines pentues et de pierres calcinées. La maison d’André Breton semble, non pas à l’abandon, mais enfin…

 

Musée Rignault, expos Alain Prillard ° Saint-Cirq Lapopie

 

À Domme, personne ne portait de masque dans la Grand’Rue bondée. L’hôtelier ne l’avait ni pour nous accueillir ni dans l’hôtel même ; même aberration le soir avec le patron du restaurant (alors que les serveurs étaient dûment masqués). Le soir, en promenade, nous avons discuté avec un cycliste qui cherchait le site de tournage du Tatoué (film pas vu). C’était, finalement et tout simplement, la Porte des Tours.

 

jeudi, 06 août 2020

Visite à l'aïeule

Je n’ai pas évoqué ici notre visite rendue à ma grand-mère maternelle, avant-hier mardi. Elle était très en forme, et nous a raconté plusieurs histoires, très poignantes, sur la guerre de 39-45, en particulier de ses deux camarades juives mortes dans les camps d’extermination (et qui ont leur stèle dans le parc Jean-Rameau) et des scènes infâmes lors de la Libération. Elle lit ces temps-ci Un monde de mots d’Anne Cunéo, et m’a donc appris qu’un tel livre existait, entièrement consacré à John Florio. À son grand dam, elle va renoncer à conduire.

 

jeudi, 30 juillet 2020

En trombe

Que cette route départementale est passante, avec, depuis toujours, tracteurs, mobylettes pétaradantes, bétaillères, et bagnoles roulant largement au-dessus de la limite fixée à 70, en trombe, sans tenir compte des nombreux carrefours. Entre le voisinage et le trafic qui ne s’est pas arrangé depuis quelques années, sans compter l’entretien, les heures passées à couper des branches, tondre, ramasser les feuilles, je ne regretterai pas tant que cela cette maison.

Hier soir, après le départ de mes parents, la maison plus vide que jamais, O* a eu de nouveau un gros coup de cafard. Je le comprends : j’y ai des souvenirs nombreux et complexes – 28 années même par intermittence, ce n’est pas rien. Lui ne voulait pas que C* vende, et c’est dur pour lui, même s’il comprend bien les arguments : trop coûteuse à entretenir, elle s’abîme ; nous n’y venons plus assez longtemps ni assez souvent ; nous pourrons louer 3 ou 4 semaines rien qu’avec le fric passé dans les impôts locaux. A*, qui a adoré venir ici et qui était même celui qui, un temps, parlait que nous changions de région pour venir nous installer ici, voulait y passer de nouveau quelques jours, une dernière fois, mais il y a longtemps que sa vie est ailleurs.

C*, elle, difficile de dire. Cela fait très longtemps qu’elle s’exclame en entrant dans la maison après une longue absence : « oh, ce n’est plus possible, je vais la vendre ». Mais c’est quand même la maison de son enfance, de 1978 à 1991. Quarante-deux ans qu’on ne raye pas comme ça, d’un trait de plume.

 

Il doit faire très chaud aujourd’hui. Je n’aurais pas dû dire cela à ma mère, qui aura appréhendé toute la nuit la journée suivante. D’ailleurs, c’est étrange : il doit faire 42° à l’ombre, alors qu’il faisait 30° hier (et on n’a déjà pas eu froid, à démonter des sommiers et à faire des allers-retours à la déchetterie) et qu’il doit faire de nouveau autour de 30° demain.

 

Bientôt terminé Se taire ou pas (je lis vraiment peu, et par intermittences). Ce n’est pas mal du tout. Certains des textes sont vraiment très réussis, émouvants. On sent qu’Isabelle Flaten a lu Sarraute, ou en tout cas certaines de ses explorations du langage intérieur se rapprochent beaucoup des derniers livres de Sarraute (Vous les entendez ?, Ici). Les situations suggérées invitent toujours à la réflexion, on essaie de deviner ce qui se trame, ou ce qui se cache derrière telle ou telle allusion, de sorte que le titre correspond aux situations existentielles explorées dans les textes brefs, mais aussi à la textualité elle-même ou à ce que le lecteur doit s’approprier.

 

Avant le dîner, hier : deux parties de Mölkky breton, avec O*. Je les ai gagnées toutes les deux. Les garçons ont préféré regarder quatre épisodes de Two and A Half Men (qu’A* avait déjà vues il y a très longtemps), dont le fameux ‘Go Get Mommy’s Bra’, plutôt que de reprendre Peaky Blinders à la saison 4.

 

dimanche, 26 juillet 2020

Bientôt un cluster à Garlin ?

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C'était surréaliste, cet après-midi, à Garlin : j'ai été témoin, pour la première fois depuis des mois, d'une scène d'inconscience collective. Les gradins sont semi-fermés, les gens (en dépit du marquage d'une place sur deux) à moins d'un mètre les uns des autres (vu la disposition des arènes il fallait éliminer une rangée sur deux et 2 places sur 3 sur la rangée restante)... et personne ou presque ne portait de masque. Déplacements sans masque, poignées de mains etc. La totale.

O* et moi avons gardé notre masque tout le temps, et on croise les doigts maintenant...

 

Interrogée par moi, une des responsables du comité des fêtes m'a dit que le protocole de la FFCL (Fédération Française de la Course Landaise) avait été appliqué à la lettre. J'ai ensuite appris que plusieurs membres du comité directeur de la FFCL avaient refusé de voter ce protocole et que le docteur fédéral avait démissionné pour ne pas être tenu responsable de quoi que ce soit en cas d'action juridique a posteriori. Autant dire qu'il ne faut pas beaucoup s'informer ni réfléchir pour se rendre compte que cette course landaise se déroulait dans des conditions entièrement incompatibles avec les réglementations demandées par les ARS.

 

[Edit du 28 juillet. J'ai alerté la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Réponse : nada.]

 

mercredi, 22 juillet 2020

Ascendances, vols planés

 

Devant la Maison Bédrède, Mirepoix   Commencé la journée par écrire un peu à la salle de bains, tandis que C* et O* dormaient encore. Nuit mitigée, éboueurs, claquements de portes. Dès avant le petit déjeuner, O* m’a photographié devant la Maison Bédrède, très jolie, qui se trouve sur la place centrale de Mirepoix, et dont je ne sais comment (ni si) elle est reliée à ce quart ariégeois de mon ascendance.

(J’espère que ma mère aura recommencé de lire ces carnets, au cas où j’oublierais de le lui demander…)

 

Journée par gambades : église rupestre de Vals (très surprenante, jamais vu tel édifice), grotte du Mas d’Azil (où de très importantes découvertes de 2011 ont fait remonter tout un pan aurignacien, et donc fort ancien, de l’occupation du site, mais dont nous avons trouvé la visite guidée décevante par rapport à celle de 2008), villa gallo-romaine de Montmaurin, église Saint-Sever de Rustan (pas ouverte, mais bâtiments conventuels du 18e devant lesquels se déroulait une partie de pétanque fort disputée), Morlaàs (désert), Arzacq (où enfin se restaurer).

 

Après ces quatre jours de virée, bien des occupations nous attendent, mais il va falloir quand même que je ne flanche pas et poursuive le chantier des sonnets aphones.

 

mardi, 21 juillet 2020

D'une perspicacité moyenne

 

Observation de deux Percnoptères, près du col de la Croix des Morts  (détail)   Retrouvailles pour déjeuner avec F°, pas vue depuis 2004, et sa compagne, qui se trouvent louer une maison à Bélesta cette quinzaine. Le matin, après nous être cassé le nez (et avoir failli y rompre la voiture) sur des chemins caillouteux indiqués comme routes sur notre carte (mais en fait : non), observation d’un groupe de vautours près de la Col du Croix des Morts, dont deux percnoptères : je les ai d’abord pris pour des gypaètes, car ils étaient loin, se sont éloignés très vite, et surtout car ce sont des rapaces dont je n’ai quasiment de connaissance que livresque. Les 4 ou 5 Vautours fauves observés ensuite dans un groupe de résineux étaient plus familiers, mais toujours aussi émouvants.

 

Soirée à Mirepoix, puis à baguenauder dans les monts alentour, aux confins de l’Aude. Pique-nique dans le bocage désert, entre Corbières et Sonnac, après avoir contemplé le château de Lagarde et avant d’apercevoir, au crépuscule, celui de Puivert. Tartines de bethmale face à un troupeau de vaches, sur de verts coteaux.

À retenir du matin : les gorges de la Frau ne sont accessibles qu’à pied ou en VTT.

 

lundi, 20 juillet 2020

Méandres et parois

 

Parc de la Préhistoire, Tarascon Matinée au Parc Préhistorique, avec une belle promenade et des installations permanentes très réussies, des intérieurs plus pénibles : les fac-similés sur paroi des différents sites inaccessibles, de Niaux notamment, sont très réussis, mais sinon tout passait par l’audioguide. Or, un de nos deux audioguides fonctionnait très mal, et aucun des deux n’a fonctionné pour le son des documentaires sur grand écran. Moi qui détestais déjà ces saloperies… Mais les extérieurs et les fac-similés feront oublier cela. Nous avons notamment pu voir la fameuse et énigmatique belette.

Après-midi à méandrer sur la route des corniches jusqu’à Ax, avec plusieurs églises romanes très jolies. Cette route est d’ailleurs très jolie, peu fréquentée, alors que la N20 en contrebas est immonde.

Ax-les-Thermes, station thermale en déshérence, avec son lot d’hôtels décrépits ou carrément abandonnés, ses rues de bric et de broc, d’où un caractère trempé. Trempé nos pieds, d’ailleurs, dans le bassin de la Basse, où l’eau soufrée, à forte teneur en barugine, est bouillante.

Perdu au poker.

 

dimanche, 19 juillet 2020

Ariège

 

Début d’une petite virée de quelques jours. Pas trop facile d’écrire dans ces conditions-là, notamment avec la chambre d’hôtel etc. L’Ariège, à ce qu’on en voit, est une terre assez belle, et abandonnée : l’un est-il lié à l’autre ?

 

Pas de sonnets mais grâce à Facebook j’en retrouve de vieux jamais publiés. Un vrai écureuil.

 

Jamais lu Tartarin de Tarascon, ni ses suites. Henry James l’aurait traduit, pour le fric, d’après Wikipédia.

 

Robert Pinget aurait eu 101 ans.

 

jeudi, 16 juillet 2020

Le Sacre de l'écrivain

 6 h. Réveillé par un moustique, et le mal de dos. Je crois que j’ai réussi à tuer l’insecte avant de quitter la chambre. Ici à la cuisine, j’ai compté les piqûres, rien qu’au pied gauche : quatre. Et j’ai tué trois moustiques. Ma mère s’est levée, car elle ne dormait pas non plus, puis est allée se recoucher. Le wifi fonctionne de façon capricieuse.

 

Peu lu hier. A Glastonbury Romance, seulement un chapitre (sieste l’après-midi, et je tombe de sommeil le soir à onze heures au lit).

Le Sacre de l’écrivain de Bénichou, bientôt terminé, est intéressant, mais ses deux défauts majeurs sont d’être un travail purement chronologique, de sorte que même lui s’aperçoit de la faible pertinence d’un tel modèle pour son sujet et fait sans cesse des petites allusions rétrospectives (une édition hypertextuelle serait bien pratique), et surtout de traiter uniquement du romantisme français, ce qui n’a, de fait et à l’épreuve de la lecture, que peu de sens : Bénichou réduit donc l’émergence de sensibilités voisines au prisme de convictions politiques parfois antagonistes, dans un contexte qui n’est jamais européen. Or, si les filiations que le livre établit entre l’émergence de l’apostolat scripturaire dans les années 1760-1780 et la génération des Hugo et Lamartine sont passionnantes à explorer, elles n’ont pas grand sens à se priver des liens avec les soulèvements politiques dans d’autres pays d’Europe, mais surtout des liens avec les ruptures formelles amorcées dès les années 1780 en Allemagne et dans les Îles britanniques, avec notamment la réinvention des normes et des codes de la ballade. Avant d’attaquer ces deux ‘Quarto’ achetés sur le conseil de l’ami éditeur David M*, j’étais un peu sceptique, car j’ai toujours beaucoup lu au sujet du romantisme dans une perspective comparatiste, européiste en quelque sorte, et je reste, de fait et malgré les angles nouveaux pour moi, sur ma faim. Au fond, le plus intéressant, et cela tombe bien vu que c’est le sujet central du livre, est la manière dont Bénichou décrit l’émergence d’une protofigure de l’intellectuel engagé, avec la figure laïcisée du poète ; cela explique fort bien, entre autres, la prégnance des sujets bibliques dans une perspective qui n’est justement pas celle de Milton, Klopstock ou Blake, pas réductible à l’épopée luthérienne ou au prophétisme pythique semi-délirant.

 

Hier soir, petit appel visio avec A* et les Cessonnais, puis belote (C* et moi avons gagné), puis dîner, puis 4 épisodes de Two and A Half Men (que nous faisons découvrir à O*).

 

jeudi, 02 juillet 2020

Le Jour ni l'Epte

Plutôt mauvaise nuit, courte surtout : ah, les hôtels...

Cette nuit, j'ai été réveillé, mais je ne saurais dire à quelle heure (ni C* ni O* ne l'ont entendue) par une femme qui a parlé très fort au téléphone, dans l'escalier ou sur le palier peut-être; je n'ai retenu qu'une histoire de chauffe-biberon, mais, sur le coup, avant de replonger, j'aurais pu réciter les deux ou trois phrases vociférées.

Vernon : failli vomir en tombant sur la permanence de l'immonde Claire O'Petit.

 

Giverny, jardins et maison de Monet, 2 juillet 2020   Matinée à Giverny : jardins et maison de Monet, que je me rappelais très bien, et en particulier les nombreuses salles avec les estampes japonaises, de Hiroshige, Utamaro et Kōrin, qui nous avaient déjà émerveillés, alors (1998 ? (nous étions venus là, en octobre, depuis Beauvais)). Avec le Covid19, un seul sens de circulation possible, et difficile donc de profiter vraiment du bassin aux nymphéas. Bizarrement (ou pas, d'ailleurs), c'était presque plus calme dans la maison.

Il est étrange que la rue centrale de Giverny soit devenue exclusivement piétonnière, ce qui est très bien, mais que les autorités n'aient pas trouvé un moyen de rendre pareillement inaccessible au trafic routier la route qui sépare le bassin et ses alentours de la maison avec son potager réaménagé en jardin fleuri : quand passe un camion bringuebalant, à trois mètres, il est difficile d'admirer le fameux pont si souvent peint par Monet en s'imaginant en 1893...

 

Pique-nique au Cormier, sur une très grande place gazonnée et semée de pommiers, avant de passer par la commune de Le L'Habit... je n'invente rien.

Nous avons "coupé" le chemin de retour en faisant halte à Bonneval, la "Venise beauceronne" ; je ne peux rien dire de désagréable ou de négatif, n'est-ce pas, n'étant jamais allé à Venise...

 

mercredi, 01 juillet 2020

Le Jour ni l'Eure

Aujourd'hui, nous sommes partis pour deux petites journées, même pas, avec O* seulement, afin de lui montrer Giverny, but ultime du voyage (mais ce sera pour demain). J'ai beau éviter systématiquement , autant que faire se peut et quand on baguenaude, les autoroutes, je dois reconnaître que les routes de Châteaudun à Chartres, puis de Maintenon à Evreux ont de quoi décourager. Il y a toute une partie de la Beauce, puis des abords de la Normandie, où il y a un village tous les deux kilomètres, sans compter les poids lourds, les déviations, les travaux etc.

 

Chartres, mercredi 1er juillet 2020   À onze heures, nous étions donc à Chartres : promenade dans la ville (qui compte seulement 38.000 habitants, ce qui est étonnant), et bien sûr la cathédrale. Je ne me rappelais pas du tout le belvédère derrière le chevet, mais notre seule visite remontait à 1999. Je ne me rappelais pas trop la ville, au point que je crois que nous avions eu du mal à nous garer et n'avions visité que la cathédrale.

L'après-midi nous avons visité la Maison Picassiette, qui est une curiosité, vraiment à voir. Le quartier où vivait le cantonnier Raymond Isidore ne s'est guère amélioré, sans doute, depuis les années 50 : grand jardin public boisé et à l'abandon, mais non sans charme, immeubles bas et maisons de ville-champignon, bagnoles passant a hum de caillaous sur la fameuse rue du Repos (quelle antinomie dans les termes même). Le cantonnier, qui avait probablement un grain, avait aussi un solide talent de composition pour toutes ses mosaïques, et même pour leur agencement : les salles ou cours sont très réussies ; par contre, dès qu'il s'avisait de peindre, courage, fuyons.

 

Le château de Maintenon, que j'ai dû visiter avec mes parents en 1983, au retour d'Autriche, en allant vers Chicheboville (mais peut-être que je me trompe de date), est sublime : le coup d'oeil, la structure globale du château, sa façade et sa cour intérieure ; le parc, bien sûr, avec les lambeaux majestueux de l'aqueduc et l'allée de tilleuls ; mais aussi les intérieurs, meubles et décors (ces papiers peints de style chinois !), la grande enfilade de l'étage, le balcon... Très frustrant de devoir circuler assez rapidement en raison de la réglementation liée à la pandémie de Covid19. Heureusement, dehors, malgré les averses soudaines, aucune restriction, sauf ma lombalgie qui m'a fait un mal de chien.

 

Evreux était la ville idéale pour passer la nuit sans se ruiner, et pour une visite en coup de vent tout en cherchant un restaurant : après Lisieux avec A* il y a cinq ans, il semble que j'aie le chic pour dégotter ces villes à la fois endormies et déshéritées. On tentera de se rappeler que c'est l'Iton, et non l'Eure, qui coule à Evreux.

 

samedi, 13 juin 2020

Retour à Vitré

Notre petit séjour à Vitré et à Saint-Malo, début mai 2006, correspond à une période particulièrement créatrice et particulièrement heureuse, malgré des aléas toujours.

Hier, nous avons passé quelques heures à Vitré ; je me rappelais très bien la petite cité charmante, émouvante.

 

Vitré, 13 juin 2020

 

Le musée municipal, dans le château, a été entièrement remanié. On n'y voit plus ces collections zoologiques du 19e siècle complètement délirantes, avec notamment des grenouilles empaillées représentées en train de disputer un duel au fleuret. Je me rappelle les avoir prises en photo, mais la photo est introuvable sur ma galerie Flickr.

 

Sainte-Suzanne (Mayenne)

 

Hier, nous avions fait un détour par Sainte-Suzanne, en Mayenne. Cela m'a fait du bien, je crois, de reprendre un peu la route, changer d'horizons.

 

vendredi, 21 février 2020

*2102*

Nous avons déjà bien rangé et fait le ménage dans la maison de Hagetmau.

En 2 jours : des allers-retours à la déchetterie (des centaines de livres simplement jetés, pas d'autre issue (ils étaient sales ou jaunis ou tout simplement sans intérêt)), à Landes Partage... et des dizaines de sacs et de cartons préparés en vue du déménagement...

O*** a eu un coup de blues hier soir. C'est normal : moi-même, ça me fait quelque chose de quitter bientôt, pour toujours, cette maison que je connais depuis 1992 et où j'aurai donc vécu, par phases, 28 ans. C***, elle, y a vécu toute son enfance et toute son adolescence. Mais on ne peut plus s'en occuper comme il le faudrait, et avoir trouvé un acheteur relève presque du miracle.

(On y croira quand ça sera signé, ou en tout cas, déjà, dix jours après la signature du compromis.)

 

mardi, 18 février 2020

*1802*

La journée s'est passée en diverses glandouilles.

En soirée, partie de Loups-garous en famille.

 

samedi, 29 juin 2019

En Vendée III

alerte.jpgComme nous étions prêts dès 9 h 30, et comme nous avons découvert que le musée n'ouvrait qu'à 11 heures, nous avons quitté Les Sables d'Olonne sans voir les Chaissac, gage que nous voudrons (je voudrai) revenir voir tout ceci plus en détail, et, nous enfonçant dans l'intérieur des terres, avant la partie vraiment la plus laide de la Vendée, avons pu visiter plusieurs des très nombreux mégalithes du pays, notamment les dolmens de Savatole, celui de la Cour de Breuil et celui de la Frébouchère. Au Bernard, village sans relief, dans le troquet de bric et de broc, une brave chienne faisait des tours en ramenant toujours sa vieille balle de tennis tout en sachant pertinemment qu'on n'aurait pas le droit de la lui lancer à l'intérieur. Ensuite, il y eut Fontenay-le-Comte, heureuse surprise.

vendredi, 28 juin 2019

En Vendée II

En Vendée, ce matin, on supportait sa petite laine, en tout cas (après 38 à l'ombre hier). Il faisait quasi frais, oui, à l'observatoire d'oiseaux de l'Île d'Olonne.

Au château de Talmont, cela allait mieux ; une fois qu'on est à l'intérieur, il présente beaucoup plus de parties intéressantes que ne le laisse penser l'aspect extérieur délabré ; une véritable structure se découvre, et la visite n'est pas si anecdotique que cela.

(Talmont-Saint-Hilaire, toujours : mangé une des meilleures pizzas qui soient, Italie comprise.)

Après-midi : zoo des Sables, même pas pour faire enrager A***, resté en Touraine (soirée à Beaumont-la-Ronce, of all places).

jeudi, 27 juin 2019

En Vendée I

Sables.jpg

 

 

Canicule ici aussi, aux Sables d'Olonne, mais sur la plage de Sauveterre, moins connue des touristes mais très appréciée des méduses, qui viennent s'y échouer par dizaines, il n'y avait pas foule.

La promenade côtière semble agréable.

La ville des Sables est un peu foutraque. Le front de mer y est défiguré par quelques immeubles terriblement verruqueux.

vendredi, 26 octobre 2018

Circumnavigations (Pinget)

Comme (comme si) je n'avais pas assez de quoi m'occuper, depuis que je me suis levé à 4 h du matin, avec le corrigé du concours blanc d'agrégation interne, je me suis amusé à chercher sur le SUDOC, et plus globalement ensuite sur Worldcat, quels livres de Pinget sont disponibles en anglais. Sans être allé au bout de la recherche, je pense pouvoir conclure que tout Pinget a été traduit en anglais, principalement chez Red Dust et Dalkey Archive. Beaucoup de textes semblent avoir été traduits depuis sa mort, d'ailleurs ; peut-être, toutefois, est-ce la date de publication qui est trompeuse. Dans les B.U. de France, quatre livres seulement sont disponibles, deux à la Bibliothèque de Versailles-Saint-Quentin, et deux à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet (dont j'ignorais qu'elle était associée au métacatalogue).

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas dans cette direction-là que va le projet Pinget. Peut-être dans un second temps.

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Outre lire quelques pages d'Ornithologie du promeneur vol. 3 (qui me tombe littéralement des mains à chaque tentative), j'ai pris, sur les étagères où elles sont ici consignées, quelques-unes des anthologies dites “scolaires” de textes littéraires que ma mère avait achetées pour ma sœur et moi quand nous étions au lycée. Je ne parle ici que des volumes consacrés aux œuvres du 20e siècle, mais les séries sont complètes, du Moyen-Âge au vingtième. Celle que je nomme « la Magnard » est à Tours (car c'est la seule qui a vraiment compté pour moi et m'a ouvert x horizons), mais il y a ici « le Darcos », le Lagarde & Michard et la Mitterand/Lecherbonnier de chez Nathan.

Ces anthologies sont toujours instructives ; on y piochera un texte auquel on ne songeait pas, comme tout à l'heure je me suis surpris à lire, presque admiratif, un extrait de Malicroix de Bosco ; elles permettent, pour les meilleures d'entre elles, de découvrir des rapprochements qu'on n'avait pas envisagés (mais pour lesquels il faut garder son esprit critique), ainsi de Beckett avec Cioran et Blanchot (oui, je sais, ce n'est pas ébouriffant de nouveauté, mais je n'y avais jamais songé ainsi).

Le Darcos (de très loin le meilleur à l'exclusion de « la Magnard », et dont les auteurs sont Alain Boissinot, Bernard Tartayre et Xavier Darcos, et qui fut publié en 1989 dans la collection Perspectives et confrontations chez Hachette) est le seul à proposer des équilibres qui me paraissent encore pertinents aujourd'hui au regard de l'histoire littéraire. Le Lagarde et Michard, bien sûr, se signale par sa myopie et sa ringardise. Myopie, de consacrer plus de pages au seul Sartre qu'à tout le Nouveau Roman. Ringardise, d'aller égrener des extraits de Déon, Nourissier, Cayrol, Bazin, Ikor, D'Ormesson ou Lainé quand ce même chapitre consacré au Nouveau Roman donne royalement quatre malheureux textes de Butor, Sarraute, Simon et Robbe-Grillet.

Aucune de ces anthologies ne donne de texte de Pinget. Seul le Darcos le cite, mais à titre de note de bas de page (tout comme Claude Ollier, autre écrivain des marges du Nouveau Roman et dont l'œuvre m'est chère, quoique j'en aie une connaissance beaucoup plus fragmentaire) et sans même le rapprocher de Beckett. Le Darcos, au demeurant, donne un long texte du Temps immobile de Claude Mauriac, mais sans doute est-ce sous l'effet du gaullisme mal dissimulé de l'auteur principal (Xavier Darcos n'était pas encore officiellement estampillé RPR en 1989, mais enfin Rome ne s'est pas faite en un jour).

Pas de Pinget, mais son éclatante absence y est intéressante. Le Darcos m'a permis de relire quelques extraits des textes théoriques de Robbe-Grillet et Sarraute (tout cela est à Tours) et de me faire la réflexion déjà ancienne que l'œuvre de Pinget, dont le troisième roman (Le Renard et la boussole) est l'exact contemporain des Gommes, le premier Robbe-Grillet, et du Degré zéro de l'écriture, a souffert de ne pas être explicitement théoricienne, à une époque où journalistes et lecteurs réclamaient, semble-t-il, de l'abstraction, du hors-champ, des propos critiques pour mieux s'expliquer ce que faisaient les textes.

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Les réponses théoriques et les apories expérimentales sont, pour Beckett et Pinget, à chercher dans la prose narrative. Butor, Duras, Sarraute et Robbe-Grillet ont compris qu'il fallait (ou ressenti la nécessité d') accompagner leurs textes d'un appareil critique. Pourtant, Butor dit mille fois mieux ce qu'il pratique dans les tomes du Génie du lieu que dans les papiers poussifs de son assommant Répertoire.

 

mercredi, 24 octobre 2018

Dans la pénombre voulue, pause sur Mahu

 

 

La forme en méandres que va épouser ce projet vidéo commence à se dessiner : vidéos montées et relativement travaillées pour parler d'un livre relu, et causeries à bâtons rompus dans l'intervalle. Ce que j'aime bien dans la causerie de ce soir, outre le cadrage (dont personne ne me parle jamais — or, dans la série je range mon bureau, par exemple, je prends toujours soin du cadrage), c'est justement qu'en parlant de pas grand chose on soulève des lièvres.

Une des leçons de Pinget : de pas grand chose peut sortir du très grand.

Il y a aussi que je suis à Hagetmau, dans le bureau de Hagetmau, et que, depuis qu'on a récupéré une vraie connexion efficace avec le smartphone utilisé comme borne, faire des vidéos redevient possible, avec publication immédiate.

 

[ Rimes en relu : velu, farfelu, absolu. ]

jeudi, 13 septembre 2018

13 septembre 2018

Ainsi, après avoir manqué la briser sans ménagement ou la renvoyer à l'expéditeur, ma mère s'est décidée à installer — en l'ayant adaptée à son matelas — la yourte-moustiquaire qu'elle avait achetée par correspondance début août, et dont elle dit désormais que, même avec les chaleurs qui persistent dans les Landes et malgré un été où (je peux en témoigner) nous avons été plus bouffés que jamais par ces bestioles que pipistrelles et gobemouches (trop rares) ne suffisent plus à réguler, ça lui permet de lire la lampe allumée et les portes-fenêtres ouvertes sur l'air du soir, ce qui, de tout temps, eût été inimaginable.

Il ne lui reste plus qu'à en installer sur tous les lits.

 

lundi, 30 juillet 2018

30 juillet 2018

Dormir peu, par intermittences, et craindre, levé, de réveiller ceux qui doivent dormir, dans cette bicoque solide mais laide — et surtout surchargée d'éléments de “décoration” affreux —, tout près du chemin Stevenson, après avoir fini de lire le récit de Stevenson, justement, qui se perd dans des considérations historiques passionnantes mais en racontant de moins en moins son voyage, tandis que moi, je commence une phrase à l'infinitif et je la termine en forme déclarative.

De même, je me trouve à écrire des billets dont les titres n'ont aucune originalité. Pour qui a tant réfléchi aux titres et aux formes dans l'œuvre de Dubuffet, c'est moche.

J'écris ces lignes, l'ordinateur posé sur le buffet de la cuisine.

Hier soir, j'ai bu une Riousse, bière brassée non loin, à Mazan l'Abbaye.

 

vendredi, 27 juillet 2018

27 juillet 2018

C'est la troisième fois que je viens à Albi.

Dans la chambre d'hôtel, une chaleur de serre.

Ce qui m'aura le plus marqué, cette fois-ci, ce sont les jardins de l'archevêché, et ce petit concert surpris d'un quatuor de jazz, dans une cour de briques rouges d'où l'on voyait la tour de Sainte-Cécile.

 

(Autres visites à Albi : 1981, 1999.)

dimanche, 17 décembre 2017

Souvenir diffus et précis de La Mothe Chandeniers

Même la BBC s'en fait l'écho : un collectif de 6.500 internautes vient de racheter le château de La Mothe Chandeniers, qui menaçait ruine.

Ces péripéties m'ont rappelé qu'un jour, en remontant des Landes vers la Picardie, C*** et moi nous y étions arrêtés, un peu par hasard. Je suis à peu près sûr du nom du château. Ce qui ne “colle” pas, ce sont les images aériennes et une partie des photographies actuellement en circulation. 

Le château de La Mothe Champdeniers (car, dans mon souvenir, ça s'écrivait ainsi) était déjà à moitié en ruines ; surtout, on pouvait entrer aisément et gratuitement sur le site. 

Cette rapide déambulation parmi des murs percés de meneaux mais sans toit ni loi reste un souvenir très heureux des étés, des “remontées” en Picardie.

Je sais que j'ai pris des photos, alors — alors, argentiques. Difficiles à retrouver.

Je chercherai quand même.

mardi, 21 novembre 2017

Louise Bottu

Grâce à François Bon, je découvre l'existence d'une maison d'édition installée dans les Landes, les éditions Louise Bottu.

En fait, je les connaissais de nom, mais aucunement leur catalogue.

Surtout, quand j'ai vu passer ce nom d'éditeur (et donc d'éditrice), je n'ai pas imaginé cinq secondes que les éditions Louise Bottu aient élu domicile à Mugron, au cœur de la Chalosse, à mi-chemin — ou peu s'en faut — entre la maison de mes parents et la maison de Hagetmau. À mi-chemin, sauf que pour aller de Cagnotte à Hagetmau nous passons par Pomarez et Amou, pas par Mugron. Dommage : c'est bien joli, Mugron.

Je vais de ce pas effectuer une petite commande, directement auprès de l'éditrice.

samedi, 25 mars 2017

3699, ou tout autre nombre

François Bon s'est rendu récemment dans deux villes que je connais bien, l'une pour y avoir longtemps été élève (Dax), l'autre pour y avoir vécu six ans (Beauvais). De la seconde, il a rapporté un film très émouvant. Ce film m'a donné l'idée, au détour d'un commentaire (cf infra), d'écrire, par petites touches, un texte sur Beauvais. Quoi que, dans l'idée de départ, il y ait un rapport avec cette histoire de mêmoire autour de laquelle je tourne depuis plus de dix ans, je refuse en fait de circonscrire le propos : ce sera un texte sur Beauvais. Et surtout, je vais tenter de l'écrire sans le publier au fur et à mesure dans un des blogs.

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La musique d'Arve Hendriksen est très sinueuse, prenante, défile comme le paysage. Parties de foot, cabanons, nuages lourds et blancs au-dessus des labours... Beauvais, tant de souvenirs... six ans, si peu écrit... si peu écrit dont j'aie gardé de vraies traces, surtout... (Et si j'écrivais un texte genre Trois-mille six-cent quatre-vingt-dix neuf choses que je peux dire de Beauvais ?) Me rappelle comment je prenais le train pour Paris à 5 h 07 le matin en gare de Beauvais — par une distorsion lynchienne tu eusses pu me filmer la nuit dernière. Le cinéma n'existait pas, pas à cet endroit-là, pas que je me souvienne. Donc ton film involontaire, pourquoi ne me captera-t-il pas ? La cathédrale et les galeries nationales de la Tapisserie, tant de souvenirs. “Lieux ingrats”, je ne suis pas forcément d'accord. (En fait, j'adore l'intérieur des Galeries. Énorme émotion de revoir ça dans ton film.) Blues autour du zinc, je n'y traînais pas trop ; les autres festivals, oui ; ville très dynamique ; magnifique médiathèque. Dans la partie accélérée on voit les personnes (personnages) à l'étage de la gare qui s'activent, vibrionnent, « et les mots trop pauvres qu'on [leur] impose comme un masque ».

mercredi, 15 février 2017

Le pantalon vert, scène parisienne

Paris, 6e arrondissement — 14.02.2017.

vendredi, 30 décembre 2016

Journal hagetmautien, 19-21 décembre

19 décembre 2016

20 h 10

Hagetmau. Sur la rochelle. L'ordinateur est glacé (il était au bureau). Je vais corriger des TP. J'ai corrigé aujourd'hui un des quatre paquets de QCM. Réparation du cumulus (par P.). Les enfants regardent le deuxième film Harry Potter, ce qui me laisse du temps ce soir. Pas fait de vidéo de traduction hier, ni aujourd'hui ; il faudrait pourtant que j'en fasse ici aussi, même si elles ne seront publiées que bien plus tard.

Le monde hallucinant. Quelques pages du Carnet de notes. Courrier international. — Cramé une quantité de bois impressionnante.

 

 

20 décembre

8 h 15

Levé depuis 6 h 30. Fait rare, Oméga s'est réveillé dans la nuit, à 1 h, en raison d'un cauchemar (merci Harry Potter).

Hier soir : Berlin, Ankara, Washington, Alep — les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent.

Corrigé une vingtaine de TP hier soir. Je dois en lire au moins autant aujourd'hui pour tenir le rythme et ne pas me trouver débordé début janvier, quand les autres paquets de devoirs tomberont.

 

 

21 décembre

6 h 20

Hier matin, j'ai corrigé 25 TP je crois. Ce matin, j'en suis à 5. Si je viens à bout de tous ceux dont le patronyme commence par B dans le sous-dossier des travaux rendus en dernière semaine, j'aurai fait ma part quotidienne, je pense.

 

8 h 40

De retour de la boulangerie, après quelques pages seulement du Carnet de notes composé un sonnet à partir de trois fragments différents des pages 888, 890 et 891. J'écris mes poèmes, ici, sur des fiches bristol, plus reposantes que l'écriture directe sur smartphone que je pratique habituellement dans les Landes. Dès le lever, ou presque, j'avais aussi ajouté un nouveau “quatorzain concentrique” (forme peu employée, peut-être en ai-je écrit 5 ou 6).

Idée de poème (de forme de poème ?) : les mots à la rime commenceraient tous par la même séquence de trois lettres, par exemple FAR : faraud, fardier, farfadet, farine, farlouse, farm, farniente. On pourrait soit les faire rimer de façon alterner avec des mots extérieurs à la liste (faraud/maraud ; fardier/verdier ; etc.), soit entre eux (compléter liste), soit aboutir à un poème non rimé, c'est-à-dire à un poème qui semblerait sans contrainte à la rime mais dont tous les mots finissant un vers auraient une rime inverse en far– (contrainte sans contrainte).

 

11 h 20

Après la toilette, des courses au magasin de bricolage (bonde, sacs déshumidificateurs, balai pour l'âtre), du ménage, ramené du bois pour le feu de la journée, enregistré une vidéo de traduction, la 70e je crois, un paragraphe de Stephen Jay Gould sur le clitoris péniforme des hyènes tachetées.

 

17 h 30

Je viens de ne pas publier, sur Facebook, un statut disant mon admiration pour le disque que je ramène de la médiathèque, car, avec les maigres moyens du smartphone, il n'est pas possible d'orthographier correctement le nom de Çiğdem Aslan. Le ğ n'a rien d'un banal g — il faut prendre garde à cela. Cela dit, je suis quand même barré : un vrai cingal.

 

 

jeudi, 20 octobre 2016

Vallée des singes, Romagne

Dans la Vienne, chaque année, souvent à l'automne d'ailleurs, y revenir.

La Vallée des singes, zoo atypique au charme fou, il nous faut tout de même plus d'une heure et demie pour y aller (et pour en revenir). Alpha, certes, qui a désormais quinze ans, ne nous épargnerait pas cette visite annuelle, mais nous n'avons pas trop à nous forcer.

Toujours quelque chose de neuf : hier, par exemple, l'observation des atèles à face rouge dans leur nouveau territoire, ou des varis à ceinture blanche — puis, même le groupe de mandrills joue toujours une pièce de théâtre différente. Nous avons aussi vu, lors du deuxième passage, les bonobos dehors, en quatre groupes différents (la fameuse fission-fusion)... dont un groupe de quatre au faîte des arbres, fort haut.

Notre première visite remonte au 11 juillet 2005, et je n'en avais pas parlé ici. Alpha nous disait hier à table qu'il se rappelait du nourrissage des gorilles (mémorable Yaoundé) et du territoire des saïmiris (à l'époque, il n'y en avait qu'un, il me semble). Entre 2005 et 2011, nous n'y sommes pas retournés, mais, depuis le 11 novembre 2011, c'est comme un pèlerinage — je l'ai dit, Alpha ne nous en ferait pas grâce.

Hier, il y avait beaucoup de Néerlandais, tout un car même.

En 2011, je ne saurais dire, mais nous étions restés deux jours dans le Poitou, en louant une petite maison dans un joli village dont le nom m'échappe. (Je ne retrouve même pas avec les photos ; il faudrait une archéologie informatique plus poussée.)

mercredi, 31 août 2016

Dernier août, et dernière virée estivale

31 août

 

Pour ce dernier jour du mois, et le dernier jour de vacances des enfants, nous avons pris la route buissonnière, tandis que C***, tout le jour, subissait la longue file des réunions de pré-rentrée (jusqu'à 18 h 15!).

Après une pause aux Montils, nous avons visité le château de Fougères-sur-Bièvre, où nous étions quasiment seuls à l'exception d'un couple (de Néerlandais?) et que j'avais déjà visité avec A*** en janvier 2008. Le souvenir en était flou, et même la curiosité principale, qui est d'un château-fort construit à la fin du 15e siècle, quand ça n'a plus aucun sens, et avec le donjon du côté le plus mal protégé (cette deuxième bizarrerie s'expliquant sans doute par la première : un propriétaire et maître d'œuvre assez réac pour vouloir le style ancien, mais tout en comprenant que les impératifs de défense n'étaient déjà plus qu'un souvenir). Exposition hideuse de châteaux-forts pour enfants en plastique et carton-pâte dans la grande salle de réception du premier étage. Quelques versions assez hallucinantes aussi de contes pour enfants, ainsi de ces Bottes de sept lieues avec Félix le chat (mais sans Chantal Goya, heureusement).

J'avais le souvenir d'un grand jardin derrière ; je dois confondre, car il y a seulement un beau jardin des simples et une allée herbeuse coincées entre la maigre Bièvre et la galerie à arcades. (Il faudra aussi, comme je m'en suis avisé, repartir visiter Talcy.)

Détour par Contres pour retirer de l'argent, puis pique-nique à Cellettes, près du double pont sur le Beuvron. Les garçons ont été bien délirants.

Visite du château de Beauregard, là encore déjà visité, au moins en septembre 2008 pour A*** et moi, lors d'une semblable journée de pré-rentrée, O*** alors chez sa nounou. A*** l'avait aussi visité avec sa mère quelques mois, voire une bonne année plus tôt, et il pense d'ailleurs qu'il mélange les deux visites. Ce qui est certain, c'est qu'on n'y accède plus par l'allée royale. Le parking est de l'autre côté, et on accède au château en passant par la grande pièce d'eau ou par le grand jardin français et son bois orné d'un “jardin des portraits” fort détaillé, qui reprend, avec des reproductions photographiques de qualité inégale et en les regroupant de façon plus rigoureuse et circonstanciée, une majeure partie des portraits de la célèbre galerie. Il n'empêche que, quand on arrive, une fois passées les deux ou trois premières salles – plus anecdotiques –, le charme de cette extraordinaire galerie des portraits agit pareillement. L'effet de surprise demeure, et l'ensemble de ces bois peints est vraiment à couper le souffle. Fous rires possibles en voyant certaines coiffes et certaines barbes ; garder l'âme taquine n'est pas prohibé.

Retour, toujours par la rive nord (malgré le GPS qui voudrait faire rentrer par Blois et Château-Renault (horresco referens) ou par la rive sud, tellement plus ingrate), sous un soleil de plomb, le long de berges jaune pâle à force de sécheresse, ce qui se voit bien avec la Loire, plus bancs qu'eaux vives.

Dans la soirée, discussions et commentaires divers sur l'organisation de l'année, avec l'emploi du temps de C***, qui est bon cette année, et celui d'A*** qu'elle avait réussi à récupérer, puisqu'il embauche désormais dans le même lycée qu'elle. Évidemment, il serait étonnant que les emplois du temps ne changent pas, voire en profondeur, d'ici deux semaines, donc j'ai incarné mon habituel rabat-joie en incitant le pauvre A*** à ne pas se réjouir trop tôt de son samedi matin libre.

Le soir, après pas mal de mails professionnels et un Woody Allen exécrable (il pond désormais de parfaits navets), poursuivi à peine la lecture de Histoire de Knut.

 

jeudi, 05 mai 2016

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Pas atteint à 13 h 46, non loin de l'étang du Tran, après le pique-nique, avant de voir les trois religieuses s'éloigner sur un autre chemin (plus large et plus fréquenté).

Fauvette grisette et bruant des roseaux.

En Brenne.

samedi, 16 avril 2016

De Ménars au Mali (par les ondes)

Il faudrait quatre vies condensées pour mener les différents projets, pas seulement d'écriture, mais c'est le hasard, aussi, qui trie.

Je ne sais pas trop pourquoi je commence ainsi ce billet ; la phrase d'amorce, sans doute, d'où le reste découle.

Retour arrière, c'est décidément plus difficile que de reprendre des phrases improvisées sur le motif. Toutefois, cela permet de ne pas se tromper et de citer correctement la belle façade classique du château de Ménars, vue depuis la rive sud de la Loire hier ; or, je crois que nous n'étions jamais allés à Chambord par cette levée de la Loire, la D951, étant donné que les panneaux indicateurs font plutôt passer, depuis Blois, par Huisseau. (Quelque chose ne colle pas, là-dedans : nous sommes déjà passés par Saint-Dyé.) *

Au château de Ménars, on l'apprend en visitant le château, ont résidé les parents de la future reine de France, le roi de Pologne Stanislas Leszczynski et son épouse, mais aussi — on l'apprend en consultant la Wikipédia, Madame de Pompadour, puis son frère, Abel-François Poisson de Vandières, bientôt titré marquis de Ménars.

Cette fois-ci, à Chambord, nous avons loué des vélos et nous sommes considérablement embourbés — et emboués —, à la grande joie des garçons qui faisaient exprès de foncer dans les flaques et les ornières avec leurs VTT d'emprunt. Nous n'avons, cela va sans dire, pas vu la queue du moindre animal — quelques oiseaux vus ou entendus, toutefois.

À la boutique, j'avais acheté le journal de résidence d'Arno Bertina, SebecoroChambord, que j'ai lu hier soir, et dont j'avais éventuellement projeté de traduire un ou deux paragraphes in situ, dans la forêt, pour les traductions sans filet. Comme pour la B.N.F. ou le P.Z.P., cela ne s'est pas fait. Il va falloir que je m'aguerrisse ! En revanche, c'est un très beau texte, et comme je n'avais encore jamais rien lu d'Arno Bertina, il m'a donné envie de lire le livre qu'il préparait alors et dont ce journal de résidence est aussi une sorte de chronique d'atelier. Coïncidence — ou pas : plus on cherche des accointances avec le réel et ce qui est beau, moins on peut parler de coïncidences —, il travaillait, pour ce livre (Numéro d'écrou) avec la photographe Anissa Michalon, plus particulièrement de son travail auprès des immigrés maliens de Montreuil et d'une figure, Idriss, qui s'est suicidé en prison en 2005 avant que son corps ne soit rapatrié au Mali.

Mali, photographies : le matin même, avant de partir pour Chambord, j'avais passé près d'une heure à revoir ou découvrir les différentes séries de Malick Sidibé, disparu jeudi. C'est à ce niveau que s'est imposée l'idée d'une coïncidence.

Pour en revenir à SebecoroChambord, sans prétendre en faire le tour, il s'agit d'un texte exigeant, au sens où l'auteur est exigeant avec lui-même, avec son rôle d'écrivain, avec la crainte d'étouffer la littérature sous le témoignage, la tentation d'“éditorialiser entre chaque plan” comme le reproche a pu en être fait à Costa-Gavras (p. 76). On y apprend, en filigrane, plein de choses sur le château et le domaine de Chambord (à titre d'exemple : l'explication de la signification des cordelettes entourant la plupart des F au chiffre de François Ier, pp. 83-4 (l'explication ne se trouve nulle part dans les documents de visite du château)), et on voit aussi comment Bertina, conscient de l'impasse politique d'une telle institutionnalisation de son rôle d'écrivain, affronte la question à bras-le-corps, pour clore sa préface par une formule marquante (« À Chambord, je ne me suis pas rasé, le matin, en m'imaginant roi », p. 9) ou pour affirmer la dissonance de tout projet littéraire : « Chambord est ce concert au fond des bois dans lequel je fais entendre plusieurs canards. Des fausses notes, une bizarrerie harmonique. » (p. 33).

Texte littéraire fort, ce mince journal de résidence l'est aussi par l'envie qu'il donne de lire ou de relire certains textes : plusieurs livres de Bertina lui-même (très malin dans sa manière de suggérer ce qu'est le reste de son œuvre, mais avec une véritable détermination esthétique toutefois), Dieu gît dans les détails de Marie Depussé, The Ginger Man de J.P. Donleavy (depuis quand n'ai-je pas lu une ligne de Donleavy ? pourquoi ai-je toujours tourné autour de ce Ginger Man sans m'en saisir ? a-t-il vraiment été traduit par Homme de gingembre en français ?) — revenir à Chalamov (que cite Anissa Michalon).

 

 

* Quand j'ai commencé à organiser mes photographies par albums dans Flickr, j'ai créé un album Loire Indre Vienne Etc. (LIVE), mais c'était après la création de Touraine sereine, et dans Touraine sereine, je n'ai jamais fait ça : soit ça tombe dans les Sites et lieux d'Indre-et-Loire, soit c'est Hors Touraine. C'est idiot, vu que Chambord relève plus, dans l'expérience topographique et visuelle, d'un prolongement, d'une poursuite de la Touraine. Il n'est pas trop tard, me dira-t-on, sauf que ces carnets ont depuis longtemps renoncé à leur ambition première, de chroniquer les pays aux alentours de Tours.

 

jeudi, 14 avril 2016

Ping-pong avec Montparnasse

Première chose que je vois ce matin en ouvrant Facebook

TOUS CES CRAYONS PLANTÉS SUR SA TOMBE

& je sais immédiatement de quoi il s'agit ; je vais donc regarder illico cette nouvelle vidéo de François puisque le tombeau qui lui donne son titre, celui qui est planté de crayons, c'est celui de Marguerite Duras — j'y étais mercredi de la semaine dernière, par un temps frais et crachinant.

Il y a tout, et plus encore, dans cette vidéo de François Bon : la canopée des Halles, trois extraits du dernier album de Médéric Collignon, un pianiste prêcheur à Saint-Lazare, les Grands Voisins, un plan sur le mausolée de la Société Baudelaire (“un tantinet prétentieux, non ?” écrit François — ça va au-delà de ça : c'est hallucinant (je n'avais pas vu ça (pas vu non plus le tombeau de Cortazar, pourtant il m'en avait parlé))), etc.

6 avril 2016 085.JPGLa semaine dernière, après un très agréable déjeuner aux Olympiades, nous avons donc écumé — mais pas assez — le cimetière du Montparnasse à deux-cent-cinquante bornes de ma maison, et j'ai dûment photographié cette tombe de Marguerite Duras, avec ce pot de fleurs et sa centaine de stylos et feutres ; en revanche, je n'avais pas vu qu'y était aussi enterré Yann Andréa, dont je n'avais pas su qu'il était mort (mais toute cette partie du mythe Duras m'a toujours laissé assez froid, l'avouerai-je).

François a filmé le tombeau de S.B., dont il pense qu'il n'est pas le plus visité... Et si, tout simplement, il était, vu où il se trouve, plus balayé par les vents ? Ou si les hommages qui y étaient déposés, comme le mien mercredi 6 avril, étaient si modestes, le fait de beckettiens si inadaptés à la durée, qu'ils s'envolaient tous promptement ? En tout cas, le mien n'a pas tenu ; je l'avais glissé sus le plus gros caillou que j'aie pu trouver aux environs, et ça ne pesait pas bien lourd.

J'avais écrit, au dos d'une facturette

MORE PRICKS THAN KICKS

À ne pas renier.

samedi, 09 avril 2016

Léo & Pipo dans le rétro

Ce matin, en allant récupérer la voiture à Charenton (et j'en profite pour recommander très vivement le site Néoparking, qui nous a permis de garer notre véhicule pour 7 jours tout près de notre logement parisien pour 41 euros), j'ai photographié, comme samedi dernier, un des nombreux pochoirs reproduisant une citation de Camille Claudel, et qui émaillent (recouvrent ? décorent ? (peut-on émailler un trottoir ?)) le trottoir qui mène de la porte de Charenton au métro sis sur l'avenue de Paris.

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Au retour, en voiture, sur la rue qui porte le nom de la fondatrice — ainsi que je l'ai appris cette semaine — du Planning familial*, j'ai vu (et également photographié) un mur que décorent deux œuvres de street art, toutes deux immédiatement identifiées par ma mère. La plus réussie des deux est donc l'œuvre du duo, fort connu semble-t-il, Léo & Pipo. Le smartphone ayant publié automatiquement la photographie en indiquant l'heure de la prise de vue, j'ai pu constater que j'avais raté d'une seconde la perfection : il était 9 h 09... et 10 secondes.

 

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* Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé

lundi, 04 avril 2016

Eaux

Des douches qui durent...

Dans cet immeuble, la moindre lessive, la moindre douche, la moindre cagade donne lieu, s'écoulant des étages supérieurs, à de véritables niagaras dans les canalisations. Aussi, on est heureux que la rue ne soit pas trop passante, ni bruyante, attendu que les deux chambres exiguës donnent sur la rue, et qu'il n'y a que du simple vitrage.

 

C'est aujourd'hui que j'aurais dû composer, aussi, des quatramways, entre Maryse-Bastié et Porte Dorée, puis au retour, en fin d'après-midi. Je pourrais, dérogeant à la règle d'écriture simultanée, les composer rétrospectivement.

 

J'ai appris le nom de la fondatrice du Planning familial.

dimanche, 03 avril 2016

Première couronne

L'avenue de Paris, au Kremlin-Bicêtre, est le sosie de celle de Charenton-le-Pont, la citation de Camille Claudel en moins et le supermarché portugais en plus. Chassés d'une aubette, les dealers ont désormais pris le parti d'occuper les devantures des commerces, en face.

 

On peut avoir une dent contre ce genre de textes. Vous essaierez d'écrire, vous, avec un lave-linge pour écritoire, et penché, voûté, le dos endolori.

dimanche, 28 février 2016

“avec encore des puzzles, et un géranium indifférent”

François Bon a publié aujourd'hui une vidéo, tournée en Auvergne, où il se trouve pour une quinzaine.

Dans cette vidéo, il lit le premier état d'un texte en cours sur les livres perdus ; le film, de neuf minutes, s'intitule Récrire un fichier perdu.

 

 

Comme toujours dans son vidéo-journal, il ajoute des surtitres, brèves notations expliquant ce que l'on voit à l'image, ou commentaires subjectifs. Ici, le caractère discrépant m'a particulièrement frappé. Sans doute y suis-je très attentif car la rencontre du concept de discrépance, quand j'ai dévoré les œuvres théâtrales et théoriques d'Isidore Isou, en 1995, m'a durablement marqué. 

Ce qui me frappe, c'est qu'il devient difficile — au fur et à mesure que François Bon filme les pièces du gîte, tel ou tel objet insolite, telle porte ouvrant sur le vide, et qu'il y ajoute ses lapidaires légendes — de se concentrer sur le texte qu'il lit, pourtant essai sur un sujet qui m'intéresse. L'esprit n'est pas seulement partagé, divisé entre l'image et le son, qui sont en décalage (discrépance), mais aussi entre la forme de l'essai lu (prose théorique) et les légendes, qui s'apparentent souvent à des sortes de haïkus en vers libres. Le mien, d'esprit, a fini, au premier visionnage, par n'être plus happé que par le gîte et les notations en légende.

Heureusement, on peut relancer la vidéo...

Deux autres éléments, plus personnels, peuvent expliquer ma distraction :

  • souvenirs (excellents) de notre séjour dans le Cantal, à Pâques 2014, dans le château de Jussac
  • quand je regarde les vidéos de François (toutes), je me retrouve vite à tenter la traduction simultanée des légendes... ce qui n'est pas gênant quand le vlog ne propose que les images animées et les légendes [Je vais sans doute donner prochainement un extrait d'une des vidéos de François à traduire dans la partie “improvisation” de mon cours de thème de troisième année.]

 

▓▒░░▒▓▓▒░ Plusieurs fois, depuis un an et demi j'ai tenté de faire des billets de vlog, mais, outre que je ne prends pas le temps de travailler tout ça dans WMM, ma connexion est si lente qu'une mise en ligne sur youTube prend deux plombes pour un fichier de 8 minutes. ▓▒░░▒▓▓▒░

mercredi, 24 février 2016

pays perdu oui

Hagetmau, 14.02.2016.

 

oui est un pays plaisant

au soleil de ce dimanche

le ciel découpé sous la branche

c'est la parade des ans

 

oui est un pays perdu

trouant votre coudée franche

le froid est là la neige est blanche

à nier ce qu'on a mordu

 

oui finit en oraison

c'est un pays sans saison

on ne sait pas ce qui le ronge

 

& dans vos cœurs mal embouchés

oui est fait de mots couchés

pour les poisons des oronges

jeudi, 18 février 2016

Hors tout

 11 février

6 h 55

Le vent souffle fort. Dans l'âtre crépite de temps à autre, timidement, la bûche calcinée d'hier soir. Le café passe. Sur la route, aussi camions et voitures, à toute allure.

 

9 h

Le jour a fini par se lever. Gris mêlé de bleu très clair au fond, route de Poudenx.

Je n'ai pas faire suivre assez de lecture, sans doute dupé par les quelques livres de C.G. Déjà lus et que j'ai apportés pour ajouter quelques textes aux Larcins.

Ce n'est pas grave : il y a plusieurs livres, ici, dont je ne cesse de différer la lecture.

Tout à l'heure, écrit trois textes pour Artois, à moi, assis dans le canapé, jambes allongées sur la table basse, le coussin bleu entre mes cuisses et le laptop. Cela m'est plus facile, ici, que de chercher à poursuivre 16 en 16, tâche déjà assez compliquée. En revanche, j'ai échangé, sur FB, autour de la forme de la marelle. Si je prends, ces jours-ci, quelques notes pour cette affaire de marelle, ce ne sera déjà pas mal.

 

 

14 février, 6 h 40

Levé depuis 4 h du matin, j'en ai glissé deux mots sur FB, mais pas de spectre, je suis plus fort que ça. Hier, pas écrit une ligne pour les blogs, mais, à l'aube, une retroensa pour les 71 ans de mon père.

 

 

16 février, 8 h 45

Hier matin, dans le laps d'insomnie entre la fin de nuit et l'aurore, j'ai écrit 3 sonnets et 1 rotrouenge. Ce matin, rien. Lu la presse, divers billets de blogs. Hier, rien écrit non plus dans ces carnets. Aujourd'hui, nous allons “rendre” à la médiathèque les livres empruntés, dont Barroco tropical, fini de lire hier à quasi minuit. Ce matin, Burgaudeau étant en congés pour une semaine, j'ai acheté les croissants et les chocolatines – après avoir dû me préparer à dire “chocolatines”, comme je suis aliéné – chez un autre boulanger. Il fait -1° dehors, et 2° dans le garage. Nous allons passer une partie de la journée à Pau. Grand ciel bleu écorné par le volet arraché, au premier étage du taudis d'en face, sur le carrefour.

 

 

 

17 février, 8 h 25

Le buste de Néfertiti demeurera, ainsi sans doute que cette bille tombée par terre, ou les cadres photos au mur, mais bien d'autres objets ici sont plus fragiles : les chaises de la salle à manger qui se déglinguent les unes après les autres, le petit fauteuil en mousse dans lequel O*** ne s'assoit plus depuis déjà plusieurs années mais dans lequel la chatte a décidé de faire, cette semaine-ci, ses siestes et ses nuits, les sandales défoncées que je laisse traîner dehors pour les fois où je dois faire quelques pas, jusqu'au bûcher ou jusqu'à la boîte à lettres, la chemise rouge pâle même que je porte et que je tiens de mon beau-père et que je portais déjà le 27 février 2008 à Sauveterre.

lundi, 15 février 2016

3 phrases

Le jour jette ses derniers feux.

La promenade sous le vent glacial, par Saourine, a vu rouler la discussion sur l'Islande et l'Angleterre.

Le feu, par la grâce de l'âtre gigantesque, suffit à chauffer la maison, grande pourtant.

 

mercredi, 30 décembre 2015

Méthanes

23 décembre 2015 / 7 h 15

 

Ce matin, levé plus tard que les trois matins précédents, cette fois-ci réveillé par la chatte (mais enfin, j'étais à moitié réveillé), après l'avoir menée au garage et lui avoir ouverte le portail, après avoir écrit le sonnet quotidien, j'allume exceptionnellement cet ordinateur – celui de mon fils aîné, que l'on fait suivre, pour qu'il serve plus ou que le mien serve moins, se repose à Tours – avec dans l'idée de noter deux ou trois choses.

Il fait très doux, ce Noël. On sait qu'une énorme fuite de méthane s'échappe d'un gouffre, hors de tout contrôle, en Californie, tandis que les incendies indonésiens auront été (et dont encore) une des pires catastrophes environnementales de ces dernières décennies. Tandis que tout le monde semble s'en désabuser, je suis, impuissant, de plus en plus convaincu qu'on va vraiment voir tout périr, nous, notre génération... mes premiers – exécrables – poèmes, quand j'avais douze ans, ne parlaient presque que de ça.

Il fait une douceur terrible, donc.

 

mercredi, 23 décembre 2015

Matin à Hagetmau / Trois quatrains conversationnels.

Moi, pour me faire un chignon,

Ce n'est vraiment pas de la tarte.

J'ai vu Christophe Avignon

À la boucherie Labarthe.

 

******

 

Au secret dans un classeur,

Sonnets de Jean Cassou !

Ziama est la sœur

Cadette de Sakassou.

 

*******

 

Dis, c'est quoi, ce chien

Gros comme un lemming ?

Les Hagetmautiens

Font du yarn-bombing.

 

lundi, 16 novembre 2015

“envolée des lycoperdons”

24 octobre

envolée des lycoperdons

la poussière dans le vent grise

près des sacs verts formant la frise

où s'écrivent d'autres fredons

 

en feuilles la mousse comprise

et ce qu'au brouillard nous perdons

souvenir de nos édredons

s'envole en vesse sous la brise

 

pour rien de ce qui nous concerne

(ratissages dans la luzerne)

klaxons en pouêt tûût & honk

accompagnent cette poussière

comme un pianotage de Monk

à l'embrasure carnassière

 

jeudi, 12 novembre 2015

Le slip, le buzz et les gogos

Enfin, rien de glorieux. C’est petit, il en faut beaucoup : l’homme rapporte pour les manger un sac d’oiseaux morts. Mais c’est comme insulte au monde : insulte à tout ce qui ne va pas dans le monde. Sa pelle, à ce vieux beauf, c’est sur notre tronche à nous tous un par un qu’il l’a balancée. À part que, dans le monde d’aujourd’hui, il y a toujours quelqu’un pour vous photographier au mauvais moment.

(François Bon, “homme en slip avec une pelle” —11 novembre 2015)

 

 

Quoique j'aie réagi le jour même des graves incidents qui se sont produits à Audon, dans les Landes, sur les réseaux sociaux mais aussi dans la rubrique des commentaires du quotidien Sud-Ouest, je me suis interdit de publier trop à chaud sur le sujet du braconnage et des gens qui donnent coups de pelle ou de pique comme à la parade. Bien m'en a pris, car, dès lundi, le riverain en slip a fait le bonheur des réseaux sociaux, amateurs de détournements et autres photoshoppeurs... au point, hélas, d'occulter en grande partie la gravité du problème et l'essentiel du débat.

 

Qu'on ne se méprenne pas, plusieurs des détournements m'ont bien fait rire, et j'ai trouvé assez réjouissant que soit ainsi révélée à des millions de gens l'ineptie de ces prétendus “chasseurs traditionnels”. Toutefois, la rigolade l'a, comme souvent, emporté sur la réflexion, au point que de nombreuses voix se sont maintenant élevées pour dénoncer le “parisianisme” des défenseurs de la nature, ou le “coup médiatique annuel” de Bougrain-Dubourg, en des termes qui rejoignent d'ailleurs, très souvent, le vieux fond rance de la “France d'en bas” version Sarkozy, voire l'antieuropéanisme et l'antiélitisme dont le Front National, entre autres, fait ses choux gras. Je comprends tout à fait qu'on puisse critiquer la “bien-pensance” de tel ou tel organe de presse, et par exemple d'un programme mélangeant divertissement et information comme Le Petit Journal (et qui m'exaspère plus souvent qu'il ne m'amuse).

 

Toutefois, il ne faut pas, pour être du côté de ceux qui vont à l'encontre de la “bien-pensance”, se mettre à mal penser, et j'entends par là : penser de travers, ne pas s'informer, avoir des avis tranchés sans examen préalable, se cantonner dans l'ignorance, arrêter de penser. Dans sa chanson sur les bobos, Renaud s'en tirait par une pirouette : « je fais peut-être partie du lot...» Et, de fait, s'il est souhaitable de ne pas s'interdire de critiquer la superficialité de certains modes de vie (bobos ou hipsters, si je suis à peu près la tendance actuelle) ou le caractère systématique de certains modes de pensée (la fameuse bien-pensance), il ne faut jamais s'interdire non plus de réfléchir.

 

Donc, pour en revenir à l'homme au slip, rétablissons quelques vérités. Tout d'abord, cet homme en slip n'était pas seul. L'ensemble des images (fixes et animées) montrent qu'ils étaient quatre, dont deux armés d'outils de jardinage potentiellement très dangereux. Le détourage, en supprimant, pour d'évidentes raisons techniques (le réemploi de la silhouette à la pelle dans les images retouchées), ces trois acolytes, a débouché – même inconsciemment, même pour ceux qui se sont moqués de lui ou de sa brutalité – sur l'image d'un homme seul... seul face à plusieurs militants anti-braconnage accompagnés de journalistes. Détourage qui a détourné l'attention en suscitant indirectement une image de cavalier seul. (Il n'est d'ailleurs pas impossible que, si moquée qu'elle ait été, sa demi-nudité n'ait semblablement débouché sur l'idée que cet homme seul était humble, dans le dénuement ; ne dit-on pas de quelqu'un qui a tout perdu on lui a pris jusqu'à son slip ?)

 

Ce cavalier seul est vite devenu, dans pas mal de sites d'extrême-droite (mais non strictement tels), chevalier des démunis ou de la ruralité face à la réglementation, Bruxelles, que sais-je... Après le chevalier au lion ou le chevalier à la charrette, voici le chevalier à la pelle, nouveau Bayard sans peur et sans futal. Comme pour les désormais fameux bonnets rouges, le tour de passe-passe, sémiotique autant que sémantique, viserait à faire passer pour des opprimés une petite caste de nantis refusant de se soumettre à la loi commune.

 

Interrogeons donc l'image de cet homme en slip et muni d'une pelle. Cet homme — qui (je l'écris afin de mettre fin à l'éternel argument de la violation de propriété privée) sort de chez lui, au lieu d'alerter les gendarmes, pour en découdre à coups de pelle avec un intrus pacifique entouré de journalistes — représente surtout une frange de braconniers dans l'illégalité  : les pinsons (dont plusieurs individus ont été relâchés ce matin-là par les défenseurs des oiseaux) sont une espèce protégée, et le mode de piégeage à l'appelant est prohibé depuis plus de trente ans. Même sempiternelle histoire que pour les ortolans à la fin de l'été : espèce protégée en net déclin, braconnage à plusieurs niveaux, complicité des pouvoirs publics (il n'y a qu'à lire les incartades du boss Emmanuelli sur le sujet) et, souvent, de la force publique. L'homme au slip ne représente donc pas les pauvres faisant face à l'intrusion de la France d'en haut, mais la violation, réitérée depuis des décennies, du droit commun. De surcroît, bien de ces prétendus “chasseurs” revendent les oiseaux piégés illégalement sans déclarer leurs revenus (ça va sans dire), mais tout en bénéficiant, pour leur activité principale (agriculture), de subventions abondantes. Le “chasseur traditionnel” est donc, le plus souvent, ce qu'on nomme un trafiquant. Moi qui ai vécu seize ans dans les Landes et qui y retourne très régulièrement, je peux témoigner qu'on ne compte plus le nombre de menaces de morts, de dégradations de véhicules ou d'habitations, de pressions sur les élus pour que l'État ferme les yeux sur le business, ou de pressions sur les voisins pour que perdure l'omerta lorsque des journalistes viennent poser des questions.

 

Ainsi, ce genre d'individu ne devient pas plus ou moins sympathique d'avoir fait le buzz — à l'instar de Nabilla jadis ou de Serge le lama naguère — ou d'être la cible et la risée des “bobos”. Les défenseurs des oiseaux sont contraints d'en venir à des actions plus spectaculaires, dans la mesure où presse locale et autorités ferment les yeux, font durer les procédures, enterrent les affaires... Si un dealer de cocaïne accueille en slip avec un nunchaku, dans son appartement, un militant anti-drogues accompagné de journalistes, cela ne fera rire personne.

L'analogie est biaisée, je le sais : les dealers de cocaïne ne touchent pas des aides de l'État et de l'Union Européenne.

Si j'en risque une autre, celle avec le bijoutier de Nice qui avait défrayé la chronique et suscité une page de soutien pas vraiment exempte d'arrière-pensées politiciennes, ça ne marche pas non plus : Bougrain-Dubourg et ses proches n'étaient pas des cambrioleurs, et vendre des bijoux est autorisé en France.

 

Donc, pas d'analogie. Il faut penser ce dossier, cette histoire, dans toute sa vérité particulière, et on verra que, même si les braconniers sont défendus (comme il est normal, dans une démocratie, que tout le monde le soit), leur “combat” est — du point de vue de l'intérêt général, des libertés individuelles et de la morale — tout à fait indéfendable.

C'est sans doute une posture commode et d'être hostile à la bien-pensance et aux médias, encore faut-il ne pas tomber dans l'excès inverse et donner systématiquement raison aux hors-la-loi et aux poujadistes. Par ailleurs, ceux qui n'arrêtent pas de de dire que “Bougrain-Dubourg va faire un coup de pub une fois l'an et n'agit pas sur le reste du dossier” sont des ignares ou des manipulateurs. La L.P.O. agit pour toute la biodiversité, toute l'année, non seulement contre les braconniers qui zigouillent des centaines de milliers d'oiseaux protégés mais aussi contre les pesticides, l'urbanisme, la bitumisation et les projets pharaoniques aussi coûteux qu'inutiles (N.-D. des Landes, LGV...).

On le comprendra, j'en ai un peu assez de tous les ignares qui, découvrant une affaire à la faveur d'un buzz, prétendent, sans plus de renseignements, défendre la “France d'en bas” et faire d'un braconnier en slip la Liberté guidant le peuple des temps post-modernes, alors que cette clique est indéfendable.

 

mercredi, 04 novembre 2015

Insectes.

Il y a trois ans, presque à l'heure près, j'apprenais — à Arzacq, of all places — la mort de mon grand-père maternel.

Je pourrais raconter des quantités d'anecdotes à son sujet, mais, pour poser aujourd'hui une pierre à sa mémoire, je rappellerai seulement qu'il m'apprit un jour, en me montrant un perce-oreilles vivant dans sa main, le mot forficule, et qu'un autre jour, il m'apprit que chiure de mouche était un pléonasme, étant donné qu'une chiure désigne spécifiquement un excrément de mouche.

 

mercredi, 30 septembre 2015

“ombre grise de l'accenteur”

Hagetmau, 4 août 2015.

 

ombre grise de l'accenteur

furtive derrière des ronces

un chevreuil au poker menteur

jappe 43 semonces

 

toujours courir avec lenteur

où dans la chaleur on s'engonce

l'ombre s'éclaire l'ombre fonce

feu follet des pois de senteur

 

les ronces grifferont le deuil

dans la peau comme à un chevreuil

le faux moineau offre une esquisse

 

humble discrète sur le seuil

l'ombre s'attarde l'ombre glisse

sur la page bon pied bon œil

 

dimanche, 03 mai 2015

Ou / où

Beclers.

Je suis en train de lire — en vitesse, franchement — le bref roman de Jacques Gélat, Le traducteur. C'est une véritable déception : le récit n'a rien de surprenant, l'écriture est conventionnelle, le narrateur un cliché de parisianiste sans épaisseur. Tout cela n'a pas beaucoup d'importance, mais deux choses méritent d'être notées ici :

* Comment un écrivain français doté de quelques prétentions intellectuelles peut-il choisir d'enfiler autant de poncifs sur les “dictateurs africains” en 2006 ?

* Même pour un texte aussi bref, il semble que les éditions José Corti aient renoncé à s'associer les services d'un relecteur, ou aient fait ce travail par-dessous la jambe. À deux pages d'intervalle, j'ai trouvé deux fautes, toutes deux graves, la plus ennuyeuse étant la seconde car j'ai failli ne rien comprendre au passage en question :

— « une indignité que je n'aurais pas soupçonné alors » (p. 85)

— « Malheureusement, l'oubli ne se décrète pas. Seul le temps où d'heureux événements jouent en sa faveur. » (p. 86)

Ayant lu ce comme un , j'ai relu plusieurs fois, songeant qu'il manquait la principale.

jeudi, 19 mars 2015

Bribes d'un voyage

9 h 05. afrique du sud.jpg

 

 

 

 

9 h 40.

On a corpopétrucien le froid qui nous tanne 

Et mégaglagla le cureton en soutane.

 

18 h 36. guillevic.jpg

 

 

 

 

19 h. Le type qui lit Rabhi derrière moi est une caricature de geek branchouille sursapé.

vendredi, 06 mars 2015

Le cul de Judas

Comme, me semble-t-il, le dernier livre de Lobo Antunes encore inédit en français vient d'être publié et comme Lobo Antunes a dit qu'il n'écrirait plus, il me reste tous les premiers à lire, une bonne dizaine qui ne sont, pour moi, à ce jour, que des titres.

À la librairie Campus, j'ai donc acheté – avec Au bord des fleuves qui vont – ce fameux Cul de Judas, dans la collection de poche des éditions Métailié, et je suis en train d'en achever la lecture. Ce qui frappe le plus, bien sûr, c'est le caractère encore très lisible, très normatif, des chapitres ; pour résumer, on pourrait dire que Lobo Antunes faisait encore des phrases, structurait paragraphes et chapitres d'une manière, sinon conventionnelle, du moins beaucoup moins chorale qu'ultérieurement. Mais ce qui a le plus changé, dans l'esthétique de Lobo Antunes, c'est l'accumulation de références explicites, à des poètes, des poèmes, des tableaux, des peintres, des écrivains, des scènes mythologiques. La relation entre le narrateur et sa narrataire est également plus explicite, de même que la critique politique et historique.

On n'a pas l'impression, pourtant, de lire une esquisse, ou un croquis préparatoire. C'est quasiment un autre art, une autre langue, un autre regard – pour des obsessions déjà semblables. Peut-être est-ce un texte très largement autobiographique ; peu importe, en un sens : c'est un texte autobiographique du Portugal, d'une génération portugaise, comme tous les grands romans d'Antonio Lobo Antunes où semble s'entendre, de façon chorale, toute une génération irradiée d'une voix pourtant si singulière.

 

Un des motifs (mots, si l'on suppose que la traduction est scrupuleuse) les plus inattendus est celui de l'orbite, des orbites.

lundi, 02 mars 2015

Domme ou l'Occultation

Au cul de mon bol breton, à Saintes, le bol à mon prénom et que je retrouve car mes parents ont commencé à récupérer des bricoles dans la maison, mise en vente, de mes grands-parents, au cul donc, disais-je, “Domme” est inscrit. Or, je pense que la première fois que j'ai lu, en en gardant un souvenir, le nom de Domme, c'était dans l'appartement de Claire, à Talence, parmi les milliers de livres de ses hôtes, avant qu'en 1995 nous ne visitassions Domme avec Cyril – nous y sommes retournés avec les enfants au printemps 2011, et de nouveau en avril 2012. Ainsi, ce nom était inscrit au cul d'un objet que j'utilisais enfant à chaque séjour chez mes grands-parents paternels, et je n'en savais rien ; un bol breton périgourdin, aussi, quel sens cela a-t-il ?

vendredi, 02 janvier 2015

Des insanités

En miroir, du 29.12 au 02.01.

 

Hier encore trois allers retours à la déchetterie : sacs de feuilles sacs de feuilles.

Aujourd'hui normalement je m'attaque aux huit petits saules penchés à 40° depuis tempête (de 2010 ?).
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Paper. Diapason. Graisse des ténèbres.
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Le verre cathédrale mange sa propre lumière, tiens ça y est pas pu m'empêcher d'écrire des insanités.

 

L'enclos, avec ses chèvres ses oies ses tas de ferraille ses restes de vieux pneus ses poules ses chats ses gamins en quad —— là où avant (pas jadis ni autrefois : avant) se trouvait un petit bois si joli, si mystérieux, si tendre au regard (et à la mémoire).

La crevaison → juste à temps chez Morès, à regarder le jeune type clopant, juché précairement sur une palette à trois mètres au-dessus du sol, à dévisser les lettres rouillées.

vendredi, 14 novembre 2014

Neuf distiques ribéryens : un tigre en pleine Beauce

Golri-je très beaucoup comme qu'à Montévrain

On mettut un tigre dans le moteur du train.

 

Comprendu-je ne pas s'appelont Chanteloup

Si que s'il y ont un tigre en fait et pas un loup.

 

Affolé-ce beaucoup comme à Marne-et-Gondoire

Tout ça parce on a visu d'un tigre mâchoire.

 

On a dur de pique un sprint à Serris ou Lesches

Sauf que d'avoir un gros tigre à la con au derches.

 

Hugo m'est dit à moi ç'a de Proust bien Guermantes

Même si j'a mordu la mâchoire écumantes.

 

Capté-je trop pas bien que mes vers on dénigre

Si qu'est-ce que j'écrivus des distiques de tigre.

 

On a glouglou Melun se calquer au picrate

Si qu'en sortant du bar voit le tigre et l'Euphrate.

 

Pas avec du Bouillon qu'on l'attraperont, bigre,

S'il a télévisé la brigade du tigre.

 

Comprendu-je ne pas pourquoi est-ce qu'en Beauce

Un tigre a échappé, bien s'il n'ont pas de bosse.

 

 

dimanche, 09 novembre 2014

Juillet 2012

Même le dictateur, on le traitait de bouffeur de prunes.

Ponçage, lasure... et toujours tronçonneuse. Vive les vacances.

pas de piscine pas

de pieds manucurés juste

un vent d'enfer & du

bûcheronnage

Maison sans télé ni internet.

Donc toute la journée : tondeuse - sécateurs - tronçonneuse. Gentleman farming mes nèfles.

 

J'hésitais, pour égayer mon été, entre attraper un coup de soleil à Etretat et emballer une méduse à Saint-Jean Cap-Ferrat.

vendredi, 07 novembre 2014

Dans le Mâconnais

25 août

Dimanche aux oublis

Dimanche aux ombres 

Corps gaufré papier pelure 

Dimanche à plier des mémoires

À peupler les nuages

Dimanche dérisoire

 

30 août

Les gens de ce côté de la rue doivent préférer ces jours de pluie, on n' entend quasiment plus l'autoroute. Mais pluie oblige la lessive étendue hier soir n'a pas séché, tu useras du grille-pain dit l'un des commandements d'ici. Péage sonore pour tout un chacun.

samedi, 01 novembre 2014

Rond-point de la Chaise. Lundi 27 octobre 2014.

J'ai donc fini par me lancer et par proposer un pâle hommage au très beau projet de François Bon, Tours en 80 ronds-points / la littérature se crie dans les ronds-points.

Bien sûr, mon hommage reste cela, donc pas un strict décalque, notamment parce que je n'ai pas le quart du talent de François Bon, et pas le dixième de son énergie.Très entre autres, je ne proposerai pas la plupart de ce qu'il fait, lui, dans son dispositif : pas filmé la circulation depuis le rond-point, pas inhumé de livre, etc.

Cela faisait quelque temps que me trottait dans la tête l'idée d'un petit tournage sur le rond-point de Chalosse, à Hagetmau, ainsi dénommé bien qu'il soit désormais connu sous son autre nom, rond-point de la Chaise. Prenant cette chaise géante comme point d'ancrage, j'avais d'abord songé à lire un extrait de Gargantua, ou, différemment, à lire un extrait d'un des plus grands formats ici présents (Géographie de Reclus, Vie de Saint Louis, ou certains Dumas dans le format relié sous pleine peau qui nous viennent d'on ne sait où).

À ce stade, une précision : la maison de Hagetmau est une demeure de vacances, où nous n'avons ni téléphone ni télévision ni connexion Internet. Nous n'y avons qu'un assemblage hétéroclite de livres, pas mal de laissés-pour-compte, des délaissés, des entassés, odds and ends – de sorte que je n'ai pas, très entre autres, la moindre ligne de Rabelais. Je me suis dit qu'au fond cela faisait partie des contraintes et ai jeté mon dévolu sur un Sarraute resté ici parce que le Pléiade étant à Tours, celui-ci faisait doublon. Et surtout parce que, en fin de compte, me filmer à Hagetmau en train de lire un texte – quel qu'il soit – à haute voix revient à célébrer ce hic et nunc ; constatez-le par vous-mêmes, combien de fois déjà ai-je, ici même, écrit « ici » ?

Donc Ici s'imposait.

 

Quelques mots sur le rond-point.

Il n'est orné de cette gigantesque chaise que depuis huit ou neuf ans. L'objectif était de célébrer l'activité industrielle qui symbolise la cité de Hagetmau, et qui a employé jusqu'à 1.400 personnes ; ironie, la quasi totalité des usines ont mis depuis la clé sous la porte, faisant même de cette commune d'à peine cinq mille habitants la commune la plus sinistrée de l'ère Sarkozy-Fillon, et celle avec la plus forte augmentation du taux de chômage. À en croire la quantité de maisons à vendre, entre autres signes, la sinistrose n'a pas dit son dernier mot.

L'extrait que j'ai choisi de lire n'est pas seulement un de mes textes préférés de ce volume écrit par Sarraute à presque cent ans (et je songe à ma grand-mère paternelle, qui aura 100 ans, justement, dans douze jours), mais aussi parce que le nom d'Arcimboldo offre ce subtil mélange entre la nature (agricole, fruitière) censée caractériser la Chalosse et la τέχνη, l'œuvre humaine, dont on voit, sur la série de photographies prises autour du (et depuis le) rond-point, qu'elle est ici (et en fait, partout dans les Landes, une des régions de France les plus salopées par le foisonnement des hangars et des panonceaux les plus dégueulasses) omniprésente. On le voit nettement. Ce que j'ai choisi de montrer, aussi, c'est que les déchets vont par deux, qu'il s'agisse de bananes ou de canettes de bière : là encore, nature et τέχνη — je n'ai rien manigancé.

Tandis que, à peine parvenu sur le rond-point lui-même, je posais au sol, près d'un des tapis de galets, la chaise en plastique rouge dont je comptais me servir pour poser l'appareil photographique (on ne fait pas plus amateur que moi), un type, la soixantaine, qui passait sur le rond-point, vitre baissée, m'a lancé ce qui me semble être la quintessence de l'humour gascon : « Eh, faut garder la chaise rouge, là, hein, l'autre elle vaut rien ! » — J'étais parti pour assumer ma lecture à la face du monde (!), ἕξις plutôt qu'ὕϐρις.

Toussaint 2014.3 599.JPG.

...

Ensuite, pendant les presque six minutes de lecture filmée, j'ai constaté qu'il y avait facilement trente poids lourds (ce qui pourrait faire une moyenne de 300 par heure, pas mal pour de prétendues « zones rurales ») mais n'ai pas remarqué qu'on me hélât ou tentât de me déconcentrer. Les champignons, en revanche, sur le tronc près duquel j'avais garé ma voiture, proposèrent un point final provisoire à cet échange entre le siège géant et l'arcimboldo miniature.

 

 

(En bonus : les 33 photographies en tous formats sur ma galerie Flickr.)

 

 Ajout du 3 novembre : mon père au pied de la Chaise, l'été dernier, et saisi par ma mère en train de la photographier (la Chaise, pas ma mère (aaaaaaargh)).

Uzis

donc à Uzès

un pataquès

 

à Uzel

visage rimmel

comme à Uzeste

juste un zeste

 

de soir serein

à Uzein

 

mais ton air faux-derche

à Uzerche

ou à Uzer

devait m'user

 

sans lendemain

pour Uzemain

.

mardi, 31 décembre 2013

Le Prétexte Sylvestre

Le camion d'éboueurs vert remonte lentement, dans l'obscurité, le bras gauche du V qui me fait face, un peu moins de dix minutes après qu'une ambulance l'eut descendu, s'arrêtant au feu rouge, ouf, rien d'urgent. Des bus quasi vides se croisent à ce même endroit. L'autre rue, qui forme même, en se prolongeant par-delà le boulevard, à ma gauche, la branche d'un X, connaît beaucoup moins de trafic.

Entre la cabine téléphonique (double) et le conteneur vert pour le recyclage du verre, deux clochards se rabibochent.

Des gens passent, sous des parapluies.

Personne n'entre dans la brasserie, ni n'en sort.

Du bus est descendu, tout près des deux clochards, un très grand jeune homme qui portait un chapeau un peu archaïque, vert bouteille m'a-t-il semblé.

Chacun des deux clochards va son chemin.

Bien que ce soit le 31 décembre, une lumière s'est allumée, à huit heures précises, au premier étage du lycée trapézoïdal.

Un bus accordéon passe, précédé d'un autre, qui arbore une publicité idiote -- LES HITS TRES HOTTE. Les lampadaires éclairent aussi cette jeune fille pressée, et chargée, en imperméable, avec son sac à dos jaune clair et son gros carton blanc, qu'elle porte à l'aide d'une poignée, de la main droite. On ne voit plus les clochards, et, devant le kebab fermé, il n'y a plus de baston.

Incroyable, le nombre de fourgonnettes (ambulancières ou non) qui descendent le bras gauche du V ; presque toutes doivent attendre au feu rouge avant de poursuivre leur chemin. (Les bus, non ; certains passent directement.)

Au-dessus de la brasserie, au premier étage, une lumière s'est allumée derrière les rideaux de voile. On devine une présence, une figure, quelqu'un qui va de pièce en pièce, à pas pressés -- réveil tardif ? recherche frénétique d'une paire de chaussettes introuvable ? danse originale au rythme d'une musique commerciale ?

Dans la brasserie au nom idiot, des clients commencent à occuper les places près des vitres. L'autre brasserie, que je ne vois pas (je serais obligé de me lever toutes les trente secondes), sert de prétexte à cette page. Un bus passe, un autre camion d'éboueurs.

dimanche, 19 mai 2013

Un kavalier kaki

Aéroport de Copenhague, terminal 2, 19 mai 2012 Un cavalier dans un aéroport attend que les ailes d'un oiseau au gracile fuselage lui ouvrent la voie. Un an de plus pour l'animal dont l'âme outrepasse tout zénith !

Aboo Din lashed them mercilessly and drove them into the jungle, where he followed on his hands and knees. ——— Toutefois, nous fûmes à Copenhague, à passer la nuit, trois fois déjà, notez-le bien.

Le fjord n'est même pas verdâtre, Guillevic écrit cromlech——— Sous la belle lumière dorée de cinq heures du soir, nous quittons le village enchanté, pour nous acheminer vers les montagnes du fond, en traversant le plateau paisible et pastoral que l'on dirait fermé de toutes parts.


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Taa jääpi niemi kuusimetsineen
ja käki toraisine rouvineen.
(Aaro Hellaakoski)
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vendredi, 10 mai 2013

Retour de La Rochelle

Je me gave de café, et la mi-mai s'annonce morne : ce matin, vent et fraîcheur — au point que le chauffage prolonge, depuis une bonne heure, son agaçant ronronnement. Les prévisions vont dans ce sens : au mieux, soleil couvert ; au pire, averses par intermittences (giboulées, je suppose, comme hier sur la route).

Nous sommes rentrés hier après-midi d'une visite express à La Rochelle ; le lycée de C. n'étant pas fermé aujourd'hui et demain, il n'y a pas eu, comme dans les autres établissements scolaires (pour lesquels, d'ailleurs, ces jours chômés sont totalement injustifiés), de viaduc. Nous avons montré aux garçons la vieille ville, ses rues à arcades, le port avec les quatre tours — nous avons même pu visiter la tour de la Lanterne (dite aussi des Quatre Sergents (j'ignorais totalement cet épisode de la Restauration)), qui les a fortement impressionnés. On ne peut que regretter que la sottise de précédents visiteurs contraigne les Monuments nationaux à ne permettre de voir les graffiti les plus anciens ou les plus beaux que sous des plaques de plexiglas.

 

Hier matin, nous avons sacrifié au pélerinage inévitable de l'Aquarium (que nos hôtes, H. et J., rochelais absolus, n'ont jamais visité depuis sa migration et son agrandissement), et Alpha le zoomane a dû admettre, après la visite, que c'était tout à fait décevant, surtout par rapport à tout le schbrountz fait autour de cette institution. Comme lui, je maintiens que l'Océarium du Croisic, et même l'Aquarium de Biarritz, sont supérieurs ; je n'ai pas de souvenirs assez précis de Brest. C., elle, milite pour Boulogne, mais elle est la seule de nous quatre à s'y être rendue.

Pourquoi l'Aquarium de La Rochelle est-il décevant ? tout d'abord, il est gavé de peuple. Je n'ai jamais rien visité dans une telle cohue (même l'exposition Daumier du Grand Palais, de sinistre mémoire), qui nous a contraints à ne même pas tenter de voir certains aquariums. C'est sans doute pour cette raison que nous n'avons pas vu de poulpes. Certes, c'était le jeudi de l'Ascension, mais il paraît qu'il en est ainsi tous les jours fériés. Or, ce devait être pire plus tard dans la journée : alors que nous sommes arrivés presque à l'ouverture et qu'il n'y avait pas d'attente aux guichets, nous avons vu, en sortant, à midi, que la file s'étendait sur plus de cinquante mètres. Quitte à décevoir de nombreuses familles, ou à leur donner une réservation pour un créneau ultérieur, l'administration de l'Aquarium devrait établir un numerus clausus et refuser du monde, littéralement. Dans les conditions d'hier, le lieu tenait plus de l'hypermarché un samedi après-midi que de l'“attraction”.

Par ailleurs, les indications portées sur les cartouches, parfois instructives, sont totalement lacunaires ; ainsi, c'est la première fois que je vois, dans un aquarium aussi réputé, des fiches signalétiques qui ne donnent pas, à côté du nom des différents poissons d'un aquarium donné, leur taille. Or, pour le parfait béotien, quand il y a plusieurs espèces qui se ressemblent, ou qui font partie de la même famille, les indications de taille sont très précieuses pour l'identification. On sait que, dans les aquariums comme dans les zoos, les trois-quarts des visiteurs n'apprennent rien, et ne cherchent pas à comprendre quoi que ce soit, ni même, dans beaucoup de cas, à identifier les différentes espèces. (Alpha en avait fait l'expérience il y a quelques années, en s'étonnant puis se scandalisant qu'un adulte passe devant la cage de gibbons, devant laquelle figurait un panonceau donnant tous les détails utiles sur cette espèce particulière de gibbon, en disant à ses enfants « ah vous avez vu les chimpanzés ? » avant d'aller voir plus loin. Je pense qu'Alpha a compris ce jour qu'adulte n'était pas synonyme d'infaillible, et encore moins de cultivé ou de curieux.) On sait donc cela, mais de là à ce que l'administration d'un aquarium aussi réputé (ou, en tout cas, aussi médiatisé (ce qui est sans doute différent)) baisse les bras, il y a un pas.

Malgré tout, nous avons pu admirer quelques aquariums à peu près tranquillement et avons appris quelques faits zoologiques essentiels :

  • la coquille saint-jacques a soixante yeux
  • la raie brune est hermaphrodite (femelle jusqu'à l'âge de huit ans, mâle après)
  • il y a plus de mille espèces de méduses

Je dois, par ailleurs, faire des recherches sur un très joli poisson asiatique, l'apogon de Kaudern, que j'ai longuement observé, et dont il me semble que les différents points et taches peuvent jouer un rôle d'inter-identification assez similaire à celui des rayures chez le zèbre ou des taches chez la girafe.

 

Sinon, nous avons profité de retrouvailles brèves mais chaleureuses avec H. et J., dans leur maison d'Aytré, aux nombreuses mosaïques, toutes de la main de H., et beaucoup (en dépit de mes a priori) très réussies. Certaines sont vraiment très belles. — Nous sommes revenus avec près de trente livres, une dizaine achetée à la librairie Calligrammes (où travaille J.) ou, pour les enfants, à sa voisine Callimages, et les autres donnés par J. ou piochés dans ses cartons de livres qu'il n'a pas la place de garder chez lui.

(Pendant la nuit courte, j'ai pensé à la façon d'intégrer la rue du Minage à mon Livre des mines, et comment tenter de clore ce texte, justement, pour qu'il ne soit pas trop foutraque.)

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lundi, 06 mai 2013

Bribes des vacances landaises

17 avril 2013, 9 h 50.

[MAUX]

Un grand classique désormais, ce début de vacances entamé par les maladies.

Lors des vacances de Pâques de 2012, nous avions dû “descendre” directement de Tours en Périgord, car Oméga avait eu une mauvaise otite qui ne nous avait pas permis d'aller d'abord passer quelques jours dans les Landes. En février, je suis rentré d'Afrique du Sud pour trouver femme et enfants en pleine grippe (ou virus équivalent et aussi pernicieux), d'où un départ pour les terres landaises différé de presque une semaine ; le samedi, j'avais piloté la petite équipe jusqu'à Hagetmau avant d'y être cloué au lit pendant trois bonnes journées par une méchante bronchite (le docteur croyait fermement que je fumais). Comme il avait fait un assez sale temps, de surcroît, on n'avait rien pu faire.

Cette fois-ci, c'est du côté du bide. Oméga (écolier modèle) a eu une forte gastroentérite le soir même des vacances, épisode suffisamment bref pour nous permettre de prendre la route dimanche (détour bref par Barbezieux, ville morte, et par Moustey, dans les bois de pins près d'un dromadaire et d'un yak encordés à un muret). C. est tombée violemment malade le soir même du dimanche, et se remet depuis hier, relayée désormais par Alpha, qui semble avoir suivi le même chemin qu'elle : violents et fréquents vomissements pendant six heures, suivis d'une période de douleurs et fièvre qui ne devrait durer qu'un peu plus de 24 heures, s'il en est comme pour sa mère. Pour ma part, après plusieurs nuits très inégalement reposantes, je ne lutte pas trop mal. J'ai pu profiter du grand beau temps, notamment en jouant pas mal avec Oméga - passé pas mal de temps aussi à ranger, faire vaisselles et lessives, tondu - également “du côté Ménaoupède”. Le plus coriace, avec la tondeuse, c'est le coin proche du saule, qui désormais a tout du sous-bois embroussaillé, où règnent promptement les ronciers.

Plusieurs heures sont parties en tennis, parties de Mikado et de Puissance 4, lectures pour Oméga, et aussi découverte du Binero, dont Oméga s'est acheté un cahier lundi après-midi, et dont il a déjà fait une dizaine de grilles de niveau 1, toujours un peu (mais de moins en moins) avec mon aide.

 

[HORS LIGNE]

Je me décide à ouvrir un fichier .txt pour ces carnets, car j'ai replongé dans cette fâcheuse tendance (déjà observée en février, mais qui est une dérive ridicule) à utiliser Facebook (en mode restreint) comme carnet de bord, ce qui a eu pour conséquence immédiate (j'avais écrit « but » : je fais partie des cancres indécrottables qui doivent se gouverner pour ne pas confondre but et conséquence) de voir une restriction de mon accès Internet via le smartphone, alors que le forfait va du 8 au 8 courant, je crois. Ce n'est pas que j'aie abusé : j'ai dû utiliser Internet 20 ou 25 minutes par jour au lieu de 5 ou 10 habituellement, mais mon forfait n'est pas adapté : quand j'ai fini par me résoudre à prendre un téléphone mobile, en décembre 2011 (je n'en avais jamais eu), j'ai choisi une offre minimale, sachant que je ne téléphone guère et ne devais pas trop recourir à Internet. Evidemment, comme il n'y a, chez aucun opérateur, d'offre vraiment personnalisée, je me retrouve avec 2 heures de communication par mois dont je n'ai que faire (et qui sont inutilement reportées sur le mois suivant avant de disparaître (ce qui signifie que je paie pour un service que je n'utilise pas — depuis l'arrivée des téléphones portables, téléphonie rime avec escroquerie)) et 250 mégaoctets de connexion Internet en haut débit, si je ne m'abuse. Peu importe, c'est très peu. Quelques dizaines de mails, de photographies déposées directement sur Flickr, quelques statuts FB, et en une quinzaine mon opérateur me transfère en débit restreint.

Tout cela n'est pas très intéressant, j'en ai conscience, si ce n'est à voir X ou Y me dire que je n'y suis pas du tout, que si je prenais un abonnement Machintruc chez Trucmachin je bénéficierais de ceci et de cela, et surtout si ce n'est à expliquer pourquoi j'ouvre un fichier .txt pour y écrire des paragraphes de ci de là, paragraphes que je publierai peut-être rétrospectivement dans Touraine sereine.

 

[SCHMIDT]

J'ai apporté avec moi, comme à l'accoutumée, plus de livres que je ne peux en lire - mais, cette fois-ci, j'ai apporté, de fait, quelques bouquins achetés récemment d'occasion que je laisserai, en vue de l'été, dans la maison de Hagetmau. J'avais à peine commencé, la nuit avant le voyage, un Arno Schmidt (Le cœur de pierre), me résignant, en l'absence de tout ouvrage en allemand de cet auteur à la bibliothèque universitaire, à découvrir enfin cette œuvre en traduction ; je l'ai quasiment fini hier soir, sur le canapé "thin stripes" du salon, avec la chatte sur les guiboles. C'est un roman tout à fait puissant, d'une inventivité langagière immense (mais c'est une banalité de l'écrire de Schmidt), mais surtout : très visuel, très politique (au sens fort : vision historique à long terme + idéologie décapante). Il me reste, en lisant d'autres livres de Schmidt, à prendre tout à fait une mesure d'ensemble, mais, pour l'instant, si impressionné (et amusé : c'est une œuvre très drôle) que je sois, je ne cède pas absolument à l'argument de Laurent Evrard, qui, me voyant acheter des livres de Jirgl il y a un ou deux ans, m'avait dit, peu ou prou, qu'il valait mieux lire Schmidt, que Jirgl n'inventait rien. L'influence est évidente, mais il ne s'agit pas uniquement d'un décalque, d'une pâle copie.

 

[PROKOFIEV ET AL.]

J'ai aussi apporté quelques disques. Oméga ((banal) écolier modèle) s'étant passionné pour Pierre et le loup, j'ai emprunté les quatuors à cordes de Prokofiev, et aussi l'enregistrement complet du Roméo et Juliette par Valery Gergiev avec le Kirov : ayant adoré le Roméo et Juliette de Preljocaj il y a une dizaine d'années, je n'avais jamais poussé plus avant. J'écoute en ce moment même la fin de l'Acte II, et c'est effectivement inventif, éblouissant, et aussi très émouvant. Prokofiev est souvent taxé d'académisme, et, de ce fait, immédiatement relégué dans les seconds couteaux — ce qui, sans que j'y connaisse rien, me paraît très injuste. Il me paraît s'agir d'une musique orchestrale très inventive et puissante.

Hier soir, C. m'a, en revanche, fait arrêter la diffusion de la 4ème de Charles Ives (par Dohnanyi) ; il est vrai que, contrairement à la 1ère (par Mehta), elle est bien pompière et ronflante. J'écouterai cela plus en détail (et aussi les n° 2 et n° 3), mais seul !

 Nous avons écouté, aussi en voyage, le dernier Rokia Traoré (je suis un peu sur ma faim, je n'ai pas encore déniché pourquoi), le dernier Rachid Taha (magnifique), un album d'Anouar Brahem à la mémoire de Mahmoud Darwich que je voudrais aimer mais qui est très mou, très monotone.

Sur le CD des ‘Diapasons d'or’ de ce mois, Oméga a reconnu, dès la première mesure, la Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, écouté plusieurs fois avec Constance, animatrice qui fait chanter sa classe, et, je l'ai ainsi découvert, leur fait aussi un peu d'initiation musicale. Comme, avec son professeur d'éveil musical du mercredi, il avait découvert la Promenade des Tableaux d'une exposition, qu'il aime aussi, on va peut-être lui offrir pour son anniversaire, en sus du reste, du Moussorgski...! Remarquez que je ne demande, moi aussi, qu'à dépasser mes préventions préjugées.

(Tiens, le finale de l'acte II de Roméo et Juliette me fait un peu mentir, péniblement expressionniste tout de même.)

 

18 avril, 11 h 15.

Tout le monde semble remis, ou se remettre (Alpha n'a pas encore beaucoup d'appétit mais va bien mieux). Le temps s'est bougrement rafraîchi, avec disparition du soleil. Hier après-midi, il faisait plus chaud que bien souvent en été (même ici, dont les chaleurs sont excessivement vantées — il ne fait plus jamais aussi chaud, en tout cas jamais aussi longtemps, que quand j'étais enfant (et j'adorais ça)).

Avant-hier soir, plusieurs phrases descriptives d'Arno Schmidt m'ont servi de point de départ pour l'écriture de strophes dont elles conditionnaient, en tant que premier vers, les choix métriques. Je crois me rappeler (mais Facebook en garde la trace — il me suffira de récupérer cela in due time) que j'ai ainsi inventé quatre nouvelles formes : le septain berlinois,  le tristique heuristique, un neuvain dont le nom m'échappe, et le huitain du diocèse.

(J'ai préféré le terme de tristique à ceux, plus attestés, de tercet ou de triolet car j'écris déjà des triolets quantifiés, et je trouve plus cocasse l'écho un peu lourd que le terme de tristique offre avec les différents types de distiques.)

 

J'ai ouvert ce fichier, plus pour me retenir d'aller encore gribouiller dans Facebook que parce que j'ai vraiment quelque chose de nouveau à ajouter. Les journées se ressemblent, j'écoute en ce moment même l'Acte I de Roméo et Juliette. (Mais avant : l'album Ellington/Coltrane, le tout premier Romano/Sclavis/Texier, Mobile du trio Benjamin Moussay.) ——— Il doit continuer à faire nettement moins bon les prochaines journées. Pas sûr que nous ayons toujours envie d'aller deux ou trois jours à Bagnères. Alpha reparle d'aller enfin voir ces foutues fresques de l'église de Lugaut, qui est complètement au bout du monde mais qu'il est scandaleux qu'on ne soit encore jamais allé voir... la crainte de trouver porte close n'est pas pour rien dans le délai...

 

24 avril 

Hier soir, Everybody Says I Love You, très léger et distrayant, avec d'excellentes répliques terriblement woodyennes. Tout cela regarde plus du côté du nanard que du chef-d'oeuvre, toutefois.

La veille, Les Hommes contre, beau film épuré de Rosi, avec d'amples plans, des brumes majestueuses, un tableau terrifiant de la « machine de guerre ».

La veille encore, une bonne trentaine de très courts métrages de Méliès.

Je lis Les Petits bourgeois de Balzac — plaisir de lire Balzac intact. Portraits, lieux et maximes sociales d'une très grande acuité : beaucoup d'étonnantes résonances avec la "situation actuelle". Ce matin, très tôt, à l'ancienne salle de jeux, feuilleté plusieurs revues dont le dernier numéro de L'Ecologiste. C. a lu le dernier essai de Pierre Bayard, j'avoue que je vais me contenter de ce qu'elle m'en a rapporté, qui a achevé de me convaincre que c'était une lecture dispensable.

Dimanche, nous avons vu deux matches de rugby avec Oméga, sous un beau soleil, dans un stade soustonnais plein à craquer, tribunes et barrières des quatre côtés.

Pour ce qui est des excursions, elles sont très influencées par le choix des enfants, et surtout d'Alpha, retombé dans la marmite zoologique. Ainsi, lundi, zoo de Labenne, presque aussi minable qu'en 2003. Beau temps, donc plaisant.

Mardi (hier, donc), Parc Animalier des Pyrénées, après un passage par de belles vallées où je n'avais jamais mis les pieds ni les roues.

dimanche, 28 avril 2013

Sept sans faute

Eglise romane et cimetière mérovingien de Civaux (Vienne), 29 avril 2006 La contrainte n'a pu être respectée. Toujours ces jours sans archive.Porche et façade de l'église de Vernou, Indre-et-Loire, 28 avril 2007 Ainsi, avant d'avoir un appareil numérique, on avait déjà visité l'église de Vernou. Pressing & autoportrait, rue du Docteur Blanche, Paris, 28 avril 2008 Marché de Noël, avec l'ami lyonnais.Rayures, 28 avril 2009 Sans archive ne signifie pas sans mémoire. Se servir de l'album comme d'un recours contre l'effacement de ce qui n'a pas été saisi.Bilbo/Bilbao, Pays basque, 14 avril 2010. Là, plus moyen de retrouver ce nom d'église, éloigné par un sonnet de jours, et par plus lourd oubli. Monument aux morts de Biron (Dordogne), 28 avril 2011 « Je me souviens de la débâcle.» Moi ? Rembrandt n'a pas moufté, le ridicule ne tue plus.

samedi, 27 avril 2013

Domme ou l'Empierrement

Domme, 27 avril 2011. Domme, deux ans déjà. Ce que l'on y voit est si étriqué, le souvenir de déception (première visite en 95) lui-même ne déçoit pas, et l'on regarde vers ailleurs, vers alentour, déçu encore.

Le nom est beau, qui fut rencontré pour la première sur les étagères farcies, au huitième (neuvième? j'ai un doute) étage de la résidence Génovia. Cet appartement, lieu intermittent où je lus notamment Hemingway en sirotant je ne sais plus quels sirops, reviendra-t-il me hanter sur mon lit mortuaire ?

C'est gai. That's what Domme does to you.

mercredi, 17 avril 2013

Amou, 17 avril 2011

Course d'Amou, 17 avril 2011, 47, superbe série de Mathieu Noguès sur la vache sans corde Il y a deux ans, on a pu assister à une extraordinaire série de Mathieu Noguès sur la vache sans corde, à Amou. Les courses, hors été, ne sont pas faciles à « attraper ».

samedi, 02 mars 2013

En mission à Pietermaritzburg (11-16 février 2013)

Voici un copié-collé (pour raison de sauvegarde - je doute que cette page Web soit éternelle sur le site d'UKZN) de l'article paru le 1er mars à propos de notre mission de cinq jours en Afrique du Sud. Je corrige juste deux ou trois inexactitudes, par rapport à l'original. [Oui, j'utilise ce blog aussi comme archivage professionnel et autobiographique. Touraine sereine et moi sommes de vieux amis, on se passe toutes nos fantaisies.]

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CALS — Feb 15, 2013.jpg

Two visiting French academics, Professor Philip Whyte and Dr Guillaume Cingal of the University of Tours, addressed staff and students at a UKZN seminar at the Centre for African Literary Studies (CALS) recently. CALS held an informal lunch for the two visitors who were invited by Professor Bernard DeMeyer of French Studies and also a member of CALS Board.

The main purpose of the visit was to discuss the partnership between the two institutions which involves staff and student exchange and joint research among other co-operation and thus the visitors met the French discipline on the Pietermaritzburg campus, the English Discipline, International Relations and the Dean and Head of the School of Arts, Professor N Zulu. 

They also held a meeting with two University of Tours exchange students who are at UKZN this semester.

Informal discussion at the seminar included ideas on the sort of student, staff and research exchanges that could be arranged in future between UKZN and the University of Tours involving English literary studies.

Whyte formerly co-ordinated the MA programme at the University of Tours and his field of specialisation is postcolonial theory and literature in West Africa. He has published a book on Ayi Kwei Armah and about 20 articles on African writers, Ben Okri of Nigeria, Kojo Laing of Ghana, Syl Cheney Coker of Sierra Leone, Syl Bendele-Thomas of Nigeria, Abdulrazak Gurnah of Zanzibar and Kofi Awoonor of Ghana.

Cingal is the co-ordinator of first-year Applied Languages and is the former Head of the English Department. His fields of specialisation are postcolonial literatures, semiotics and translation studies. He wrote several articles on Nuruddin Farah, Breyten Breytenbach, Arundhati Roy, as well as on Jamal Mahjoub.

In his presentation Whyte gave an overview of the history of West African writing in English while Cingal analysed two South African poems, including Jeremy Cronin’s poem, Who. He emphasised the need to provide the historical and social contexts to poems when teaching them to French students.

The French visitors were very impressed by the collection of books at CALS, especially the Onitsha market literature, and the newly archived unpublished materials. They found several items they had previously been unable to locate. "Each shelf cries out for a conference about its holdings," said Dr Cingal. "Future research exchanges will certainly provide the opportunity to take this challenge further."

 

/ Source de l'article original : UKZN.

samedi, 16 février 2013

Philip & moi en Afrique du Sud

madiba.jpg

Nelson Mandela Capture Site, 16 février 2013.

Photo : Bernard De Meyer.

mardi, 12 février 2013

... je crois ...

Déjà 22 heures dans les transports, je crois, et on n'est pas au bout.

Tout ça pour 4 jours sur place, je crois.

Cette nuit, au-dessus du Sahara, j'ai dormi, on and off, quatre heures, je crois.

Le premier sourire, sur le territoire azanien : celui de l'hôtesse qui a enregistré la valise de P. Première boisson : une Windhoek bien fraîche. Premier billet tendu : un lion (R50). Premier billet rendu et aussitôt converti en pourboire : un mouflon (mouton ? chèvre ? --- R10). Airport announcements getting on my exhaustion.

Nihil novi sub sole.

Je crois avoir distingué Gaborone, puis d'abruptes collines (falaises), avant la descente sur Jo'burg.

Pas besoin d'aller utiliser les prayer facilities, je crois.

mercredi, 09 janvier 2013

Nine Days Into

Bonne Année 2013 !

vendredi, 04 janvier 2013

Dix quatrains conversationnels

Je jouais au Monopoly avec les garçons. Ma femme lisait Que Choisir ?, parfois à voix haute. J’ai donc composé quelques quatrains conversationnels, dont le principe – déjà mis en œuvre sur Facebook lors de visionnages de documentaires animaliers – est d’utiliser la citation pour les vers 3 et 4, et de composer les vers 1 et 2 à partir de cette deuxième moitié.

 

Pour emballer lors d’un rencard,

Je déconseille l’orgelet.

« Encore une fois, c’est Picard

Qui a les meilleurs surgelés. »

 

Hollande, le chef de l’Etat,

N’est pas vraiment un héros.

« La nouvelle Prius est à

38.200 €. »

 

Le danseur soufi est en transe

Et fait des cercles exaltés.

« La petite Yaris made in France

Est tout à fait bien notée. »

 

Le chien montrant sa lippe

Dardait des yeux de fou.

« Les bulbes de tulipes,

Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! »

 

L’attente du printemps

A tout instant me hante.

« Marque ‘lait hydratant’

De Carrefour Discount ! »

 

Soleil, que ta splendeur éclate

Au zénith écarlaté !

« Sardines à la tomate…

On n’en a pas acheté. »

 

En relisant L’Astrée

J’éprouve la frénésie.

« Les bébés porcs sont castrés

Mais sans anesthésie. »

 

Ma plainte monte au ciel

En accents empruntés.

« Le miel Lune de Miel

Est vraiment bien noté. »

 

Sous les ors du jour finissant

Les chênes se noient de rousseur.

« Le meilleur adoucissant

Est Le Chat Lait de Douceur. »

 

L’aurore imperturbablement

Déroule ses nuées entre orange et turquoise.

« Dix mille écoliers allemands

Se sont intoxiqués grâce aux fraises chinoises. »

samedi, 10 novembre 2012

« Mickey Mantle est en train de me parler de Marcel Proust »

Le lundi soir, enfin, on a regardé Wanda – avec Alpha – le cinéma dit « d'auteur » (il vaudrait mieux dire : le cinéma alternatif, ou le cinéma à narration implicite), à onze ans, ce n'est pas commode. Magnifique film, qui résonne d'énigmes, de gestes marquants, de regards, de grains. Quelques facilités, « d'auteur », justement. Puis, le mercredi soir, dans le train, j'ai lu le petit livre de Nathalie Léger, Supplément à la vie de Barbara Loden.

 

À La Couronne : « un point aveugle sur le paysage détruit ».

À Xandeville : « d'où vient la pose, en quel lointain boudoir néandertalien a-t-elle été inventée ? »

À Laruscade : « Et sans doute, par un jour de vive lumière, un de ces jours immobiles et radieux, elle s'était tenue comme Clarissa Dalloway à quinze ans, songeuse au milieu des légumes, espérant sous le ciel, observant les oiseaux dans l'air vif d'un glorieux matin de printemps, confondant ce court instant d'effusion avec la promesse du bonheur définitif. »

À Saint-Agulin : « quand on n'a rien, dit-il, on est zéro, mieux vaut être mort ».

À Vayres, je note : Miss None - Miss Néant (((d'elle la traduction ?))). Nonne. Page 69.

À Canéjan : « le sirop grésillant des chœurs enregistrés ».

À Biganos: « ici le réel est si distordu qu'on ne plaisante pas avec le vrai, dit-il ».

À Sanguinet : « une manière de mains moites ».

À Labouheyre : « Mickey Mantle est en train de me parler de Marcel Proust ».

À Morcenx : « L'image se fige, granuleuse, imparfaite. » —— Le dos, qu'il ne faut nommer tranche, paraît-il, a jauni un peu, sous l'effet, sans doute, du soleil baignant les étagères du salon, depuis janvier.

À Rion-des-Landes : Les 138 mots de la dernière page, qui composent aussi la dernière phrase, se sont imprimés très faiblement, en regard, sur le blanc à peine grisé de la page 151.


[ Antonio Lobo Antunes n'écrira plus de roman, ce qui nous permettra de lire la poignée d'indéfrichés, ou de relire les plus beaux. ]

vendredi, 09 novembre 2012

Le Temps immobile — à ma manière

9 novembre 2001. Le soir, sous la neige, à Dijon, nous fêtions mon doctorat.

║▒║

 

Hier, trois heures de l'après-midi. ——— Après que l'urne eut été scellée sur le tombeau, Anaïs se fit un bouquet de feuilles de liquidambar — jaunes, carmin, pourpres, lie-de-vin. La journée, en quelque sorte idéale (en un sens fort), était empreinte de tendresse et de tristesse. Sur le chemin du retour, dans un wagon bondé, je trouvai, à la première page du livre, une troupe de perroquets bruyants dans un liquidambar.

 

║▒║

8 novembre 1914. Naissance de ma grand-mère paternelle.

lundi, 05 novembre 2012

Nez d'Apollo pap

 La proposition de M. de Boissy, combattue par M. Dumon, le ministre des travaux publics et par M. Tupinier, rapporteur de la commission qui avait examiné les projets de loi, fut rejetée apres ce discours de M. Victor Hugo.

Actes et Paroles, vol. 1. Consolidation du littoral.


       « — Qu'est-ce qu'un tupinier ? »

Pérouges (Ain), 28 août 2012. Ainsi s'interrogeait-il, avec des tirets cadratins pas possibles, invraisemblables, pas permis.

Il arborait cravate, portait faux-col, bref était plus que démodé : amidonné.

 

Oh, et quand t'auras fini de mitonner, toi ?

Heu, ça s'écrit mythonner.

Ça ne s'écrit pas, ça se dit.

Euh, ça ne se dit même plus en fait. La banlieue a évolué depuis la dernière décennie.

 

(Et par « dernière décennie », elle entendait sans doute années 90, autant dire que les à-peu-près, les glissements, les ambiguïtés étaient innombrables.)

 

Il se demandait ce qu'était un tupinier.

Il se demandait quel éditeur voudrait, un jour, un improbable jour, de son livre sur les proses de Tagore et les poèmes de Marc Lévy.

Un tupinier frappe à ma porte ; je dois aller ouvrir.

 

Gertrude, maintenant, déteste le point-virgule.

On est mal barrés.

 

mardi, 16 octobre 2012

Bahala na !

J'ai fini de lire The Match de Romesh Gunesekera. « Presque fini » serait plus juste : je me suis gardé, exprès, les sept ou huit dernières pages pour ce soir. L'écriture de Gunesekera – qui a atteint les plus hauts sommets, selon moi, avec Heaven's Edge, livre absolument magnifique et bousculant – s'est un peu attiédie ici. Tant le protagoniste que son parcours font songer au roman de Jamal Mahjoub, Travelling with Djinns.

Caisson sculpté du château de Poncé-sur-le-Loir (Sarthe).C'est le séjour, dans le cadre de la Chaire Studium, pour un semestre entier, de Chandani Lokugé dans notre Université qui m'a replongé totalement dans le Sri Lanka. La semaine dernière, j'achevais Turtle Nest. Et là, après The Match – parabole historique ? Underworld à la sri lankaise ? roman philippin ? — j'enchaînerai avec Softly As I Leave You, le dernier roman de Chandani. Fin novembre et début décembre, j'organiserai avec elle un atelier de deux ou trois séances consacré à la traduction de certains extraits de ces deux romans. Son dynamisme et son hyperactivité me font bien plaisir, ont dynamité un peu le début d'année, sinon terne ou simplement laborieux, de sorte que je me suis retrouvé propulsé avec le comité d'organisation du festival « Voix d'ici, voix d'ailleurs », ou encore à discuter de Ronsard avec elle pendant un bon bout de temps, sans compter le projet de programme d'hiver à mettre en place chez nous à destination des étudiants australiens non francophones.

Turtle Nest est un très beau roman, très équilibré, qui s'inscrit dans une forme de modernisme classique, si j'ose ce qui pourrait sembler un paradoxe, et qui s'achève sur une pointe narrative aussi efficace qu'inattendue. Si j'ai bien compris les allusions de Chandani lors de notre promenade dans les jardins du Prieuré, il s'articule autour d'un symbolisme complexe (animaux, éléments naturels) dont tout ou presque doit m'échapper.

Entre ses diverses tâches au titre de la chaire Studium, Chandani a commencé d'écrire un roman dont l'action se passera, au moins en partie, en Touraine. Après-demain, je vais lui faire découvrir le manoir de La Possonnière ; si nous avons assez de temps, j'essaierai de lui montrer d'autres beaux sites voisins de Couture, quoique le très beau château de Poné n'ouvre au public qu'en été.

Nous verrons. Bahala na. Bahala na kayo ! (The Match, p. 255)


lundi, 30 juillet 2012

Verdure hors Touraine

Jaca (Aragon), 17 août 2010

samedi, 28 juillet 2012

Tessons

D'où dépendre. 

Pas grand chose. Maint souvenir supérieur, une assiette en plastique, la déambulation.

Tout de même, quel inculte.

Tout de même, quel inculte tu fais.

D'un doge, la signature. Mais un mur ocre ne la porte pas, pavés inégaux où les naseaux fumants ce bourrin mafieux se tord la cheville, et on se cogne la tête contre un mur peut-être ocre, mais peut-être âcre aussi (quartier des abattoirs).

Tout de même, quel inculte tu fais, et sur les tessons fumants je te torture.

Coupole, fumures.

Il se voûte au fur et à mesure qu'avancent les années.

Il se courbe. Il s'échine. Il n'a pas lu une ligne qui vaille depuis plusieurs semaines. Il n'a pas écrit une ligne qui vaille depuis l'époque de Tolède. Finalement, il valait mieux se flinguer.

Souvenir supérieur. Mémoire qui se reproduit, de diffracte, se dédouble. Brouillard de pas grand chose, déambulation vague entre tas d'ordures avec chatons, tessons de verres et d'amphores, bimbeloterie, la mémoire trouve sa cible, vise son double, s'avise que rien ne sert de s'échiner. Intestins, queues, tripes. L'idylle verte au quartier des abattoirs.

D'où dépendre -- mieux valait se flinguer.

mardi, 22 mai 2012

Le Vent à carreaux

La fresque de céramique éclate en lignes, en courbes, en ovales, en couleurs vernissées. On se pose là.

On se pose là, un jour de pluie froide, en mai.

On se pose là.

Asger Jorn et Jean Dubuffet, qui ont beaucoup manigancé ensemble, et composé notamment la musique d'un petit film expérimental parfaitement cocasse que l'on peut voir, avec tant d'autres documents, dans la salle centrale du musée, étaient amis. Ceci explique cela. Alors, même si, avec les toits en tôle et les blocs de parpaing brut, la cour ne paie pas de mine, on a envie de trouver cela plus proche encore de Dubuffet que de Jorn, car Jorn n'a pas proposé une rupture aussi complète avec l'esthétique traditionnelle (ses codes, ses conduits).

Donc on se pose là, on attend, on regarde yeux mi-clos, on scrute.

Et si on s'affaire, ce n'est pas pour rien. On a le temps pour soi, en cette journée froide et pluvieuse de mi-mai. On est à Silkeborg, tout de même.

vendredi, 20 avril 2012

Dilemme

L'Aude, ce n'est pas rien. Et l'Aveyron non plus, avec ses sinuosités, ses soudaines vallées -- sa pierre qui se hisse, ses griffes de verdure qui se hérissent.

Et attendre.

dimanche, 04 mars 2012

Brisées dominicales

Entre Orthez et Bordeaux, achevé la lecture du roman de Libar M. Fofana (L'étrange rêve d'une femme inachevée - un texte courageux, dense, acéré et flaubertien dont j'espère avoir le temps et l'occasion de reparler prochainement dans ces pages), puis de Briar Rose, bref récit éclaté (avec variations) par lequel Robert Coover réécrit le conte de la Belle au Bois dormant (j'avais lu, trois jours plus tôt, Snow White de Donald Barthelme - plus déjanté).

Entre Bordeaux et Challais, après m'être restauré au Mitico, un infâme bar PMU, correction des copies en souffrance, puis, entre Challais et Tours, lecture de la moitié du Secret de Caspar Jacobi, acheté d'occasion je ne sais plus quand et qui traînait à Hagetmau depuis je ne sais plus quand non plus. Il n'y a pas à dire, voyager en train est plus enrichissant (surtout quand la ponctualité est de mise et qu'aucun ratage de correspondance n'est au rendez-vous) que la longue litanie des bandes d'arrêt d'urgence et autres ronds-points.

Il reste à préparer un cours. Tours fait grise mine, sous les nuages bas et une brise glaciale, porteuse pourtant du printemps.

Je rêve assis.

lundi, 27 février 2012

"Hot Springs of Dax"

Né à Dax, y ayant grandi et y revenant régulièrement (à Dax, ou plus exactement en pays d'Orthe), je ne crois pas avoir jamais rencontré, au cours de mes lectures, et à condition d'exclure certains vers ou textes particulièrement locaux ou obscurs, la moindre référence aux sources thermales de ma ville natale, ni à la Nèhe -- pas même à la Fontaine d'Eau Chaude. Or, ce matin, poursuivant ma lecture de Snow White de Donald Barthelme (réécriture très post-moderne du conte, qui remonte aux années 60), je tombe sur le paragraphe suivant, au début de la deuxième partie :

PERHAPS we should not be sitting here tending the vats and washing the buildings and carrying the money to the vault once a week, like everybody else. Perhaps we should be doing something else entirely, with our lives. God knows what. We do what we do without thinking. One tends the vats and washes the buildings and carries the money to the vault and never stops for a moment to consider that the whole process may be despicable. Someone standing somewhere despising us. In the hot springs of Dax, a gouty thinker thinking, father forgive them. It was worse before. That is something that can safely be said. It was worse before we found Snow White wandering in the forest. Before we found Snow White wandering in the forest we lived lives stuffed with equanimity. There was equanimity for all. We washed the buildings, tended the vats, wended our way to the county cathouse once a week (heigh-ho). Like everybody else. We were simple bourgeois. We knew what to do. When we found Snow White wandering in the forest, hungry and distraught, we said: "Would you like something to eat?" Now we do not know what to do. Snow White has added a dimension of confusion and misery to our lives. Whereas once we were simple bourgeois who knew what to do, now we are complex bourgeois who are at a loss. We do not like this complexity. We circle it wearily, prodding it from time to time with a shopkeepers forefinger: What is it? Is it, perhaps, bad for business? Equanimity has leaked away. There was a moment, however, when equanimity was not the chief consideration. That moment in which we looked at Snow White and understood for the first time that we were fond of her. That was a moment.

dimanche, 26 février 2012

Le temps dominical, à l'anglaise [Bax]

As the greater number of visitors at the hotel were English, there was almost as much difference between Sunday and Wednesday as there is in England, and Sunday appeared here as there, the mute black ghost or penitent spirit of the busy weekday. The English could not pale the sunshine, but they could in some miraculous way slow down the hours, dull the incidents, lengthen the meals, and make even the servants and page-boys wear a look of boredom and propriety. The best clothes which every one put on helped the general effect; it seemed that no lady could sit down without bending a clean starched petticoat, and no gentleman could breathe without a sudden crackle from a stiff shirt-front. As the hands of the clock neared eleven, on this particular Sunday, various people tended to draw together in the hall, clasping little red-leaved books in their hands. The clock marked a few minutes to the hour when a stout black figure passed through the hall with a preoccupied expression, as though he would rather not recognise salutations, although aware of them, and disappeared down the corridor which led from it.

"Mr. Bax," Mrs. Thornbury whispered.

The little group of people then began to move off in the same direction as the stout black figure.

Virginia Woolf. The Voyage Out [1915], Hogarth Press, 1971, p. 274.

lundi, 31 octobre 2011

Télégramme du roitelet

Aucune connexion pendant une huitaine. Le vert qui nous entoure, et les feuilles du lagerstroemia (tantôt rouges tantôt d'un vif orangé), tiennent lieu de toile. Retard insensé dans mon travail. 

Reprendre, aussi le fouillis.

Demain retour Touraine.

dimanche, 02 octobre 2011

De l'Aude à Vergoignan

(15 juillet 2011 - Hors Touraine)

Dernier jour avant le départ pour l’Aude (aux bras blancs – aux doigts de rose ?). Au fur et à mesure que je lis, la pile de livres sur lesquels je dois faire des fiches à partir de mes prises de notes s’agrandit. Hier après-midi, sur les gradins, à Nogaro, en attendant le début du concours de la Corne d’Or, j’ai lu un bon quart du court roman (il a écrit beaucoup de courts romans) de Roth, le troisième des « Kepesh books », The Dying Animal. Au retour, vers dix heures du soir, un ciel rose et bleuté recouvrait doucement les vallons autour de Vergoignan. (Nulle honte à l’écrire.)

mercredi, 28 septembre 2011

Météo, 3 [Hagetmau, 13 juillet 2011]

 Hier soir, un orage est tombé, accompagné d’une averse très violente. J’ai saisi l’occasion pour apprendre à Alpha – qui a eu dix ans avant-hier – comment on calculait la distance de la foudre. (Sur la route, que je sache, aucune voiture n’a fait de tonneaux.) Ce matin, il pleut encore, je crois, et il doit faire bien froid. Vais-je pouvoir, comme hier, livrer mes cinq heures de bûcheronnage ?

(Les tas de bûches s’élèvent ; le terrain est encore envahi de grandes branches coupées.)

Quel vieux vilain temps gris ! Je crois déjà avoir raconté, dans Touraine sereine (mais ne peux vérifier, faute de connexion), l’origine de cette phrase exclamative. Toujours est-il que, ce matin, dès huit heures, la journée annonce un vieux vilain temps gris, que ne soulagera que la verdure des arbres.

 

(Ajout du 28 septembre : paradoxe de la froidure en juillet, et de la chaleur fin septembre. Obsession de la verdure. Liens ajoutés bien sûr aujourd'hui, lors de la publication.)

mardi, 27 septembre 2011

Météo, 2 (souvenir de vacances...)

12 juillet 2011.

C. vient de partir pour l’A.M.I., les enfants regardent la télé (Regards Passion) et je pianote avant d’aller bûcheronner. Il est – déjà – dix heures du matin. Il ne fait pas très chaud, il y a de l’air, et le soleil se montre timidement.

Autoportrait au bureau / Hagetmau, 12 juillet 2011Dans ce bureau, où je me suis photographié « face aux trois ordinateurs », la lumière est tamisée, pour ne pas dire bouffée par l’avant-toit, la poutre mais surtout l’énorme laurier qui est devenu, entre C. et moi, un sujet de plaisanterie récurrent, au point d’imaginer que d’ici peu il pourra, à lui seul, servir de clôture entre notre terrain et celui de la grand-mère de C., dont la maison est, depuis deux mois, mise en vente.

mardi, 06 septembre 2011

3 notules du 10 juillet

10 juillet 2011.

 

Coursayre, 1

 

Le 9 juillet, nous avons vu les deux premières courses de l’année.

Audignon, très au-dessous du médiocre (Deyris) : placement très lent de plusieurs vaches (dont Majesté et la vache de l’avenir en 1ère partie), figures globalement moyennes, plusieurs méchantes tumades. Confirmation que Thomas Marty n’est pas du tout en forme cette année. (Plassin à l'escalot.)

Le soir, Castelnau-Tursan (Dargelos). Mieux, mais pas transcendant. Belle place – arènes donnant sur l’église au curieux clocher, et la belle maison à sa gauche. Lendresse à l’escalot.

 

 

 

Météo, 1

Il y a aussi qu’il ne fait pas beau. Il ne fait pas chaud, depuis deux jours – pas froid, bien sûr, mais pas du tout un temps estival. Nuages, grisaille, et même pas de lourdeur. À Audignon, du soleil par intermittences nous bronzait, mais aujourd’hui dimanche rien n’a percé entre les voûtes grises.

 

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Insecte ascendant [2]

 

Je ne vois plus le minuscule hypoforficule qui trottinait entre mes lettres ce matin. M’étant aperçu que le moteur de cet ordinateur portable (de plus en plus vieux) ne commence à vrombir de façon désagréable qu’au bout d’un gros quart d’heure, j’ai décidé de m’efforcer de limiter mes passages sur ce clavier et cet écran à des périodes de vingt minutes au maximum, ce qui aura le triple mérite de concentrer mes efforts d’écriture, de préserver mes oreilles… et de garantir de longues heures véritablement en famille. (Ainsi, je viens de passer une heure au salon à passer des puzzles d’Oméga aux pages d’Indignation, back and forth, to and fro.)

 

lundi, 22 août 2011

13

        Treize, comme le nombre de pétales du rüdbeckia (à l'exception de celui, mangé par un insecte, qui m'a donné envie de composer de nouveaux types de sonnets (avec la lecture en cours, hier, et achevée aujourd'hui, d'ABBA ABBA, rien d'étonnant), et comme le nombre de pas japonais dans le petit parterre créé par mes parents au printemps 2006 -- et comme le nombre de jours de vacances, encore, pour les enfants.

lundi, 08 août 2011

Dédain, ou au Quercy (...)

Un charme objectif, intemporel s'attache au pays quercynois où tout m'appelle. Des esprits libres, ennemis déclarés du prosaïsme, des immobilités, ne dédaignèrent pas de s'y établir. C'est ainsi qu'André Breton descendait passer les beaux jours à Saint-Cirq-Lapopie.

(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 59)

 

Collégiale de Souillac

 

 

"Charme objectif" : cette formule mériterait tout un long et complexe développement. J'en prends note (hé hé) et préfère :

¤ rappeler que c'est à Saint-Cirq-Lapopie que nous avons fait connaissance de l'œuvre d'Alain Prillard ;

¤ ne pas dédaigner de n'est pas daigner ;

¤ signaler que, si Sant-Cirq-Lapopie nous a semblé charmant, et assez peu "village à touristes", c'est que l'art y était très supérieur aux artisanats de dixième zone qui s'affichent habituellement dans ce que Renaud Camus nomme les beaux villages professionnels, mais aussi qu'après Cordes-sur-Ciel, tout aurait paru délicieusement posé.

lundi, 18 juillet 2011

Âpreté, exubérance(s)

Au voisinage de l'Aquitaine, le tempérament local, qui était âpre et taciturne, contractait une exubérance, une volubilité toutes gasconnes.

(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 39)

 

(J'écris ces lignes le 4 juillet, elles seront publiées quand je serai, non plus en Gascogne – quoique nous aurons fait un crochet par les Landes – mais dans l'Aude.)   Il me semble que ce qui exaspère le plus les gens que j'exaspère, c'est, justement, mon exubérance et ma volubilité – je veux dire : mon exubérance volubile, et ma volubilité exubérante (l'une ne va pas sans l'autre). Défauts, sans doute, ou traits de caractère suffisamment marqués pour qu'ils s'apparentent à des défauts. Or, si je me reconnais volontiers à cette aquitanité du trait, je veux rappeler ici que, si je suis normand pour moitié (du côté paternel), c'est justement de ce côté paternel que provient, me semble-t-il, l'extraversion (et partant, l'aversion des uns ou des autres pour ma volubérance). Le quart ariégeois est taiseux en diable, et je ne (re)tiens rien de ce côté-là. Le quart de sang landais n'a pas grand-chose d'exubérubile pour le recommander, mais la vérité me semble être du côté du terrain, du contexte de l'enfance, d'une forme de droit du sol : j'ai vécu les seize premières années de mon existence dans les Landes. Voilà où j'ai attrapé la parole abondante et la soif du délire.

lundi, 04 juillet 2011

Beaux jours frisquets d'août 2007

Chapelle en haut de la Montagne St Michel, 21 août 2007

 

 

On découvrait, sans qu'il fût besoin de lever la tête, le velum azuré des beaux jours, les grandes nefs blanches que pousse le vent d'ouest, les émaux de la bise, les vapeurs versicolores et les fusions que le plus âpre des vents tire d'on ne sait quel creuset.

 

(Pierre Bergounioux. L'Empreinte, p. 8)

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mercredi, 22 juin 2011

2300 - D'ailleurs quelles régions

Le Cabaretier, Lyon, 11 décembre 200820-21 juin 2011.

Nous voici de l'autre côté, en pensée à tout le moins. Des arbalétriers sont à pied d'oeuvre. Mettre le roi en pièces en un clin d'oeil ? Le vieux projet (Eu dans l'eau) refait surface. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante.

Tout de même, on est mal barrés ! Revenons à Lyon, si vous le voulez bien, dans les traboules, et dans les bouchons où l'on déguste d'excellentes fricassées, ou les plats qui, de tous ceux que la cuisine française a pu inventer, sont les plus susceptibles de faire peur aux Amerloques. Des ribambelles nées à Babel rebondissent. Le texte alors se compliqua, encore un tour de vis, encore un faisceau supplémentaire, des strates en veux-tu en voilà (Lisie n'a pas dit non), puisque le scripteur se mit en tête, se fit un devoir, d'ajouter aux citations barrées et aux citations non identifiées d'autres citations, des sortes d'autocitations que, faute d'autre police possible dans les "fenêtres de commentaires" de son site de photographies (la source de tout texte, ici), il italicisa. Rome caracole. Comme ce verbe "caracoler" tombe à point nommé. Comme tout se rejoint, comme tout fait sens !

Unissons !

Frissons ! Revenons à Lyon, en gardant notre sang-froid. Confondus avec la foule. Ce qui nous berce nous bannit. Primatiale de tous les saints, frissons du pardon. Avoir visité, jadis, Lyon avec un fervent catholique a dû colorer mon regard. Comme ce verbe "colorer" tombe à pic. Vincent vint sans son yacht. Il s'appelle évidemment ..... Tristan.

Comment nommer un texte composite formé de collages et de bribes qui sont-elles mêmes dérivées de textes polymorphes où l'on sent la pratique du centon, l'ekphrasis, la sortie impossible du langage ? Ce n'est pas la bucolique. Ce voyage, du jeudi au mardi matin (tôt, il n'est pas sept heures et je suis levé depuis deux heures déjà), a connu un coup d'arrêt. Un coup d'épée. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante. Allez savoir de qui (de quelle contrée?) il s'agit... (D'autres s'interrogent, non sur Zimbazane, en Corrèze (qui vaut mieux qu'une montre en or, mais pas que le Zambèze), mais sur Fonbalquine, qui doit connaître des ressourcements.) Faute d'autre police : il faudrait, lors de la publication finale, en arborescence, un jeu de couleurs. Comme ce mot "couleurs" tombe à merveille. Et du Rhône on ne peut dire qu'il possède l'aura diaphane, si particulière à ces régions. D'ailleurs, quelles régions ? D'ailleurs quelles régions.

Avec tous ces détours, nous n'avons pas vu Lyon.

Y étions-nous ?

Unissons.

D'ailleurs, quelles régions ? (Tu reviendras. La sottise n'est pas mon fort.)

mardi, 07 juin 2011

Nihilité - 1

Le substantif nihilité n'apparaît pas du tout dans le Robert culturel, qui a constitué l'un des premiers jalons, historiques en quelque sorte, de ces carnets. La lecture à peine ébauchée des quelques brefs chapitres qui composent La fin du monde en avançant, de Pierre Bergounioux, m'incite à reprendre la rubrique des Mots sans lacune, longtemps interrompue (comme tout le reste, dira-t-on).

La réalité, la seule, c'est celle que nos yeux, en s'ouvrant, ont suscitée parce qu'ils ignoraient la relativité, l'écoulement, l'éclair blanc, déchirant, de la conscience, l'absence et le deuil, le doute, la nihilité, pour parler comme Montaigne, de notre condition. (La fin du monde en avançant, p. 21)

 

Par ailleurs, comme Bergounioux (dont j'ai découvert, il y a peu, que le très-Orléanais et très éminent linguiste Gabriel Bergounioux, que j'ai un peu côtoyé, est son frère) en revient toujours à ses origines brivoises, je ne peux m'empêcher d'illustrer ce billet à ma façon :La religion tue le monde. (Brive, avant Turenne, la Fage et Saint-Robert.)

lundi, 06 juin 2011

Barcarolle VII

Il y a six ans, je débarquais pour un embarquement.

Je crois me rappeler un mois de juin sec et ensoleillé, aux enthousiasmes farouches.

Depuis quelque temps, ce carnétoile a eu plus de soubresauts que de longs fleuves tranquilles, mais certains chantiers ont la peau tenace et la vie dure : le projet Tavers, le projet Dubuffet, le projet Mines. Il ne faut donc pas renoncer. Plus maintenant. On ne renonce pas après six ans !

(La maison, c’est une litote, n’est pas humide. La troisième lessive, étendue hier soir vers dix heures, a bien séché au salon.)

Nous sommes rentrés hier d’un bref séjour hors Touraine, tout d’abord trois jours dans l’Oise, sur les traces d’un passé de moins en moins récent, puis un jour et demi à Cesson, chez ma sœur. Beauvais n’a pas changé. Pour sacrifier au cliché : la forme d’une ville ne change pas aussi vite que s’y attendrait le cœur du mortel post-moderne. Seules vraies variations : le jardin médiéval de la maladrerie ; la grange dîmière réhabilitée, c’est-à-dire massacrée ; une enseigne Gibert (avec livres d’occasion comme à la maison-mère) place Jeanne Hachette ; le portail sud de la cathédrale ravalé, et d’un blanc étincelant, dans le vent.

Fini The Human Stain, lu Les Onze.

Une semaine commence, et une septième année.

samedi, 30 avril 2011

Retour de La Roque Gageac

In extremis pour clore le mois d'avril, je note ici, à notre retour du Périgord noir, que la semaine fut passionnante, mais aussi émouvante et déroutante, puisque cette huitaine était comme un palimpseste inexact, ou rapetassé, des deux séjours que nous avions faits en Dordogne, en août 1995 et juillet 1996, sans compter une incursion d'une journée, depuis la Corrèze voisine, en juillet 2006. Comme, pour le peu que j'aie lu, j'étais accompagné par les chapitres du Dépaysement de Jean-Christophe Bailly, on peut dire que les résonances se poursuivaient, là aussi. Ses pages sur la vallée de la Vézère, mais pas seulement elles, justement, retentissaient. Bien sûr, les déclics n'ont cessé, face aux falaises et aux envols réguliers de montgolfières jaunes. Peut-être les ricochets bizarres ont-ils encore de beaux jours, ou plus sûrement de belles années, devant eux.

dimanche, 27 février 2011

D'autres 27 février

Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire), 27 février 2007.Médiathèque François Mitterrand, à Tours : autoportrait et détail de la façadeEglise Saint-André. Sauveterre-de-Béarn, 27 février 2009.27-février 2010, HP 067

Quelques figures. Danse, danse avec ta jambe. Un chanoine, une tronche de jambon. Des chiffres (le parfait 1111). Une colonne sèche, la fumée remonte des souvenirs. Le chanoine contemple cinq chapiteaux, à la fois, vaillant petit prieur.

 

mardi, 08 février 2011

Aub ourg (au bourg)

22 décembre 2010, huit heures et demie.

 

Levé à 4 h 30, suite de Campo abierto. Très Aragon (c’est le comble – c’est le moins). Me souviens mal de Campo cerrado, qui avait un protagoniste principal, me semble-t-il (et donc très différent dans la construction). Ne sais pas si les volumes suivants ont été traduits / publiés. Je dois écrire ce billet sur Herta Müller. Les enfants dessinent des lettres au feutre humide, dans le lit. Il y a des myriades de photographies retrouvées dans la mallette

( – Papa, tu étais parti ?

– Non.

        Mais où tu vas, alors, avec ta valise ?)

et que je veux archiver grâce aux fonctions « gros plan » de mon Panasonic. (D’où : faire du vide dans l’ordinateur, aussi.)

 

Il est allé secouer la nappe, qui était couverte de miettes de Panettone.

Hier soir : Becket de Peter Glenville (1964). Très Royal Shakespeare Company, mais orienté yankee.

 

Avant de songer à écrire quelques phrases un peu moins superficielles sur le bref roman de László Krasznahorkai, au titre interminable (rose des vents, orientation du monastère japonais), je dois me débarrasser de ceci : la traductrice confond eut et eût ; il y a d’autres erreurs de conjugaison qui m’ont agacé contre la traductrice et contre l’éditeur négligent ; on ne sait pas du tout, quand on ne connaît aucun autre ouvrage de cet éditeur (Cambourakis), si les marges larges sont du fait de l’auteur ou de son éditeur français.

 

Onze heures et quart. J’ai bien entamé la note de lecture sur l’un des deux Herta Müller (Atemschaukel). J’ai aussi fait la vaisselle, les courses au bourg, des parties de loto des animaux avec Oméga, rangé du linge. Le soleil ne se lève pas. On nous parle de radoucissement, puis de froid avec soleil. Qu’y comprendre.

 

vendredi, 21 janvier 2011

L'Hiver, le vaste Hiver désole nos labeurs...

21 décembre, quatre heures et quart.

 

En chauffant, le café a répandu, dans la cuisine, une odeur de lait brûlé – un rejeu du lait débordé de ce midi (la purée, les plaques électriques). Hier, dentiste ; aujourd’hui, notaire. Ici, dans cette maison où, si j’avais mis par écrit tous les instants de bonne solitude, toutes les pages imaginées depuis bientôt vingt ans, je serais déjà à la tête d’un excellent roman de deux mille pages (voire plus), ou de dix de deux cents – ce qui est peut-être plus juteux, commercialement parlant –, je surveille le feu, l’alimente du peu de bois qui nous reste, et notamment de longues branches encore vertes ou de bûches noueuses pas assez sèches non plus ; toutefois, la cheminée est excellente, vaste, et elle avale tout.

Dès hier, et peut-être même dès avant-hier (après, pourtant, les fatigues du voyage et de la pause habituelle – quatre heures dont le déjeuner – chez mes arrière-grands-parents de Saintes), j’ai senti que la fatigue m’avait quitté. Comment est-il possible de sentir la fatigue s’en aller ? On la sent venir, s’installer. Mais, quand elle passe, c’est souvent à la faveur de moments de repos qui passent inaperçus, le sommeil tout particulièrement, bien sûr. Enfin, j’ai déjà senti, dès le début de ces vacances, que la fatigue (ou était-ce la tension ?) me quittait.

Quelques constantes : le café n’est jamais bon ici, même en changeant sans cesse de cafetière, même à l’eau minérale (et quelle que soit l’eau minérale) ; il n’y a pas de lave-vaisselle (sinon moi) et pas de connexion Internet (et, du coup, les ordinateurs restent souvent endormis, voire au fond de leurs mallettes) ; les journées de beau temps doux (hier : dentiste) et de longue pluie ininterrompue sans l’once d’une éclaircie (aujourd’hui : notaire) se succèdent, alternent.

Je ne suis allé ni chez la dentiste, ni chez le notaire.

 

Disques écoutés : Jackie McLean, Brad Mehldau (Art of the Trio, 1), Robert Wyatt (Old Rottenhat), Captain Beefheart (les 4 faces de Trout Mask Replica – il y a des choses superbes, et puis des braillements vraiment insupportables). Renaud, Jean-Louis Murat (de l’ambiance ?).

Livres lus : terminé le Jirgl, lu le Krasznahorkai (me suis promis de ne pas me lever pour vérifier l’orthographe, au diable !), commencé Armance. Go Down, Moses, interrompu depuis au moins trois semaines, attend sur un accoudoir.

Film vu : Le Cheikh blanc de Fellini. Tout est déjà là, rien n’est en place. (Curieux d’écrire cela, car l’art de Fellini est un art du déplacement, de l’hors-place (hors cadre ?).)

Je dois absolument écrire un billet sur Herta Müller (me dis cela depuis le 1er lu, à Toussaint, qui est le dernier paru). Plus j’attends (et j’ajoute des lectures), plus cela devient impossible, bien sûr. La parenthèse après Müller est d’une syntaxe particulièrement tordue, ou audacieuse. Art de la syllepse, ou plongée dans les solécismes ?

 

A un moment précis, face au feu, je commence la lecture de Campo abierto.

mardi, 18 janvier 2011

"Démons viennent quérir sorbonnards"

"Démons viennent quérir sorbonnards". Boiseries de la sacristie, 1576. Cathédrale Saint-Julien, Le Mans, dimanche 16 janvier 2011.

mardi, 07 décembre 2010

Frimas à Florence

La grand-mère paternelle de C. est morte dans la nuit de dimanche à lundi. In memoriam.

 

 

Cadran solaire à Versols (Aveyron), 7 août 20107 décembre 2010. Il ne lisait ni Sols, ni Cape Cod, ni Capitaines courageux. Il ne m'a pas répondu d'une moue dubitative, ni avec un ton mitigé, ni en pleurant à chaudes larmes. (Elle s'écrit, je m'écrie.) Ce n'était pas rue Cardan, ni boulevard Bourdon, ni à Montrouge. Ce n'était pas en avril (the cruellest month) ni en juin ni en septembre. Il n'était question ni de gaspillage ni de déchets ni de perdre son temps : à quoi, d'ailleurs ? à quoi bon ? Il pleuvait à torrent, et dans les Landes aussi, mais dans un air plus doux. Les heures passent. Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Etait-il de bonne foi, sa moue non dubitative (mais quoi ? agacée ? non, pas même), son ton pas mitigé (perplexe, peut-être), ses larmes pas chaudes (ses yeux secs) ? Pourquoi photographier toujours les plaques portant les noms de rues, boulevard Bourdon écrasé par la chaleur ? Jacob fait un blocage, son Panasonic se bloque. Ce n'était pas dans la rue Traversière, où les heures s'égrènent plus lentement. Une éponge à nettoyer les calamars, je vous jure ! (D'ailleurs, squid n'est-il pas invariable ?)

Il donne à Phobos l'éclair, et à Domos la foudre pour épouvanter Typhée. Et Denys qui fit construire une prison en forme d'oreille ! En forme d'oreille, je vous jure ! (Si vous le dites.)

J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Ce n'était pas à Paris, ni à Rouen, sinon comment trouver une aiguille dans une botte de foin, et le Relais de la Poste ------ à Versols, peut-être ? Lukasz Zyta laisse jouer Jaromir Honzak. Faute de calamar, ils se servaient d'un crapaud-buffle, ou de petites grenouilles ligotées ensemble, en guise d'appât. Michal Tokaj prend le relais. Les heures passent, plus lentement dans la rue Traversière, au rythme galeté de la Sorgues. Ce n'était pas à Paris ni à Rouen. So far I'm sure. Ce n'était ni en avril (le mois le plus rude, le plus amer) ni en juin, ni en septembre; Ce n'était pas dans un roman de Laurent Cohen, ni dans Le sourire d'Achille. (Volent les corneilles.) Lukasz Zyta accompagne Piotr Baron et Christian Rover. Faute de calamar, ils prenaient comme appât un crapaud-buffle.

Flûte !!! De la chair pour vos vers ! Od šesti let navštěvoval hodiny piana a ve čtrnácti začal hrát na kontrabas. Si vous le dites. Si vous le dites. Ce n'était pas à... Si vous le dites. Ce n'était pas en avril. Si vous (le mois le plus barbare) le dites... Jacob fait un blocage invariable rue Traversière. Si vous le dites. Les heures passent, en avril comme en juin comme en septembre. Après vérification, c'est la grammaire de Le Prieux qui est exagérément normative ; l'OED est plus cool. Les heures passent, au fil du rasoir. Si vous le dites.

Quatre mois seront passés. Lorca le sait. Lukasz Zyta lui souffle. While Baranski and drummer Lukasz Zyta play a sprightly romp, Maupin coaxes wistful phrases from his soprano. Ce n'est pas ce disque, mais Present Past. Quatre mois auront passé. Si vous le dites. Si vous le dites. Chaleur, canicule, temps de chien sur le boulevard Baron. Les heures passent, se muant en mois (quatre) puis ans (cinq). Il m'est aussi impossible d'être sérieux. Quelle chaleur ! (Ce n'était ni un sergent ni un amiral. Il ne faisait ni le poirier ni la roue.) Quelle chaleur ! Si vous le dites : quelle chaleur ! Et le Relais de la Poste, une aiguille dans une botte de foin, une alouette rôtie dans le bec (ce n'était pas rue Carvès, à Montrouge ( le lieu le plus amer ?)), une moue claire comme de l'eau de roche (pas dubitative). If : si vous le dites.

La prochaine étape passe par Hermilix. Passent les heures. J'ai rencontré Loïc Rothman le 3 mars 2006, à l'issue d'un colloque en Sorbonne. Si vous le dites.

 

samedi, 27 novembre 2010

Dents, arceaux, percussions

Lena nYadbi, 2008.jpg   Ce mardi-là à Canberra, parcourant à pas comptés (et la tête échauffée, solitaire et attentif) les salles de la National Gallery of Australia consacrées à l'exposition Emerging Elders, pouvais-je, en contemplant, me rappeler ce texte de Daudet étudié dans un de mes cours de traductologie deux ou trois ans auparavant, et dans lequel l'expression "salons en enfilade" peut donner lieu à de subtils développements sur les métaphores figées, les changements d'image d'une langue à une autre, ainsi que sur les doubles sens involontaires (anachroniques), d'autant que, la sueur perlant à mon front, peut-être, après une promenade dans le jardin des sculptures, je n'avais pas encore lu (ni même acheté : c'était place de Strasbourg le 29 août 2010) le bref et assez vain (quoique (ou parce que) habile) roman de Christophe Claro dans lequel, à la page 74, l'Esprit de la cave prend son envol ?

 

Parfois, il arrive qu'ils me croisent. Le noir leur tombe dessus comme un rat d'une canalisation haut perchée - un bruit mat et lourd, puis plus rien, même pas le grattement des pattes, juste son poids, sa trompeuse chaleur -- et alors, ALORS, ils me sentent. Ils sentent l'Esprit de la cave. des peurs d'enfance leur griffent l'entrecuisse, une toux sèche leur noue le thorax, un invisible pic à glace leur taquine l'échine.

Ni vigile d'une vulgaire Lascaux, ni tour-operator de je ne sais quelle catacombe, j'halète et grince et sue, tenu à de solitaires inspections, à de très chiantes circonvolutions dans cet univers de cadenas et de minuteries.

 

 

Ne trouve-t-on pas, dans le nom même de Lena Nyadbi, l'image même du tissage...

"Bo Diddley Meets the Monster". Self-Portrait with one of Bert Flugelman's Cones. National Gallery Sculpture Garden, Canberra, May 11, 2010.

... et, dans les cônes de Bert Flugelman, une rencontre quasi incestueuse avec l'Esprit de la mêmoire ?

lundi, 01 novembre 2010

Le ciment, décidément

Ces derniers jours, j'ai lu plusieurs livres, ou achevé la lecture de plusieurs livres qui avaient été "entamés" simultanément. Dans l'un de ces livres, une famille de quatre enfants devenus brusquement orphelins de père, puis de mère, enterre cette dernière sous une chape de ciment, dans la cave de leur maison. Dans un autre, le ciment tient un rôle important, au point de donner son titre à l'un des premiers chapitres ; dans l'un des courts chapitres décrivant la vie, et surtout la survivance et la mort, dans le camp de concentration soviétique qui est le "décor" (mot inapproprié : le cadre ? pas mieux) du roman, une prisonnière est ensevelie sous un flot de mortier.

Suicide ou accident ?

Le ciment n'est pas si souvent motif central d'un texte littéraire. Il donne son titre au roman d'Ian McEwan, The Cement Garden. Il donne son titre - ainsi que je l'ai dit - à l'un des chapitres du roman de Herta Müller, Atemschaukel. Côté français, je ne vois que le roman de François Bon, Décor ciment, et la chanson de Matthieu Boogaerts. (Moins sinistre.)

 

jeudi, 14 octobre 2010

Lodève, Larzac, Escandorgue

They travelled by bus and train, westwards through Provence, through flash floods and electrical storms. In Arles they met a French government official who drove them to Lodève in Languedoc. He told them that if they presented themselves at his hôtel in a week's time he would take them on with him to Bordeaux. The skies had cleared, they were not due in England for another two weeks and so they set off on a short walking tour.

This is the region where the causses, high limestone plateaux, rise a thousand feet above the coastal plain. In places the cliffs drop spectacularly hundreds of feet. Lodève stands at the foot of one of the passes, then a narrow country road, now the busy RN 9. It is still a fine ascent, though with such traffic, hardly pleasant on foot. In those days you could pass a tranquil day climbing steadily between towering formations of rock, until you could see the Mediterranean shining behind you, thirty miles to the south. The Tremaines spent the night at the small town of Le Caylar where they bought broad-brimmed shepherds' hats. The next morning they left the road and headed off north east across the Causse de Larzac, carrying two litres of water each.

These are some of the emptiest spaces in France. There are fewer people here now than there were a hundred years ago. Dusty tracks, unmarked on the best of maps, wind across expanses of heather, gorse and box. Deserted farms and hamlets sit in hollows of surprising greenness where small pastures are divided by ancient dry-stone walls and the paths between them, flanked by tall blackberry bushes, wild roses and oaks, have an English intimacy. But these soon give way to the emptiness again.

Towards the end of the day the Tremaines came across the Dolmen de la Prunarède, a prehistoric burial chamber. Then, only several yards further on, they found themselves standing above a deep gorge carved through the rock by the river Vis.

 

(Ian McEwan. Black Dogs, 1992. Vintage, pp. 138-9)

Le Salagou depuis le plateau du Crézac / 7 août 2010 La Cavalerie (Aveyron), dimanche 8 août 2010.Vallée de l'Escandorgue, Hérault. 7 août 2010.

jeudi, 15 juillet 2010

Grand débordement d'activité, I

Vendredi 9. Incapable de conduire le trajet entier – en fait, C. a conduit tout du long, sauf autour de Bordeaux (j’aurais pu m’endormir près de Moustey).

[Ferré et Thiéfaine sont les deux chanteurs que je connais qui parlent du Chambertin.]

Arrivée à Hagetmau, divers rangements, ménage etc.

 

Samedi 10. La Ceinture de jade d’Anatoli Kim. Jackie McLean. Déjeuner sous les arbres.

6 h du soir, course d’Audignon (Deyris) aux arènes de St Sever, aux 9/10 vides (avec Richard). Marty vainqueur, belle prestation du local Plassin, frères Vergonzeanne décidément en déclin. Courtiade use du coudrier sur le cuir des dames. Lalanne pas veinard sur la sans corde. Du beau linge dans le callejon, dont la Zahia des coursayres (Mme Vincent Muiras, il semble). Pointeur débutant archinul, maintes broncas vers la pitrangle.

Soir, petite finale.

 

Dimanche 11, anniversaire d’A. 10 à table, parents, grands-parents, Mamie J. et V.

Matin, ballons et tronçonneuse. Midi, sangria infecte mais le reste impeccable. Cadeaux en nombre pour A., « yes ! » à chaque coup ! Discussions post-prandiales et vaisselle.

5 h, course de St-Cricq (Dargelos), très moyenne (euphémisme), arènes mi-pleines. Bien placés, presque pas au soleil. Même pointeur gamin nul que la veille, en progrès sauf au moment de la comptabilisation finale individuelle (Lapoudge, 19 écarts globalement convenables, totalement oublié, même derrière Dumecq). Lendresse vainqueur. Frères Deyris suprêmes, surtout J.-F. muselant la sans corde après tumade sur Dumecq. Un tourniquet parfait de Lapoudge, capturé sur vidéo.

Soir, finale lamentable à la télé avec bocadillos et victoire de l’Espagne aux forceps.

 

Lundi 12. Mrs Dalloway, en bribes, juste le premier tiers (du moins à 6 h 30 du soir, heure à laquelle j’écris ces bribes elles-mêmes). Boogaerts. Pas de course, mais Défis & Champions en DVD à la télé en guise de quatre-heures, avant bonne promenade au Louts. [Crapaud mort gonflé de vermine en plein soleil au milieu du boulodrome. O. n’a pas compris, A. dégoûté.]

Matin, achat de déshumidificateurs car la moisissure a gagné trop de terrain.

« Quelques enduits et je termine. »

 

Mardi 13. Sur la vieille bécane, toujours (combiné du clavier Fujitsu de 2002 et de l’écran Philips de 2000). Continue Mrs Dalloway. Passage de voitures en trombe sur la route de Monségur. Ratatouille. Saturnin, pour O. (au-delà du ridicule). Acheté le guide vert du Languedoc-Roussillon chez Caldéra. Signe le plus évident, pour moi, de « la grande déculturation », la disparition de guides détaillés, et en particulier des Guides bleus. Regret de ne pas en avoir acheté une pleine fournée quand la collection existait encore, ou de n’en trouver qu’usés, jaunis ou cornés chez les bouquinistes ou les antiquaires.

Furieux de voir le grand cercle où « ils » avaient fait brûler des feuilles et des branches ne pas se remettre de son état calciné – toujours grand pourfendeur in petto (et à haute voix) de l’écobuage. Pas de course aujourd’hui, j’écris ces lignes à onze heures moins dix.

Mrs Dalloway, de Peter Walsh avant midi au dîner de Peter Walsh (‘Bartlett pears’).

Hélicoptères en permanence (avant le 14 juillet ?). Que de remue-ménage aujourd’hui.

Premières idées pour le cours de M1. Different from (/ to, than) → les constructions prépositionnelles après les adjectifs. Autres constructions en from. Utilisations de from dans les textes théoriques (philosophie, littérature, histoire). [Oui, tout juillet dans un seul document.]

7e compagnie, le soir, pour A. – plié de rire à plusieurs endroits. Moins nanard que dans mon lointain souvenir. On a dû pouvoir dire ou écrire, à l’époque, que ça réinventait complètement le comique troupier. Au lit, commencé Underworld, pas longtemps. [La barre d’espace, peu réactive, me fait des blagues, composant des agglutinés.]

 

Mercredi 14. [Neuf heures et demie.] Poursuivi quelques pages d’Underworld, je ne comprends rien aux règles du baseball donc une partir du tour de force stylistique m’échappe. Cela sent un peu le tour de force, dès le départ. À suivre… Vais lire les 25 pages restantes de Mrs Dalloway.

Désintoxication de café presque totale (juste une  petite tasse milieu de matinée). Pas de thé, du tout.

Max Roach & Clifford Brown.

Au lever on a cru au beau, et puis : vent, soleil par intermittences – ça peut donner tout et son contraire.

Après-midi et soirée : Concours de la Corne d’Or à Nogaro. Foule. Belles vaches, sorties festival des sauteurs distrayantes (dont un tout à fait inédit et épatant triple saut périlleux avant et sur la vache par Louis Ansolabéhère), et triomphe de Thomas Marty, tenant du titre et auteur d’un intérieur absolument époustouflant. Le garçon devient meilleur chaque année. Côté trophées, triplé et carton plein de l’Armagnacaise : Barrouillet cordier d’argent ému aux larmes, Ibañeza indétrônable et Baronne vache de l’avenir.

D’où vient la passion et surenchère de Virginia Woolf pour les points-virgule ?

Plus d’hélicos (c’était donc ça).

 

Jeudi 15. Record de la coiffeuse la plus abrutie & la plus inculte pulvérisé. (Jocelyne, dite « Joss », à Hagetmau.) Avouez que la concurrence est rude…

Continué d’ébrancher des gaules – activité essentielle de ce début d’été – au point de devoir manier le sécateur de la main gauche (triple ampoule à l’index de la main droite (mon père avait raison : « mets des gants de jardinage, Guillaume ! »)).

Pas d’Underworld.

Bassine de 6 kilos de prunes quasi achevée (en 4 jours). Pas besoin de faire des confitures, une famille de quatre estivants suffit amplement à la Cause.

Underworld, 100-122.

 

mardi, 29 juin 2010

Ah vous dirai-je Melbourne ?

Royal Arcade / Melbourne, May 4, 2010.

( cliquer pour agrandir / tiquer pour devenir / fliquer pour s'ébahir / piquer des souvenirs )

jeudi, 17 juin 2010

Me traînent aux basques

Bilbo - Bilbao (Pays basque), 15 avril 2010.I've never heard anything like it—at least, not since the Bilbo days.

 

I combat challenge of this latten bilbo. Word of denial in thy labras here!

 

Je ressentis, de cette circonstance, une joie d'autant plus vive que je croyais, pour le moment, notre sympathique navigateur en rade de Bilbao.

 

Fragment IHere's Bilbo, then, shall bar you; atoms are not so small, as I will slice the slave.

 

I was knocked senseless in the fight, after I had put my bilbo through your comely brother.Bilbo - Bilbao (Pays basque), 15 avril 2010.

 

mardi, 15 juin 2010

Souffles d'une trame

Des travaux partout à Tours, et ce n'est même pas le tramway !

The Yarra. Melbourne, May, 4th, 2010.La Yarra, ce n'était pas grand chose. Mais le Jardin botanique, oui. Sourires jamais figés, cela aussi compte. Déjà un mois, pourtant, que, même pas las d'excavations dans la mémoire la moins superficielle, et gardant le silence parce que tout doit être raconté, je suis rentré, à peine fatigué (et donc nullement fourbu), de Melbourne.

 

Portal/Kent/Cinelu ///   04 Pigmee.wma    ///  Pigmee, Pygmées

 

Pygmées (ou pas), nos âmes (dont Giono, dans Le Poids du ciel, se soucie et s'exalte) peuvent même élever le didgeridoo à des hauteurs insoupçonnées.

(Hauteurs insoupçonnées : voilà le type même du cliché, de la collocation employée comme cliché-pirouette. Tout un texte s'écrit dans le désir d'éviter les clichés, et pour une dernière surprise bien fade, recourt justement à un cliché - comme explicit.)

dimanche, 06 juin 2010

"Ce champ doit être renseigné"

D'emblée, ce carnétoile s'habilla de vert.

Château de Serrant. Saint-Georges-sur-Loire, Maine-et-Loire, dimanche 6 juin 2010.Il n'est pas question de renier cela. Même avoir vu une chèvre pie faire de la varappe sur une paroi quasi verticale du château du Plessis-Macé ne me fera pas changer d'avis : il n'est jamais temps de lancer adieu verdure.

Au château de Serrant, un des joyaux de l'Anjou pourtant, l'imbécile surfeur qui tenait lieu de guide n'a pas été foutu de faire comprendre un peu clairement ni l'histoire architecturale du site, ni les raisons pour lesquelles telle famille avait succédé à telle autre. De dates, même vagues, dans un tel historique, il pouvait encore moins être question. À un moment, il n'a pas été loin de mélanger l'époque Henri-II et le Second Empire.

Délires de cochonnaille à Champtocé.

Délires casqués au Plessis-Macé.

Délires verbaux dans la Toyota.

Bon, nous avons connu de pires dimanches !

 

lundi, 11 janvier 2010

Image d'un août pénultième

Route de Lacrabe, 12 août 2008, i

( Hommage à  E. R. )

 

samedi, 25 juillet 2009

Avenirs d'égotisme

.   .   .   .   Voiture doublement en panne : autant dire, des liasses et des liasses de billets dans le caniveau. Le séjour, toutefois, continue (et je continue de n'écrire pour personne).

Hier matin, outre l'achat d'un panachage de textes contemporains traduits de langues diverses pour ma mère à "Brouillon de culture" (quel nom de librairie, et quelle piètre librairie d'ailleurs*), j'ai acheté plusieurs livres de poésie dans une merveilleuse librairie d'occasion, près de la place Saint-Sauveur -- notamment L'Âge de craie de Pieyre de Mandiargues, en NRF-Poésie : j'en ai beaucoup lu hier, et je me demande si ça ne me plaît pas plus encore que ses textes plus tardifs (Porte dévergondée par exemple). Du point de vue des proses poétiques, en voici un qui, comme Gracq, a subi l'influence de Rimbaud et Breton, mais s'en est affranchi de manière beaucoup plus joueuse, et tout simplement moins ennuyeuse (sujets et rythmes). Bon, je n'ai jamais été très adepte de Liberté grande, mais tout de même, je crois ne pas écrire n'importe quoi, pour le coup. C. a acheté une anthologie de poésie espagnole contemporaine, et, rien qu'à la feuilleter, il me prend des frénésies de découvertes, des boulimies d'achats, des regrets de ne pas connaître l'espagnol.

Sinon, cela fait plus de deux jours que j'ai fini de lire Le Miroir qui revient et que je voudrais, sans l'avoir fait encore, noter dans ces carnets quelques passages marquants. Au reste, voilà quelque chose que je songe souvent à faire et ne fais presque jamais. Velléité**, tel est mon maître mot. On pourra inscrire sur ma tombe le distique fameux (ou est-ce fumeux ?) :

Lui qui fut si velléitaire

Désormais va devoir*** se taire.

 

 

Pour me faire mentir, autant que me secouer la couenne, je copie ci-après, tout de même, un passage du Miroir qui revient (p. 208) :

Tout cela c'est du réel, c'est-à-dire du fragmentaire, du fuyant, de l'inutile, si accidentel même et si particulier que tout événement y apparaît à chaque instant comme gratuit, et toute existence en fin de compte comme privée de la moindre signification unificatrice. L'avènement du roman moderne est précisément lié à cette découverte : le réel est discontinu, formé d'éléments juxtaposés sans raison dont chacun est unique, d'autant plus difficiles à saisir qu'ils surgissent de façon sans cesse imprévue, hors de propos, aléatoire.

 

 

* Sujet de composition philosophique : comment un libraire qui appartient à un réseau de librairies dites "de qualité" peut-il afficher des posters vantant Anne Gavalda ?

** Une prime coquille donnait à lire : "Veilléité". Le veilleur velléitaire, voilà qui m'irait assez bien (avec la pointe de grandiloquence auto-ironique que les sots ne comprendraient pas ?).

*** (Ou est-ce "pouvoir" ?)

 

mercredi, 22 juillet 2009

Coupesarte

Je n'y suis

Manoir de Coupesarte, Calvados, lundi 20 juillet 2009.(hélas) pour personne.

dimanche, 19 juillet 2009

Nourri, parcimonieusement

L'an 2000 appartient au présent.

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Dans le salon de la maison caennaise, attablé assez inconfortablement à une grande table qui sert de bureau et où sont empilés en vrac documents, papiers et ouvrages divers (dont une demi-douzaine de catalogues raisonnés qui me font sérieusement de l'oeil), je pianote, tandis que la sieste des uns suit son cours, et les élucubrations fantasmatiques de tel autre.

(Longtemps, j'ai aimé les hyperbates : Il est mort, et ma mère.)

 

Je n'ai plus de lecteurs, donc je n'ai plus à me contraindre, à me sentir forcé de rien. Un faible rayon de soleil perçant la froidure, je lézarde en hibernation normande, et me laisse aller. Sur ma gauche, il y a trois livres : deux que je lis en ce moment (Le miroir qui revient et La fille qui hurle sur l'affiche), et un dont je n'ai toujours pas découpé les pages : Canisy de Jean Follain.

(Longtemps, j'ai hésité à accumuler plusieurs séries de deux-points dans une seule et même phrase. Longtemps, je n'ai pas su que couper les pages d'un livre se disait "découronner". Je n'ai plus de lecteurs, à quoi bon me forcer.)

 

Propositions relatives ! Mais tout est relatif, surtout les craquements de l'escalier, l'encombrement de l'évier, le noisetier quasi centenaire qui fait se disjoindre les briques de la murette. Tout relaie, tout dilue. Tout se dilate, les yeux défalqués en flaques quand on pleure pour rien (pour ne rien dire). Caen est une ville attachante, mais mes maigres souvenirs de l'été 1983 (peut-être) ne m'y avaient-ils pas soudé ? Faut-il être soiffard, tout de même... Toi, là-bas, tu rigoles. (Eden, Hadès, même combat.)

Souhaiter que la sieste d'Oméga dure. Qu'Alpha en marchant élucubre.

(Longtemps, j'ai aimé les rimes internes.)

((Les assonances.))

 

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Le jeu n'en vaut plus la chandelle, l'an 2000 est encore loin.

 

 

dimanche, 14 décembre 2008

500 heures sans dormir

Dans le noir, Alpha et moi suivions l'actuel propriétaire, en marchant dans de vraies flaques de purée de nèfles. Sous la pluie, nous relevâmes les compteurs, avant passage devant notaire mardi soir. M. C*** se perd ensuite dans les détails -- placards, clefs, néons neufs, trappes d'accès...

 

Demain, il faut rendre l'exemplaire des Poésies de George Meredith, et Le Rouet des brumes. Manqué de temps, comme à l'accoutumée. Je me demande tout de même s'il ne faudrait pas que je relise Bruges-la-Morte, que j'avais tant admiré en 1994 ; les nouvelles du Rouet m'ont paru, à quelques passages près, de bien fades petites choses. Récemment, C. essayait de lire Le Livre des fuites, dont je lui avais dit qu'à quatorze ans il m'avait ébloui. Comme, depuis, Le Clézio m'est devenu insupportable, j'avais de nouveau emprunté ce Livre des fuites, auquel je n'ai même pas eu le temps de jeter un oeil, afin de voir si c'était un amour de jeunesse ou une pierre égarée dans l'oeuvre. Some other time...

Lyon, 11 décembre 2008 : la grand' roue, place Bellecour Alban m'a parlé de Touraine sereine. Non, je ne tiens plus de blog, plus aucun d'ailleurs. L'Horloger de Tavernier : vu il y a longtemps, aucun souvenir, mais Alban en parle avec tant de passion... Les traboules dans la nuit et l'air glacé, d'excellents gras doubles à la lyonnaise ("a munching in a cork"), et une soirée vraiment inoubliable - index et majeur pile où il faut.

Le colloque, faut-il le dire, m'a plutôt relancé, un paradoxe en ces temps de désastre.

Longs trajets en train, sans ordinateur ; la neige dans le Morvan, et la gare rose de Chauffailles ; au retour, j'ai lu presque intégralement Muttersprache de Josef Winkler dans la traduction de mon collègue Bernard Banoun. La verdure se vêt toujours de jaune.

 

Dimanche aussi, E. m'écrit qu'il a pleuré deux fois en écoutant le Fidelio de Jonas Kauffmann.

 

jeudi, 10 avril 2008

So, Nora

Terminée la noce. La verdure en lointaines lézardes s'épanche. Tombereaux de pluie. Brisants de marbre, des statues descendues nues de leur piédestal. Hier, il régnait un soleil puissant, une douce chaleur. Lire aux terrasses. D'où viennent ces rêves complexes, surpeuplés d'avatars et de dédoublements, qui me laissent émietté au réveil ?
Les carnets n'ont plus de sens ; un compendium laborieux a vu le jour. 
Terminée la noce. 

jeudi, 28 février 2008

"Trois jours sans écrire..."

   Trois jours sans écrire, je pense. Non, ce ne sont pas les belles phrases de Sankt-Petri-Schnee, dont la lecture est terminée depuis ce matin (six heures et demie), ni les mémoires de Soyinka – oh, le portrait vitriolé des époux Mitterrand ! – qui me poussent à reprendre le fil de ces billets, mais l’odeur des fleurs de mimosa. Février, fleurs de mimosa : l’odeur des pâques, l’odeur des premières journées d’avant-printemps, l’odeur du soleil en boules fleurs, l’odeur minutieuse des fibrilles jaunes que l’on peut contempler des heures durant, l’odeur landaise par excellence, l’odeur d’avant-printemps, février au mimosa. C’est l’odeur des fleurs de mimosa qui me ramène vers l’écriture, cette odeur landaise insurrectionnelle du printemps qui se rebelle pour rire contre un hiver jamais vif – à peine des nuits à moins deux ou moins trois, mais les boules jaunes du mimosa en rigolent tout le jour, tout le midi, tout le mitan du soir, février fiévreux au mimosa qui embaume.

   En ramenant ce février fiévreux jaune mimosa à l’écriture, ce sont aussi des souvenirs de lecture qui émergent, évidemment la série de poèmes que Ponge a consacrée au mimosa : ne s’y trouve-t-il pas l’adjectif floribonds ? (La bibliothèque, comme la mémoire, fait défaut.)

   Gestuelles sobres et dansantes des fleurs de mimosa qu’alanguit la brise : souples, liés, ces mouvements entièrement silencieux comme sur la scène d’un cabaret. Pas même une mouche n’ose effleurer le jeté subtil des artistes, les fleurs de mimosa. Alors, sur le visage des spectateurs se lit l’euphorie que procure, face à de tels chatoiements, un art consommé semblable à la danse des marionnettes de chair, et dont aucun trait encore n’a jailli d’un hiver de pacotille (l’odeur d’avant-printemps, février au mimosa).

 

[ 17 février ]

lundi, 25 février 2008

Sankt-Petri-Schnee, premières impressions

Cela me fait plaisir de prendre le temps de lire un roman de Leo Perutz en allemand. Trop paresseux, je ne pratique pas assez souvent le latin, ni l’allemand. Ce sont plutôt des occasions.

Sankt-Petri-Schnee, que je lis, du coup, plus lentement que les précédents opus de Perutz lus en janvier, me plaît beaucoup. Les tâtonnements lexicaux auxquels je suis confronté sont surtout d’ordre adjectival. Pour le reste – et même les phrases dont la syntaxe est particulièrement alambiquée – je me laisse porter par le flot de la langue.

C’est un roman faussement simple. (Je n’en suis qu’au chapitre 6, sur les vingt-cinq que compte le roman.)

Comme souvent dans l’œuvre de Perutz, le premier chapitre situe le récit en orientant la lecture ; s’il s’agit d’une manipulation, d’une orientation trompeuse, il est permis de le supposer, mais sans certitude. Le plus admirable, pour l’instant, c’est la description de la promenade dans la vieille ville d’Osnabrück, à l’heure de midi, et de la double épiphanie du narrateur à la contemplation de la vitrine de l’antiquaire.

[ 13 février ]

dimanche, 20 janvier 2008

Shown meadow

J'écoute la Sonate n° 1 pour violon et piano de Brahms, dans la version de Jaime Laredo et Jean-Bernard Pommier (qui me semble désormais un peu "agressive"), et ce pour avoir lu avant-hier soir le premier chapitre du Maître du Jugement dernier de Leo Perutz. Ma première envie d'écrire de la journée provient du souvenir, évoqué hier soir en regardant le deuxième épisode des Oubliées (série "française de qualité" manifestement surévaluée), de l'ancienne abbaye de Prémontré, dans l'Aisne, que nous vîmes, sans pouvoir y entrer car il s'agit depuis longtemps d'un asile psychiatrique, le jour des morts de 1997, il y a donc un peu plus de dix ans.

Dans l'album La promenade, il y a deux photographies, dont une représente C. en manteau rouge devant l'entrée, et l'autre capture les deux-tiers de la façade de cette superbe bâtisse du dix-huitième siècle. Deux pages plus loin, comme en écho, prises lors d'une virée du 11 novembre, on peut voir deux images du château de Raray, de ses "fameuses parois aux formes chantournées, et surmontées d'une abondante statuaire à thèmes cynégétiques, qui flanquent de part et d'autre la cour d'honneur" (Renaud Camus. Corée l'absente. Journal 2004, p. 144)

Souvent je repense à la Picardie.

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En cherchant des photographies de Raray sur FlickR (car je renonce à scanner mes anciennes images argentiques), je m'aperçois que Renaud Camus, qui s'y trouvait le 18 mars 2004, ce dont atteste Corée l'absente, y est retourné le 8 juin de l'année suivante. En cliquant sur la photographie ci-contre, vous accèderez à l'original en grand format, ainsi qu'à l'ensemble des photographies de Renaud Camus.

Curieusement, Renaud Camus n'a pas mis en évidence, sur son site de photographies, les "fameuses parois", qui sont, de fait, le souvenir le plus vif que j'aie du château, dont on ne peut voir que les extérieurs (c'est un hôtel). Ce jour du 11 novembre 1997, nous avions passé plusieurs heures à Senlis, avec la grand-mère maternelle de C.

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Souvent, je repense à la Picardie. Je me suis beaucoup éloigné, maintenant, de l'ancienne abbaye de Prémontré, qui était pourtant, sinon le sujet, du moins le point de départ, le punctum de ce billet à vocation mémorielle et photographique. Le 2 novembre 1997, nous avions fait une promenade dans la forêt de Saint-Gobain, après une matinée glaciale dans la belle cité médiévale de Laon.

vendredi, 18 janvier 2008

Sept heures du soir, RN 124

( La zane de yeul, ça n'est pas folichon. )

Ce matin, il s'est passé ça. Puis, j'ai écrit ça. Idiot que je suis : l'énoncé j'ai vu passer une jolie jupe est toujours une métonymie, puisqu'il attribue à la partie du tout (le corps habillé) des propriétés du tout, la personne entière (la marche - "passer").

Autrement, après trois heures de cours, une traduction de poésie, deux heures et demie de recherches sur JSTOR et huit rendez-vous, j'ai quitté l'université à six heures du soir, pour me consoler avec Leo Perutz.

Coucher de soleil au-dessus de la RN124, au rétroviseur V

Six mulets et six hérissons font la douzaine, et la plupart des gens ont le nez au milieu de la figure. Avez-vous entendu, madame Sabot ? Demain, on enterre un mort !

(Leo Perutz. Turlupin. Traduction de J.-C. Capèle. Le Livre de Poche, "Biblio", p. 29.)

jeudi, 10 janvier 2008

Jackie McLean, Consequence.

Un quintette solide pour six morceaux de grande tenue. Lee Morgan à la trompette dépasse presque le leader. Impossible de savoir de qui sont les compositions (j’aime beaucoup Tolypso). Il s’agit d’enregistrements du 3 décembre 1965, sortis en album pour la première fois en 1979 seulement (inexplicablement). La musique – comme la photographie de Ron Leighton qui se trouve en couverture – oscille entre l’abstraction chaleureuse et l’éclat glacial de la figuration. Nous sommes dans le même navire des draps dépliés, chiffonnés. L’introduction somptueuse de Harold Mabern (parfait inconnu pour moi) sur Slumber suffit à pousser la note grave de l’insomnie créatrice.

Gale Ce vinyle du saxophoniste Jackie McLean, je l’ai découvert, comme tant d’autres, depuis la mort de P. Lui qui m’a initié au jazz, ne m’avait, je crois, jamais parlé de ce saxophoniste dont il possédait pourtant deux doubles albums, et celui-ci. Sur les deux premiers solos de Bluesanova, on se dit qu’en matière de splendeur, McLean n’a pas grand chose à envier à Coltrane. (En consultant la vieille édition du dictionnaire du jazz qui se trouve ici, je me dis que j’ai déjà dû croiser la route de McLean, via Mingus toujours. Speaking of which je m’y perds et je découvre aussi que le Mahavishnu Orchestra avait enregistré un album qui s’intitulait Good Bye Pork Pie Hat ; dans la collection des vinyles de P., il y a cet album de Joni Mitchell que je n’ai toujours pas osé écouter, et également consacré à Mingus.)

Le finale de Slumber, dans le dialogue cuivres/section rythmique, emporte loin du navire, sur la mer maintenant refermée des draps qu’aucun ciel n’a froissés.

 

 

                                                                                                      [Hagetmau, 31 décembre 2007]

mercredi, 09 janvier 2008

Grand-tante Finesse tape fesse

effet instantané des asperges

Sur la table à tréteaux rouge où se trouve, parmi quelques autres entassements, le vieil ordinateur composite et bruyant, assis sur une chaise cannée – ou faut-il, comme pour les gâteaux, dire cannelée ? – de métal rouge, ayant monté et dévalé dix fois d’affilée les seize marches de l’escalier de bois, j’écris ces quelques lignes, tandis que se téléchargent, sur le vieil ordinateur composite, bruyant et lent, les photographies fades de ces deux derniers jours. Le ronronnement de l’ordinateur couvre presque le son des touches qui claquètent.

effet instantané des asperges

Soudain, l’ordinateur – ou plutôt, son ventilateur depuis si longtemps bruyant – a cessé de ronronner bruyamment, et l’on peut de nouveau apprécier les roucoulades des tourterelles turques depuis longtemps oublieuses du Bosphore, le passage d’une charrue sur le chemin vicinal, le frottement des feuilles, les rayons de soleil brûlants contre les vitres. Dans le Magazine littéraire acheté ce matin chez Caldéra, j’ai lu ce matin même l’article consacré aux deux nouvelles parutions de Roubaud, dont – enfin ! – la nouvelle branche du ‘Projet’. Sous Word, les tirets semi-cadratins s’effectuent automatiquement du moment qu’on laisse une espace de chaque côté du mot ou du groupe de mots à placer entre tirets, mais en revanche

effet instantané des asperges

, il faut ajouter les signes de ponctuation autres, comme les points d’interrogation ou d’exclamation, après coup, sinon la saisie automatique se défile et, laissant en plan le typographe amateur, ne lui offre, pour tout potage, qu’un maigre tiret de rien du tout, à peine un trait d’union, rien de bien folichon. (Je devrais écrire, se dit-il, quelques phrases sur Stefano Bollani ou sur l’album étrange et étrangement beau du trio de Sophie Courvoisier, Ocre.)

effet instantané des asperges

Il n’en fait rien. Roucoulent les tourterelles, la caravane passe. Utrillo peignit les maisons grises délabrées de Montmagny, et moi je rature. Aujourd’hui ce serait la Sainte Famille, mais le calendrier de la banque ne suggère que la saint Roger. L’ombre du petit pot de verre, sur le coffre des vinyles, est à elle seule la chorégraphie de ce jour d’été. Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai laissé ouvert mon exemplaire de Degrés à la page 204, près de l’ordinateur composite et bruyant, mais le Magazine littéraire est posé plus près encore, et je sais dans quel but (

effet instantané des asperges

) je l’ai déposé là : il est impossible de savoir qui rédigé les très brèves notices qui « résument », à cheval sur les pages 46 et 47 de cet exemplaire du centenaire (janvier 2008), chacun des ouvrages importants de Simone de Beauvoir, mais il est certain que ce(tte) sagouin(e) ne connaît pas le français. Voyez plutôt le résumé (très erroné également, à ce que m’en dit ma compagne, qui a lu ce roman) des Belles images, publié en 1966 : « Ce roman, dédicacé à Claude Lanzmann, décrit les sentiments d’une femme qui réalise qu’elle a été flouée par la vie. Une critique acerbe de l’hypocrisie de notre éducation. »

Peut-être le roman est-il dédié à Claude Lanzmann, mais il y a fort à parier qu’il a été « dédicacé » à beaucoup d’autres lecteurs, y compris par de tout autres personnes que Simone de Beauvoir (e.g. : à ma chère tantine suffragette, son petit Aymeric). De même, que l’on puisse collaborer à un magazine littéraire et ne pas savoir que « réaliser », au sens de « percevoir » « s’apercevoir » « se rendre compte », est un anglicisme qui sent le cuir, c’est inquiétant. (Au demeurant, cela n’a pas semblé gêner tellement les trois traducteurs d’Istanbul d’Orhan Pamuk, non plus, ni l’éditeur Gallimard : le texte français d’Istanbul est parsemé de ces réaliser laids et contresémantiques.) Enfin, on aimerait savoir à quel nous collectif peut bien renvoyer l’expression « notre éducation » : est-ce le système éducatif français qui est hypocrite, ou l’éducation d’une génération, voire, si on le prend au sens strict, l’éducation des journalistes du Magazine littéraire ? (C’est bien possible, en effet : pour écrire aussi mal, il faut que l’éducation laisse à désirer.)

Des chiens aboient sous le soleil, sans raison apparente, et comme chaque nuit aussi ; c’est la grande nouveauté

effet instantané des asperges

de ces vacances. Je me rappelle avoir lu Degrés ici un été, peut-être 2004 ou 2005, mais je ne me rappelle plus où j’avais déniché cet exemplaire aux pages non coupées, probablement d’origine : achevé d’imprimer le 8 janvier 1960, soit 4 jours après la mort accidentelle d’Albert Camus, dont j’ai rêvé cette nuit, recroquevillé sous mon manteau. (Je n’ai pas lu une ligne de Giono, ni d’Albert Camus, depuis l’adolescence.) Degrés ne m’a pas vraiment plu ; j’ai trouvé qu’il sentait un peu trop l’atelier, sans compter que le charme suranné du cadre scolaire des années 1950 nuit grandement aux prétentions du roman à une quelconque modernité. Quand on songe que Butor n’était pas loin de commencer à concevoir les volumes II et III de son Génie du lieu… Quand on songe

effet instantané des asperges

à son génie, on ne peut manquer de désirer lire le dernier volume paru du ‘Projet’ de Roubaud. Degrés se déroule au long de 380 pages. Au centre précis du récit, à la page 198, il est question de papier vert, rose et jaune. Couleurs. Au quart du parcours, un adolescent révolté retarde sa brouille avec le père haï pour une sombre histoire de timbres du Liban. Je me rappelle avoir « tiqué » – l’été 2004 ou 2005, donc – en lisant le patronyme d’un des personnages, M. Bonnini, dont l’épouse, aux trois quarts de Degrés, semble aller mieux. (Mais il n’est plus question (effet

instantané des

asperges) de papiers de couleurs variées.

Stambouli(t)otes

Sur la jaquette de couverture d’Istanbul, c’est le patronyme Pamuk qui est mis en évidence, alors que, sur la couverture crème, c’est le titre du livre qui ressort en grand. Peut-être est-ce le cas de tous les ouvrages de la collection « Du monde entier », mais cette remarque est particulièrement significative, s’agissant de ce bel ouvrage sous-titré ‘Souvenirs d’une ville’.

Istanbul confirme ce que j’écrivais il n’y a pas très longtemps, à propos de Moby Dick, dans un commentaire et en réponse aux deux François : le fait qu’un livre soit traduit par plusieurs (ici : trois) traducteurs n’est pas bon signe. Ici, il y a de très belles pages, mais aussi des phrases lourdes, voire fautives, sans qu’il soit vraisemblable que les lourdeurs en question soient des effets de style imputables à l’auteur. Soit les trois traducteurs se sont répartis la tâche, et l’un des trois est mauvais ; soit (et c’est plus probable) la traduction a été confiée à un premier traducteur, qui a complètement merdé, ce qui a nécessité la reprise (ou le reprisage) tant bien que mal par les deux autres.

Istanbul rappelle, par certains côtés, les textes autobiographiques de Leiris, que pourtant Pamuk ne cite jamais. Il n’est pourtant pas en peine quand il s’agit de citer les textes d’auteurs français et turcs, qui constituent le soubassement et l’un des motifs essentiels de sa méditation sur la tristesse inhérente à la vie imaginée vécue durant cinquante ans à Istanbul.

Ce qui m’a d’abord attiré dans ce livre – dans la mesure où je n’avais encore pas eu l’occasion de lire des romans d’Orhan Pamuk – c’est, bien évidemment, le mélange subtil et enivrant des textes et des (nombreuses) photographies en noir et blanc, dont les sources et les auteurs sont très divers. Ainsi, plusieurs sont des reproductions de gravures de  Melling, qui datent de la fin du dix-huitième siècle.

Il me revient que Didier Goux avait lancé, comme une boutade, la grande ressemblance entre telle photographie d’Orhan Pamuk publiée dans le Magazine littéraire l’été dernier et ce que je serai moi-même dans vingt ans : or, les quelques portraits de l’auteur à la fin de l’adolescence ne sont pas sans rapport, en effet, avec mon visage photographié sur le coup de mes seize ou dix-huit ans. Affaire à suivre…



[Le texte ci-dessus – ébauche plus que débat – a été écrit le 29 décembre dernier à Hagetmau, sur mon vieil ordinateur portable, remisé sur la planche à tréteaux de la mezzanine ; entre-temps, j’ai achevé, dans les Landes, ma lecture d’Istanbul, et l’ai prêté à ma mère. N’ayant plus l’ouvrage sous la main, il m’est difficile d’en écrire plus : affaire à suivre, vraiment... ? Cependant, j’écoute les Bad Plus.]

Ben Okri / Starbook

Sans doute ai-je tenté pour la dernière fois de lire un roman de Ben Okri. Depuis la polylogie inachevée consacrée aux « aventures » – je place ce terme entre guillemets, car rien, au sens propre, n’advient – de l’abiku Azaro, son œuvre a pris une tournure par trop déroutante. Le précédent opus, In Arcadia, mêlait maladroitement mysticisme animiste et histoire de l’art européen, mais d’une façon qui renouvelait le genre romanesque. Cette fois-ci, le modèle du conte yorouba délayé sur 420 pages ennuie profondément.


D’une grande patience (ou conscience professionnelle ?), j’ai tout de même lu Starbook en entier – j’avoue toutefois avoir lu les 120 dernières pages en diagonale et donc en moins d’une heure. Dans Starbook, Ben Okri ne parvient pas à retrouver le fragile mais splendide équilibre qui faisait le succès de The Famished Road, et, dans une moindre mesure déjà, des deux romans qui en constituaient la suite (Songs of Enchantment et Infinite Riches).


Sur la technique, rien à redire : la structure du roman est très riche et très complexe (200 chapitres répartis en quatre parties d’inégale longueur, selon des multiples de 11 ou de 13 (26 + 78 + 74 + 22 = (8 x 13) + (4 x 13) + (4 x 11) = 200), la manière dont l’histoire du prince malade se noue à la jeune fille de la tribu des artistes est efficacement mené, et les différents ressorts possibles des mythes – ainsi que leurs paradoxes et leurs contradictions – savamment explorés. Toutefois, la sauce ne prend pas, et Okri s’embourbe dans une litanie d’abstractions mystico-kitsch qui le rapprochent plus de Paulo Coelho, hélas, que d’Amos Tutuola. Le long développement sur le vent blanc et les « trous » (gaps) appuie pesamment sur les aspects historiques du mythe (traite négrière), sans pour autant en approfondir les enjeux.


Comme je commençais à avoir quelques réticences à propos de l’œuvre de Ben Okri, j’ai abordé ce livre avec circonspection, mais désireux de voir « ce que ça donnait », « où il en était », car, jusqu’à présent, chaque livre d’Okri recelait de très belles pages, des trouvailles stylistiques, voire des questions irrésolues. Dans Starbook, encore, il y a de belles pages (par exemple, la vision du héron et de la mascarade, pp. 33-43), quelques belles phrases (par exemple, le redoublement de l’emprunt lassitude/malaise dans la description du vent blanc, p. 242), et même des énigmes narratives (comme le rôle du je rare), mais tout cela noyé dans un tel fatras allégorique qu’il n’y a pas grand-chose à espérer des livres suivants.


On peut retenir, comme l’un des thèmes essentiels de Starbook, le lien entre créativité et oubli (qui m’a longtemps taraudé, cf mes années oxoniennes) : “They believed it was important to forget for a civilization to be quantumly creative.” (p. 311)


Okri propose aussi, dans certains chapitres, une vision très puissante de l’art, notamment dans le chapitre II. 46, dans lequel les manque(ment)s de l’art du Mamba permettent de définir en creux l’esthétique des Maîtres :

“It did not have what they called shadow, or dark life, or hidden light. It was substantial, but it did not have the lightness of that which can writhe, coil and move effortlessly. It had power, but not simplicity, or sadness. It had strength, but not weakness, the weakness that all living things have. It had glory, but not heart. It amazed the eye, but not the vision. It did not set the masters dreaming.” (p. 170)



 

Autrement qu’en creux, et au sujet du Maître, le père de l’héroïne, Okri a défini, dans le chapitre II. 42, sa conception du geste artistique :

“The master conceals his work even when the work is evident. The master reveals only that which is the least of him. That which is taken for the works of the master are often his cast-offs, his rejects, his second thoughts, his diversions, his red herrings, his false trails, meant to mislead those who seek only the normal, the evident, the superficial power, the material power, the form and structure of the world, those who seek worldly mastery and fame. These the master traps in the labyrinths of false achievements.” (pp. 162-3)



 

Quoique l’on puisse – autant que dans le reste du livre – s’agacer des tonalités magiques et du style tout en paradoxes et antithèses, il me semble que l’on trouve, dans la conception de l’art proposée dans ces pages, ce qu’il y a de plus intéressant dans l’œuvre d’Okri – ce mélange de retour à l’animisme et d’universalisme déconstruit. Malheureusement, dans Starbook, contrairement à ce qu’il était parvenu à accomplir dans la polylogie inachevée (ou trilogie sans dénouement ?), Okri n’a pas trouvé la juste mesure.

samedi, 05 janvier 2008

Prime jeunesse

1er janvier 2008.

 

Janvier sera très froid, brouillardeux, ensoleillé entre le 12 et le 17.

 

Cette première phrase de 2008 ne restera pas dans les annales.

Le monde taiseux des vieilles baraques recrépies bizarrement se terre entre la cime des pommiers et les taupinières. Marpaps, au nom si sûr, m’avait déçu, lors d’un détour (le 2 janvier 2007, je pense (j’avais aussi visité pour la première fois l’église d’Amou)).

Est-ce que ton personnage a un couvre-chef ?

Des âmes perdues dans les bourgs d’autrefois, il ne reste que les figures mortes entre la cime des pruniers et les topinambours. Le crépi tombe des murailles, breloques de sommeil. Malheureusement la nuit débarrasse trop vite le plancher, je voudrais dormir encore.

 

Il est six heures du soir, tu es levé depuis au moins dix plombes.

On a ramoné la cheminée, coucouroucoucou.

 

Marnie passe à l’as (repas sans peps) ; Hitchcock débloque, entre le vol des goélands égarés et les embruns fracassés.

mercredi, 21 novembre 2007

Faune sauvage

Faune sauvage

Yeux clos, je m'extasie, comme sorti d'un roman de Kobo Abe, non pas perché en haut d'un arbre et ne voulant plus en descendre, mais étouffé moi-même de branches, sanglotant des feuilles, barbe de pédoncules et tresses de frondaisons. Au milieu du chaos, dans la forêt de mots embrouillés, je garde les yeux clos.

mardi, 13 novembre 2007

Henri IV, à Vendôme

Buste de Henri IV par Torcheux


................. Je ne sais qui est ce Torcheux, très piètre sculpteur, mais il/elle pourrait aisément concourir au titre d'Aucteur du Pourtraict le Moins-Ressemblans du Roy Henry IV...............

dimanche, 11 novembre 2007

Coloquintes de Vendôme

Statue militaire du Marquis de Rochambeau


Vendôme, ce 11 novembre.

 

Que l'on n'aime guère le maréchal de Rochambeau, c'est une chose ; mais pourquoi, près de Halloween, avoir affublé sa statue guerrière de deux coloquintes ?

 

Maison natale du maréchal de Rochambeau

dimanche, 04 novembre 2007

Feuilles II

31 octobre, huit heures.

 

Avant-hier j’ai écrit, en légende à certaines photographies überurbaines, cinq poèmes en anglais. Je ne doute pas que la plupart de mes lecteurs anglophobes s’en seront offusqués, mais il en est ainsi, d’autant qu’un précédent blog que j’avais fondé, à l’automne 2006, pour mes élucubrations en anglais, est resté lettre morte – ou plutôt : a fait long feu. Là, dans le souci de publier par avance de quoi occuper les quatre journées entourant la Toussaint, j’ai écrit au plus pressé, et c’est sorti en anglais. On se consolera.

Pendant le long et monotone trajet en voiture, hier, je cherchais à voir les feuillages jaunes, rouges et orangés en essayant d’oublier toutes les connotations automnales de ces couleurs de feuilles. Comme je vais passer une partie non négligeable des jours qui viennent à ratisser des feuilles brunes, cela ne va pas de soi. Je veux dire qu’une feuille rouge – d’érable ou de vigne vierge, comme celles que j’ai photographiées dimanche dernier, justement – devrait pouvoir être vue, admirée, perçue, sans aucun lien avec l’idée que l’hiver est proche, que cette couleur est annonciatrice de morte saison, etc. Mais est-ce possible, justement ? Je me rappelle un travail de peinture que l’institutrice de CM1 nous avait demandé de faire, après glanage de feuilles d’automne ; sans doute l’idée d’évanescence attachée à l’image des feuilles qui rougeoient, qui tombent, était-elle, depuis longtemps, ancrée dans nos esprits d’enfants ? Il est décidément impossible, certaines habitudes prises, de voir un phénomène donné autrement que sous le prisme d’une culture.

Ce matin, aussi, ce sont les araignées qui témoignent du temps qui passe dans une demeure inhabitée. Le volet de la cuisine, brisé puis cloué, reste fermé ; seul son jumeau, ouvert le jour, laisse entrer la faible lumière brumeuse. Au salon il faut tirer les rideaux pour désobscurcir la pièce si cosy. Effacer les dessins anciens au tableau blanc. Ranger un peu le grenier. Se débarrasser du sommier d’enfant avec son bois de lit de guingois et foutu. Surtout écouter les vinyls de jazz, et le CD du Malcolm Braff Combo.

mercredi, 01 août 2007

Tour de force

S’en tenir à ce qui reste serein (l’impétrant reste imperturbable ; il a l’impiété impétueuse).

Trois heures avant la fin du mois, 150 étourneaux sous le prunus, à se gaver de la pulpe des fruits trop mûrs, et, à six heures du matin, le 1er août, les roucoulades des tourterelles. Jamais, dans cette maison dont le silence est ponctué de craquements et de crissements, mais surtout, des arrêts bruyants du frigo, on n’a regardé l’aube se lever avec cette épaisseur de sang coagulé. Il faut que le corps se repose, et ne noter que les phrases où se lira, d’une manière ou d’une autre, une façon de sérénité. Sur le tour du potier, la main façonnait des bribes invisibles à l’œil nu. Si je commençais à narrer mes souvenirs (l’impétigo pyrénéen, par exemple), je n’en aurais jamais fini ; mais, allongé sur le canapé, à guetter les geignements, je préfère lire Il me faut aimer une pierre (aux nombreuses coquilles).

J’ai tout en chantier, surtout la mémoire des lieux. Sur le sentier, comme l’œil va de parenthèse en parenthèse, de paragraphe bref en ligne orpheline, j’ai laissé quelques illusions. Qu’elles s’accordent entre elles, ou se gourment, qu’importe ?

jeudi, 31 mai 2007

Journées dionysiennes, [18]

2 mai 2007, huit heures et demie du soir.

Voilà une journée bien morne. Je suis sorti de la Maison de la Légion d’Honneur, un bâtiment certes admirable dans le style « austérité classique » de l’Empire, avec ses carrés cloîtrés, ses pelouses et ses jeunes filles en uniforme, e9bbefdbea6b565a2c7144a566eca5b2.jpgmais où les salles ont une acoustique déplorable et où j’ai une fois encore trouvé la plupart des collègues d’une grande lenteur : nous poursuivrons nos travaux demain matin, mais nous aurions pu tout boucler en une journée, à condition d’y mettre un peu plus de rythme et de ne pas toujours couper les cheveux en quatre. Entre six et sept heures et demie, je me suis promené, histoire de fatiguer la bête, puis j’ai dîné – fort bien – dans un restaurant anatolien ; même le vin rouge était bon. Bref, je dois encore corriger deux copies ce soir afin de préparer la séance de demain : chacun des 17 membres du jury de littérature corrige les mêmes copies, à titre d’essai et afin de comparer nos évaluations. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu plus de trois points d’écart, ce qui, si on considère qu’il y a double correction, assure une grande harmonie dans la notation.

La présentation du sujet et des différentes pistes de commentaire était à la limite du navrant. [...] Le plus étonnant c’est la manière dont les tenants de lectures monologiques, entièrement cohérentes – même dans le cas de textes évidemment couturés d’ambiguïté, de polysémie et même de contradictions – réussissent à vernir leur vieux discours cent fois rabâché (on a tout de même entendu évoquer le « message de l’auteur », pour un texte dans lequel il n’y a ni intrusion d’auteur, ni message univoque) de petits replâtrages : 7e250fe2d2439612ac297e1e76eb6664.jpgun p’tit coup de polyphonie par ci, un p’tit coup de dialogisme bakhtinien par là, ça ne fait pas de mal et ça fait moderne… Heureusement que beaucoup de candidats (et la plupart des collègues du jury, évidemment) valent mieux que cela ! [...]

On s’étonnera, après ça, que je me sois piqué la tête au vin rouge turc et que j’aie moins envie de regarder le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal que la deuxième demi-finale de football !

(Je viens de m’apercevoir, en allant ouvrir les rideaux pour pouvoir corriger les deux copies photocopiées à la lumière du jour, qu’il y avait un store à lanière : je suis si habitué aux chambres d’hôtel baignées d’une demi-lumière même au cœur de la nuit que je n’avais même pas assombri celle-ci la nuit dernière !)

08:30 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Photographie

jeudi, 17 mai 2007

Journées dionysiennes, [16]

Mercredi 2 mai, sept heures et demie du matin.

          Je me suis réveillé il y a dix minutes, ce qui n’est pas mal finalement, après une nuit courte mais pas trop entrecoupée de réveils : la rue n’est pas calme, medium_Saint_Denis_2_mai_2007_008.jpgil n’y a pas de volets et je suis obligé de dormir avec un traversin extra-plat (que j’ai quand même réussi à surélever grâce à une couverture), et donc, au su de ces trois facteurs, ce n’est pas mal d’avoir à peu près dormi six heures (d’autant que, lisant cette nuit le Journal de Travers II, je me rendais compte que je ne m’endormais absolument pas !). D’ailleurs, il m’est venu hier matin, à propos de ce journal, une idée de parodie, ou de décalque, assez farfelue : comme nous approchions de Beaugency, nous avons traversé la petite commune – laide ou insignifiante, à ce que nous en avons vu – de Tavers, ce qui permettrait, qui sait, de rédiger quelques entrées d’un Journal de Tavers… non ? après vérification sur le Web, hier après-midi, j’ai appris qu’il y avait trois dolmens aux noms charmants (mais déjà oubliés de moi) sur le territoire de Tavers.

          (Plus haut, j’ai écrit « traversin », mais je me demande si ce n’est pas plutôt un polochon.)

mardi, 15 mai 2007

Journées dionysiennes, [13] : L'Arrière-pays, ou la nostalgie de Concriers

Mardi 1er mai, toujours. Onze heures et demie.

Je suis très influencé par les quelques pages que je viens de lire de L’Arrière-pays, qui font écho à notre errance du matin dans les paysages mornes et ternes entre Josnes et Talcy (par Isy, Séris et… quoi ? Concriers ?).

Je crois me rappeler que j’avais essayé de lire ce petit livre il y a déjà longtemps, et qu’il m’était tombé des mains ou n’avait pas su éveiller mon désir. medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_060.jpgIl y a aussi le souvenir, plus précis quoique plus ancien, du recueil d’essais de Bonnefoy, L’Improbable, que je prenais parfois, par désoeuvrement, dans la salle de lecture de la bibliothèque, au lycée Montaigne, que je feuilletais et auquel je ne comprenais à peu près rien. Comme j’avais découvert la poésie de Bonnefoy à la faveur des premières semaines d’hypokhâgne, je m’étais dit que ses essais devaient être plus abordables ; or, il n’en est rien, ou, en tout cas, ses proses sont beaucoup plus difficiles à qui n’est pas encore adulte. (L'est-on jamais ? Autre question.)

« Car alors l’invisible et le proche se confondent, l’ailleurs est partout, le centre à deux pas peut-être : je suis depuis longtemps sur la voie, il ne s’en faut plus que d’un tournant avant que j’aperçoive les premiers murs, ou parle aux premières ombres… »

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En écoutant Angelina de Bob Dylan, je me dis qu’après tout il n’y a peut-être aucun rapport entre ce titre et la chanson de CharlÉlie Couture, Angelina is known. (Et aucun rapport avec Bonnefoy ni « l’admirable Piero » d’ailleurs. (Pas de virgule : afféterie signifiante : Piero della Francesca, pour être de là-bas, est toujours d’ailleurs, étranger même à ses propres yeux.)

dimanche, 13 mai 2007

Journées dionysiennes, [11] : Virée à Beaugency

(à la manière de R.C., pour énerver Didier Eribon) 

Ce matin, nous avons visité la petite ville de Beaugency, dans le Loiret. Bien sûr, ce n’est jamais une bonne idée de faire du tourisme le 1er mai, car rien n’est ouvert, les restaurants en particulier, etc. De plus, il y avait une espèce de grand marché annuel très prolaille, qui envahissait les bords de Loire et enlaidissait bougrement la perspective sur le vieux pont, très beau dans sa bizarrerie même (sorte de bazar hétéroclite d’arches romanes et gothiques). medium_Beaugency_1er_mai_2007_040.jpgMais nous n’avons eu aucune difficulté pour garer la voiture, et la ville elle-même était plutôt épargnée par la grande foire d’empoigne des blousons à trois euros pièce et des statuettes hideuses. La ville est ravissante, avec un très bel Hôtel de Ville construit en 1526 dans un pur style Renaissance, en pierre calcaire très blanche, qui tranche sur la pierre plus grise du reste de la ville. Plusieurs médaillons en sont abîmés, mais l’ensemble a été restauré avec goût et efficacité. Il y a aussi la tour Saint-Firmin, trop haute pour qu’il y ait la moindre perspective convaincante sur elle, et l’abbatiale, que nous n’avons pu visiter qu’une fois la messe terminée, et qui a notamment abrité, au XIIème siècle, un concile annulant le mariage d’Aliénor et de Louis VII (détail que j’avais oublié) : c’est grâce à cette basse manœuvre qu’Aliénor a pu ensuite épouser Henri d’Angleterre, et devenir ainsi l’une des rares reines de l’histoire à l’être de deux pays consécutivement. Le donjon est très massif, carré, percé de tardives fenêtres. La Porte médiévale qui donne sur lui est très épaisse, et donne un aperçu de ce que devaient être les murailles de cette ville de toute évidence stratégique. L’intérieur de l’abbatiale Notre-Dame est très beau, lumineux, notamment grâce aux jeux d’arcs du chœur, tout à fait romans ; ces arcs ouverts sont très rares, et donnent l’impression d’un vrai dialogue de regards entre le chœur et le déambulatoire. Les vitraux contemporains sont affreux comme rarement.

J’ai appris que les habitants de Beaugency se nomment les Balgentiens ; j’aurais imaginé quelque chose comme les Bellogénitains ou les Belligençains, mais la vérité onomastique est toujours ailleurs. Après cela, nous nous sommes cassé le nez au château de Talcy, qui fut le témoin des amours (platoniques, dira-t-on) de Ronsard et de sa Cassandre. medium_Beaugency_1er_mai_2007_094.jpgCette Cassandre était la fille du propriétaire et bâtisseur du château. Ce que l’on sait moins, c’est qu’Agrippa d’Aubigné s’amouracha par la suite de la petite-fille du même : on peut supposer, assez vulgairement, que les filles de la lignée étaient rudement tanquées (à moins que leurs seuls mérites poétiques et intellectuels n’aient attiré les deux grands poètes (mais j’ai du mal à admettre cette hypothèse seule)). On peut aussi envisager qu’Agrippa ait ainsi voulu croiser le fer avec, ou marquer sa dette à l’égard du Prince des Poètes.

Le petit village de Talcy est très joli ; l’auberge était naturellement fermée, et nous avons – après un long tour dans Mer, laide, déserte et sans le moindre recoin où se sustenter – repris le chemin des pénates, dans la mesure où, de toute façon, je ne devais pas rater mon train dans l’après-midi.

mercredi, 02 mai 2007

Hôtel de ville de Beaugency

medium_Beaugency_1er_mai_2007_026.jpg
Hôtel de ville de Beaugency (Loiret). Détail, 1er mai 2007.
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(Pour faire plaisir à Astolphe, je lui ferai remarquer que ce billet est classé dans la rubrique Hors Touraine, créée dès l'été 2005.)

lundi, 12 mars 2007

Onze ans après

Je l’ai rencontré plusieurs fois, quand j’allais passer quatre ou cinq jours d’affilée à Cambridge, chez cet ami que je perds aussi de vue maintenant. Jean-Pascal m’avait présenté la ribambelle de ses amis, et parmi eux Hugo.

Combien de fois suis-je allé à Cambridge ? On dira trois. À chaque séjour peut-être je voyais Hugo trois ou quatre fois. Et que m’importent ces chiffres ? Je ne sais.

Hugo s’appelait en fait Hugues, mais il semblait régner, autour de son vrai prénom, un parfum d’interdit. Lui, contrairement à nous autres, était lecteur pour une durée de cinq ans, et finissait sa thèse. Il était donc sensiblement plus âgé que nous, et avait plus ou moins claqué la porte au nez des siens, Parisiens. N’avait-il pas choisi le lectorat à Cambridge comme d’autres, il n’y a pas si longtemps, choisissaient de s’embarquer sur un baleinier ou partent pour la légion étrangère ? Si je raconte tout ça, c’est que sa vie paraissait nimbée de tant de demi-secrets, mais sans afféterie.

Étonnamment séduisant, Hugo n’était pas poseur. Ses excentricités verbales et sociales étaient d’une totale sincérité. Un jour, nous discutions, tous les trois, avec Jean-Pascal, à la table crasseuse d’un bar de college, et Hugo, de façon tout à fait caractéristique, s’était assis en dehors du cercle formé, au départ, par la table et les trois chaises. Tout aussi caractéristique, sa façon de nous encourager à reprendre une pinte, à ses frais, une Murphy’s, je dirais, tout en laissant quasi imbue la sienne. Il se contentait d’y tremper les lèvres, discutait avec feu, riait, fronçait les sourcils, parfois les trois à la fois, et, de son profil acéré jamais détendu, nous lançait des phrases si ambiguës qu’elles prenaient valeur de sentences, tout en oubliant consciencieusement de boire. Puis, entre deux paroles enflammées (« C’est une violence » ou « on te verra avec tes frasques »), deux rires, deux froncements, il se levait, comme nous partions, et vidait en deux fois une bonne part de la pinte jusque là délaissée.

Il me semble qu’une autre fois, au début d’une soirée qui fut la plus arrosée de mon existence – avec les conséquences que l’on imagine –, je le vis jouer, avec une élégance rare, au baby-foot. J’ignorais que l’on pût s’adonner à ce jeu, et même s’y donner, d’une façon qui fleure autant le gentleman. Hugo était autant fait pour les envols subits et violents d’imaginations fébriles que pour l’atmosphère feutrée des clubs les plus select.

Il y eut aussi, peut-être la dernière fois que nous nous vîmes, son détachement somptueux dans ce punt infâme que nous avions loué à six et dont seul il se démenait, en rameur expert, piroguier de ces bords presque gallois. Il faisait beau et frais, sur la Cam. Je m’énervais après tout le monde. Mais après lui, impossible.

Ma mémoire persiste à me tendre de curieuses perches et à évoquer une possible rencontre, l’année suivante, ou même celle d’après, à Paris (pour sa soutenance de thèse ?). Pourtant, aucune image, aucun son précis ne me vient de cet épisode pourtant ultérieur, s’il a bien eu lieu. Hugo, à Paris, cela ne se pouvait. Si ça se trouve, c’était Hugues, et ce fantôme imposteur n’aura pas laissé de traces dans ma mémoire vive.

jeudi, 08 février 2007

Synesthésies / nostalgies

Parfois, quand je travaille, Pandora m'accompagne, et de son tonneau des Danaïdes où sans fin on puise sans s'épuiser, m'envoie des musiques que je ne connaissais pas avant. Ainsi, des différentes "stations" que j'ai créées, plusieurs, évidemment, sont principalement consacrées au jazz.

Sur la chaîne John Zorn, par exemple, se succèdent différents morceaux de différents groupes/ compositeurs/ interprètes, tout cela dans la joyeuseté du bazar imprévu. Tout d'un coup, j'entends des notes, un instrument indien, et, avant même de dire que je connais ce morceau, je revois le papier peint de notre studio, à Talence, en 1996 ; je marche le long des cours bordelais ; nous sommes, toi et moi, dans le bus qui nous conduit au cinéma. Dans la cuisine exiguë nous mangeons en discutant de tout et de rien. Je fais réparer cette maudite latte en verre de la fenêtre d'aération. Il fait grand soleil, chaud près du parc Peixotto. Allongés dans l'herbe, nous regardons des bambins près d'une poussette.

Je ne saurais pas retrouver le titre du morceau, mais je sais que c'est un album de John McLaughlin. Je n'ai guère dû écouter The Promise depuis ces années-là.

lundi, 15 janvier 2007

Lions du château des Carmes

 

medium_La_Fleche_14_janv._07_073.jpg

 

 

 

La Flèche. Ciel bleu.medium_La_Fleche_14_janv._07_074.jpg De petits insectes noirs viennent peupler le ciel comme autant de nuages délicats, imperceptibles.

 

 

 

Les lions de pierre du château des Carmes portent le chiffre de François-René Bertron...

Non ?

 

 

Venons-en au faîte, semblent-ils dire.

dimanche, 31 décembre 2006

Ce que dit la bouche sombre

Au retour, la mâchoire infinie des Pyrénées.

À l’aller, sur la route de Saint-Sever, juste avant la Peyrelounque, j’ai surpris une buse juchée à la fourche d’un arbre, au bord de la route. Résonne formidable la voix de Gÿorgÿ Ligeti, qui parle macabre et castration.

Au retour à la maison, les pompiers et le médecin de garde. Pour 2007, nous continuerons de former des vœux. Où sont les dents qui répondent aux sommets enneigés : dans le ciel ou sous la terre ?

mardi, 03 octobre 2006

Vertes fenêtres...

Vertes fenêtres désuètes,

Quand le soleil brûle, attiseur,

Vous offrez vos grâces --- muettes

Que surprend un climatiseur.

Idomeneo à Barcelone

Onzième quatrain barcelonais

Tout en écoutant une aria

Superbe d'Idomeneo,

Ce vaisseau Balearia

M'offre la mer en stéréo.

21:25 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Poésie

Tout ce que je vois...

Quatrain barcelonais

Tout ce que je vois, sous les cubes,

C'est, la casquette bien vissée,

Lisant son journal à pleins tubes,

Un cannier aux carres plissées.

 

lundi, 18 septembre 2006

Quelques quatrains barcelonais...

... sur des images de Tinou ...

 

Rongé par la folie qui songe

À la façade tel Argus,

L'esprit se débride la longe

En Barcelone aux vifs aigus.

 

****

 

Ne se croirait-on au théâtre

Où irait arlequinement

Se découvrir, le teint albâtre,

Un Don Quichotte de roman ?

 

***

 

Aubergiste, approche la lampe

Que je puisse m'émerveiller,

Sous les barreaux de cette rampe,

Du bleu globuleux écaillé.

 

**

 

Gaudi reconnaissable entre mille

Comme l'illustre Gaudissart

De Honoré et non d'Emile

(Où manque une rime en -issart...)

 

*

 

Qu'aux panneaux vides alignés

Comme la grille d'un poème

L'horizon vous ait assignés,

Vous, mes yeux, voilà ce que j'aime.

 

 

... un jour, j'irai à Barcelone. (Partie remise depuis 2000.)

samedi, 02 septembre 2006

Hôtel Labenche, 2

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vendredi, 01 septembre 2006

Hôtel Labenche, 1

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Brive, 9 juillet 2006.

samedi, 26 août 2006

Château de l'Isle Savary

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Ce 8 juillet,

 

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au matin de l'allée, il était
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fermé.

jeudi, 12 janvier 2006

Ça ne s’invente pas, 3 : Cellule 64

La cellule spéciale d’enquête mise en place à la suite de plusieurs tentatives d’enlèvement d’enfants aux sorties d’écoles des Landes et des Pyrénées-Atlantiques s’appelle Cellule 64. La dernière tentative a eu lieu à Biscarrosse, soit à cent kilomètres environ au nord du département des Pyrénées-Atlantiques. On savait que, pour les journalistes, les météorologues, etc., le département des Landes n’existait pas ; pour la justice et la police, c’est nouveau.

samedi, 07 janvier 2006

Halcomanie, 4

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vendredi, 06 janvier 2006

Glané sur la Toile

J'ai trouvé, sur le site d'une commune du Perche, cette phrase dont le rythme et les sonorités me paraissent exquis :

Le 6 janvier 1790, c'est M. Dureau de la Malle qui devient le premier maire de Mauves.

 

C'était  - incidemment -  il y a deux-cent seize ans.

Halcomanies, 3 : Portrait of Guillaume Cingal as a Younger Morrissey

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"Il y a pire que le double menton : la fossette."

jeudi, 05 janvier 2006

Halcomanie, 2

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.....................................

Je lorgne.
Il se braque.
Le panneau ne déverdit pas.
Je tombe dedans.
.....................................

L'oiseau tarde à sortir : le silence le fait mûrir.

mercredi, 04 janvier 2006

Réveillon apollinien, et après... ?

La nuit du Réveillon, je l'ai passée dans des débuts d'insomnie, avec pour compagnie le tome I des Œuvres en prose de Guillaume Apollinaire, relisant certaines pages  - qui m'ont paru toujours aussi fortes -  de L'Enchanteur pourrissant, lisant  - pour la première fois -  le décevant et si vieilli Poète assassiné, lisant plusieurs contes (intéressants) de L'Hérésiarque & Cie, parcourant deux des Trois Don Juan que je n'avais pas lus, et qui ne sont rien d'autre qu'une pochade compilée... d'où il ressort que, malgré les efforts rhétoriques des spécialistes, et de l'auteur de l'édition en Pléiade, Apollinaire était, dans l'ensemble, un assez piètre prosateur, comme il est, d'ailleurs, des pages manquées dans ses poèmes.

La nuit qui vient de s'écouler, étouffant d'un mal de gorge renouvelé, et hanté par des musiques, des visions, des souvenirs, je l'ai passée sur le canapé, ne pouvant m'endormir, lisant certains des textes épars rassemblés par Caio Fernando Abreu dans ses Brebis galeuses (traduites posthumément aux éditions Corti). Etrange écrivain, que je ne connaissais pas. Parfois, je me demande si ses bizarreries sont liées à la traduction, ou à de réelles idiosyncrasies de style.

(La traductrice est Claire Cayron, dont il a déjà été question sur ce carnétoile, au cours d'un échange avec Alina. D'ailleurs, l'éditeur mentionne en début d'ouvrage la liste des "traductions de Claire Cayron", mais nullement les autres œuvres d'Abreu, ce qui me semble aller un peu loin, tout de même, dans la préférence accordée au traducteur. Le plus amusant est que l'on comprend fort vite, par les notes de bas de page, que de nombreux textes et romans d'Abreu sont traduits chez d'autres éditeurs ; c'est d'autant plus amusant que c'est la traductrice qui est l'auteur des notes, d'où le soupçon qui se porte alors sur l'éditeur, qui ne semble pas vouloir faire de publicité pour ses concurrents. Rien de commun, indeed...!)

Il y a, dans l'un des premiers textes, la merveilleuse image de la grand-mère tricotant un chandail qui finit par recouvrir le sol de la maison. Dans le fragment intitulé "Introduction à Passo de Guanxuma", l'image qui sert de description originelle est celle des quatre points cardinaux qui servent à distinguer les quatre points d'entrée (ou de sortie) de cette ville imaginée par Abreu et qui, à ce que je comprends, sert de décor à plusieurs de ses romans. Les quatre points cardinaux sont représentés par les quatre pattes d'une araignée fabuleuse : là encore, l'erreur entomologique, grossière, est-elle délibérée ou non ? J'en suis réduit à supposer que oui.

Halcomanie, 1

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Hervé Guibert écrit, dans L'Image fantôme, quelque chose comme [je promets de retrouver la citation exacte] :
"Ce que je préfère, ce sont les photos ratées, mal cadrées ou prises par des enfants, etc."
Et ça m'arrange...

lundi, 02 janvier 2006

Bonnes résolutions

31 décembre. 10 h 45.

Comme nous avons composé hier soir, dans le salon, après avoir fini de regarder In the mood for love, une liste pour que C. n’oublie rien des différents objets, cadeaux, vêtements oubliés à Hagetmau et qu’elle est allé chercher aujourd’hui, je pourrais amorcer dès ce dernier jour de 2005 une liste – même pas traditionnelle, car c’est un rituel auquel je ne sacrifie guère, d’ordinaire – de bonnes résolutions, sinon pour ma vie (qui est perdue, je crois bien), du moins pour ce carnet de toile qui navigue gentiment – même avec les journées de reflux, de maigreur ou de vacance qu’il vient de connaître – vers ses sept mois d’existence. Je pense que cette note, comme la précédente écrite, ne sera publiée que dans deux jours, une fois de retour à Tours, ce qui ne rend pas si intempestive que cela la rédaction d’une telle liste.

................

Il fau(drai)t donc que :

1) je reprenne les chroniques de disques, car c’est un exercice salutaire, difficile ; d’autre part, quand je parle de musique, j’obtiens plus de retour par les commentaires que pour n’importe laquelle de mes autres rubriques (hormis, peut-être, les fameusement infâmes autoportraits)

2) je me relance dans la réflexion amorcée l’été dernier autour de la question Qu’est-ce qu’un beau vers ?

3) j’écrive de brefs textes sur les sites ligériens qui me tiennent à cœur

4) je recense, au moins une fois par semaine, un des livres qui m’ont influencé au cours de ces (cinq à dix à quinze) dernières années, en particulier dans la perspective d’un prosélytisme africaniste dont je me suis, à ce jour, gardé

5) la série des Célébrations improbables prenne un nouveau tournant, un tant soit peu plus infernal, et où s’abolisse le sens, même calendaire

Eden, dernière

31 décembre. 10 h 30.

C’est le dernier jour de l’année. Bruit fou de l’aspirateur, serpent de bois désarticulé qui chasse les trains miniatures. Un globe illuminé mutile les yeux de l’histoire. Aveuglé, je contemple les saisons qui passent, avec le camion-citerne en panne sur la route enneigée, verglacée. Rumeur du monde et des saisons, mousse des frimas oubliés. Que signifie la fin d’une année, hormis la pure convention, et le glacis vénérable des souvenirs amassés près de Pau, à l’aéroport ? Et le nombre 31, premier et synonyme, dernièrement, de l’âge qui s’avance, sans compter les syllabes du tanka, la forme noble et hiératique du gabay, le sonnet en son extension tertiaire, comment se fier à lui, si ce n’est pour célébrer le premier janvier, ou tout premier du mois qui se présente, comme à cette invraisemblable comédie du temps cosmétique, décoratif, empesé, empressé, qui file vers la mort avec l’amas des adjectifs, égrenés sur la pelouse avec leurs signes de ponctuation, leurs accents, leurs indécentes farandoles – une pelouse qui gèle, avec ses mots ossifiés qui marinent dans l’intervalle, à la folie du nombre ?

En écoute : « Why does my heart feel so bad? » (Moby. Play. 1999)

jeudi, 22 décembre 2005

Je rev(o)is

« Comme une rivière barrée, tout à coup le cours de ma vie s’était arrêté et, maintenant, devant moi, seuls s’étendaient l’immense paysage désolé de la mort, l’automne infini où habitent les hommes et les arbres qui n’ont plus de sang, la pluie jaune de l’oubli. » (Julio Llamazares. La pluie jaune. Traduit par Michèle Planel. Verdier, 1990, p. 43)

………

Je revois, au ruisseau qui coulait, l’hiver, près de notre maison, ce grillage qui séparait le bois de l’enclos à moutons des voisins – et où, depuis belle lurette, il n’y a plus de moutons. Le grillage retenait les brindilles, les petites branches, les feuilles fanées et mortes de l’automne, de sorte que l’amas finissait par former un véritable barrage, juste avant le pont, masse informe et ligneuse que nous dégagions régulièrement  – à la pelle ou à la main –  pour permettre aux eaux du ruisselet de suivre leur cours. De l’automne au printemps, j’adorais marcher dans ce ruisseau, large d’un mètre tout au plus et jamais profond de plus d’un demi-mètre, remontant délicieusement son cours du grillage posé par les voisins jusqu’à la fontaine de pierre, où il surgissait de sous la terre.

Sur la carte I.G.N. la plus détaillée, il apparaît en pointillés bleus, ce qui signifie que c’est un « cours d’eau intermittent ». A la limite de la propriété de mes parents, il cesse d’être souterrain, pour aller se jeter, à quelques kilomètres de là, dans le Bassecq.

Je le revois, je revois le menu barrage de brindilles, je me revois en bottes, marchant dans le lit du ruisseau. J’en suis loin, de tout cela, pourtant.

mercredi, 21 décembre 2005

Le calendrier n’a pas disparu

Le calendrier n’a pas disparu ; Simon, tu exagères.
Le temps, non plus, ne s’est pas évanoui. Le temps de l’écriture a pris la peine d’une pause bienvenue. Pourtant, ce n’est pas le travail qui manque, et sans doute aussi m’étais-je meurtri à continuer d’écrire – c’est-à-dire, plutôt, à continuer de jeter des fragments imparfaits, dans l’épuisement et la nonchalance.
Le temps n’a pas disparu. Un soleil radieux règne dans ces contrées, avec de froides nuits et de belles journées. Le repos – de trimer en ramassant les feuilles ! Des monceaux de copies aussi m’attendent, chaudement assemblées dans les soufflets de mon cartable. Je préfère entretenir les bûches sifflantes d’un âtre bienveillant.
Derrière une baie baignée de soleil, le dos presque calciné – comme lorsque nous recevions hier soir des amis de mon beau-père, et que j’étais dos à la cheminée crépitante –, j’écris, ayant décidé de ne pas laisser passer, tout de même, ce premier jour (officiel) d’hiver, et, dans tous les cas, le solstice.
………
La plume vaut-elle le balai à gazon ?
………
Il règne un vague-à-l’âme difficile ; seuls les pinsons du Nord peuvent me comprendre, eux qui piétinent les graines de tournesol, entre les soubresauts des mésanges bleues et les piaillements frénétiques des charbonnières. Pas de verdiers cette saison, mais un gros-bec nous fait, de temps à autre, l’honneur de sa présence. Il faut écrire comment le temps passe, au moins sous ses aspects les plus agréables.
J’ai embarqué à bord d’un navire, la nef des fous où se complaisent les souvenirs. L’âme suit ici, depuis dimanche, un cheminement douloureux. J’ai relu By the Sea, qui, dans le prolongement d’Amriika, a déroulé ses enrubannades et fleuri ses feux d’artifice. La pluie jaune, maintenant, correspond mieux à mon état d’esprit, et à mes journées. Quand la bûche siffle, il faut laisser se figer la souffrance. Ainsi, elle est plus douce. On ne dort jamais deux fois dans les mêmes bras.
………
L’encre des vaisseaux vaut-elle le sang des valves de mémoire ?
………
Je vous parle de ma mémoire, mais les souvenirs des uns et des autres ne crépitent jamais de la même façon. C’est ce que, jadis, j’aurais voulu nommer la mêmoire ; c’est là une écriture dont je n’ai jamais pris le temps.
Pourtant, indubitablement, le calendrier n’a pas disparu.

dimanche, 27 novembre 2005

Bouchemaine

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Le froid saisit l'Anjou, vous engourdit les membres.
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Sur les bords de la Maine, avec les quatre barques qui flottillent, je prends la mesure du temps qui passe en suspendant mes yeux au ciel; une dame, accompagnée d'une petite fille, lâche son gigantesque chien, qui, bonasse, baguenaude près du rivage.
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Vous n'aurez plus, dans ce théâtre désert et glacial, qu'à lancer des gerbes de fleurs à une cantatrice absente.
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A quels lugubres oratorios avions-nous été conviés ? La porte était fermée; je me contentai d'un tour au bord de la Maine.
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La vie erre dans les piaillements.
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C'était un samedi matin, à Bouchemaine, la vie dans les plis, comme un poisson sur sa paroi.
J'ai vu les lettres s'incurver. Vous êtes resté dans l'auto.
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vendredi, 25 novembre 2005

D'Angers (attention)

Vendredi, 8 h 20.

J'écris de la salle informatique de l'Ecole Doctorale, à la Maison des Sciences Humaines de l'Université d'Angers (site Technopole). Grâce à cette première phrase, les connaisseurs apprécieront et visualiseront le lieu. Je peux même ajouter que je me suis installé à l'ordinateur situé au milieu face aux fenêtres, et donc face aux arbres du parc.

J'ai fait bon voyage, après une trop courte nuit; de nuit noire, humide, mais sur la route sans verglas, entre Tours et Angers, j'ai même entrevu deux effraies (peu avant Bourgueil).

dimanche, 20 novembre 2005

Soutenance

Maison de la Recherche. Un bâtiment flambant neuf. La candidate, légèrement anxieuse et sans doute très fatiguée. Un des membres du jury annonce à la dernière minute qu'il ne peut pas venir (pour de bonnes raisons, familiales). La soutenance se déroule impeccablement. Présentation synthétique et limpide. Débat d'idées. Questions. Echanges de haut vol. Le jury délibère. Mention Très Honorable avec Félicitations. J'aurais aimé rencontrer le professeur absent, dont je connais les travaux depuis longtemps. Et c'était une très belle soutenance; j'étais content d'y assister.

mardi, 08 novembre 2005

Belle tumade à Pomarez

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dimanche, 06 novembre 2005

Vaches dans les prés verts, et coteaux au loin

Samedi, 11 h 30. Entre Lyon et Paris, je suppose.

Ce TGV, sur deux niveaux, a une prise électrique pour chaque siège, ce qui n’était pas le cas de celui qui m’a conduit à Montpellier mercredi après-midi. Cela me permet de travailler sur secteur et de pouvoir encore utiliser mon ordinateur dans le train corail, dans la deuxième partie de mon voyage.

J’aurai – pour la première fois de ma vie – voyagé en première classe à l’aller comme au retour, car c’était, avec une certaine catégorie de billets non échangeables appelés (je crois) Prem’s, moins cher qu’en seconde.

Mercredi, dans le train, j’ai travaillé à la traduction des seize limericks de mon cours sur l’humour britannique, car le barrage de la langue requiert que je propose des traductions pour faire comprendre cette espèce particulière de nonsense. J’ai aussi ébauché le premier chapitre de chacun des romans que je compte écrire puis mettre en ligne. Il va falloir, une fois ces amorces jetées sur l’écran, essayer de les poursuivre, les approfondir, les améliorer, avant publication.

Depuis mercredi soir, je n’ai quasiment pas allumé mon ordinateur. Entre-temps, Montpellier et le colloque ont retenu toute mon attention. C’était un colloque passionnant à bien des égards, mais quelconque ou frustrant sur d’autres points. Je suis toujours frappé du mixte d’excellence et d’ineffable médiocrité des communications ; c’est presque tout l’un ou tout l’autre, tant d’un point de vue linguistique qu’à appréhender les banalités ou les faussetés qui sont parfois débitées d’un infiniment docte ton.

Enfin, je n’ai pas, de ces trois jours, écrit.

 

En écoute :   Arthur H., “Les parures secrètes” (Pour Madame X, 2000)

L'Europe n'est pas hors de portée...

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... entre le globe et les fanions, elle nous crève les yeux.

jeudi, 03 novembre 2005

Rue Jehan de Daillon

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Cette rue sentait le graillon. J'avançais à pas de géant.

lundi, 31 octobre 2005

Vue pyrénéenne agrémentée d'une énigme

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Mais que faisait cette jument?

 

Bordeaux barbapapesque

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Comme dirait mon beau-père: les Barbapapa sont ridicules et mal dessinés. Mais leur succès est dû à deux idées de génie: le caractère protéiforme de ces créatures surnaturelles, et l'emploi des couleurs.

(Photographie prise en août 2005 à Talence.)

 

mercredi, 28 septembre 2005

...115...

Il y a 115 ans, le 28 septembre 1890, était inaugurée, sur l’esplanade de La Côte-Saint-André, ville natale du musicien, la statue de Hector Berlioz ; à ce sujet, un amusant article de l’époque s’interroge sur la statuomanie galopante. C’est « un ridicule qui nous sauve de l’ingratitude », écrivait alors Louis Bassette, dans Grenoble-Revue, et je crois qu’il y aurait beaucoup à dire sur ce thème du ridicule fertile, dont Simon propose sa vision ces jours-ci par le biais d’un syllogisme.

 

mardi, 20 septembre 2005

Horsarrieu, août 2004

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La silhouette crée le nombre

Et la vie s'en va dans les foins