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dimanche, 09 octobre 2011

Exister est un plagiat : 3 et 70

3

 

S’il le faut, je raconterai la balançoire installée dans le petit carré de gazon devant la maison du 4, rue Jean-Jacques Rousseau. Je raconterai la vieille voisine, en face, qui nous donnait, à ma sœur et moi, des petits beurre dont je mangeais tout d’abord – semblable en cela, je crois, à des millions d’enfants – les quatre coins arrondis puis longeais le périmètre de mes dents grignotantes. Je raconterai la nounou, au bout de la même rue, et des moments d’ennui dans sa cuisine.

Mais tout cela… n’était-ce pas plus tard que 1977 ?

Alors, s’il le faut, je raconterai ma rentrée à l’école maternelle, les dames pipi, les tabliers, la poussière de la cour, et Jamais content (mais pour cela aussi, j’avais au moins trois ans révolus).

Aussi, je tapais sur un tambour.

 

 

 

70

 

L’été 2008, je suis devenu directeur du département d’anglais de mon université, après quelques années à accumuler de plus en plus de responsabilités administratives. Mon prédécesseur était un vrai modèle, et j’étais le seul candidat.

“It is not sour grapes to say that it is a a finicky scissors-and-paste job after which nobody else on the staff had particularly been whoring.” (Letting Go, I, 4)

 

Ce même été, nous avons passé une semaine de vacances dans un gîte en Charente-Maritime, et ce fut, dans les Landes, le début de la furia coursayre. Oméga avait un an, et une très belle photographie prise par mon beau-frère le montre avec son frère aîné au pied de la tour Moncade.

Si je cherche à trouver un épisode, une scène, une journée qui donne son sens à cette trente-quatrième année, je n’ai que l’embarras du choix. À l’inverse, pour décrire une époque de ma vie dont je ne peux pas avoir de souvenir, et n’ayant pas sous la main d’album photos de ma petite enfance, je suis contraint d’aller farfouiller dans des souvenirs approximatifs, des dates obligées, des objets ou des lieux peut-être anachroniques (la balançoire, le petit beurre, la cuisine des Barragan).

Faudrait-il décrire par le menu, en détail, les journées allant de novembre 2007 à novembre 2008 ? Ne serait-ce pas fastidieux, déjà pour moi ? Ne faut-il pas, malgré tout, tenter de trier, de précipiter, et par exemple évoquer la journée de pré-rentrée (le 1er septembre 2008, si je ne m’abuse), où, ayant posé Oméga chez sa nounou, Alpha et moi sommes allés, tout d’abord à l’université où je devais régler quelques affaires, puis – histoire de marquer la fin des vacances d’été – à Suèvres, Cléry, Meung et Beauregard.

Commentaires

3
Et les mêmes dames pipi qui s'amusaient à te faire chanter "Les remparts de Varsovie" de Brel que tu connaissais par coeur et que tu ne comprenais pas ;-)

70
Cette photo, je l'ai un peu partout: dans mes escaliers par exemple. Alpha fait marcher Oméga en le tenant par les mains et en le regardant avec beaucoup d'attention. Oméga encore tout en rondeurs enfantines, Alpha très sérieux. Moment très émouvant.

Écrit par : Delphine Cingal | lundi, 10 octobre 2011

Brel, c'était nécessairement plus tard. J'avais au moins trois ans, et sans doute quatre.

D'ailleurs, je comptais raconter plus tard (demain, pour l'année 1979, roughly) un souvenir très précis lié à cet album.

Écrit par : Guillaume | lundi, 10 octobre 2011

Mmmm... je t'imagine très bien tapant sur un tambour !

Écrit par : elizabeth l.c. | lundi, 10 octobre 2011

Les commentaires sont fermés.