lundi, 05 novembre 2012
Nez d'Apollo pap
La proposition de M. de Boissy, combattue par M. Dumon, le ministre des travaux publics et par M. Tupinier, rapporteur de la commission qui avait examiné les projets de loi, fut rejetée apres ce discours de M. Victor Hugo.
— Actes et Paroles, vol. 1. Consolidation du littoral.
« — Qu'est-ce qu'un tupinier ? »
Ainsi s'interrogeait-il, avec des tirets cadratins pas possibles, invraisemblables, pas permis.
Il arborait cravate, portait faux-col, bref était plus que démodé : amidonné.
— Oh, et quand t'auras fini de mitonner, toi ?
— Heu, ça s'écrit mythonner.
— Ça ne s'écrit pas, ça se dit.
— Euh, ça ne se dit même plus en fait. La banlieue a évolué depuis la dernière décennie.
(Et par « dernière décennie », elle entendait sans doute années 90, autant dire que les à-peu-près, les glissements, les ambiguïtés étaient innombrables.)
Il se demandait ce qu'était un tupinier.
Il se demandait quel éditeur voudrait, un jour, un improbable jour, de son livre sur les proses de Tagore et les poèmes de Marc Lévy.
Un tupinier frappe à ma porte ; je dois aller ouvrir.
Gertrude, maintenant, déteste le point-virgule.
On est mal barrés.
22:00 Publié dans Hors Touraine, Mots sans lacune, Un fouillis de vieilles vieilleries, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 16 octobre 2012
Bahala na !
J'ai fini de lire The Match de Romesh Gunesekera. « Presque fini » serait plus juste : je me suis gardé, exprès, les sept ou huit dernières pages pour ce soir. L'écriture de Gunesekera – qui a atteint les plus hauts sommets, selon moi, avec Heaven's Edge, livre absolument magnifique et bousculant – s'est un peu attiédie ici. Tant le protagoniste que son parcours font songer au roman de Jamal Mahjoub, Travelling with Djinns.
C'est le séjour, dans le cadre de la Chaire Studium, pour un semestre entier, de Chandani Lokugé dans notre Université qui m'a replongé totalement dans le Sri Lanka. La semaine dernière, j'achevais Turtle Nest. Et là, après The Match – parabole historique ? Underworld à la sri lankaise ? roman philippin ? — j'enchaînerai avec Softly As I Leave You, le dernier roman de Chandani. Fin novembre et début décembre, j'organiserai avec elle un atelier de deux ou trois séances consacré à la traduction de certains extraits de ces deux romans. Son dynamisme et son hyperactivité me font bien plaisir, ont dynamité un peu le début d'année, sinon terne ou simplement laborieux, de sorte que je me suis retrouvé propulsé avec le comité d'organisation du festival « Voix d'ici, voix d'ailleurs », ou encore à discuter de Ronsard avec elle pendant un bon bout de temps, sans compter le projet de programme d'hiver à mettre en place chez nous à destination des étudiants australiens non francophones.
Turtle Nest est un très beau roman, très équilibré, qui s'inscrit dans une forme de modernisme classique, si j'ose ce qui pourrait sembler un paradoxe, et qui s'achève sur une pointe narrative aussi efficace qu'inattendue. Si j'ai bien compris les allusions de Chandani lors de notre promenade dans les jardins du Prieuré, il s'articule autour d'un symbolisme complexe (animaux, éléments naturels) dont tout ou presque doit m'échapper.
Entre ses diverses tâches au titre de la chaire Studium, Chandani a commencé d'écrire un roman dont l'action se passera, au moins en partie, en Touraine. Après-demain, je vais lui faire découvrir le manoir de La Possonnière ; si nous avons assez de temps, j'essaierai de lui montrer d'autres beaux sites voisins de Couture, quoique le très beau château de Poné n'ouvre au public qu'en été.
Nous verrons. Bahala na. Bahala na kayo ! (The Match, p. 255)
14:03 Publié dans Hors Touraine, Lect(o)ures, Résidence avec Laloux, Studium Chandani LOKUGE, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 juillet 2012
Verdure hors Touraine
18:05 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 28 juillet 2012
Tessons
D'où dépendre.
Pas grand chose. Maint souvenir supérieur, une assiette en plastique, la déambulation.
Tout de même, quel inculte.
Tout de même, quel inculte tu fais.
D'un doge, la signature. Mais un mur ocre ne la porte pas, pavés inégaux où les naseaux fumants ce bourrin mafieux se tord la cheville, et on se cogne la tête contre un mur peut-être ocre, mais peut-être âcre aussi (quartier des abattoirs).
Tout de même, quel inculte tu fais, et sur les tessons fumants je te torture.
Coupole, fumures.
Il se voûte au fur et à mesure qu'avancent les années.
Il se courbe. Il s'échine. Il n'a pas lu une ligne qui vaille depuis plusieurs semaines. Il n'a pas écrit une ligne qui vaille depuis l'époque de Tolède. Finalement, il valait mieux se flinguer.
Souvenir supérieur. Mémoire qui se reproduit, de diffracte, se dédouble. Brouillard de pas grand chose, déambulation vague entre tas d'ordures avec chatons, tessons de verres et d'amphores, bimbeloterie, la mémoire trouve sa cible, vise son double, s'avise que rien ne sert de s'échiner. Intestins, queues, tripes. L'idylle verte au quartier des abattoirs.
D'où dépendre -- mieux valait se flinguer.
17:57 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 mai 2012
Le Vent à carreaux
La fresque de céramique éclate en lignes, en courbes, en ovales, en couleurs vernissées. On se pose là.
On se pose là, un jour de pluie froide, en mai.
On se pose là.
Asger Jorn et Jean Dubuffet, qui ont beaucoup manigancé ensemble, et composé notamment la musique d'un petit film expérimental parfaitement cocasse que l'on peut voir, avec tant d'autres documents, dans la salle centrale du musée, étaient amis. Ceci explique cela. Alors, même si, avec les toits en tôle et les blocs de parpaing brut, la cour ne paie pas de mine, on a envie de trouver cela plus proche encore de Dubuffet que de Jorn, car Jorn n'a pas proposé une rupture aussi complète avec l'esthétique traditionnelle (ses codes, ses conduits).
Donc on se pose là, on attend, on regarde yeux mi-clos, on scrute.
Et si on s'affaire, ce n'est pas pour rien. On a le temps pour soi, en cette journée froide et pluvieuse de mi-mai. On est à Silkeborg, tout de même.
08:39 Publié dans BoozArtz, Hors Touraine, Le Livre des mines, Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 20 avril 2012
Dilemme
L'Aude, ce n'est pas rien. Et l'Aveyron non plus, avec ses sinuosités, ses soudaines vallées -- sa pierre qui se hisse, ses griffes de verdure qui se hérissent.
Et attendre.
12:00 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 04 mars 2012
Brisées dominicales
Entre Orthez et Bordeaux, achevé la lecture du roman de Libar M. Fofana (L'étrange rêve d'une femme inachevée - un texte courageux, dense, acéré et flaubertien dont j'espère avoir le temps et l'occasion de reparler prochainement dans ces pages), puis de Briar Rose, bref récit éclaté (avec variations) par lequel Robert Coover réécrit le conte de la Belle au Bois dormant (j'avais lu, trois jours plus tôt, Snow White de Donald Barthelme - plus déjanté).
Entre Bordeaux et Challais, après m'être restauré au Mitico, un infâme bar PMU, correction des copies en souffrance, puis, entre Challais et Tours, lecture de la moitié du Secret de Caspar Jacobi, acheté d'occasion je ne sais plus quand et qui traînait à Hagetmau depuis je ne sais plus quand non plus. Il n'y a pas à dire, voyager en train est plus enrichissant (surtout quand la ponctualité est de mise et qu'aucun ratage de correspondance n'est au rendez-vous) que la longue litanie des bandes d'arrêt d'urgence et autres ronds-points.
Il reste à préparer un cours. Tours fait grise mine, sous les nuages bas et une brise glaciale, porteuse pourtant du printemps.
Je rêve assis.
18:12 Publié dans Hors Touraine, Lect(o)ures, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 27 février 2012
"Hot Springs of Dax"
Né à Dax, y ayant grandi et y revenant régulièrement (à Dax, ou plus exactement en pays d'Orthe), je ne crois pas avoir jamais rencontré, au cours de mes lectures, et à condition d'exclure certains vers ou textes particulièrement locaux ou obscurs, la moindre référence aux sources thermales de ma ville natale, ni à la Nèhe -- pas même à la Fontaine d'Eau Chaude. Or, ce matin, poursuivant ma lecture de Snow White de Donald Barthelme (réécriture très post-moderne du conte, qui remonte aux années 60), je tombe sur le paragraphe suivant, au début de la deuxième partie :
PERHAPS we should not be sitting here tending the vats and washing the buildings and carrying the money to the vault once a week, like everybody else. Perhaps we should be doing something else entirely, with our lives. God knows what. We do what we do without thinking. One tends the vats and washes the buildings and carries the money to the vault and never stops for a moment to consider that the whole process may be despicable. Someone standing somewhere despising us. In the hot springs of Dax, a gouty thinker thinking, father forgive them. It was worse before. That is something that can safely be said. It was worse before we found Snow White wandering in the forest. Before we found Snow White wandering in the forest we lived lives stuffed with equanimity. There was equanimity for all. We washed the buildings, tended the vats, wended our way to the county cathouse once a week (heigh-ho). Like everybody else. We were simple bourgeois. We knew what to do. When we found Snow White wandering in the forest, hungry and distraught, we said: "Would you like something to eat?" Now we do not know what to do. Snow White has added a dimension of confusion and misery to our lives. Whereas once we were simple bourgeois who knew what to do, now we are complex bourgeois who are at a loss. We do not like this complexity. We circle it wearily, prodding it from time to time with a shopkeepers forefinger: What is it? Is it, perhaps, bad for business? Equanimity has leaked away. There was a moment, however, when equanimity was not the chief consideration. That moment in which we looked at Snow White and understood for the first time that we were fond of her. That was a moment.
12:00 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (2)
dimanche, 26 février 2012
Le temps dominical, à l'anglaise [Bax]
As the greater number of visitors at the hotel were English, there was almost as much difference between Sunday and Wednesday as there is in England, and Sunday appeared here as there, the mute black ghost or penitent spirit of the busy weekday. The English could not pale the sunshine, but they could in some miraculous way slow down the hours, dull the incidents, lengthen the meals, and make even the servants and page-boys wear a look of boredom and propriety. The best clothes which every one put on helped the general effect; it seemed that no lady could sit down without bending a clean starched petticoat, and no gentleman could breathe without a sudden crackle from a stiff shirt-front. As the hands of the clock neared eleven, on this particular Sunday, various people tended to draw together in the hall, clasping little red-leaved books in their hands. The clock marked a few minutes to the hour when a stout black figure passed through the hall with a preoccupied expression, as though he would rather not recognise salutations, although aware of them, and disappeared down the corridor which led from it.
"Mr. Bax," Mrs. Thornbury whispered.
The little group of people then began to move off in the same direction as the stout black figure.
Virginia Woolf. The Voyage Out [1915], Hogarth Press, 1971, p. 274.
11:00 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 31 octobre 2011
Télégramme du roitelet
Aucune connexion pendant une huitaine. Le vert qui nous entoure, et les feuilles du lagerstroemia (tantôt rouges tantôt d'un vif orangé), tiennent lieu de toile. Retard insensé dans mon travail.
Reprendre, aussi le fouillis.
Demain retour Touraine.
16:27 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 02 octobre 2011
De l'Aude à Vergoignan
(15 juillet 2011 - Hors Touraine)
Dernier jour avant le départ pour l’Aude (aux bras blancs – aux doigts de rose ?). Au fur et à mesure que je lis, la pile de livres sur lesquels je dois faire des fiches à partir de mes prises de notes s’agrandit. Hier après-midi, sur les gradins, à Nogaro, en attendant le début du concours de la Corne d’Or, j’ai lu un bon quart du court roman (il a écrit beaucoup de courts romans) de Roth, le troisième des « Kepesh books », The Dying Animal. Au retour, vers dix heures du soir, un ciel rose et bleuté recouvrait doucement les vallons autour de Vergoignan. (Nulle honte à l’écrire.)
10:51 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 28 septembre 2011
Météo, 3 [Hagetmau, 13 juillet 2011]
Hier soir, un orage est tombé, accompagné d’une averse très violente. J’ai saisi l’occasion pour apprendre à Alpha – qui a eu dix ans avant-hier – comment on calculait la distance de la foudre. (Sur la route, que je sache, aucune voiture n’a fait de tonneaux.) Ce matin, il pleut encore, je crois, et il doit faire bien froid. Vais-je pouvoir, comme hier, livrer mes cinq heures de bûcheronnage ?
(Les tas de bûches s’élèvent ; le terrain est encore envahi de grandes branches coupées.)
Quel vieux vilain temps gris ! Je crois déjà avoir raconté, dans Touraine sereine (mais ne peux vérifier, faute de connexion), l’origine de cette phrase exclamative. Toujours est-il que, ce matin, dès huit heures, la journée annonce un vieux vilain temps gris, que ne soulagera que la verdure des arbres.
(Ajout du 28 septembre : paradoxe de la froidure en juillet, et de la chaleur fin septembre. Obsession de la verdure. Liens ajoutés bien sûr aujourd'hui, lors de la publication.)
10:29 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf, Ecrits intimes anciens, Hors Touraine, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 27 septembre 2011
Météo, 2 (souvenir de vacances...)
12 juillet 2011.
C. vient de partir pour l’A.M.I., les enfants regardent la télé (Regards Passion) et je pianote avant d’aller bûcheronner. Il est – déjà – dix heures du matin. Il ne fait pas très chaud, il y a de l’air, et le soleil se montre timidement.
Dans ce bureau, où je me suis photographié « face aux trois ordinateurs », la lumière est tamisée, pour ne pas dire bouffée par l’avant-toit, la poutre mais surtout l’énorme laurier qui est devenu, entre C. et moi, un sujet de plaisanterie récurrent, au point d’imaginer que d’ici peu il pourra, à lui seul, servir de clôture entre notre terrain et celui de la grand-mère de C., dont la maison est, depuis deux mois, mise en vente.
08:22 Publié dans Autoportraiture, Ecrits intimes anciens, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 06 septembre 2011
3 notules du 10 juillet
10 juillet 2011.
Coursayre, 1
Le 9 juillet, nous avons vu les deux premières courses de l’année.
Audignon, très au-dessous du médiocre (Deyris) : placement très lent de plusieurs vaches (dont Majesté et la vache de l’avenir en 1ère partie), figures globalement moyennes, plusieurs méchantes tumades. Confirmation que Thomas Marty n’est pas du tout en forme cette année. (Plassin à l'escalot.)
Le soir, Castelnau-Tursan (Dargelos). Mieux, mais pas transcendant. Belle place – arènes donnant sur l’église au curieux clocher, et la belle maison à sa gauche. Lendresse à l’escalot.
Météo, 1
Il y a aussi qu’il ne fait pas beau. Il ne fait pas chaud, depuis deux jours – pas froid, bien sûr, mais pas du tout un temps estival. Nuages, grisaille, et même pas de lourdeur. À Audignon, du soleil par intermittences nous bronzait, mais aujourd’hui dimanche rien n’a percé entre les voûtes grises.
-----------------------------------------------------------------------------
Insecte ascendant [2]
Je ne vois plus le minuscule hypoforficule qui trottinait entre mes lettres ce matin. M’étant aperçu que le moteur de cet ordinateur portable (de plus en plus vieux) ne commence à vrombir de façon désagréable qu’au bout d’un gros quart d’heure, j’ai décidé de m’efforcer de limiter mes passages sur ce clavier et cet écran à des périodes de vingt minutes au maximum, ce qui aura le triple mérite de concentrer mes efforts d’écriture, de préserver mes oreilles… et de garantir de longues heures véritablement en famille. (Ainsi, je viens de passer une heure au salon à passer des puzzles d’Oméga aux pages d’Indignation, back and forth, to and fro.)
11:04 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 22 août 2011
13
Treize, comme le nombre de pétales du rüdbeckia (à l'exception de celui, mangé par un insecte, qui m'a donné envie de composer de nouveaux types de sonnets (avec la lecture en cours, hier, et achevée aujourd'hui, d'ABBA ABBA, rien d'étonnant), et comme le nombre de pas japonais dans le petit parterre créé par mes parents au printemps 2006 -- et comme le nombre de jours de vacances, encore, pour les enfants.
12:11 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (3)
lundi, 08 août 2011
Dédain, ou au Quercy (...)
Un charme objectif, intemporel s'attache au pays quercynois où tout m'appelle. Des esprits libres, ennemis déclarés du prosaïsme, des immobilités, ne dédaignèrent pas de s'y établir. C'est ainsi qu'André Breton descendait passer les beaux jours à Saint-Cirq-Lapopie.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 59)
"Charme objectif" : cette formule mériterait tout un long et complexe développement. J'en prends note (hé hé) et préfère :
¤ rappeler que c'est à Saint-Cirq-Lapopie que nous avons fait connaissance de l'œuvre d'Alain Prillard ;
¤ ne pas dédaigner de n'est pas daigner ;
¤ signaler que, si Sant-Cirq-Lapopie nous a semblé charmant, et assez peu "village à touristes", c'est que l'art y était très supérieur aux artisanats de dixième zone qui s'affichent habituellement dans ce que Renaud Camus nomme les beaux villages professionnels, mais aussi qu'après Cordes-sur-Ciel, tout aurait paru délicieusement posé.
13:25 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 18 juillet 2011
Âpreté, exubérance(s)
Au voisinage de l'Aquitaine, le tempérament local, qui était âpre et taciturne, contractait une exubérance, une volubilité toutes gasconnes.
(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 39)
(J'écris ces lignes le 4 juillet, elles seront publiées quand je serai, non plus en Gascogne – quoique nous aurons fait un crochet par les Landes – mais dans l'Aude.) Il me semble que ce qui exaspère le plus les gens que j'exaspère, c'est, justement, mon exubérance et ma volubilité – je veux dire : mon exubérance volubile, et ma volubilité exubérante (l'une ne va pas sans l'autre). Défauts, sans doute, ou traits de caractère suffisamment marqués pour qu'ils s'apparentent à des défauts. Or, si je me reconnais volontiers à cette aquitanité du trait, je veux rappeler ici que, si je suis normand pour moitié (du côté paternel), c'est justement de ce côté paternel que provient, me semble-t-il, l'extraversion (et partant, l'aversion des uns ou des autres pour ma volubérance). Le quart ariégeois est taiseux en diable, et je ne (re)tiens rien de ce côté-là. Le quart de sang landais n'a pas grand-chose d'exubérubile pour le recommander, mais la vérité me semble être du côté du terrain, du contexte de l'enfance, d'une forme de droit du sol : j'ai vécu les seize premières années de mon existence dans les Landes. Voilà où j'ai attrapé la parole abondante et la soif du délire.
12:58 Publié dans Autoportraiture, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 04 juillet 2011
Beaux jours frisquets d'août 2007
On découvrait, sans qu'il fût besoin de lever la tête, le velum azuré des beaux jours, les grandes nefs blanches que pousse le vent d'ouest, les émaux de la bise, les vapeurs versicolores et les fusions que le plus âpre des vents tire d'on ne sait quel creuset.
(Pierre Bergounioux. L'Empreinte, p. 8)
.
12:35 Publié dans Hors Touraine, Mots sans lacune, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1)
mercredi, 22 juin 2011
2300 - D'ailleurs quelles régions
Nous voici de l'autre côté, en pensée à tout le moins. Des arbalétriers sont à pied d'oeuvre. Mettre le roi en pièces en un clin d'oeil ? Le vieux projet (Eu dans l'eau) refait surface. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante.
Tout de même, on est mal barrés ! Revenons à Lyon, si vous le voulez bien, dans les traboules, et dans les bouchons où l'on déguste d'excellentes fricassées, ou les plats qui, de tous ceux que la cuisine française a pu inventer, sont les plus susceptibles de faire peur aux Amerloques. Des ribambelles nées à Babel rebondissent. Le texte alors se compliqua, encore un tour de vis, encore un faisceau supplémentaire, des strates en veux-tu en voilà (Lisie n'a pas dit non), puisque le scripteur se mit en tête, se fit un devoir, d'ajouter aux citations barrées et aux citations non identifiées d'autres citations, des sortes d'autocitations que, faute d'autre police possible dans les "fenêtres de commentaires" de son site de photographies (la source de tout texte, ici), il italicisa. Rome caracole. Comme ce verbe "caracoler" tombe à point nommé. Comme tout se rejoint, comme tout fait sens !
Unissons !
Frissons ! Revenons à Lyon, en gardant notre sang-froid. Confondus avec la foule. Ce qui nous berce nous bannit. Primatiale de tous les saints, frissons du pardon. Avoir visité, jadis, Lyon avec un fervent catholique a dû colorer mon regard. Comme ce verbe "colorer" tombe à pic. Vincent vint sans son yacht. Il s'appelle évidemment ..... Tristan.
Comment nommer un texte composite formé de collages et de bribes qui sont-elles mêmes dérivées de textes polymorphes où l'on sent la pratique du centon, l'ekphrasis, la sortie impossible du langage ? Ce n'est pas la bucolique. Ce voyage, du jeudi au mardi matin (tôt, il n'est pas sept heures et je suis levé depuis deux heures déjà), a connu un coup d'arrêt. Un coup d'épée. Et pourtant le désir de Lisbonne me hante. Allez savoir de qui (de quelle contrée?) il s'agit... (D'autres s'interrogent, non sur Zimbazane, en Corrèze (qui vaut mieux qu'une montre en or, mais pas que le Zambèze), mais sur Fonbalquine, qui doit connaître des ressourcements.) Faute d'autre police : il faudrait, lors de la publication finale, en arborescence, un jeu de couleurs. Comme ce mot "couleurs" tombe à merveille. Et du Rhône on ne peut dire qu'il possède l'aura diaphane, si particulière à ces régions. D'ailleurs, quelles régions ? D'ailleurs quelles régions.
Avec tous ces détours, nous n'avons pas vu Lyon.
Y étions-nous ?
Unissons.
D'ailleurs, quelles régions ? (Tu reviendras. La sottise n'est pas mon fort.)
08:37 Publié dans Entre Baule et Courbouzon, Hors Touraine, Questions, parenthèses, omissions | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 07 juin 2011
Nihilité - 1
Le substantif nihilité n'apparaît pas du tout dans le Robert culturel, qui a constitué l'un des premiers jalons, historiques en quelque sorte, de ces carnets. La lecture à peine ébauchée des quelques brefs chapitres qui composent La fin du monde en avançant, de Pierre Bergounioux, m'incite à reprendre la rubrique des Mots sans lacune, longtemps interrompue (comme tout le reste, dira-t-on).
La réalité, la seule, c'est celle que nos yeux, en s'ouvrant, ont suscitée parce qu'ils ignoraient la relativité, l'écoulement, l'éclair blanc, déchirant, de la conscience, l'absence et le deuil, le doute, la nihilité, pour parler comme Montaigne, de notre condition. (La fin du monde en avançant, p. 21)
Par ailleurs, comme Bergounioux (dont j'ai découvert, il y a peu, que le très-Orléanais et très éminent linguiste Gabriel Bergounioux, que j'ai un peu côtoyé, est son frère) en revient toujours à ses origines brivoises, je ne peux m'empêcher d'illustrer ce billet à ma façon :. (Brive, avant Turenne, la Fage et Saint-Robert.)
18:45 Publié dans Hors Touraine, Mots sans lacune, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 06 juin 2011
Barcarolle VII
Il y a six ans, je débarquais pour un embarquement.
Je crois me rappeler un mois de juin sec et ensoleillé, aux enthousiasmes farouches.
Depuis quelque temps, ce carnétoile a eu plus de soubresauts que de longs fleuves tranquilles, mais certains chantiers ont la peau tenace et la vie dure : le projet Tavers, le projet Dubuffet, le projet Mines. Il ne faut donc pas renoncer. Plus maintenant. On ne renonce pas après six ans !
(La maison, c’est une litote, n’est pas humide. La troisième lessive, étendue hier soir vers dix heures, a bien séché au salon.)
Nous sommes rentrés hier d’un bref séjour hors Touraine, tout d’abord trois jours dans l’Oise, sur les traces d’un passé de moins en moins récent, puis un jour et demi à Cesson, chez ma sœur. Beauvais n’a pas changé. Pour sacrifier au cliché : la forme d’une ville ne change pas aussi vite que s’y attendrait le cœur du mortel post-moderne. Seules vraies variations : le jardin médiéval de la maladrerie ; la grange dîmière réhabilitée, c’est-à-dire massacrée ; une enseigne Gibert (avec livres d’occasion comme à la maison-mère) place Jeanne Hachette ; le portail sud de la cathédrale ravalé, et d’un blanc étincelant, dans le vent.
Fini The Human Stain, lu Les Onze.
Une semaine commence, et une septième année.
06:25 Publié dans Flèche inversée vers les carnétoiles, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 30 avril 2011
Retour de La Roque Gageac
In extremis pour clore le mois d'avril, je note ici, à notre retour du Périgord noir, que la semaine fut passionnante, mais aussi émouvante et déroutante, puisque cette huitaine était comme un palimpseste inexact, ou rapetassé, des deux séjours que nous avions faits en Dordogne, en août 1995 et juillet 1996, sans compter une incursion d'une journée, depuis la Corrèze voisine, en juillet 2006. Comme, pour le peu que j'aie lu, j'étais accompagné par les chapitres du Dépaysement de Jean-Christophe Bailly, on peut dire que les résonances se poursuivaient, là aussi. Ses pages sur la vallée de la Vézère, mais pas seulement elles, justement, retentissaient. Bien sûr, les déclics n'ont cessé, face aux falaises et aux envols réguliers de montgolfières jaunes. Peut-être les ricochets bizarres ont-ils encore de beaux jours, ou plus sûrement de belles années, devant eux.
22:09 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 27 février 2011
D'autres 27 février
12:00 Publié dans Comme dirait le duc d'Elbeuf, Hors Touraine, Words Words Words, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 février 2011
Aub ourg (au bourg)
22 décembre 2010, huit heures et demie.
Levé à 4 h 30, suite de Campo abierto. Très Aragon (c’est le comble – c’est le moins). Me souviens mal de Campo cerrado, qui avait un protagoniste principal, me semble-t-il (et donc très différent dans la construction). Ne sais pas si les volumes suivants ont été traduits / publiés. Je dois écrire ce billet sur Herta Müller. Les enfants dessinent des lettres au feutre humide, dans le lit. Il y a des myriades de photographies retrouvées dans la mallette
( – Papa, tu étais parti ?
– Non.
– Mais où tu vas, alors, avec ta valise ?)
et que je veux archiver grâce aux fonctions « gros plan » de mon Panasonic. (D’où : faire du vide dans l’ordinateur, aussi.)
Il est allé secouer la nappe, qui était couverte de miettes de Panettone.
Hier soir : Becket de Peter Glenville (1964). Très Royal Shakespeare Company, mais orienté yankee.
Avant de songer à écrire quelques phrases un peu moins superficielles sur le bref roman de László Krasznahorkai, au titre interminable (rose des vents, orientation du monastère japonais), je dois me débarrasser de ceci : la traductrice confond eut et eût ; il y a d’autres erreurs de conjugaison qui m’ont agacé contre la traductrice et contre l’éditeur négligent ; on ne sait pas du tout, quand on ne connaît aucun autre ouvrage de cet éditeur (Cambourakis), si les marges larges sont du fait de l’auteur ou de son éditeur français.
Onze heures et quart. J’ai bien entamé la note de lecture sur l’un des deux Herta Müller (Atemschaukel). J’ai aussi fait la vaisselle, les courses au bourg, des parties de loto des animaux avec Oméga, rangé du linge. Le soleil ne se lève pas. On nous parle de radoucissement, puis de froid avec soleil. Qu’y comprendre.
08:20 Publié dans Hors Touraine, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 21 janvier 2011
L'Hiver, le vaste Hiver désole nos labeurs...
21 décembre, quatre heures et quart.
En chauffant, le café a répandu, dans la cuisine, une odeur de lait brûlé – un rejeu du lait débordé de ce midi (la purée, les plaques électriques). Hier, dentiste ; aujourd’hui, notaire. Ici, dans cette maison où, si j’avais mis par écrit tous les instants de bonne solitude, toutes les pages imaginées depuis bientôt vingt ans, je serais déjà à la tête d’un excellent roman de deux mille pages (voire plus), ou de dix de deux cents – ce qui est peut-être plus juteux, commercialement parlant –, je surveille le feu, l’alimente du peu de bois qui nous reste, et notamment de longues branches encore vertes ou de bûches noueuses pas assez sèches non plus ; toutefois, la cheminée est excellente, vaste, et elle avale tout.
Dès hier, et peut-être même dès avant-hier (après, pourtant, les fatigues du voyage et de la pause habituelle – quatre heures dont le déjeuner – chez mes arrière-grands-parents de Saintes), j’ai senti que la fatigue m’avait quitté. Comment est-il possible de sentir la fatigue s’en aller ? On la sent venir, s’installer. Mais, quand elle passe, c’est souvent à la faveur de moments de repos qui passent inaperçus, le sommeil tout particulièrement, bien sûr. Enfin, j’ai déjà senti, dès le début de ces vacances, que la fatigue (ou était-ce la tension ?) me quittait.
Quelques constantes : le café n’est jamais bon ici, même en changeant sans cesse de cafetière, même à l’eau minérale (et quelle que soit l’eau minérale) ; il n’y a pas de lave-vaisselle (sinon moi) et pas de connexion Internet (et, du coup, les ordinateurs restent souvent endormis, voire au fond de leurs mallettes) ; les journées de beau temps doux (hier : dentiste) et de longue pluie ininterrompue sans l’once d’une éclaircie (aujourd’hui : notaire) se succèdent, alternent.
Je ne suis allé ni chez la dentiste, ni chez le notaire.
Disques écoutés : Jackie McLean, Brad Mehldau (Art of the Trio, 1), Robert Wyatt (Old Rottenhat), Captain Beefheart (les 4 faces de Trout Mask Replica – il y a des choses superbes, et puis des braillements vraiment insupportables). Renaud, Jean-Louis Murat (de l’ambiance ?).
Livres lus : terminé le Jirgl, lu le Krasznahorkai (me suis promis de ne pas me lever pour vérifier l’orthographe, au diable !), commencé Armance. Go Down, Moses, interrompu depuis au moins trois semaines, attend sur un accoudoir.
Film vu : Le Cheikh blanc de Fellini. Tout est déjà là, rien n’est en place. (Curieux d’écrire cela, car l’art de Fellini est un art du déplacement, de l’hors-place (hors cadre ?).)
Je dois absolument écrire un billet sur Herta Müller (me dis cela depuis le 1er lu, à Toussaint, qui est le dernier paru). Plus j’attends (et j’ajoute des lectures), plus cela devient impossible, bien sûr. La parenthèse après Müller est d’une syntaxe particulièrement tordue, ou audacieuse. Art de la syllepse, ou plongée dans les solécismes ?
A un moment précis, face au feu, je commence la lecture de Campo abierto.
06:44 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (3)
mardi, 18 janvier 2011
"Démons viennent quérir sorbonnards"
17:34 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)