vendredi, 02 janvier 2015
Des insanités
En miroir, du 29.12 au 02.01.
Hier encore trois allers retours à la déchetterie : sacs de feuilles sacs de feuilles.
Aujourd'hui normalement je m'attaque aux huit petits saules penchés à 40° depuis tempête (de 2010 ?).
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Paper. Diapason. Graisse des ténèbres.
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Le verre cathédrale mange sa propre lumière, tiens ça y est pas pu m'empêcher d'écrire des insanités.
L'enclos, avec ses chèvres ses oies ses tas de ferraille ses restes de vieux pneus ses poules ses chats ses gamins en quad —— là où avant (pas jadis ni autrefois : avant) se trouvait un petit bois si joli, si mystérieux, si tendre au regard (et à la mémoire).
La crevaison → juste à temps chez Morès, à regarder le jeune type clopant, juché précairement sur une palette à trois mètres au-dessus du sol, à dévisser les lettres rouillées.
19:49 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 14 novembre 2014
Neuf distiques ribéryens : un tigre en pleine Beauce
Golri-je très beaucoup comme qu'à Montévrain
On mettut un tigre dans le moteur du train.
Comprendu-je ne pas s'appelont Chanteloup
Si que s'il y ont un tigre en fait et pas un loup.
Affolé-ce beaucoup comme à Marne-et-Gondoire
Tout ça parce on a visu d'un tigre mâchoire.
On a dur de pique un sprint à Serris ou Lesches
Sauf que d'avoir un gros tigre à la con au derches.
Hugo m'est dit à moi ç'a de Proust bien Guermantes
Même si j'a mordu la mâchoire écumantes.
Capté-je trop pas bien que mes vers on dénigre
Si qu'est-ce que j'écrivus des distiques de tigre.
On a glouglou Melun se calquer au picrate
Si qu'en sortant du bar voit le tigre et l'Euphrate.
Pas avec du Bouillon qu'on l'attraperont, bigre,
S'il a télévisé la brigade du tigre.
Comprendu-je ne pas pourquoi est-ce qu'en Beauce
Un tigre a échappé, bien s'il n'ont pas de bosse.
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dimanche, 09 novembre 2014
Juillet 2012
Même le dictateur, on le traitait de bouffeur de prunes.
Ponçage, lasure... et toujours tronçonneuse. Vive les vacances.
pas de piscine pas
de pieds manucurés juste
un vent d'enfer & du
bûcheronnage
Maison sans télé ni internet.
Donc toute la journée : tondeuse - sécateurs - tronçonneuse. Gentleman farming mes nèfles.
J'hésitais, pour égayer mon été, entre attraper un coup de soleil à Etretat et emballer une méduse à Saint-Jean Cap-Ferrat.
12:29 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 07 novembre 2014
Dans le Mâconnais
25 août
Dimanche aux oublis
Dimanche aux ombres
Corps gaufré papier pelure
Dimanche à plier des mémoires
À peupler les nuages
Dimanche dérisoire
30 août
Les gens de ce côté de la rue doivent préférer ces jours de pluie, on n' entend quasiment plus l'autoroute. Mais pluie oblige la lessive étendue hier soir n'a pas séché, tu useras du grille-pain dit l'un des commandements d'ici. Péage sonore pour tout un chacun.
12:42 Publié dans Chèvre, aucun risque, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 01 novembre 2014
Rond-point de la Chaise. Lundi 27 octobre 2014.
J'ai donc fini par me lancer et par proposer un pâle hommage au très beau projet de François Bon, Tours en 80 ronds-points / la littérature se crie dans les ronds-points.
Bien sûr, mon hommage reste cela, donc pas un strict décalque, notamment parce que je n'ai pas le quart du talent de François Bon, et pas le dixième de son énergie.Très entre autres, je ne proposerai pas la plupart de ce qu'il fait, lui, dans son dispositif : pas filmé la circulation depuis le rond-point, pas inhumé de livre, etc.
Cela faisait quelque temps que me trottait dans la tête l'idée d'un petit tournage sur le rond-point de Chalosse, à Hagetmau, ainsi dénommé bien qu'il soit désormais connu sous son autre nom, rond-point de la Chaise. Prenant cette chaise géante comme point d'ancrage, j'avais d'abord songé à lire un extrait de Gargantua, ou, différemment, à lire un extrait d'un des plus grands formats ici présents (Géographie de Reclus, Vie de Saint Louis, ou certains Dumas dans le format relié sous pleine peau qui nous viennent d'on ne sait où).
À ce stade, une précision : la maison de Hagetmau est une demeure de vacances, où nous n'avons ni téléphone ni télévision ni connexion Internet. Nous n'y avons qu'un assemblage hétéroclite de livres, pas mal de laissés-pour-compte, des délaissés, des entassés, odds and ends – de sorte que je n'ai pas, très entre autres, la moindre ligne de Rabelais. Je me suis dit qu'au fond cela faisait partie des contraintes et ai jeté mon dévolu sur un Sarraute resté ici parce que le Pléiade étant à Tours, celui-ci faisait doublon. Et surtout parce que, en fin de compte, me filmer à Hagetmau en train de lire un texte – quel qu'il soit – à haute voix revient à célébrer ce hic et nunc ; constatez-le par vous-mêmes, combien de fois déjà ai-je, ici même, écrit « ici » ?
Donc Ici s'imposait.
Quelques mots sur le rond-point.
Il n'est orné de cette gigantesque chaise que depuis huit ou neuf ans. L'objectif était de célébrer l'activité industrielle qui symbolise la cité de Hagetmau, et qui a employé jusqu'à 1.400 personnes ; ironie, la quasi totalité des usines ont mis depuis la clé sous la porte, faisant même de cette commune d'à peine cinq mille habitants la commune la plus sinistrée de l'ère Sarkozy-Fillon, et celle avec la plus forte augmentation du taux de chômage. À en croire la quantité de maisons à vendre, entre autres signes, la sinistrose n'a pas dit son dernier mot.
L'extrait que j'ai choisi de lire n'est pas seulement un de mes textes préférés de ce volume écrit par Sarraute à presque cent ans (et je songe à ma grand-mère paternelle, qui aura 100 ans, justement, dans douze jours), mais aussi parce que le nom d'Arcimboldo offre ce subtil mélange entre la nature (agricole, fruitière) censée caractériser la Chalosse et la τέχνη, l'œuvre humaine, dont on voit, sur la série de photographies prises autour du (et depuis le) rond-point, qu'elle est ici (et en fait, partout dans les Landes, une des régions de France les plus salopées par le foisonnement des hangars et des panonceaux les plus dégueulasses) omniprésente. On le voit nettement. Ce que j'ai choisi de montrer, aussi, c'est que les déchets vont par deux, qu'il s'agisse de bananes ou de canettes de bière : là encore, nature et τέχνη — je n'ai rien manigancé.
Tandis que, à peine parvenu sur le rond-point lui-même, je posais au sol, près d'un des tapis de galets, la chaise en plastique rouge dont je comptais me servir pour poser l'appareil photographique (on ne fait pas plus amateur que moi), un type, la soixantaine, qui passait sur le rond-point, vitre baissée, m'a lancé ce qui me semble être la quintessence de l'humour gascon : « Eh, faut garder la chaise rouge, là, hein, l'autre elle vaut rien ! » — J'étais parti pour assumer ma lecture à la face du monde (!), ἕξις plutôt qu'ὕϐρις.
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...
Ensuite, pendant les presque six minutes de lecture filmée, j'ai constaté qu'il y avait facilement trente poids lourds (ce qui pourrait faire une moyenne de 300 par heure, pas mal pour de prétendues « zones rurales ») mais n'ai pas remarqué qu'on me hélât ou tentât de me déconcentrer. Les champignons, en revanche, sur le tronc près duquel j'avais garé ma voiture, proposèrent un point final provisoire à cet échange entre le siège géant et l'arcimboldo miniature.
(En bonus : les 33 photographies en tous formats sur ma galerie Flickr.)
Ajout du 3 novembre : mon père au pied de la Chaise, l'été dernier, et saisi par ma mère en train de la photographier (la Chaise, pas ma mère (aaaaaaargh)).
Uzis
donc à Uzès
un pataquès
à Uzel
visage rimmel
comme à Uzeste
juste un zeste
de soir serein
à Uzein
mais ton air faux-derche
à Uzerche
ou à Uzer
devait m'user
sans lendemain
pour Uzemain
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12:22 Publié dans Chèvre, aucun risque, Ecrit(o)ures, Hors Touraine, Mirlitonneries métaphotographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 31 décembre 2013
Le Prétexte Sylvestre
Le camion d'éboueurs vert remonte lentement, dans l'obscurité, le bras gauche du V qui me fait face, un peu moins de dix minutes après qu'une ambulance l'eut descendu, s'arrêtant au feu rouge, ouf, rien d'urgent. Des bus quasi vides se croisent à ce même endroit. L'autre rue, qui forme même, en se prolongeant par-delà le boulevard, à ma gauche, la branche d'un X, connaît beaucoup moins de trafic.
Entre la cabine téléphonique (double) et le conteneur vert pour le recyclage du verre, deux clochards se rabibochent.
Des gens passent, sous des parapluies.
Personne n'entre dans la brasserie, ni n'en sort.
Du bus est descendu, tout près des deux clochards, un très grand jeune homme qui portait un chapeau un peu archaïque, vert bouteille m'a-t-il semblé.
Chacun des deux clochards va son chemin.
Bien que ce soit le 31 décembre, une lumière s'est allumée, à huit heures précises, au premier étage du lycée trapézoïdal.
Un bus accordéon passe, précédé d'un autre, qui arbore une publicité idiote -- LES HITS TRES HOTTE. Les lampadaires éclairent aussi cette jeune fille pressée, et chargée, en imperméable, avec son sac à dos jaune clair et son gros carton blanc, qu'elle porte à l'aide d'une poignée, de la main droite. On ne voit plus les clochards, et, devant le kebab fermé, il n'y a plus de baston.
Incroyable, le nombre de fourgonnettes (ambulancières ou non) qui descendent le bras gauche du V ; presque toutes doivent attendre au feu rouge avant de poursuivre leur chemin. (Les bus, non ; certains passent directement.)
Au-dessus de la brasserie, au premier étage, une lumière s'est allumée derrière les rideaux de voile. On devine une présence, une figure, quelqu'un qui va de pièce en pièce, à pas pressés -- réveil tardif ? recherche frénétique d'une paire de chaussettes introuvable ? danse originale au rythme d'une musique commerciale ?
Dans la brasserie au nom idiot, des clients commencent à occuper les places près des vitres. L'autre brasserie, que je ne vois pas (je serais obligé de me lever toutes les trente secondes), sert de prétexte à cette page. Un bus passe, un autre camion d'éboueurs.
08:14 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 19 mai 2013
Un kavalier kaki
Un cavalier dans un aéroport attend que les ailes d'un oiseau au gracile fuselage lui ouvrent la voie. Un an de plus pour l'animal dont l'âme outrepasse tout zénith !
Aboo Din lashed them mercilessly and drove them into the jungle, where he followed on his hands and knees. ——— Toutefois, nous fûmes à Copenhague, à passer la nuit, trois fois déjà, notez-le bien.
Le fjord n'est même pas verdâtre, Guillevic écrit cromlech. ——— Sous la belle lumière dorée de cinq heures du soir, nous quittons le village enchanté, pour nous acheminer vers les montagnes du fond, en traversant le plateau paisible et pastoral que l'on dirait fermé de toutes parts.
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Taa jääpi niemi kuusimetsineen
ja käki toraisine rouvineen.
(Aaro Hellaakoski)
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04:20 Publié dans Ecrit(o)ures, Hors Touraine, PaperPestPaste | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 10 mai 2013
Retour de La Rochelle
Je me gave de café, et la mi-mai s'annonce morne : ce matin, vent et fraîcheur — au point que le chauffage prolonge, depuis une bonne heure, son agaçant ronronnement. Les prévisions vont dans ce sens : au mieux, soleil couvert ; au pire, averses par intermittences (giboulées, je suppose, comme hier sur la route).
Nous sommes rentrés hier après-midi d'une visite express à La Rochelle ; le lycée de C. n'étant pas fermé aujourd'hui et demain, il n'y a pas eu, comme dans les autres établissements scolaires (pour lesquels, d'ailleurs, ces jours chômés sont totalement injustifiés), de viaduc. Nous avons montré aux garçons la vieille ville, ses rues à arcades, le port avec les quatre tours — nous avons même pu visiter la tour de la Lanterne (dite aussi des Quatre Sergents (j'ignorais totalement cet épisode de la Restauration)), qui les a fortement impressionnés. On ne peut que regretter que la sottise de précédents visiteurs contraigne les Monuments nationaux à ne permettre de voir les graffiti les plus anciens ou les plus beaux que sous des plaques de plexiglas.
Hier matin, nous avons sacrifié au pélerinage inévitable de l'Aquarium (que nos hôtes, H. et J., rochelais absolus, n'ont jamais visité depuis sa migration et son agrandissement), et Alpha le zoomane a dû admettre, après la visite, que c'était tout à fait décevant, surtout par rapport à tout le schbrountz fait autour de cette institution. Comme lui, je maintiens que l'Océarium du Croisic, et même l'Aquarium de Biarritz, sont supérieurs ; je n'ai pas de souvenirs assez précis de Brest. C., elle, milite pour Boulogne, mais elle est la seule de nous quatre à s'y être rendue.
Pourquoi l'Aquarium de La Rochelle est-il décevant ? tout d'abord, il est gavé de peuple. Je n'ai jamais rien visité dans une telle cohue (même l'exposition Daumier du Grand Palais, de sinistre mémoire), qui nous a contraints à ne même pas tenter de voir certains aquariums. C'est sans doute pour cette raison que nous n'avons pas vu de poulpes. Certes, c'était le jeudi de l'Ascension, mais il paraît qu'il en est ainsi tous les jours fériés. Or, ce devait être pire plus tard dans la journée : alors que nous sommes arrivés presque à l'ouverture et qu'il n'y avait pas d'attente aux guichets, nous avons vu, en sortant, à midi, que la file s'étendait sur plus de cinquante mètres. Quitte à décevoir de nombreuses familles, ou à leur donner une réservation pour un créneau ultérieur, l'administration de l'Aquarium devrait établir un numerus clausus et refuser du monde, littéralement. Dans les conditions d'hier, le lieu tenait plus de l'hypermarché un samedi après-midi que de l'“attraction”.
Par ailleurs, les indications portées sur les cartouches, parfois instructives, sont totalement lacunaires ; ainsi, c'est la première fois que je vois, dans un aquarium aussi réputé, des fiches signalétiques qui ne donnent pas, à côté du nom des différents poissons d'un aquarium donné, leur taille. Or, pour le parfait béotien, quand il y a plusieurs espèces qui se ressemblent, ou qui font partie de la même famille, les indications de taille sont très précieuses pour l'identification. On sait que, dans les aquariums comme dans les zoos, les trois-quarts des visiteurs n'apprennent rien, et ne cherchent pas à comprendre quoi que ce soit, ni même, dans beaucoup de cas, à identifier les différentes espèces. (Alpha en avait fait l'expérience il y a quelques années, en s'étonnant puis se scandalisant qu'un adulte passe devant la cage de gibbons, devant laquelle figurait un panonceau donnant tous les détails utiles sur cette espèce particulière de gibbon, en disant à ses enfants « ah vous avez vu les chimpanzés ? » avant d'aller voir plus loin. Je pense qu'Alpha a compris ce jour qu'adulte n'était pas synonyme d'infaillible, et encore moins de cultivé ou de curieux.) On sait donc cela, mais de là à ce que l'administration d'un aquarium aussi réputé (ou, en tout cas, aussi médiatisé (ce qui est sans doute différent)) baisse les bras, il y a un pas.
Malgré tout, nous avons pu admirer quelques aquariums à peu près tranquillement et avons appris quelques faits zoologiques essentiels :
- la coquille saint-jacques a soixante yeux
- la raie brune est hermaphrodite (femelle jusqu'à l'âge de huit ans, mâle après)
- il y a plus de mille espèces de méduses
Je dois, par ailleurs, faire des recherches sur un très joli poisson asiatique, l'apogon de Kaudern, que j'ai longuement observé, et dont il me semble que les différents points et taches peuvent jouer un rôle d'inter-identification assez similaire à celui des rayures chez le zèbre ou des taches chez la girafe.
Sinon, nous avons profité de retrouvailles brèves mais chaleureuses avec H. et J., dans leur maison d'Aytré, aux nombreuses mosaïques, toutes de la main de H., et beaucoup (en dépit de mes a priori) très réussies. Certaines sont vraiment très belles. — Nous sommes revenus avec près de trente livres, une dizaine achetée à la librairie Calligrammes (où travaille J.) ou, pour les enfants, à sa voisine Callimages, et les autres donnés par J. ou piochés dans ses cartons de livres qu'il n'a pas la place de garder chez lui.
(Pendant la nuit courte, j'ai pensé à la façon d'intégrer la rue du Minage à mon Livre des mines, et comment tenter de clore ce texte, justement, pour qu'il ne soit pas trop foutraque.)
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lundi, 06 mai 2013
Bribes des vacances landaises
17 avril 2013, 9 h 50.
[MAUX]
Un grand classique désormais, ce début de vacances entamé par les maladies.
Lors des vacances de Pâques de 2012, nous avions dû “descendre” directement de Tours en Périgord, car Oméga avait eu une mauvaise otite qui ne nous avait pas permis d'aller d'abord passer quelques jours dans les Landes. En février, je suis rentré d'Afrique du Sud pour trouver femme et enfants en pleine grippe (ou virus équivalent et aussi pernicieux), d'où un départ pour les terres landaises différé de presque une semaine ; le samedi, j'avais piloté la petite équipe jusqu'à Hagetmau avant d'y être cloué au lit pendant trois bonnes journées par une méchante bronchite (le docteur croyait fermement que je fumais). Comme il avait fait un assez sale temps, de surcroît, on n'avait rien pu faire.
Cette fois-ci, c'est du côté du bide. Oméga (écolier modèle) a eu une forte gastroentérite le soir même des vacances, épisode suffisamment bref pour nous permettre de prendre la route dimanche (détour bref par Barbezieux, ville morte, et par Moustey, dans les bois de pins près d'un dromadaire et d'un yak encordés à un muret). C. est tombée violemment malade le soir même du dimanche, et se remet depuis hier, relayée désormais par Alpha, qui semble avoir suivi le même chemin qu'elle : violents et fréquents vomissements pendant six heures, suivis d'une période de douleurs et fièvre qui ne devrait durer qu'un peu plus de 24 heures, s'il en est comme pour sa mère. Pour ma part, après plusieurs nuits très inégalement reposantes, je ne lutte pas trop mal. J'ai pu profiter du grand beau temps, notamment en jouant pas mal avec Oméga - passé pas mal de temps aussi à ranger, faire vaisselles et lessives, tondu - également “du côté Ménaoupède”. Le plus coriace, avec la tondeuse, c'est le coin proche du saule, qui désormais a tout du sous-bois embroussaillé, où règnent promptement les ronciers.
Plusieurs heures sont parties en tennis, parties de Mikado et de Puissance 4, lectures pour Oméga, et aussi découverte du Binero, dont Oméga s'est acheté un cahier lundi après-midi, et dont il a déjà fait une dizaine de grilles de niveau 1, toujours un peu (mais de moins en moins) avec mon aide.
[HORS LIGNE]
Je me décide à ouvrir un fichier .txt pour ces carnets, car j'ai replongé dans cette fâcheuse tendance (déjà observée en février, mais qui est une dérive ridicule) à utiliser Facebook (en mode restreint) comme carnet de bord, ce qui a eu pour conséquence immédiate (j'avais écrit « but » : je fais partie des cancres indécrottables qui doivent se gouverner pour ne pas confondre but et conséquence) de voir une restriction de mon accès Internet via le smartphone, alors que le forfait va du 8 au 8 courant, je crois. Ce n'est pas que j'aie abusé : j'ai dû utiliser Internet 20 ou 25 minutes par jour au lieu de 5 ou 10 habituellement, mais mon forfait n'est pas adapté : quand j'ai fini par me résoudre à prendre un téléphone mobile, en décembre 2011 (je n'en avais jamais eu), j'ai choisi une offre minimale, sachant que je ne téléphone guère et ne devais pas trop recourir à Internet. Evidemment, comme il n'y a, chez aucun opérateur, d'offre vraiment personnalisée, je me retrouve avec 2 heures de communication par mois dont je n'ai que faire (et qui sont inutilement reportées sur le mois suivant avant de disparaître (ce qui signifie que je paie pour un service que je n'utilise pas — depuis l'arrivée des téléphones portables, téléphonie rime avec escroquerie)) et 250 mégaoctets de connexion Internet en haut débit, si je ne m'abuse. Peu importe, c'est très peu. Quelques dizaines de mails, de photographies déposées directement sur Flickr, quelques statuts FB, et en une quinzaine mon opérateur me transfère en débit restreint.
Tout cela n'est pas très intéressant, j'en ai conscience, si ce n'est à voir X ou Y me dire que je n'y suis pas du tout, que si je prenais un abonnement Machintruc chez Trucmachin je bénéficierais de ceci et de cela, et surtout si ce n'est à expliquer pourquoi j'ouvre un fichier .txt pour y écrire des paragraphes de ci de là, paragraphes que je publierai peut-être rétrospectivement dans Touraine sereine.
[SCHMIDT]
J'ai apporté avec moi, comme à l'accoutumée, plus de livres que je ne peux en lire - mais, cette fois-ci, j'ai apporté, de fait, quelques bouquins achetés récemment d'occasion que je laisserai, en vue de l'été, dans la maison de Hagetmau. J'avais à peine commencé, la nuit avant le voyage, un Arno Schmidt (Le cœur de pierre), me résignant, en l'absence de tout ouvrage en allemand de cet auteur à la bibliothèque universitaire, à découvrir enfin cette œuvre en traduction ; je l'ai quasiment fini hier soir, sur le canapé "thin stripes" du salon, avec la chatte sur les guiboles. C'est un roman tout à fait puissant, d'une inventivité langagière immense (mais c'est une banalité de l'écrire de Schmidt), mais surtout : très visuel, très politique (au sens fort : vision historique à long terme + idéologie décapante). Il me reste, en lisant d'autres livres de Schmidt, à prendre tout à fait une mesure d'ensemble, mais, pour l'instant, si impressionné (et amusé : c'est une œuvre très drôle) que je sois, je ne cède pas absolument à l'argument de Laurent Evrard, qui, me voyant acheter des livres de Jirgl il y a un ou deux ans, m'avait dit, peu ou prou, qu'il valait mieux lire Schmidt, que Jirgl n'inventait rien. L'influence est évidente, mais il ne s'agit pas uniquement d'un décalque, d'une pâle copie.
[PROKOFIEV ET AL.]
J'ai aussi apporté quelques disques. Oméga ((banal) écolier modèle) s'étant passionné pour Pierre et le loup, j'ai emprunté les quatuors à cordes de Prokofiev, et aussi l'enregistrement complet du Roméo et Juliette par Valery Gergiev avec le Kirov : ayant adoré le Roméo et Juliette de Preljocaj il y a une dizaine d'années, je n'avais jamais poussé plus avant. J'écoute en ce moment même la fin de l'Acte II, et c'est effectivement inventif, éblouissant, et aussi très émouvant. Prokofiev est souvent taxé d'académisme, et, de ce fait, immédiatement relégué dans les seconds couteaux — ce qui, sans que j'y connaisse rien, me paraît très injuste. Il me paraît s'agir d'une musique orchestrale très inventive et puissante.
Hier soir, C. m'a, en revanche, fait arrêter la diffusion de la 4ème de Charles Ives (par Dohnanyi) ; il est vrai que, contrairement à la 1ère (par Mehta), elle est bien pompière et ronflante. J'écouterai cela plus en détail (et aussi les n° 2 et n° 3), mais seul !
Nous avons écouté, aussi en voyage, le dernier Rokia Traoré (je suis un peu sur ma faim, je n'ai pas encore déniché pourquoi), le dernier Rachid Taha (magnifique), un album d'Anouar Brahem à la mémoire de Mahmoud Darwich que je voudrais aimer mais qui est très mou, très monotone.
Sur le CD des ‘Diapasons d'or’ de ce mois, Oméga a reconnu, dès la première mesure, la Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, écouté plusieurs fois avec Constance, animatrice qui fait chanter sa classe, et, je l'ai ainsi découvert, leur fait aussi un peu d'initiation musicale. Comme, avec son professeur d'éveil musical du mercredi, il avait découvert la Promenade des Tableaux d'une exposition, qu'il aime aussi, on va peut-être lui offrir pour son anniversaire, en sus du reste, du Moussorgski...! Remarquez que je ne demande, moi aussi, qu'à dépasser mes préventions préjugées.
(Tiens, le finale de l'acte II de Roméo et Juliette me fait un peu mentir, péniblement expressionniste tout de même.)
18 avril, 11 h 15.
Tout le monde semble remis, ou se remettre (Alpha n'a pas encore beaucoup d'appétit mais va bien mieux). Le temps s'est bougrement rafraîchi, avec disparition du soleil. Hier après-midi, il faisait plus chaud que bien souvent en été (même ici, dont les chaleurs sont excessivement vantées — il ne fait plus jamais aussi chaud, en tout cas jamais aussi longtemps, que quand j'étais enfant (et j'adorais ça)).
Avant-hier soir, plusieurs phrases descriptives d'Arno Schmidt m'ont servi de point de départ pour l'écriture de strophes dont elles conditionnaient, en tant que premier vers, les choix métriques. Je crois me rappeler (mais Facebook en garde la trace — il me suffira de récupérer cela in due time) que j'ai ainsi inventé quatre nouvelles formes : le septain berlinois, le tristique heuristique, un neuvain dont le nom m'échappe, et le huitain du diocèse.
(J'ai préféré le terme de tristique à ceux, plus attestés, de tercet ou de triolet car j'écris déjà des triolets quantifiés, et je trouve plus cocasse l'écho un peu lourd que le terme de tristique offre avec les différents types de distiques.)
J'ai ouvert ce fichier, plus pour me retenir d'aller encore gribouiller dans Facebook que parce que j'ai vraiment quelque chose de nouveau à ajouter. Les journées se ressemblent, j'écoute en ce moment même l'Acte I de Roméo et Juliette. (Mais avant : l'album Ellington/Coltrane, le tout premier Romano/Sclavis/Texier, Mobile du trio Benjamin Moussay.) ——— Il doit continuer à faire nettement moins bon les prochaines journées. Pas sûr que nous ayons toujours envie d'aller deux ou trois jours à Bagnères. Alpha reparle d'aller enfin voir ces foutues fresques de l'église de Lugaut, qui est complètement au bout du monde mais qu'il est scandaleux qu'on ne soit encore jamais allé voir... la crainte de trouver porte close n'est pas pour rien dans le délai...
24 avril
Hier soir, Everybody Says I Love You, très léger et distrayant, avec d'excellentes répliques terriblement woodyennes. Tout cela regarde plus du côté du nanard que du chef-d'oeuvre, toutefois.
La veille, Les Hommes contre, beau film épuré de Rosi, avec d'amples plans, des brumes majestueuses, un tableau terrifiant de la « machine de guerre ».
La veille encore, une bonne trentaine de très courts métrages de Méliès.
Je lis Les Petits bourgeois de Balzac — plaisir de lire Balzac intact. Portraits, lieux et maximes sociales d'une très grande acuité : beaucoup d'étonnantes résonances avec la "situation actuelle". Ce matin, très tôt, à l'ancienne salle de jeux, feuilleté plusieurs revues dont le dernier numéro de L'Ecologiste. C. a lu le dernier essai de Pierre Bayard, j'avoue que je vais me contenter de ce qu'elle m'en a rapporté, qui a achevé de me convaincre que c'était une lecture dispensable.
Dimanche, nous avons vu deux matches de rugby avec Oméga, sous un beau soleil, dans un stade soustonnais plein à craquer, tribunes et barrières des quatre côtés.
Pour ce qui est des excursions, elles sont très influencées par le choix des enfants, et surtout d'Alpha, retombé dans la marmite zoologique. Ainsi, lundi, zoo de Labenne, presque aussi minable qu'en 2003. Beau temps, donc plaisant.
Mardi (hier, donc), Parc Animalier des Pyrénées, après un passage par de belles vallées où je n'avais jamais mis les pieds ni les roues.
08:44 Publié dans Autres gammes, Ecrits intimes anciens, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 28 avril 2013
Sept sans faute
La contrainte n'a pu être respectée. Toujours ces jours sans archive.
Ainsi, avant d'avoir un appareil numérique, on avait déjà visité l'église de Vernou.
Marché de Noël, avec l'ami lyonnais.
Sans archive ne signifie pas sans mémoire. Se servir de l'album comme d'un recours contre l'effacement de ce qui n'a pas été saisi.
Là, plus moyen de retrouver ce nom d'église, éloigné par un sonnet de jours, et par plus lourd oubli.
« Je me souviens de la débâcle.»
Rembrandt n'a pas moufté, le ridicule ne tue plus.
06:20 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 27 avril 2013
Domme ou l'Empierrement
Domme, deux ans déjà. Ce que l'on y voit est si étriqué, le souvenir de déception (première visite en 95) lui-même ne déçoit pas, et l'on regarde vers ailleurs, vers alentour, déçu encore.
Le nom est beau, qui fut rencontré pour la première sur les étagères farcies, au huitième (neuvième? j'ai un doute) étage de la résidence Génovia. Cet appartement, lieu intermittent où je lus notamment Hemingway en sirotant je ne sais plus quels sirops, reviendra-t-il me hanter sur mon lit mortuaire ?
C'est gai. That's what Domme does to you.
05:52 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 17 avril 2013
Amou, 17 avril 2011
18:28 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 02 mars 2013
En mission à Pietermaritzburg (11-16 février 2013)
Voici un copié-collé (pour raison de sauvegarde - je doute que cette page Web soit éternelle sur le site d'UKZN) de l'article paru le 1er mars à propos de notre mission de cinq jours en Afrique du Sud. Je corrige juste deux ou trois inexactitudes, par rapport à l'original. [Oui, j'utilise ce blog aussi comme archivage professionnel et autobiographique. Touraine sereine et moi sommes de vieux amis, on se passe toutes nos fantaisies.]
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Two visiting French academics, Professor Philip Whyte and Dr Guillaume Cingal of the University of Tours, addressed staff and students at a UKZN seminar at the Centre for African Literary Studies (CALS) recently. CALS held an informal lunch for the two visitors who were invited by Professor Bernard DeMeyer of French Studies and also a member of CALS Board.
The main purpose of the visit was to discuss the partnership between the two institutions which involves staff and student exchange and joint research among other co-operation and thus the visitors met the French discipline on the Pietermaritzburg campus, the English Discipline, International Relations and the Dean and Head of the School of Arts, Professor N Zulu.
They also held a meeting with two University of Tours exchange students who are at UKZN this semester.
Informal discussion at the seminar included ideas on the sort of student, staff and research exchanges that could be arranged in future between UKZN and the University of Tours involving English literary studies.
Whyte formerly co-ordinated the MA programme at the University of Tours and his field of specialisation is postcolonial theory and literature in West Africa. He has published a book on Ayi Kwei Armah and about 20 articles on African writers, Ben Okri of Nigeria, Kojo Laing of Ghana, Syl Cheney Coker of Sierra Leone, Syl Bendele-Thomas of Nigeria, Abdulrazak Gurnah of Zanzibar and Kofi Awoonor of Ghana.
Cingal is the co-ordinator of first-year Applied Languages and is the former Head of the English Department. His fields of specialisation are postcolonial literatures, semiotics and translation studies. He wrote several articles on Nuruddin Farah, Breyten Breytenbach, Arundhati Roy, as well as on Jamal Mahjoub.
In his presentation Whyte gave an overview of the history of West African writing in English while Cingal analysed two South African poems, including Jeremy Cronin’s poem, Who. He emphasised the need to provide the historical and social contexts to poems when teaching them to French students.
The French visitors were very impressed by the collection of books at CALS, especially the Onitsha market literature, and the newly archived unpublished materials. They found several items they had previously been unable to locate. "Each shelf cries out for a conference about its holdings," said Dr Cingal. "Future research exchanges will certainly provide the opportunity to take this challenge further."
/ Source de l'article original : UKZN.
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samedi, 16 février 2013
Philip & moi en Afrique du Sud
10:00 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 12 février 2013
... je crois ...
Déjà 22 heures dans les transports, je crois, et on n'est pas au bout.
Tout ça pour 4 jours sur place, je crois.
Cette nuit, au-dessus du Sahara, j'ai dormi, on and off, quatre heures, je crois.
Le premier sourire, sur le territoire azanien : celui de l'hôtesse qui a enregistré la valise de P. Première boisson : une Windhoek bien fraîche. Premier billet tendu : un lion (R50). Premier billet rendu et aussitôt converti en pourboire : un mouflon (mouton ? chèvre ? --- R10). Airport announcements getting on my exhaustion.
Nihil novi sub sole.
Je crois avoir distingué Gaborone, puis d'abruptes collines (falaises), avant la descente sur Jo'burg.
Pas besoin d'aller utiliser les prayer facilities, je crois.
11:47 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 janvier 2013
Nine Days Into
00:18 Publié dans Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 janvier 2013
Dix quatrains conversationnels
Je jouais au Monopoly avec les garçons. Ma femme lisait Que Choisir ?, parfois à voix haute. J’ai donc composé quelques quatrains conversationnels, dont le principe – déjà mis en œuvre sur Facebook lors de visionnages de documentaires animaliers – est d’utiliser la citation pour les vers 3 et 4, et de composer les vers 1 et 2 à partir de cette deuxième moitié.
Pour emballer lors d’un rencard,
Je déconseille l’orgelet.
« Encore une fois, c’est Picard
Qui a les meilleurs surgelés. »
Hollande, le chef de l’Etat,
N’est pas vraiment un héros.
« La nouvelle Prius est à
38.200 €. »
Le danseur soufi est en transe
Et fait des cercles exaltés.
« La petite Yaris made in France
Est tout à fait bien notée. »
Le chien montrant sa lippe
Dardait des yeux de fou.
« Les bulbes de tulipes,
Mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! »
L’attente du printemps
A tout instant me hante.
« Marque ‘lait hydratant’
De Carrefour Discount ! »
Soleil, que ta splendeur éclate
Au zénith écarlaté !
« Sardines à la tomate…
On n’en a pas acheté. »
En relisant L’Astrée
J’éprouve la frénésie.
« Les bébés porcs sont castrés
Mais sans anesthésie. »
Ma plainte monte au ciel
En accents empruntés.
« Le miel Lune de Miel
Est vraiment bien noté. »
Sous les ors du jour finissant
Les chênes se noient de rousseur.
« Le meilleur adoucissant
Est Le Chat Lait de Douceur. »
L’aurore imperturbablement
Déroule ses nuées entre orange et turquoise.
« Dix mille écoliers allemands
Se sont intoxiqués grâce aux fraises chinoises. »
12:18 Publié dans Hors Touraine, Quatrains conversationnels | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 10 novembre 2012
« Mickey Mantle est en train de me parler de Marcel Proust »
Le lundi soir, enfin, on a regardé Wanda – avec Alpha – le cinéma dit « d'auteur » (il vaudrait mieux dire : le cinéma alternatif, ou le cinéma à narration implicite), à onze ans, ce n'est pas commode. Magnifique film, qui résonne d'énigmes, de gestes marquants, de regards, de grains. Quelques facilités, « d'auteur », justement. Puis, le mercredi soir, dans le train, j'ai lu le petit livre de Nathalie Léger, Supplément à la vie de Barbara Loden.
À La Couronne : « un point aveugle sur le paysage détruit ».
À Xandeville : « d'où vient la pose, en quel lointain boudoir néandertalien a-t-elle été inventée ? »
À Laruscade : « Et sans doute, par un jour de vive lumière, un de ces jours immobiles et radieux, elle s'était tenue comme Clarissa Dalloway à quinze ans, songeuse au milieu des légumes, espérant sous le ciel, observant les oiseaux dans l'air vif d'un glorieux matin de printemps, confondant ce court instant d'effusion avec la promesse du bonheur définitif. »
À Saint-Agulin : « quand on n'a rien, dit-il, on est zéro, mieux vaut être mort ».
À Vayres, je note : Miss None - Miss Néant (((d'elle la traduction ?))). Nonne. Page 69.
À Canéjan : « le sirop grésillant des chœurs enregistrés ».
À Biganos: « ici le réel est si distordu qu'on ne plaisante pas avec le vrai, dit-il ».
À Sanguinet : « une manière de mains moites ».
À Labouheyre : « Mickey Mantle est en train de me parler de Marcel Proust ».
À Morcenx : « L'image se fige, granuleuse, imparfaite. » —— Le dos, qu'il ne faut nommer tranche, paraît-il, a jauni un peu, sous l'effet, sans doute, du soleil baignant les étagères du salon, depuis janvier.
À Rion-des-Landes : Les 138 mots de la dernière page, qui composent aussi la dernière phrase, se sont imprimés très faiblement, en regard, sur le blanc à peine grisé de la page 151.
[ Antonio Lobo Antunes n'écrira plus de roman, ce qui nous permettra de lire la poignée d'indéfrichés, ou de relire les plus beaux. ]
17:45 Publié dans Chèvre, aucun risque, Corps, elle absente, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 09 novembre 2012
Le Temps immobile — à ma manière
9 novembre 2001. Le soir, sous la neige, à Dijon, nous fêtions mon doctorat.
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Hier, trois heures de l'après-midi. ——— Après que l'urne eut été scellée sur le tombeau, Anaïs se fit un bouquet de feuilles de liquidambar — jaunes, carmin, pourpres, lie-de-vin. La journée, en quelque sorte idéale (en un sens fort), était empreinte de tendresse et de tristesse. Sur le chemin du retour, dans un wagon bondé, je trouvai, à la première page du livre, une troupe de perroquets bruyants dans un liquidambar.
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8 novembre 1914. Naissance de ma grand-mère paternelle.
18:30 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (2)
lundi, 05 novembre 2012
Nez d'Apollo pap
La proposition de M. de Boissy, combattue par M. Dumon, le ministre des travaux publics et par M. Tupinier, rapporteur de la commission qui avait examiné les projets de loi, fut rejetée apres ce discours de M. Victor Hugo.
— Actes et Paroles, vol. 1. Consolidation du littoral.
« — Qu'est-ce qu'un tupinier ? »
Ainsi s'interrogeait-il, avec des tirets cadratins pas possibles, invraisemblables, pas permis.
Il arborait cravate, portait faux-col, bref était plus que démodé : amidonné.
— Oh, et quand t'auras fini de mitonner, toi ?
— Heu, ça s'écrit mythonner.
— Ça ne s'écrit pas, ça se dit.
— Euh, ça ne se dit même plus en fait. La banlieue a évolué depuis la dernière décennie.
(Et par « dernière décennie », elle entendait sans doute années 90, autant dire que les à-peu-près, les glissements, les ambiguïtés étaient innombrables.)
Il se demandait ce qu'était un tupinier.
Il se demandait quel éditeur voudrait, un jour, un improbable jour, de son livre sur les proses de Tagore et les poèmes de Marc Lévy.
Un tupinier frappe à ma porte ; je dois aller ouvrir.
Gertrude, maintenant, déteste le point-virgule.
On est mal barrés.
22:00 Publié dans Hors Touraine, Mots sans lacune, Un fouillis de vieilles vieilleries, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 16 octobre 2012
Bahala na !
J'ai fini de lire The Match de Romesh Gunesekera. « Presque fini » serait plus juste : je me suis gardé, exprès, les sept ou huit dernières pages pour ce soir. L'écriture de Gunesekera – qui a atteint les plus hauts sommets, selon moi, avec Heaven's Edge, livre absolument magnifique et bousculant – s'est un peu attiédie ici. Tant le protagoniste que son parcours font songer au roman de Jamal Mahjoub, Travelling with Djinns.
C'est le séjour, dans le cadre de la Chaire Studium, pour un semestre entier, de Chandani Lokugé dans notre Université qui m'a replongé totalement dans le Sri Lanka. La semaine dernière, j'achevais Turtle Nest. Et là, après The Match – parabole historique ? Underworld à la sri lankaise ? roman philippin ? — j'enchaînerai avec Softly As I Leave You, le dernier roman de Chandani. Fin novembre et début décembre, j'organiserai avec elle un atelier de deux ou trois séances consacré à la traduction de certains extraits de ces deux romans. Son dynamisme et son hyperactivité me font bien plaisir, ont dynamité un peu le début d'année, sinon terne ou simplement laborieux, de sorte que je me suis retrouvé propulsé avec le comité d'organisation du festival « Voix d'ici, voix d'ailleurs », ou encore à discuter de Ronsard avec elle pendant un bon bout de temps, sans compter le projet de programme d'hiver à mettre en place chez nous à destination des étudiants australiens non francophones.
Turtle Nest est un très beau roman, très équilibré, qui s'inscrit dans une forme de modernisme classique, si j'ose ce qui pourrait sembler un paradoxe, et qui s'achève sur une pointe narrative aussi efficace qu'inattendue. Si j'ai bien compris les allusions de Chandani lors de notre promenade dans les jardins du Prieuré, il s'articule autour d'un symbolisme complexe (animaux, éléments naturels) dont tout ou presque doit m'échapper.
Entre ses diverses tâches au titre de la chaire Studium, Chandani a commencé d'écrire un roman dont l'action se passera, au moins en partie, en Touraine. Après-demain, je vais lui faire découvrir le manoir de La Possonnière ; si nous avons assez de temps, j'essaierai de lui montrer d'autres beaux sites voisins de Couture, quoique le très beau château de Poné n'ouvre au public qu'en été.
Nous verrons. Bahala na. Bahala na kayo ! (The Match, p. 255)
14:03 Publié dans Hors Touraine, Lect(o)ures, Résidence avec Laloux, Studium Chandani LOKUGE, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 juillet 2012
Verdure hors Touraine
18:05 Publié dans Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 28 juillet 2012
Tessons
D'où dépendre.
Pas grand chose. Maint souvenir supérieur, une assiette en plastique, la déambulation.
Tout de même, quel inculte.
Tout de même, quel inculte tu fais.
D'un doge, la signature. Mais un mur ocre ne la porte pas, pavés inégaux où les naseaux fumants ce bourrin mafieux se tord la cheville, et on se cogne la tête contre un mur peut-être ocre, mais peut-être âcre aussi (quartier des abattoirs).
Tout de même, quel inculte tu fais, et sur les tessons fumants je te torture.
Coupole, fumures.
Il se voûte au fur et à mesure qu'avancent les années.
Il se courbe. Il s'échine. Il n'a pas lu une ligne qui vaille depuis plusieurs semaines. Il n'a pas écrit une ligne qui vaille depuis l'époque de Tolède. Finalement, il valait mieux se flinguer.
Souvenir supérieur. Mémoire qui se reproduit, de diffracte, se dédouble. Brouillard de pas grand chose, déambulation vague entre tas d'ordures avec chatons, tessons de verres et d'amphores, bimbeloterie, la mémoire trouve sa cible, vise son double, s'avise que rien ne sert de s'échiner. Intestins, queues, tripes. L'idylle verte au quartier des abattoirs.
D'où dépendre -- mieux valait se flinguer.
17:57 Publié dans Blême mêmoire, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 mai 2012
Le Vent à carreaux
La fresque de céramique éclate en lignes, en courbes, en ovales, en couleurs vernissées. On se pose là.
On se pose là, un jour de pluie froide, en mai.
On se pose là.
Asger Jorn et Jean Dubuffet, qui ont beaucoup manigancé ensemble, et composé notamment la musique d'un petit film expérimental parfaitement cocasse que l'on peut voir, avec tant d'autres documents, dans la salle centrale du musée, étaient amis. Ceci explique cela. Alors, même si, avec les toits en tôle et les blocs de parpaing brut, la cour ne paie pas de mine, on a envie de trouver cela plus proche encore de Dubuffet que de Jorn, car Jorn n'a pas proposé une rupture aussi complète avec l'esthétique traditionnelle (ses codes, ses conduits).
Donc on se pose là, on attend, on regarde yeux mi-clos, on scrute.
Et si on s'affaire, ce n'est pas pour rien. On a le temps pour soi, en cette journée froide et pluvieuse de mi-mai. On est à Silkeborg, tout de même.
08:39 Publié dans BoozArtz, Hors Touraine, Le Livre des mines, Un fouillis de vieilles vieilleries | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 20 avril 2012
Dilemme
L'Aude, ce n'est pas rien. Et l'Aveyron non plus, avec ses sinuosités, ses soudaines vallées -- sa pierre qui se hisse, ses griffes de verdure qui se hérissent.
Et attendre.
12:00 Publié dans Aphorismes (Ex-exabrupto), Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)