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dimanche, 03 avril 2016

Première couronne

L'avenue de Paris, au Kremlin-Bicêtre, est le sosie de celle de Charenton-le-Pont, la citation de Camille Claudel en moins et le supermarché portugais en plus. Chassés d'une aubette, les dealers ont désormais pris le parti d'occuper les devantures des commerces, en face.

 

On peut avoir une dent contre ce genre de textes. Vous essaierez d'écrire, vous, avec un lave-linge pour écritoire, et penché, voûté, le dos endolori.

dimanche, 28 février 2016

“avec encore des puzzles, et un géranium indifférent”

François Bon a publié aujourd'hui une vidéo, tournée en Auvergne, où il se trouve pour une quinzaine.

Dans cette vidéo, il lit le premier état d'un texte en cours sur les livres perdus ; le film, de neuf minutes, s'intitule Récrire un fichier perdu.

 

 

Comme toujours dans son vidéo-journal, il ajoute des surtitres, brèves notations expliquant ce que l'on voit à l'image, ou commentaires subjectifs. Ici, le caractère discrépant m'a particulièrement frappé. Sans doute y suis-je très attentif car la rencontre du concept de discrépance, quand j'ai dévoré les œuvres théâtrales et théoriques d'Isidore Isou, en 1995, m'a durablement marqué. 

Ce qui me frappe, c'est qu'il devient difficile — au fur et à mesure que François Bon filme les pièces du gîte, tel ou tel objet insolite, telle porte ouvrant sur le vide, et qu'il y ajoute ses lapidaires légendes — de se concentrer sur le texte qu'il lit, pourtant essai sur un sujet qui m'intéresse. L'esprit n'est pas seulement partagé, divisé entre l'image et le son, qui sont en décalage (discrépance), mais aussi entre la forme de l'essai lu (prose théorique) et les légendes, qui s'apparentent souvent à des sortes de haïkus en vers libres. Le mien, d'esprit, a fini, au premier visionnage, par n'être plus happé que par le gîte et les notations en légende.

Heureusement, on peut relancer la vidéo...

Deux autres éléments, plus personnels, peuvent expliquer ma distraction :

  • souvenirs (excellents) de notre séjour dans le Cantal, à Pâques 2014, dans le château de Jussac
  • quand je regarde les vidéos de François (toutes), je me retrouve vite à tenter la traduction simultanée des légendes... ce qui n'est pas gênant quand le vlog ne propose que les images animées et les légendes [Je vais sans doute donner prochainement un extrait d'une des vidéos de François à traduire dans la partie “improvisation” de mon cours de thème de troisième année.]

 

▓▒░░▒▓▓▒░ Plusieurs fois, depuis un an et demi j'ai tenté de faire des billets de vlog, mais, outre que je ne prends pas le temps de travailler tout ça dans WMM, ma connexion est si lente qu'une mise en ligne sur youTube prend deux plombes pour un fichier de 8 minutes. ▓▒░░▒▓▓▒░

mercredi, 24 février 2016

pays perdu oui

Hagetmau, 14.02.2016.

 

oui est un pays plaisant

au soleil de ce dimanche

le ciel découpé sous la branche

c'est la parade des ans

 

oui est un pays perdu

trouant votre coudée franche

le froid est là la neige est blanche

à nier ce qu'on a mordu

 

oui finit en oraison

c'est un pays sans saison

on ne sait pas ce qui le ronge

 

& dans vos cœurs mal embouchés

oui est fait de mots couchés

pour les poisons des oronges

jeudi, 18 février 2016

Hors tout

 11 février

6 h 55

Le vent souffle fort. Dans l'âtre crépite de temps à autre, timidement, la bûche calcinée d'hier soir. Le café passe. Sur la route, aussi camions et voitures, à toute allure.

 

9 h

Le jour a fini par se lever. Gris mêlé de bleu très clair au fond, route de Poudenx.

Je n'ai pas faire suivre assez de lecture, sans doute dupé par les quelques livres de C.G. Déjà lus et que j'ai apportés pour ajouter quelques textes aux Larcins.

Ce n'est pas grave : il y a plusieurs livres, ici, dont je ne cesse de différer la lecture.

Tout à l'heure, écrit trois textes pour Artois, à moi, assis dans le canapé, jambes allongées sur la table basse, le coussin bleu entre mes cuisses et le laptop. Cela m'est plus facile, ici, que de chercher à poursuivre 16 en 16, tâche déjà assez compliquée. En revanche, j'ai échangé, sur FB, autour de la forme de la marelle. Si je prends, ces jours-ci, quelques notes pour cette affaire de marelle, ce ne sera déjà pas mal.

 

 

14 février, 6 h 40

Levé depuis 4 h du matin, j'en ai glissé deux mots sur FB, mais pas de spectre, je suis plus fort que ça. Hier, pas écrit une ligne pour les blogs, mais, à l'aube, une retroensa pour les 71 ans de mon père.

 

 

16 février, 8 h 45

Hier matin, dans le laps d'insomnie entre la fin de nuit et l'aurore, j'ai écrit 3 sonnets et 1 rotrouenge. Ce matin, rien. Lu la presse, divers billets de blogs. Hier, rien écrit non plus dans ces carnets. Aujourd'hui, nous allons “rendre” à la médiathèque les livres empruntés, dont Barroco tropical, fini de lire hier à quasi minuit. Ce matin, Burgaudeau étant en congés pour une semaine, j'ai acheté les croissants et les chocolatines – après avoir dû me préparer à dire “chocolatines”, comme je suis aliéné – chez un autre boulanger. Il fait -1° dehors, et 2° dans le garage. Nous allons passer une partie de la journée à Pau. Grand ciel bleu écorné par le volet arraché, au premier étage du taudis d'en face, sur le carrefour.

 

 

 

17 février, 8 h 25

Le buste de Néfertiti demeurera, ainsi sans doute que cette bille tombée par terre, ou les cadres photos au mur, mais bien d'autres objets ici sont plus fragiles : les chaises de la salle à manger qui se déglinguent les unes après les autres, le petit fauteuil en mousse dans lequel O*** ne s'assoit plus depuis déjà plusieurs années mais dans lequel la chatte a décidé de faire, cette semaine-ci, ses siestes et ses nuits, les sandales défoncées que je laisse traîner dehors pour les fois où je dois faire quelques pas, jusqu'au bûcher ou jusqu'à la boîte à lettres, la chemise rouge pâle même que je porte et que je tiens de mon beau-père et que je portais déjà le 27 février 2008 à Sauveterre.

lundi, 15 février 2016

3 phrases

Le jour jette ses derniers feux.

La promenade sous le vent glacial, par Saourine, a vu rouler la discussion sur l'Islande et l'Angleterre.

Le feu, par la grâce de l'âtre gigantesque, suffit à chauffer la maison, grande pourtant.

 

mercredi, 30 décembre 2015

Méthanes

23 décembre 2015 / 7 h 15

 

Ce matin, levé plus tard que les trois matins précédents, cette fois-ci réveillé par la chatte (mais enfin, j'étais à moitié réveillé), après l'avoir menée au garage et lui avoir ouverte le portail, après avoir écrit le sonnet quotidien, j'allume exceptionnellement cet ordinateur – celui de mon fils aîné, que l'on fait suivre, pour qu'il serve plus ou que le mien serve moins, se repose à Tours – avec dans l'idée de noter deux ou trois choses.

Il fait très doux, ce Noël. On sait qu'une énorme fuite de méthane s'échappe d'un gouffre, hors de tout contrôle, en Californie, tandis que les incendies indonésiens auront été (et dont encore) une des pires catastrophes environnementales de ces dernières décennies. Tandis que tout le monde semble s'en désabuser, je suis, impuissant, de plus en plus convaincu qu'on va vraiment voir tout périr, nous, notre génération... mes premiers – exécrables – poèmes, quand j'avais douze ans, ne parlaient presque que de ça.

Il fait une douceur terrible, donc.

 

mercredi, 23 décembre 2015

Matin à Hagetmau / Trois quatrains conversationnels.

Moi, pour me faire un chignon,

Ce n'est vraiment pas de la tarte.

J'ai vu Christophe Avignon

À la boucherie Labarthe.

 

******

 

Au secret dans un classeur,

Sonnets de Jean Cassou !

Ziama est la sœur

Cadette de Sakassou.

 

*******

 

Dis, c'est quoi, ce chien

Gros comme un lemming ?

Les Hagetmautiens

Font du yarn-bombing.

 

lundi, 16 novembre 2015

“envolée des lycoperdons”

24 octobre

envolée des lycoperdons

la poussière dans le vent grise

près des sacs verts formant la frise

où s'écrivent d'autres fredons

 

en feuilles la mousse comprise

et ce qu'au brouillard nous perdons

souvenir de nos édredons

s'envole en vesse sous la brise

 

pour rien de ce qui nous concerne

(ratissages dans la luzerne)

klaxons en pouêt tûût & honk

accompagnent cette poussière

comme un pianotage de Monk

à l'embrasure carnassière

 

jeudi, 12 novembre 2015

Le slip, le buzz et les gogos

Enfin, rien de glorieux. C’est petit, il en faut beaucoup : l’homme rapporte pour les manger un sac d’oiseaux morts. Mais c’est comme insulte au monde : insulte à tout ce qui ne va pas dans le monde. Sa pelle, à ce vieux beauf, c’est sur notre tronche à nous tous un par un qu’il l’a balancée. À part que, dans le monde d’aujourd’hui, il y a toujours quelqu’un pour vous photographier au mauvais moment.

(François Bon, “homme en slip avec une pelle” —11 novembre 2015)

 

 

Quoique j'aie réagi le jour même des graves incidents qui se sont produits à Audon, dans les Landes, sur les réseaux sociaux mais aussi dans la rubrique des commentaires du quotidien Sud-Ouest, je me suis interdit de publier trop à chaud sur le sujet du braconnage et des gens qui donnent coups de pelle ou de pique comme à la parade. Bien m'en a pris, car, dès lundi, le riverain en slip a fait le bonheur des réseaux sociaux, amateurs de détournements et autres photoshoppeurs... au point, hélas, d'occulter en grande partie la gravité du problème et l'essentiel du débat.

 

Qu'on ne se méprenne pas, plusieurs des détournements m'ont bien fait rire, et j'ai trouvé assez réjouissant que soit ainsi révélée à des millions de gens l'ineptie de ces prétendus “chasseurs traditionnels”. Toutefois, la rigolade l'a, comme souvent, emporté sur la réflexion, au point que de nombreuses voix se sont maintenant élevées pour dénoncer le “parisianisme” des défenseurs de la nature, ou le “coup médiatique annuel” de Bougrain-Dubourg, en des termes qui rejoignent d'ailleurs, très souvent, le vieux fond rance de la “France d'en bas” version Sarkozy, voire l'antieuropéanisme et l'antiélitisme dont le Front National, entre autres, fait ses choux gras. Je comprends tout à fait qu'on puisse critiquer la “bien-pensance” de tel ou tel organe de presse, et par exemple d'un programme mélangeant divertissement et information comme Le Petit Journal (et qui m'exaspère plus souvent qu'il ne m'amuse).

 

Toutefois, il ne faut pas, pour être du côté de ceux qui vont à l'encontre de la “bien-pensance”, se mettre à mal penser, et j'entends par là : penser de travers, ne pas s'informer, avoir des avis tranchés sans examen préalable, se cantonner dans l'ignorance, arrêter de penser. Dans sa chanson sur les bobos, Renaud s'en tirait par une pirouette : « je fais peut-être partie du lot...» Et, de fait, s'il est souhaitable de ne pas s'interdire de critiquer la superficialité de certains modes de vie (bobos ou hipsters, si je suis à peu près la tendance actuelle) ou le caractère systématique de certains modes de pensée (la fameuse bien-pensance), il ne faut jamais s'interdire non plus de réfléchir.

 

Donc, pour en revenir à l'homme au slip, rétablissons quelques vérités. Tout d'abord, cet homme en slip n'était pas seul. L'ensemble des images (fixes et animées) montrent qu'ils étaient quatre, dont deux armés d'outils de jardinage potentiellement très dangereux. Le détourage, en supprimant, pour d'évidentes raisons techniques (le réemploi de la silhouette à la pelle dans les images retouchées), ces trois acolytes, a débouché – même inconsciemment, même pour ceux qui se sont moqués de lui ou de sa brutalité – sur l'image d'un homme seul... seul face à plusieurs militants anti-braconnage accompagnés de journalistes. Détourage qui a détourné l'attention en suscitant indirectement une image de cavalier seul. (Il n'est d'ailleurs pas impossible que, si moquée qu'elle ait été, sa demi-nudité n'ait semblablement débouché sur l'idée que cet homme seul était humble, dans le dénuement ; ne dit-on pas de quelqu'un qui a tout perdu on lui a pris jusqu'à son slip ?)

 

Ce cavalier seul est vite devenu, dans pas mal de sites d'extrême-droite (mais non strictement tels), chevalier des démunis ou de la ruralité face à la réglementation, Bruxelles, que sais-je... Après le chevalier au lion ou le chevalier à la charrette, voici le chevalier à la pelle, nouveau Bayard sans peur et sans futal. Comme pour les désormais fameux bonnets rouges, le tour de passe-passe, sémiotique autant que sémantique, viserait à faire passer pour des opprimés une petite caste de nantis refusant de se soumettre à la loi commune.

 

Interrogeons donc l'image de cet homme en slip et muni d'une pelle. Cet homme — qui (je l'écris afin de mettre fin à l'éternel argument de la violation de propriété privée) sort de chez lui, au lieu d'alerter les gendarmes, pour en découdre à coups de pelle avec un intrus pacifique entouré de journalistes — représente surtout une frange de braconniers dans l'illégalité  : les pinsons (dont plusieurs individus ont été relâchés ce matin-là par les défenseurs des oiseaux) sont une espèce protégée, et le mode de piégeage à l'appelant est prohibé depuis plus de trente ans. Même sempiternelle histoire que pour les ortolans à la fin de l'été : espèce protégée en net déclin, braconnage à plusieurs niveaux, complicité des pouvoirs publics (il n'y a qu'à lire les incartades du boss Emmanuelli sur le sujet) et, souvent, de la force publique. L'homme au slip ne représente donc pas les pauvres faisant face à l'intrusion de la France d'en haut, mais la violation, réitérée depuis des décennies, du droit commun. De surcroît, bien de ces prétendus “chasseurs” revendent les oiseaux piégés illégalement sans déclarer leurs revenus (ça va sans dire), mais tout en bénéficiant, pour leur activité principale (agriculture), de subventions abondantes. Le “chasseur traditionnel” est donc, le plus souvent, ce qu'on nomme un trafiquant. Moi qui ai vécu seize ans dans les Landes et qui y retourne très régulièrement, je peux témoigner qu'on ne compte plus le nombre de menaces de morts, de dégradations de véhicules ou d'habitations, de pressions sur les élus pour que l'État ferme les yeux sur le business, ou de pressions sur les voisins pour que perdure l'omerta lorsque des journalistes viennent poser des questions.

 

Ainsi, ce genre d'individu ne devient pas plus ou moins sympathique d'avoir fait le buzz — à l'instar de Nabilla jadis ou de Serge le lama naguère — ou d'être la cible et la risée des “bobos”. Les défenseurs des oiseaux sont contraints d'en venir à des actions plus spectaculaires, dans la mesure où presse locale et autorités ferment les yeux, font durer les procédures, enterrent les affaires... Si un dealer de cocaïne accueille en slip avec un nunchaku, dans son appartement, un militant anti-drogues accompagné de journalistes, cela ne fera rire personne.

L'analogie est biaisée, je le sais : les dealers de cocaïne ne touchent pas des aides de l'État et de l'Union Européenne.

Si j'en risque une autre, celle avec le bijoutier de Nice qui avait défrayé la chronique et suscité une page de soutien pas vraiment exempte d'arrière-pensées politiciennes, ça ne marche pas non plus : Bougrain-Dubourg et ses proches n'étaient pas des cambrioleurs, et vendre des bijoux est autorisé en France.

 

Donc, pas d'analogie. Il faut penser ce dossier, cette histoire, dans toute sa vérité particulière, et on verra que, même si les braconniers sont défendus (comme il est normal, dans une démocratie, que tout le monde le soit), leur “combat” est — du point de vue de l'intérêt général, des libertés individuelles et de la morale — tout à fait indéfendable.

C'est sans doute une posture commode et d'être hostile à la bien-pensance et aux médias, encore faut-il ne pas tomber dans l'excès inverse et donner systématiquement raison aux hors-la-loi et aux poujadistes. Par ailleurs, ceux qui n'arrêtent pas de de dire que “Bougrain-Dubourg va faire un coup de pub une fois l'an et n'agit pas sur le reste du dossier” sont des ignares ou des manipulateurs. La L.P.O. agit pour toute la biodiversité, toute l'année, non seulement contre les braconniers qui zigouillent des centaines de milliers d'oiseaux protégés mais aussi contre les pesticides, l'urbanisme, la bitumisation et les projets pharaoniques aussi coûteux qu'inutiles (N.-D. des Landes, LGV...).

On le comprendra, j'en ai un peu assez de tous les ignares qui, découvrant une affaire à la faveur d'un buzz, prétendent, sans plus de renseignements, défendre la “France d'en bas” et faire d'un braconnier en slip la Liberté guidant le peuple des temps post-modernes, alors que cette clique est indéfendable.

 

mercredi, 04 novembre 2015

Insectes.

Il y a trois ans, presque à l'heure près, j'apprenais — à Arzacq, of all places — la mort de mon grand-père maternel.

Je pourrais raconter des quantités d'anecdotes à son sujet, mais, pour poser aujourd'hui une pierre à sa mémoire, je rappellerai seulement qu'il m'apprit un jour, en me montrant un perce-oreilles vivant dans sa main, le mot forficule, et qu'un autre jour, il m'apprit que chiure de mouche était un pléonasme, étant donné qu'une chiure désigne spécifiquement un excrément de mouche.

 

mercredi, 30 septembre 2015

“ombre grise de l'accenteur”

Hagetmau, 4 août 2015.

 

ombre grise de l'accenteur

furtive derrière des ronces

un chevreuil au poker menteur

jappe 43 semonces

 

toujours courir avec lenteur

où dans la chaleur on s'engonce

l'ombre s'éclaire l'ombre fonce

feu follet des pois de senteur

 

les ronces grifferont le deuil

dans la peau comme à un chevreuil

le faux moineau offre une esquisse

 

humble discrète sur le seuil

l'ombre s'attarde l'ombre glisse

sur la page bon pied bon œil

 

dimanche, 03 mai 2015

Ou / où

Beclers.

Je suis en train de lire — en vitesse, franchement — le bref roman de Jacques Gélat, Le traducteur. C'est une véritable déception : le récit n'a rien de surprenant, l'écriture est conventionnelle, le narrateur un cliché de parisianiste sans épaisseur. Tout cela n'a pas beaucoup d'importance, mais deux choses méritent d'être notées ici :

* Comment un écrivain français doté de quelques prétentions intellectuelles peut-il choisir d'enfiler autant de poncifs sur les “dictateurs africains” en 2006 ?

* Même pour un texte aussi bref, il semble que les éditions José Corti aient renoncé à s'associer les services d'un relecteur, ou aient fait ce travail par-dessous la jambe. À deux pages d'intervalle, j'ai trouvé deux fautes, toutes deux graves, la plus ennuyeuse étant la seconde car j'ai failli ne rien comprendre au passage en question :

— « une indignité que je n'aurais pas soupçonné alors » (p. 85)

— « Malheureusement, l'oubli ne se décrète pas. Seul le temps où d'heureux événements jouent en sa faveur. » (p. 86)

Ayant lu ce comme un , j'ai relu plusieurs fois, songeant qu'il manquait la principale.

jeudi, 19 mars 2015

Bribes d'un voyage

9 h 05. afrique du sud.jpg

 

 

 

 

9 h 40.

On a corpopétrucien le froid qui nous tanne 

Et mégaglagla le cureton en soutane.

 

18 h 36. guillevic.jpg

 

 

 

 

19 h. Le type qui lit Rabhi derrière moi est une caricature de geek branchouille sursapé.

vendredi, 06 mars 2015

Le cul de Judas

Comme, me semble-t-il, le dernier livre de Lobo Antunes encore inédit en français vient d'être publié et comme Lobo Antunes a dit qu'il n'écrirait plus, il me reste tous les premiers à lire, une bonne dizaine qui ne sont, pour moi, à ce jour, que des titres.

À la librairie Campus, j'ai donc acheté – avec Au bord des fleuves qui vont – ce fameux Cul de Judas, dans la collection de poche des éditions Métailié, et je suis en train d'en achever la lecture. Ce qui frappe le plus, bien sûr, c'est le caractère encore très lisible, très normatif, des chapitres ; pour résumer, on pourrait dire que Lobo Antunes faisait encore des phrases, structurait paragraphes et chapitres d'une manière, sinon conventionnelle, du moins beaucoup moins chorale qu'ultérieurement. Mais ce qui a le plus changé, dans l'esthétique de Lobo Antunes, c'est l'accumulation de références explicites, à des poètes, des poèmes, des tableaux, des peintres, des écrivains, des scènes mythologiques. La relation entre le narrateur et sa narrataire est également plus explicite, de même que la critique politique et historique.

On n'a pas l'impression, pourtant, de lire une esquisse, ou un croquis préparatoire. C'est quasiment un autre art, une autre langue, un autre regard – pour des obsessions déjà semblables. Peut-être est-ce un texte très largement autobiographique ; peu importe, en un sens : c'est un texte autobiographique du Portugal, d'une génération portugaise, comme tous les grands romans d'Antonio Lobo Antunes où semble s'entendre, de façon chorale, toute une génération irradiée d'une voix pourtant si singulière.

 

Un des motifs (mots, si l'on suppose que la traduction est scrupuleuse) les plus inattendus est celui de l'orbite, des orbites.

lundi, 02 mars 2015

Domme ou l'Occultation

Au cul de mon bol breton, à Saintes, le bol à mon prénom et que je retrouve car mes parents ont commencé à récupérer des bricoles dans la maison, mise en vente, de mes grands-parents, au cul donc, disais-je, “Domme” est inscrit. Or, je pense que la première fois que j'ai lu, en en gardant un souvenir, le nom de Domme, c'était dans l'appartement de Claire, à Talence, parmi les milliers de livres de ses hôtes, avant qu'en 1995 nous ne visitassions Domme avec Cyril – nous y sommes retournés avec les enfants au printemps 2011, et de nouveau en avril 2012. Ainsi, ce nom était inscrit au cul d'un objet que j'utilisais enfant à chaque séjour chez mes grands-parents paternels, et je n'en savais rien ; un bol breton périgourdin, aussi, quel sens cela a-t-il ?

vendredi, 02 janvier 2015

Des insanités

En miroir, du 29.12 au 02.01.

 

Hier encore trois allers retours à la déchetterie : sacs de feuilles sacs de feuilles.

Aujourd'hui normalement je m'attaque aux huit petits saules penchés à 40° depuis tempête (de 2010 ?).
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Paper. Diapason. Graisse des ténèbres.
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Le verre cathédrale mange sa propre lumière, tiens ça y est pas pu m'empêcher d'écrire des insanités.

 

L'enclos, avec ses chèvres ses oies ses tas de ferraille ses restes de vieux pneus ses poules ses chats ses gamins en quad —— là où avant (pas jadis ni autrefois : avant) se trouvait un petit bois si joli, si mystérieux, si tendre au regard (et à la mémoire).

La crevaison → juste à temps chez Morès, à regarder le jeune type clopant, juché précairement sur une palette à trois mètres au-dessus du sol, à dévisser les lettres rouillées.

vendredi, 14 novembre 2014

Neuf distiques ribéryens : un tigre en pleine Beauce

Golri-je très beaucoup comme qu'à Montévrain

On mettut un tigre dans le moteur du train.

 

Comprendu-je ne pas s'appelont Chanteloup

Si que s'il y ont un tigre en fait et pas un loup.

 

Affolé-ce beaucoup comme à Marne-et-Gondoire

Tout ça parce on a visu d'un tigre mâchoire.

 

On a dur de pique un sprint à Serris ou Lesches

Sauf que d'avoir un gros tigre à la con au derches.

 

Hugo m'est dit à moi ç'a de Proust bien Guermantes

Même si j'a mordu la mâchoire écumantes.

 

Capté-je trop pas bien que mes vers on dénigre

Si qu'est-ce que j'écrivus des distiques de tigre.

 

On a glouglou Melun se calquer au picrate

Si qu'en sortant du bar voit le tigre et l'Euphrate.

 

Pas avec du Bouillon qu'on l'attraperont, bigre,

S'il a télévisé la brigade du tigre.

 

Comprendu-je ne pas pourquoi est-ce qu'en Beauce

Un tigre a échappé, bien s'il n'ont pas de bosse.

 

 

dimanche, 09 novembre 2014

Juillet 2012

Même le dictateur, on le traitait de bouffeur de prunes.

Ponçage, lasure... et toujours tronçonneuse. Vive les vacances.

pas de piscine pas

de pieds manucurés juste

un vent d'enfer & du

bûcheronnage

Maison sans télé ni internet.

Donc toute la journée : tondeuse - sécateurs - tronçonneuse. Gentleman farming mes nèfles.

 

J'hésitais, pour égayer mon été, entre attraper un coup de soleil à Etretat et emballer une méduse à Saint-Jean Cap-Ferrat.

vendredi, 07 novembre 2014

Dans le Mâconnais

25 août

Dimanche aux oublis

Dimanche aux ombres 

Corps gaufré papier pelure 

Dimanche à plier des mémoires

À peupler les nuages

Dimanche dérisoire

 

30 août

Les gens de ce côté de la rue doivent préférer ces jours de pluie, on n' entend quasiment plus l'autoroute. Mais pluie oblige la lessive étendue hier soir n'a pas séché, tu useras du grille-pain dit l'un des commandements d'ici. Péage sonore pour tout un chacun.

samedi, 01 novembre 2014

Rond-point de la Chaise. Lundi 27 octobre 2014.

J'ai donc fini par me lancer et par proposer un pâle hommage au très beau projet de François Bon, Tours en 80 ronds-points / la littérature se crie dans les ronds-points.

Bien sûr, mon hommage reste cela, donc pas un strict décalque, notamment parce que je n'ai pas le quart du talent de François Bon, et pas le dixième de son énergie.Très entre autres, je ne proposerai pas la plupart de ce qu'il fait, lui, dans son dispositif : pas filmé la circulation depuis le rond-point, pas inhumé de livre, etc.

Cela faisait quelque temps que me trottait dans la tête l'idée d'un petit tournage sur le rond-point de Chalosse, à Hagetmau, ainsi dénommé bien qu'il soit désormais connu sous son autre nom, rond-point de la Chaise. Prenant cette chaise géante comme point d'ancrage, j'avais d'abord songé à lire un extrait de Gargantua, ou, différemment, à lire un extrait d'un des plus grands formats ici présents (Géographie de Reclus, Vie de Saint Louis, ou certains Dumas dans le format relié sous pleine peau qui nous viennent d'on ne sait où).

À ce stade, une précision : la maison de Hagetmau est une demeure de vacances, où nous n'avons ni téléphone ni télévision ni connexion Internet. Nous n'y avons qu'un assemblage hétéroclite de livres, pas mal de laissés-pour-compte, des délaissés, des entassés, odds and ends – de sorte que je n'ai pas, très entre autres, la moindre ligne de Rabelais. Je me suis dit qu'au fond cela faisait partie des contraintes et ai jeté mon dévolu sur un Sarraute resté ici parce que le Pléiade étant à Tours, celui-ci faisait doublon. Et surtout parce que, en fin de compte, me filmer à Hagetmau en train de lire un texte – quel qu'il soit – à haute voix revient à célébrer ce hic et nunc ; constatez-le par vous-mêmes, combien de fois déjà ai-je, ici même, écrit « ici » ?

Donc Ici s'imposait.

 

Quelques mots sur le rond-point.

Il n'est orné de cette gigantesque chaise que depuis huit ou neuf ans. L'objectif était de célébrer l'activité industrielle qui symbolise la cité de Hagetmau, et qui a employé jusqu'à 1.400 personnes ; ironie, la quasi totalité des usines ont mis depuis la clé sous la porte, faisant même de cette commune d'à peine cinq mille habitants la commune la plus sinistrée de l'ère Sarkozy-Fillon, et celle avec la plus forte augmentation du taux de chômage. À en croire la quantité de maisons à vendre, entre autres signes, la sinistrose n'a pas dit son dernier mot.

L'extrait que j'ai choisi de lire n'est pas seulement un de mes textes préférés de ce volume écrit par Sarraute à presque cent ans (et je songe à ma grand-mère paternelle, qui aura 100 ans, justement, dans douze jours), mais aussi parce que le nom d'Arcimboldo offre ce subtil mélange entre la nature (agricole, fruitière) censée caractériser la Chalosse et la τέχνη, l'œuvre humaine, dont on voit, sur la série de photographies prises autour du (et depuis le) rond-point, qu'elle est ici (et en fait, partout dans les Landes, une des régions de France les plus salopées par le foisonnement des hangars et des panonceaux les plus dégueulasses) omniprésente. On le voit nettement. Ce que j'ai choisi de montrer, aussi, c'est que les déchets vont par deux, qu'il s'agisse de bananes ou de canettes de bière : là encore, nature et τέχνη — je n'ai rien manigancé.

Tandis que, à peine parvenu sur le rond-point lui-même, je posais au sol, près d'un des tapis de galets, la chaise en plastique rouge dont je comptais me servir pour poser l'appareil photographique (on ne fait pas plus amateur que moi), un type, la soixantaine, qui passait sur le rond-point, vitre baissée, m'a lancé ce qui me semble être la quintessence de l'humour gascon : « Eh, faut garder la chaise rouge, là, hein, l'autre elle vaut rien ! » — J'étais parti pour assumer ma lecture à la face du monde (!), ἕξις plutôt qu'ὕϐρις.

Toussaint 2014.3 599.JPG.

...

Ensuite, pendant les presque six minutes de lecture filmée, j'ai constaté qu'il y avait facilement trente poids lourds (ce qui pourrait faire une moyenne de 300 par heure, pas mal pour de prétendues « zones rurales ») mais n'ai pas remarqué qu'on me hélât ou tentât de me déconcentrer. Les champignons, en revanche, sur le tronc près duquel j'avais garé ma voiture, proposèrent un point final provisoire à cet échange entre le siège géant et l'arcimboldo miniature.

 

 

(En bonus : les 33 photographies en tous formats sur ma galerie Flickr.)

 

 Ajout du 3 novembre : mon père au pied de la Chaise, l'été dernier, et saisi par ma mère en train de la photographier (la Chaise, pas ma mère (aaaaaaargh)).

Uzis

donc à Uzès

un pataquès

 

à Uzel

visage rimmel

comme à Uzeste

juste un zeste

 

de soir serein

à Uzein

 

mais ton air faux-derche

à Uzerche

ou à Uzer

devait m'user

 

sans lendemain

pour Uzemain

.

mardi, 31 décembre 2013

Le Prétexte Sylvestre

Le camion d'éboueurs vert remonte lentement, dans l'obscurité, le bras gauche du V qui me fait face, un peu moins de dix minutes après qu'une ambulance l'eut descendu, s'arrêtant au feu rouge, ouf, rien d'urgent. Des bus quasi vides se croisent à ce même endroit. L'autre rue, qui forme même, en se prolongeant par-delà le boulevard, à ma gauche, la branche d'un X, connaît beaucoup moins de trafic.

Entre la cabine téléphonique (double) et le conteneur vert pour le recyclage du verre, deux clochards se rabibochent.

Des gens passent, sous des parapluies.

Personne n'entre dans la brasserie, ni n'en sort.

Du bus est descendu, tout près des deux clochards, un très grand jeune homme qui portait un chapeau un peu archaïque, vert bouteille m'a-t-il semblé.

Chacun des deux clochards va son chemin.

Bien que ce soit le 31 décembre, une lumière s'est allumée, à huit heures précises, au premier étage du lycée trapézoïdal.

Un bus accordéon passe, précédé d'un autre, qui arbore une publicité idiote -- LES HITS TRES HOTTE. Les lampadaires éclairent aussi cette jeune fille pressée, et chargée, en imperméable, avec son sac à dos jaune clair et son gros carton blanc, qu'elle porte à l'aide d'une poignée, de la main droite. On ne voit plus les clochards, et, devant le kebab fermé, il n'y a plus de baston.

Incroyable, le nombre de fourgonnettes (ambulancières ou non) qui descendent le bras gauche du V ; presque toutes doivent attendre au feu rouge avant de poursuivre leur chemin. (Les bus, non ; certains passent directement.)

Au-dessus de la brasserie, au premier étage, une lumière s'est allumée derrière les rideaux de voile. On devine une présence, une figure, quelqu'un qui va de pièce en pièce, à pas pressés -- réveil tardif ? recherche frénétique d'une paire de chaussettes introuvable ? danse originale au rythme d'une musique commerciale ?

Dans la brasserie au nom idiot, des clients commencent à occuper les places près des vitres. L'autre brasserie, que je ne vois pas (je serais obligé de me lever toutes les trente secondes), sert de prétexte à cette page. Un bus passe, un autre camion d'éboueurs.

dimanche, 19 mai 2013

Un kavalier kaki

Aéroport de Copenhague, terminal 2, 19 mai 2012 Un cavalier dans un aéroport attend que les ailes d'un oiseau au gracile fuselage lui ouvrent la voie. Un an de plus pour l'animal dont l'âme outrepasse tout zénith !

Aboo Din lashed them mercilessly and drove them into the jungle, where he followed on his hands and knees. ——— Toutefois, nous fûmes à Copenhague, à passer la nuit, trois fois déjà, notez-le bien.

Le fjord n'est même pas verdâtre, Guillevic écrit cromlech——— Sous la belle lumière dorée de cinq heures du soir, nous quittons le village enchanté, pour nous acheminer vers les montagnes du fond, en traversant le plateau paisible et pastoral que l'on dirait fermé de toutes parts.


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Taa jääpi niemi kuusimetsineen
ja käki toraisine rouvineen.
(Aaro Hellaakoski)
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vendredi, 10 mai 2013

Retour de La Rochelle

Je me gave de café, et la mi-mai s'annonce morne : ce matin, vent et fraîcheur — au point que le chauffage prolonge, depuis une bonne heure, son agaçant ronronnement. Les prévisions vont dans ce sens : au mieux, soleil couvert ; au pire, averses par intermittences (giboulées, je suppose, comme hier sur la route).

Nous sommes rentrés hier après-midi d'une visite express à La Rochelle ; le lycée de C. n'étant pas fermé aujourd'hui et demain, il n'y a pas eu, comme dans les autres établissements scolaires (pour lesquels, d'ailleurs, ces jours chômés sont totalement injustifiés), de viaduc. Nous avons montré aux garçons la vieille ville, ses rues à arcades, le port avec les quatre tours — nous avons même pu visiter la tour de la Lanterne (dite aussi des Quatre Sergents (j'ignorais totalement cet épisode de la Restauration)), qui les a fortement impressionnés. On ne peut que regretter que la sottise de précédents visiteurs contraigne les Monuments nationaux à ne permettre de voir les graffiti les plus anciens ou les plus beaux que sous des plaques de plexiglas.

 

Hier matin, nous avons sacrifié au pélerinage inévitable de l'Aquarium (que nos hôtes, H. et J., rochelais absolus, n'ont jamais visité depuis sa migration et son agrandissement), et Alpha le zoomane a dû admettre, après la visite, que c'était tout à fait décevant, surtout par rapport à tout le schbrountz fait autour de cette institution. Comme lui, je maintiens que l'Océarium du Croisic, et même l'Aquarium de Biarritz, sont supérieurs ; je n'ai pas de souvenirs assez précis de Brest. C., elle, milite pour Boulogne, mais elle est la seule de nous quatre à s'y être rendue.

Pourquoi l'Aquarium de La Rochelle est-il décevant ? tout d'abord, il est gavé de peuple. Je n'ai jamais rien visité dans une telle cohue (même l'exposition Daumier du Grand Palais, de sinistre mémoire), qui nous a contraints à ne même pas tenter de voir certains aquariums. C'est sans doute pour cette raison que nous n'avons pas vu de poulpes. Certes, c'était le jeudi de l'Ascension, mais il paraît qu'il en est ainsi tous les jours fériés. Or, ce devait être pire plus tard dans la journée : alors que nous sommes arrivés presque à l'ouverture et qu'il n'y avait pas d'attente aux guichets, nous avons vu, en sortant, à midi, que la file s'étendait sur plus de cinquante mètres. Quitte à décevoir de nombreuses familles, ou à leur donner une réservation pour un créneau ultérieur, l'administration de l'Aquarium devrait établir un numerus clausus et refuser du monde, littéralement. Dans les conditions d'hier, le lieu tenait plus de l'hypermarché un samedi après-midi que de l'“attraction”.

Par ailleurs, les indications portées sur les cartouches, parfois instructives, sont totalement lacunaires ; ainsi, c'est la première fois que je vois, dans un aquarium aussi réputé, des fiches signalétiques qui ne donnent pas, à côté du nom des différents poissons d'un aquarium donné, leur taille. Or, pour le parfait béotien, quand il y a plusieurs espèces qui se ressemblent, ou qui font partie de la même famille, les indications de taille sont très précieuses pour l'identification. On sait que, dans les aquariums comme dans les zoos, les trois-quarts des visiteurs n'apprennent rien, et ne cherchent pas à comprendre quoi que ce soit, ni même, dans beaucoup de cas, à identifier les différentes espèces. (Alpha en avait fait l'expérience il y a quelques années, en s'étonnant puis se scandalisant qu'un adulte passe devant la cage de gibbons, devant laquelle figurait un panonceau donnant tous les détails utiles sur cette espèce particulière de gibbon, en disant à ses enfants « ah vous avez vu les chimpanzés ? » avant d'aller voir plus loin. Je pense qu'Alpha a compris ce jour qu'adulte n'était pas synonyme d'infaillible, et encore moins de cultivé ou de curieux.) On sait donc cela, mais de là à ce que l'administration d'un aquarium aussi réputé (ou, en tout cas, aussi médiatisé (ce qui est sans doute différent)) baisse les bras, il y a un pas.

Malgré tout, nous avons pu admirer quelques aquariums à peu près tranquillement et avons appris quelques faits zoologiques essentiels :

  • la coquille saint-jacques a soixante yeux
  • la raie brune est hermaphrodite (femelle jusqu'à l'âge de huit ans, mâle après)
  • il y a plus de mille espèces de méduses

Je dois, par ailleurs, faire des recherches sur un très joli poisson asiatique, l'apogon de Kaudern, que j'ai longuement observé, et dont il me semble que les différents points et taches peuvent jouer un rôle d'inter-identification assez similaire à celui des rayures chez le zèbre ou des taches chez la girafe.

 

Sinon, nous avons profité de retrouvailles brèves mais chaleureuses avec H. et J., dans leur maison d'Aytré, aux nombreuses mosaïques, toutes de la main de H., et beaucoup (en dépit de mes a priori) très réussies. Certaines sont vraiment très belles. — Nous sommes revenus avec près de trente livres, une dizaine achetée à la librairie Calligrammes (où travaille J.) ou, pour les enfants, à sa voisine Callimages, et les autres donnés par J. ou piochés dans ses cartons de livres qu'il n'a pas la place de garder chez lui.

(Pendant la nuit courte, j'ai pensé à la façon d'intégrer la rue du Minage à mon Livre des mines, et comment tenter de clore ce texte, justement, pour qu'il ne soit pas trop foutraque.)

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lundi, 06 mai 2013

Bribes des vacances landaises

17 avril 2013, 9 h 50.

[MAUX]

Un grand classique désormais, ce début de vacances entamé par les maladies.

Lors des vacances de Pâques de 2012, nous avions dû “descendre” directement de Tours en Périgord, car Oméga avait eu une mauvaise otite qui ne nous avait pas permis d'aller d'abord passer quelques jours dans les Landes. En février, je suis rentré d'Afrique du Sud pour trouver femme et enfants en pleine grippe (ou virus équivalent et aussi pernicieux), d'où un départ pour les terres landaises différé de presque une semaine ; le samedi, j'avais piloté la petite équipe jusqu'à Hagetmau avant d'y être cloué au lit pendant trois bonnes journées par une méchante bronchite (le docteur croyait fermement que je fumais). Comme il avait fait un assez sale temps, de surcroît, on n'avait rien pu faire.

Cette fois-ci, c'est du côté du bide. Oméga (écolier modèle) a eu une forte gastroentérite le soir même des vacances, épisode suffisamment bref pour nous permettre de prendre la route dimanche (détour bref par Barbezieux, ville morte, et par Moustey, dans les bois de pins près d'un dromadaire et d'un yak encordés à un muret). C. est tombée violemment malade le soir même du dimanche, et se remet depuis hier, relayée désormais par Alpha, qui semble avoir suivi le même chemin qu'elle : violents et fréquents vomissements pendant six heures, suivis d'une période de douleurs et fièvre qui ne devrait durer qu'un peu plus de 24 heures, s'il en est comme pour sa mère. Pour ma part, après plusieurs nuits très inégalement reposantes, je ne lutte pas trop mal. J'ai pu profiter du grand beau temps, notamment en jouant pas mal avec Oméga - passé pas mal de temps aussi à ranger, faire vaisselles et lessives, tondu - également “du côté Ménaoupède”. Le plus coriace, avec la tondeuse, c'est le coin proche du saule, qui désormais a tout du sous-bois embroussaillé, où règnent promptement les ronciers.

Plusieurs heures sont parties en tennis, parties de Mikado et de Puissance 4, lectures pour Oméga, et aussi découverte du Binero, dont Oméga s'est acheté un cahier lundi après-midi, et dont il a déjà fait une dizaine de grilles de niveau 1, toujours un peu (mais de moins en moins) avec mon aide.

 

[HORS LIGNE]

Je me décide à ouvrir un fichier .txt pour ces carnets, car j'ai replongé dans cette fâcheuse tendance (déjà observée en février, mais qui est une dérive ridicule) à utiliser Facebook (en mode restreint) comme carnet de bord, ce qui a eu pour conséquence immédiate (j'avais écrit « but » : je fais partie des cancres indécrottables qui doivent se gouverner pour ne pas confondre but et conséquence) de voir une restriction de mon accès Internet via le smartphone, alors que le forfait va du 8 au 8 courant, je crois. Ce n'est pas que j'aie abusé : j'ai dû utiliser Internet 20 ou 25 minutes par jour au lieu de 5 ou 10 habituellement, mais mon forfait n'est pas adapté : quand j'ai fini par me résoudre à prendre un téléphone mobile, en décembre 2011 (je n'en avais jamais eu), j'ai choisi une offre minimale, sachant que je ne téléphone guère et ne devais pas trop recourir à Internet. Evidemment, comme il n'y a, chez aucun opérateur, d'offre vraiment personnalisée, je me retrouve avec 2 heures de communication par mois dont je n'ai que faire (et qui sont inutilement reportées sur le mois suivant avant de disparaître (ce qui signifie que je paie pour un service que je n'utilise pas — depuis l'arrivée des téléphones portables, téléphonie rime avec escroquerie)) et 250 mégaoctets de connexion Internet en haut débit, si je ne m'abuse. Peu importe, c'est très peu. Quelques dizaines de mails, de photographies déposées directement sur Flickr, quelques statuts FB, et en une quinzaine mon opérateur me transfère en débit restreint.

Tout cela n'est pas très intéressant, j'en ai conscience, si ce n'est à voir X ou Y me dire que je n'y suis pas du tout, que si je prenais un abonnement Machintruc chez Trucmachin je bénéficierais de ceci et de cela, et surtout si ce n'est à expliquer pourquoi j'ouvre un fichier .txt pour y écrire des paragraphes de ci de là, paragraphes que je publierai peut-être rétrospectivement dans Touraine sereine.

 

[SCHMIDT]

J'ai apporté avec moi, comme à l'accoutumée, plus de livres que je ne peux en lire - mais, cette fois-ci, j'ai apporté, de fait, quelques bouquins achetés récemment d'occasion que je laisserai, en vue de l'été, dans la maison de Hagetmau. J'avais à peine commencé, la nuit avant le voyage, un Arno Schmidt (Le cœur de pierre), me résignant, en l'absence de tout ouvrage en allemand de cet auteur à la bibliothèque universitaire, à découvrir enfin cette œuvre en traduction ; je l'ai quasiment fini hier soir, sur le canapé "thin stripes" du salon, avec la chatte sur les guiboles. C'est un roman tout à fait puissant, d'une inventivité langagière immense (mais c'est une banalité de l'écrire de Schmidt), mais surtout : très visuel, très politique (au sens fort : vision historique à long terme + idéologie décapante). Il me reste, en lisant d'autres livres de Schmidt, à prendre tout à fait une mesure d'ensemble, mais, pour l'instant, si impressionné (et amusé : c'est une œuvre très drôle) que je sois, je ne cède pas absolument à l'argument de Laurent Evrard, qui, me voyant acheter des livres de Jirgl il y a un ou deux ans, m'avait dit, peu ou prou, qu'il valait mieux lire Schmidt, que Jirgl n'inventait rien. L'influence est évidente, mais il ne s'agit pas uniquement d'un décalque, d'une pâle copie.

 

[PROKOFIEV ET AL.]

J'ai aussi apporté quelques disques. Oméga ((banal) écolier modèle) s'étant passionné pour Pierre et le loup, j'ai emprunté les quatuors à cordes de Prokofiev, et aussi l'enregistrement complet du Roméo et Juliette par Valery Gergiev avec le Kirov : ayant adoré le Roméo et Juliette de Preljocaj il y a une dizaine d'années, je n'avais jamais poussé plus avant. J'écoute en ce moment même la fin de l'Acte II, et c'est effectivement inventif, éblouissant, et aussi très émouvant. Prokofiev est souvent taxé d'académisme, et, de ce fait, immédiatement relégué dans les seconds couteaux — ce qui, sans que j'y connaisse rien, me paraît très injuste. Il me paraît s'agir d'une musique orchestrale très inventive et puissante.

Hier soir, C. m'a, en revanche, fait arrêter la diffusion de la 4ème de Charles Ives (par Dohnanyi) ; il est vrai que, contrairement à la 1ère (par Mehta), elle est bien pompière et ronflante. J'écouterai cela plus en détail (et aussi les n° 2 et n° 3), mais seul !

 Nous avons écouté, aussi en voyage, le dernier Rokia Traoré (je suis un peu sur ma faim, je n'ai pas encore déniché pourquoi), le dernier Rachid Taha (magnifique), un album d'Anouar Brahem à la mémoire de Mahmoud Darwich que je voudrais aimer mais qui est très mou, très monotone.

Sur le CD des ‘Diapasons d'or’ de ce mois, Oméga a reconnu, dès la première mesure, la Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski, écouté plusieurs fois avec Constance, animatrice qui fait chanter sa classe, et, je l'ai ainsi découvert, leur fait aussi un peu d'initiation musicale. Comme, avec son professeur d'éveil musical du mercredi, il avait découvert la Promenade des Tableaux d'une exposition, qu'il aime aussi, on va peut-être lui offrir pour son anniversaire, en sus du reste, du Moussorgski...! Remarquez que je ne demande, moi aussi, qu'à dépasser mes préventions préjugées.

(Tiens, le finale de l'acte II de Roméo et Juliette me fait un peu mentir, péniblement expressionniste tout de même.)

 

18 avril, 11 h 15.

Tout le monde semble remis, ou se remettre (Alpha n'a pas encore beaucoup d'appétit mais va bien mieux). Le temps s'est bougrement rafraîchi, avec disparition du soleil. Hier après-midi, il faisait plus chaud que bien souvent en été (même ici, dont les chaleurs sont excessivement vantées — il ne fait plus jamais aussi chaud, en tout cas jamais aussi longtemps, que quand j'étais enfant (et j'adorais ça)).

Avant-hier soir, plusieurs phrases descriptives d'Arno Schmidt m'ont servi de point de départ pour l'écriture de strophes dont elles conditionnaient, en tant que premier vers, les choix métriques. Je crois me rappeler (mais Facebook en garde la trace — il me suffira de récupérer cela in due time) que j'ai ainsi inventé quatre nouvelles formes : le septain berlinois,  le tristique heuristique, un neuvain dont le nom m'échappe, et le huitain du diocèse.

(J'ai préféré le terme de tristique à ceux, plus attestés, de tercet ou de triolet car j'écris déjà des triolets quantifiés, et je trouve plus cocasse l'écho un peu lourd que le terme de tristique offre avec les différents types de distiques.)

 

J'ai ouvert ce fichier, plus pour me retenir d'aller encore gribouiller dans Facebook que parce que j'ai vraiment quelque chose de nouveau à ajouter. Les journées se ressemblent, j'écoute en ce moment même l'Acte I de Roméo et Juliette. (Mais avant : l'album Ellington/Coltrane, le tout premier Romano/Sclavis/Texier, Mobile du trio Benjamin Moussay.) ——— Il doit continuer à faire nettement moins bon les prochaines journées. Pas sûr que nous ayons toujours envie d'aller deux ou trois jours à Bagnères. Alpha reparle d'aller enfin voir ces foutues fresques de l'église de Lugaut, qui est complètement au bout du monde mais qu'il est scandaleux qu'on ne soit encore jamais allé voir... la crainte de trouver porte close n'est pas pour rien dans le délai...

 

24 avril 

Hier soir, Everybody Says I Love You, très léger et distrayant, avec d'excellentes répliques terriblement woodyennes. Tout cela regarde plus du côté du nanard que du chef-d'oeuvre, toutefois.

La veille, Les Hommes contre, beau film épuré de Rosi, avec d'amples plans, des brumes majestueuses, un tableau terrifiant de la « machine de guerre ».

La veille encore, une bonne trentaine de très courts métrages de Méliès.

Je lis Les Petits bourgeois de Balzac — plaisir de lire Balzac intact. Portraits, lieux et maximes sociales d'une très grande acuité : beaucoup d'étonnantes résonances avec la "situation actuelle". Ce matin, très tôt, à l'ancienne salle de jeux, feuilleté plusieurs revues dont le dernier numéro de L'Ecologiste. C. a lu le dernier essai de Pierre Bayard, j'avoue que je vais me contenter de ce qu'elle m'en a rapporté, qui a achevé de me convaincre que c'était une lecture dispensable.

Dimanche, nous avons vu deux matches de rugby avec Oméga, sous un beau soleil, dans un stade soustonnais plein à craquer, tribunes et barrières des quatre côtés.

Pour ce qui est des excursions, elles sont très influencées par le choix des enfants, et surtout d'Alpha, retombé dans la marmite zoologique. Ainsi, lundi, zoo de Labenne, presque aussi minable qu'en 2003. Beau temps, donc plaisant.

Mardi (hier, donc), Parc Animalier des Pyrénées, après un passage par de belles vallées où je n'avais jamais mis les pieds ni les roues.

dimanche, 28 avril 2013

Sept sans faute

Eglise romane et cimetière mérovingien de Civaux (Vienne), 29 avril 2006 La contrainte n'a pu être respectée. Toujours ces jours sans archive.Porche et façade de l'église de Vernou, Indre-et-Loire, 28 avril 2007 Ainsi, avant d'avoir un appareil numérique, on avait déjà visité l'église de Vernou. Pressing & autoportrait, rue du Docteur Blanche, Paris, 28 avril 2008 Marché de Noël, avec l'ami lyonnais.Rayures, 28 avril 2009 Sans archive ne signifie pas sans mémoire. Se servir de l'album comme d'un recours contre l'effacement de ce qui n'a pas été saisi.Bilbo/Bilbao, Pays basque, 14 avril 2010. Là, plus moyen de retrouver ce nom d'église, éloigné par un sonnet de jours, et par plus lourd oubli. Monument aux morts de Biron (Dordogne), 28 avril 2011 « Je me souviens de la débâcle.» Moi ? Rembrandt n'a pas moufté, le ridicule ne tue plus.