vendredi, 26 janvier 2018
Mines de sel
Le Roi Lear revient souvent dans l’œuvre de Leslie Kaplan, et singulièrement, dans Les Mines de sel, quand la grand-mère Émilienne donne la réplique à sa petite-fille répétant le rôle de Cordelia. (Il y a une thèse à écrire sur la façon dont les écrivainEs ne cessent d’en revenir à la figure de Cordelia. Conformisme inversé ?)
Ce qui compte, c’est comment, plus tard, la vieille femme se moque de l’absence de sentiments des hommes autant que de la non-jouissance de sa fille :
– Le désespoir des hommes : des plaisanteries, des blagues, des poses ! Ceci, cela. Rien de rien.
Tout en parlant elle faisait des mines, prenait des airs pincés, pour souligner le ridicule.
– Les hommes ne sont jamais vraiment désespérés.
(p. 48)
Le titre, lui, vient de ces mines de sel dans lesquels travaillent – sont sacrifiés – les enfants brésiliens. Histoire d’un trafic d’enfants : l’adoption illégale est-elle pire, moralement, que la condamnation sociale aux travaux forcés ? Sel des larmes et faux désespoir : tout se tient.
Il y a aussi les mines sinistres des contrôleurs de bus (« leur air habituel, fatigué et brutal », p. 101 : mine de rien, ces trois adjectifs creusent de l’intérieur ce que le métier fait de ces hommes apparemment réduits à un type collectif).
10:02 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0)
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