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jeudi, 22 mars 2012

Mingus Minces

Charles Mingus resented being called Charlie. And didn't he just hate being called a giant ? Sure he did. Did hate that. Charles Mingus hated the word jazz. Now he did. Let it also be said that Charles Mingus resented people who could not hold their applause until the end of a song. Mingus hated the Beatles, Eric Dolphy said. Charles Mingus resented all nicknames derived from Charles, more particularly Charlie. And with all his love for skins and views, Charles Mingus hated his stay at Bellevue so much that he composed a tune punning on such hatred (Hellview of Bellevue). True, he did. Did Charles Mingus. And he resented the word jazz even more than he resented the world of jazz.

lundi, 19 mars 2012

Maudit [...] ton nom

Popescu lui a fait rencontrer des pays, qui n’avaient jamais été perdus, même en nostalgie, « à cause du danger représenté par les mines de toutes espèces dont les plages étaient parsemées ». Un centon serait aisé. (Pourtant, on a écrit peu de pages pour ce Journal raturé, vous savez bien…) Il ne serait pas difficile d’aligner des lignes. (De laminer des mines ? Pas possible.) En lisant Popescu dans le train, il note, au dos d’une carte postale Libération, les phrases « tu la regardes dans ta mémoire » et « tu feuillettes ta mémoire » (p. 10 et 14 respectivement). Quand même.

Alors, de nouveau, cri primal : Attendez, les minettes !

(Comme ça, et pas autrement, il photographia la gare d’Angoulême, sans descendre du train.)

On a sauté en l’air, Tobrouk pour tout le monde. Nul alibi (ce serait aisé).

 

(Travers Divers, p. 761)

dimanche, 22 janvier 2012

Trains miniers dans le Rif

La procession de pénitents qui, couverts de poussière rouge, et portant les cailloux tachés par les entrailles sanglantes de la montagne, allaient comme des fourmis de la mine au train, du train à la mine, silencieux, attendant le coucher du soleil et les trente sous.

Civilisation d'Occident, trains miniers, sociologie de charité chrétienne et, derrière, l'armée, la vie jeune et puissante, avec trois mots au bord des lèvres : patrie, héroïsme, sacrifice. [...] Dans ce secteur, la grande dalle calcaire est un autel primitif et féroce.

Ramon Sender. L'Aimant [1930]. Traduction de Jean-Pierre Ressot.

Imprimerie nationale, 1994, pp. 208-9.

lundi, 15 août 2011

Usé bâti [L'Anémie, I]

Ce que je voulais dire, sans y parvenir, c'est combien l'air me semblait anémié, assorti au matériau usé dans lequel Paris semblait bâti.

(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 62)

 

Le moral miné, tout autant qu'intellectuellement exalté, j'ai toujours compris que je ne serais, dans la capitale, qu'un oiseau de passage. Paris, pour moi, fut toujours irrespirable.

vendredi, 15 juillet 2011

Minerve

Quand elle est venue me faire signer des papiers, cette après-midi,

elle portait une attelle, non, une... minerve.

Renaud Camus. Parti pris, p. 526.

 

Autour d'un verre de vin rouge charpenté, nous discutions, l'automne de l'agrégation, ma camarade australienne et moi. Plus tard, je croisai de nouveau sa route, longtemps après qu'elle se maria, et au détour d'une sombre histoire de recrutement dans laquelle l'Homme des Collines joua un rôle trouble. Je n'ai jamais su ce que signifiait son nom (son patronyme).

lundi, 11 juillet 2011

Pierre, pitance, in-pace

C'était le même édifice en pierre noire ou grise baigné de la même lumière morte où l'on servait la même pitance intemporelle à des jeunes gens transférés de leurs humides oubliettes dans l'in-pace de l'internat.

(Pierre Bergounioux. Le premier mot. Gallimard, 2001, p. 30)

 

N'ayant pas été logé, pour mon hypokhâgne (ni d'ailleurs par la suite), à l'internat, et n'ayant pas non plus quitté l'âpreté de la Corrèze pour la morne Limoges, je n'ai, de mes années de classe préparatoire, que des souvenirs lumineux, éblouissants aussi de sérénité. J'étais sans doute plus décomplexé, et sans attentes, que P.B. Aussi: j'ai pu avoir des professeurs plus enthousiasmants que lui. Néanmoins, néanmoins… Se peut-il que les lieux comptent plus que tout pour donner le ton d'une année, ou pour infléchir ce que l'on comprend d'un cursus ?

vendredi, 24 juin 2011

Mines, 57 : un centon amoindri

Tandis qu'elle fulmine ses obscurs oracles

-- comme un herbivore ventru qui rumine toute une prairie --

Les enfants des héros qui firent Salamine

(loqueteux et personnages minables)

trouvent de plus pharamineux dans votre blason

un sourire qui illumine une voilette.

mercredi, 22 juin 2011

Se dévêtir de gris

Nous évitions les bals où les mines étaient grises

afin de mieux nous revêtir des nôtres.

(Haute lice, p. 33)

 

De quel mystère a-t-on trouvé à se parer, dans un bal démultiplié ? (Démultiplié : un bal qui se généralise et devient le signe, ou l'exemple, des bals, de tous les bals.) On peut penser que, refusant de faire grise mine, cherchant à avoir sa propre figure, on arborera une allure autre que grise. D'ailleurs, cela n'a rien d'évident, car le gris lui-même est d'une grande richesse : ainsi, un mur gris n'est jamais uniforme ou monochrome, mais constitué d'un nombre presque infini de teintes, de variations, de subtils passages (jaune sale, beige terne etc.).

Je n'ai jamais su (vérifié) si les belles phrases que l'on prête à François Mitterrand sur la beauté du gris (dans le film de Guédiguian ou le docu-fiction de Moati) sont bien de lui. Peu importe, si un sujet en chasse un autre. Le revêtement des routes, par exemple, varie (j'avais d'abord écrit : vire) du bleu très sombre à l'anthracite. Et c'est toujours le temps de l'attente, dans les salles de bal (la salle des bals).

Par voie de conséquence (mais il n'y a là ni voie, ni variation), par tel ou tel canal d'emprunt, on peut souligner que c'est aujourd'hui un jour d'été singulier : longue, très longue averse de plus de quatre heures (laquelle a commencé, sur un coup de tonnerre, un peu avant 6 h du matin), puis, après dissipation progressive de la grisaille, un soleil doublé d'un vent moins gorgé d'humidité qu'on ne l'aurait cru, et qui n'a cessé de s'imposer en trompe-l'oeil.

Des ardeurs perçaient (sous la grande mondaine). Le soleil, toujours en trompe-l'oeil, est de ce monde.

dimanche, 01 mai 2011

Mince gourmet

Six lessives en 23 heures - heureusement qu'il y a du vent et (encore) un peu de soleil.

Jeans anthracite, tshirt kaki et veste vert forêt - une vraie tenue de jour férié.

Pas de muguet dans les mirettes.

Une pile de quatorze livres qui s'impatientent sur ma gauche (une pile), d'autres livres en tas sur l'étagère blanche (2ème zone), le Périgord qui file, etc.

Pfffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff-.-

Attendez, les minettes !

lundi, 28 février 2011

Plain-chant

Au fonds de ceste baye y a un achenal qui asseche aussi de basse mer, autour duquel y a nombre de prez & de bonnes terres pour cultiver, toutesfois remplies de quantité de beaux arbres de toutes les sortes que j'ay dit cy dessus. Cette baye peut avoir depuis l'isle Longue jusques au fonds quelque six lieues. Toute la coste des mines est terre assez haute, decouppée par caps, qui paroissent ronds, advançans un peu à la mer. De l'autre costé de la baye au suest, les terres sont basses & bonnes, où il y a un fort bon port, & en son entrée un banc par où il faut passer, qui a de basse mer brasse & demye d'eau, & l'ayant passé on en trouve trois & bon fonds. Entre les deux pointes du port il y a un islet de caillons qui couvre de plaine mer. Ce lieu va demye lieue dans les terres. La mer y baisse de trois brasses, & y a force coquillages, comme moulles coques & bregaux.

jeudi, 09 décembre 2010

..... composer chastement mes charmes .......

9 décembre 2010.

Dans le tome 1 de l'édition Hubschmid des oeuvres de Nadar, le portrait de Caran d'Ache (avec monocle) fait face à celui de Caro-Delvaille (avec barbe en pointe et pinceau fin à la main droite). Bernard est bien heureux. Eglise des Carmes, dite aussi Saint-Saturnin, Tours, 29 janvier 2010.Bernard est bienheureux. Rien ne s'est tant perdu, ai-je chanté sur tous les tons, que la mode du gilet (blanc ou beige, notamment). Où les heures passent-elles ? Où les heures passent-elles ? Un an plus tôt, nous battions le pavé. Et ce jour-là (où sont-elles passées, les heures ?), la cité était bien déserte. On voit bien que la pierre rougeoie, et la fausse ardoise de l'autre côté. Bernard, bienheureux, mène une vie de patachon. Pourtant, vous chantiez si bien, plus jeune. Bernard mène une vie de famine. Les chants suivent la rosace.

vendredi, 26 novembre 2010

Antiprolepse : génie ou plagiaire

 

The ancient stone steps had been climbed, the wisps of sound had melted away like mist, his new melody, darkly scored in its first lonely manifestation for a muted trombone, had gathered around itself rich orchestral textures of sinuous harmony, then dissonance and whirling variations that spun away into space, never to reappear, and had now drawn itself up in a process of consolidation, like an explosion seen in reverse, funnelling inwards to a geometrical point of stillness; then the muted trombone again, and then, with a hushed crescendo, like a giant drawing breath, the final and colossal restatement of the melody (with one intriguing and as yet unsolved differ­ence) which gathered pace, and erupted into a wave, a racing tsunami of sound reaching an impossible velocity, then rearing up, higher, and when it seemed beyond human capability, higher yet, and at last toppling, breaking and crashing vertiginously down to shatter on the hard safe ground of the home key of C minor.

Amsterdam, V, i

 

samedi, 23 octobre 2010

Donald Barthelme Made A Miniature

Dumdum bullets, October 11, 2008 #3

dimanche, 17 octobre 2010

Ler dla canpane

Non, vous ne m'aurez pas. Pas à ce jeu. Pas à chercher la petite bête : tu as cru pendant deux ans, stupidement, parce que tu n'avais pas réfléchi deux secondes, que dans le titre Mine Boy, le premier mot était un pronom possessif, archaïsme argotique pour my -- avant de comprendre, à peine le livre acheté à Oxford, la couverture orangée devant les yeux, qu'il s'agissait d'un roman prolétarien sur le monde de la mine, une sorte de Germinal africain (aussitôt les poncifs, tout aussi irréfléchis, pleuvent).

En page 27, c'est la Tordue...

La folle tordue ? Where have you stored shoved your gaydar ? ça ne m'amuse plus, tu penses...

Bref, vous ne m'aurez pas. Bref, tu auras écrit 128 fois "Bref" pour n'en plus finir, t'appesantir dans plus de deux mille billets, en cinq ans chrono c'est un long lustre, et allonger le pas, toujours, quand la ville s'endort. Vous ne m'aurez pas, et vous me verrez me tutoyer moi-même, ondoyer dans l'air en cendres, c'est le comble de la rustauderie, de la rusticité : a rustic => un péquenot ? un plouc ? un jacques ? (383, palindrome, tout ça juste pour "the rustics", et encore je n'ai pas regardé l'OED -- non, mais).

Ce qui donne, et le bon air vous va bien, que le Ciel vous bénisse et vous fasse le noeud le nez comme j'ai le trombone à coulisse la cuisse :

The next moment, in the plain dress of rough brownish cloth, which he always wore except upon state occasions, he followed the fool to the gate, where he found him talking through the wicket-grating to the rustics, who, having passed drawbridge and portcullises, of which neither the former had been raised nor the latter lowered for many years, now stood on the other side of the gate demanding admittance.

 

Tout de même, 383 ! On doit être bien, dans vos Eglogues. (Et dans tes étagères à mégot, hé, cafard ?!!?) Parlez-en à Martin Buber. Mehr Licht !

 

 

lundi, 27 septembre 2010

Illumination I

.   [Samedi]     Le déglingué tient le coup au café et au jus d'acerola. Passe son temps dans les pâtés, stylographe. Ou publie bribes, images, sur divers sites, publie comme un fou au rythme de ses douleurs abdominales. Ne garde aucune archive, préfère ce choix précaire. Le déglingué qui tient le coup chaque jour au café et au jus d'acerola préfère ces publications précaires ; si jamais les sites sur lesquels il publie, ça et là, ferment impromptu ses comptes, il n'aura plus rien. Il aime ce côté précaire, de n'avoir pas d'attaches, et de savoir ses bâtards semés aux quatre vents... d'être, au fond, éparpillé, traçable partout, et -- en un sens -- également insaisissable.

 

mardi, 26 février 2008

L'Haleine heureuse

266210561.jpgDans Les Soldats de Salamine, Javier Cercas évoque les réunions des poètes phalangistes qui se tenaient "dans les caves du café Lyon, rue Alcala, dans un endroit connu sous le nom de La Baleine joyeuse" (Actes Sud, "Babel", p. 95). Intrigué par ce nom, j'ai trouvé, dans une page Web consacrée à Fernando Sesma Manzano, une reproduction de la fresque qui a donné son nom au sous-sol du café, La Ballena Alegre en V.O.

La Ballena alegre est aussi le titre d'une émission de radio diffusée sur Radio Inter Continental, et le nom d'un camping sis sur la Costa Brava. 

710273174.jpg

 

Plus étrange, il y a une Baleine joyeuse à Villefranche-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes.

Mais il semble que le motif de la baleine heureuse (happy whale) soit universel.

 

Et puis... on finit par en revenir, à force de recherches, à la "Phalange authentique" (!), qui a publié, pendant plusieurs années, une revue portant encore et toujours ce même titre. Le nom de la revue conviendrait mieux, au premier abord, à un cénacle de poètes surréalistes sud-américains qu'à la version madrilène des chemises brunes, mais enfin, ne soyons pas trop cratyliens. (D'ailleurs, le titre du roman de Cercas, passablement déceptif lui aussi, nous décourage du cratylisme.)

Il est difficile de savoir si le "récit réel" de Javier Cercas participe de la réhabilitation des écrivains phalangistes, et singulièrement de Rafael Sanchez Mazas. Ce qui est un peu agaçant, aussi, c'est l'accumulation de faits et d'arguments d'autorité dont, autofiction oblige, Cercas se pense dispensé de préciser les sources : d'un certain point de vue, ce "récit réel" est trop proche des événements historiques dont il tire sa substance pour se permettre le flou du romanesque...

lundi, 25 février 2008

Moires

Dans les montagnes du Minangkabau, où sont les grandes gigantesques huttes pour femmes mariées, l’Islam traditionnel était matriarcal ; mais aura-t-il résisté, dites-nous, à la radicalisation de ces dernières années ?

 

[ 13 février 2008 ]

samedi, 23 février 2008

Un genre mineur

Faire mine : creuser.

Depuis deux ans, il s’est contenté de donner de petits coups de pioche à la surface de la terre dure et rocheuse. Ce n’est pas ainsi qu’il fera jaillir des pépites !

Bien entendu, à chacune de ses lectures, il remarque telle ou telle occurrence du verbe faire mine de, ou de l’expression figurée une mine de, notamment – pour sa plus grande confusion – dans les textes traduits d’une langue étrangère. Qu’il ait été question, dans le projet initial, de possession, ou de l’art des troubadours, cela ne semble même plus lui effleurer l’esprit.

Dans une existence idéale – mais malheureuse, peut-être bien – qu’il pourrait consacrer entière à l’écriture, il aurait pu prendre ses aises et aller vivre, pendant quelques mois, en Anjou, histoire d’arpenter, de sillonner les moindres recoins des territoires significatifs. Peine perdue que de rêver.

Le livre éparpillé reste un genre mineur.

[ 13 février 2008 ]

samedi, 02 février 2008

Julio Gonzalez au Château de Tours I

Ce sont peut-être trente ou quarante billets que j'aurais voulu écrire, dans les pages de ce carnétoile, au cours de ces jours de vaches maigres. Une migraine atroce me martèle aux tempes. Avant de visiter, en coup de vent (et en passant entre les averses), l'exposition Julio Gonzalez en famille au Château de Tours, je n'avais (shame on me) jamais entendu parler de Julio Gonzalez, et encore moins, bien évidemment, de son frère Joan, mort jeune (à quarante ans), ou de sa fille, Roberta, huiliste, dont les toiles occupent tout le deuxième étage du Château. On est toujours l'inculte de quelqu'un. De retour à la maison, après un cours de thème dans une salle surchauffée qui a achevé de me plonger dans les bras de la sinusite (a foolish figure), j'ai pu vérifier, dans mon bon vieux L'Aventure de l'Art au XXe siècle (sous la direction de Jean-Louis Ferrier. Chêne/Hachette, 1990), l'étendue des dégâts : Julio Gonzalez y est cité pas moins de sept fois, dont deux petits articles à lui seul consacrés, avec deux reproductions de ses sculptures (la Tête aiguë de 1927 et le Masque de Montserrat criant de 1941).

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

Feuilletant L'Aventure de l'Art au XXe siècle, je me suis retrouvé à méditer sur La Patience de Braque, sur mon rapport ancien mais conflictuel avec la peinture de Baranoff-Rossiné, et, enfin, à découvrir l'histoire savoureuse du Coucher de soleil sur l'Adriatique de Joachim -Raphaël Boronali. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a conduit (en chantonnant in petto la chanson de Jean Ferrat ("Il est au milieu d' la route / Le stupide aliboron / On dirait qu'il nous écoute / Avec sa têt' de cochon")) à vérifier l'étymologie du substantif/sobriquet aliboron, d'où la citation qui va clore ce modeste et foutraque billet et qui peut renvoyer tant au Livre des mines quà mes lectures récentes d'Orhan Pamuk (encore que, dans Istanbul, Gautier ne soit guère évoqué) :

" Ces ânes étaient harnachés de bâts, de tétières et de croupières agrémentés de dessins en petits coquillages de différentes couleurs et n'avaient pas la mine piteuse de nos pauvres aliborons qui se sentent plaisantés. "

(Théophile Gautier. Constantinople. 1854.)

 

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

[The story of my life.]

vendredi, 11 janvier 2008

Le monde (S'approprier) : Leçon 1

Que tout le jour ait fait grise mine, à se rafraîchir même, ce n'est rien. Neige, non. Une matinée dans les papiers, les prospectus, les affiches, mais aussi : les logiciels (ah !) ! Heureusement qu'au téléphone j'ai aussi pu évoquer les articles de Lyn Hejinian. D'aucun (oui, au singulier, pourquoi pas) a fumé un pétard à Chargé, ça ne s'invente pas. Qui d'autre m'a aussi, forme noble de péril, informé de l'existence de son blog. Au Juanita Banana (trop sombre, trop techno, trop branchouille), la cuisine est savoureuse, quoiqu'elle hésite entre trop d'horizons. Neige, non. On n'a pas réussi pour autant à passer entre les gouttes. L'écoute-bébé réagit aux avions. Bientôt fini de lire Neige, qui me laisse sur ma faim, sans doute parce que les nombreuses imperfections de la traduction gâchent mon plaisir. Des photographies argentiques de Londres, nébuleuses comme les souhaits prononcés sur les ronds-de-sorcière, emmènent la cadence. Ah, le finale du Nonett Nr 2 de Hanns Eisler... Bientôt fini tout bientôt. Neige, nom.

samedi, 15 décembre 2007

Mines farouches

En cherchant dans le Robert culturel divers renseignements sur les deux étymologies de mouche et moucher, mais aussi les dates de première occurrence de certaines expressions idiomatiques (dont faire mouche ou fine mouche), je découvre la citation suivante, si typique de Rousseau paranoïaque :

Je pris l'enfant dans mes bras, je le baisai plusieurs fois dans une espece de transport, & puis je continuai mon chemin. Je sentois en marchant qu'il me manquoit quelque chose. Un fort besoin naissant me ramenoit sur mes pas. Je me reprochois d'avoir quitté si brusquement cet infant, je croyois voir dans son action, sans cause apparente, une sorte d'inspiration qu'il ne falloit pas dédaigner. Enfin cédant à la tentation, je reviens sur mes pas ; je cours à l'enfant, je l'embrasse de nouveau, & je lui donne de quoi acheter des petits pains de Nanterre, dont le marchand passoit là par hasard, & je commençai à le faire jaser ; je lui demandai qui étoit son pere ? il me le montra qui relioit des tonneaux ; j'étois prêt à quitter l'enfant pour aller lui parler, quand je vis que j'avois été prévenu par un homme de mauvaise mine, qui me parut être une de ces mouches qu'on tient sans cesse à mes trousses. Tandis que cet homme lui parloit à l'oreille, je vis les regards du tonnelier se fixer attentivement sur moi d'un air qui n'avoit rien d'amical. Cet objet me resserra le coeur à l'instant, & je quittai le pere & l'enfant avec plus de promptitude encore que je n'en avois mis à revenir sur mes pas, mais dans un trouble moins agréable qui changea toutes mes dispositions. (Rêveries du promeneur solitaire, IX)

 

Du transport au trouble, on passe par les trousses. La mouche, c'est ici l'espion, le mouchard. L'homme de mauvaise mine, c'est la némêsis toujours retrouvée de Rousseau.

(Dans le Robert culturel, la citation, plus restreinte que ci-dessus, se trouve entre bateau-mouche et fine mouche.)

mercredi, 21 novembre 2007

Araucaria à la dérive

Aucun des quatre billets publiés le 21 novembre 2006 n'a reçu de commentaire : il y a des jours où même les quarterons n'attirent pas les foules.

Ce matin, dans l'ouvrage d'entraînement à la version et au commentaire de traduction de Sébastien Salbayre et Nathalie Vincent-Arnaud, j'ai lu un texte dElizabeth Jane Howard, extrait de son roman Confusion (que je ne connaissais pas) et où se trouvait l'expression monkey puzzle, que je ne connaissais pas non plus et qui désigne, semble-t-il, l'araucaria.

Le soleil a fini par se lever, le feignant des bureaux d'obsèques. (Cette apodose ferait, pour Bruno Schulz, un bon titre. Jean Dubuffet me souffle que c'est l'essentiel, quoique je sache désormais que je dois me méfier de ses dires, et plus encore de ses pinceaux ou de son fil à tailler le polystyrène.)

Dans The Drift Latitudes, le fils de Rachel saute sur une mine. (C. n'a pas aimé la troisième partie ; je me tâte.)

 

......... où Villandry signe blanc .........

 

mercredi, 24 octobre 2007

... ce que tu as ...

L'ami raccompagne Nolot en lui disant, exaspéré : Vraiment, ce que tu as bonne mine.

Il y aurait ces dizaines de phrases de Linda Lê, démineuse devant l'éternel. Ici au moins je prends date. On attend aussi The Return of the Killer Tomatoes.

{ ... ce que nous voyons, ce qui nous regarde ... }     Une valse lente, Mingus toujours.

vendredi, 05 octobre 2007

Cogitation

Plaque claque d'accords (sautent tressautent (il fut ballé sauté dansé)), sur ce clavier de ciel...  ::   :

Cogitation, composition d'Yvan Avice, jouée à quatre saxophones térébrants ce soir de mi-janvier il y a treize bientôt quatorze ans. (Te souviens-tu de nos rires d'alors, sur le beau chemin ou comme je lisais Simmel ou ces poèmes follement appliqués de Biscaye (Klee pour la poésie) en t'attendant dans le froid ?). Non, peu importe, je cogite.

... en cet après-midi d'automne brûlant estival...

Si je féminisais votre swing, ça deviendrait plat sans ambiguïté. (Passez-moi les plats, faites-moi du gringue... pas repassées mes fringues ?!??). La barre d'espace malade grave des clusters inattendus.

"Je te regarde, monsieur Macbeth, et tu voudrais m'entendre juger ton passé et ton avenir sur ta mine ? " (Pierre Senges) Un poème de Dana Gioia. Deux tercets de Dana Gioia. Un vers bascule de Dana Gioia. Où est le présent, perdu dans le temps ? Là, à la virgule même de Dana Gioia. 

(On ne va pas tarder à distribuer les jouets. Penser toujours à la pyramide de chaussures, plaque claque d'accords ce spectacle massif dépareillé en cet après-midi d'automne brûlant estival.)

Sisyphe

                                 'Tis dry - 'twill burn -

Ha, ha! how my old Husband crackles there!.

 I know him; he'll but whiz, and strait go out.

(Dryden's Aureng-zebe, 1676.)

 

Tu n'as pas eu d'autre souffle, d'autre recours, d'autre rempart --- sinon cette destination, de la flèche perçant le talon la volute sanglante, la volte tournoyante, la flamme électrique & pourtant millénaire. Tu n'as pas eu d'autre rebut, d'autre rire à dents de chacal, à cette minute même, d'autre but que de faire le mal, de ravir le miroir et grimper au sommet du grand if, ses fruits tentateurs tels des sortilèges. Tu n'as pas sifflé soudain en t'envolant à cent à l'heure, pas cinglé de ta brise les joues fragiles de la Mère. On t'en pardonnera d'autres. Graves sont les sons de nos cloches, lourd le vol des bourdons, sourds à gravir toujours la tige la moins ferme.

vendredi, 07 septembre 2007

L'Âme noire du Prieur blanc

Quoique j’eusse emprunté l’exemplaire des Monodrames pour y lire Le Fumier, j’ai commencé par la première des deux pièces, L’Âme noire du Prieur blanc, très belle dans sa limpidité même, en ce qu’elle a de fatal, de prévisible. L’entretien brûlant entre l’apparition du prieur damné et le novice Bénédict – shakespearienne à la surface seulement – donnerait des démangeaisons de mise en scène au plus blasé des théâtreux.

      — Ô, il a ce matin employé son rasoir électrique, comme ça, parce qu’il était là, et qu’il s’agit d’un mode nomade de rasage !

Stalles de Solignac : dragons affrontés

Athanase et Onésime (tout de même) s’entretiennent et avalent le feu sacrément démoniaque. L’Apparition parle « sacripantement » et « de rechef » (oui, en deux mots). Les Reclus passent, la bouche en chœur. Le latin de catafalque se perd en tribraques.

      Ô, il va finir par bannir, de ses textes, de son écriture même, tous les mots contenant les deux lettres o et d successivement !

Six points violets soulignent chaque occurrence : ce serait une idée de mise en scène. (Ou comment Le Livre des mines devint Le Livre de l’Âme.) Dans la chambre 424, they’re screwing without giving a single thought to Alma’s corpse. Faut-il prononcer, doit-on entendre le g de Magdeleine ? En anglais, comme l’a souligné justement Javier Marias, ou son narrateur Jacques – au fait des usages –, Magdalen se prononce comme maudlin. Chaque saint berger finit voué aux gémonies, vipérisé.

      Il faut absolument résolument insolemment isolément être

Pélerins

« Les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches. » Toujours j’aimai, chez Saint-Pol-Roux, le sens de la période. (Six points violets, six notes messianiques, six couchers de soleil, et le rideau se ferme sur les vitraux pierreux de l’abbatiale.)