vendredi, 07 septembre 2007
L'Âme noire du Prieur blanc
Quoique j’eusse emprunté l’exemplaire des Monodrames pour y lire Le Fumier, j’ai commencé par la première des deux pièces, L’Âme noire du Prieur blanc, très belle dans sa limpidité même, en ce qu’elle a de fatal, de prévisible. L’entretien brûlant entre l’apparition du prieur damné et le novice Bénédict – shakespearienne à la surface seulement – donnerait des démangeaisons de mise en scène au plus blasé des théâtreux.
— Ô, il a ce matin employé son rasoir électrique, comme ça, parce qu’il était là, et qu’il s’agit d’un mode nomade de rasage !
Athanase et Onésime (tout de même) s’entretiennent et avalent le feu sacrément démoniaque. L’Apparition parle « sacripantement » et « de rechef » (oui, en deux mots). Les Reclus passent, la bouche en chœur. Le latin de catafalque se perd en tribraques.
— Ô, il va finir par bannir, de ses textes, de son écriture même, tous les mots contenant les deux lettres o et d successivement !
Six points violets soulignent chaque occurrence : ce serait une idée de mise en scène. (Ou comment Le Livre des mines devint Le Livre de l’Âme.) Dans la chambre 424, they’re screwing without giving a single thought to Alma’s corpse. Faut-il prononcer, doit-on entendre le g de Magdeleine ? En anglais, comme l’a souligné justement Javier Marias, ou son narrateur Jacques – au fait des usages –, Magdalen se prononce comme maudlin. Chaque saint berger finit voué aux gémonies, vipérisé.— Il faut absolument résolument insolemment isolément être —
« Les moulins ont l’air de grands oiseaux de pierre aux longues ailes blanches. » — Toujours j’aimai, chez Saint-Pol-Roux, le sens de la période. (Six points violets, six notes messianiques, six couchers de soleil, et le rideau se ferme sur les vitraux pierreux de l’abbatiale.)
15:15 Publié dans Le Livre des mines | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Photographie, Littérature, écriture, Saint-Pol-Roux
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