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lundi, 29 février 2016

L'Ivresse / Drunkenness

 

 

Pour un cours déplacé au lundi matin à 8 heures, il y avait certes quelques absents, mais nous avons bien travaillé. Les étudiants devaient chercher dix exemples de modulation dans les sous-titres anglais de l'épisode de Kaamelott ci-dessus.

Les échanges ont été nourris, et on a pu faire le tour de presque toutes les modulations les plus courantes.

Les présents auront même appris ce que sont un hyponyme, une brachylogie, une catachrèse — sans compter le rappel des fonctions poétique et phatique du langage selon Jakobson.

 

Il tabasse, le Cingal.

dimanche, 21 février 2016

Of Mice and Men (Sinise, 1992)

Regardé hier soir le film de 1992 adapté de Of Mice & Men — que j'enseigne ce semestre, donc je voulais me faire une idée. Occasion de faire découvrir l'œuvre à mon fils aîné aussi (je lui ai fait lire le dernier chapitre en traduction, pour lui montrer comment la schizophrénie de Lennie était évacuée dans le film au profit de sa “simple” débilité).

Il s'agit, globalement, d'une adaptation très fidèle, de et avec Gary Sinise (jamais entendu parler, jamais vu — auteur d'une très fidèle et assez belle adaptation).

John Malkovich, qui interprète le rôle de Lennie, est excellent, comme à son habitude, et campe merveilleusement (c'est-à-dire avec beaucoup d'habileté mais aussi d'humanité) le demeuré. Ce que je me demande, c'est comment il est parvenu à égrener ces litanies de "George" monocordes et semi-plaintifs sans être hanté en permanence par les versions parodiques de Tex Avery.

Tout est là, en quelque sorte, notamment les éléments très évidents de complicité homo-érotique... mais, à ce titre, l'ambiguïté de la relation entre George et Slim est tout à fait effacée au profit du seul couple Lennie/George. Pour cela, le texte reste plus subtil, avec notamment la belle dernière phrase, dans la bouche d'un lourdaud sans cœur, Carlson : “Now what the hell ya suppose is eatin’ them two guys?”. Ces hommes rongés, grignotés par leur humanité autant que par leur sexualité complexe, ce sont Slim et George Milton, eux qui, après la mort de Lennie, demeurent.

21:42 Publié dans Tographe, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 09 février 2016

Ruptures

Comme hier, à Paris, un vent à décorner les markhors m'a tiré du lit, à Tours, vent plus fort encore à 7 h 20 qu'il y a deux heures.

L'avantage des fins de nuit un peu précoces, c'est de pouvoir régler, par mail, des questions importantes avec les partenaires australiens, malais et coréens — et japonais — alors que, pour eux, c'est l'après-midi.

1 h 20, donc, à traiter les mails professionnels... Dire que je me levais en pensant avancer dans les textes personnels pour le blog anthracite...

vendredi, 05 février 2016

Fin de stage

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Je crois que “ma” stagiaire de troisième a essayé de me dire un truc sur ce qu'elle a pu observer du métier d'enseignant-chercheur.

vendredi, 29 janvier 2016

Un vendredi.

Journée de travail très réussie, aujourd'hui. Globalement, j'aime mon métier et mes journées ne sont pas atroces, mais il est rare que tout s'arrange, non pas merveilleusement, mais simplement bien.

Le premier cours (thème L3) est vraiment en petit groupe. Dix présents seulement sur les 14 de la fois précédente. On ne va pas se plaindre, avec les 50 étudiants par TD de L1 et de toute la filière L.E.A.. Cela fait plusieurs années que je n'ai pas enseigné le thème, à l'exception des trois années de traduction audio-vidéo entre 2012 et 2014 et le thème économique de L.E.A. (qui compte un peu pour du beurre), et j'ai décidé d'innover un peu : outre les textes à préparer chaque semaine (6 textes alternant prose littéraire et textes de presse, distribués dès le début du semestre), je propose à chaque cours une “fenêtre” de 15-20 minutes consacrée à une traduction improvisée, y compris pour moi. Nous n'y travaillerons pas les questions de syntaxe, ni les procédés les plus complexes, mais c'est une manière de travailler sur les automatismes et aussi sur d'autres supports. Ainsi, hier, à la stupéfaction (navrée) de mes étudiants, je leur ai diffusé le refrain de Notre amour sent l'ail. Cela nous a permis de réfléchir à la manière de traduire convenablement les deux sens de blanc (“le plus blanc” vs “chevalier blanc”), mais aussi de réfléchir à la traduction des insultes, dont certaines qu'ils ne comprenaient pas dans le texte source français (“banane”* et “lajoie”). — En tout cas cette fenêtre donne un double aspect au cours, avec un côté ludique ou un peu déconnant...

Le deuxième cours était Aide à la réussite L1, dans le lugubre amphi C ; le T.D. s'articule autour d'un exposé fait par un groupe d'étudiants en première heure puis d'un extrait du livre présenté en exposé et sur lequel tous les étudiants ont travaillé au préalable. Les dix livres qui donnent lieu à exposé ont été annoncés dès novembre, avec ordre identique dans les cinq groupes de T.D. de la promotion. Tous les exposés doivent épouser la même structure (l'auteur, la structure du livre, les principaux thèmes, les difficultés rencontrées, la phrase préférée de chaque étudiant du groupe). Hier, c'était le deuxième cours, avec le premier exposé, sur Common Sense de Thomas Paine. Les quatre étudiantes avaient très bien travaillé, fouillé le texte, relevé les éléments les plus importants. Elles ont distribué leur plan au début de l'exposé, avec le glossaire obligatoire de 30-50 mots, puis ont présenté leur travail en faisant parler chacune, à tour de rôle, Thomas Paine à la première personne. Deux d'entre elles avaient appris leur texte, mais sans réciter (elles ne risquaient pas d'être sanctionnées pour cause de notes trop rédigées), et les deux autres avaient des aide-mémoire discrets. Une d'entre elles est très évidemment bilingue, mais parlait trop bas, avec peu de présence ; deux avaient un anglais moyen de première année (et donc, fautes de grammaire, intonation française et fautes d'accentuation) ; la dernière, enfin, s'appuyant probablement sur une expérience théâtrale, occupait la scène et jouait vraiment Thomas Paine ressuscité et venu lever les malentendus sur son livre, ce qui, avec un anglais globalement bon, compensait ses quelques déplacements accentuels sur les polysyllabiques (je pense que j'en faisais largement autant à son âge). Au bilan, un exposé original et très vivant. La deuxième heure s'est bien déroulée ; j'ai donné quelques conseils ; nous avons travaillé sur les deux extraits de Common Sense, avec un peu de participation (intelligente) et pas de bavardage.  De mon point de vue, le cours de L1 parfait.

Après la pause sandwich vraiment minimale (il y a une demi-heure de battement, ce qui en fait signifie vingt minutes à tout casser), le cours de traductologie de L3, qui s'appuyait sur un extrait d'A Tale of Two Cities vraiment bourré de tournures verbales exigeant le chassé-croisé et sur une série de 20 titres de chansons françaises à traduire, s'est avéré vivant et riche, surtout, une fois encore, car presque tous les étudiants avaient vraiment fait leur travail et proposaient leurs contributions ou faisaient part de leurs doutes ou interrogations. Au sujet de la traduction de "darted into their houses", j'ai même donné raison à un étudiant après avoir comparé une traduction proposée, avec chassé-croisé (entrèrent chez eux en trombe), et la sienne (se précipitèrent chez eux). J'avais en effet commencé par soutenir que la sienne impliquait une modulation avec effacement de l'image (dart), tandis que l'autre procédait à un changement d'image (en flèche → en trombe). Il m'a fait remarquer, en invoquant la parenté avec précipice, que, selon lui, se précipiter était aussi une image ; sans que j'aie le temps de vérifier dans un dictionnaire de langue française (il y a, comme dans beaucoup de salles, un ordinateur avec vidéoprojection, mais on ne peut pas s'interrompre toutes les trente secondes), j'ai en effet constaté que l'étymologie lui donnait certainement  raison (prae-caput). De retour à la maison, j'ai pu vérifier que c'était le cas. Le Robert culturel indique même, comme citation illustrant le sens 1, ce vers de Cinna  : « Puis soudain, dans le Tibre, il s'est précipité. »

La journée de travail s'est poursuivie avec plusieurs rendez-vous : signature du contrat pédagogique d'une de “mes” étudiantes australiennes (de Deakin), rendez-vous avec deux des trois étudiantes de L.E.A. qui partent prochainement pour leur séjour d'études obligatoire d'un semestre en Malaisie (nouvel échange pour lequel elles essuient les plâtres — avec un nombre tel d'embûches que je me demande si je ne vais pas suspendre l'envoi d'étudiants pour une année, le temps de faire le point), rendez-vous avec une étudiante angliciste qui est extrêmement motivée pour valider sa L3 par un séjour d'études dans une autre université partenaire dont je suis responsable (UKZN, à Durban et Pietermaritzburg), et enfin entretien avec un collègue de l'équipe pédagogique de L.E.A. suite à un problème survenu cette semaine. Journée qui s'est donc clôturée, pour la partie in situ, vers quatre heures de l'après-midi, mais avec un véritable sentiment de satisfaction. Journée très complète, aussi, dans ses “activités”... j'espère que la stagiaire de troisième que j'accueille la semaine prochaine pourra observer ce genre de journée...

 

 

* Une seule étudiante connaissait et a confirmé que c'était une insulte plutôt affectueuse, ou en tout cas ambivalente, car, quand l'étudiante était plus jeune, sa mère lui disait ça gentiment. Bizarrement, j'ai évoqué ça ce soir en famille, et Oméga (qui est en CE2) était étonné, car "on n'arrête pas de dire ça dans la cour"... En cherchant un peu sur le Web — où il est difficile de filtrer les articles qui parlent de l'affaire des enfants catholiques qui avaient jeté des bananes à Taubira — je suis tombé sur un répertoire d'“insultes pas trop vulgaires” plutôt insolite... je vous laisse juger...

22:02 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

vendredi, 22 janvier 2016

Bureau 38, 1

Encore quelques échanges asymétriques au ping-pong (asymétriques car pas de notule équivalente dans Pong-ping).

Suite au billet d'hier (Bibliothèque, 1), dans lequel l'une des questions posées portait sur le nom même de la pièce, je réponds d'ici, c'est-à-dire du bureau 38, où j'avais mes quartiers professionnels de 2002 à 2007, avant trois détours, pour y revenir — l'histoire serait trop longue et oiseuse.

En titre, j'ai écrit Bureau 38, 1, ce qui est mentir, puisqu'on trouverait dans ces carnets même de nombreux billets qui y furent écrits, voire qui en parlent (de la place des Joulins, de la vue sur la passerelle, des six magnolias, des étudiants ou collègues qui clopent ou discutent près de la fenêtre, des jambes que l'on voit descendre les degrés de la passerelle laide moulée dans son béton).

Autre lieu de travail : peu de livres, mais des piles et des piles de feuilles, de documents, de paquets de copies. On a beau faire régulièrement le ménage (grand nettoyage pour le chariot du papier à recycler), empilements & congères de paperasses.

Ce matin, bus & tramway : 18 minutes de Torricelli à Anatole-France (grâce à un tramway qui arrivait pile en même temps que moi à Coppée). 26 minutes de porte à porte (on pourrait dire de bureau à bureau).

Ce bureau à 38 à huit heures du matin, voire avant : chronotope surtout de l'année de turboprof (2002-2003, j'arrivais ici le mardi matin après ma nuit à l'hôtel Régina). Mais j'ai dû aussi y arriver très tôt, aussi le lundi et le mardi, l'année suivante, après long détour par la crèche.

(J'ai dû. Pourrais-je en être sûr ?)

 

dimanche, 17 janvier 2016

Mettre en mue

Attaquant demain avec mes étudiants de première année la scène de l’acte 1 de Richard III dans laquelle, après avoir brièvement discuté avec Hastings de sa récente disgrâce, Gloucester poursuit son monologue en y exposant ses projets (I, i, 122-162), j’ai rompu des lances avec le beau distique du chambellan (132-3) :

More pity that the eagles should be mew'd
    While kites and buzzards prey at liberty.

Il va de soi que, pour les étudiants, je veux surtout insister sur les métaphores et sur l’antithèse (exprimée d’une manière dissymétrique, d’ailleurs : “more pity that.. while…”), mais, à titre personnel, j’ai un peu creusé ce ‘mew’d’, ici au sens 3 du verbe mew dans l’Oxford English Dictionary, terme de fauconnerie désignant une cage et, par extension, le fait de confiner un oiseau pendant la période de mue.

Je n’ai, sous la main, « que » trois traductions, celle de François-Victor Hugo (1866, reprise en GF), celle de Jean-Michel Déprats (Gallimard 1995) et celle d’André Markowicz (Les Solitaires intempestifs, 2010).

François-Victor Hugo – on trouve d’ailleurs le texte en ligne sur Wikisource – traduit en prose : « Tant pis que l’aigle soit en cage, — quand les milans et les buses pillent en liberté. »

Déprats :

« C’est grand dommage que les aigles soient mis en cage,

Quand milans et buses chassent leur proie en toute liberté. »

Markowicz, seul à tenter de rendre les pentamètres iambiques par des décasyllabes “classiques” (4/6), conserve, audacieusement, un terme de vénerie à peu près inconnu du fait de son archaïsme (on le retrouve dans le Littré) :

« Quelle pitié de mettre en mue les aigles

Quand les busards et les gerfauts sont libres. »

La restitution d’une métrique et d’un rythme proprement shakespeariens se fait au prix d’un effacement, le prey de la proie, qui n’est pas insignifiant, bien sûr. Ce qui me paraît le plus délicat, c’est la perception – et donc la compréhension – par un spectateur contemporain de ce terme de mue. J’ai vérifié la traduction du jeu d’échos entre cette occurrence et celle du monologue d’ouverture. En effet, Gloucester, dès le vers 38 : This day should Clarence closely be mew’d up

Markowicz, sans surprise, a été attentif à cet écho : « Ce jour verra Clarence mis en mue » — Déprats, nada : « Aujourd’hui même Clarence sera bouclé » — F.-V. Hugo non plus : « Clarence sera enfermé étroitement aujourd’hui même ».

 

 

(Dans une pièce très contemporaine de Richard III, Roméo & Juliette, Lady Capulet dit de sa fille : To-night she's mew'd up to her heaviness. (III, iv). Ce que F.-V. Hugo traduit par cloîtrée dans sa douleur.

À suivre...)

dimanche, 10 janvier 2016

Cokaïne

IMG_20160110_135219.jpgJe viens de passer un noir week-end pluvieux à écluser des centaines et des centaines de copies de 1ère année. Outre la petite centaine qui restera à corriger (L3 principalement), je dois recevoir, lundi et jeudi, presque tous les étudiants australiens et coréens dont je supervise les études ici, avant de faire le guignol, comme chaque année, vendredi et même samedi matin, au Salon des Lycéens (qui ne s’appelle plus comme ça, dont le nom change tous les ans… de sorte que métonymiquement tout le monde finit par dire “à Rochepinard”, ce qui, avouez-le, est d’une classe absolue).

Il faut donc, tout de même, que je tente d’écrire un texte un peu plus élaboré, qui enfonce un coin dans le retard accumulé et permette de sortir du week-end la tête un peu rafraîchie — certes, il y eut Coggle, rugby, trois épisodes de Rome et diverses fariboles… mais les monceaux de TP à corriger resteront la note dominante, comme la houille de Hard Times.

mardi, 05 janvier 2016

La boucloucle va boucler

Un moment comme tant d'autres.

Ce matin, dans le tramway, je lis la très belle nouvelle de Christian Garcin, “Les muets” (dans La neige gelée ne permettait que de tout petits pas). J'ai décidé de découvrir Christian Garcin suite à une vidéo enthousiaste de François Bon. Presque simultanément, notre ami lillois — à qui nous avons rendu visite début mai — nous envoie ses vœux électroniques. Or, la nouvelle se passe à Lille, se nourrit de la ville.

Plus tard, je lis, sur Facebook, la belle chronique d'André Markowicz sur la neige tombée dans la nuit du 3 janvier à  Petersbourg. Comme cela me fait penser au célèbre “Souvenir de la nuit du 4”, je cherche, comme ça, au hasard, une traduction anglaise.

Après avoir trouvé une paraphrase d'une étonnante platitude, je trouve, sur Wikisource, une magnifique traduction. Elle est de Toru Dutt... Toru Dutt, je la connais, sous un autre versant, grâce au travail de Chandani Lokugé, autre écrivaine que j'ai pu côtoyer — comme André Markowicz et François Bon — lors de son séjour de travail à l'université de Tours.

 

dimanche, 20 décembre 2015

D’une disparition

17 décembre 2015

Voulant chercher quelques nouvelles citations pour prolonger le projet des soixante-et-onze phrases de Farah, je m’aperçois que mon exemplaire de From A Crooked Rib est introuvable. Bon, j’ai dû le prêter, et je ne l’ai jamais récupéré – à racheter.

Ce qui est plutôt amusant, c’est que j’ai deux exemplaires de la traduction du roman par Jacqueline Bardolph (publiée à l’époque, juste après la mort de la grande spécialiste, en collection “Motifs”, à l’instigation de Jean-Pierre Durix) et que je ne parviens pas non plus à remettre la main sur la première traduction, celle de 1987, due à Geneviève Jackson et parue dans la collection “Monde noir”, aux éditions Hatier.

Autre curiosité (plutôt de nature à faire rire jaune, celle-ci), c’est qu’il y a quinze ans, un texte de Farah pouvait sembler mériter une retraduction, alors qu’il est devenu impossible de faire traduire ses derniers romans. Links a été bousillé par une certaine Marie-Odile Fortier-Masek, infoutue de comprendre la plupart des allusions culturelles et encore moins de saisir l’importance de certaines figures (allitérations, effets de symétrie, jeux sur la polysémie des adjectifs) ; depuis, Knots, Crossbones et Hiding in Plain Sight sont dans les limbes.

J’ai aussi, sur mes étagères, 4 exemplaires de Links, et pas mal d’autres doublons nuruddiniens… mais pas trace du tout premier roman.

mercredi, 16 décembre 2015

Carv-ER

Yeux explosés, connexion qui rame, épaule démise (non, je plaisante — une simple douleur idiote), il faudrait encore que je pondisse quelque notule...

(Ils sont nombreux, les billets qui ainsi commencèrent...)

Depuis un mois et demi, je m'y suis (re)tenu, au rythme de publication quotidien, parfois en recyclant ou développant un billet Facebook. Je pense que seul le 13 novembre a dû passer à la trappe, pas tout à fait pour les raisons que cette date pourrait évoquer, mais grosse journée de boulot puis magnifique concert de Steak à l'Olympia. ▓ Et, du coup, je n'ai pas raconté ce concert...

 

16 décembre 2008 : signature devant notaire de l'achat de notre actuelle maison.

(Époque à laquelle je m'étais presque retiré de la blogosphère.)

 

15 décembre 2015 : nouvelle forme poétique inventée, en 19 vers et 125 syllabes, schéma assez complexe et pas encore pris le temps de reprendre ici ou là le premier surgeon de cette forme nouvelle.

Aujourd'hui, entre autres, j'ai découvert que je ne savais absolument pas répondre à une des six questions de l'examen de Littérature donné par mes collègues qui assurent la partie Cours Magistral : ça en dit long sur la totale absence de coordination (et pourtant, je me démène, pour essayer de savoir). Ça en dit long, aussi, sans doute, sur le caractère vraiment nécessaire du contenu de cette question, si moi qui suis enseignant-chercheur en littérature, pas américaniste certes mais tout de même, suis infoutu de deviner ce qu'elle recèle...

 

Bientôt nouvelles lunettes (avec version solaire) pour Alpha, dernier cours de solfège / chant choral de l'année 2015 pour Oméga, quelques emplettes (cadeaux), un découvert vite épongé (sitôt découvert), poursuite du chantier de lectures (sept en simultané) et de correction (5 paquets, 2 à venir vendredi).

Au matin, dans un bel appartement de Saint-Cyr, nettoyage de 425 gobelets réutilisables par une fine équipe.

 

Yeux vraiment explosés. Croisons les doigts pour la connexion.

jeudi, 03 décembre 2015

Géographie

« Ma salle préférée à La Bibliothèque de Droit est la salle de géographie car elle est vraiment silencieuse et je travaille mieux dans un petit espace. »

Ce doit être la trentième étudiante de Droit-Langues qui écrit ça, alors soit ils mentent, soit la salle de géographie n'est pas si petite que ça, soit ils sont 30 à en connaître l'existence, soit c'est par comparaison avec les salles de droit, et je ne veux pas imaginer.

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lundi, 09 novembre 2015

Appel à une traduction de Józef Szczepański

Hier soir, j’ai écouté le concert de Thiéfaine au studio 104, qui était diffusé en direct sur France Inter. Le concert m’a laissé sur ma faim, car, hormis dans deux ou trois chansons, les arrangements avec orchestre à cordes ne changeaient pas fondamentalement la donne. De plus, la présentatrice s’est sentie obligée d’ajouter quelques commentaires, soit de l’ordre de l’audiodescription (“Hubert-Félix Thiéfaine entre sur scène, costume noir” (elle aurait dû ajouter la marque et le prix, pour faire festival de Cannes, cette idiote)) soit de pure désinformation (“l’album Suppléments de mensonge est le premier sur lequel Thiéfaine a travaillé avec des ensembles de cordes”).

Thiéfaine ne semble pas varier du tout les annonces qui précèdent telle ou telle chanson : c’était, au mot près, ce qu’il disait il y a un mois au Vinci, à Tours. Nous étions ressortis enchantés, la tête dans les nuages, de ce concert ; là n’est pas la question. Mais, pour ceux qui iraient le voir plusieurs fois au cours de sa tournée, je me dis, variatio placet, non ?

 

Un de ces préambules (à la magnifique chanson “Karaganda Camp 99”) est une citation, qu’il présente ainsi : « Dans les ruines de Varsovie, un poète polonais a écrit : “Nous t’attendons, peste rouge, pour nous délivrer de la peste brune.” ». Entendant de nouveau cet introït, hier soir, je me suis dit que ce poète devait bien avoir un nom. Une brève recherche sur le Web m’a appris qu’il se nommait Józef Szczepański, né en 1922 et mort en 1944 lors de l'insurrection de Varsovie, trois jours après avoir écrit ce texte, peut-être son plus célèbre, “Czerwona zaraza”. Sur le Web, à tout le moins (il me reste à faire des recherches plus poussées, notamment dans certaines bases de données et sur le SUDOC), il semble que n’existe de traduction française ou anglaise de l’œuvre de ce poète assassiné par les nazis, et dont posséder seulement un poème chez soi était passible d’emprisonnement dans la Pologne sous contrôle soviétique. Il va sans dire que les outils automatiques de traduction ne proposent que d’infâmes gloubi-goulbas dans lesquels on ne peut même retrouver un mot à mot à reconstituer. Là, même Ariane avec son fil se ferait bouffer par le minotaure.

J’ai publié le premier quatrain du texte polonais sur mon mur, sur Facebook, et une discussion n’a pas tardé à s’ensuivre, jusqu’à l’intervention d’une ancienne étudiante, Gosia, que j’avais friend-requestée en 2009 ou 2010, quand elle n’était déjà plus mon étudiante ; on ne s’est pas revus depuis six ans, je crois, mais on se suit avec intérêt. Gosia, qui est polonaise, suivait mon cours de version de troisième année en 2007 ou 2008, et quoique, de son aveu, elle n’apprît le français que depuis deux ou trois ans, elle réussissait à avoir de meilleures notes en version qu’un certain nombre de ses camarades de langue maternelle française. Un esprit vif et intelligent, pour résumer. Hier soir, tout en s’excusant d’avoir « du mal à traduire de la poésie », elle a proposé une version française de ce quatrain, que je donne ici :

Nous t’attendons, la peste rouge,

Pour que tu nous sauves de la mort noire,

Pour que dans le pays que tu avais déchiré en morceaux

Tu sois la rédemption accueillie avec répugnance.

 

Il s’avère donc, entre autres, que la suite du poème semble encore plus belle que ce début déjà si prenant cité par Thiéfaine, mais aussi (surtout) que le texte de Szczepański ne répète pas peste.

Bref, il faut (faudrait) découvrir Józef Szczepański, et le traduire.

 

Je vais profiter de ce billet pour faire un bref plaidoyer en faveur des réseaux sociaux. Oui, ce sont des accélérateurs d’inculture, des bastions de l’illettrisme, mais, de mon point de vue, ce sont aussi, depuis plusieurs années, de formidables outils de travail, ainsi qu’un lieu où, chaque jour, je m’enrichis, fais des découvertes, trouve à nourrir ma curiosité intellectuelle. Quand j’ai commencé à tenir un blog, il y a dix ans et quelque, bien des collègues ou amis me disaient : ah non, les blogs, je trouve ça vain, tout ce déballage intime. C’était méconnaître alors l’existence de nombreux blogs dont l’objet n’était aucunement de déballer sa vie privée. C’était réduire les blogs aux skyblogs (qui ont disparu, justement, avec la vague Facebook). De même, avec les réseaux sociaux, la qualité intrinsèque du medium (ou ses possibilités) n’a aucun rapport avec l’usage majoritaire qui en est fait. Tout cela revient à dire, par exemple, qu’il faut casser toutes les télés parce que trop de gens regardent Les Marseillais à Cancun. Je suis certain qu’on trouverait, dans les archives, des textes de détracteurs du cinéma qui, dans les années vingt, mettaient dans le même panier, pour ne pas même être allé y voir de près, des niaiseries muettes et Murnau.

vendredi, 06 novembre 2015

Vendredi, le jour

Vendredi, c’est le jour des valises. Couloirs et salles de cours où errent et marchent des étudiants au dos alourdi, ou dont le bras se prolonge d’une valise à roulettes. Mon voisin de tramway, ce matin, avait une de ces valises à roulettes, dont il était bien embarrassé, d’ailleurs, dans la cohue du matin – quel succès, ce tramway ! –, et lisait le tome II des Misérables en Folio. Peu après, il me devançait sur le chemin du site Tanneurs.

 

Vendredi, c’est le jour du quotidien gratuit. Rite vénéral, je prends, avant de me rendre à mon bureau, deux exemplaires de la NR sur le présentoir proche de l’amphi Thélème (l’Université n’a pas d’argent pour qu’on dispense des cours de langues à des groupes de moins de 50 étudiants, mais elle maintient l’abonnement à sept ou huit mille exemplaires de la NR du vendredi) et en pose un sur le bureau d’une collègue avant d’aller ouvrir le mien. Aujourd'hui, il est question, à la page 10, d'amphis bondés, et, à la page 11, de la ville de Tours qui veut réduire sa facture d'électricité. Que ne le fait-elle, déjà en supprimant les illuminations de Noël, ou en les restreignant à une dizaine de jours ? Que ne le fait-elle, en interdisant les panneaux publicitaires éclairés ou électriques ? Que ne le fait-elle, en ne faisant allumer (c'est techniquement possible) qu'un lampadaire sur deux ?

 

Vendredi, il pleuviote ; il règne une douceur extrême. — Même douceur, mais ensoleillée, un autre 6 novembre, lors de notre première visite en famille du château d’Azay-le-Rideau, il y a dix ans pile. Visite dont ces carnets, à leurs balbutiements, s’étaient fait l’écho, avec notamment tel propos rapporté d’Alpha, qui avait alors quatre ans.

 

Si je remonte encore, dans le temps, repensant à sacs & valises, je me retrouverai, moi, même pas majeur encore, ahanant le samedi matin, à Bordeaux, sous le poids d’un énorme et hideux sac jaune avec lequel, après les cours, j’allais directement prendre le train de 13 h 12 pour Dax, sans repasser par mon studio talençais. C’était samedi midi, et dimanche soir (19 h 40, attendre le dernier bus A direction Gradignan-Malartic place de la Victoire), le moment des valises.

vendredi, 09 octobre 2015

Un chat à l'œil jaune

IMG_20151009_133255.jpgSous le soleil encore tiède de ce midi d'octobre, revenant de mon petit tour à pied postprandial — lequel, coincé entre les rendez-vous & cours du matin et les cours de l'après-midi, réduit à sa plus simple expression le moment prandial proprement dit — vers la place des Joulins que j'aime tant, avec ses six beaux magnolias que je vois aussi de la fenêtre de mon bureau (38, je suis revenu au bureau 38, comme en 2002-2007) en écrivant ces lignes, rue de la Paix, m'a déboulé quasi entre les jambes un joli chat blanc fureteur, qui a tendu vers moi ses deux yeux, l'un tout bleu, l'un impeccablement jaune, yeux que, malgré mes tentatives et bien qu'il soit notamment venu se frotter à mes jambes de pantalon, je n'ai pu aucunement saisir avec cette saloperie sans nom mon merveilleux smartphone.

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mardi, 29 septembre 2015

Pour un estuaire (ébauche de note pour moi-même)

Au loin, au-delà de la brume, des gens criaient. On nous prenait pour des créatures de race blanche. Voilà pourquoi on nous appelle dombe, qui est le nom que l’on donne aux poissons. Depuis des siècles qu’ils ont jeté l’ancre ici, on désigne ainsi les Portugais. Échoués sur les plages, venus de l’horizon liquide, ils ne pouvaient être nés que dans l’océan. Dont nous provenions, Arcanjo et moi.

Étendu à mes côtés, inconscient, le chasseur avait l’air mort. C’était mon cauchemar : Arcanjo et moi faisions naufrage sur une plage en fuyant dans une pirogue, en descendant le fleuve. Le courant nous jetait au-delà de l’estuaire jusqu’à nous déposer sur la grève, parmi les débris éparpillés sur le sable.

 

Mia Couto. La confession de la lionne [A confissão da leoa, 2012]. Paris : Métailié, 2015, traduction  d’Elisabeth Monteiro Rodrigues, pp. 149-50

 

Je reprends ces pages, lues au printemps, à la lumière de La pluie ébahie, également de Mia Couto, que j’ai lu cette semaine, et où ce motif du fleuve et l’eau est plus présent encore. Il se trouve que, le hasard faisant les choses, je viens également d’achever de lire The Fishermen de Chigozie Obioma. Il me semble qu’à l’exception notable du deuxième roman de Ngugi, The River Between, ce motif du fleuve était beaucoup moins présent dans les récits africains de la première génération des Indépendances. Y a-t-il là un élément écocritique (comme cela est très net dans La pluie ébahie), un retour à certains mythes (dont le motif de la route engloutissante, déjà présent chez Soyinka puis Okri, serait un jalon romanesque moderne), une allégorie de l’histoire des nations africaines après cinquante ans – peu ou prou – d’indépendance ?

Dans La confession de la lionne, l’importance accordée aux chasseurs, et à leur rôle dans la libération d’une parole collective affranchie de codes narratifs “européens”, rejoint ce que je perçois de plus en plus nettement dans ma lecture de Tail of the Blue Bird, le roman de Nii Ayikwei Parkes que j’ai mis au programme de L3 et de M1 ce semestre.

mardi, 21 avril 2015

Pour une histoire de la syntaxe française (et de la ponctuation) appliquée aux faits divers

« Un véritable coup de folie aurait animé la grand-mère dont, on ne connaissait pas, hier, les éventuels éléments sur son état psychologique avant les faits. »

(Nouvelle République de ce jour)

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lundi, 20 avril 2015

Fait marquant

Je viens de prélever, presque au hasard, dans un paquet de 33 copies de première année, sept phrases correspondant à la traduction d'un même extrait d'article. Il s'agit d'étudiants bacheliers qui ont choisi une filière spécialisée dans les langues vivantes. Ce que ce bref florilège dit de l'enseignement des langues dans notre pays, et de la valeur des diplômes (certaines copies ne sont d'ailleurs  pas si éloignées de la moyenne), je le laisse à l'appréciation de mes lecteurs.

    • "this time the most important fact is the househol are sensibly less many to consider that the unemployement gone worst"
    • "The fact more noticiable this time : households are sensitively less to think that disemployedment will keep increase."
    • "Fact the more important this time : the households are essentialy less numerousous to considerate that people without job will rease."
    • "Fact the most hitting this time : households are sensibly less several considering that unemployment is going to increase."
    • "The more important factin this way : the french people are sensibly less in total considerating that the growth in future."
    • "Most shocking fact this time households are a lot less numerous to be considered that the non-employment will rise."
    • "Fact the morest chock this time : households are sensitives less numerous to considerate that no have a work will to growth."

 

Le texte original : « Fait le plus marquant cette fois : les ménages sont sensiblement moins nombreux à considérer que le chômage va augmenter. »

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jeudi, 22 janvier 2015

Bondir hors de ses rêves, ratisser le réel

Tu te souviens quand je t'ai téléphoné

de Chartres ? Abattu et goinfre,

horrible dans mon désir. Tu aimais bondir hors

 

de tes rêves pour attraper l'écouteur et murmurer, non, non,

tu ne m'as pas réveillé, je me le suis déjà astiqué.

Mais ce n'était pas vrai. Même quand tu dors tu occupes

 

tout le terrain, les premières lignes.

 

 

Six premiers vers et demi d'un poème de Tomaž Šalamun traduit par Zdenka Štimac aux Éditions Franco-Slovènes (Ambre, 2013, p. 15), organisé en tercets enjambés, forme très fréquente dans le recueil, peut-être sous influence de la terza rima (faute de texte slovène en regard, impossible de le déterminer). Toutefois, exemple plus frappant que jamais que, même en traduction, il faut lire la poésie “étrangère”. L'univers de Tomaž Šalamun n'a rien de comparable. Chaque page m'a secoué, depuis que j'ai commencé à le lire, en novembre.

 

Il y a deux catégories de « lecteurs » qui m'agacent : ceux qui disent qu'on ne peut pas lire de la poésie (ou même des textes d'autres genres) quand on ne connaît pas la langue, et qui se privent, voire voudraient priver les autres d'accéder à une altérité réelle, puisque la bonne traduction consiste à transmettre une altérité réelle, effective, et — en ce sens — elle-même altérante ; et ceux, plus nombreux encore, qui se vanteraient presque de ne jamais lire de littérature contemporaine, en particulier de langue française, comme s'il était entendu que tout est bon pour le panier, alors que leur opinion s'est formée sur deux ou trois articles dénigrateurs sur le tout à l'ego (ou autre formule choc), ou sur la lecture d'un minable récit d'Amélie Nothomb qui leur a donné quitus pour tout jeter aux orties, et que l'opinion de ceux qui prennent, chaque jour, le risque de se confronter à des pans entiers de littérature contemporaine, dans les marges ou pas, se fonde sur une pratique de plusieurs années, décennies, au point d'avoir décelé des territoires entiers dont on pourrait espérer, n'étaient-ce la journalistisation des intellectuels et l'hyperspécialisation des universitaires, qu'ils seront d'ici quelques siècles l'équivalent de ce que sont, pour nous, Montaigne, Saint-Simon, Balzac ou André Breton.

vendredi, 16 janvier 2015

Dernier vendredi avant la cohue

Last Fair Deal Gone Down

Ce matin, je me rendais à une réunion de la Commission Bibliothèque, me suis autoportraituré coastard et chapeau dans l'ascenseur de 9 h 43. On n'est pas nombreux aux Tanneurs aujourd'hui, et les copies ne se corrigent pas toutes seules non plus. Ce que je dis à “mes” Coréens : vous allez voir, lundi, tout d'un coup 7.000 gusses là dedans !

09:34 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 07 janvier 2015

Approche du français courant & correct des années 2030

Je viens de finir de corriger 170 copies rédigées en français par des étudiants de première année. Les copies faisaient une page en moyenne et portaient sur un sujet de méthodologie (comment préparer un exposé sur un sujet précis et quelles ressources employer). Ce panel m'a donc donné, une nouvelle fois, une idée, du niveau normal de français pour des bacheliers appartenant à la génération actuelle. Je dois tout d'abord signaler qu'aucune copie n'était dénuée de faute : toutes présentaient au moins une faute de grammaire et plusieurs fautes d'orthographe ou de ponctuation. Je propose ci-dessous la liste de fautes trouvées dans une (souvent très large) majorité de copies, en tirant la conclusion que nous tenons là le modèle du français standard tel qu'il s'écrira de façon tout à fait acceptable d'ici deux décennies :

  1. Les "s" indiquant le pluriel sont distribués de manière aléatoire (il est courant de lire des phrases telles que Les livre dont j'ai besoins). → le français écrit sera bientôt dénué de marque de pluriel pour les noms et les adjectifs.
  2. Chaque, chacun, chacune sont systématiquement pluralisés avec un -s.
  3. Les "e" muets apparaissent ou disparaissent à l'écrit de manière aléatoire (“à l'orale”).
  4. La règle d'accord du participe passé est universellement abandonnée.
  5. À la première personne du singulier, le futur simple est totalement abandonné au profit du conditionnel présent.
  6. Au présent de l'indicatif, la terminaison -ont a été très majoritairement remplacée par la terminaison -ons.
  7. Pour une minorité d'étudiants (minorité qui laisse entrevoir l'étape suivante), les formes verbales sont entièrement interchangeables. (Exemple trouvé dans une copie : “remettre les livre où on l'ais a trouvais”.)
  8. Au subjonctif, les formes sois, soit, soient sont utilisées de façon aléatoire et sans tenir compte de leur sujet grammatical.
  9. La confusion entre participes passés et infinitifs des verbes du premier groupe est désormais majoritaire → dans le français écrit correct, il sera bientôt admis d'employer indifféremment é ou er.
  10. La graphie du son /ɑ̃/ est en ou an de manière entièrement aléatoire. → D'ici deux décennies, la phrase Les enfent sons contants sera considérée comme non fautive.
  11. Des termes figurant dans le sujet sont souvent mal orthographiés : Reagan devient ‘Raegen’, ressources devient ‘resources’ (ad lib.), quatre devient ‘quatres’ (77 copies sur 170, j'ai compté).

 

 

Ce relevé est malheureusement indicatif et non exhaustif. Une fois encore, il s'agit là d'étudiants qui viennent d'obtenir leur baccalauréat, et, pour beaucoup d'entre eux, avec mention.

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dimanche, 28 décembre 2014

William At Work, version GuillaumeBot

Ribéry, c'était justement pour leur expliquer Vice-Chancellor = Président, et biaus contes C'on dist devant le derby d'Epsom.

 

Nous sommes trois douzaines, épars dans les rangs de santé, vu que je serai pour trouver collocations et traductions de romans gothiques fantabulous, amalgame de fantastic et des hasards, une même cohérence patiemment et durablement construite, avec, en plus, une curiosité valable L'atmosphère évier / en lui apprendre en classe. Voilà, la coéducation.

 

“In Patagonia” est un hommage à l'aise. Et en petites doses réitérées. ▬

 

J'écoute en turbinant la “Ballade pour une Université de la brandade de morue. 

samedi, 13 décembre 2014

« Je veux acheter un fauteuil. »

J’assure, depuis septembre 2012, un cours magistral de première année, dont le titre est « Documentation » et dans lequel j’essaie de faire passer, sans aucune possibilité de travaux pratiques (ça coûterait trop cher, il vaut mieux déverser des millions dans les “colles” des classes préparatoires), un certain nombre d’informations et de pratiques méthodologiques utiles pour des étudiants abordant l’Université.

J’assure ce cours, trois fois par semaine, pour des étudiants des filières L.E.A., Droit-Langues et L.L.C.E. Anglais. Ce semestre, les deux C.M. ont lieu le mercredi, et le troisième en début d’après-midi, le vendredi. J’y parle d’organisation des études, de plagiat, des catalogues et métacatalogues, des encyclopédies (dont la Wikipedia), de la presse, des bases de données en accès restreint, etc. Dispensé selon le mode du cours magistral, et même avec mes pauvres tentatives pour trouver des exemples distrayants, ce cours est évidemment d’un ennui total pour des néo-bacheliers.

Cette semaine, le cours portait sur les dictionnaires monolingues et bilingues, ainsi que sur les ressources lexicographiques en ligne. J’ai décidé de présenter rapidement, en fin de cours, trois logiciels de traduction automatique gratuits, en l’espèce Bing, Google Translate et Reverso, afin de démontrer notamment la supériorité globale (mais non systématique) de Reverso, mais aussi que ces outils évoluaient rapidement en fonction des requêtes et des données de rectification éventuellement saisies par les usagers. Parmi les phrases-types que j’avais soumises à la moulinette de ces trois logiciels, il y avait : « Je veux acheter un fauteuil. » Eh bien, mercredi, Bing et Google proposaient tous deux : I want to buy a chair [tandis que Reverso suggérait judicieusement armchair]. Hier midi, j’ai pu constater (et faire remarquer aux étudiants du troisième C.M.) que les deux outils avaient fait évoluer leur traduction, pas vraiment dans le bon sens, hélas :

Bing. ║     Je veux acheter un fauteuil. → I want to buy a wheelchair.

Google. ║ Je veux acheter un fauteuil.  → I want to buy a seat.

 

En fin de compte, chair était moins erroné… Sigh.

 

mercredi, 26 novembre 2014

Féminin évanescent

En moins de dix minutes, sur France Info, j’ai entendu la même faute, de la bouche de deux historiens. Le premier historien, qui a découvert un exemplaire du First Folio dans les réserves de la bibliothèque de Saint-Omer, a déclaré que l’exemplaire en question se trouvait actuellement dans une salle « à taux d’hygrométrie constant, à température constant ». L’historienne interrogée ultérieurement, auteure d’un ouvrage sur le mont-de-piété, a parlé d’une « banque qui est soumis aux règlements financiers ».

Il y a longtemps que les masculinisations de forme féminines sont courantes dans le cas de la fameuse (fameusement ignorée) règle de l’accord du participe passé. Il me semble que le surgissement de ces masculins erronés pour des épithètes ou dans des relatives est beaucoup plus récent. Ce genre d’exemple fait dire à un de mes collègues que la forme féminine du participe passé, voire de la plupart des adjectifs, aura disparu d’ici un demi-siècle. Rien à déplorer — à noter toutefois que cette disparition est concomitante de la réglementation qui contraint tout un chacun à parler d’auteure et de maîtresse de conférences, alors que ces formes sont loin d’être apparues spontanément.

Ferai-je ici également remarquer qu’il n’y avait rien de surprenant à entendre ceci dans la bouche d’historiens. Avec de très remarquables exceptions, les historiens écrivent généralement un français lourd, voire fautif (sans même parler des contresens qu’ils font sur la littérature, quand ils s’en piquent (mais eux renverraient le compliment : que de contresens historiques sous la plume de littéraires !)), ce qui me rappelle notre professeur d’histoire d’hypokhâgne et de khâgne, agrégé et tout le tremblement, devenu depuis éminent professeur d’université et tout le tremblement, que nous avions fini par nous amuser à piéger. En effet, on pouvait être sûr, en écrivant, dans un devoir, « les décisions qu’ils ont laissé prendre », que ce brave (?) homme encerclerait le tout de rouge, avec un beau « grammaire » en marge, et la phrase ainsi corrigée :

« les décisions qu’ils ont laisséES prendre »

 Ah, le charmant exemple d'hypercorrection !

 

jeudi, 20 novembre 2014

D'une irruption

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Au-delà des considérations triviales sur la communication électronique “formelle” (ou censée être telle) en 2014, ou encore sur les possesseurs d'iPhone, je trouve que l'expression née de l'incompétence, « forme à signe » , serait un excellent sujet de traité philosophique en trois tomes (avec une légère préférence pour Galilée ou Fata Morgana).

lundi, 17 novembre 2014

De Gadsby à Perec

Gutenberg vient de publier la version numérisée de Gadsby, roman écrit entièrement sans "e", plus de vingt ans avant La Disparition de Perec. Je l'avais acheté et lu il y a quelques années, et trouvé ça tout de même très inférieur à Perec.

 

Christine Brooke-Rose's novels have been on my list for eons, but I still haven't made up my mind.

Il paraît qu'il y a quatre traductions anglaises de La Disparition — je n'avais eu vent, jusqu'ici que de deux. (En attendant, je faux à abattre les différents taillis dans lesquels je me suis fourré.)

Jeudi, je m'en allais mitonner une soupe de la dernière pluie.

 

Il n'est rien arrivé, pas même dans les branches. ▬·▬ Je n'ai rien encouru.