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vendredi, 07 octobre 2005

André Markowicz, traducteur en résidence

Vendredi, 15 h 30.

Hier soir, dans l’amphithéâtre Thélème, avait lieu la première intervention d’André Markowicz, qui est invité toute l’année à l’Université François-Rabelais comme artiste en résidence. C’est la première fois, apparemment, toutes collectivités ou initiatives privées confondues, qu’un traducteur est choisi pour une résidence d’artiste.

Je connais le travail d’André Markowicz depuis belle lurette, depuis 1993 exactement, date à laquelle je lus L’Idiot dans sa traduction, ce qui fut, pour moi, un coup de tonnerre. (Il a parlé des “grands chocs” de sa vie, et, dans mon itinéraire littéraire, cette découverte a certainement été l’un des “grands chocs”.) Je ne connais pas son travail sur Shakespeare, mais je suis appelé à participer, dès jeudi prochain, à l’atelier de traduction qu’il va animer à destination d’un groupe d’étudiants non nécessairement anglicistes. Je ne serai là, d’ailleurs, ni pour encadrer, ni pour aider à la traduction, car l’atelier s’adresse aux étudiants. Je ne sais pas trop encore comment Markowicz va m’employer, nous verrons ; en tout cas, j’ai bien décidé d’être as unobtrusive as possible, dans mon petit trou de souris, disponible voilà tout. Cet atelier va consister en une traduction des Merry Wives of Windsor. (Je ne sais pourquoi, il a eu beau employer, au cours de la conférence, le titre français habituel des Joyeuses commères, j’ai comme une intuition qu’il va proposer un autre titre…)

Bref… hier, c’était l’ouverture de cette résidence, en amphithéâtre Thélème, à 18 h 30, en présence de deux cent cinquante personnes environ, dont pas mal d’étudiants, finalement, en dépit de l’heure tardive et du sujet, propre à rebuter beaucoup, même parmi les littéraires.

Françoise Morvan, sa compagne, et lui ont donné une sorte de dialogue à moitié théâtralisé mais sans histrionisme, derrière la minuscule table placée au centre de la grande scène. C’est peu dire qu’il a captivé son auditoire. J’avais beau connaître un certain nombre de ses théories (sur l’invention propre au travail de traduction, sur les motifs, etc.), et une partie non négligeable de son parcours (Pouchkine, la poésie russe, Tchekhov, Dostoïevski, Shakespeare), j’étais moi-même sous le charme.

Une étudiante avec qui j’en parlais ce matin m’a dit qu’elle avait été très touchée par la manière dont ils avaient construit leur intervention de manière à faire entrer le public dans leur dialogue, à dédramatiser ou dépiédestaliser (my words) le phénomène conférence.

Il y a eu quelques questions, sur la fin ; je leur ai demandé s’ils ne pensaient pas que, comme dans le cas de Dostoïevski, s’imposerait pas un semblable travail de dépoussiérage de l’œuvre de Dickens (victime, depuis un siècle et demi, d’un total malentendu “naturaliste” en France), et également si la « traduction sur le motif » a meilleure presse, finalement, dans le cas d’œuvres contemporaines comme celle de Lobo Antunes (ma lecture actuelle de Bonsoir les choses d’ici-bas a dû un peu influencer le cours de mes divagations mentales).

J’aurai l’occasion de reparler de cette résidence, d’André Markowicz, j’avais songé à constituer un répertoire de quelques liens vers des sites à son sujet, mais, comme dirait, mutatis mutandis, Birahima, le narrateur d’Allah n’est pas obligé, là je n’en ai pas envie, j’en ai marre, et j’arrête d’écrire pour aujourd’hui. Mon thé m’attend, je vais aller chercher mon fils à l’école, a faforo!

lundi, 03 octobre 2005

Pause travail...?

Tu vois, ça coûte 620 euros un brevet industriel, avant c'était dix mille balles, c'est moins cher.

Je discute avec Guillaume, le jeune patron et cuisinier du Cap-Ouest, et il y a aussi, là, une dame qui s'avère être la mère d'une des mes étudiantes de première année L.E.A., et avec qui j'échange quelques paroles.

Non, j'ai repris de fumer depuis août, les vacances ça c'est la galère.

La matinée s'est bien passée, sans pas superflus puisque mes deux cours du matin sont dans le même bâtiment maintenant.

Je ne peux pas exposer, je n'ai pas de voiture, tu me vois me trimbalant avec mes toiles?

Le boeuf bourguignon n'est pas mauvais, ici j'ai la certitude de pouvoir manger tranquillement et en une demi-heure, ce qui me laisse le temps de vaquer à mes occupations juste après (et juste avant la reprise de mes cours, à deux heures de l'après-midi).

Mon ex, elle s'est retrouvée avec un Marocain sur internet... elle est allée là-bas... et maintenant elle est revenue... enceinte de trois mois... enfin, chacun sa vie...

Le trio à ma droite mériterait le tableau. The one who does most of the talking moins encore que son comparse et la dame un peu plus âgée qu'eux deux.

Enfin, j'ai trouvé cette solution pour faire mes tableaux en laminé, ça permet de faire des copies plus vite et de répondre à la demande.

Je ne prends pas de dessert, finalement, car ni l'île flottante ni la charlotte aux poires ne me tentent.

Mon père va m'aider... avec ce brevet, tous les peintres vont acheter ça... ça fait deux ans que je travaille dessus... c'est un super projet...

jeudi, 29 septembre 2005

Fin de journée

A une minute près, je publiais la note précédente à 22 heures 22... Raaaah...

Content de ma journée, d'autant que j'ai bien avancé les travaux de préparation du séminaire sur les formes de l'humour britannique qui commence lundi prochain.

Pas lu encore ce soir, mais je me suis offert, dans l'après-midi, une petite pause consacrée à parcourir les blogs habituels.

Irène (qui ne s'appelle pas ainsi, mais c'est le pseudonyme que je lui ai attribué et qu'elle semble assumer) se décide à écrire des commentaires ici, et VS a rédigé une longue réponse au test.

Jeudi, en milieu de matinée

Je suis très content du travail que je viens de faire, à savoir la préparation de la séance de séminaire de demain. J’interviens, pour quatre séances, dans le master 2 de sciences du langage (option B, centrée, dixit la responsable, sur la diffusion du français dans des contextes et auprès de publics "spécifiques"), où j’ai proposé d’étudier le roman d’Ahmadou Kourouma, Allah n’est pas obligé. Le plus amusant, c’est que je trouve ce roman très faible par bien des côtés, nettement moins bon que les autres de l’auteur, et que je l’avais assez sévèrement critiqué lors de sa parution. Mais il se trouve que, pour des étudiants plus intéressés par l’aspect linguistique que par les finesses poétiques, mais aussi à titre d’introduction à certaines caractéristiques du discours littéraire africain (parodie de l’oraliture, jeu sur les différents registres, polyphonie, etc.), ce roman est tout à fait exemplaire. Me voici donc embarqué, pour huit heures, dans cette aventure.

lundi, 26 septembre 2005

William at Work, again & again

No blogging William anymore. Il va falloir lui laisser le temps de se retourner, et de se re-tourner les pouces aussi, ce qu'il ne fait pas trop, en général, mais là moins que jamais, car n'a-t-il pas, le bougre qui de lui-même à la troisième personne (de majesté) parle et qui, outre sept heures de cours, une heure et demie à recevoir des étudiants pour des problèmes administratifs (again and again), et quelques autres menues tâches, qui, donc, s'est attablé ce soir pour décortiquer un peu u texte de Divakaruni qu'il étudie demain dans un T.D. d'analyse de textes de troisième année, n'a-t-il pas (j'y viens!) dû faire face au genre d'incident pour lequel il est le moins préparé, le plus sinistrement incompétent, à savoir une crise d'épilepsie d'une étudiante, dès le premier quart d'heure de cours, ce matin à neuf heures, d'où SAMU and the whole caboodle? J'espère que la jeune fille se sera remise, qu'elle n'est pas gravement épileptique et que je pourrai lui dire deux mots en aparté lundi prochain, afin de la mettre à l'aise.

21:59 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3)

vendredi, 23 septembre 2005

Moins que jamais serein

Les trois dernières journées ont vu la culmination de ces trois dernières semaines de folie, à l’université, où j’ai passé mon temps à des tâches aussi multiples que minutieuses et, comment dirais-je, marquées du sceau de la matérialité la plus quotidienne. C’était mercredi la réunion de rentrée des différentes composantes et années, et, en tant que responsable de deux cycles distincts, je n’ai pas cessé d’éteindre le feu ici et là… Depuis avant-hier après-midi, où je présidais à la remise des emplois du temps de L3 Anglais, j’ai rencontré au moins soixante-dix étudiants en entretien privé pour x demandes aussi variées qu’inextricables. J’en passe et des meilleures.

Pendant ce quasi-mois à me démener pour que la rentrée ait lieu dans les meilleures conditions possibles, ma recherche n’a évidemment pas avancé (j’avais deux articles à rendre, et baste…) et je ne dis rien des préparations de cours, lesquels seront pourtant assurés dès lundi avec verve et, je l’espère, brio ; en tout cas, ils seront prêts. J’ai tout de même créé, hier, en quelques minutes, un blog pour ces cours du premier semestre 2005 : il s’appelle Cours 2005, tout simplement.

Ce soir, je me rends à la réunion des parents de l’école maternelle.

 

********

 

Je m’interroge souvent sur le titre Touraine sereine, qui désigne un carnet de toile dans lequel il n’est pas toujours (souvent) question de Touraine, et dont l’auteur est aux antipodes de la sérénité. J’aime les moments sereins, les instants de sérénité, mais mon tempérament ne les facilite pas.

 

lundi, 19 septembre 2005

Vais me coucher...

... après plusieurs préparations de textes pour le cours d'"analyse de textes littéraires" de troisième année que je vais enseigner à partir de mardi en huit.

Bonne nuit,

22:03 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

WABW : panique, panade, pépins, pizza

Encore une journée harassante de travail principalement administratif, outre la préparation, pour la reprographie, des différents dossiers à distribuer aux étudiants lors des premiers cours. J’ai sué sang et eau sur de nouvelles paniques liées aux emplois du temps : il va falloir ouvrir de nouveaux groupes, de traduction notamment, en troisième année, ce qui, dans la mesure où nous devons remettre les emplois du temps aux étudiants dès mercredi, ne va pas être de la tarte, puisque P***, la directrice du département, n’était pas là aujourd’hui, et qu’elle n’a pu contacter les collègues susceptibles de prendre en charge ces enseignements. Autre panique, la panade des UE libres (unités d’enseignement libres), dont certaines sont confirmées, d’autres annulées pour cause de trop faibles effectifs, mais surtout… dont certaines vont peut-être ouvrir, mais peut-être pas, et les cours commencent lundi prochain, et ni le professeur ni les étudiants ne savent s’ils auront lieu…

Du coup, comme la mienne, sur les "formes de l’humour britannique", qui doit avoir lieu tous les lundis du premier semestre de six à huit, fait partie des cas tangents, j’ai déjà annoncé que les cours, si elle était ouverte, commenceraient le 3 octobre, et que le cours du 26 septembre serait remplacé à une date ultérieure. J’en passe et des meilleures.

J’ai un peu discuté avec AA, qui me dit que l’adaptation de son fils, âgé de dix mois, à la crèche, se passe comme ci comme ça, et que les premiers pépins du style rhinite commencent déjà à pointer le bout du nez (c’est le cas de le dire), ce qui m’a rappelé l’année d’A. en crèche ici, au Hallebardier, qui ne fut qu’une longue, onéreuse et confuse année de fièvres soudaines, de rhinopharyngites inexpliquées, et de débats avec la directrice de la crèche, qui ne voulait pas admettre que 25° en plein hiver, dans un établissement comme le sien, c’était au moins quatre degrés de trop. Finalement, j’avais fini, fort peu fier de moi mais à bout, par signaler le problème à la mairie, qui avait fait passer une entreprise de chauffage, qui avait confirmé qu’il y avait un problème, installé des thermomètres dans toutes les salles d’accueil et procédé aux réparations ; dès lors (après février), A. n’avait plus été malade. Il faisait entre 19° et 21° dans la crèche, et plus de microbes et virus en tous sens !

Le seul agrément de cette journée de travail fut le déjeuner, avec Irène, au nouveau restaurant italien de la Place du Grand Marché, Coco Mario je crois, où nous avons été servis par une jeune fille que je pensais connaître de vue, et qui, effectivement, nous a demandés au moment de l’addition si nous travaillions à la fac d’anglais, car elle avait dû m’avoir comme examinateur (la pauvre!) lors d’un oral, et qui, cette année, va préparer le CAPES. Je la verrai donc dès mardi prochain.

18:25 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 17 septembre 2005

Si d'un mal naissait un bien...

... ce serait peut-être que cette sombre manipulation politique autour de sujets du baccalauréat nous débarrasse des sujets d'invention et autres argumentations, qui ont dévoyé l'enseignement des lettres en lycée au profit d'un méli-mélo sociologique pas toujours très "littéraire".

13:19 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 14 septembre 2005

Réponse à Claire (du Collectif de soutien aux demandeurs d’asile)

Il semble y avoir un malentendu, à en croire le commentaire récent de Claire : je n’ai jamais remis en cause le bien-fondé des demandes d’asile spécifiques de chacune des familles « accueillies » sur le site Tanneurs. En revanche, oui, dans ce billet d’humeur pas très mesuré, parfois excessif, j’émets des doutes sur la stratégie du collectif (et non du comité, c’est noté, même si ce “collectif”-là a paru, à nombre de collègues et d’étudiants, bien sectaire et peu enclin à s’ouvrir à la collectivité de ceux qui auraient voulu soutenir les demandeurs d’asile) et sur le rôle réel des vrais étudiants de l’université dans cette instance.

J’ai eu l’occasion, entre début avril et la mi-mai, de discuter à trois reprises avec des membres du dit collectif. La première discussion a eu lieu le lendemain du concert de clôture de Marc Ducret, en lever de rideau duquel nous, les spectateurs, avions applaudi le petit laïus de l’un des responsables du collectif, qui avait fort bien parlé, et dans la plus grande justesse. Ce premier entretien, avec le responsable en question et une jeune fille qui n’avait pas l’air très bien renseignée* sur le statut des demandeurs d’asile et la Convention de Genève, mais pleine de bonne volonté et de détermination. Discussion intéressante.

Plus tard, tout début mai, passant près de l’amphithéâtre Thélème, dans la rue, me rendant directement au département d’anglais par l’extérieur, je fus interpellé par un des membres du collectif, qui, me voyant en cravate, ce qui apparemment, était un crime, me lança « Eh toi, le PDG, t’arrêtes pas surtout pour t’informer ». Vous l’avouerai-je ? je ne fus pas surpris du tutoiement ni de cet amalgame entre mon habit et l’idéologie que l’on me supposait**, mais j’allai vers le “jeune” en question (de cinq ans, au bas mot, plus âgé que moi), à qui j’expliquai ma position très modérée sur le sujet, à qui je racontai que j’avais déjà eu une longue discussion avec deux de ses acolytes, et à qui je déclarai aussi qu’il me semblait qu’avec le blocage des négociations, il y avait peut-être moyen de passer à d’autres modes d’action, au lieu de poursuivre une occupation qui avait pour principale conséquence d’irriter et de s’aliéner des personnes (agents, professeurs et étudiants) qui soutenaient au départ, pour la majorité,  la cause des demandeurs d’asile et dont la patience s’effritait. Le vociférateur n’eut rien à me dire, qu’un espèce de bafouillement assez incohérent que j’interprétai comme un laissez-passer (ou un refus de discuter?) ; je vaquai donc à mes occupations.

La troisième discussion eut lieu quelques jours plus tard, car je voulais m’informer directement de l’évolution de la situation, assurer le collectif de mon soutien, à quelques restrictions que j’ai ensuite (plus d’un mois plus tard) explicitées et aggravées dans la note qui a provoqué votre courroux.

Pas d’incident cette fois-là, mais, si vous y tenez, je vous signalerai qu’une étudiante que je connais depuis deux ans et qui avait voulu s’informer semblablement, avait été (je cite) « branchée par un type qui puait le shit » (moi, je ne pourrais pas confirmer, c’est une odeur que je ne parviens pas  identifier) et qu’elle « n’avait rien pu lui tirer d’autre » et « avait filé vite fait ». Comme le collectif me semble avoir vécu isolé dans sa bulle pendant deux mois, plus ou moins contraint (et je le regrette, et en veux, de ce point de vue-là aussi, à la préfecture***) à une radicalisation des discours et des actes, je pourrais vous citer de nombreux autres exemples, pour ne rien vous dire de certains propos que m’ont tenu certains agents, qui étaient excédés par la situation.

Enfin, si je comprends votre indignation à la lecture de ma note, sachez que, contrairement à ce que vous affirmez :

1)      je ne me suis pas tenu à l’écart de ces “événements”

2)      je ne suis pas ignorant en matière de droits des demandeurs d’asile*

3)      je n’ai pas de leçon de civisme, d’humanisme ni de morale, ni surtout de militantisme, à recevoir de vous

4)      je n’ai jamais douté que les étudiants du collectif étaient capables d’être admis à leurs examens, et je ne vois pas où vous êtes allée pêcher une idée pareille

Je conçois que votre erreur et votre véhémence viennent en grande partie d’un malentendu ou d’une mauvaise interprétation de mes propos, qui, très partiels et partiaux, se prêtaient effectivement à cette mauvaise interprétation. J’espère que c’est plus clair maintenant.

 

* contrairement à moi, si vous me permettez un peu d'orgueil (et je pourrai vous expliquer en long, en large et en travers, pourquoi je maîtrise assez bien le sujet)…

** Non seulement il est interdit d’exprimer le moindre désaccord avec les dogmes le plus radicaux d’un mouvement d’extrême-gauche, sous peine d’être aussitôt soupçonné de fascisme, mais ne pas être en jeans troué revenait, de même, à être aussitôt étiqueté «anti-collectif».

*** La seule (mais importante) rectification que j’aimerais apporter à la note En quoi se perdre est relative à ma trop grande véhémence, qui est d’ailleurs directement responsable de la vôtre : évidemment, je pense que la préfecture a laissé pourrir la situation, selon une stratégie bien connue, en profitant d’ailleurs de la perche que lui a tendu le collectif. Une fois que presque tous les personnels et les étudiants, exaspérés par l’escalade des provocations du collectif, furent d’avis que cette occupation avait perdu une bonne part de sa légitimité, l’évacuation devenait possible.

lundi, 12 septembre 2005

Saignements

Aujourd’hui, j’ai saigné trois fois du nez. Saignements subits de la narine gauche – comme aux grandes fatigues d’hypokhâgne – qu’il avait fallu cautériser, chez ce vieil oto-rhino dacquois féru de latin et de grec. Un jour de version latine – ces épreuves qui avaient lieu sur quatre heures un mercredi après-midi sur deux –, un saignement violent m’avait saisi, et j’avais dû, dans une posture incroyablement inconfortable, aller chercher le lavabo le plus proche, où le professeur était venu me chercher, plein d’une inquiète sollicitude, ayant suivi la trace des flaques de raisiné*.

Ce jour-ci, j’ai saigné à midi, dans mon bureau, à l’université, peu après avoir reçu un énième étudiant, seul heureusement et ne perdant pas la face, puis au restaurant, avec Irène, Arbor et F.F., enfin de retour à la maison, m’essuyant précipitamment avec le mouchoir vert vif de mon fils, que je venais de raccompagner de l’école maternelle, où la journée s’était bien passée, alors que la mienne, entre les diverses menues mais pénibles tâches et ces saignements, avait été, non consternante, mais terne, agréablement illuminée par le déjeuner avec trio d’amis.

 

 

* Souvenir peu exact de la tirade de Vautrin dans Le Père Goriot : « …aller verser mon raisiné sur le plancher de Maman Vauquer…»

20:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (8)

jeudi, 08 septembre 2005

Premier texte dicté

Oui je viens dans son temple adorer l'éternel.

C'est le premier vers qui m'est venu à l’esprit, ou plutôt la première phrase. Je découvre à l'instant le fonctionnement et les modalités d'utilisation du logiciel de dictée que m'a gentiment copié Arbor. L'installation n'a pris que deux minutes et l'enregistrement de ma voix, ainsi que sa mise en conformité avec le logiciel, dix minutes tout au plus. C'est très étonnant. Le fait de travailler dans un logiciel de traitement de texte est extrêmement pratique, dans la mesure où il est possible de corriger au clavier quand cette procédure est plus rapide que par la voix. Je pense d'ores et déjà que le texte que je suis en train d’improviser au micro prendra place dans le carnet de toile intitulé Touraine sereine. Je suis tout à fait ravi de constater, au montrer chair, mon adorable logiciel de dictée, que tu connais sans faillir le titre de mon blog, même si le mot blog t'est apparemment inconnu et même si je dois me déclarer surpris que l'apostrophe montrer chair devienne mon très cher. Dans la phrase qui précède, j'ai gardé volontairement l'erreur afin de montrer qu’elle venait tout autant de moi que du logiciel. Évidemment, c'était l'inverse : c'était mon très cher qui était devenu montrer chair, car j'avais syncopé sans doute les trois mots en deux, au point d’aboutir à cette confusion entre, d'une part, un pronom et un adjectif, et d'autre part, un verbe.

Pour l'instant, je ne suis pas convaincu que ce système soit plus rapide que la saisie manuelle par l'intermédiaire du clavier, mais il est beaucoup plus reposant pour les mains et les yeux. J'aimerais ici dire toute mon admiration pour les cinq informaticiens capables de mettre au point ce genre de technique, ce type d'outil d'une infinie utilité même si, dans l'immédiat, j'en use de manière quelque peu futile. J'aimerais aussi, et c'est peut-être là plus important encore, exprimer de vive voix, et presque aussitôt sur l'écran, mon amitié et ma sincère gratitude à Arbor, dont c'est ici le pseudonyme mais dont le vrai nom mériterait d'apparaître.

Je n’ai pour l'instant que des stupidités à écrire, ou des choses banales, mais bientôt ce sera une autre paire de manches. La seule chose qui ne soit pas banale dans ce que je viens de dicter, et qui constitue d'ores et déjà une note destinée à être publiée dans mon carnet de toile, c'est cet hommage à un véritable ami.

En effet, pour mon travail, je vais pouvoir dicter mes ébauches de cours, qui me serviront de trame, ou encore pouvoir passer outre le pénible exercice consistant à recopier un texte ou à le scanner, ce qui n'est jamais un gain de temps, loin s'en faut. Il y a aussi l'aspect de mon travail qui touche à la recherche, et Dieu sait que j'ai toujours de grandes difficultés à passer au stade de l'écriture, me contentant généralement pour les communications de versions incomplètes, d’ébauches, de plans détaillés que je me charge d’oraliser en une conférence, mais qui me redemandent un nouveau surcroît de travail quand il s'agit décrire l'article. Avec ce logiciel, je pourrai enfin gribouiller au brouillon, puis faire face à l'ordinateur ce que je fais dans les colloques : une improvisation maîtrisée et appuyée sur des notes.

Relisant l'ensemble de ce qui vient d'être écrit sous la dictée de ma voix numérisée, je corrige quelques menues inexactitudes syntaxiques ou graphiques, et m'interroge également sur le hiatus entre ma voix est le modèle standard de français oral qui doit servir de soubassement à ce remarquable logiciel. Je sais que ce logiciel est évolutif, que plus je prendrai le soin de lui faire corriger les erreurs qui ponctuent notre parcours commun, plus il s'améliorera et s'adaptera à ma voix. Mais je m'amuse en découvrant que le groupe nominal « les informaticiens » devient ici « les cinq informaticiens ». C'est sans doute que je marque une pause trop importante entre in et for. J'ai laissé cette scorie à sa place, car je trouvais cela comique, et je pense que les lecteurs de ce texte seront surpris de ce cinq énigmatique, sibyllin, car, que je sache, il n'y a pas moyen de connaître avec suffisamment de détail l'équipe qui a présidé à la création de ce logiciel. Donc, cher lecteur, plus chère encore lectrice, ce cinq finit par trouver son explication.

Je viens de passer vingt minutes à écrire ce texte, en incluant les corrections apportées par l'intermédiaire du clavier. Il me reste à programmer ma voix pour la langue anglaise, si cela est possible, et à publier cette note presque instantanément dans mon carnétoile.

samedi, 03 septembre 2005

Chantiers

Six heures dix, parfaite obscurité: pas de doute, on est en septembre. Entre 6 h 05 et 6 h 20, pas moins de sept tentatives pour démarrer la connexion Internet de ce --- de Macintosh. Pas la panacée, ces bécanes... Hier, avant de me pieuter presto pour poursuivre la lecture de The Wild Palms et avancer celle de Marelle, j'ai commencé d'écrire la note relative à l'exposition Badaire. Le chantier avance.

Le chantier de construction du nouveau bâtiment du site Tanneurs, qui va entraîner (et entraîne déjà) un énorme chaos dans le travail universitaire, lui, en est au creusement des fondations. C'est à peine si quelques géomètres semblent s'agiter, de temps à autre. Ils doivent attendre que les cours reprennent pour faire jouer du marteau-piqueur de huit heures du matin à sept heures du soir. Dépêchons, la rentrée des étudiants est dans trois semaines, quand même.

vendredi, 02 septembre 2005

Contrée sauve

Vendredi soir, huit heures et demie.

J’écris ces lignes sans avoir encore pris connaissance de ce qui a pu s’écrire sur mon carnet de toile. La rentrée en moyenne section s’est bien passée pour A. Journée presque torride, ce qui fut très agréable.

Un peu avant midi, sur France Info, j’ai entendu la journaliste qui annonçait les titres puis développait les informations, parler, à propos d’un système de cartes à puces électronique testé dans un canton de l’Ardèche, des “cinq-z-écoles du canton”. Une camarade de promo de Sylvain Cottin, certainement.

Tout, dans la presse, ne bruit que des syndicats d’enseignants, qui s’apprêteraient à faire passer une sale rentrée à Gilles de Robien, le ministre de l’Education nationale. Pourtant, aucun spécialiste (et pas même, ce matin sur la même antenne, l’immarcescible Emmanuel Davidenkoff, que j’ai connu plus inspiré) ne relève que le gouvernement a fait promulguer, durant les vacances, une loi tout à fait douteuse, qui permettra, à partir du 1er janvier, aux chefs d’établissements du secondaire de demander à des collègues de remplacer, quasiment au pied levé, des collègues absents, et ce même dans une autre matière.

Collèges et lycées se transforment définitivement en garderies, cela ne gêne personne, et pas trop, je pense, cet éditorialiste des Dernières Nouvelles d’Alsace, je crois, dont je n’ai pas retenu le nom, et qui cosigne avec son épouse un ouvrage, fort polémique nous assure-t-on, sur les dysfonctionnements de l’école primaire. Interrogé, toujours sur France Info (j’ai pris aujourd’hui ma dose de radiophonie casse-pieds pour quelques semaines), il ne parle que de toilettes malpropres, de petits détails qui ont certes leur importance et peuvent gâcher quelque peu la vie des élèves, mais enfin, moi qui m’imaginais (naïvement) qu’il allait enfin se trouver un représentant médiatique des surpuissants « parents d’élèves » pour déplorer la faible transmission des savoirs, la surenchère dans la pédagogie différenciée la plus inepte, la profusion d’activités sans doute attrayantes (poterie, journal d’école, venue de conteurs et autres charlatans musicaux, sorties incessantes) mais qui n’ont lieu qu’au détriment de l’apprentissage de savoirs, et surtout, au détriment de l’habitude d’horaires de travail fixes, eh bien, je m’imaginais cela et j’ai dû me fourrer le doigt dans l’œil… Enfin, je n’ai pas retenu le nom de ce monsieur, ni le titre de son ouvrage, mais je vais vérifier mes sources, d’autant plus qu’il a pu être entraîné sur une voie de garage par son interlocuteur et qu’ils parlent donc peut-être tout de même, son épouse et lui, du grand charcutage auquel on se livre depuis deux ou trois décennies sur l’école publique.

Des moyens pour des projets insensés, ça, il y en a : le cartable électronique par exemple (un portable offert à chaque élève de 3ème dans le cadre de sa scolarité, expérience-pilote tentée par Henri Emmanuelli dans les Landes il y a quelques années et démagogiquement reprise en chœur par tant d’édiles parce que ça plaît aux électeurs, aux parents, ou peut-être même parce que ces élus qui vantent cette idée idiote y croient vraiment (et c’est ce que je souhaite vivement, car j’ai lu que M. Romero, que j’admire, la reprenait à son compte)). Je lisais récemment, sur un blog au demeurant très intéressant, que l’école publique était décrochée des réalités sociales, ou quelque chose d’approchant : eh bien, je n’en suis pas si sûr, et je le déplore. Plus on cherche à faire correspondre le contenu des formations à la réalité sociale, plus on évacue les savoirs et plus on renforce cette satanée « fracture sociale » dont notre bien-aimé Président avait fait son petit slogan avant d’oublier même le sens de l’expression, si tant est qu’il l’ait jamais connu…

Bon, j’arrête là mes salades… ou de vider mon panier…

jeudi, 01 septembre 2005

Varia, varia… le travail attendra

J’aurai bientôt mon nouvel ordinateur portable ; il faut seulement que je prenne une poignée de demi-heures pour faire le tour des deux ou trois magasins susceptibles de m’intéresser. Je pourrai enfin installer sur cet ordinateur le logiciel de dictée et de transcription de la voix que m’a passé Arbor, et dont il m’avait fait, fin mai, une démonstration tout à fait convaincante sur son ordinateur.

Je dois me remettre sérieusement au travail, aussi et accessoirement. Pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup arrêté, car ce carnet m’a tenu en constant éveil intellectuel. En outre, je n’ai jamais autant écrit en si peu de temps, treize semaines à peine. (Il y a quelque chose à tirer de cette constatation.)

Je dois donc, dans les quelques jours qui viennent :
* prendre des repères pour mon cours d’UE libre sur l’humour britannique (dont on ne peut savoir encore s’il existera bel et bien – et, s’il a lieu, les cours commencent le 26 septembre!)
* choisir l’ensemble des textes de thème que je veux soumettre à la sagacité de mon groupe de 3ème année (nouveau cours)
* idem pour le cours d’analyse littéraire de 3ème année (nouveau cours également)
* idem pour le cours de traduction & lexicologie appliqué aux domaines techniques et financiers (pas un nouveau cours, mais je n’aime pas rabâcher)
* refondre mon cours de CAPES-agrégation sur The Good Soldier

Cela pour l’enseignement. Je vous épargne le détail des tâches administratives, qui n’ont pas vraiment cessé de peser sur mes épaules, grâce au courrier électronique (!). Côté recherche, il y a du pain sur la planche, avec deux articles à rendre, un dont le délai es archi-dépassé, sans doute irrattrapable.

Il faudrait (mais cela, ce sera pour le printemps prochain) refondre deux articles ébauchés et non achevés, et les proposer à des revues américaines. L’un est dans la lignée de ma communication de mars dernier à Reims (sur le roman d’Amos Tutuola, The Witch-Herbalist of the Remote Town. L’autre est ce texte encore approximatif sur le second roman de Jamal Mahjoub, qui servit de point d’ancrage à ma communication lors de l’atelier Littératures post-coloniales de mai 2004 à Saint-Quentin-lès-Yvelines.

En revanche, il faudrait, dès avant l’hiver, remettre en chantier la publication des actes du colloque Fantasizing Africa.

Je m’aperçois souvent, relisant par hasard des pages de ce carnétoile (au hasard des commentaires déposés par les internautes, that is), que je ne parle pas du tout de l’Afrique, ni surtout de la littérature africaine, dont – à l’exception (notable) de quelques lectures du mois de juillet – je me suis tenu un peu éloigné ces temps-ci, pendant la période d’écriture de ce carnet. C’est un manque criant, dont la béance me frappe beaucoup, t qu’il faudra songer à combler. Comme j’ai décidé de ne me contraindre en rien et à rien lors de ces travaux d’écriture, ce n’est pas grave. Mais cette pensée est là, telle une ritournelle, et il fallait la consigner.

Un simple clic sur le lien qui mène aux notes de la catégorie Affres extatiques suffirait, je pense, à confirmer cette béance.

……………

En écoute : Four for Trane (Archie Sheep Sextet, 1964)

L’excellent critique

Si le bon écrivain est celui qui suscite l’envie d’écrire (comme Renaud Camus ou Enrique Vila-Matas, parmi mes lectures récentes, l’ont suggéré), le bon critique est celui qui fait naître le désir de lire les œuvres qu’il commente et les écrits théoriques sur lesquels il s’appuie : de ce double soubassement, naît en moi, à la lecture de Maupassant in the Hall of Mirrors, la soif de découvrir Pierre et Jean, mais aussi Narrative Fiction de Shlomith Rimmon-Kenan. Trevor Harris doit donc être un excellent critique, ce que chaque page de son livre confirme.

Une spirale de plus. Cet excellent critique me pousse à interrompre ma lecture pour écrire cette note: serait-il aussi un bon écrivain? oui, assurément. Comme il me donne aussi des idées pour reprendre, sur la question des personnages en particulier, mon activité de critique et de chercheur, passablement délaissée cet été, voici une autre spirale encore.

Mais il faut bien clore en notant, dans ce carnet à spirales, que, tout comme le critique, félin polyvalent, aux neuf excellences, il me faudrait, moi, pas moins de neuf existences pour accomplir tout cela.

lundi, 29 août 2005

Nouvelles informatiques

J'ai récupéré ce soir mon ordinateur portable, dont l'écran ne fonctionne pas mais que je vais pouvoir relier à l'écran du vieux PC (c'est simple, l'informatique...). D'ici quelques heures (dans l'immédiat ce sera le dîner de mon fils, puis le nôtre, avant une soirée de travail et d'écriture), je pourrai enfin récupérer mes courriels, dont quelques-uns doivent m'attendre. J'imagine le pire: huit jours pleins sans consulter ma boîte ni pouvoir écrire. Comme des myriades de petits emmerdements me sont tombés dessus à l'université aujourd'hui, je suppose que les courriels d'étudiants auront poursuivi leur course également (ça n'a pas arrêté de juilet et août).

A suivre...

18:08 Publié dans Ex abrupto, WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

Esprit, es-tu là ?

Hier soir, dans la courette sise entre la rue et notre maison, A., mon fils, jouait.

Confortablement installé dans un fauteuil de jardin, je feuilletais – quoi ? un numéro récent de la revue Esprit. Puis j’entrepris de lire le premier article, par un certain Jacques Dewitte, et consacré à la question du mal dans le dernier livre publié par Coetzee, Elizabeth Costello. Le sujet m’intéresse à plusieurs titres: la littérature africaine est mon domaine d’étude principal, et j’ai, à ce titre, publié plusieurs articles sur certains écrivains sud-africains, Breyten Breytenbach notamment; j’ai lu la plupart des grands romans de Coetzee, pour qui j’ai une admiration modérée et dont j’essaie toujours de comprendre pourquoi, aux yeux de la quasi totalité de mes collègues, c’est un tel géant des lettres; j’ai lu Elizabeth Costello, dès sa sortie, et donc juste avant l’attribution du Prix Nobel de Littérature 2003 à Coetzee, et c’est un livre qui m’a fasciné et tourmenté nettement plus que les autres textes de cet auteur, à tel point que, sous le coup encore de cette lecture, je fus presque convaincu, début octobre, que Coetzee n’avait pas volé son Prix Nobel (alors qu’il s’agit en partie d’une usurpation ou d’un malentendu).

Ultime raison de m’intéresser à cet article, j’avais vu, en parcourant la revue, qu’il était essentiellement consacré à la sixième "conférence" de l’écrivain imaginaire éponyme. Or, à l’automne 2003, ce texte-là avait d’autant plus d’intérêt pour moi qu’il y était longuement question de Paul West, que j’avais découvert depuis plusieurs mois, que je lisais assidûment, et que je finis par rencontrer en octobre 2003, à l’occasion du colloque qui lui était consacré à l’Université François-Rabelais (colloque organisé par ma brillante collègue américaniste Anne-Laure Tissut). De quoi titiller particulièrement ma curiosité, donc.

Pour résumer le propos de cette sixième partie du livre de Coetzee, Elizabeth Costello, écrivain entièrement fictif sorti de l’imagination de Coetzee et personnage principal du livre, s’apprête à donner, au cours d’un colloque, une conférence plénière sur la relation entre le Mal et l’esthétique. Sa conférence repose entièrement sur une lecture qu’elle vient de faire, et qui l’a hantée et tourmentée: il s’agit d’un roman de Paul West intitulé The Very Rich Hours of Count von Stauffenberg dont le sujet est le nazisme, et le personnage éponyme un tortionnaire nazi. Elizabeth Costello décide de dénoncer l’écrivain qui, en représentant le Mal, y participe et aggrave encore les crimes des nazis. Point de vue moral et esthétique qu’elle éclaire longuement, dont il est difficile de dire à quel degré Coetzee lui-même, l’auteur, le partage. Bref, si cette question vous intéresse (et elle mérite votre intérêt, ainsi que le livre de Coetzee dans son entier), le mieux est de se reporter au texte (en anglais, ou en français, comme M. Dewitte, qui, semble-t-il, n’a pas travaillé à partir de l’original).

Voici maintenant où je voulais en venir. Je lus donc l’article de M. Jacques Dewitte, qui me sembla enfoncer quelques portes ouvertes, décrire plutôt qu’analyser, autant dire qu’il n’apportait rien de neuf, aucun éclairage particulièrement saisissant, mais que, faisant le tour de la question, il s’agissait d’un article plus érudit qu’incisif, bref, un article de critique honnête. J’insiste sur cet adjectif (honnête), car je ne m’attendais en rien au coup de théâtre qui m’a cueilli à froid, à l’avant-dernière page de ce texte qui en compte vingt-et-une. Figurez-vous qu’après avoir consacré toute sa recherche au discours critique d’Elisabeth Costello (écrivain fictif et héroïne de Coetzee) sur un roman de Paul West, écrivain américain connu, reconnu, prolifique, traduit en français… eh bien, M. Dewitte écrit ceci :

"Il peut se produire chez celui qui lit une décharge d’énergie irréductible à une simple "représentation". C’est ce dont a fait l’expérience Elizabeth Costello, personnage imaginaire de J.M. Coetzee, en lisant le livre imaginaire de Paul West, autre romancier imaginé par Coetzee : un choc bien réel, une rencontre effective avec le Mal qui n’est pas seulement décrit, représenté, mais transmis par ce canal comme un courant électrique..." (J. Dewitte. "La dupe de Satan. Une réflexion de J.M. Coetzee sur le Mal". In Esprit, juin 2004, n°6, pp.24-5, gras ajouté)

Insensé ! Pour le coup, le choc bien réel, c’est moi qui l’ai subi de plein fouet. Ainsi donc, ce chercheur n’a pas cherché plus loin que le bout de son nez, et, par l’omission de ce qui devait lui sembler un simple détail, fait s’effondrer tout son échafaudage tel un château de cartes balayé par une porte claquée! C’est du joli, comme on dit familièrement. Paul West appréciera de devenir seulement un personnage de Coetzee. Je crois savoir, déjà, qu’il n’a pas tellement apprécié le point de vue avancé au sujet de son roman, ni le portrait peu flatteur que le texte brosse de sa personne (car West, et c’est là l’une des astuces de la sixième "conférence", est présent lors du colloque).

Comment, mais comment un critique peut-il s’atteler à un sujet dont il ne connaît pas le premier mot! Toute la subtilité du texte de Coetzee vient justement du fait qu’il mêle la lecture d’un écrivain célèbre fictif et d’un roman qui existe réellement. Si on ne voit pas cela (par défaut d’érudition, de curiosité intellectuelle ou peut-être d’intelligence), on ne comprend rien à l’argumentaire équivoque de Coetzee, qui attribue justement le discours éthique sur la réalité de l’effet d’une œuvre d’art à un personnage, et non à une personne réelle; la double pirouette réside dans l’objet de la critique costellienne, le roman de Paul West, qui existe, et dont le lecteur réel peut prendre connaissance afin de mieux comprendre la distance possible entre ce que dit Elizabeth Costello (ce que Coetzee lui fait dire) et le point de vue de Coetzee, lui-même créateur.

Dans la courette de gravier, j’eus le souffle coupé. Il va de soi que ma désapprobation n’épargne pas la rédaction de la revue Esprit, que je tiens pourtant en haute estime mais qui, semble-t-il, ne procède pas toujours à toutes les vérifications. A tout moment, dans une telle situation, l’affaire Sokal peut se reproduire… Errare humanum est, certes, mais les humanités sont tombées assez bas, quand même.

dimanche, 28 août 2005

… ce que je crois.

Samedi 27, onze heures.

Griffonnant au dos d’une autre fiche bristol, je pourrais (comme j’ai remarqué en silence ou sans encre que Pauline, au recto de la fiche précédemment utilisée, était née un 31 mars 1986 à Albi, ce que je n’avais jamais su ni lu car il ne faudrait pas croire que les professeurs se font un devoir d’apprendre par cœur l’état-civil de leurs élèves ou étudiants, ces fiches ne servent pas souvent, et seulement dans des cas précis, particuliers, pour vérifier un renseignement, associer un nom et un visage quand la photographie d’identité (ou une photocopie de mauvaise qualité) a été fournie, chercher éventuellement les coordonnées de l’impétrant(e)) noter, et vais le faire (car c’est là l’objet, le seul objet de cette note manuscrite qui vous démontre notamment que les longues périodes interminables avec maintes parenthèses ne sont pas le seul fait de l’écriture par ordinateur), que cette étudiante-là, Caroline, qui n’avait pas remis de photographie, était l’une des plus jolies, née à Bombay le 15 juin 1986, et était venue me consulter, en compagnie de son ami, étudiant qui se trouvait suivre aussi mes cours, dans une autre filière et à un autre niveau (en première année), pour obtenir des renseignements sur les séjours à l’étranger et mon avis (assorti si possible de corrections, que je ne manquai pas de leur suggérer) sur leurs C.V. et lettres de motivation respectifs, un fort joli couple à la vérité, elle métisse d’Indienne et d’Européen, teint mat et yeux verts, lui d’origine antillaise, plus " banlieusard " mais d’une grande déférence non feinte, doux et poli, peut-être plus amoureux d’elle qu’elle de lui, encore qu’il soit difficile de se convaincre de telles conjectures d’un regard extérieur, car ce n’est pas toujours évident ni aisé à déterminer même pour le couple d’amoureux lui-même, et d’autant moins d’ailleurs que l’épreuve des faits ne vaut rien en l’espèce, puisque, si Caroline est effectivement la moins amoureuse des deux, c’est peut-être Cyril qui la quittera ou la trompera le premier, car le principe des vases communicants aura joué, et peut-être même est-il impossible de parler de vases communicants, l’amour n’étant pas du tout une question de dosage ou de réciprocité, ce que je crois.

18:05 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (7)

mercredi, 17 août 2005

Du cinéma

Courriel envoyé le 31 mars dernier:

Cher E°°°,

j'avais en effet prévu de te confier la surveillance, car je supposais que l'examen de cinéma devait avoir une tournure un peu spécifique.
Je te fais confiance et te laisse toute latitude en l'espèce.

Merci du sujet et bien à toi,

Guillaume

mardi, 16 août 2005

Des examens

Un courriel envoyé le 30 mars dernier:

Chère A°°°

je te confirme par le présent courriel que je serai présent pour les examens: lundi 9 mai mardi 10 mai du lundi 16 au vendredi 20 mai

Je te ferai parvenir, en temps utile, une liste des petits problèmes qu'il pourrait être nécessaire de guetter pour les journées du mercredi 11 au vendredi 13, où je serai, comme S°°° d'ailleurs, à Toulouse pour le congrès de la S.A.E.S...

Merci d'avance de ton concours!

Autre chose, je voudrais savoir si tu avais à ta disposition une version plus "propre" du texte que tu as remis pour la session de mai: il est déjà assez peu lisible et risque de devenir définitivement illisible à la reprographie. Par ailleurs, est-ce délibéré de n'avoir mis aucune référence de texte (ni auteur ni titre)?

Bises,

Guillaume

lundi, 15 août 2005

S'y retrouver

Avec ma prolixité retrouvée, la gabegie menace. Une solution: arrêter de me lire.

Sinon, un petit conseil à ceux qui, désireux de me lire plus avant, et qui craindraient d'avoir laissé passer une note: le module des "notes récentes" (à droite) n'est guère satisfaisant, aussi est-il préférable de lire par journée, ou encore de recourir aux fameuses catégories (dont je ne voulais pas entendre parler avant, mais seuls les imbéciles ne changent pas d'avis).

21:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

Pourquoi ça sent le réchauffé

Aujourd'hui, théoriquement, nous serons . Ce qui explique que les notes qui seront publiées au fil de cette journée furent écrites le 14 août, et portent sur la question des "beaux vers".

02:00 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

vendredi, 12 août 2005

Agacement

Je ne sais pourquoi, mais, depuis le 6 août, ou peut-être un peu avant, le service H&F ne propose plus, dans la rédaction de ces notes, les sauts de ligne automatiques, ce qui m'oblige à recourir aux balises de saut de ligne simple ou double. Le plus gênant est que, si je veux réenregistrer d'anciennes notes sous les catégories créées récemment, il me faut prendre garde à remettre en forme les paragraphes, sans quoi une note, longue et constituée à l'origine de huit ou neuf paragraphes, se retrouve faire bloc, ce qui n'est pas le but recherché.

Certaines de mes lectrices s'étonnent de mon silence, voire de mon passage à vide. Qui n'en a pas, pourtant? Croyez que ce sont vos encouragements et votre présence constance, votre fidélité, les gentillesses et mots doux que vous ajoutez au bas de mes pointillistes fioritures qui me poussent à poursuivre l'aventure.

Le plus curieux, c'est que j'ai de nombreuses idées de notes, ou pour faire évoluer les publications dans ce carnétoile. Mais, manque de temps ou d'énergie, me voici impuissant à les concrétiser. Affaire à suivre...

10:10 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 10 août 2005

Insister ou se désister

Comme l’orage ne cesse de menacer, comme la pluie ne tombe jamais, les arbres desséchés meurent, et l’herbe, de jaune, blanchit; le tonnerre gronde au loin, mais l’eau tant désirée ne semble pas vouloir venir, désespérément lointaine.

Les sollicitations amicales et familiales, doublées d’une soudaine aphasie, inertie, m’ont fait dériver, voguer à vau-l’eau. Je n’ai pas vraiment lu Cioran. A peine l’ai-je feuilleté: c’est le genre d’auteur que, typiquement, je dois être en bonne santé et avec le moral gonflé à bloc pour lire. Dans l’état où je me trouve, il m’ennuie aussitôt. Et d’ailleurs, je lis peu depuis une semaine. Je reprends tout de même mes esprits, un peu, avec les quatre premiers livres des Châtiments, qui me donnent surtout l’envie, une fois que je serai rentré à Tours, de me replonger dans les Tragiques.

J’ai commencé aussi Longlive ! de Menan Du Plessis, une romancière sud-africaine que je ne connaissais, depuis longtemps, que de nom, mais qui écrit remarquablement bien. Son livre me fait l’effet d’être la face lumineuse du roman de Tariq Goddard lu récemment, obstinément (quoique bellement) cynique.

L’écriture… A peine si j’ai pu, en une poignée de secondes, ternir chaque jour la face, désembuer la vitre de ce carnet de toile. Mettre à la voile.

Je sais fort bien quel sens a mon existence. C’est plutôt le désarroi ou le désespoir des autres qui m’a affecté ces derniers temps, et m’a rendu sans voix, ou inintelligible (à moi-même). Si je sais dans quel sens vont mes cheminements, je me suis désentiché, peut-être passagèrement, de Touraine sereine, ne trouvant plus, à cette œuvre de chaque jour, la même consistance, mais comprenant pourtant que, si je ne persistais pas à inscrire une trace, même minime, même moindre, chaque jour, le fil serait rompu, peut-être inéluctablement.

Le vent souffle dans les branches rutilantes du lajerstraëmia (orthographe ?), le tonnerre ne se fait plus entendre, même au loin, et la pluie tant attendue, tant désirée, n’exauce pas nos vœux.

Consistance et persistance. Il en était question deux paragraphes plus haut. Persister, mais à quoi bon ? Dois-je l’écrire ? Ce qui m’encourage à poursuivre l’expérience, à redoubler d’efforts, ce sont mes quelques lecteurs. Oui, c’est toi, et toi encore. Lire un commentaire d’encouragements, puis constater que, malgré le désert toujours plus régnant, une petite centaine d’internautes continuent d’aller voir s’il vente sur ces rives, cela m’encourage à persister. Mais avec quelle consistance? En quoi mon projetconsiste-t-il? N’était-il pas fatal qu’éloigné depuis bientôt un mois de la Touraine qui devait en être le sujet principal, ce carnet ne se disperse, ou n’aille à la dérive? (Il y a, dans la phrase qui précède, une vilaine (ou hardie, c’est selon) asyndète, que je laisse mélancoliquement fouetter vos yeux striés de sable.)

Persister selon quelle consistance?

Me contenter de publier des textes anciens? Ce serait un faux-semblant.
Sombrer dans le strict cadre du journal intime? Tel n’est pas mon propos.
Me contraindre, tête baissée, à écrire des recensions de tel disque écouté, de telle chose vue, de tel livre lu? Vanitas…

De grosses gouttes choient sur l’herbe et le pavé. Dans la maison où j’écris, celle de mes parents, où le laconisme me guettait, l’aphasie m’affolait, la pluie répondrait-elle à mes doutes en offrant sa berceuse d’eau? Ou ne seront-ce, selon l’expression de ma mère, que «trois gouttes», comme si ce carnet lui aussi lançait ses dernières lueurs?

(Cinq minutes plus tard.) Il ne pleut déjà plus.

samedi, 06 août 2005

Nescioquid

Hiroshima a marqué le début de ce qui est, pour toujours, notre avenir. Nous savons que nous allons droit au fond du gouffre.

Macrocosme et microcosme, j'ose à peine l'écrire - désertique, dévasté, je me sens abject. A quoi bon poursuivre?

17:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (5)