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mercredi, 05 décembre 2007

Mercredi, c'est tanneries

À onze heures moins vingt, un collègue m'a téléphoné pour me dire que tout le monde était coincé dehors, alors que le site devait rouvrir, dès huit heures, et ce après trois jours de fermeture administrative. Le mercredi est le seul jour de la semaine que je consacre à rester chez moi : famille et travail à domicile ; visiblement, je ne rate rien.

À Bordeaux-III, où les cours ont repris après trois semaines d'interruption (soit deux de moins qu'ici, à Tours), on vient d'annoncer aux enseignants et aux étudiants que le rattrapage des cours devait avoir lieu du 3 au 22 juillet. Il va de soi que, dans la mesure où la majorité des personnels et des étudiants, non grévistes, sont présents et prêts à assurer ou recevoir leurs cours, ce genre de "rattrapage" est illégal et qu'on ne saurait l'imposer.

Michel Lussault a, paraît-il, évoqué dans les colonnes de la NR la perspective d'un "semestre blanc" pour toutes les filières concernées par le blocage. On se dirige de facto, et comme je le répète depuis un mois maintenant, vers un redoublement pur et simple du semestre pour toute la promotion. Quel gâchis... Tout ça pour une centaine d'irresponsables qui ont pris prétexte de la LRU pour jouer à la guéguerre...

10:55 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (48) | Tags : Ligérienne

lundi, 03 décembre 2007

La lutte anti-LRU, c'est ça...

Ce matin, les cours devaient reprendre sur le site des Tanneurs ; c'était la dernière chance de sauver le semestre, menacé sinon d'annulation pure et simple. Apparemment, certains cours ont pu avoir lieu à Fromont, mais ce fut, rue des Tanneurs, une jolie pantalonnade (une de plus).

Comme la réouverture du site était annoncée pour 10 heures, je suis arrivé à 9 h 30 ; il était impossible d'entrer par le parking, et moins encore par les autres accès. Tout était fermé, et des centaines d'étudiants et de collègues battaient le pavé. Plusieurs groupes de bloqueurs, rassemblés par poignées de huit ou dix, et tous ou presque à visage couvert (écharpe ou pull-over jusqu'au-dessous des yeux), patrouillaient de ci de là. Il y avait aussi plusieurs fourgons de CRS.

Nous avons bientôt appris que des bloqueurs avaient réussi à entrer dans le bâtiment, à bloquer de nouveau de nombreuses issues avant de se réfugier dans la bibliothèque universitaire, non sans avoir forcé l'entrée en démontant une partie du rideau de fer. Tous, collègues, étudiants, secrétaires, nous étions là, dehors, à attendre de voir si le bâtiment allait ouvrir.

Un concours blanc du CAPES d'anglais devait avoir lieu ; en voyant l'heure tourner, nous avons décidé, la collègue qui devait m'aider à distribuer les sujets et à surveiller et moi, de renvoyer les étudiants à leurs chères études (c'est le cas de le dire) et d'organiser le devoir ultérieurement sous forme électronique (ce qui ne va pas sans poser quelques complications, mais enfin...).

 

Vers onze heures et quart, comme le site n'ouvrait toujours pas, et comme je discutais avec plusieurs collègues, dont une maître de conférences d'italien que je connais un peu et que j'aime bien, le sémillant Benoît La Francesca (que nous avions tous vu, depuis plus d'une heure, aller d'un groupe de bloqueurs à l'autre, et bouillonner d'en découdre avec les CRS) s'est approché de notre petit groupe, et, interrompant notre conversation, a commencé à parler à cette collègue en italien, et en lui disant, en substance, qu'il ne fallait pas discuter avec des garçons comme moi. Trouvant très cavalière cette façon de faire, je lui ai dit sur un ton amusé qu'elle était capable de décider seule qui elle pouvait fréquenter. Sur quoi Benoît La Francesca : "je ne vous parle pas, à vous". Tandis qu'il continuait son discours comminatoire en italien (dans lequel des mots tels que sbiri et fascisti trouvaient naturellement leur place), je lui ai fait remarquer qu'il était paradoxal, d'un point de vue strictement linguistique et performatif, de dire à quelqu'un qu'on ne s'adresse pas à lui. Sur quoi Benoît La Francesca : "je te parle pas, je te dis, et me cherche pas ou je te pète la gueule". Là, je dois avouer que je n'ai fait aucune remarque sur l'aspect éventuellement performatif de cette docte saillie... sans doute est-ce par lâcheté, d'où la phase testiculaire qui s'est ensuivie...

Une fois que Benoît La Francesca eut lâché son "je te pète la gueule", il a été appuyé, dans son discours d'une haute tenue, par un étudiant "bloqueur" qui passait alors près de nous, que je n'avais jamais vu et qui m'a traité de "nazillon visqueux". Ils s'éloignèrent alors tous deux, touchant tableau, et comme je demandais, sans grand espoir d'éclaircissement, ce qui pouvait me valoir le qualificatif de "nazillon visqueux", Benoît La Francesca s'est retourné pour me hurler à la face que je n'avais "pas de couilles".

Les collègues témoins de la scène étaient édifiés. Pour ma part, j'étais très surpris d'avoir même gardé un calme olympien, ce qui n'est pas dans ma nature.

Il faut savoir que M. Benoît La Francesca (dont je pseudonymise ici le nom) est professeur de rang A et que les propos qu'il tenait à la collègue (maître de conférences, comme moi, et donc de rang B) étaient non seulement insultants à mon égard, mais également une menace voilée vis-à-vis d'elle. Bref, en quelques minutes, ce charmant monsieur s'est comporté en mandarin fier de son statut de "rang A", tout en faisant preuve de sexisme, de radicalisme idéologique (pour dire le moins), de goujaterie, et, pour tout dire, en démontrant l'étendue de sa violence. À présent, j'attends de voir si les syndicalistes du SNES-Up, qui ont toujours soutenu ce merveilleux démocrate et polémiste subtil, continuent de lui confier les fonctions de porte-drapeau de la cause syndicale...

 

En fin de compte, les bloqueurs sont partis manifester, escortés par la troupe des CRS ; il a été annoncé que le site n'ouvrirait pas ce jour, et je suis allé prendre un verre avec quelques amis, avant de rentrer à la maison, non sans avoir raccompagné un collègue chez lui et découvert un disque étonnant : Anna Livia Plurabelle, d'André Hodeir, mise en musique jazz très serrée et vibrante d'un célèbre chapitre de Finnegans Wake. Cela, et le vin de myrte corse, remonte le moral.

16:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (13)

vendredi, 30 novembre 2007

Tanneurs, vingt-cinquième jour

Ce matin, à peine arrivé, j'ai fait demi-tour, car le site des Tanneurs est entièrement fermé. Il s'agit, à ce que j'ai compris, d'une fermeture administrative en vue de remettre les bâtiments en ordre. Le site sera ouvert normalement dès lundi matin, et les cours reprendront.

L'agent à qui j'ai demandé si le site serait "sécurisé" lundi matin m'a répondu par l'affirmative. Autrement dit, la police sera présente ; ça promet...

09:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Ligérienne

jeudi, 29 novembre 2007

La vie entre guillemets

Une fois n'est pas coutume, je vais copier-coller ci-après la totalité du texte étudié ce matin en séminaire de sémiotique (master 1). Il s'agit d'un extrait des (très savoureuses) Prose Fancies de l'injustement sous-estimé et méconnu Richard Le Gallienne (texte publié en 1894). Quel entremêlement délicieux de satire, de parodie, d'auto-ironie, de réflexions l'air de rien sur le phénomène désormais (et depuis quelques lustres) baptisé intertextualité... ("Nous ne faisons que nous entregloser", écrivait Montaigne.)

Du point de vue de la stricte sémiotique, les sujets de réflexion ne manquaient pas : la métaphorisation du signe de ponctuation, notamment, nous a occupés quelque temps... Il faut vraiment que je pousse ma fréquentation de l'oeuvre de Richard Le Gallienne, dont un étudiant (lecteur de ce carnétoile, d'ailleurs) m'a demandé s'il avait des origines françaises. Sans rien en savoir, je n'ai pu que formuler l'hypothèse d'origines huguenotes et d'un exil à l'époque bénie des guerres de religion. This, however, remains a wild guess.

Je m'aperçois aussi qu'il n'a pas du tout été question de l'allusion, dans le second paragraphe, au conte fantastique dans lequel l'ombre prétend être la "substance". Il s'agit, à mon avis, d'une référence au Peter Schlemihl de Chamisso, une pierre encore dans le jardin des Romantiques.

 

Dans la mesure où il ne reste que trois séances, je pense que nous n'aurons pas le temps de traiter du magnifique sonnet de Gerard Manley Hopkins, God's Grandeur, ce que je déplore. [ Redécouvrant, ces temps-ci, la poésie de Jean Sénac, je suis resté admiratif, lundi dernier, du 14ème sonnet des Leçons d'Edgard ; or, il s'agit d'un ensemble de 25 poèmes d'un niveau plutôt inégal. ]

Mais voici l'extrait promis des Prose Fancies :

 

 

LIFE IN INVERTED COMMAS

 

As I waited for an omnibus at the corner of Fleet Street the other day, I was the spectator of a curious occurrence. Suddenly there was a scuffle hard by me, and, turning round, I saw a powerful gentlemanly man wrestling with two others in livery, who were evidently intent on arresting him.

These men, I at once perceived, belonged to the detective force of the Incorporated Society of Authors, and were engaged in the capture of a notorious plagiarist. I knew the prisoner well. He had, in fact, pillaged from my own writings; but I was none the less sorry for his plight, to which, I would assure the reader, I was no party. Yet he was, I admit, an egregiously bad case, and my pity is doubtless misplaced sentiment. Like many another, he had begun his career as a quotation and ended as a plagiarism, daring even, in one instance, to imitate that shadow in the fairy-tale which rose up on a sudden one day and declared himself to be the substance and the substance his shadow. Indeed, he had so far succeeded as to make many people question whether or not he was the original and the other man the plagiarism. However, there was no longer to be any doubt of it, for his captors had him fast this time; and, presently, we saw him taken off in a hansom, well secured between strong inverted commas.

This curious circumstance set me reflecting, and, as we trundled along towards Charing Cross, my mind gave birth to sundry sententious reflections.

After all, I thought, that unlucky plagiarist is no worse than most of us: for is it not true that few of us live as conscientiously as we should within our inverted commas? We are far more inclined to live in that author, not ourselves, who makes for originality. It is, of course, difficult, even with the best intentions, to make proper acknowledgment of all our "authorities" - to attach, so to say, the true 'del. et sculp.' to all our little bits of art. There is so much in our lives that we honestly don't know how we came by.

As I reflected in this wise, I was drawn to notice my companions in the omnibus, and lo! there was not an original person amongst us. Yet I looked in vain to see if they wore their inverted commas. Not one of them, believe me, had had the honesty to bring them. Each looked at me unblushingly, as though he were really original, and not a cheap German print of originals I had seen in books and pictures since I could read. I really think that they must have been unaware of their imposture. They could hardly have pretended so successfully.


There was the young dandy just let loose from his band-box, wearing exactly the same face, the same smile, the same neck-tie, holding his stick in exactly the same fashion, talking exactly the same words, with precisely the same accent, as his neighbour, another dandy, and as all the other dandies between the Bank and Hyde Park Corner. Yet he seemed persuaded of his own originality. He evidently felt that there was something individual about him, and apparently relied with confidence on his friend not addressing a third dandy by mistake for him. I hope he had his name safe in his hat.

Looking at these three examples of Nature's love of repeating herself, I said to myself: Somewhere in heaven stands a great stencil, and at each sweep of the cosmic brush a million dandies are born, each one alike as a box of collars. Indeed, I felt that this stencil process had been employed in the manufacture of every single person in that omnibus: two middle-aged matrons, each of whom seemed to think that having given birth to six children was an indisputable claim to originality; two elderly business men to correspond; a young miss carrying music and wearing eye-glasses; and a clergyman discussing stocks with one of the business men; I alone in my corner being, of course, the one occupant for whom Nature had been at the expense of casting a special mould, and at the extravagance of breaking it.

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lundi, 26 novembre 2007

Blocage aux Tanneurs, 4ème semaine

Les résultats du vote électronique au sujet d'une éventuelle reprise des cours dans les U.F.R. de Lettres & Langues et d'Arts & Sciences Humaines sont assez clairs : 1591 votants ; 81% en faveur de la reprise des cours ; 12% contre ; 7% d'"abstentions". (En effet, il était possible de voter blanc, en quelque sorte.)

Comme les A.G. d'étudiants grévistes avaient appelé au boycott de ce scrutin, on peut se réjouir d'une assez large participation, et surtout d'un résultat incontestable qui a bien mis en évidence qu'il existait une vaste majorité muselée qui désire reprendre le travail.

Comme on pouvait s'y attendre, les "bloqueurs" n'ont pas reconnu la légitimité de ce résultat, et, voyant que les différentes issues avaient été débloquées samedi et les chaises et tables rangées dans les salles, ils erraient ce matin comme des âmes en peine, par petits groupes hargneux, essayant désespérément de forcer les portes. Ils ont même bousculé délibérément un collègue qui avait eu le malheur de ne pas se pousser suffisamment à leur goût.

Ils ont donc agi comme suit : tout d'abord, ils ont allumé un feu de joie à l'accueil (porte M), ce qui a eu pour conséquence immédiate d'enfumer durablement la cage d'escalier. Puis ils ont décidé de déménager le site voisin d'Anatole France, d'où ils ont extirpé chaises, tables, etc., pour se livrer à leur habituel chambardement. Des étudiants m'ont raconté que les automobilistes regardaient passer ces groupes portant chaises et tables avec une mine effarée.

Il y a quelques instants, près de la salle 36, une échauffourée a eu lieu, qui n'a pas été loin de dégénérer. On se demande comment tout cela va finir.

10:50 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : Ligérienne

vendredi, 23 novembre 2007

Violence verbale & inculture des bloqueurs, suite (hélas)

J'avais donné rendez-vous à mes étudiants, ce matin, afin de voir s'il était possible de faire cours, ou, à défaut, de répondre aux questions diverses qu'ils se posent et qu'ils me posent par voie électronique.

Le "comité d'accueil" très agressif qui nous attendait, les quelques étudiants venus prendre quelques conseils et moi, ce matin à neuf heures devant la B.U. ne donne, une fois encore, pas une très bonne image du mouvement de blocage. Trois "bloqueurs" m'ont traité de "débile", un autre m'a dit que "faire cours c'[était] inciter à la haine", et un autre enfin m'a déclaré droit dans les yeux : "vous allez en pâtir". Quand j'ai répliqué que c'était une menace, un autre m'a répondu que ce n'était pas une menace, mais un "conseil".

Pendant quelques secondes, je me suis demandé si on était en train de tourner un remake du Parrain aux Tanneurs, mais apparemment non : dire à quelqu'un qu'il va "en pâtir" après l'avoir traité de "débile", c'est lui donner un conseil. On admirera aussi par quelle captivante tournure d'esprit faire cours revient à "inciter à la haine".

Heureusement que deux étudiants de l'IUT de journalisme filmaient la scène... c'est intéressant pour la suite.

 

Toutefois, j'étais très heureux de revoir enfin des étudiants dans un contexte de travail. Pour le premier groupe, sur un total de 40 inscrits, il y avait quinze étudiants. Pas assez pour faire cours, donc, d'autant que les bloqueurs se montraient menaçants. Les quinze étudiants ont travaillé en bibliothèque, et j'étais présent pour répondre à leurs questions et demandes d'éclaircissement sur tel ou tel point. Finalement, je faisais ce que j'aurais fait, de toute manière, par e-mail, si ce n'est que la conversation à plusieurs et de vive voix est toujours plus enrichissante et permet de lever plus rapidement les éventuels malentendus.

Pour le groupe de thème de L3, il y avait onze étudiants, sur une petite trentaine d'inscrits. Là encore, pas de cours à proprement parler, mais l'occasion de parler de problèmes spécifiques de syntaxe et de diverses subtilités lexicales.

13:25 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : Ligérienne

jeudi, 22 novembre 2007

Blocage, ça continue...

... mais ce sont surtout les étudiants qui restent chez eux, pour leur grande majorité, à flemmarder - alors que, dans la mesure où l'accueil n'est plus du tout tenu par les piqués piquets de grève, ils devraient tous être présents, au moins à la bibliothèque.

Du coup, je reprends mes cours : dès ce matin, le master 1, et le reste va suivre.

13:10 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (42) | Tags : Ligérienne

mercredi, 14 novembre 2007

Appel d'un collectif d'étudiants de Tours

A l’attention de tous les étudiants !!!

L'éducation est un droit, on pourrait penser que dans le pays des droits de l'homme, il serait respecté. Ce n'est pas le cas pour tout le monde, surtout quand vous êtes opprimés par une minorité qui soi-disant défend des valeurs démocratiques et vous empêche d’assister à des cours.

 

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (du 10 décembre 1948 en son Article 26) :« Toute personne a droit à l’éducation ».

Ne faisons pas l’amalgame entre anti- LRU et anti-blocage !!! Nous invitons tous les étudiants souhaitant reprendre les cours à se joindre à nous !!!

 

 

Quelle est la légitimité des AG ?

1) Le nombre d’étudiants présents dans un amphi n’est pas représentatif de la totalité des étudiants de l’Université François Rabelais Lettres et Langues. La totalité des étudiants de Tanneurs représente environ 7000 individus ; or il n'y en avait qu’environ 575 le 6 Novembre (soit à peine 10% du nombre total des étudiants)  et environ 900  le 12 Novembre pour la poursuite du blocage (nous disons environ ici, car selon nous, compter des individus  selon le nombre de mains levées est assez approximatif !). 

2) L’autoproclamation des présidents d’AG s’est faite de façon brusque, rapide, ne permettant pas de réagir en conséquence.                                                                                                                                                     

3) Le vote à main levée est facilement trucable !!!

Conclusion : ces AG ne sont ni représentatives ni légitimes, c’est de la pseudo- démocratie !!! 

 

Rattrapage des cours & examens 

1) Suite à la motion votée le 13 Novembre par le Conseil de l’UFR, les enseignants ne donneront pas de cours de rattrapage, et la modalité de contrôle continu sera supprimée ; l’évaluation se fera de façon terminale. Les enseignants sont dans leur bon droit, conformément au Code du Travail : étant empêchés par certains étudiants d’exercer leur profession, ils ne sont aucunement dans l’obligation de rattraper les cours manqués.                                                                                                                                                                                                       

2) Vous êtes boursier ? Sachez que le blocage de l’université, et donc le non accès au savoir, accroît l’échec aux examens étant donné que nous serons évalués comme si nous avions assisté à tous les cours. Or, l’échec aux examens est un motif pour supprimer votre bourse.                         
Conclusion : devons-nous subir bêtement la volonté d’une minorité ? NON !!!

 

Les solutions …

Réagissez ! N’attendez pas simplement que le blocage soit reconduit, car au final nous subirons tous les conséquences (lors des examens) de la volonté d’une minorité de l’Université ! Venez aux Assemblées Générales montrer que NOUS n’acceptons pas ! ! Signez les pétitions qui circulent ou réagissez sur les forums : par exemple  http://pouroucontreleblocage.touraineblogs.com;  
Joignez vous à nous : plus nous serons nombreux, plus nous ferons le poids ! Vous pouvez nous envoyer un mail pour afficher votre soutien et que l’on vous tienne informés : rpdt@hotmail.fr

18:15 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (40)

Blocage des Tanneurs : deux communiqués officiels importants

 Je reproduis ci-après deux communiqués officiels, publiés tous deux hier. Le premier émane de la Présidence et montre à quel point nous sommes tous menacés par une dizaine de hooligans sans foi ni loi. Le second, qui engage l'ensemble de l'UFR Lettres & Langues, rappelle le principe de non rattrapage des cours, que j'ai déjà énoncé ici à plusieurs reprises.

Communiqué de la Présidence 

A l'attention des étudiants et personnels de l'Université François-Rabelais,

La présidence de l'université vient de refuser la demande faite par une délégation de "l'assemblée générale" d'héberger à l'université de Tours, ce week-end, la coordination nationale des étudiants.
Ce refus a été motivé par de nombreuses discussions avec les collègues des Tanneurs et d'autres sites.
Il a été jugé impossible de répondre favorablement à cette demande à la fois pour des raisons de sécurité et de principe. La coordination demandait en effet la mise à disposition d'amphithéâtres pour organiser les débats et assurer le campement d'au moins une centaine de délégués, de samedi midi à dimanche soir. La présidence rappelle qu'elle a toujours refusé l'occupation de nuit des locaux universitaires, occupation qui ne nous permet pas d'assurer la sécurité des personnes et des biens. Il n'y avait donc aucune raison que nous l'acceptions à cette occasion.
Par ailleurs, la présidence a toujours fait état de son opposition au blocage de l'université, quelles que soient les revendications poursuivies. Ce dernier impose aux étudiants et aux personnels des conditions extrêmement difficiles depuis une semaine. Les filtrages et les contrôles d'entrée sont très péniblement ressentis par tous. La présidence ne pouvait donc pas cautionner, en accueillant cette coordination, le blocage de l'université comme outil systématique de revendication politique.
Ce refus peut avoir des conséquences que la délégation étudiante nous a clairement fait entrevoir.
La présidence demande donc à chacun de s'armer de patience et de sérénité pour traverser les prochains jours de tension qui s'annoncent. Elle rappelle qu'elle saura prendre toutes les mesures nécessaires afin de prévenir des débordements inacceptables pour tous.

 


 

MOTION VOTEE PAR LE CONSEIL DE L’UFR LETTRES ET LANGUES
LE 13 NOVEMBRE 2007

Le Conseil de l’UFR Lettres et Langues rappelle son attachement au principe de la démocratie incluant, outre le droit de grève, le dialogue, le respect de l’autre et l’acceptation des règles démocratiques. Il précise que les enseignants ne sont pas grévistes : ils sont dans l’impossibilité d’accomplir leurs tâches d’enseignement en raison du blocage de la Faculté. Dans ces conditions, les cours n’ont pas à être remplacés et les examens auront lieu aux dates et selon les modalités prévues. Il exprime enfin son inquiétude pour l’avenir immédiat des étudiants en Lettres et Langues et son souci de ne pas voir pénalisées des formations qui sont déjà fragiles en raison notamment de la conjoncture et du marché du travail.

09:55 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (24)

Blocage, un texte de Caroline Maidon

Caroline Maidon m'ayant autorisé à reproduire son excellent argumentaire, publié sur le blog Pour ou contre le blocage***, je le fais sans vergogne. Cela fait plaisir de lire la prose d'étudiants intelligents...

Bonjour à tous, pro-bloqueurs et anti-bloqueurs confondus.

Je n'ai pas pu aller à l'AG d'hier, mais ce que dit Anne-Sophie n'est pas très étonnant : quand on se réunit ce week-end pour rejoindre les grèves qui dureront au moins jusqu'au 20, c'est difficile d'accepter que la fac soit débloquée, même si tout le monde ne désire pas la jonction des mouvements : les représentants auto-proclamés de 40 universités lancent un appel à une mobilisation générale contre le gouvernement, en bloquant par exemple les gares.

Cet été, l'Unef avait rendu un avis favorable à la LRU. A présent, c'est une atteinte aux droits des étudiants... Quel dommage que les étudiants ne soient citoyens que par intermitence, qu'ils ne se soucient des lois que lorsqu'elles sont votées et en attente de décrets d'application, un peu avant l'élection des représentants étudiants (n'y voyez surtout aucun lien, pas plus que dans le choix de la date du début du mouvement, les meneurs ne connaissent rien aux soviets...).

Les prétextes du blocage n'ont à mes yeux aucune validité. D'abord, il y a l'épineux problème des bourses : les étudiants boursiers ont le devoir d'assuduité, c'est-à-dire que s'ils manquent des cours on peut leur supprimer la bourse. Seulement, l'échec aux examens est aussi un motif de suppression de bourses, pour les bloqueurs comme pour les non-bloqueurs. De surcroît, même avant le blocage, aucune bourse n'a été supprimé les années précédentes quand il y avait un appel à manifester de la part des syndicats (renseignements pris auprès du CLOUS de Tours, j'essayerai d'obtenir aujourd'hui confirmation auprès du responsable régional que cela ne se produira pas en cas de déblocage de la fac).

Deuxième argument : "depuis qu'on a bloqué, c'est fou le nombre de personnes qui viennent aux AG". Effectivement, c'est une bonne constatation. Les anti-blocage viennent (en vain) aux AG. Seulement les gens sont-ils maintenant dans la rue parce qu'ils ont la profonde conviction que la loi est mauvaise, ou bien simplement parce qu'en bon moutons de Panurge, ils allaient en cours quand la fac était ouverte et qu'ils n'y vont plus comme elle est bloquée ? Le blocage n'a pas permis de convaincre les gens, il n'a pas permis d'informer les étudiants (avec toutes les affiches qu'il y avait à la fac, il était difficile de ne pas être au courant). Il a seulement permis de monter en épingle un mouvement politique et faire grossir les masses d'étudiants dont beaucoup ont abandonné leur sens critique.

Troisième argument : "c'est notre seul moyen de nous faire entendre". Il est vrai qu'on ne parlait pas du mouvement avant le blocage, sans doute parce que quand on défile derrière les syndicats de gauche qui militent contre la réforme des régimes spéciaux, on est assez peu visible. Mais même maintenant qu'ils disposent de la diffusion médiatique, l'université (du moins sur le site Tanneurs) continue d'être bloquée. Pourquoi ne pas bloquer la mairie, la préfecture, le palais de justice, organes du pouvoir que les étudiants entendent contester ?! Réponse d'un des étudiants : "on risque de finir en garde-à-vue". C'est le sentiment d'impunité qui les fait occuper la fac, et non une volonté de défendre leurs droits. Tout le monde est content que le blocage soit aux Tanneurs : les révolutionnaires en herbe savent où se retrouver, les autres facs (droit, science, etc.) continuent de fonctionner normalement (pas une affiche sur la LRU à la fac de sciences), le préfet et le maire savent parfaitement où se situent les troubles-fêtes, et n'ont plus à s'en préoccuper... Bref, seuls les étudiants qui voudraient étudier vont être pénalisés, avoir des examens aux rabais (s'ils arrivent à les avoir), gâcher leur avenir professionnel (déjà si précaire à en croire les manifestants). Faut-il sacrifier nos droits présents pour un bien futur qui nous garantirait un meilleur avenir ? Faut-il se laisser faire par les bloqueurs sous prétexte que, qui sait, peut-être que ce sera bien pour nous ?

Les AG, vaste mascarade pseudo-démocratique, n'ont à mes yeux aucune légitimité, aucune autorité. Cela ne m'a pas empêché d'assister à certaines d'entre elles. Je n'attendrai donc pas qu'on y décide le débloquage des Tanneurs pour agir. Une des pro-blocage que j'ai rencontré hier m'a dit ces quelques mots pleins de bon sens : "nous, on a tous les droits. Enfin, non, mais c'est pas grave, les droits on les prend." Au détriment de nos droits. Je ne laisserai pas une minorité m'empêcher d'avoir cours. On s'est battu pour avoir ces droits, mais on reste les bras ballants en les voyant bafouer. Ce n'est pas ma conception de la démocratie. Avant de céder à la violence (qui a mon sens ne résout rien), sachez que vous pouvez porter plainte contre les étudiants bloqueurs pour atteinte à votre liberté de circulation (c'est ce que je compte faire dès aujourd'hui). Et oui, nous ne sommes pas encore dans une dictature, ni le gouvernement ni les bloqueurs n'ont encore le droit de supprimer nos droits !

P.S. : 1 300 étudiants à l'amphi Thélème (selon certains bloqueurs), c'est contraire à toutes les règles de sécurité : le moindre incident et il y aura des morts. Si l'amphi est fermé, y aura-t-il autant de monde pour défendre dans le froid leurs idées ?

Caroline Maidon

 

*** Soit dit au passage, il y a, à l'heure actuelle, sur ce blog, 87 votes contre le blocage et 13 en faveur du blocage. Cela n'est qu'une indication, mais tout de même...

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lundi, 12 novembre 2007

"Blocage" des Tanneurs & culture historique

Ayant théoriquement cours de neuf à onze ce matin, je me suis rendu à l'université dès 8 h 30, pour constater que le blocage voté mardi dernier en A.G. par 525 étudiants perdurait. Il y avait là une dizaine des étudiants à qui je devais faire cours, tous favorables à la reprise du travail ; ils étaient d'ailleurs venus pour tenter d'aller travailler en bibliothèque ou en salle informatique. Nous avons été retenus vingt minutes dehors, car les trois cerbères faisaient rentrer les étudiants et les personnels par "wagons", avant que d'autres "bloqueurs" ne les escortent, de manière plutôt musclée, jusqu'à la B.U..

Devant la B.U., une de mes étudiantes de troisième année continue de faire (très courageusement) signer une pétition contre le blocage du site.

Quoique mon devoir soit d'être présent aux Tanneurs pendant mes heures de cours, il faudrait que j'arrête d'y aller, car je reviens ulcéré par les conversations que je tiens avec les "bloqueurs".

Ainsi, la perle de ce matin revient à un étudiant qui insistait sur la nécessité de rattraper, une fois le blocage terminé, les cours annulés, et à qui j'expliquais, pour la énième fois, que cela était contraire au Code du Travail : il m'a alors doctement signifié qu'il ne "[s]e souci[ait] pas beaucoup du Code du Travail". Il me semble, quant à moi, le droit de tout travailleur à être rémunéré pour son travail fut, en son temps, une grande avancée démocratique. J'ai alors essayé d'expliquer que le rattrapage hypothétique des cours et des examens de contrôle continu annulés par les enseignants reviendrait à enfreindre tant le droit de grève que le droit de non grève... un peu comme si les cheminots grévistes demandaient à la direction de la SNCF de faire travailler les personnels non grévistes afin de compenser les effets de la grève ! L'étudiant m'a réitéré son peu d'intérêt pour ce genre de considération, et ses camarades n'avaient pas l'air choqués.

Quelle que soit la légitimité de ce mouvement de blocage, sur laquelle je ne veux pas revenir, on peut constater, en tout cas, que ce n'est pas la culture politique et historique qui étouffe ses "meneurs".

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EDIT :

Une étudiante a mis en place un blog de vote et de discussion Pour ou contre le blocage des Tanneurs ; elle m'a demandé de relayer l'information, ce que je fais.

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Enfin, je vais me consoler avec une bonne journée de travail hors site : rédaction de quatre rapports pour la Commission de Spécialistes, préparation de sujets d'examen, mise en place du calendrier d'épreuves de 1ère session  du L3. Ajoutons, pour finir sur une note plus gaie aussi, que je ne sais pas quelle traduction de Moby Dick Didier Goux avait lue : il paraît que la traduction de Giono est du très grand n'importe quoi (passages supprimés, contresens à la pelle) et que la dernière en date, signée Philippe Jaworski pour la Pléiade, est très minutieuse et fidèle.

vendredi, 09 novembre 2007

L.R.U., ils en ont parlé...

Comme, dans la situation actuelle, la question du blocage prend le pas sur le débat de fond autour de la L.R.U., je me permets de copier-coller ici, en l'adaptant en partie, ma réponse à Simon, qui me demandait ce que je pensais de la loi votée en août et qui déclenche de telles furies en novembre :

Il se trouve que, de mon point de vue, le vote de cette loi appartient déjà au passé. Pour commencer l'élaboration du contrat quadriennal 2008-2011 en juin dernier, les équipes pédagogiques ont suivi les lettres de cadrage du Ministère et de la Présidence, et c'est surtout sur ces points essentiels que nous avons débattu et travaillé en juin et juillet.

Plusieurs de mes collègues sont hostiles à cette loi, notamment en ce qui concerne la diminution de la représentativité élective au C.A., la présence accrue d'acteurs de la société civile et économique dans ces mêmes C.A., et le remplacement des commissions de spécialistes par des commissions ad hoc. Aucun de ces points ne me gêne vraiment, surtout quand on voit la foire d'empoigne que sont la plupart des C.A. et aussi le peu de légitimité de plusieurs commissions de spécialistes de par la France.

Le vrai sujet de débat, à mon sens, c'est la question du financement. La loi ne me gêne guère, en ce qu'elle ne "privatise" aucunement l'université. Mais, dans la mesure où les universités manquent de moyens et où le candidat Sarkozy jusqu'en mai et la ministre Pécresse depuis ne cessent de rappeler que plusieurs milliards d'euros supplémentaires seront injectés dans l'enseignement supérieur, on aimerait savoir où ira l'argent. Il est à craindre que seuls les diplômes "professionnalisants" récupèrent les fonds.

En l'espèce, on nous a demandé, dans les lettres de cadrage citées plus haut, d'être ambitieux pédagogiquement ; pendant ce temps, on nous faisait comprendre qu'il fallait travailler à moyens constants... C'est incompréhensible. Ainsi, le budget du département d'anglais a baissé de 12% en deux ans alors que l'inflation, dans le même temps, était de 7% ? Là est le fond du problème, et nullement dans la L.R.U.

Il reste beaucoup de flou autour de la première année de Licence. À un moment donné, lors des fameuses réunions de travail de juin dernier, nous avons cru comprendre qu'il serait possible d'ajouter 8 heures hebdomadaires de soutien pour 1/3 des promotions de L1. Comme tu le sais, cela serait suffisant pour compenser les très importantes lacunes des bacheliers. Mais cela représente aussi beaucoup de pognon ! Nous avons eu des échos contraires à ce sujet, de sorte que nous avons élaboré des projets permettant d'intégrer ce dispositif et attendons à présent, sans beaucoup d'illusions, le "retour" des expertises ministérielles.

Blocage des Tanneurs, 4ème jour

Vous trouverez ci-lié le communiqué de la Conférence des Présidents d'Université, auquel je souscris des deux mains.

Par ailleurs, j'ai écrit ce matin un bref courrier aux Doyens des U.F.R. d'Arts & Sciences Humaines et de Lettres & Langues. Le voici :

 

De : Guillaume Cingal , MCF Anglais-LEA
Directeur des études de LEA L1 et de LLCE Anglais L3

 

Messieurs les Doyens, Chers Collègues,

défavorable au blocage de l’université, je suis présent chaque jour sur le site et constate que la non-tenue des cours n’est pas de la responsabilité des enseignants. Par conséquent, il me semble contraire aux droits et devoirs des enseignants-chercheurs de remplacer les cours. Si le blocage dure plus de trois semaines, il sera également impossible de procéder à l’évaluation du contrôle continu.

Ce matin, Mme Pécresse a rappelé, sur différents médias, ce principe, en exprimant clairement l’idée que les enseignants ne devaient pas remplacer les cours. Je me réjouis de ce soutien de notre autorité de tutelle et aimerais savoir s’il est envisageable de publier un communiqué officiel de nos UFR allant dans ce sens, ainsi que d’en informer largement les collègues et les étudiants.

A titre personnel, je réponds d’ores et déjà aux étudiants qui me sollicitent que je ne transmettrai aucun travail par courrier électronique et ne remplacerai pas les cours annulés pour cause de blocage et pense que nous devrions adopter une attitude collégiale cohérente sur ces questions.

 

Salutations respectueuses,

Guillaume Cingal

jeudi, 08 novembre 2007

Désert du jeudi

En moins d'une heure, j'ai discuté avec une trentaine de mes étudiants, qui déplorent tous que les étudiants défavorables au blocage restent chez eux, et qui se sentent, du coup, isolés. En effet, c'est regrettable, car tous les étudiants subiront les conséquences désastreuses de ce mouvement à la légitimité douteuse.

Les responsables de plusieurs filières m'ont dit qu'ils croulaient, comme moi, sous les e-mails d'étudiants inquiets. Au lieu de s'inquiéter dans leur coin, ils feraient mieux d'agir et d'occuper le terrain dans les A.G....!

Une étudiante de 3ème année a lancé l'idée d'une pétition, ce qui aurait le mérite de montrer qu'une immense majorité des étudiants est hostile à ce blocage.

mercredi, 07 novembre 2007

Quand les bloqueurs débloquent...

Aujourd'hui encore, j'ai pu constater de visu le comportement agressif et irresponsable des étudiants "bloqueurs". L'un de mes collègues, qui assurait un cours de concours (c'est-à-dire un cours non affecté, en théorie, par le blocage), a été dérangé trois fois par des étudiants qui l'ont violemment pris à partie. Dans une autre salle du rez-de-chaussée, j'ai assisté à l'une de ces altercations musclées ; ce n'était pas beau à voir...

Par ailleurs, deux étudiantes "bloqueuses" m'ont expliqué doctement que le devoir des enseignants était d'être "solidaires" du mouvement et de continuer à assurer leurs cours par mail, puis de rattraper les cours une fois la situation revenue à la normale ! C'est curieux : même le gouvernement de droite si universellement honni n'a pas réussi à nous imposer de travailler pour du beurre. Les syndicats étudiants responsables du blocage voudraient, eux, contraindre les enseignants à assurer des centaines d'heures supplémentaires non rémunérées...

On nage en plein délire...

Soyons donc clairs :

Le blocage, discuté et voté en A.G., est le fait des étudiants, et n’engage que leur seule responsabilité. Si le blocage se poursuit, il faut que cela se fasse en connaissance de cause. Si la majorité des étudiants sont effectivement favorables à ce blocage, cela relève d’une volonté démocratique qui ne saurait, pour autant, engager la responsabilité des enseignants. Le rafistolage du printemps 2006 a été très durement vécu par la communauté enseignante, et ne se repr od uira pas.

Blocage des Tanneurs reconduit jusqu'au lundi 12

Je me permets de citer un extrait du communiqué publié hier soir par les étudiants bloquant le site des Tanneurs :

Présidée par une militante de l’UNEF, un militant de SUD et un indépendant, l’AG a largement donné la parole aux étudiants laissant même des étudiants prendre la parole en faveur de la réforme, sans convaincre grand monde.


 

Outre que le sens de cette phrase est difficile à saisir, faute d'une syntaxe cohérente, on remarquera que :

1) les trois présidents de séance étaient favorables au blocage : belle conception de la démocratie !

2) le droit des opposants à la parole est présenté comme une faveur extraordinaire ("laissant même") et non comme un fonctionnement démocratique normal. Si cela est vrai, toutefois, cela constitue une amélioration sans précédent par rapport au mouvement de blocage du printemps 2006. En effet, à l'époque, tout étudiant qui commençait à argumenter en faveur d'un déblocage du site se faisiait aussitôt traiter de "lepéniste", de "facho", voire molester.

3) le communiqué ne précise à aucun moment que l'amphithéâtre Thélème était bondé et que tous les étudiants qui se trouvaient à l'extérieur étaient hostiles au blocage et n'ont pu prendre part au vote, un filtrage soigneux ayant été mis en place par le comité d'organisation du blocage. J'ai pu constater cela de visu à trois heures de l'après-midi, et discuter longuement avec un groupe d'étudiants de 3ème année de L.E.A., tous inquiets et favorables à une reprise immédiate des cours : aucun n'a finalement pu s'exprimer, ni voter.

 

La poursuite du blocage jusqu'à lundi a été votée par 575 étudiants (soit moins de 10% des étudiants des UFR du site Tanneurs).

 

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Rappelons que l'un des votes des A.G. d'avril 2006 avait été précédé de l'annonce suivante, de la part de certain militant syndical reconnaissable à son porte-voix et à son écharpe : "Que ceux qui sont pour le CPE ou qui se sont abstenus quittent l'amphi ou le service d'ordre s'en chargera." Avec de tels précédents, comment imaginer que le vote d'hier soir a pu se dérouler dans le respect de la démocratie ?

On prend les mêmes et on recommence... sauf que, cette fois-ci, je ne passerai pas des journées entières à envoyer des cours par e-mail aux étudiants, et je refuserai de remplacer les cours dans des conditions invraisemblables après la fin du blocage. Si tous les étudiants doivent passer leur premier semestre en juin, lors de la session de rattrapage, tant pis...

mardi, 06 novembre 2007

Tanneurs, blocage, ça recommence...

Blocage de l'Université François-Rabelais, c'est reparti pour un tour. Depuis ce matin, le site de la rue des Tanneurs est bloqué par une poignée de révoltés professionnels.

Hier matin, en les voyant afficher partout leurs affiches gribouillées de vert et de rouge, je me disais que ces habitués de la grogne avaient dû passer une nuit blanche à leurs barbouillages et que l'étape suivante, dans leur délire (certainement médicamenteux), consisterait à sortir des vingtaines de tables des salles de cours et à bloquer toutes les entrées. Bingo !

Ainsi, ce matin, les étudiants ne pouvaient pas rentrer, et étaient conviés, par les 2% d'étudiants ultra-minoritaires qui organisent A.G. sur A.G. depuis trois semaines pour dénoncer la loi sur l'autonomie des universités, à assister à une A.G. extraordinaire à 9 h dans l'amphithéâtre Thélème. J'ai discuté près d'une demi-heure avec un groupe d'étudiants "bloqueurs", qui avaient l'air plutôt fins et modérés, à l'exception d'un espèce de bègue complètement allumé. Ils m'ont assuré que, contrairement au mouvement du printemps 2006, la démocratie serait respectée dans les A.G. Je suis très sceptique, car le terrorisme rhétorique et l'infiltration sont les procédés habituels d'une minorité de "meneurs", mais attendons de voir...

Pour le moment, ça ressemble à s'y méprendre au mouvement de février-avril 2006 : on s'agite dans tous les sens pendant plusieurs semaines, puis, quand on voit que l'immense majorité des étudiants s'en contrefout, on décide d'imposer son opinion minoritaire à la majorité, et par la force. Sur le trottoir, la quasi-totalité des étudiants lançaient, d'un air blasé ou furibard, des "Ah non, ça ne va pas recommencer, leurs conneries..." Si, après ça, le blocage est voté à la majorité lors de la fameuse A.G., on pourra croire au Père Noël...

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vendredi, 26 octobre 2007

Essai scénographique avec tirets proliférants, & thème anglais

Onze heures, à peu près.

Par les baies vitrées de la salle 128, je contemple – de l’autre côté du puits d’air – le va-et-vient des étudiants entre les amphithéâtres de l’Extension et deux cages d’escalier. La salle où je me trouve – à surveiller un partiel – est située à l’entresol, ce qui fait que mon regard surplombe légèrement le proscenium des amphithéâtres 2 et 3, tandis que je dois lever les yeux pour apercevoir ce qui se passe devant les amphithéâtres 4 et 5. Accessoirement, je suis censé surveiller – mais les étudiants sont à un par table, à peu près, et la triche, sur ce genre de devoir, est impossible ou, après coup, criante – ce partiel de thème dont le sujet est tiré de cet article :


Chasseurs d’eau à Sydney
La sécheresse, de plus en plus présente dans les villes australiennes, contraint les citadins à aménager leur quotidien pour préserver l’eau.

Elles ont des rondeurs et des couleurs de berlingots. Dans cet entrepôt d’une banlieue de Sydney, sont exposées des dizaines de citernes que viennent acheter les habitants de la ville pour conserver l’eau de pluie. Non pas des forcenés de l’environnement mais des gens convaincus qu’il est désormais impossible d’échapper à la sécheresse qui semble s’être installée de façon tendantielle en Australie depuis plusieurs années. Une calamité évoquée presque tous les jours par la presse australienne.
«Vous avez vu la télé, hier soir ?» Frances frissonne encore au souvenir de ces moutons, bondissant comme des lapins enragés, se piétinant pour envahir un champ et dévorer des herbes jaunes sous les yeux d’un fermier épuisé : «Ma récolte de blé est foutue, alors autant que les moutons en profitent…»
(Florence Decamp. Libération, 23.10.2007.)

 

Les étudiants de 3ème année ont une heure pour composer, ce qui est bien généreux de ma part si on considère que je viens, pour ma part, de traduire ce texte en sept minutes. ---- Cliquer ici pour une proposition de corrigé avec ajout de variantes et de 3 notes pour expliquer les jeux de mots. ----

On considère en général que l’enseignant doit pouvoir faire le sujet en 2/3 du temps imparti aux candidats pour les concours, et en 1/3 pour les examens de troisième année. À cette aune, j’aurais dû leur laisser vingt-cinq minutes : j’aurais eu droit à une belle révolution... !

 

Un agent passe le balai éponge près des baies du deuxième étage, tandis que deux garçons – l’un très chevelu – échangent des propos fort vifs, et sans doute d’une haute teneur intellectuelle – politique ou historique –, devant l’amphithéâtre 2. Le plus maigre agite son écharpe, puis rit.

Il y a, dans la salle 128, trente et un étudiants – sept garçons et vingt-quatre filles. Un gaucher et quatre gauchères. (La proportion de gauchers est supérieure, dans ce groupe, aux 8-12% habituellement observés.) Le ballet des stylos, des feuilles, des glissements du blanco sur le papier, et des yeux posés à la dérobée sur les montres – ou les écrans des téléphones portables, qui devraient être éteints –, est d’une irrégularité qu’aucun chorégraphe ne saurait imiter.

Dans la cage d’escalier, le balai embrase l’espace.

 

15:00 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Ligérienne

mercredi, 24 octobre 2007

The All Blacks' quarter-final exit

......................

Ah, parce que exit, c'est du latin ?

Euh, oui...

Comment on peut savoir que c'est du latin ? C'est une langue morte, on connaît pas.

On peut le savoir quand même. En l'occurrence, c'est intéressant, parce qu'en anglais, exit ne signifie pas, à tous les coups, "sortie". Ici, c'est plutôt la défaite ou l'élimination. On peut traduire par "l'élimination des All Blacks en quart de finale de la Coupe du Monde".

Oui, enfin, "la sortie de la Coupe", ça se dit.

Peut-être, mais c'est un usage abusif du nom "sortie". En registre familier, on peut dire qu'ils "se sont fait sortir de la Coupe", mais sortie pour élimination, non.

 

(Par ailleurs, comme je l'ai suggéré à certains étudiants en sortant de la salle, on peut très bien manger des pizzas en kimono sans connaître ni l'italien ni le japonais. Leur hilarité, à en croire C., viendrait du fait qu'ils se sont imaginé leur professeur en train de manger une pizza en kimono. Bon, si on peut rien dire...)

 

mardi, 02 octobre 2007

Fiat lux

À onze heures, après un cours de deux heures dans la salle 3 de l'Extension, je suis redescendu vers mon bureau, au rez-de-chaussée du bâtiment principal, en éteignant, au hasard des couloirs, pas moins de neuf séries de néons dans des salles de classe inoccupées. Est-ce trop demander à mes très estimés collègues de faire preuve d'un minimum de conscience citoyenne, écologique et kyotocolienne en éteignant les lumières quand ils quittent une salle de cours ?

On peut aussi préciser que, dans certaines salles, on n'a même pas besoin de lumière électrique pour faire cours ! Ce n'est malheureusement pas le cas dans certaines salles du nouveau bâtiment, dont les stores laissent entrer la lumière du jour sans pour autant que cela suffise à éclairer les feuilles de papier et les documents, même en plein jour... Serait-ce trop demander aux architectes des années 2000 de faire preuve d'un minimum de conscience citoyenne, écologique et kyotocolienne en prévoyant d'intégrer l'éclairage naturel dans le dispositif d'un bâtiment ?

11:55 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ligérienne, Université

samedi, 29 septembre 2007

Pan dans les dents !

" I'm not a cultural historian, so you'll have to bear with me, as I'll be prone to say what I want. Or possibly that makes me a cultural historian." *

 

(Andrew Varney.

International conference on Justice hosted by the GRAAT.

Sept. 29, 2007. 9.11. a.m.)

 

* Je ne suis pas historien des cultures ; il faut donc se montrer indulgent à mon égard, car je risque de dire un peu ce qui me passe par la tête... à moins que justement cela ne fasse de moi un historien des cultures !

15:01 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 26 septembre 2007

Extension, suite

Voici un document officiel qui vient de m'être transmis et qui confirmera que je ne délirais pas complètement avant-hier :

 

 

REPARTITION DES SALLES DE L’EXTENSION TANNEURS

 

Hall de l’extension :

 

-          Salle 0 → Coté rue des Tanneurs → Touche 0 Ascenseur

-          Salle 4 → Coté B.U. → Touche 0 Ascenseur

-          Amphi 1 → Touche 0 Ascenseur

-          Salle visioconférence → Touche 0 Ascenseur

 

 

Au 1er étage de l’extension :

 

-          Salle 2 → Coté B.U. → Touche 2 Ascenseur

-          Salle 5 → Coté rue des Tanneurs → Touche 1 Ascenseur

-          Amphi 2 → Touche 2 Ascenseur

-          Amphi 3 → Touche 2 Ascenseur



Au 2ème étage de l’extension :

 

-          Salle 1 → Coté rue des Tanneurs → Touche 4 Ascenseur

-          Salle 3 → Coté rue des Tanneurs → Touche 4 Ascenseur

-          Salle 6 → Coté rue des Tanneurs → Touche 4 Ascenseur

-          Salle 7 → Coté rue des Tanneurs → Touche 3 Ascenseur

-          Amphi 4 → Touche 5 Ascenseur

-          Amphi 5 → Touche 5 Ascenseur

11:05 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ligérienne

lundi, 24 septembre 2007

Par la peau

Rassurons Tinou : ce billet sera bien en français, et même, comme le titre elliptique le suggère, dans un français que d'aucuns qualifieront de grossier.

Ce que je vais raconter n'a pas grand intérêt ; vous êtes prévenus.

L'Université François-Rabelais est dotée, depuis le mois de mars, d'un nouveau bâtiment sur son site de la rue des Tanneurs. Ce bâtiment, qui a pu être inauguré en avance (et je crois en avoir parlé au printemps dernier dans ce carnétoile), a été baptisé, dans un immense effort d'imagination, l'Extension.

Cette semaine débutent les cours de l'U.F.R. Lettres & Langues. (Comme je l'ai dit par boutade à un collègue la semaine dernière : "ah, les cours reprennent, on va pouvoir se reposer". Il est vrai que, depuis quatre semaines, et comme d'ordinaire, je suis entièrement accaparé par le travail administratif, les réunions, les emplois du temps, les rendez-vous avec les étudiants etc.) Donc, les cours débutent. Soudain, tous de s'apercevoir que de nombreux cours ont lieu dans l'Extension, soit dans des amphithéâtres, soit dans des salles.

Première subtilité : les amphithéâtres et les salles ont été numérotés de semblable façon. Ce n'est pas trop grave : l'administration et le service de gestion des salles ont recouru à une distinction assez claire pour distinguer TA Ext Amphi 2 de TA Ext Salle 2 (je cite les codages qui apparaissent dans les emplois du temps). Certes, il se trouvera quelques esprits chagrins pour déplorer que l'on n'ait pas profité de cette occasion pour baptiser ces amphithéâtres de noms majestueux symbolisant les succès de l'intelligence humaine, comme Simone de Beauvoir, Robert Pinget, Luciano Pavarotti ou Zinedine Zidane ; mais ne les écoutons pas, et avançons.

Les amphithéâtres sont assez faciles à trouver : ils occupent le centre du bâtiment et sont signalés par un grand panneau annonçant leur chiffre au-dessus de l'entrée.

En revanche, tout se corse dès qu'un enseignant ou des étudiants se mettent en quête d'une salle. En effet, à titre d'exemple, si vous entrez dans l'Extension à partir du couloir du rez-de-chaussée, et en passant devant la salle 49, vous y trouvez TA Ext Salle 5. Si votre emploi du temps indique que la salle que vous cherchez est TA Ext Salle 3, vous vous dites, assez logiquement, qu'elle doit se trouver un étage en-dessous. Or, au niveau - 1, vous trouvez les bureaux 1, 2 et 3 et TA Ext Salle 4. Pas de TA Ext Salle 3 en vue. Vous remontez d'un étage, et ne trouvez que la déjà citée TA Ext Salle 5. Vous montez quelques marches, et, à l'entresol, vous ne dégottez que les amphithéâtres 2 et 3.

Vous vous décidez, la fumée aux naseaux, à monter d'encore un étage, pour découvrir, avec étonnement, que TA Ext Salle 1, TA Ext Salle 3 et TA Ext Salle 6 se trouvent au niveau 2, alors que TA Ext Salle 7 se trouve à l'entresol compris entre le niveau 1 et le niveau 2. Ainsi, pour résumer, TA Ext Salle 1 est au niveau 2 ; TA Ext Amphi 1 est au niveau - 1 ; cela ne doit pas faire oublier que le bureau 1 se trouve aussi au niveau - 1, à côté de TA Ext Salle 4 !

 

J'ajoute que, si les toiles colorées de Nico Nu ont déjà trouvé leur place sur les divers murs de l'Extension, il n'y a, en revanche, pas le moindre plan de circulation. Avouez que ce serait d'un laid, d'un pragmatique... En outre, les chiffres figurant sur le boîtier, dans l'ascenseur, ne correspondent pas non plus aux niveaux auxquels l'ascenseur vous dépose (sans doute dans le but louable de désorienter définitivement les étudiants handicapés). Un collègue qui a déjà "testé" un des "nouveaux" amphithéâtres m'informe par ailleurs qu'ils ne sont pas équipés d'ordinateurs pour la vidéoprojection et que le WiFi n'y fonctionne pas.

Etc, etc.

 

Alors, il vous revient cette phrase que vous entendîtes prononcer souvent à l'une des personnes qui vous manquent le plus en ce bas monde : "cet architecte il faudrait le pendre par la peau des couilles".

15:15 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : Ligérienne

mardi, 18 septembre 2007

La honte !

Dans la hâte des lundi matins, avoir cru prendre, dans l'armoire, la veste de costume bleue thin stripes assortie au pantalon et à la chemise, puis, après avoir emmené les enfants, qui chez sa nounou, qui à l'école primaire, rectifié des emplois du temps, & dirigé la réunion de rentrée du Capes et de l'agrégation, m'être aperçu que la veste était noire (à fines rayures, certes, mais bon : noire). Horreur et calamité !

(Après une après-midi en bras de chemise, réunion du L3 puis réunion du département, avoir été tellement fatigué que je n'ai même pas eu la force de rester pour le pot. Pire que Pinderland...)

07:57 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : Ligérienne

lundi, 14 mai 2007

Questions de traduction, Lucilius

Comme tous les beaux ouvrages oranges de la collection « Budé », le tome I des Satires de Lucilius que je m’apprête à rendre à la Bibliothèque Universitaire est d’une érudition impressionnante. Son auteur est F. Charpin (dont le prénom est introuvable, même sur la dédicace à l’encre violette qui figure sur la page de faux-titre, et qui, par ses pleins et ses déliés archaïsants, laisserait penser qu’elle a été écrite il y a des siècles, presque (or, le livre date de 1978)), et il faut remarquer qu’il hésite souvent entre une traduction « utile » (scolaire, au bord du littéral (je ne sais comment dire))* et une traduction plus respectueuse de la poéticité du texte. Ainsi, pour le fragment 19 du livre VII, il restitue admirablement l’écho allitératif esu-/ex-/excul- (repris par la série arr-/à la/aff-), de même que l’hypallage :

esuriente leoni ex ore exculpere praedam

arracher la proie à la gueule affamée d’un lion

 

En revanche, il est difficile de savoir si, dans le cas, du fragment 17 du livre VI, il n’a pas vu, ou pas su traduire, la contrainte alphabétique dans l’alignement des quatre termes forts (n, o, p, p) :

nequitia occupat hoc petulantia prodigitasque

 

qu’il traduit « ces gens se livrent à la débauche, à l’effronterie, au gaspillage », ce qui est très utile pour l’étudiant en mal de sens, mais frustrant pour l’amoureux de poésie. Je propose

tout le jour ce ne sont qu’ignominie, insolence et indiscipline

 

où la série j/i/i/i se substitue à la série n, o, p, p. La traduction est également plus resserrée et correspond mieux à la structure de l’hexamètre. Évidemment, il y a beaucoup à redire à la traduction de occupat hoc, d’un point de vue sémantique. (On tourne en rond, merde, on tourne en rond.)



* J’ai trouvé hier, en feuilletant notre vieux Folio jauni du Paysan parvenu, une citation géniale sur l’usage des parenthèses :

Jusque-là je m'étais assez possédé, je ne m'étais pas tout à fait perdu de vue; mais ceci fut plus fort que moi, et la proposition d'être mené ainsi gaillardement à la Comédie me tourna entièrement la tête; la hauteur de mon état m'éblouit; je me sentis étourdi d'une vapeur de joie, de gloire, de fortune, de mondanité, si on veut bien me permettre de parler ainsi (car je n'ignore pas qu'il y a des lecteurs fâcheux, quoique estimables, avec qui il vaut mieux laisser là ce qu'on sent que de le dire, quand on ne peut l'exprimer que d'une manière qui paraîtrait singulière; ce qui arrive quelquefois pourtant, surtout dans les choses où il est question de rendre ce qui se passe dans l'âme; cette âme qui se tourne en bien plus de façons que nous n'avons de moyens pour les dire, et à qui du moins on devrait laisser, dans son besoin, la liberté de se servir des expressions du mieux qu'elle pourrait, pourvu qu'on entendît clairement ce qu'elle voudrait dire, et qu'elle ne pût employer d'autres termes sans diminuer ou altérer sa pensée). Ce sont les disputes fréquentes qu'on fait là-dessus, qui sont cause de ma parenthèse; je ne m'y serais pas engagé si j'avais cru la faire si longue, revenons.

Journées dionysiennes, [12] : Buuuuuuut !

Mardi 1er mai, toujours, 10 h 40 (du soir).

        Je viens de lire, dans l’édition Norton, l’article de Millicent Bell, qui est tout à fait remarquable. Par ailleurs, le prénom de l’essayiste m’a remis en mémoire un des limericks les plus stupides, et donc les plus drôles qui soient :

The bottle of perfume that Willie sent

Did not agree with Millicent.

     Her reply was quite bold,

     So they argued, I’m told,

About that silly scent Willie sent Millicent.

 

medium_Journees_dionysiennes_1er_mai_2007_054.jpg        Moi, ça me fait rire...

        Bon, ce n’est pas tout, je vais aller me doucher. (Je ne m’endors absolument pas.)

 

10 h 50.

        À peine je sors de ma douche et j’aperçois un but pleine lucarne, la joie d’un attaquant de Liverpool, puis le drapeau levé qui invalide le but – ce que la presse sportive nommera peut-être demain « le tournant du match ». (Ah, j’avais oublié de noter que je regardais d’un œil la suite de cette demi-finale tout en regardant les photographies du jour, en écrivant la première de ces Journées, en lisant dans l’édition Norton de The Scarlet Letter, etc. (Je serais bien en peine de « surfer » sur la Toile, faute d’une connexion.))

        Je vais à présent recopier l’avant-dernière phrase du texte du commentaire, afin d’y souligner quelques traits stylistiques particuliers. Ensuite, je lirai la nouvelle de Hawthorne, “The Minister’s Black Veil”, que j’ai lue il y a longtemps et dont j’ai tout oublié.