vendredi, 14 septembre 2007
Jacqueline Lamba au Château de Tours
« Jacqueline Lamba, c’est en haut ». Ça commence bien, me dis-je ; au royaume de l’explosante-fixe, les étages s’inversent. Non : au troisième étage du château de Tours, Jacqueline Lamba est au plus près du ciel, et presque déjà dans les montagnes. Tout va bien, alors, rien ne déraille.
Je ne connaissais, de Jacqueline Lamba, que son statut de « femme et muse d’André Breton », pour ainsi dire. La rétrospective que propose le Château de Tours permet de saisir l’artiste dans la discontinuité même d’un travail poursuivi pendant plus d’un demi-siècle, de l’époque des jeux surréalistes aux villes et aux ciels des années 1980.
Dans le grand couloir, le visiteur est accueilli par une multitude de documents divers, dont une longue série de très belles photographies, datant surtout des années Breton, c’est-à-dire d’une petite décennie à peine, puisque Jacqueline Lamba quitta le poète pendant la seconde guerre mondiale, pour épouser le sculpteur David Hare (dont je n'avais, pour ma part, jamais entendu parler (à moins de considérer que connaître son parfait homonyme le dramaturge né en 1947 est en avoir entendu parler)). Ne serait-ce que par ces photographies – dont une splendide de Claude Cahun et une, sans nom d’auteur, un peu bougée, où l’on voit le trio formé par le couple et leur fille Aube, le père et l’enfant étonnamment semblables dans leur expression mi-inquiète mi-farouche – l’exposition vaut le déplacement.
[Il est à regretter, d’ailleurs, que le catalogue en propose si peu, et dans des formats dérisoires.]
Toutefois, il ne faut pas s’en tenir à ces belles photographies, et, d’un pas décidé, en suivant ou non l’ordre chronologique, respirer au rythme des cent et quelque toiles exposées dans les six salles aériennes de ce troisième étage de féerie.
[J’exagère un tantinet, mais bon, Hugo est surréaliste quand il n’est pas bête, n’est-ce pas ?]
Respirons. Entrons. En effet, on n’est pas déçu du voyage, car bien des œuvres sont loin d’être mineures. Comme la maison ne recule devant aucun calembour hâtif pour faire pièce à Fuligineuse, on peut dire que Jacqueline Lamba n’était pas un peintre lambda.
On reconnaît, dans les diverses phases de sa vie d’artiste, l’influence de peintres plus célèbres ou plus marquants – Matisse, O’Keefe, Mondrian… – sans qu’il s’agisse jamais de simple imitation, ni d’hommage : on a le sentiment que Jacqueline Lamba poursuivait de ses pinceaux une vision intérieur, une fièvre de paysages qu’elle trouva à exprimer selon divers modes au cours de sa carrière.
Il me semble, pour ma part, que les toiles les plus belles, les plus durables, les plus admirables, sont la demi-douzaine de « montagnes » sur supports divers (papier journal, feuille de patron couturier, etc.), très inspirées des encres obsessionnelles de Michaux ; mais cette prédilection est sans doute l’influence de mes goûts préalables. J’aime aussi beaucoup la série des puits, de la première manière & donc exposée dans la première salle. Dans cette même salle, je n’ai pu photographier que de biais le troublant autoportrait, et encore sans éviter tout à fait le reflet d’autres cadres au niveau des yeux.
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Ce soir, boudant le festival in de Montlouis, souvent convenu voire carrément à cent lieues du jazz (ce soir, c’est l’octuor du mollasson Fabien Mary, très peu pour moi), je vais découvrir le trio du pianiste Frank Woeste. Vous en dirai des nouvelles. (Word souligne en vert, je ne suis pas surpris.)
18:45 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Art, Ligérienne, écriture
Commentaires
C'est bien tardivement que je lis cette charmante note... on n'a pas idée de lambiner pareillement !
Écrit par : fuligineuse | jeudi, 03 avril 2008
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