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jeudi, 13 septembre 2007

Make It Rain : François Gratelle aux Bons Enfants

Certes, François Gratelle a invité, pour cette exposition personnelle, deux de ses amis ou acolytes (avez-vous remarqué comme le mot alcyon veut obstinément apparaître sous les doigts quand on n'a nul besoin de lui ?), Olivier Cheminard et Ûr, sculpteurs sur ferraille, mais les 69 pièces majeures de ce qu'on ne peut - pour un artiste aussi jeune - nommer une rétrospective sont bien de lui, François Gratelle, dont le nom ouvrait cette phrase qui n'a cessé de se ramifier et de proliférer, au point que le point (justement, et sans redite) se demande bien quand viendra son tour, ce qui lui ressemble bien, à celui-là, signe de ponctuation pressé d'en finir et de briser là, de couper court, de faire taire, quoiqu'il sache bien (on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre ni les points avec des phrases courtes, n'en déplaise à l'atroce Fred Vargas et autres sous-écrivaillons de la même farine) que l'espace qu'on ménage juste à sa droite, le plus souvent, n'est que duperie, et que rares sont ceux appelés au statut de point final, de sorte que je n'ai pas encore dit un mot, vraiment, de l'exposition que l'espace des Bons Enfants consacre ce mois-ci à François Gratelle, ce qui, d'une certaine façon, est se foutre du monde, et je n'en disconviens pas. (Que le point vienne après le pas, voilà qui plaît aux danseurs.)

Les 69 oeuvres proposées, accrochées par François Gratelle, sont tout à fait dignes d'intérêt... sinon, franchement aurais-je pris la peine d'écrire un tel billet ? Pas pour dégoiser sur la psychologie des signes de ponctuation, en tout cas, non, je ne mange pas de ce pain-là. La plupart sont de format carré, petites, et constituent des séries accrochées par lignes de neuf, six ou trois, mais qui forment un ensemble, avec des titres qui reviennent, non comme des motifs, mais comme, semble-t-il, des points de départ (et non des points finaux) à l'imaginaire du peintre. Ces petits formats, qui, encre et lavis sur papier, constituent la très grande majorité de l'arsenal, le gros des troupes, ont des titres anglais qui rappellent ou évoquent certaines oeuvres littéraires (A Good Man Is Hard to Find, par exemple) ou musicales. L'inspiration assez jazzeuse de plusieurs de ces petits formats laisse penser aussi que plusieurs titres sont empruntés à des standards, hypothèse que mon ignorance ne me permet pas de confirmer ni d'infirmer. Par les tons choisis (gris, ocre et bleu pétrole le plus souvent), mais aussi par les thèmes (charnier, ossements, visages et corps défigurés), ces encres broient du noir, mais c'est justement là que le principe des lignes de neuf, six ou trois trouve tout son sens, car les quelques représentations plus joyeuses viennent contrecarrer l'impression parfois lugubre, ou, à tout le moins, sombre de ces carrés.

Certaines de ces encres ont servi aussi de point d'accroche à des toiles plus grandes, surtout des huiles, dont il faut bien dire qu'elles sont moins réussies : ainsi, la huitième encre, Make It Rain, splendide de douloureuse ambiguïté (a-t-on bien vu un visage se multiplier en facettes hésitantes ?), devient, à l'agrandissement, beaucoup plus transparente, et cesse de résister. On peut voir également, sur le pilier près de la fenêtre, deux très belles lithographies, Christ gris et Christ rouge, qui soulignent plus qu'elles ne signalent (plusieurs des carrés nous avaient déjà alertés) l'importance des figures christiques dans le travail de François Gratelle ; à ces figures de Christ, justement, François Gratelle a consacré le plus beau, le plus poignant et le mieux construit, en quelque sorte, des trois "carnets" exposés. Christ en croix par collages rectangulaires, esquisses de dépositions, mise au tombeau fulgurante, c'est là un livre de feu et de suie.

Balourds, ferrailleux, crispés sur leur fausse modernité, l'éléphant de Cheminard et le monstre hybride d'Ûr n'en peuvent mais.

19:12 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Ligérienne, Art

Commentaires

Guillaume Cingal m'a tuer...

Écrit par : Didier Goux | jeudi, 13 septembre 2007

:-))

Écrit par : Aurélie | vendredi, 14 septembre 2007

TOM WAITS lyrics - Make It Rain

She took all my money
And my best friend
You know the story
Here it comes again
I have no pride
I have no shame
You gotta make it rain
Make it rain!

Since you're gone
Deep inside it hurts
I'm just another sad guest
On this dark earth

I want to believe
In the mercy of the world again
Make it rain, make it rain!

The nite's too quiet
Stretched out alone
I need the whip of thunder
And the wind's dark moan

I'm not Able, I'm just Cain
Open up the heavens
Make it rain!

I'm close to heaven
Crushed at the gate
They sharpen their knives
On my mistakes

What she done, you can't give it a name
You gotta make it rain
Make it rain, yeah!

Without her love
Withour your kiss
Hell can't burn me
More than this
I'm burning up all this pain
Put out the fire
Make it rain!

I'm born to trouble
I'm born to fate
Inside a promise
I can't escape
It's the same old world
But nothing looks the same
Make it rain! [2x]

Got to make it rain
Make it rain
You got to make it rain
Got to make it rain
You got to...

I stand alone here! [2x]
Sing it...
Make it rain! [2x]

Écrit par : Lulu | vendredi, 12 octobre 2007

Merci pour cette référence, effectivement inconnue de moi...


(Commentaire # 5151)

Écrit par : Guillaume Cingal | vendredi, 12 octobre 2007

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