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mardi, 18 février 2025

18022025

Tandis qu’on vaque, tandis que je me préoccupe de mes sujets de prédilection ou de spécialité, tandis qu’on continue de plaisanter et de rire (et il le faut), grandit le sentiment de dissonance, car la catastrophe est désormais certaine : guerre de la Russie en Europe accompagnée du triomphe des fascismes partout, ou effondrement de tout le système capitaliste sous les coups du désastre climatique — on ne sait ce qui va nous tomber sur la gueule en premier. On réussit quand même à parler de choses qui paraîtraient dérisoires si on n’arrivait pas à mettre la conscience du désastre en suspens (et il le faut, sans quoi on devient immédiatement fou), à organiser de futures vacances… D’ailleurs, après avoir écrit ce paragraphe même pas cathartique, je vais ouvrir le fichier Chantier CRCT et y noter mes remarques sur les 8 premiers chapitres de Verirrtes Herz, en cours de relecture.

 

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lundi, 17 février 2025

17022025

Retour en Touraine hier après-midi. Ce matin, en ouvrant les volets de la cuisine pour préparer mon premier café, je me suis rendu compte que quelque chose me semblait inhabituel ; il m’a fallu quelques secondes avant de me rendre compte que la rue était sèche. Cela faisait très longtemps que la rue, le jardin, les arbres, les toits des maisons avaient eu le temps de sécher entre deux averses.

Speaking of drying and showers, je viens de lancer la cinquième lessive : quatre hier, deux à suivre. Cela fera sept. Et dire que je m’étais débrouillé pour laisser un panier à linge vide avant notre départ…

Passionnant.

 

Pas écrit de billet ces trois derniers jours ; comme il faut aussi que je me remette au travail sérieusement, je risque d’aller piocher dans les photos du week-end à Oléron, solution de facilité. En tout cas, les posts du 14 au 16 sont rétrospectifs.

 

07:27 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 16 février 2025

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Autoportrait en homme à qui son épouse raconte l'intrigue d'un roman de Joyce Carol Oates.

samedi, 15 février 2025

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H. nous a racontés qu'à chaque fois qu'elle revient à Oléron, sur la pointe près du phare de Chassiron, le chemin côtier a changé car la côte avance de quelques mètres chaque année. Elle pense que d'ici quelques années la route bituminée aura cédé face à l'océan. Sur la plage de Saint-Denis, ce blockhaus, lui, s'affaisse chaque année davantage et glisse vers la mer.

 

jeudi, 13 février 2025

13022025

Hier, j'ai écrit ceci sur Facebook :

Allez, c'est parti... les gens qui lisent 10 livres par an et qui connaissent trois écrivain•es vivant•es vont nous bassiner pendant 1 mois avec Pierre Michon... qu'est-ce que ça sera quand il mourra...

 

À ma relative surprise, j'ai récolté une dizaine de likes, et ne semble avoir été défriendé par personne.

 

mercredi, 12 février 2025

12022025 (The Looming Fog)

J’avance dans The Looming Fog. C’est tout de même un texte étrange. Il est dommage qu’il soit aussi peu maîtrisé par certains aspects, ce qui explique sans doute – autant que sa publication au Nigéria, sans aucune diffusion en-dehors du pays – qu’il reste méconnu : même des spécialistes chevronnés n’en avaient pas entendu parler.

Il m’arrive de me demander si telle partie de chapitre est vraiment « à la bonne place » car il y a des sauts narratifs déstabilisants : analepses, si on veut, mais très abruptes. De même, je suis parvenu à un point (au milieu du chapitre 4, à peu près à la moitié du roman) où la temporalité se précise : l’action a bel et bien lieu à l’époque coloniale, dans la mesure où il est dit que des cultivateurs de caoutchouc viennent en récolter à Hidaya car ce matériau dont les villageois pensent qu’il n'a aucune valeur en a en fait « dans le monde extérieur », en particulier pour fabriquer des pneus de bicyclette. Jusque-là, l’histoire semblait se dérouler en-dehors de toute référence à la colonisation, d’autant plus que le village de Hidaya (et le village de Hida, où sont bannis les membres de la caste honnie, les unknowns) paraît tout à fait isolé, également sur un plan météorologique : les calamités climatiques qui s’abattent sur la communauté ne touchent aucun des territoires avoisinants.

J’ai créé près de cent annotations dans le document de la liseuse, ce qui montre que beaucoup de choses m’intriguent ou me paraissent dignes d’intérêt. Bien sûr, l’élément le plus significatif – et qui explique que N*, qui prépare une thèse sur le sujet, ait repéré ce texte qu’elle sera sans doute la seule à étudier – est le/la protagoniste intersexe, dont l’identité narrative même est indéfinie, à l’instar de son statut social. Parmi les personnages qui permettent de problématiser la question des codes traditionnels et de la marginalisation, Ele, dont tous les enfants meurent en bas âge l’un après l’autre, est soupçonnée d’être ọgbanje ou de donner naissance à un enfant ọgbanje ; or, même cette hypothèse est invalidée.

On ne sait pas trop comment le récit va se poursuivre, car – tout en partant dans des digressions narratives sur d’autres personnages – le/la protagoniste finit par atteindre l’âge adulte sans que personne dans le village ne semble avoir compris qu’iel est l’enfant intersexe dont la seule vue a tué sa mère, et qui a été abandonné-e par son père au sortir de la petite enfance. Il y a aussi ce brouillard récurrent, et d'ordre probablement divin, qui donne son titre au roman.

À suivre...

 

mardi, 11 février 2025

11022025

Il fait encore beau, même si ça a mis du temps à « se lever » : grande douceur tout l’après-midi. Promenade dans Peyrehorade, en attendant que ma mère ait fini au laboratoire d’imagerie médicale : le village reste joli par endroits, mais entièrement dévasté par les bagnoles et avec beaucoup de bâtisses et de maisons en voie de délabrement. Je crois qu’il n’y a pas moyen de se promener le long du gave.

 

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Hier soir, excellent film, Chroniques de Téhéran d’Ali Asgari et Alireza Khatami – apparemment, le titre en farsi se traduirait plutôt comme « versets terrestres ». Or, en effet, une des neuf scènes du film représente un ouvrier qui, lors de son entretien d’embauche, se voit poser un certain nombre de questions sur le dogme chiite, et demander de réciter des versets de la 99e sourate al-Zalzala (« La secousse » – traduit par tremblement de terre dans les sous-titres du film) ; la scène finale, dans laquelle un vieil homme délabré, cadavérique, mutique et presque immobile, assis à un bureau recouvert de différents accessoires figurant dans les scènes précédentes (représentation du metteur en scène ? de Dieu ? de la dictature des mollahs ?), se tient devant une fenêtre par laquelle on voit Téhéran détruite par un séisme, confirme que les neuf scènes du film sont simultanées et que le grondement presque explosif qu’on entend à une ou deux minutes de la fin de chacune est le début d’un tremblement de terre.

Toutes les saynètes sont filmées en plan fixe, avec un cadrage extrêmement riche : un personnage, face caméra, échange avec une ou deux personnes hors champ. Il s’agit presque systématiquement d’un échange avec un-e fonctionnaire d’une administration, sauf dans le cas de la petite fille qui danse pendant que sa mère et la vendeuse du magasin de vêtements choisissent son uniforme scolaire. Par ces vignettes brutes, factuelles, les cinéastes dessinent avec précision, et sans s’épargner la possibilité d’un absurde plus montypythonesque que kafkaïen, les contours de l’oppression sociale et politique sous ses diverses formes (confiscation des chiens errants, censure des artistes, sanction des foulards pas assez couvrants, choix du prénom des enfants, tenues vestimentaires ou tatouages, mais aussi « promotion canapé » dans un contexte occidentalisé faussement libératoire). À la surprise générale, un des deux cinéastes s’est vu, de retour d’Europe, confisquer son passeport et interdire de continuer à faire des films.

 

19:50 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 10 février 2025

10022025

En lisant Death of the Author de Nnedi Okorafor, j’ai appris que les tissus plus communément appelés wax (et dont on sait que, tout en passant pour « typiquement africains », ils sont une production de l’industrie textile hollandaise à partir de modèles observés dans les territoires indonésiens colonisés par les Pays-Bas) se nommaient aussi Ankara, et que ce mot, sans rapport avec la ville turque, est le nom haoussa pour la capitale du Ghana, Accra. Tout cela dans un roman écrit par une Naijaméricaine de culture igbo, contenant un certain nombre d’éléments culturels igbo et yoruba... mais pas grand-chose de haoussa…

 

À propos d’écrivaines igbo : j’ai enfin commencé The Looming Fog de Rosemary Esehagu, avec la version PDF envoyée par l’autrice elle-même et qui correspond, m’a-t-elle dit, au texte de 2006 en partie remanié, et avec une fin différente. Il y a quelques coquilles, un mot manquant de loin en loin, mais le document est précieux. J’ai lu à peu près un cinquième du roman, qui est, de fait, tout à fait passionnant quant à la mise en récit de l’identité intersexe et quant à sa mise en perspective dans le contexte igbo, justement. Dans un passage de la fin du chapitre 1, la narratrice comprend qu’il serait possible que son statut de paria, entièrement dû à l’observation de ses parties génitales, puisse évoluer comme a pris fin la condamnation à mort des jumeaux à leur naissance, pratique rituelle sur laquelle je n’ai pas lu grand-chose, mais qui est de fait présentée comme allant de soi (à la fin du dix-neuvième siècle) dans la communauté d’Umuofia décrite par Chinua Achebe dans Things Fall Apart. La différence fondamentale avec An Ordinary Wonder est que l'enfant intersexe est immédiatement admis comme tel, et rejeté comme presque inhumain, alors que dans le roman de Buki Papillon Otolorin est assigné·e garçon jusqu'à l'adolescence et à la mise en avant des caractères sexuels « féminins ».

Grâce à la fonction surlignement/annotation de la liseuse, j’ai noté un certain nombre de phrases du Prologue qui poseront un problème de traduction, avec désignation de l’enfant intersexe au moyen du pronom « it » et sans marque de genre. Dans le chapitre 1, narré par l’enfant intersexe (sans nom), je n’ai pas particulièrement été vigilant, mais il y a forcément un certain nombre de difficultés sur ce plan-là. Cela me rappelle quand j’avais invité, avec Laurent Vannini, la traductrice de Freshwater, Marguerite Capelle, à venir parler de la manière dont elle avait traduit tout ce qui relève des identités non binaires.

 

dimanche, 09 février 2025

09022025

J’extrais ce qui suit des deux pleines pages que je viens d’écrire dans le fichier Chantier CRCT :

Demain, nous partons pour une semaine : quatre jours dans les Landes, deux ou trois jours dans l’île d’Oléron (que nous ne connaissons pas). J’emporte seulement la liseuse (avec le roman d’Esehagu) et Verirrtes Herz.

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Hier, j’ai fini de lire Spinnweben.

Il faudrait que je reprenne méthodiquement la vingtaine de feuillets sur lesquels j’ai griffonnés des remarques et des citations au fur et à mesure, mais déjà : je ne suis pas sûr de comprendre le titre. (En anglais, c’est identique : Cobwebs. (Enfin, c’est identique, sauf à considérer que le nom composé en allemand indique explicitement l’animal, alors que dans le nom cobweb, l’araignée reste implicite.))

[…]

Je pourrais pondre dix pages de plus en élaborant à partir de mes pattes-de-mouche, mais tout cela n’aura de pertinence que si je mets la main sur les manuscrits en anglais. Et ça n’en prend guère le chemin. Par contre, mon séjour d’études dans l’état de New York prend forme, Patrice m’ayant enfin répondu cette nuit.

 

12:20 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 08 février 2025

08022025

Les rares fois où – n’ayant pas de café à réchauffer ou ayant la flemme de préparer une cafetière pour moi seul quasiment au cœur de la nuit – je fais chauffer un peu d’eau avec la bouilloire pour me faire une tasse de café soluble, je pense systématiquement à Jacques Roubaud, qui raconte dans ‘le grand incendie de Londres’ sa routine matinale, qui consiste à se préparer une tasse de nescafé avec de l’eau chaude directement puisée au robinet (ignoble, hein ?). Ce matin, c’est la première fois que je pense à cette scène tout en pensant aussi que Roubaud est mort, mort le 5 décembre dernier, le jour de ses 92 ans.

Qui d’autre a remarqué que, dans les grands livres qui nous marquent pour de nombreuses autres raisons, il y a toujours une anecdote qui reste associée aussi au livre, comme les crachats qui gèlent en vol dans les Récits de la Kolyma de Chalamov ?

 

Aujourd’hui, c’est le dix-neuvième anniversaire du blog anthracite, que j’avais créé au départ car, ayant été harcelé par une petite troupe de fachos sur Touraine sereine, j’avais pensé devoir le fermer, mais qui est devenu, très vite, le site des véritables expérimentations textuelles, de l’écriture au sens le plus profond du terme, avec parfois de très longues interruptions. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce soit lui que j’ai choisi cette année pour y composer/déposer mes 365 neuvains.

 

05:19 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 07 février 2025

07022025

Pour tenir le rythme de publication d’un billet par jour ici, j’ai un peu triché hier en publiant uniquement ma revue de presse. J’ai bien avancé dans Spinnweben – qui montre décidément qu’Amma Darko est une des écrivaines qui écrit le plus explicitement et surtout le plus matter-of-factly du monde sur la sexualité et surtout le plaisir féminin – et aussi dans Death of the Author, qui s’effiloche au fur et à mesure de la lecture. J’attends de voir ce que vont donner les 150 et quelques pages qu’il me reste à lire mais je crains que Lagoon ne reste, et de loin, son livre le plus abouti : après tout, ce n’est pas très grave – beaucoup d’écrivain·es donneraient tout pour avoir écrit ne serait-ce qu’un seul livre comme Lagoon. L’ironie, avec Okorafor, est qu’elle est surtout célébrée et connue pour Binti, Who Fears Death… et peut-être pour ce nouvel opus, qui a fait l’objet d’une campagne médiatique assez énorme.

 

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Mon problème est que je voudrais passer mes journées à lire, traduire et faire des recherches sur les textes qui le méritent (ainsi, d’exhumer ou de tenter d’exhumer les deux manuscrits inédits de Darko), mais que chacune de ces trois activités serait, normalement, à temps plein. (Et je n'évoque même pas l'enseignement, que j'adore même si cette activité est en suspens pour moi ce semestre.)

 

 

Le soir, nous sommes allés écouter l’orchestre Francis-Poulenc, qui donnait plusieurs pièces en décomposant les différentes phalanges de l’orchestre : une pièce pour 13 percussions (Ionisation de Varèse), deux suites pour cuivres (dont trois extraits des Brass Cats de Chris Hazell), trois pièces brèves pour cordes et enfin la Sérénade de Strauss pour bois et vents (dans laquelle jouait Odilon).

 

jeudi, 06 février 2025

Revue de presse du 06022025

1/ Congo-B : une conférence pour établir un diagnostic sur l’assainissement urbain dans les grandes villes (RFI)

2/ De Panama à Gaza, la stratégie de communication de Donald Trump déroute le monde (France Inter)

3/ ‘It’s not just a few ships doing it’: how the world’s plastic ends up on a Guernsey beach (Guardian)

4/ Decathlon accusé de bénéficier du travail forcé des Ouïghours en Chine, l’enseigne dément (Sud-Ouest)

 

mercredi, 05 février 2025

05022025

Matinée de travail intense, mais pas une seconde pour Amma Darko.

Déjeuner à Lion & papillon, puis cinéma. En arrivant dans la file d’attente, nous avons constaté que nous allions nous placer juste derrière nos amis E*** et F. ; en approchant, j’ai salué E***, avec qui j’échange souvent (on s’était téléphonés hier), et j’ai vu qu’il ne me calculait pas, comme on dit désormais. Il s’avère qu’avec un bonnet, c’est-à-dire autre chose que la piste d’atterrissage à mouches qui caractérise ma tronche, même mes bons amis ne me reconnaissent pas.

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Le film iranien, Mon gâteau préféré, est excellent. Il s’agit d’un conte assez paradoxal sur l’amour, et même plus précisément le coup de foudre, entre deux septuagénaires, mais bien davantage que cela. On ne sait si l’action se situe avant la révolution Femme Vie Liberté, ou dans son sillage, et cette ambivalence même est très judicieuse. La façon dont la maison de la protagoniste est filmée, du jardin à l’appartement spacieux, les deux scènes en taxi (décidément un topos récurrent du cinéma iranien), la scène de confrontation dans le parc, tout est marqué d’une véritable ambiguïté. J’ai trouvé que l’élément le plus faible était la soirée entre les deux nouveaux amoureux, qui semble cocher au fur et à mesure toutes les cases attendues, mais qui est sauvée par l’interprétation, d’une finesse remarquable.

 

Entraînement de ping-pong avec les adultes “loisir” : l'horaire est plus commode, mais le niveau vraiment faible. À voir...

 

19:27 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

05022025

Matinée de travail intense, mais pas une seconde pour Amma Darko.

Déjeuner à Lion & papillon, puis cinéma. En arrivant dans la file d’attente, nous avons constaté que nous allions nous placer juste derrière nos amis E*** et F. ; en approchant, j’ai salué E***, avec qui j’échange souvent (on s’était téléphonés hier), et j’ai vu qu’il ne me calculait pas, comme on dit désormais. Il s’avère qu’avec un bonnet, c’est-à-dire autre chose que la piste d’atterrissage à mouches qui caractérise ma tronche, même mes bons amis ne me reconnaissent pas.

mgp.PNG

 

Le film iranien, Mon gâteau préféré, est excellent. Il s’agit d’un conte assez paradoxal sur l’amour, et même plus précisément le coup de foudre, entre deux septuagénaires, mais bien davantage que cela. On ne sait si l’action se situe avant la révolution Femme Vie Liberté, ou dans son sillage, et cette ambivalence même est très judicieuse. La façon dont la maison de la protagoniste est filmée, du jardin à l’appartement spacieux, les deux scènes en taxi (décidément un topos récurrent du cinéma iranien), la scène de confrontation dans le parc, tout est marqué d’une véritable ambiguïté. J’ai trouvé que l’élément le plus faible était la soirée entre les deux nouveaux amoureux, qui semble cocher au fur et à mesure toutes les cases attendues, mais qui est sauvée par l’interprétation, d’une finesse remarquable.

 

Entraînement de ping-pong avec les adultes “loisir” : l'horaire est plus commode, mais le niveau vraiment faible. À voir...

 

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mardi, 04 février 2025

04022025

Je me suis sérieusement remis au travail sur mon projet, en recommençant notamment la lecture de Spinnweben. Je veux avoir fini toutes les lectures primaires dans un mois, et bien entamé les lectures théoriques d’ici fin mars. Entre les trois projets de traduction plus ou moins en suspens, le séminaire à Marseille, la journée d’études le 27 mars et enfin ma foutue émission de radio, pas de quoi chômer.

Concernant les projets de traduction, celui d’Ama Ata Aidoo est le plus défini, et je dois m’entretenir avec ma co-traductrice le 18 : cela tombe bien, car c’est le texte qui résonne le plus étroitement avec ce que je veux explorer dans les trois premiers romans de Darko et dans sa trajectoire allemande. (Tiens, trajectoire allemande, ça ferait un bon titre de chapitre, pour prolonger l’idée de triangulation impossible.)

Repris l’entraînement de ping-pong ce soir, avec Amandine à la manœuvre : il n’y a pas à dire, c’est autre chose avec elle.

 

22:20 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 février 2025

03022025

Ce matin, enregistrement en direct de la troisième émission d’I LOVE MES CHEVEUX, avec Bayan Ramdani, qui, comme Marie-Aude Ravet il y a deux semaines, est un « bon client » : prolixe, intelligent, capable de dérouler une anecdote de manière vivante et de la prêter à d’éventuelles généralisations. C’était vraiment sympathique, et je m’éclate de plus en plus en faisant cette émission. (Par contre, on a encore débordé de vingt minutes ; il faudrait que je me discipline.)

Entre le moment où j’ai fermé la porte du garage et l’arrivée du tram à la faculté de droit, il s’est écoulé trente-neuf minutes : je pense avoir établi une sorte de record, mais il faut dire que le bus est arrivé à l’arrêt Torricelli au moment où j’y arrivais.

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Bientôt fini Les blattes orgueilleuses de Lynda Chouiten, son troisième roman, qu’elle m’a gentiment envoyé (publiés en Algérie, ses livres sont hélas impossibles à commander en libraire en France) ; j’ai écrit sur Bluesky que je n’étais pas loin de penser que c’était son meilleur.

Il faut dire que le sujet est casse-gueule, et que le genre auquel il appartient (le campus novel) me laisse habituellement froid : par contrecoup, le fait que ça monte en puissance, d’un point de vue narratif et stylistique, est d’autant plus magistral. Je suis persuadé que ce roman sera un jalon important dans le cadre des récits de la révolution de 2019 (Hirak / ⴰⵎⵓⵙⵙⵓ), d’autant qu’il permet de penser l’identité kabyle de façon complexe.

 

dimanche, 02 février 2025

02022025

Il en va de Lovecraft comme de Tolkien : l’œuvre m’a plutôt rebuté ou ennuyé ; puis, les personnes qui m’en disaient monts et merveilles l’ont fait d’une façon qui m’a peu convaincu ; enfin, les problèmes idéologiques (plus nets du côté du suprémaciste et raciste H.P.L) ont achevé de m’en détourner. Samedi matin, une fois encore, j’ai pu constater que des personnes qui évoquaient l’exposition de je ne sais plus quel mangaka autour de l’œuvre de Lovecraft étaient éberluées quand je leur disais « ah non, Lovecraft, c’était quasiment un nazi, je laisse ça de côté ».

 

16:34 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 01 février 2025

0102205 (Angoulême)

Aujourd’hui, Claire m’a traîné au festival de la B.D. d’Angoulême, où elle est allée pour la première fois l’an dernier.

 

Table ronde sur la traduction de B.D. en Espagne, Angoulême, 1er février 2025

 

Cette année, le programme était moins riche, moins intéressant, mais j’étais quand même content de découvrir cela avec elle : deux expositions très intéressantes (rétrospective Posy Simmonds et neuf dessinatrices espagnoles de la nouvelle génération), tour pas exhaustif mais appuyé – c’est-à-dire avec quelques achats – au pavillon Nouveau Monde, table ronde autour de la traduction en Espagne, tour rapide au grand pavillon des mangas (il ne fallait pas rater le train de retour).

 

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Comme nous n’avons pas pu assister à la table ronde sur le female gaze (il y avait 160 places et nous étions trop loin dans la file d’attente), nous nous sommes rabattus sur la présentation des 44 fanzines nominés pour le prix de la bande dessinée alternative 2025. L’organisateur, visiblement très fin connaisseur du domaine, était aussi un espèce de boomer totalement décomplexé, qui a réussi à tenir des propos xénophobes tour à tour au sujet de la Colombie (« c’est un pays qui exporte autre chose que de la drogue »), les Philippines (qu’il a situées géographiquement « au carrefour de l’Asie et de l’Europe de l’Est », wtf) et la Chine (en précisant qu’à sa grande surprise la BD chinoise n’avait aucun rapport avec le manga japonais (!!)) : un vrai bingo. Nous n’étions pas seuls, Claire et moi, à grincer des dents : les cinq personnes derrière nous, qui faisaient partie de l’équipe de deux fanzines différents ai-je cru comprendre, soupiraient et souffraient autant que nous. En y réfléchissant, je regrette de ne pas m’être levé pour dire que ces propos étaient inadmissibles. C’est toujours comme ça : on est estomaqué, on se rassure en échangeant des regards ou de brèves paroles de connivence avec d’autres personnes dans le public, et on laisse les racistes déblatérer.

Vérification faite, ce monsieur, qui ne s’est pas du tout présenté tellement il pensait être connu de tout le monde, se nomme Philippe Morin : architecte de profession, il est aussi cofondateur et coéditeur des éditions PLG, et donc président du jury du Prix de la BD alternative. Il y a une certaine satisfaction à voir ce soir que les deux fanzines qui ont obtenu le Prix ex aequo, Hairspray et Fanatic Female Frustration, sont à l’opposé des visions frelatées et imbues de ce paltoquet. In fine, le female gaze a retriomphé.

 

Exposition Posy Simmonds - Angoulême, 01.02.2025

vendredi, 31 janvier 2025

31012025

C’était l’anniversaire d’E° aujourd’hui (j’ai trois amis dont le prénom commence par E et je ne sais plus comment je m’en suis sorti pour les initiales dans ces carnets – bon, ce qui compte est que moi, je m’y retrouve) et nous avons renoué avec notre sempiternel déjeuner italien. Je lui ai rendu le livre de Gueorguieva qu’il m’avait prêté, je lui ai donné un livre de Chauvier acheté en 2006 à sa sortie chez Allia et que je m’étais retenu à l’époque de balancer contre le mur (le marque-pages atteste que je me suis arrêté à la page 38). Nous lui avons aussi fait un vrai cadeau : un livre choisi (qu’il a déballé une fois chez lui, selon sa coutume, en me demandant aussitôt par message si je souhaitais « redéclencher [s]on hyperfixation ornithologique ») et deux livres qu’il a choisis au Livre (dont un de l’économiste Karl Polanyi, qui n’était pas même un nom pour moi, tant est grande mon inculture en la matière).

Il a fait très beau aujourd’hui : froid, mais beau. Les bords de Loire étaient superbes sous la lumière d’hiver.

 

16:55 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 30 janvier 2025

Revue de presse du 30012025

1/ République démocratique du Congo : le groupe armé M23 ouvre un nouveau front (NR)

2/ Kumbh Mela stampede: A look back at deadly crowd disasters in India (Independent)

3/ Suspension de l’expulsion de l’influenceur algérien «Doualemn» : Retailleau a appliqué «à tort la procédure d’expulsion en urgence absolue» (Libé)

4/ Algorithm study 90% accurate predicting bowel cancer (BBC)

5/ Olaf Scholz warnt davor, Friedrich Merz zu vertrauen (Die Zeit) — en résumé, très très résumé, la droite et le centre allemands commencent à faire alliance avec les néonazis

6/ Does vulnerability to natural disasters make people more open to sustainable consumption? (Anthropocene Magazine)

30012025

Il faut vraiment m’y remettre. Je ne peux pas laisser filer le mois de février comme les dix derniers jours. De la discipline. Certes, je lis beaucoup, et je ne « glande » pas, techniquement, mais je dois absolument tout recentrer autour de mon chantier de recherche, laissé en suspens depuis trois semaines, à peu près. Ni l’émission de radio, ni les traductions, ni le vlog, ni mes satanées revues de presse (il ne manquait plus que ça !) ni un prochain déplacement professionnel à Marseille (ville où je n’ai jamais mis les pieds) ne doivent me déprendre. Les cinq mois qui viennent vont fondre comme neige au soleil. Hier, j’avais envie d’écrire un texte, qui aurait vite débordé du cadre, sur la concomitance tragique entre les images – partout diffusées – des inondations, notamment en Ille-et-Vilaine, et le discours fantasmatique et fascisant de Bayrou sur la « submersion migratoire » : sans doute suis-je sous l’influence de Klemperer (dont j’ai trouvé quelques chapitres plus faibles), mais mon rôle n’est pas celui d’un sémioticien ; il y a évidemment un article, et même un essai à écrire sur cette ironie involontaire détachant le sens figuré, qui fantasme une menace, du sens littéral, qui manifeste la vraie urgence (climatique).

 

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Côté lectures, j’ai achevé hier The Sum of All Things, le dernier roman de Seb Doubinsky, et, il me semble – mais la fin est très ouverte, quand même –, de son cycle dystopique des City-States. J’ai commencé un manga, Pline, de Mari Yamazaki et Miki Tori, deux manga-ka très connu·es apparemment (mais mon inculture en la matière est totale).

Ces deux derniers jours, j’ai aussi lu les deux brefs recueils narratifs et voyageurs de Béatrice Commengé et d’Olivier Rolin, dans l’optique de la rencontre à la librairie Le Livre, mais avant de m’apercevoir que je ne serai pas là ce jour-là.

Il faut que je commence le nouveau roman de Nnedi Okorafor, qui fait l’objet d’un vrai battage et que j’ai enfin reçu hier par la poste, et que je voie si la vieille liseuse de Claire peut encore marcher, même vaguement, même branchée, afin d’y transférer quelques romans que je n’ai qu’en format numérique et qu’il m’est impossible de lire sur ordinateur : le dernier de Chinelo Okparanta, et celui – totalement introuvable – de Rosemary Esehagu, que l’écrivaine m’a envoyé en format .doc (ça ne s’invente pas, et ça a été un sacré parcours du combattant – si je pouvais avoir autant de chance avec Amma Darko…).

 

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Addendum de 6 h 22 : je viens de partager ce billet sur trois réseaux sociaux différents (Mastodon, Bluesky, Facebook), avec à chaque fois une phrase d'accroche différente, une phrase extraite de ce billet. Je viens d'ajouter la photo d'illustration, qui provient d'un autre réseau social. Petit test : si vous êtes arrivé·es jusqu'à cette phrase, pourriez-vous juste indiquer en commentaire si vous débarquez d'un des trois réseaux ?

 

mercredi, 29 janvier 2025

Revue de presse du 29012025

1/ Climate change made LA fires worse, scientists say (BBC)

2/ "Emilia Pérez" nommé aux César : pourquoi la communauté transgenre juge le film de Jacques Audiard "caricatural" (France Info)

3/ « Submersion » migratoire : le naufrage de François Bayrou (Ilyes Ramdani, Mediapart)

4/ Indiana man pardoned by Trump for Jan. 6 riot is shot and killed by deputy during arrest (Detroit Free Press)

5/ Zimbabwe cholera outbreak spreads to eight districts (Mail & Guardian)

6/ Baobab is a superfood with growing global demand – that’s bad news for the sacred African tree (Mail & Guardian)

 

29012025

Il y a une semaine, nous étions, en comité familial restreint, au crématorium de Mont-de-Marsan, pour un dernier salut à ma grand-mère. Depuis, les liens se font par la pensée, par la mémoire.

 

Hier après-midi, toujours dans un retour au coffret Debussy, j’écoutais des pièces pour piano que je connais mal, et étais particulièrement ému par le 2e mouvement d’En blanc et noir, ainsi que par l’épigraphe intitulée Pour un tombeau sans nom. — Qu’en penserait mon ami E*, lui qui a dit une fois en ma présence (mais m’a laissé comprendre cela x fois) : « Tu connais Guillaume, il a toujours eu des goûts musicaux pourris. »

Mercredi dernier, dès le début de la cérémonie, j’étais en larmes en écoutant Casta diva chantée par Angela Gheorghiu (c’était un des choix de ma grand-mère elle-même).

 

mardi, 28 janvier 2025

28012025

Aujourd’hui, vu la magnifique exposition de la photographe sicilienne, ou faut-il même dire palermitaine, Letizia Battaglia (1935-2022), avec le regret, léger, que son travail de photojournaliste au sens le plus concret du terme, et aussi son travail d’éditrice ne soient qu’esquissés. En tout, c’est une découverte majeure.

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La conférence de mon collègue Laurent Gerbier, hier soir, dans le cadre du séminaire 19e siècle, m’a notamment poussé à relire Montaigne, et en particulier “De la modération” (I, XXX), où je trouve cette pépite, qui m’amuse car Claire déteste la rhubarbe sous toutes ses formes (et en particulier l’odeur à la cuisson) et je l’adore, de sorte que l’apophtegme de Montaigne est parfaitement applicable à elle, non à moi :

Le naturel qui accepteroit la rubarbe comme familiere, en corromproit l’usage : il faut que ce soit chose qui blesse nostre estomac pour le guerir ; et icy faut la regle commune, que les choses se guerissent par leurs contraires, car le mal y guerit le mal.

 

Depuis quelques jours, j’ai l’impression de repartir en permanence « dans le décor », de faire des embardées, comme à la grande époque polygraphe, circa 2006-2008, comme en lisant Commengé et son parcours de la route 87 sur les traces de Nietzsche j’ai à l’esprit immédiatement mes très anciennes pondaisons (Onagre 87).

 

18:30 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)

Revue de presse du 28012025

1/ Mémoire de la Shoah : les jeunes se sentent-ils capables de la transmettre ? (RFI)

2/ DeepSeek : un "avertissement" pour l'IA américaine selon Trump, des droits de douanes en perspective (France 24)

3/ Éducation, fin de vie, immigration… Ce qu’il faut retenir de l’interview de François Bayrou (La Croix) *

4/ Misogyny identified as breeding ground for extremism in UK, says leaked report (Guardian)

5/ RDC : les échanges de tirs ont repris à Goma ce mardi matin (RFI)

6/ En France, championne d'Europe des OQTF, plus de 93% de ces mesures d'éloignement concernent des étrangers sans histoire (France info)

7/ 36 examples of anachronyms (Heddwen Newton, blog English in Progress)

 

* Absolument rien sur l'urgence climatique et la transition écologique - ce n'est pas comme si on était en plein milieu d'un “épisode” de graves inondations... Bayrou est un homme du passé, c'est-à-dire du capitalocène, pieds et poings liés aux lobbies des énergies fossiles et de l'agroproductivisme.

 

lundi, 27 janvier 2025

Revue de presse du 27012025

1/ Tempête Herminia : Rennes subit les crues les plus importantes depuis plus de quarante ans (Le Monde)

2/ Protests by fruit pickers and farmers put spotlight on price of cheap food in UK (Guardian)

3/ Paradoxe de l’interdisciplinarité (recension de l'ouvrage collectif Servitudes et grandeurs des disciplines - in En Attendant Nadeau)

4/ Pyrénées : des chiens renifleurs formés à rechercher l’insaisissable desman (Sud-Ouest) *

5/ « L’organisme des enfants est particulièrement vulnérable » : un élève sur sept dans le monde victime du dérèglement climatique en 2024, alerte l’Unicef (L'Humanité)

6/ Pourquoi avoir attendu 80 ans pour compter les « Nomades » persécutés en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? (Lise Foisneau - The Conversation)

 

* Oui, c'est un article d'août 2024, et derrière un paywall (mais regardez l'alt-text sur Bluesky).