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mardi, 18 novembre 2025

18112025

Je viens de lire le chapitre que Kamil Naicker consacre à Crossbones dans son ouvrage récent Return to the Scene of the Crime. The Returnee Detective and Postcolonial Crime Fiction (Routledge / UKZN, 2023). Dès la première page, une erreur factuelle assez énorme, sur la date de publication de Links, me met la puce à l’oreille. L’article (car en fait, comme trop souvent, cet « ouvrage » est un recueil d’articles rapidement remaniés) n’est pas mauvais ; il est même stimulant par plusieurs côtés. Par contre, il démontre de façon quasi caricaturale que la tendance – devenue la norme – consistant à rassembler des analyses de cinq écrivain·es de trois continents différents sous un chapeau « post-colonial » ne produit rien de profondément rigoureux. Tenter de rendre compte de la façon dont Crossbones se joue des codes du roman policier sans lire l’ensemble de la trilogie dont le roman est extrait, et se priver autant des apports des anthropologues spécialistes de la Somalie que d’une réflexion sur les conflits entre plusieurs traditions islamiques, ça ne mène nulle part. L’auteur publie ce livre pour avancer dans la carrière, pas parce que son approche apporte quoi que ce soit de vraiment approfondi au champ dont il prétend parler ; d’ailleurs, la faiblesse du substrat théorique post-colonial montre que personne ne s’est vraiment soucié de relire ce chapitre avant de l’accepter pour publication.

 

Ce qui me semble particulièrement ironique, c’est qu’il n’y a jamais eu autant d’articles et de chapitres d’ouvrage consacrés à Farah, alors que son étoile s’est considérablement obscurcie et que, par exemple, ses livres ne sont plus guère traduits et ne font plus trop l’unanimité parmi les critiques et les lecteurices (j’ai déjà évoqué cela lorsque le Prix Nobel a été décerné à Gurnah en 2021). Toujours est-il que ça m’a quand même donné envie de relire toute la trilogie publiée entre 2003 et 2011. Je ne sais plus si je l’ai raconté, mais après la publication de Links (2003) et Knots (2007), j’avais parié – avec moi-même – que le troisième roman s’intitulerait Ties. (Raté !)