jeudi, 24 juillet 2025
24072025 (pourquoi les Beatles me laissent sur ma faim)
Il y a trois jours, en rangeant les affaires au retour de notre semaine à Jersey, j’ai écouté un double album vinyle des Beatles intitulé Love Songs, très évidemment une sorte de best of ou d’anthologie. Il s’agit d’un des nombreux 33-tours hérités de mon beau-père, et que j’avais tous « remontés » du sous-sol le mois dernier pour les réécouter. Il m’arrive régulièrement – depuis dix ans, disons – de réécouter tel ou tel album des Beatles, plus pour essayer de comprendre pourquoi je n’accroche pas, pourquoi je n’ai jamais accroché aux Beatles, ainsi que pour vérifier que c’est effectivement très bien : les musiques, les harmoniques, les chœurs, les arrangements – rien à dire, c’est très bien. Mais alors, pourquoi n’ai-je jamais « accroché » ?
Plusieurs hypothèses m’avaient traversé l’esprit. Hypothèse 1 : mon père n’aimait pas les Beatles, et ça a pu m’influencer. Overruled : dès mon enfance, j’ai écouté et apprécié des artistes que mon père ne connaissait pas, voire qu’il n’aimait pas. Hypothèse 2 : quand j’étais plus jeune, je n’entendais rien à la musique (et je veux dire par là que j’ai compris vingt ans plus tard que tel passage de telle chanson me déchirait le cœur à cause du duo clarinette-violoncelle, instruments que je n’avais même pas identifiés). Overruled : au fil du temps mon oreille s’est améliorée (je chante toujours comme une casserole, par contre, mais c’est une autre histoire). Hypothèse 3 : un des éléments esthétiques fondamentaux des Beatles (et de quelques autres groupes de l’époque) consistait en une divergence entre la voix principale et les voix des chœurs, ce que je n’aimais pas. Overruled : j’ai assez vite apprécié des groupes ou des chanteurs qui pratiquent cela (les Sparks étant l’exemple le plus évident). Hypothèse 4 : le côté mièvre. Overruled, mais pas tout à fait : en effet, même si j’ai découvert (tardivement), des chanteuses ou chanteurs des années 1960 à qui on pourrait faire ce reproche et que j’aime beaucoup (Dionne Warwick est l’exemple qui me saute aux oreilles), ce côté lymphatique, mollasson, continue de m’agacer quand j’écoute les Beatles.
En fait, l’hypothèse qui me convainc le plus, c’est que les paroles sont d’une fadeur, d’une superficialité, et – pour tout dire – d’une indigence qui explique à la fois le succès des Beatles (il était plus facile pour les fans du monde entier de reprendre en chœur Drive my car ou Come together, pour citer deux chansons que j’aime beaucoup, que pas mal de chansons des Stones, de John Lee Hooker ou de Springsteen) et mon désamour. En effet, avant même de savoir parler anglais, j’appréciais certes d’écouter des chansons dont je pouvais comprendre des bribes car elles requéraient à peine un niveau A2 en anglais, mais j’étais aussi beaucoup plus durablement attiré par des chansons d’artistes anglophones dans lesquelles une mélodie énergique soutenait des paroles en grande partie incompréhensibles mais que je pouvais essayer de suivre en partie grâce aux paroles sur la pochette du 33-tours. Et là, j’en reviens à mon premier (et longtemps le seul) album des Sparks, Whomp That Sucker !, rapporté d’un séjour en Angleterre en famille, en 1982, mais aussi au premier album des Talking Heads (bon, pour être honnête, je crois que cet album reste un favori à cause de la voix de Byrne et de la basse de Tina Weymouth), à Born in the USA de Springsteen, qu’on écoutait sur cassette en voiture (et donc, je n’avais pas les paroles), à mon album de Kim Carnes que je n’ai jamais retrouvé, il me semble. Plus tard, une fois que j’ai su mieux parler anglais, il m’a fallu (comme en français, d’ailleurs) des chansons dont j’aimais la musique, certes (et au fond c’est indissociable, bien entendu), mais aussi dont les paroles n’allaient pas s’épuiser même après dix écoutes.
Il ne s’agit pas seulement de richesse lexicale – je me demande si le vocabulaire global des chansons des Beatles dépasse les cent cinquante mots – mais aussi de double sens, d’ambiguïtés, et même du plaisir qu’il y a à jouer avec le son des mots avant de se préoccuper du sens : certaines chansons de Murat, d’Ian Dury, de Franz Josef Degenhardt, de Bob Dylan bien sûr, des Smiths, des Cardigans, frappent puis s’inscrivent dans la durée à cause d’un rapport avant tout musical à la langue. J’ai évoqué plus haut Bruce Springsteen, dont je connais très mal l’œuvre. Une anecdote me revient, et ce d’autant plus facilement que j’ai réécouté il y a deux jours la chanson en question : quand ma mère a fini par acheter une platine CD, assez tard, en 1991, un des premiers coffrets à prix bradé qu’elle a achetés était un coffret des trois premiers albums de Springsteen. Et je me rappelle avoir découvert alors le premier album du Boss, sorti en 1973, quand il avait 24 ans. Il me semble que si Springsteen n’avait écrit et chanté que la toute première chanson de cet album, “Blinded by the Light”, il mériterait de passer à la postérité. C’est une des chansons les mieux écrites de l’histoire du rock (ou de la pop, ou du folk, on s’en fout). Et, pour le coup, je donne tout l’album blanc des Beatles contre cette seule chanson. Dites-moi que je n’y connais rien en musique, je l’admets volontiers ; je n’ai rien prétendu d’autre ; je cherche seulement à comprendre comment je « fonctionne ».
09:04 Publié dans 2025, Autres gammes | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 23 juillet 2025
23072025
5 h 40
Je me suis couché tôt, endormi vers 22 h 30 hier ; l’idée était de me reposer, et aussi, si possible de me réveiller tôt car je travaille mieux le matin. C’est réussi : le café se prépare et déjà je pianote. Ce matin il faudrait que je boucle la relecture de la partie de ma co-traductrice.
Hier, j’ai déjà bousculé mon programme de travail en ne faisant pas un des items de ma liste, mais en avançant dans une autre tâche que j’avais fixée pour la fin de semaine : lire le roman de Peace Adzo Medie que je dois recenser pour En attendant Nadeau ; je l’ai bientôt terminé, et d’ailleurs cette recension m’embarrasse, car je ne sais par quel bout la prendre. En tout, c’était intéressant pour moi de lire, fût-ce en traduction française, ce roman d’une Ghanéenne de la génération après Darko et Aidoo (elle est née en 1982). Dommage, par contre, que, contrairement à ce qui était prévu, seul un des deux romans m’ait été envoyé.
Le solstice, c’était il y a un mois, et ça se voit : par la fenêtre, je vois les feuilles de l’érable se découper sur un fond de ciel fuligineux, presque nocturne. Il doit pleuvoir presque toute la journée ; de toute façon, on ne peut pas se plaindre de la canicule cette semaine.
06:03 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 22 juillet 2025
22072025
Cette après-midi, petite randonnée entre Savonnières et Villandry.
Le chemin longeait la Loire, au retour, mais avant cela nous étions passés par les bois, et par les hameaux de la Boissière et de la Bretonnière (ce dernier se remarquant par un puits plutôt quelconque mais ombragé de tilleuls splendides). La promenade débute de façon assez raide par le chemin des Cent-Marches. Peu d'animaux, sauf une biche (aperçue par Claire de loin, tandis que nous redescendions par la forêt sur Villandry) et quelques hérons, foulques, colverts.
Au café où nous avons pris un verre avant de repartir, nous avons oublié une de nos paires de jumelles : décidément, c’est une manie, après jeudi où nous avions laissé l’autre au banc sous le château de Mont-Orgueil. Heureusement, le tenancier du café les a récupérées, car si l’autre jour je n’avais dû refaire que trois kilomètres, là, je n’avais aucune envie de refaire l’aller-retour jusqu’à Savonnières.
18:04 Publié dans 2024, Sites et lieux d'Indre-et-Loire, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 21 juillet 2025
21072025
Retour hier à six heures du soir à Tours ; la pluie, qui était pas mal tombée pendant notre semaine d’absence si j’en crois la terre humide et les cuvettes pleines, n’a pas traîné à reprendre du service, avant de tomber de plus belle cette nuit, et plus encore ce matin. Hier soir, en faisant un petit tour à pied dans le quartier avec ma mère vers dix heures du soir, en chemisette j’avais presque froid. Cette nuit, à l’aurore, m’étant déplacé à l’étage pour entendre les coups sur les tuiles et les velux, je poursuivais ma lecture de Scale Boy (j’en ai bientôt fini, ce qui signifie que ça ne fait que commencer). Et aujourd’hui, passionnantes préoccupations : ranger, faire le ménage, et comment faire sécher toutes ces lessives ?
11:01 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 20 juillet 2025
20072025 (retour de Jersey)
Notre journée de voyage a été rythmée par la progression assez fabuleuse de la pétition contre l’abjecte loi Duplomb sur le site de l’Assemblée nationale. 800.000 en arrivant à l’embarquement à Saint Hélier (il faut poireauter longtemps dans des files ridicules). 900.000 en sortant du ferry à Saint-Malo. Un million tout pile en vidant le coffre de la voiture, à Tours. Deux heures de bateau, trois de voiture, mais bien sûr cela s’arrondit vite à sept ou huit en comptant l’attente susdite notamment, les douanes, etc. – et bien entendu l’heure de décalage (Jersey est à H+1, nous à H+2).
19:01 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 19 juillet 2025
19072025
Il a plu cette nuit ; ça a purgé l’air, comme dit ma mère (je crois).
Toutefois, pas trop besoin de purger l’air, vu qu’il ne faisait de toute façon pas très chaud. Hier après-midi, nous étions encore les seuls, mon père, Claire et moi, à nous baigner sur la plage en face de la tour de La Rocco, près de l’anse au large de laquelle se trouve le phare de Corbière. Et le soir, avant une soirée musicale assez inégale au Blue Note Bar, en dînant au Cock & Bottle, nous avions eu la surprise de voir les propriétaires allumer les lumières mais aussi les radiateurs à infra-rouge sur la terrasse. Ces saloperies sont interdites depuis quelque temps en France, mais ici, tout en se défendant d’être « britanniques », les Jersiais ou Jerriais restent très anglais, notamment en cela qu’ils balancent absolument tout à la poubelle sans aucun tri sélectif nulle part (à part pour le verre). En tout cas, les Jerriais ou Jersiais sont peut-être habitués à ce que le mercure descende en-dessous de 20° le soir, mais ça allume quand même les grille-pains sur les terrasses.
Bref…
Dernière journée ici aujourd’hui. Le correcteur orthographique a transformé mon grille-pain invariable (qui était peut-être une erreur, ou une réminiscence de l’ancienne règle ?) en les grille-pains. Et sur le nom de la taverne, qui n’était pas exactement un pub, Cock & Bottle, c’est à se demander si ce n’était pas, à l’origine, ‘Cork & Bottle’. En attendant, allons-nous pouvoir faire cette petite randonnée à la pointe nord-est programmée hier mais que l’envie de nous approcher toujours plus de la pointe de Grosnez nous a fait repousser à aujourd’hui ? La météo n’est pas terrible : il a plu, il n’est pas censé repleuvoir, mais on a l’impression que la météo n’est pas très fiable.
Je lis peu. –––––– Je continue de lire Scale boy : le livre est splendide, et la question du plurilinguisme s'y complique diablement.
10:28 Publié dans 2025, Gertrude oder Wilhelm, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 18 juillet 2025
18072025
“In other words, there was a telos at work in the maze, a movens in the chaos.”
(Patrice Nganang, Scale Boy, 2026, p. 206)
Même si, sans doute en raison de faibles amplitudes de marée ces temps-ci, le spectacle du Devil’s Hole à la marée montante (presque haute, supposément) était un peu décevant, tout le reste de la promenade – les points de vue sur le littoral, l’observation des goélands et d’un faucon pèlerin, le passage soudain d’un sous-bois à un chemin en bordure de falaise – était magnifique. De toute façon, la côte nord et – en partie – la côte orientale sont les seuls beaux endroits de l’île, dont le bâti est sinon plutôt vilain, et les paysages inexistants.
14:00 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 17 juillet 2025
17072025
Aujourd'hui 17 juillet 2025 mon grand-père maternel, André Bédrède, aurait eu cent ans. Il n'aurait pas du tout aimé voir sa fille aînée et le deuxième de ses quatre petits-enfants embarquer sur un hors-bord pour l'archipel des Écrehous. Mais il était un peu avec nous quand même. Avec les sternes, les cormorans, les dauphins et les phoques qui ont fait rayonner cette après-midi.
19:30 Publié dans 2025, Hors Touraine, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 16 juillet 2025
16072025
Hier, pendant la visite du zoo de Jersey (ou plutôt du Durrell Wildlife Conservation Centre), nous avons sans cesse pensé à A*, qui n’a jamais eu l’occasion de le visiter alors qu’il savait absolument tout, dès jeune adolescent, de la vie de Durrell et de l’histoire de ce zoo. Le zoo n’a, en soi, rien d’exceptionnel, mais tout le projet global de Durrell le rend tout à fait particulier.
Après la visite, nous sommes tombés presque par hasard sur le site de La Hougue Bie, à la fois tumulus et allée couverte remontant au néolithique ayant ensuite servi de motte féodale avec chapelle du 15e siècle. Comme partout sur l’île, les nazis avaient aussi installé un bunker ; il y a une exposition sur les travailleurs forcés. Cela faisait écho ce matin, avec la visite des Jersey War Tunnels, installation impressionnante qui a vu travailler comme des esclaves plusieurs milliers de ces travailleurs forcés – les Russes et les Nord-Africains étant les plus mal traités, en Untermenschen – et mourir 22 d’entre eux.
Pour l’après-midi de ce mercredi, on a préféré la pinte au Pierson à la visite du musée d’art et d’histoire de Jersey, de bric et de broc, et pur bric-à-brac.
21:23 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (2)
mardi, 15 juillet 2025
15072025
Mont-à-l'Abbé, 5 h 40, heure locale
Une constatation après deux jours à Jersey : je prends très peu de photos. Une des raisons en est que nous n’avons pas fait suivre notre « bon » appareil photo, et que mon téléphone – contrairement à celui de Claire – n’en fait que de très médiocres, et l’autre en est qu’en voyageant avec mes parents je me dis que dans la foultitude de photographies prises par ma mère (et aussi par mon père) il y en aura assez pour faire un album. Quand les garçons étaient petits et qu’on voyageait ensemble, c’était moi qui mitraillais (ou presque). Ce temps est révolu, et c’est très reposant.
Autre constatation : j’ai abandonné ces carnets depuis une semaine et vais tâcher de ne pas laisser tout partir à vau-l’eau, comme trop souvent par le passé, à cause des vacances. J’écris ces lignes dans la cuisine, sans mes lunettes, mais je me débrouille.
07:03 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 14 juillet 2025
14072025
Journée à Saint-Hélier. Petite ville très commerçante, assez anglaise en fait, quoi que cherchent à dire les Jersiens de leur insularité, pour ne pas dire de leur francité. Dans le bâtiment du Musée d’Art et d’Histoire, que nous n’avons pas encore visité mais où nous sommes passés car l’office de tourisme s’y trouve, plusieurs inscriptions en dialecte jersien s’affichent aux yeux : cela semble très proche du normand, et nous nous sommes surtout demandé qui parlait encore cette langue. En tout cas, elle n’apparaît sur aucune inscription dans d’autres lieux. Les toponymes, noms de rue etc. sont souvent en français, avec des effets parfois d’un comique involontaire quand les deux noms sont juxtaposés (Queen Street = Rue du milieu). On a pris quelques photos, et je pourrais creuser cette question en vue de l’émission de radio qui sera consacrée au dialecte beauceron. Ce que j’ai dit plus haut vaut d’ailleurs pour le dialecte normand, et pour la plupart des parlers régionaux issus d’oïl : qui parle encore normand ou beauceron ?
Le clou de la journée a été la promenade, sur un chemin bétonné strictement délimité – et dont la construction a dû être, en soi, une prouesse –, jusqu’au fort Elizabeth (Elizabeth Castle). On peut rejoindre cet éperon situé à un kilomètre de la côte, soit par une sorte de gros bus amphibie qui fait l’aller-retour toutes les demi-heures, soit, à marée basse, en empruntant ce chemin, qui s’est ouvert au milieu des eaux vers 13 h 30 et se refermait vers 18 h 30, de quoi laisser largement le temps de visiter le château lui-même, avec ses différentes parties, dont – comme partout à Jersey – ses quelques blockhaus datant de l’occupation. L’aller fut plus périlleux que le retour, car sur une vingtaine de mètres il y avait encore un peu d’eau (donc passage pieds nus inévitable) et sur d’autres les amas d’algues rendaient le sol glissant. Au retour, tout avait été séché et balayé par le vent et le soleil.
Le château n’a pas un très grand intérêt, mais la vue sur la baie est remarquable, et nous avons pu aussi admirer les oiseaux du littoral, dont un huîtrier pie faisant des allers-retours incessants entre les points de pêche et le rocher où se cachaient deux jeunes qui seront bientôt en âge de se débrouiller par eux-mêmes. Il y avait aussi, sur un des créneaux, tout proche de l’escalier où passent chaque jour des centaines de visiteurs, un très jeune goéland argenté (deux semaines peut-être) surveillé de près par son père ou sa mère.
20:04 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 13 juillet 2025
13072025
Longue journée, vu que nous avons dû nous réveiller à 5 h 25 heure française pour embarquer dans le ferry en respectant les consignes (au moins 60 minutes avant le départ). Il faisait très beau tout le long de la traversée de Saint-Malo à Jersey, et Claire et moi avons même pu observer, pendant une dizaine de secondes, un fou de Bassan seul qui suivait le bateau.
Nous avons sillonné les routes de l’île, surtout à l’ouest et au nord-ouest. Les paysages font un peu penser à la Bretagne, un peu à la Cornouaille, un peu aux îles Chausey. La plage sur laquelle nous nous sommes baignés, presque seuls, sous un grand soleil, sur la côte ouest, était magnifique, et l’eau limpide : mon père a dit qu’il n’avait pas vu une eau aussi claire depuis son enfance.
Tout se passe bien. Parfois, sur les routes, on espère ne croiser personne car la voie est étroite, entre les murets de pierre. Des cars circulent toutefois. Ma mère m’a confié qu’elle était fatiguée on my behalf. Bof, pas besoin, en vrai ça va. Hier, j’avais commencé une deuxième lecture – plus de dix ans après la première – des Arran Islands de Synge, dans lequel il évoque à un moment donné de jeunes insulaires dont deux ne sont jamais allés « on the mainland » (c’est-à-dire à Galway). On est toujours l’insulaire de quelqu’un, et de même, je pense, les quelques habitant-es de Herm doivent considérer que Guernesey est la grande île, ou la terre ferme.
Le petit appartement que nous avons loué est très confortable et cosy, mais l’équipement un peu spartiate. Aucun volet, des rideaux insignifiants : il faudra encore essayer de se reposer tout en étant réveillé aux aurores précoces par le jour d’été. J’ai enfin commencé la lecture de Scale Boy, les mémoires d’enfance de Patrice Nganang, dont il a beaucoup parlé depuis déjà plusieurs mois, et peut-être même deux ans, sur Facebook, dont j’ai parlé avec lui en avril, et qu’il a fini par m’envoyer dans une version presque définitive (le livre doit paraître en janvier prochain). Après quelques couacs de communication, j’ai reçu le fichier PDF, mais j’avais tellement de bricoles et de non-bricoles à gérer que j’ai préféré attendre le début des vacances pour m’atteler à cette lecture. Et j’ai bien fait car c’est très beau et il ne faudrait pas trop couper ou séquencer la lecture. Je pourrai me rappeler avoir lu ce livre pour la première fois dans un salon confortable, à Saint-Hélier.
21:17 Publié dans 2025, Hors Touraine, Lect(o)ures | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 12 juillet 2025
12072025
Après une matinée consacrée à quelques tâches ménagères diverses, un déjeuner rapide avec O* – puis, une fois qu’ils furent levés – une discussion rapide avec A* et F*, qui sont aussi venus pour le festival Terres du son et qui rentrent à 4 h du matin, nous avons levé le camp, direction Saint-Malo. La climatisation de la voiture ne semble pas fonctionner très bien, à moins que je n’aie jamais bien compris comment la faire fonctionner (pour certaines choses simples il faut désormais bac + 12 en automobile) ; c’est surtout le siège arrière gauche, derrière le conducteur, qui n’en bénéficie guère.
Hôtel confortable, trois étoiles sans aucun caractère, qui pourrait être n’importe où. Piscine agréable, où nous étions les seuls, Claire et moi, à n’arborer aucun tatouage : autant dire que nous étions les vioques de service. Le soir, après le dîner et une petite promenade dans la citadelle, en montrant à mes parents l’esplanade du Québec et sa ridicule statue de Surcouf, nous avons fait une halte à Anet, avec sa tour Solidor, donjon fortifié commandant l’estuaire de la Rance, que nous n’avions qu’aperçue il y a un mois, Claire et moi, quand nous avons pourtant logé dans un T1bis du quartier Saint-Servan.
Entre les remparts, plus tôt, Claire a pu montrer à mes parents l’endroit où, le 8 juin à minuit, accompagné de Laure et Amaury qui ne comprenaient pas ce qui se passait, j’ai « fait mon BeReal » avec trois gamins qui m’avaient simplement entendu parler de ça et n’en revenaient pas, eux, qu’un daron de mon âge ait cette appli (j’avoue que ça dissone).
21:26 Publié dans 2025, Hors Touraine | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 11 juillet 2025
11072025
Finalement, A* a pu venir, conduit par F*, remise – à peu près – de quelques jours d’un assez méchant Covid. Le virus circule toujours.
Ainsi, on a pu fêter, avec O*, également arrivé vers midi et fraîchement revenu d’Oléron, les 24 ans du grand garçon désormais dans la vie active. (Dans les premières années de ce blog, je notais ses répliques les plus extravagantes ou comiques dans une rubrique spécifique.) Nous lui avons offert, de façon collective, une belle paire de jumelles ; mon père a été le seul à constater la coïncidence amusante (homophonique) avec le fait qu’il vit depuis trois mois à Rochefort.
Le soir, à cinq, avec mes parents (A* et F* étaient partis pour la première soirée du festival Terres du son), nous avons fait une partie de Maudit mot dit, jeu plutôt amusant qu’on avait découvert chez nos amis de Fondettes.
21:35 Publié dans 2025, Moments de Tours | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 09 juillet 2025
09072025
Hier soir, c’est le comble, on n’arrivait pas à s’endormir. Il faut dire qu’on avait fait une bonne sieste, presque en milieu d’après-midi : 40 minutes pour moi, une heure pour Claire. Ce n’est pas une petite promenade dans le quartier – avec blouson car le temps n’est pas encore reparti à la chaleur – qui aura suffi à nous fatiguer.
08:29 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 08 juillet 2025
08072025
Enfin fini la lecture d’Asta de Jon Kalman Stefansson. Il y a des livres, comme ça, qui traînent pendant plus d’une semaine, alors qu’objectivement le livre n’est pas mauvais : concours de circonstances, lié à la fois à la canicule, à la nécessité de boucler plusieurs choses en même temps… et à la découverte, depuis une quinzaine de jours, de l’appli permettant de jouer au Koï-Koï contre de vrai-es adversaires. Je suis déjà en « Ligue Or » : autant dire que ça signifie que plusieurs heures habituellement consacrées à la lecture se sont consumées ainsi, le soir.
J’ai envoyé ma partie de la traduction de Our Sister Killjoy à ma co-traductrice, Patricia Houéfa Grange, et – ce n’est pas un hasard, pas tout à fait – j’ai enfin commencé la lecture de sa traduction la plus récente, que je me gardais sous le coude, pour ainsi dire : Générations de Lucille Clifton.
Sinon, je suis embarqué dans tellement de projets professionnels que j’ai du mal à m’y retrouver moi-même. Je vais devoir me faire un planning pour les vacances, et surtout pour le premier semestre. Comme si ça ne suffisait pas, j’ai accepté de copiloter un cours mutualisé avec deux autres universités de l’alliance NEOLAiA [prononcer néo-léa] ; les séances en distanciel asynchrone auront lieu au printemps, et le tout s’achèvera par un BIP (Blended Intensive Programme) d’une semaine à Nicosie, en mai ou en juin ; je mentirais en disant que la perspective d’aller passer une semaine à Nicosie au printemps prochain n’a joué aucun rôle…
18:30 Publié dans 2025, Lect(o)ures, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 07 juillet 2025
07072025 (rideau pour « mes cheveux »)
Aujourd’hui j’ai enregistré la dernière émission de la saison 1 de I Love Mes Cheveux. Seul en studio, j’ai diffusé, en les recontextualisant brièvement, des interviews réalisées en marge du festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo. Il faudrait que je copie-colle ici (peut-être le ferai-je plus tard, dans une version éditée de ce billet) des extraits verbatim de ces différentes prises de parole, afin de laisser aussi une trace écrite, plus rapide à consulter que la totalité des 80 minutes de l’émission.
En tout cas, je suis très satisfait de cette première (demi-)saison, très heureux d’avoir sauté le pas et enfin tenté ce qui a pu être un rêve d’enfance (tchatcher dans le poste).
La saison 2 est déjà en préparation, et ça recommencera finalement dès le 25 août, avec le retour de Priscille Ahtoy, le 25 août, pour parler de glottophobie.
17:00 Publié dans 2025, ILMC | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 05 juillet 2025
05072025 (L'accident de piano)
Le nouveau film de Quentin Dupieux, L’accident de piano, vanté ici et là comme « très différent » des autres, et comme particulièrement bon (à croire donc que les critiques qui écrivent cela n’aiment pas les autres films de Dupieux, et c’est un avis tout à fait imaginable/respectable), est décevant. Tout d’abord, il n’est pas si différent que cela des autres films de Dupieux, mais il est plus lent, moins nerveux, et, globalement, plus poussif. L’intérêt du spectateur s’émousse franchement en milieu de deuxième partie, pendant l’interview dans le gymnase ; or, il reste une bonne demi-heure, et toute la scène des meurtres en série à l’hôtel, qu’on voit venir comme le nez au milieu de la figure et qui n’est pas très bien filmée, qui pis est.
Adèle Exarchopoulos est excellente, mais on ne peut pas bâtir un film sur le seul jeu d’une excellente actrice.
Le vrai problème est sans doute que Dupieux – et ça, c’est effectivement très nouveau – a construit son film autour d’une idée, et que les idées, ça n’est pas son fort : cela se termine donc sur une démonstration assez réactionnaire sur la vacuité des médias sociaux, ou plutôt des influenceurs/euses, et sur la bêtise absolue des « fans » incapables de voir le mal et l’immoralité sous ce qui les divertit. Pascalien, si on veut, mais enfin, très boomer, surtout... Cela m’a fait penser à Incroyable mais vrai, dont l’intérêt s’effiloche au bout d’une demi-heure, et à je ne sais plus quel film américain dont je n’arrive à me rappeler ni le titre ni le réalisateur, et qui, de semblable façon, s’achève dans un bain de sang dénonçant la vacuité des relations sociales dans un monde ultralibéral individualiste.
Dupieux sait construire (ou plutôt, déconstruire) une histoire, Dupieux sait être drôle (dans la veine loufoque ou nonsensical), mais ce n’est pas un penseur. Ses meilleurs films de ces dernières années sont donc Mandibules et Daaaaaali, car ils sont vraiment drôles, et Le daim, dont on pourrait pourtant rapprocher L'accident de piano (paysages savoyards et pulsions criminelles) mais que sauve le refus de toute fabrication intellectuelle rapiécée.
07:40 Publié dans 2025, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 04 juillet 2025
04072025
« Et ces paroles censées nous viennent de Dieu lui-même. » Ni le traducteur ni les relecteurs de chez Grasset ni la réédition Folio n’ont empêché cette bourdasse.
Rappel :
a) Si on peut remplacer par « supposé » > censé avec un C
b) Si on peut remplacer par « raisonnable » > sensé avec un S
07:42 Publié dans 2025, Aphorismes (Ex-exabrupto), Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 03 juillet 2025
03072025
Je viens de consulter, par pur hasard, la liste des « 100 meilleurs guitaristes de tous les temps » compulsée je ne sais quand par le magazine Rolling Stone. On est d’accord qu’a priori ces palmarès n’ont aucun sens. Il y a six musiciens noirs dans les 50 premiers, pas une femme, et si on décidait de supprimer l’Amérique du Nord et l’Angleterre, il ne resterait personne dans ce classement. Finalement ce classement a un sens : il pointe le racisme et le sexisme structurels du milieu culturel « occidental ».
Racisme, il n’y a pas d’autre mot. Quand on met dans les dix premiers plusieurs guitaristes blancs qui ne seraient RIEN sans le 44e (Bo Diddley) ou le 39e (Muddy Waters), c’est du racisme.
Pour la peine, voici un enregistrement assez méconnu de l’immense Odetta. C’est une balade irlandaise. (Et j’ai aussi découvert, en écrivant ce billet, qu’Odetta avait enregistré au début des années 70 un album de reprises de Bob Dylan dont il me peine de dire qu’elles sont bien meilleures que les originaux.)
07:44 Publié dans 2025, Autres gammes | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 02 juillet 2025
02072025
07:45 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 01 juillet 2025
01072025
Cette canicule m’abat comme jamais auparavant : ce n’est pas l’âge, c’est la gravité désastreuse du réchauffement climatique. Entre autres, il est difficile de dormir longtemps. Cette nuit, ironiquement, c’est le ventilateur qui m’a réveillé, et comme je suis obnubilé par la nécessité de mettre en courant d’air, je n’ai pas pu me rendormir. Or, c’est idiot : en effet, depuis 3 h 45 du matin, j'ai réussi (en mettant en courant d'air complet) à faire descendre le salon de 27°2 à 25°3. C’est désespérant, et comme il doit faire 40° aujourd’hui, je sais qu’il fera 28 ce soir, au mieux, dans le salon, et sans possibilité de faire baisser avant minuit.
Au milieu de tout cela, j’essaie de finir ma traduction d’Our Sister Killjoy, de faire soutenir deux mémoires de M2, de préparer certains chantiers du semestre prochain… bref, je suis au ralenti et je n’arrive à presque rien.
06:30 Publié dans 2025 | Lien permanent | Commentaires (0)
lundi, 30 juin 2025
30062025 (Dodu Mafflu)
Au sujet de ce dont je parlais hier, il s’avère que j’avais mal cherché – ou que je ne me rappelais pas avoir trouvé, car, on va le voir, cette traduction de Humpty Dumpty me dit quelque chose – car en un simple clic j’ai pu avoir la confirmation que c’est Antonin Artaud qui avait traduit Humpty Dumpty par… « Dodu Mafflu »… et pas Joufflu Mafflu, comme dans mon souvenir.
Tout est question de mémoire effilochée, car, après avoir consulté l’article de la WP francophone, je m’avise que ces histoires de Rondu-Pointu et de Dodu-Mafflu n’ont rien d’inédit pour moi, et j’en viens à me demander si je n’avais pas fait un thread sur Twitter. (Il faut ici rappeler que, lassé par la gestion fasciste du dit média social par l’horrible Musk et dans l’impossibilité de sauvegarder une archive digne de ce nom, j’ai fini, en décembre dernier, par supprimer totalement mon compte sans rien garder des quelque 50.000 tweets écrits en une dizaine d’années.)
En tout cas, si tant est que je réussisse un jour à me rappeler qui exactement avait évoqué devant moi cette traduction d’Artaud (peut-être Jean-Pierre Robert, notre professeur de latin en khâgne pour la préparation à l’oral ?), et si la substitution de joufflu à dodu était une erreur de mon informateur, ou si elle vient d’une déformation de ma mémoire, il faudrait qu’après ce double billet je me fiche enfin en tête qu’il s’agit d’Artaud et que le nom forgé pour Humpty Dumpty est Dodu Mafflu.
07:14 Publié dans 2025, Blême mêmoire, Questions, parenthèses, omissions, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 29 juin 2025
29062025
Je me rappelle que notre professeur d’anglais de khâgne -mais était-ce même lui ? c’est quoi ces souvenirs en carton ? – nous avait appris qu’un traducteur de Lewis Carroll avait trouvé, comme équivalent pour Humpty Dumpty, le paronyme Joufflu Mafflu. Notre professeur trouvait cela très réjouissant (et moi aussi, la traduction m’a marquée, même si je ne suis plus sûr de la source).
Je me rappelle aussi que, les deux ou trois fois où j’ai cherché depuis – avec l’avènement des moteurs de recherche, etc. –, mais sans grande rigueur, à retrouver cette traduction, je n’y suis jamais parvenu.
06:55 Publié dans 2025, Blême mêmoire | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 28 juin 2025
28062025 (Retour sur la Vegan Place de Tours)
Aujourd’hui, avec le lent retour de la canicule, c’était la Vegan Place de Tours : Claire fait partie depuis quelques années du comité d’organisation, et elle s’occupe plus particulièrement du Prix Maya du Livre Animaliste. Cette année, c’était assez démesuré, avec une « discussion croisée » entre Peter Singer et Paul Watson dont les 700 billets avaient tous été vendus à l’avance, puis trois tables rondes l’après-midi.
Après avoir montré le château de Villandry à Charlie Gilmour hier, avec lavandes et sauges couvertes de bourdons et de tant d’autres insectes (dont le morosphinx dont j’ai appris, grâce à une rapide recherche qu’il se nomme Hummingbird Hawk Moth en anglais !), je me suis improvisé interprète pour le premier des trois plateaux radio ; cela faisait plusieurs jours que le stress montait, car interprète c’est un métier bien spécifique et je n’ai pas du tout été formé à cela. Cela ne s’est finalement pas trop mal passé, mais c’est surtout que je connaissais bien le livre de Charlie et que ses propos n’étaient pas totalement inattendus. Charlie, avec qui j’ai encore passé un petit moment pendant l’après-midi, est un homme d’une très grande gentillesse, et qui raconte très calmement, avec un humour très léger, des histoires assez incroyables.
Les auteurs récompensés par le Prix Maya étaient tous les trois présents, et pendant la séance de signature à 15 h, ils ont été rejoints par Peter Singer et Paul Watson. L’idée de départ, qui consistait à attirer un maximum de monde grâce à la médiatisation autour de Watson, a parfaitement abouti, mais malheureusement la conférence n’était pas d’un très haut niveau : Singer a ressassé ce qu’il dit depuis bientôt cinquante ans, en se bornant à des généralités qui devaient être bien connues d’une grande partie du public ; quant à Paul Watson, c’est, conformément à l’image que j’avais de lui, un type assez désagréable, qui énumère des slogans pour masquer le vide idéologique total, et qui est surtout d’un narcissisme outrancier, imbu de lui-même comme on le voit rarement. Je ne dirai rien de ses groupies, qui ont fait davantage que friser le ridicule.
Il faut sans doute voir le verre d’eau à moitié plein et noter que les 700 personnes qui ont assisté à la conférence du matin ont pu aussi entendre Elodie Vieille-Blanchard, qui a animé les débats de main de maître et qui a apporté plus de contenu dans ses questions que les deux têtes de gondole du jour dans leurs réponses, l’adjointe au maire Betsabée Haas, dont les propos liminaires étaient très justes, et, lors de la remise du Prix Maya juste après la conférence, l’excellent François Sarano, que je ne connaissais pas, qui a obtenu le Prix Maya de la bande dessinée pour son livre co-écrit avec Pome Bernos S’il te plaît dessine-moi un cachalot, et dont – après l’avoir écouté notamment pendant le plateau radio – nous avons voulu découvrir les autres livres. Le dernier en date, co-écrit avec la juriste Marine Calmet, s’intitule Justice pour l’étoile de mer. Vers la reconnaissance des droits de l’océan. J'ai aussi pu rencontrer Emile Dardenne, dont je connais le travail depuis plusieurs années mais avec qui je n'ai pas eu le temps de discuter très longtemps. Partie remise.
Double post-scriptum : sur la dernière photo ci-dessus, Sarano et Gilmour posent devant le stand de la librairie Des Yeux D’Or à Montlouis avec les œuvres originales de Florence Dellerie qui leur ont été offertes pour l’obtention du Prix Maya. – Pendant le plateau radio, j’ai appris que le nom du père biologique de Charlie, Heathcote Williams, dont j’ai découvert les grands livres de poésie animaliste via Featherhood, se prononçait /hɛθkəʊt/ et non /hiːθkəʊt/ comme je le pensais.
21:10 Publié dans 2025, Moments de Tours, Zestes photographiques | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 27 juin 2025
27062025
Lire en traduction, c’est, toujours davantage, se poser plein de questions que seule résoudrait la connaissance de la langue-source, ou – même sans cela – la consultation du texte-source. Dire cela, c’est un truisme, mais je me demande si cela a été, tant que ça, étudié.
Hier soir j’ai commencé la lecture du roman de Jón Kalman Stefánsson, Ásta, qui fait partie des dizaines de livres entassés sur mes piles à lire depuis des années (celui-là, je me rappelle l’avoir acheté au Bibliovore il y a un ou deux ans). D’emblée, un des narrateurs cite le célèbre poème de Brecht, An die Nachgeborenen, mais sous un titre français, tout en précisant que le narrateur l’avait connu dans la traduction en islandais de Sigfús Daðason. Le texte français (remarquable – la traduction d’Eric Boury semble vraiment excellente, je le précise à ce stade, pour lever toute ambiguïté sur la suite de mon propos [j'ai déjà lu plusieurs traductions de lui, et c'est toujours très bon]) est ainsi cité (Folio, p. 43) :
Se tenir à l’écart des querelles du monde, et sans crainte,
passer son peu de temps sur terre.
Les deux vers du poème de Brecht sont :
Sich aus dem Streit der Welt halten und die kurze Zeit
Ohne Furcht verbringen.
Le « sur terre » est donc ajouté… mais est-ce que c’est Éric Boury qui l’ajoute ? cite-t-il une traduction française identifiable ? ou cet étoffement (conséquent, étant donné qu’il vient créer un redoublement monde/terre qui n’est pas présent dans le poème allemand) provient-il de la traduction de Sigfús Daðason, justement ?
Plus loin, la narratrice évoque une chanson de Nick Cave qu’elle entend chez ses voisins. De façon très plurilingue, une fois encore, le texte de la chanson est cité en anglais puis en français. On suppose que cela reproduit le dispositif du texte-source et que, dans le roman de Stefánsson, la traduction en islandais est accolée au texte anglais. La question de la traduction se pose donc de la même manière que pour Brecht :
And babe, you turn me on…
Mais chérie, tu m’émoustilles…
La traduction turn on > émoustiller (p. 120) n’est pas très bonne, ni du point de vue du registre, ni du point de vue du contexte. (Et d’ailleurs, c’est peut-être aussi un faux-sens : exciter ou chauffer n’ont pas le même sens qu’émoustiller.) Je me suis demandé si cette petite erreur venait du traducteur du roman, ou s’il avait voulu restituer une disparité de la traduction islandaise accolée au texte de Nick Cave.
Tout cela n’empêche aucunement d’apprécier le roman, et même, serais-je tenté de dire, ce genre de questionnement enrichit la lecture. Mais c’est, en soi, un sujet d’étude.
08:51 Publié dans 2025, Lect(o)ures, Translatology Snippets | Lien permanent | Commentaires (0)