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lundi, 24 juillet 2023

24072023 - mais que lisait la grand-mère de Henry James ?

Et nous voici, le lendemain, et je n’ai pas écrit une ligne de plus. Qu’ai-je fait ? eh bien, j’ai glandouillé : lu des articles du Guardian, attendu de voir si le 5e et dernier jour du 4e test-match entre l’Angleterre et l’Australie allait reprendre, avancé dans le livre de Bill Bryson que je lis en parallèle du dernier Soyinka (expérience assez discontinue), préparé les cadeaux pour ma mère (c’est son anniversaire aujourd’hui – nous le fêterons demain avec elle), vaguement fait la sieste, relu en famille les journaux de voyage écrits par O* puis C* depuis 2014, téléversé sur Flickr les dernières photos et fait un peu de tri dans tout ça, regardé le dernier film de Dupieux à la télé… J’ai aussi préparé ma valise, dans laquelle je n’ai mis que cinq livres, je crois, et pas même celui que je dois commencer à traduire : je sais que je n’y toucherai pas, donc autant assumer les vacances.

Oxburgh Hall, Oxborough - demeure de la famille des barons de Bedingfeld depuis le XVIe - 19 juillet 2023     Hier, en regardant les photos du 19 (et donc d'Oxburgh Hall notamment), j’ai voulu vérifier ce qu’était A Small Boy and Others de Henry James, et il s’avère que c’est un de ses deux livres autobiographiques, écrit fort tard (1913, je crois). Mais combien a-t-il écrit ? J’ai l’impression d’avoir lu beaucoup de Henry James, pas loin de dix romans, les journaux de voyage, beaucoup de nouvelles, et je découvre encore des titres inconnus de moi… !

J’ai lu le premier chapitre de ce Small Boy and Others (le titre est vraiment étrange), et quand il parle des goûts littéraires de sa grand-mère, il ne parle que d’autrices dont il dit qu’elles sont oubliées, plus du tout lues. Voici la liste :

What she liked, dear gentle lady of many cares and anxieties, was the "fiction of the day," the novels, at that time promptly pirated, of Mrs. Trollope and Mrs. Gore, of Mrs. Marsh, Mrs. Hubback and the Misses Kavanagh and Aguilar, whose very names are forgotten now, but which used to drive her away to quiet corners whence her figure comes back to me bent forward on a table with the book held out at a distance and a tall single candle placed, apparently not at all to her discomfort, in that age of sparer and braver habits, straight between the page and her eyes.

 

Ce serait mal me connaître que de penser que je ne suis pas allé vérifier chacune de ces autrices grâce à Wikipédia (oui, j’avoue que je n’ai pas eu le courage de creuser sur la Britannica ni de me connecter à la base Oxford Reference), et j’ai notamment découvert que Mrs Trollope (1779-1863) était bien la mère d’Anthony Trollope (et que nombre de ses livres semblent encore d’un grand intérêt aujourd’hui, à commencer par Jonathan Jefferson Whitlaw, que WP présente comme le premier roman abolitionniste, ce qui me semble étrange) ; que Catherine Hubback (1818-1877), nièce de Jane Austen, a écrit dans l’ombre spectrale de sa tante (qu’elle n’a jamais connue), au point d’écrire son premier roman, The Younger Sister, à partir d’un synopsis de cette dernière et dans un style très imité aussi, autant que je puisse en juger après un survol, d’icelle ; que Grace Aguilar (1816-1847) est surtout connue pour ses poèmes et essais sur la religion et la tradition juives ; que Julia Kavanagh (1824-1877 – tiens, on fêtera le bicentenaire de sa naissance l’année prochaine), romancière irlandaise, a été suffisamment connue de son vivant pour que plusieurs de ses romans soient traduits en français, en allemand, en suédois, en italien, et que la critique contemporaine la redécouvre avec un intérêt prononcé pour les éléments protoféministes de ses romans (le Projet Gutenberg a peu de textes d’elle, et Internet Archive en a beaucoup, mais à chaque fois en 3 volumes dont l’ordre n’est pas indiqué dans la miniature, de sorte que c’est le bazar pour s’y retrouver).

Vous me direz que j’oublie Mrs Gore (Catherine, 1798-1861) et Mrs Marsh (Anne Marsh-Caldwell, 1791-1874 – tiens, on fêtera l’année prochaine le sesquicentennial de sa mort), mais assez pour aujourd’hui. Je noterai seulement qu’il est difficile de savoir si Henry James, hardly the feminist, décourage ici son lectorat de s’intéresser à ces écrivaines en les balayant d’un revers de la main, ou si le seul fait de les avoir énumérées permet à des olibrius dans mon genre de se dire : tiens, et si j’allais creuser un peu tout cela ? Les deux, évidemment.

À l’heure où les questions de canon et de postérité, d’invisibilisation et de marginalisation, occupent, heureusement, le centre des débats (et je recommande notamment la lecture d’Autrices invisibilisées de Julien Marsay ainsi que de suivre le compte Twitter), cette petite recherche m’a une fois encore montré que, même dans les Îles britanniques, qui ont toujours mis au premier plan Jane Austen, Mary Shelley, George Eliot, Elizabeth Gaskell, Christina Rossetti et Elizabeth Barrett Browning, il y a des foultitudes d’écrivaines marginalisées ou invisibilisées, comme l’excellente Mary Elizabeth Braddon dont j’ai lu plusieurs romans ces dernières années, ou encore Rhoda Broughton.

 

dimanche, 23 juillet 2023

23072023

Avant de partir en vacances en Angleterre, j’avais à peu près rangé mon bureau, mais celui – qu’on dit virtuel, mais en fait bien réel – de l’ordinateur portable est encore tout en pougnac. Nous sommes rentrés hier soir, bien fatigués après les 750 bornes de Lavenham au Shuttle puis de Calais à Tours. Le séjour s’est finalement globalement bien passé, même si O* a été malade durant trois jours et si on a dû pas mal se réadapter – pour ne rien dire de nos craintes, mardi, de devoir in fine aller aux urgences.

 

Avant de partir en vacances, j’avais constaté un mois sans écriture dans ce blog, entre la multiplication des tâches pour le boulot, le découragement et le simple relâchement. Désormais, cela fait un mois et demi depuis le 11 juin. Aucune pertinence à tenter de combler les trous a posteriori, si ce n’est, peut-être, pour le séjour en Angleterre, en m’aidant du très beau travel book qu’a rédigé C*.

 

Aujourd’hui : encore du rangement, des lessives, téléversement sur Flickr des photos correspondant aux journées de jeudi et vendredi. Je viens de « traiter » mes mails pro, qui n’en finissent jamais.

 

dimanche, 11 juin 2023

11062023

Shantih shantih shantih

 

Cette épigraphe (est-ce aussi le mot pour une citation placée en fin d’œuvre ?) apparaît à l’écran après le très long générique de fin de Roma, film d’Alfonso Cuaron que nous avons regardé hier. C’est un très beau film, qui déjoue beaucoup des attentes narratives du spectateur. Les lieux sont filmés avec une maîtrise de l’espace qui est vraiment confondante : on voit la protagoniste se déplacer dans la maison ; on la voit perdue – ou presque – dans l’immense propriété du frère de sa patronne ; au cinéma, le regard se perd entre le film projeté (la scène finale de La Grande Vadrouille !...) et le couple au premier plan ; on la suit dans l’océan, dans l’avant-dernière scène, sans voir ni savoir où sont les enfants.

 

Pour la formule, j’ai tout de suite identifié – mais c’est normal, j’ai enseigné ce texte il y a longtemps – le dernier vers de The Waste Land : il s’agit d’un mantra en sanscrit que T.S. Eliot fait précéder du vers These fragments I have shored against my ruins, qui est quasiment un manifeste (ou un résumé) de l’esthétique moderniste. Après avoir vérifié l’article Wikipédia consacré à « Shanti », j’ai constaté, sans surprise, que dans la liste d’œuvres ne figure pas le premier album de Julien Jacob, Shanti (2000). Mais je ne crois pas comprendre pourquoi Cuaron a placé cette formule à la fin de son film…

 

08:42 Publié dans 2023, Tographe | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 10 juin 2023

10062023

Il est arrivé quelque chose de rare aujourd’hui. Levé tôt – en fait, à l’heure habituelle du réveil (6 h 40 (depuis toujours, je suis incapable de me lever franchement plus tard le week-end ou en vacances, ou alors il me faut vraiment plusieurs semaines d’accoutumance ou que je me sois couché très tard)) –, ayant laissé Joseph Anton de Rushdie, commencé hier, à l’étage, je suis allé au salon et j’ai repris Glory de NoViolet Bulawayo, roman commencé il y a plus de deux mois et dont j’avais arrêté la lecture après moins de 50 pages (sur 400), déçu voire agacé, et – pour résumer – n’arrivant pas à « entrer dedans ». En général, quand je fais ça, c’est mort ; je peux toujours retenter quelques jours ou quelques semaines plus tard, mais c’est mort ; encore ces derniers temps, j’ai tenté à deux ou trois reprises de recommencer la lecture de King Lopitos et de Toxique (j’en parle dans la vidéo je range mon bureau n° 099) mais il n’y a rien eu à faire.

 

Vous me voyez venir : rien de tel avec Glory. Après 1 h 30 j’avais poursuivi jusqu’à la page 140, et ce soir j’ai lu la moitié du roman. Non que les défauts qui m’avaient empêché d’« entrer dedans » ne soient pas là, mais ils sont devenus secondaires. Je crois qu’il a fallu ces neuf ou dix semaines pour qu’inconsciemment je digère la déception d’un roman sans rapport avec le cycle de nouvelles We Need New Names que j’avais beaucoup aimé, et surtout pour que je digère le fait que le roman ne cherche absolument pas à faire des personnages animaliers autre chose que des figures anthropomorphiques dans un roman à clé parfaitement transparent sur l’histoire récente du Zimbabwe. Il y a aussi que le chapitre 8, ‘Returnee’, est particulièrement réussi et offre un angle différent avec des personnages différents.

 

Sinon, une fois qu’on accepte le caractère totalement plaqué – ou gratuit, ou automatique – du transfert de l’histoire humaine sur des personnages d’animaux, la lecture se trouve facilitée. De même, NoViolet Bulawayo (et cela, c’est très différent de son premier livre) procède régulièrement à des répétitions extrêmement longues, sous forme de collier d’anaphores, ou de formules répétées à l’identique ou presque sur une dizaine de lignes ; réflexion faite, je pense que, comme d’autres éléments un peu dérangeants de l’écriture, cela vient d’une tentative de restituer une forme d’oralité très précise et très codifiée – je ne connais pas les traditions orales des récits ndebele, donc c’est seulement une hypothèse.

 

vendredi, 09 juin 2023

09062023

 

 

Ce matin j’ai enregistré la vidéo n° 99 (en fait, la 103 ou 104e je crois) de la série je range mon bureau. Comme j’improvise totalement, il y a toujours des moments d’hésitation, des transitions poussives etc. Cette fois-ci, comme je clôturais sur les 2 livres de Rimbaud en traduction, j’ai choisi de lire Les Corbeaux dans chacune des deux traductions. Je n’avais pas le texte de Rimbaud sous les yeux, et m’interromps à un moment pour remarquer que la traduction allemande ne conserve pas l’oxymore : « toi notre céleste oiseau noir ! » - Cela ne faisait pas deux minutes que j’avais arrêté de filmer que le vrai distique de Rimbaud m’est revenu :

Sois donc le crieur du devoir,

Ô notre funèbre* oiseau noir !

 

Ou comment critiquer une traduction sur la base d’un vers de Rimbaud qu’on a soi-même réécrit. Quelle pitié…

 

______________________________

 

* J’ai dû faire une confusion funèbre > funeste > céleste, d’autant que l’aspect « céleste » est mentionné dès le début du poème, avec la rime cieux / délicieux. Il n’empêche…

jeudi, 08 juin 2023

08062023

Beau concert, au 37e parallèle, de l’orchestre Saint-Saëns (dans lequel joue O*) avec chorégraphies très réussies des classes théâtre et danse du Conservatoire, autour des musiques du collectif La Saugrenue.

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mercredi, 07 juin 2023

07062023

Hier, j’ai signalé sur Facebook que c’était le 18e anniversaire de ce blog. Une trentaine de likes, plusieurs commentaires de félicitations, d’autres soulignant ma ténacité… et personne n’est venu lire le billet…

 

mardi, 06 juin 2023

06062023 : dix-huit ans

Il y a dix-huit ans je créais ce blog.

 

Au départ, j’avais créé un autre blog, entièrement consacré à The Good Soldier de Ford Madox Ford, que j’enseignais pour le CAPES (c’était l’époque où il y avait un programme d’œuvres au CAPES).

Touraine sereine est né d’un désir un peu diffus, tout d’abord de tenir des chroniques sur plusieurs sujets qui m’intéressaient : la langue, la traduction, les sites et lieux de Touraine (région où nous nous étions installés seulement deux ans auparavant), les littératures (d’Afrique mais pas seulement). Mais surtout de me contraindre à écrire – beaucoup. Je me suis en effet aperçu que le fait d’avoir des réactions, même éparses ou ponctuelles, c’est-à-dire d’avoir un lectorat, me poussait à écrire de façon beaucoup moins velléitaire, avec plus de régularité. D’ailleurs, même sans lectorat – ou quasi – je continue d’écrire ici, et je suis heureux de retomber de temps à autre sur tel ou tel texte : c’est ultra banal de le dire, mais le temps ne passe pas de la même manière en inscrivant des traces qui permettent, entre autres, de suppléer les failles de la mémoire.

La création du second blog, en février 2006, avait pour but d’approfondir mes expérimentations en matière d’écriture ; l’idée était que ce blog serve réellement de laboratoire à la fabrication de textes plus complets, d’écrire des livres à part entière. Comme aucune maison d’édition n’a répondu favorablement aux quelques livres que j’avais ainsi fabriqués, ces blogs sont devenus de simples déposoirs/dépotoirs.

 

En 18 ans (6.574 jours si je compte bien), j'ai publié 5.173 billets ici (et donc sans compter les billets de l'autre blog).

 

Il est difficile de me rappeler mon état d’esprit du 6 juin 2005, mais je me rappelle que, comme aujourd’hui, il faisait très beau, grand soleil, et chaud ; à l’époque, on n’était sans doute pas aussi angoissés face au changement climatique ; on connaissait la gravité de la situation mais on pensait que les pouvoirs publics et les dirigeants des pays les plus puissants allaient bientôt se décider à agir.

Mon fils aîné avait 4 ans et était en petite section (c’est quasi inimaginable) ; nous vivions dans la maison de la rue Guillaume-Apollinaire ; je passais une partie de mes journées à préparer les emplois du temps (c’était avant ADE-Campus !) pour la directrice de département de l’époque, Priscilla Morin, et C* me rejoignait parfois pour un déjeuner en ville. Si je devais tenter de décrire certains lieux qui ont tant changé depuis (la rue Nationale, tout simplement), le plus simple serait de chercher à dénicher des photos. C’est l’époque où je publiais encore des articles de recherche et où je pensais que j’allais mettre tout cela en forme en vue d’une HDR…

 

Bon, très en bref, j’avais trente ans et j’en ai 48.

 

 

09:22 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 05 juin 2023

05062023

Toujours ces migraines étranges qui montent en fin de journée ou en milieu d’après-midi. Au Bibliovore, j’ai acheté un exemplaire impeccable de Joseph Anton de Salman Rushdie. Ce livre est paru il y a plus de dix ans déjà, et malgré ma grande envie de le lire à l’époque je ne me l’étais jamais procuré. Comme j’ai 7 livres en cours de lecture – et un retard incommensurable pour les chroniques vidéo – j’ai seulement lu les premières pages, qui donnent très envie de poursuivre.

 

À midi, à la Guinguette, je me suis avisé que, même si je n’écoute plus jamais Brel depuis vingt-cinq ans (au bas mot), je connais encore, de toute évidence, pas mal de ses chansons par cœur.

 

18:45 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 04 juin 2023

04062023

Mes parents, qui devaient à l’origine passer tout le week-end avec nous, sont passés en coup de vent, pour le déjeuner, en raison de la grosse angine de C*, dont la doctoresse soupçonne que ce puisse être une mononucléose. On n’a pas pris de risque, mais c’est rageant ; j’avais vraiment envie de passer un peu de temps avec eux.

C* va un peu mieux.

 

Mes parents ont apporté deux cageots de cerises de Cesson : avec ses 4 ou 5 cerisiers, mon beau-frère est assis – au prix où se vendent les cerises désormais – sur une vraie mine d’or. Dans le jardin de notre première maison tourangelle, rue Guillaume-Apollinaire, nous avions un très beau et fertile cerisier. Ici, je n’ai réussi qu’à multiplier les merisiers, qui font de l’ombre, à tout le moins, mais dont je suis seul – merles et pies exceptées – à apprécier les fruits.

 

17:44 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 03 juin 2023

03062023

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Je viens de voir, sur le mur de mon amie Facebook Françoise Guichard (grande scientifique, artiste et poète), ceci, qui m’a titillé les neurones. Je comprends bien que « coupe-poivre » est une mauvaise traduction de l’anglais – en effet, pepper peut désigner le poivre, le piment, le poivron et même le gaz lacrymogène (pepper spray) – mais par contre je ne comprenais pas « à noyau ».

 

On voit bien que l’outil sert à couper la tête du piment ou du poivron et que l’enrouleur au bout sert à ôter ce que je ne savais pas nommer : la partie filamenteuse blanche qui se trouve au cœur des piments et des poivrons. Vérification faite, on ne peut guère nommer cela un noyau mais il s’avère le nom scientifique exact est le placenta. Je vois mal les officines qui vendent du matériel de cuisine convaincre les acheteurs en parlant de « couteau tire-placenta ».

Par ailleurs, j’ai appris que, si les Britanniques distinguent généralement le poivron sous le nom capsicum (chose que je sais et passe mon temps à oublier, faute de vivre au Royaume-Uni)*, les Américains nomment ce légume bell pepper : je trouve l’image vraiment bien trouvée et amusante.

 

__________

 

* Rectification, suite à un échange sur Twitter : capsicum serait surtout employé en Australie - les Britanniques disent pepper pour désigner le poivre et les poivrons,  chili pepper pour le piment (mais ce n'est qu'une variété de piment...), et surtout le sens s'éclaire en fonction du contexte.

 

vendredi, 02 juin 2023

02062023

Hier, je publiais une vidéo improvisée hors-série pour saluer la mémoire d’Ama Ata Aidoo, qui vient de mourir. Bien entendu, cette vidéo n’a presque aucun retentissement, car l’écrivaine ghanéenne est totalement inconnue en France. Une des choses qui me chagrine est que son seul livre traduit en français, Changes [Désordres amoureux, traduit de l'anglais par Éloïse Brezault et Catherine Tymen, Zoé, 2008], est peut-être son moins fort, donc j’imagine les rares curieux ne lisant pas l’anglais allant le lire et se disant « oui, bon, pourquoi nous bassiner avec cette écrivaine ? ».

Il faudrait traduire et publier Our Sister Killjoy en français.

D’emblée se poserait la question du titre. Il n’y a pas seulement le problème du pseudo-nom propre, Killjoy, mais aussi l’article possessif our. Si on traduit sans article, cela restreint le sens dans la dimension religieuse (catholique) : Sœur Rabat-Joie, sorte de parodie de Sœur Sourire. Ce serait un contresens.

Avec l’article possessif, c’est étrange.

Je serais assez tenté, à brûle-pourpoint, par ceci : La Frangine Rabat-Joie.

 

(Je crois que de toute façon la connotation de sororité est impossible à suggérer au moyen du seul titre.)

 

jeudi, 01 juin 2023

01062023 : Ama Ata Aidoo (1942-2023)

 

 

Hier j’ai appris, via le mur Facebook de Nnedi Okorafor, la mort d’Ama Ata Aidoo. Son livre Our Sister Killjoy est un jalon fondamental pour toute personne qui s’intéresse aux littératures africaines, au féminisme, à l’intersedctionnalité et au discours post-colonial. J’explique pourquoi, vite fait, dans cette vidéo hors-série.

mercredi, 31 mai 2023

31052023

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Comme le texte stupide de Christophe Clavé sur l'appauvrissement de la langue française, qui traîne déjà depuis quelques années, refait surface ces temps-ci, je me permets de copier-coller un commentaire que j'ai rédigé à ce sujet sur Facebook :

 

 

Ce billet est entièrement faux. Il repose sur une interprétation réductrice de l'hypothèse Sapir-Whorf, déjà pas mal remise en cause par l'essentiel des linguistes, et depuis un bon moment.

En effet, si cette idée que la complexité d'une langue est seule à même de permettre la complexité de la pensée était vraie, cela impliquerait par conséquence immédiate que les Chinois, les Basques et les Hongrois, pour prendre trois exemples, sont tous plus intelligents et plus capables de complexité que les anglophones ou les italophones. On voit bien que c'est une idiotie. Je ne vais pas entrer dans le détail mais il y a des dizaines de langues qui permettent à leurs locuteurs/locutrices de penser le futur, sans avoir le moindre marqueur grammatical du futur.

Par ailleurs, pour ce qui est du français, on constate empiriquement que des personnes qui maîtrisent le subjonctif et le passé simple ont une pensée pauvre ou formatée tandis que des locuteurs/locutrices qui confondent à l'écrit les terminaisons ais/ai ou qui ont recours à des tics de langage sont tout à fait capables d'une pensée complexe.

Le passage sur "mademoiselle" est d'un confusionnisme total : en effet, même sans l'emploi de ce mot comme "titre", il y a de nombreuses façons d'exprimer les états intermédiaires entre la petite fille et la femme adulte ("jeune fille", "adolescente", etc.). D'ailleurs, ce passage montre bien l'origine réelle de ce discours : un galimatias sans fondement scientifique et à visée conservatrice. Ironie particulière de ce texte qui se réclame de 1984 d'Orwell en faisant un contresens à son sujet, et en n'étant même pas capable d'orthographier correctement le prénom de son auteur.

C'est vraiment désolant de lire de telles âneries réactionnaires, et de les voir partagées sans recul, comme vérité d'Eglise.

 

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(Je n'ai pas ajouté, sur Facebook, de commentaire sur le fait que toustes les commentateurices qui s'engouffrent dans la brèche avec leurs "c'est ben vrai" façon mère Denis se prénomment Suzanne, Jean-Claude, Bruno et Chantal. L'absence totale de pensée critique de ces boomers qui partagent un post bourré d'erreurs et qui pensent, ce faisant, être du côté de l'esprit critique est si aberrante qu'il vaut mieux en rire.)

lundi, 29 mai 2023

29052023 : the bone people, 2

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He shrugs again, looking at her with the bland say-nothing expression. "Beach and pipis then." "Here," she says, standing right on the edge of the low tide mark. She spades out sand with the butt of the harpoon stick, but water rises in the hole faster than she can throw it out. She resorts to shovelling with her hands. She jars her finger and whoops with delight, A small triangular shell, like a chip of dirty china. She scooped it out and dug her knife into the back of it, severing the connector muscles. The shellfish went limp and oozed water. She tore off the top shell and cut the fish from the bottom one, and ate it. He watches, his mouth agape in horror. She digs again, this time in the middle of a group of siphon holes, and uncovers a colony. "Want one?" He closes his mouth with a snap, and shakes his head vehemently. She chuckles, and prises another shrinking pipi from its shell. He flutters his hand with distress. "It moves, it's alive? Yeah, I know. So is an oyster when you eat it. And that was what you were enjoying a couple of weeks ago. Very nice, weren't they?" His mouth draws down. "I can assure you," speaking thickly, her mouth full of soft sweet and salt flesh, "that an organism like this doesn't feel pain as we do. It doesn't realise its impending death. It's just cut and gulp, and that's it for the pipi." I bloody hope so, anyway. "You understand Sim?" Schloop, carve, swallow, as she downs another pipi. The little boy quivers. "Look, it would be wrong, very wrong, to eat a fowl or a frog alive supposing we had the stomach to do it. But not these." She hopes he won't ask why, because she isn't sure herself. She suspects it's because even a lowly frog, not to mention a fowl, could make one hell of a racket as you gnawed 'em. All the helpless pipi could do, was spurt a feeble squirt of water and die between your teeth. Dammit kid, you've started to make me feel guilty. The boy sighs. He goes away by himself, and stands on all the tell-tale siphon holes. She follows, and wherever his footprints become many, digs down, and brings up another horde of pipis, thanking the child in a loud voice as she does so, until Simon P is stamping any old where in despair. 

dimanche, 28 mai 2023

28052023 : the bone people, 1

Alors, figurez-vous donc que j'ai commencé hier soir de lire The Bone People de Keri Hulme, un livre dont je connais l'importance depuis 25 ans mais que je n'avais pas encore lu. Eh bien, après 100 pages (un petit quart du roman), c'est très très très très très bien.

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mercredi, 24 mai 2023

24052023

Seize jours sans écrire dans ces carnets ; ça devient un gag.

À ce stade ça n’a pas de sens d’essayer d’écrire rétrospectivement des billets – peut-être signaler que nous avons fêté ce week-end, en très bonne compagnie, les 50 ans de C., et aussi les 16 ans d’O. Les premiers amis sont arrivés vendredi, et les derniers sont repartis lundi matin (plus de train dimanche au moment où E* a essayé de réserver ses billets).

 

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Depuis quelques années, les arbres ont tellement poussé dans le jardin, surtout pour la haie entre chez G* et C* et chez nous, que plusieurs pruniers poussent quasiment à l’horizontale ; la bande herbeuse sur laquelle A* faisait des allées et venues entre huit et douze ans n’est quasiment plus accessible. L’immense terrasse de béton est désormais toujours au moins à moitié à l’ombre.

Ces jours-ci, je lis Bouts de bois d’Agnès Stienne.

 

mardi, 23 mai 2023

23052023

Mes parents sont repartis ce matin après un passage en coup de vent. J’étais à la fac avant 8 h : journée de correction de copies, et déjeuner avec D. D., ancienne collègue qui reviendra peut-être parmi nous à partir de septembre 2024, et son mari, que j’avais rencontré une fois, en 2007.

Mes parents partent en Italie pour une semaine ; ça va leur faire du bien, j’espère ; j’espère surtout qu’il n’y aura pas d’incident ni d’imprévu du côté de ma grand-mère, que ma mère puisse vraiment avoir une parenthèse.

 

14:59 Publié dans 2023 | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 22 mai 2023

22052023

Pendant qu’O. était à sa leçon de hautbois et que je cherchais frénétiquement une pâtisserie ouverte dans le centre de Tours, j’ai craqué en achetant encore pour 20 € de livres au Bibliovore. J’ai failli m’y endormir debout, car les haut-parleurs diffusaient le soporificissime Bertrand Belin.

 

À l’université, où je suis passé en début d’après-midi pour un rendez-vous avec le responsable administratif, j’ai pu constater que les M1 MEEF ont entièrement enlevé les décorations de « leur » salle et qu’iels en ont profité pour décorer quelques portes de bureaux d’enseignant-es.

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18:00 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 21 mai 2023

21052023

En raccompagnant C* à la gare de Tours, nous avons tout d’abord fait une promenade en ville et sur les bords de Loire, où la vision d’une aigrette égarée au milieu du bal des sternes pierregarin m’a ému.

 

(Speaking of birds, j’ai lu récemment le nouveau livre de Fabienne Raphoz, dont j’ai parlé avec E*, étant donné que ses traductions à lui sont publiées chez Corti. – Il ne l’a jamais lue.)

 

lundi, 08 mai 2023

08052023

Encore dix jours sans écrire ici. Tenir ces carnets au jour le jour est très facile, mais je suis simplement trop velléitaire. Il faut dire aussi que je viens d’écrire les billets manquants en une petite heure. J’essaie de m’y tenir, pas seulement pour m’en tenir à ma résolution de début d’année mais parce que je suis content, parfois, en retombant sur tel ou tel billet, de me rafraîchir ainsi la mémoire.

 

Je suis un peu écrasé sous le poids de tout ce que j’ai à faire. Hier dimanche j’ai passé toute la matinée à préparer les dossiers des jurys pour les oraux de jeudi et vendredi, et à mettre en forme l’ensemble des sujets. Les tâches collectives m’empêchent de corriger les copies. Il y a aussi que je me sens un peu émoussé et qu’il faut tenir jusqu’à mi-juillet…

Jeudi dernier j’ai récupéré un paquet de 28 thèmes et versions auquel je n’ai pas encore touché ; il me reste des fichiers audio de L3, et une bonne moitié des dossiers de traductologie L3 et du séminaire de Master à corriger ; je n’avais pas commencé la correction des devoirs de littérature car il y a quelques jours je n’avais accès qu’à une poignée de devoirs sur la trentaine qui m’attend…

 

dimanche, 07 mai 2023

07052023

En rentrant d’une petite promenade avec C*, je me suis rendu compte qu’un des érables de la haie côté rue Mariotte était désormais immense, tout en longueur, et qu’il rendait plus ou moins inutile, une fois feuillu, l’éclairage du lampadaire qui lui a certainement servi de tuteur. Entre les coronilles et les petits érables, la haie côté rue Mariotte est assez fournie au printemps et en été, malgré les troènes chétifs, nains et dépenaillés.

Ma mère a passé une journée épuisante chez ma grand-mère, qui est moins autonome que jamais.

 

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J’ai fini de lire You de Nuala Ni Chonchuir, son premier roman. (J'en ai lu deux autres, Miss Emily et Nora, ainsi que trois recueils de nouvelles.)

Quelle écrivaine fine, subtile, émouvante.

Détail presque sans importance, j’ai appris en lisant ce roman une nouvelle expression pour dire rendre dingue en anglais : it drives me baloobas. [Un site Web au moins donne à l’adjectif le sens de défoncé/murgé/démoli.] Je ne l’emploierai pas car vérification faite, elle a des connotations fortement racistes.

Toutefois, l’histoire, méconnue de moi, est intéressante : après l’indépendance du Congo belge, en 1960, le Katanga chercha à faire sécession ; les rebelles katangais, aidés par des mercenaires européens, multipliaient les escarmouches, y compris contre les Lubas (aussi désignés comme « peuple Baluba »), qui décidèrent de s’organiser et de se défendre ; le 8 novembre 1960, un détachement motorisé de soldats irlandais appartenant aux forces de paix de l’ONU (qui ne s’appelaient pas encore les casques bleus) tomba dans une embuscade, car les Lubas, encore sous le coup de plusieurs raids et massacres, les avaient pris pour des mercenaires européens. Dans le combat qui s’ensuivit, 25 Lubas trouvèrent la mort, ainsi que neuf soldats irlandais, dont les deux chefs d’expédition, massacrés au coupe-coupe lors du premier assaut.

L’adjectif, dérivé d’un ethnonyme, est donc employé comme synonyme d’enragé ou de sauvage. La connotation racialisante est donc du côté de l'animalisation et de l'impossibilité de raisonner. Même si on peut comprendre que l’opinion publique irlandaise se soit fortement émue de ce malentendu tragique, il me semble difficile d’employer l’adjectif une fois qu’on connaît l’histoire. En l’espèce, c’est un très bon – et terrible – exemple des conséquences complexes et désastreuses de l’occupation et de l’assujettissement coloniaux. Comme je ne connais pas du tout cet épisode, et que je suis globalement peu au fait des détails de l’histoire du Congo-Léopoldville, donc de cette période, je me suis appuyé sur quelques sources très rapides, mais je ne peux m’empêcher de constater que la WP anglophone comme d’autres sites que j’ai pu consulter se situent totalement du point de vue irlandais, même quand il y a une vraie tentative de comprendre les motivations des Lubas et les raisons du malentendu. Il faudrait aller regarder du côté des historiens congolais, notamment ; sans doute l’historiographie post-coloniale et décoloniale est-elle compliquée à démêler, comme pour la difficile « neutralité » des historien·nes qui traitent de la guerre civile nigériane, même cinquante ans après.

 

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Soir : fin de The Good Place. La saison 4 se termine de manière très classique. Toute la saison 4 a d’ailleurs un côté bouclage de boucle parfois un peu lourd.

Dans le dernier épisode, on aperçoit très furtivement la liste des milliers de tâches que souhaite encore accomplir le personnage de Tahani, et grâce à un arrêt sur image j'ai pu voir qu'elle comptait bel et bien battre le record de Graham Gooch de 456 runs en un seul test-match. Du cricket comme accomplissement culturel et sportif ultime pour le personnage de l'aristocrate anglo-indienne... ;-)

 

Nous avons des problèmes de connexion à Canal+, surtout le soir, malgré l’achat et l’installation d’un répéteur il y a 8 jours. Apparemment plusieurs forums en ligne font état de problèmes similaires au nôtre : la question des connexions simultanées sur 72 heures est assez abstruse, mais nous pensons avoir compris qu’il y a une histoire de nombre d’appareils connectés au cours des 3 derniers jours.

 

samedi, 06 mai 2023

06052023

Toute la matinée à la fac, dans l’Extension déserte à l’exception de nos vaillants 163 puis 191 L1 (épreuves de langue orale et de civilisation). J’ai même failli ne pas accéder au parking à vélos, car les instructions des vigiles étaient de ne laisser entrer personne de ce côté-là. L’après-midi comme j’étais fourbu : farniente. Je lis encore 4 livres à la fois, sans compter trois ou quatre recueils de poèmes que je laisse plus ou moins en rade, ou au repos.

C* a acheté il y a quelque temps le volume bilingue, en NRF Poésie, des Quatrains d’Emily Dickinson, et c’est très décevant comme livre : le choix structurel n’a pas de sens, et la plupart de ces fragments n’ont guère de sens ou d’intérêt une fois arrachés aux lettres dont ils sont tirés. J’imagine mal quelqu’un découvrir Dickinson par ce biais et se prendre de passion pour son œuvre.

 

Soir : El buen patron, pas mauvais mais très appuyé, tirant en longueur sur la fin, sauvé par l’interprétation de Javier Bardem.

 

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vendredi, 05 mai 2023

05052023

Aujourd’hui j’ai passé quasiment toute la journée à siéger au comité de sélection du poste de MCF en didactique des langues et sociolinguistique. C’était certes intéressant, mais ces missions tombent toujours au mauvais moment, quand on a trois mille autres choses à faire. Ce matin, comme il pleuvait des cordes, je suis parti en bus et tramway, mais pour le déjeuner, dans la courette du CESR, il faisait grand soleil donc nous avons mangé nos plateaux-repas au soleil.

Retour à vélo, vers 18 h, par grand beau temps. Je note ici que le chauffage ne s'est pas relancé depuis le 27 avril.

 

Soir : film allemand nul à pleurer, pourtant recommandé par Télérama (évidemment).

 

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jeudi, 04 mai 2023

04052023

Deuxième journée d’ouverture « normale » du site Tanneurs. Les diverses évaluations ont eu lieu sans problème, même si on se sent un peu en état de siège.

 

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Pris un verre avec N* sur la pause médiane. Comme elle n’était pas sûre de pouvoir entrer sur le site, elle préférait qu’on se voie dehors, et comme il faisait beau, ça m’a fait une pause tout à fait bienvenue. J’espère qu’elle sait où elle en est, car nous n’avons parlé, en suivant ses demandes, que de la soutenance du mémoire et de son projet de thèse, pas du tout de ce qui lui reste à écrire du mémoire à proprement parler. Comme elle est sérieuse et déterminée, je ne l’ai pas ennuyée avec ça ; il reste six semaines, dont elle tirera le meilleur.

N* m’a fait découvrir un roman LGBTQI nigérian qu’elle vient de commencer et dont je n’avais pas entendu parler, Butter Honey Pig Bread de Francesca Ekwuyasi. (Comme dans les années 60-70, la scène littéraire nigériane est d’une vitalité insensée depuis quelques années.)

 

mercredi, 03 mai 2023

03052023

Le site Tanneurs a donc rouvert, pour les évaluations terminales et de contrôle continu uniquement. Vigiles aux quatre points d’accès autorisés, sorties de secours globalement inaccessibles… rien de très folichon… Ce matin, les secrétaires étaient comme moi : elles avaient passé le week-end très tendues, à appréhender la situation. Hier, elles étaient là et l’atmosphère était plutôt étouffante.

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16:55 Publié dans 2023, WAW | Lien permanent | Commentaires (0)