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mercredi, 19 juin 2013

La surnotation au bac (épisode Orléans-Tours)

Pour ceux qui n'ont pas suivi le film, voici l'“affaire” dont la presse nationale fait ses choux gras depuis hier :

En raison des piètres résultats de leurs élèves au bac 2012, les professeurs de lettres de l’académie d’Orléans-Tours sont appelés à surnoter l’édition 2013… Quitte à trafiquer le barème en notant l’épreuve orale de français sur vingt-quatre points au lieu de vingt.

Des enseignants ne décolèrent pas à ce sujet, leur agacement se ravivant à l’approche de l’épreuve de français de première programmée mercredi. Dûment chapitrés dans leurs lycées par leurs inspecteurs pédagogiques régionaux entre octobre et novembre, ils se voient reprocher leurs notes de l’année précédente jugées «trop mauvaises»: «Vous allez devoir faire preuve de davantage d’indulgence pour le bac 2013» et votre «attitude de notation est négative» leur lance-t-on.

Pour les inspecteurs, c’est un problème de correcteurs qui expliquerait - au moins en partie - les «piètres» résultats au bac de l’académie d’Orléans-Tours. En 2012, avec 83,3 % de réussite à l’examen, elle se classe 22e académie de France, juste avant Nancy-Metz, Amiens et Créteil, un point et demi en dessous de la moyenne nationale.

(Source : Le Figaro)

 

Plusieurs remarques (copiées-collées de mes interventions sur Facebook) :

1) Je suis surpris que la presse nationale monte cette histoire en épingle, étant donné que cela fait 20 ans que tous les instructions, consignes et barèmes vont dans ce même sens.  Les profs de maths ont des barèmes sur 23 ou 25 depuis des années. Les profs d'histoire sont tenus de mettre 4 points sur 10 à une question préparée en 2 heures même si la réponse fait 3 lignes et contient 1 des 5 concepts censés être maîtrisés. En LV, on met la moyenne à des lycéens qui ne savent pas construire une phrase de niveau 5ème. Etc., etc. 

2) La réunion d'harmonisation de l'académie d'Orléans-Tours dont toute la presse nationale fait ses choux gras n'est qu'une des centaines de réunions annuelles dont le seul objectif est de donner le bac ou la Licence à tous ceux qui la passent.

3) Tout est question de moyenne. La seule chose qui importe, pour le système, c'est qu'il n'y ait pas plus de tant de % en-dessous de 10, qu'il y ait bien tant de % au-dessus de 14 etc. Si un nombre suffisant de correcteurs se mettaient d'accord pour respecter, à l'excès même, les barèmes, mais en inversant totalement (c'est-à-dire en mettant 6 aux copies qui méritent 16, et 18 aux copies qui méritent 4), on aurait un beau foutoir, avec tous les gentils fils de nantis collés au bac et tous les bolosses avec mention TB. Franchement, ça vaut le coup d'essayer.


Je garde pour la bonne bouche le commentaire d'un « fils d'inspecteur académique » anonyme sur le site du Point :

« Que de la gueule
Arrêter de faire vos indignés. Le Bac n'est plus comme il y a 10 ans, de nouveaux programmes font leur apparition. Des lois de probabilité qui il y a 10 ans encore n'e
xistaient pas. Mais cela est dans l'éthique et dans la conscience propre du professeur à critiquer tout le temps. Vous critiquez même vos supérieurs hiérarchiques. Vous critiquez tout de A à Z. Vous critiquez tantôt le bon fonctionnement de notre ministère de l'éducation nationale, tantôt les programmes, les élèves etc. , cela n'en finit jamais. Vous déballez votre désarrois et tout ce qui en passe, or devant les inspecteurs académiques vous ne ferez rien, vous ne direz rien, car vous n'aurez jamais le dernier mots car vous devez appliquerez ce que l'on vous demande. On ne discute pas les ordres d'un supérieur hiérarchiques, car vous votre mission n'est encore une fois QU'APPLIQUER ce que l’on vous demande. Il faudrait parfois vous remettre chères professeurs à votre place mais des gens qui eux font leur travail correctement comme mon père qui lui-même est inspecteur académique a d'autre chats à fouetter et lui au moins fais ce qu'on lui demande et cela correctement. Merci. 
Un fils d'inspecteur académique. »

C'est cohérent. À force d'appliquer les règles de la déculturation généralisée, les IPR et les IA ont des fils qui confondent infinitif et indicatif, et qui peuvent écrire "vous devez appliquerez".

 

En résumé, il faut arrêter de feindre la surprise. J'enseigne à l'Université depuis 1997, et cela fait au moins quinze ans que l'on attribue le diplôme de Licence d'Anglais à des étudiants incapables d'aligner trois phrases en anglais, et pas seulement pour parler de la Guerre de sécession ou d'un roman de Dickens: la plupart d'entre eux ne parviendraient pas à demander leur chemin dans une ville du Royaume-Uni. Pourquoi ? parce que la compensation totale entre les matières (et entre les semestres) a été imposée ; parce qu'il est interdit d'avoir des notes éliminatoires ; parce que les autorités de tutelle ne cessent de faire pression sur les équipes pédagogiques pour augmenter le taux de réussite. Au bilan, seuls les étudiants qui ont une mention à leur Licence ont un diplôme qui signifie quoi que ce soit ; les autres ont un joli chiffon de papier dont seuls leurs parents ou les journalistes de la presse nationale pensent qu'il a une quelconque valeur.

lundi, 13 mai 2013

La Sainte Trinité

La Sainte Trinité. Site Tanneurs, lundi 13 mai 2013.

En bas : immense radiateur, signalant un système de chauffage éteint depuis début avril (or, il fait 15° dans certaines salles).

En haut à droite : « toile » de Nico Nu.

En haut à gauche : ancien logo de l'Université, qu'il nous est interdit d'utiliser depuis 2007 (au point que nous avons dû jeter des milliers de feuilles à en-tête) mais qui est peint sur ce mur, dans un lieu très fréquenté, sans que personne ne s'en émeuve (et sans aucune espèce de sens, au demeurant).

jeudi, 25 avril 2013

Encore encre de bruine

Pour poursuivre sur drizzles and mizzles (billet publié le 21).

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Une recherche dans les ressources du Projet Gutenberg m'a permis de glaner quelques citations dignes d'intérêt. Tout d'abord, un passage au tout début de Bleak House, dans une veine onomastique très dickensienne (variante sur l'expression “any Tom, Dick and Harry”, mais en lugubre/pluvieux) : « Chizzle, Mizzle, and otherwise have lapsed into a habit of vaguely promising themselves that they will look into that outstanding little matter and see what can be done for Drizzle—who was not well used—when Jarndyce and Jarndyce shall be got out of the office. »

 

Ensuite, je ne résiste pas à citer in extenso un passage savoureux et très vivant des carnets de Byron :

January 16. 1821.

Read–rode–fired pistols—returned—dined–wrote–visited–heard music–talked nonsense–and went home.

Wrote part of a Tragedy–advanced in Act 1st with “all deliberate speed.” Bought a blanket. The weather is still muggy as a London May–mist, mizzle, the air replete with Scotticisms, which, though fine in the descriptions of Ossian, are somewhat tiresome in real, prosaic perspective. Politics still mysterious.

 

Enfin, dans la traduction du Feu de Barbusse (due à un certain Fitzwater Wray – nom assez ironique – traduction publiée en 1917 d'après la WP anglophone), voici notre réduplication du 21 avril, mais sous forme verbale :

"A damned country!" says Fouillade. In truth this Northern climate is not worth much. It drizzles and mizzles, reeks and rains. And when there is any sun it soon disappears in the middle of this great damp sky.


Dans le chapitre XII, grâce à Wikisource, j'ai retrouvé l'original :

– Sacré pays, milédi ! dit Fouillade.

Le fait est que ce climat du Nord ne vaut pas grand-chose. Ça bruine, ça brouillasse, ça fume, ça pleut. Et, quand il y a du soleil, le soleil s’éteint vite au milieu de ce grand ciel humide.


 

Voilà une allitération que la langue anglaise n'a pas manquée ! Le Feu a été retraduit, récemment, par un certain Robin Buss. Sur ce seul passage (glané grâce à Google Books), on ne peut pas dire que sa version s'impose : “The truth is that this northern climate is not much to write home about. You get mist, fog, drizzle and rain. And when there is a bit of sun it gets swallowed up in this great damp sky.

lundi, 25 mars 2013

Version d'Agrégation 2013 (Jon McGregor)

La version d'agrégation externe 2013 (texte de Jon McGregor) m'a donné plus de fil à retordre que le thème. Manquant de temps, je livre ICI ma proposition, quasi brute de décoffrage.

Par ailleurs, vous trouverez dans le billet publié hier le lien vers le sujet et la proposition d'un commentateur.

11:07 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (0)

dimanche, 24 mars 2013

Thème d'Agrégation (Djian)

Je viens de traduire en 33 minutes le sujet de thème proposé aux agrégatifs de la session 2013 avant-hier. (Non, pas trouvé mieux pour me gâcher le dimanche.)

Vous trouverez ICI le sujet, et ma proposition. Comme le thème n'est pas mon point fort, et comme je n'ai pas fait de vérification (à part pour confirmer qu'il n'y avait pas de solution miracle inconnue pour des éléments lexicaux comme pruneau d'Agen ou tomate cœur-de-bœuf – je m'en suis donc tenu à mes quelques approximations de départ), il va de soi que cette proposition ne me vaudrait pas nécessairement une excellente note.

Par ailleurs, je ne suis plus membre du jury.

Ce n'est donc aucunement un corrigé officiel. Disons que c'est une proposition vraisemblable de ce que peut faire un (plutôt bon, on l'espère) candidat.

10:30 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (2)

jeudi, 21 mars 2013

La poésie ferroviaire : Ortlieb, McGuinness, Romer (Tours, 21 mars 2013)

[Notes prises à la volée, l’absence de lien entre les sujets est le fait exclusif du transcripteur.]

 

Affiche Rencontre autour Y. Bonnefoy En guise d’accueil et de remerciements aux différents organisateurs qui ont rendu possible cette rencontre entre Stephen Romer, Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness – notamment, et comme déjà précédemment, les collègues de la B.U., Alice Lucchese en tête –, Trevor Harris évoque le mot de craft (la poésie comme praxis).

Dans son intervention liminaire, Stephen Romer évoque sa traduction de L’Arrière-pays, notamment la raison du choix de titre anglais (Bonnefoy ne voulait d’aucun des termes proposés, et surtout pas de The Hinterland, trop germanique).  Il lit les premières pages de L’Arrière-pays et lance la discussion en présentant les poètes invités du jour, Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness, tous deux grands « poètes ferroviaires », dont Stephen dit que leur attention aux lieux de passage, aux espaces apparemment banals, aux fragments entrevus, aux localités abandonnées, relève d’une poétique de l’arrière-pays.

Gilles Ortlieb cite la phrase de Bonnefoy (« pour que l’être se clive et que je sois en exil »). Ce qui se joue, dans l’attention au détail, à l’insignifiant, comme avec l’arrosoir de la Lettre de Lord Chandos de Hofmannstahl, c’est de cheminer sur la crête entre le mouvement et l’immobilité. Pour Patrick McGuinness, la poésie ferroviaire consiste à se demander à quoi ressembleraient les choses si on n’y faisait pas attention ? Depuis Auden, les poèmes ferroviaires sont négatifs en Grande-Bretagne, il n’y a plus de positivisme, alors qu’en Europe, comme les trains fonctionnent bien et arrivent à l’heure, on garde une tradition d’optimisme. Il cite le poème de Donald Davie, ‘In the Stopping Train’, en fait écrit à Tours.

Gilles Ortlieb rappelle que, pour voir, dans un train, il faut être assis dans le sens inverse de la marche, ce qui est vrai de tout regard ; regarder ce qui nous abandonne.

Thomas Jones - Mur à Naples Un des points communs entre Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness est le peintre anglais Thomas Jones, dans son versant de réaliste miniaturiste. Sans concertation, ils ont tous deux consacré une série de poèmes à la même ligne de chemin de fer entre Bruxelles et Bouillon, fascination toponymique notamment. Pour Gilles Ortlieb, les toiles réalistes de Thomas Jones portant sur des détails visibles du quotidien sont porteuses d’une très grande beauté, à l’encontre de tout « spectaculaire ». Patrick McGuinness, qui a aussi écrit deux poèmes sur Jones, raconte avoir rencontré l’œuvre peint de Thomas Jones à la National Gallery of Wales, à Cardiff, et n’avoir pas trouvé grand intérêt aux immenses tableaux épiques sur la fin du monde celte ; en revanche, l’œil moderne, contemporain, est fasciné par les esquisses, les petits tableaux qui n’avaient aucune espèce de valeur pour Jones lui-même.

Depuis plusieurs années, Gilles Ortlieb et Patrick McGuinness se traduisent l’un l’autre.

Patrick McGuinness insiste sur le fait que Rimbaud est, non le poète des départs, mais le poète du retour perpétuel. Il lit son poème sur l’ancienne gare de Bouillon (traduction de Gilles Ortlieb). Stephen Romer lit le texte de Gilles Ortlieb sur Morange (in Tombeau des anges), puis un extrait de L’Arrière-pays. Gilles Ortlieb insiste sur le fait que, du Luxembourg à la Lorraine, en vingt minutes, on passe d’un monde (la finance) à son contraire (la misère, l’abandon). De façon quasiment épigraphique, on voit encore les signes de la vie disparue, remonter des rues qui sont de vrais cimetières de boutiques. Patrick McGuinness fait remarquer que le français a le mot vétusté, qui correspond exactement à l’impression ressentie. Crues de la Loire (détail)Il évoque aussi le terme high water mark (échelle de crue – Gilles Ortlieb, plus tard, dans une traduction lue, aura choisi « jauge d’inondation », jauge correspondant de fait mieux à mark).

Gilles Ortlieb lit “Neige à Thionville”.

Stephen Romer suggère la formule de Réda, « le désespoir n’existe pas pour un homme qui marche ». Il songe aussi à Sebald. Patrick McGuinness rétorque qu’on peut marcher parce qu’on est désespéré en se disant que le désespoir n’existe pas pour un homme qui marche, mais que le mouvement n’est pas un remède. Gilles Ortlieb pense que cette formule rapproche la poésie plus de l’homme des foules de Poe, mais que la locomotion est quelque chose d’autre. Il trouve que, notamment dans des écrits récents, Bonnefoy est délibérément intimidant. Patrick McGuinness trouve par exemple plus intime – et donc moins intimidant – le chapitre sur les souvenirs d’Arménie. En général, la littérature française perd trop de temps sur les questions d’absence et de présence, alors que l’essentiel se passe entre les deux, entre A et B.

La rencontre s’achève, après quelques questions, par une lecture à deux voix. (Je note un seul vers d’un beau quatrain de Marcel Thiry cité en épigraphe par Gilles Ortlieb dans un de ses poèmes : « la Lorraine accomplit sa tristesse inutile ».)

Gilles Ortlieb, Patrick McGuinness, Stephen Romer.

 


La rencontre m’a évoqué

  • ce qu’Auster dit dans son dernier livre de la marche
  • la différence fondamentale entre la vision ferroviaire et la composition en marchant (exercice radicalement différent du corps)
  • le rapport entre promenade (au sens de Walser) et graphomanie (Breytenbach aussi est un grand poète du déplacement)
  • l’attention (sur un axe Rilke-Guillevic) au regard et à la poésie objectale
  • les pages de François Bon dans Tumulte
  • enfin, bien entendu (et Patrick McGuinness a confirmé en marge, après la rencontre, son absence totale de goût pour la poésie de Roubaud) le choix tout à fait parallèle, sur un autre rail, des oulipiens (la toute récente Ode à la ligne 29).
J'ai surtout envie, désormais, de découvrir la poésie de Patrick McGuinness, de lire – notamment – Tombeau des anges... et de prendre le temps de relire L'Arrière-pays, à l'aune du travail de mon admirable collègue Stephen.

De la B.U. vers l'Amazone ?

 C’est étrange.

Je n’avais jamais remarqué cela.

Sur le catalogue informatisé du Service Commun de Documentation (nom officiel de « la B.U. »), il y a, parfois, à côté du titre de l’œuvre, une image représentant la couverture. Si on clique sur cette image (ce que je viens de faire pour la première fois, je crois, avec un exemplaire du recueil de Jorge Guillén, Final), un nouvel onglet s’ouvre sur… la page du même ouvrage sur Amazon !!!

C’est curieux.

Ce pourrait même être choquant.

mardi, 19 mars 2013

Poème à la noix

La cale a disparu

Je l’avais fabriquée à grand peine

Mardi dernier

Pour que la porte de la salle

50 ne vibre plus

La cale a disparu

 

Les travaux ont commencé au

1er sous-sol pour y construire

Le nouveau C.R.L.

Du coup les habitués du 1er

Garent leur tacot au parking du second

Ne connaissent pas les manœuvres

Et font n’importe quoi

 

Bientôt le nouveau C.R.L.

Au 1er sous-sol sans fenêtres

Mais fuites flaques d’eau partout

Prévoyez pour les ordis

De jolis parapluies

 

Mardi encore sous la pluie

Mardi matin sous la grisaille

Foutu hiver automnal qui

N’en finit pas

N’en finit pas


08:11 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 18 mars 2013

Dernière demeure ¦ destination finale

Depuis quelques jours, je me suis plongé dans la poésie de Cynthia Atkins (dont on peut lire des poèmes ici et - sans oublier son site personnel), et ai même (à peine) commencé à la traduire. Très ému, pour diverses raisons – pas seulement littéraires – par “The Information Age”, un poème qui se trouve au début du recueil Psyche’s Weathers, je viens d’en achever, à l’instant, un premier jet.

Dans ce poème, la première et la deuxième strophe (16 vers chacune) se répondent. Dans l’une, le corps de l’oncle est comparé à une lettre, et la terre où il est inhumé au « trajet de la lettre » ; dans l’autre, ce sont les lettres qui sont comparées à un corps passant de main en main et, dans le texte

strung from house

to house—to its final resting place

 

Pour l’image de ‘final resting place’, j’hésite entre dernière demeure (euphémisme funèbre qui offre un beau contrepoint à ‘house’, maison) et destination finale (expression plus respectueuse de la métaphore postale). Je me pose aussi des questions de ponctuation : j’aime beaucoup le tiret, et je serais d’avis de le conserver tel quel, d’autant que la virgule – seule alternative ici – est vraiment de nature à “aplatir” la portée du suspens.


mercredi, 13 mars 2013

Aaaaaargh ou youpi

Il est notoire que je ne suis pas carriériste, puisque, depuis 2005 au moins (tiens ? année de naissance de ce carnétoile… coïncidence ? je ne kroille pas), j’ai fait à peu près tous les choix qui m’éloignent des promotions, des avancements, et surtout, surtout, de la sacro-sainte HDR (Habilitation à Diriger des Recherches), ce fleuron de l’Université française, ce sésame, ce fanal, ce CRITERE ABSOLU au titre duquel, entre un feignant complet grand intellectuel retiré dans sa tour d’ivoire qui ne fait qu’à moitié ses cours et ne fait jamais ni réunion ni travail de fond dans sa fac MAIS publie en dix ans 20 articles et 1 livre que personne ne lit de première importance, et un tâcheron qui fait tourner la boutique en s’occupant des échanges Erasmus, de faire les emplois du temps, d’assurer les cours dont personne d’autre ne veut, d’aider les étudiants dans leur projet professionnel ETC., le premier finira professeur hors-classe à 6.000 euros par mois, avec des semestres sabbatiques dans l’intervalle, et le second prendra sa retraite de maître de conférences, avec, peut-être, s’il n’a pas trop déconné, 3.000 et quelque euros dans l’escarcelle. (Je ne mentionne pas, parmi les privilèges du second, le droit de bosser in situ 5 jours sur 7 pendant 40 semaines et de recevoir les mails des collègues absentéistes qui s’offusquent qu’on envisage de leur demander de venir sur leur lieu de travail en dehors des 24 semaines de cours, et, sacrilège absolu, le vendredi.)

 

Eh bien, figurez-vous que le plumitif, le polygraphe, le tâcheron Cingal essaie depuis deux ans (après un hiatus de trois années de jachère) de renouer les fils de sa recherche, en se disant que, si, si, il est capable de tout faire, et qu’il va se remettre à publier, oui, oui, oui. Figurez-vous que, autre coïncidence, il va être appelé à plusieurs reprises, dans les deux ans, à siéger dans des jurys de thèse (ce qu’il a déjà fait en 2003 et 2004). Or, il vient, à la demande d’une doctorante, de tenter une plongée en eaux troubles, à savoir dans son propre CV.

Il va de soi que je n’ai pas de CV à jour, et même la version ancienne doit être quelque part dans un pénultième, voire antépénultième, voire antédiluvien ordinateur portable.  Que fis-je, oncques ? Ni une, ni deux, une recherche fissa sur la base bibliographique du MLA, à mon nom. Fissa toujours, je classai tous les articles que j’ai écrits et qui sont répertoriés dans MLA, et, alors qu’il en manque une demi-douzaine, MLA en répertorie pas moins de quinze, dont trois seulement publiés pendant mes années de thèse, ce qui signifie qu’en allant rechercher les trois ou quatre articles importants qui ne figurent pas dans MLA, et si j’avais eu le temps – ou l’inspiration, ou l’envie – d’écrire les articles correspondant aux cinq ou six communications de ces cinq ou six dernières années, j’aurais à peu près de quoi attaquer le dossier de synthèse et enquiller sur la fichue HDR.

Aaaaaargh, hein, ou youpi, ça dépend du point de vue.

17:20 Publié dans WAW | Lien permanent | Commentaires (1)

lundi, 04 mars 2013

Sept colonnes

Cloîtré dans le bureau – il y fait trop chaud – je poursuis ma trace, mes tâches. Depuis six semaines, la maladie (banale mais défigurante) a creusé l’épuisement, de sorte que je me trouve sans ressort, capable seulement de faire ce que j’ai à faire au coup par coup, et au prix, à chaque fois, d’un effort de volonté qui, le reste du temps, semblerait ridicule et disproportionné. Je dois me dire qu’en écrivant ici ce paragraphe, je tente de reprendre pied – symboliquement ? En tout cas, tout m’épuise.

 

La nuit dernière, j’ai bien dormi. Bien, profondément. Au réveil, vers six heures, je me sentais reposé. Même si cette impression n’a pas duré, il était déjà essentiel de la ressentir. Et, à présent, je dois m’arracher à ce bureau (paperasses, relectures, lettres professionnelles) pour aller marcher au soleil, trouver le soleil.

 

Peut-être qu’après tout – après tout ça (j’en rirai ?) – il ne sera pas tout à fait trop tard pour adopter enfin l’emploi du temps.

 

samedi, 02 mars 2013

En mission à Pietermaritzburg (11-16 février 2013)

Voici un copié-collé (pour raison de sauvegarde - je doute que cette page Web soit éternelle sur le site d'UKZN) de l'article paru le 1er mars à propos de notre mission de cinq jours en Afrique du Sud. Je corrige juste deux ou trois inexactitudes, par rapport à l'original. [Oui, j'utilise ce blog aussi comme archivage professionnel et autobiographique. Touraine sereine et moi sommes de vieux amis, on se passe toutes nos fantaisies.]

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CALS — Feb 15, 2013.jpg

Two visiting French academics, Professor Philip Whyte and Dr Guillaume Cingal of the University of Tours, addressed staff and students at a UKZN seminar at the Centre for African Literary Studies (CALS) recently. CALS held an informal lunch for the two visitors who were invited by Professor Bernard DeMeyer of French Studies and also a member of CALS Board.

The main purpose of the visit was to discuss the partnership between the two institutions which involves staff and student exchange and joint research among other co-operation and thus the visitors met the French discipline on the Pietermaritzburg campus, the English Discipline, International Relations and the Dean and Head of the School of Arts, Professor N Zulu. 

They also held a meeting with two University of Tours exchange students who are at UKZN this semester.

Informal discussion at the seminar included ideas on the sort of student, staff and research exchanges that could be arranged in future between UKZN and the University of Tours involving English literary studies.

Whyte formerly co-ordinated the MA programme at the University of Tours and his field of specialisation is postcolonial theory and literature in West Africa. He has published a book on Ayi Kwei Armah and about 20 articles on African writers, Ben Okri of Nigeria, Kojo Laing of Ghana, Syl Cheney Coker of Sierra Leone, Syl Bendele-Thomas of Nigeria, Abdulrazak Gurnah of Zanzibar and Kofi Awoonor of Ghana.

Cingal is the co-ordinator of first-year Applied Languages and is the former Head of the English Department. His fields of specialisation are postcolonial literatures, semiotics and translation studies. He wrote several articles on Nuruddin Farah, Breyten Breytenbach, Arundhati Roy, as well as on Jamal Mahjoub.

In his presentation Whyte gave an overview of the history of West African writing in English while Cingal analysed two South African poems, including Jeremy Cronin’s poem, Who. He emphasised the need to provide the historical and social contexts to poems when teaching them to French students.

The French visitors were very impressed by the collection of books at CALS, especially the Onitsha market literature, and the newly archived unpublished materials. They found several items they had previously been unable to locate. "Each shelf cries out for a conference about its holdings," said Dr Cingal. "Future research exchanges will certainly provide the opportunity to take this challenge further."

 

/ Source de l'article original : UKZN.

mercredi, 13 février 2013

Balivernes déplorables

Charles Gould assumed that if the appearance of listening to deplorable balderdash must form part of the price he had to pay for being left unmolested, the obligation of uttering balderdash personally was by no means included in the bargain.

(Nostromo, I, 7)


J'ai cru me revoir pendant mes trois années à la direction du département d'anglais, quand je devais rencontrer certains collègues qui se prenaient pour des pontes, ou lors de certaines réunions.

(Philippe Vendrix et Bernard Buron, les rois du "deplorable balderdash")

mercredi, 06 février 2013

Grippe, grêle

La grippe – la première depuis treize ans – aura eu raison de l’emploi du temps, car, après, il a fallu bricoler la communication, puis se vider du peu d’énergie restant pour le colloque.

Désormais, dans la série « dossiers en retard », ce sont les étudiants sud-coréens et australiens qui vont plomber les journées, avant le départ pour la mission en Afrique du Sud (Pietermaritzburg et Durban, où, entre autres joyeusetés, visites de campus, réunions de travail, je dois assurer 45 minutes de séminaire (jeudi prochain, me semble-t-il) sur je ne sais pas quoi encore). Rappel de l’immuable règle : quand le deuxième semestre s’annonce beaucoup plus léger que le premier, il paraît souvent pire, une fois au pied du mur.

J’espère tout de même avoir le temps, de mars à juin, de mettre en place mon nouvel emploi du temps, et notamment traduire les trois essais de Chaudhuri, la nouvelle de David Francis, et peut-être reluquer du côté de Parker Bilal (dont, en coup de vent, j’ai eu le temps de discuter avec Jamal hier, Jamal apparu in extremis pour une communication qui a tapé pile dans le mille, et a ouvert des dizaines de ramifications dans ce qui avait été dit jusque là – vertigineusement même).

Me suis rarement couché aussi épuisé qu’en ce moment. Entre autres choses, chantiers en souffrance, je devrais, pour ces carnets, rassembler mes notes ou souvenirs relatifs aux différents moments forts de la résidence.

——— La grêle contre les vitres, la grippe contre l’être.

vendredi, 18 janvier 2013

Softly-softly

 Western governments are believed to have urged the Algerian authorities – in vain – to take a softly-softly approach.


Dans cette phrase extraite d’un article du quotidien The Independent (John Lichfield. “Algeria crisis 'still ongoing' after British hostages killed in Saharan bloodbath”, vendredi 18 janvier 2013), et d’un niveau de langue plutôt soutenu, l’adjectivation (avec redoublement) de l’adverbe softly pose un véritable problème de traduction. En effet, le redoublement adverbial existe en français, mais implique un niveau de langue familier, par exemple : Vas-y mollo mollo. Le traducteur peut donc préférer une traduction d’un niveau de langue égal, dans laquelle l’effet stylistique de la langue-source est gommé : « une approche en douceur » (recatégorisation de l’adjectif en syntagme prépositionnel) — ou, mieux, une double recatégorisation, au titre de laquelle le nom approach devient un verbe : Les gouvernements occidentaux ont demandé, à ce que l’on sait, aux autorités algériennes d’y aller en douceur, mais en vain.

 

Toutefois, des tentatives pour rendre l’effet stylistique porté par le redoublement (effet qui suggère, par exemple, une conversation téléphonique informelle pas trop diplomatique entre David Cameron et son homologue) sont possibles :


[1] … d’adopter la tactique tout doux tout doux

[2] … de choisir une approche moins va-t-en-guerre

[3] … de se hâter avec lenteur


Dans le choix [2] ci-dessus, la traduction en langue-cible recourt à une stratégie proche du contraire négativé. En [3], le texte-cible ajoute une référence culturelle spécifiquement française (La Fontaine), ce qui implique une élévation du registre. Une dernière possibilité mérite d’être signalée, même si, bien entendu, elle est interdite aux étudiants (en traduction universitaire, cela serait sanctionné comme un non-sens), et même si elle peut faire grincer les dents des adversaires absolus du franglais :

[4] … de choisir la stratégie « softly-softly »

 

mardi, 08 janvier 2013

D'un planisphère entrevu plus qu'observé

3282117000938.jpgCe planisphère (dont on ne voit, sur un autoportrait pris ce matin, qu'un fragment océanien, et dont je n'ai trouvé, sur Google Images, que des versions de petite taille (y compris, donc, celle copiée ci-contre)) est très curieux. Ce matin, dans le vestibule du nouveau Service des Relations Internationales de mon université (nouveau au sens où le Service a investi de nouveaux locaux depuis quelques mois), j'ai passé plusieurs minutes à l'inspecter. Il a été édité par l'IGN en 1994, et le principe de nomenclature est que les noms de pays figurent dans la langue du pays. Evidemment, c'est un pari intenable, puisque le recours strict à l'alphabet latin, garant de la lisibilité de la carte, interdit toute littéralité originaire, par-delà le fait même que cette littéralité est un pur fantasme.

La Russie est donc "Russika", ou quelque chose comme ça, tandis que l'Inde est signalée par un BHARAT très idéologiquement discutable. En effet, l'Inde a deux langues nationales officielles, et le nom officiel du pays en hindi est Bhārat Gaṇarājya. Donc, soit on respecte la formule complète (avec les diacritiques), soit on a recours au nom anglais, "Republic of India".

De même pour les noms de villes : Le Cap y figure sous son nom afrikaans, alors que la version anglaise "Cape Town" est tout de même plus répandue, y compris dans le pays même. Y a-t-il dans ces choix une volonté de mettre à mal l'hégémonie de l'anglais, comme on dit ? Si tel est le cas, ce planisphère mériterait des recherches plus poussées, et semble démontrer que la géographie est une pratique scientifique éminemment subjective, ou soumise à des idéologèmes.

Il y a aussi des cas intermédiaires, comme les Îles Mascareignes, dont le nom anglais est donné entre parenthèses.

Tout cela est assez étrange.

À défaut d'en avoir trouvé une saisie suffisamment précise sur le Web, je retournerai prendre des photographies avec mon Lumix (pas le smartphone), au Service des Relations Internationales.
 

Cherchez l'erreur

Deux pour surveiller six étudiants, le 7 janvier.

Le 17 décembre, j'étais tout seul pour placer, surveiller et faire émarger – lors de trois examens successifs – respectivement 137, 91 et 138 étudiants.

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mercredi, 12 décembre 2012

Y en a qui doodlent

Sans penser à mal ni être certain d'avoir raison, je me demande ici (après tout, le blog sert aussi à cela  archivage des incompréhensions) ce qui peut motiver certains collègues, sollicités pour un sondage Doodle en vue d'une réunion, à répondre, presque immédiatement pour certains, en indiquant qu'ils ne sont disponibles pour aucun des 18 créneaux horaires proposés (sur 5 jours différents, sur 2 semaines distinctes). Comme les deux semaines choisies se trouvent en dehors des semaines d'enseignement, il est donc tentant d'imaginer, les surveillances d'examen n'occupant jamais 18 créneaux horaires, que ces collègues, qui, peut-être, ne veulent pas assister aux réunions quoi qu'il advienne, marquent ainsi leur refus de toute réunion, mais la participation au vote ne laisse pas de m'intriguer : s'ils veulent montrer leur sérieux, leur professionnalisme, leur réactivité électronique, ne s'aperçoivent-ils pas que s'étale là, en face de leur nom, en dix-huit cases rouges visibles de tous, leur totale absence d'investissement, ou, à tout le moins, leur refus de se déplacer sur ces jours-là ? Même s'ils ont d'excellentes raisons de ne pouvoir être présents (et l'une, au moins, n'est pas du tout absentéiste, en général), pourquoi ne le signalent-ils pas en commentaire ? ne peuvent-ils imaginer qu'ils prêtent le flanc à la moquerie ?

 

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(sans aucun rapport) Moi qui croyais qu'avec le raccourci clavier alt+0151 on pouvait, en tous espaces électroniques, obtenir mon cher tiret semi-cadratin, je suis bien attrapé : avec ce netbook, dont le clavier, réduit à l'essentiel, n'a pas de pavé numérique, je ne parviens pas, même en utilisant les chiffres majuscules, à obtenir le foutu caractère. Donc recours à la bonne vieille méthode DIY du copier-coller.

mercredi, 05 décembre 2012

Dommage, dimanche !?

 

Je tiens à signaler – fût-ce pour une douteuse postérité – que je me trouve à cet instant précis dans mon bureau des Tanneurs, où je vais assurer mon dernier cours de la journée, et que je me rends 6 jours sur 7, cette semaine, à l’Université. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, bien sûr. Mais voilà : cours les lundi, mercredi, et vendredi (matin). Le mardi, une réunion sur les projets (que je pilote) de programmes courts à destination des étudiants étrangers. Demain, conférence de Chandani Lokugé dans le cadre de sa chaire Studium. Et, après l’atelier de traduction dont j’anime la troisième séance vendredi après-midi, réunion du groupe des doctorants samedi matin (avec intervention d’une ancienne étudiante, désormais collègue).

 

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jeudi, 22 novembre 2012

Rencontre avec Amit Chaudhuri (site Tanneurs, 22 novembre 2012)

Ce jeudi 22 novembre, le grand écrivain, critique et musicien indien Amit Chaudhuri nous a fait l’honneur de venir à la rencontre des collègues et des étudiants, notamment autour de son dernier roman, The Immortals, dont la traduction vient de paraître aux éditions Aux Forges de Vulcain (Les Immortels).

 

La rencontre, qui a été filmée in extenso et sera visible sous peu sur le site de l’Université, n’a été possible que grâce à l’entregent efficace de Stephen Romer, distingué poète et collègue éminent, et au travail toujours précieux de Chandani Lokugé, qui ne ménage aucune piste lors de ce semestre de résidence. C’est d’ailleurs à la suite de sa présentation du roman de Chaudhuri le 28 septembre dernier qu’est née l’idée de cette rencontre. Cet événement, qui avait été annoncé sur les réseaux sociaux, dans La Nouvelle République et sur le site Web de Livre Au Centre, a eu lieu dans la salle de conférences du 5ème étage de la Bibliothèque des Arts et Lettres (site Tanneurs). Le public était composé d’une quinzaine de collègues et d’une quarantaine d’étudiants de tous niveaux (surtout L1 et L3, mais aussi quelques étudiants de Master – ceux qui sont censés être le plus motivés…).

Amit Chaudhuri a lu deux extraits de son roman, et répondu à plusieurs questions, sur le personnage de Nirmalya, sur les lieux, sa situation particulière au sein des études « post-coloniales », mais aussi la « révélation théologique » que constitue l’expérience musicale. Grâce à la diffusion d’extraits de son œuvre de musicien classique, mais aussi de morceaux appartenant à son répertoire plus personnel (le double projet not fusion), un échange s’est amorcé autour de la pratique musicale, et du sens qu’il donne à ces approches multiples d’une grande complexité.

Subtile, profonde, émouvante, tout en restant éminemment lisible, l’œuvre d’Amit Chaudhuri demande à être découverte, prise à bras-le-corps. Je chroniquerai prochainement ma lecture des Immortals, ainsi que la traduction fraîchement publiée.

 

 Lors du déjeuner, à la Deuvalière, j’étais le seul non-écrivain des convives : entre Amit, Stephen (qui est pléiadisé, tout de même) et Chandani (dont je traduis en ce moment plusieurs textes, inédits ou parus chez Penguin), il y avait de quoi être intimidé. Après le repas, j’ai raccompagné Amit à son hôtel, et lui ai montré, au passage, dans le jardin de l’archevêché, le cèdre bicentenaire et l’éléphant empaillé, Fritz, icône tourangelle qui a tellement marqué Chandani qu’elle va peut-être lui consacrer une nouvelle !

 

 

(Photo : Amit Chaudhuri et Stephen Romer, rue des Tanneurs.)

mardi, 23 octobre 2012

Déshabiller Pierre, habiller Paul

 

Je viens de découvrir que, dans le "référentiel des tâches 2012-2013" adopté par le conseil d'U.F.R. de mon Université, la décharge annuelle des directeurs des départements d'allemand et d'italien s'élevait désormais à 20 heures (pour 19 et 41 étudiants respectivement en tout en Licence), alors que celle de directeur des études de L1 LEA restait de 20 heures annuelles... pour 331 étudiants. La décharge de directeur de la filière LEA (750 étudiants, 80 collègues) est de... 64 heures.

   Précision supplémentaire.     Allemand = 19 étudiants en LLCE, 40 en LEA. 13 enseignants.

Anglais = 419 étudiants en LLCE, 690 en LEA. 42 enseignants (lesquels, soit dit en passant, corrigent 5 fois plus de copies qu'un germaniste ou qu'un italianiste).

D'un côté, 1 enseignant pour 4 étudiants. De l'autre, 1 pour 26. Et une bien meilleure décharge, proportionnellement, pour les germanistes.

Autre précision : pour la seule et unique tâche consistant à préparer les documents individuels de modalités transitoires des redoublants de 1ère année de LEA (presque 70 étudiants), le directeur des études de L1 LEA a travaillé 28 heures. Or, ce n'est qu'une infime partie de sa tâche.

Dans le même ordre d'idées, je pourrais aussi égratigner les collègues littéraires (236 étudiants inscrits dans les trois années de Licence), qui réussissent à obtenir 32 heures de décharge pour le directeur du département de français et 32 heures de décharge pour le responsable du Pôle Lettres, alors que le Pôle Lettres n'ajoute que les étudiants de Lettres classiques, et ne représente un vrai travail qu'au moment des négociations de contrats quinquennaux. En tout, ils ont don autant que le responsable de la filière L.E.A. (690 étudiants pour les 3 années de Licence), sans compter la gestion des 70 collègues, des intervenants professionnels, et la coordination des stages obligatoires à l'étranger (étudiants de L3 et de M1).


Si je note tout ceci, ce n'est pas seulement pour dénoncer de très fortes disparités dans le travail de collègues censément tous logés à la même enseigne. C'est pour signaler que l'inégalité, liée à la nécessité de répartir la misère, est renforcée par des décisions politiques que tout le monde, sans doute par prudence ou respect de l'omerta, semble avoir votées.

 

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mardi, 16 octobre 2012

Bahala na !

J'ai fini de lire The Match de Romesh Gunesekera. « Presque fini » serait plus juste : je me suis gardé, exprès, les sept ou huit dernières pages pour ce soir. L'écriture de Gunesekera – qui a atteint les plus hauts sommets, selon moi, avec Heaven's Edge, livre absolument magnifique et bousculant – s'est un peu attiédie ici. Tant le protagoniste que son parcours font songer au roman de Jamal Mahjoub, Travelling with Djinns.

Caisson sculpté du château de Poncé-sur-le-Loir (Sarthe).C'est le séjour, dans le cadre de la Chaire Studium, pour un semestre entier, de Chandani Lokugé dans notre Université qui m'a replongé totalement dans le Sri Lanka. La semaine dernière, j'achevais Turtle Nest. Et là, après The Match – parabole historique ? Underworld à la sri lankaise ? roman philippin ? — j'enchaînerai avec Softly As I Leave You, le dernier roman de Chandani. Fin novembre et début décembre, j'organiserai avec elle un atelier de deux ou trois séances consacré à la traduction de certains extraits de ces deux romans. Son dynamisme et son hyperactivité me font bien plaisir, ont dynamité un peu le début d'année, sinon terne ou simplement laborieux, de sorte que je me suis retrouvé propulsé avec le comité d'organisation du festival « Voix d'ici, voix d'ailleurs », ou encore à discuter de Ronsard avec elle pendant un bon bout de temps, sans compter le projet de programme d'hiver à mettre en place chez nous à destination des étudiants australiens non francophones.

Turtle Nest est un très beau roman, très équilibré, qui s'inscrit dans une forme de modernisme classique, si j'ose ce qui pourrait sembler un paradoxe, et qui s'achève sur une pointe narrative aussi efficace qu'inattendue. Si j'ai bien compris les allusions de Chandani lors de notre promenade dans les jardins du Prieuré, il s'articule autour d'un symbolisme complexe (animaux, éléments naturels) dont tout ou presque doit m'échapper.

Entre ses diverses tâches au titre de la chaire Studium, Chandani a commencé d'écrire un roman dont l'action se passera, au moins en partie, en Touraine. Après-demain, je vais lui faire découvrir le manoir de La Possonnière ; si nous avons assez de temps, j'essaierai de lui montrer d'autres beaux sites voisins de Couture, quoique le très beau château de Poné n'ouvre au public qu'en été.

Nous verrons. Bahala na. Bahala na kayo ! (The Match, p. 255)


mercredi, 03 octobre 2012

Dédésir de lalavenir

Dans le récent numéro du magazine hebdomadaire local TMV, on trouve, dans un entretien avec le doyen de la faculté de médecine, M. le Professeur Dominique Perrotin, la phrase suivante, attribuée à l’auguste personnage : « C’est impossible d’oublier le passé quand nous réfléchissons au futur et avoir en tête que nous sommes ici pour former de très bons médecins. »

On ne peut tout à fait exclure que l’incohérence vienne d’une erreur de saisie, ni qu’elle soit une bourde du journaliste. Toutefois, quand on a entendu, une fois ou deux, l’auguste personnage prendre la parole en public, on ne peut pas exclure, non plus, qu’il soit entièrement l’auteur de cette bouillie asyntaxique.

(Précision supplémentaire. L’entretien se clôt sur cette belle (…) formule : « Il est là l’avenir. »)

 

jeudi, 13 septembre 2012

All the Crap in this Year

Grand soleil par les baies. Bricoles expédiées -- enfants chacun dans son école -- How My Heart Sings par Bill Evans, Marty Morell et Eddie Gomez. Me voici à même de consacrer une grande part de ce jeudi à boucler les premières séances du nouveau (et peu roboratif, sur le papier) cours magistral que je dois assurer en première année.

Demain, réunion pour fixer plus précisément les contenus des T.D. de méthodologie (il y a encore des zones d'ombre).

Sinon, pour la première séance de traductologie en agrégation interne, je sais ce que je vais proposer, afin que ça ne soit pas trop rébarbatif pour les "doublants". Outre la présentation de l'épreuve (passage obligé, il y aura des petits bleus) et un rapide survol des différents procédés qu'il faut savoir identifier, mais surtout mettre en place, je vais ponctuer le tout d'un exercice de traduction et commentaire de traduction à partir des titres de chansons d'un des derniers albums du groupe Sparks :

Good Morning

Strange Animal

I Can't Believe That You Would Fall for All the Crap in this Song

Let the Monkey Drive

I've Never Been High

(She Got Me) Pregnant

Lighten Up, Morrissey

This is the Renaissance

The Director Never Yelled 'Cut'

Photoshop Me Out Of Your Life

 

Avec ces dix titres, je peux présenter et même commencer à élaborer tous les concepts principaux : recatégorisation, étoffement et effacement, dilution et concentration, chassé-croisé (avec étoffement), modulation du contraire négativé, hypéronymie, modulations métaphoriques... sans parler des questions de genre, de nombre et de choix verbaux. À la rigueur, on pourrait tenir le semestre là-dessus...

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vendredi, 07 septembre 2012

L'Université de Tours, ou le dogme de la triple unicité

 

Pour mon deuxième jour (après lundi) de passage à la B.U., j’ai découvert un très intéressant marque-pages vantant la migration de la totalité des « services centraux » sur le site, pas très éloigné mais peu commode à trouver quand on ne connaît pas bien Tours, du Plat d’Etain.

La Sainte Trinité du Guichet UniqueEn voici, saisis côte à côte, le recto et le verso (cliquer sur l'image pour agrandir). On découvre ainsi que le « guichet unique » se trouve sur trois sites différents. Cherchez l’erreur !

 

Accessoirement, le Service des Relations Internationales, qui se trouvait naguère rue des Tanneurs, juste à côté du site principal, se trouve désormais au Plat d’Etain, ce qui signifie que tous les étudiants étrangers sont encore plus paumés et déboussolés qu’avant. Le planning à la tourangelle, une longue tradition d’absurdité

 

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mardi, 26 juin 2012

Vers la nouvelle énième réforme de la formation des enseignants...

Manifestation unitaire, cortège Universités. Tours, 19.03.2009. Paronomase en rouge Dans une note très importante parue aujourd'hui même dans le Bulletin Officiel de l'Education Nationale, les nouvellement nommés Vincent Peillon et George Pau-Langevin confirment plusieurs choses :

  • le gouvernement compte poursuivre la so-called "formation professionnelle" aux dépens d'un renforcement, pourtant hautement souhaitable, des socles de connaissance (en Licence et en Master)
  • le gouvernement compte recréer, en leur donnant le pouvoir qu'ils n'ont jamais vraiment perdu et sous le nom d'"école supérieure du professorat", les IUFM
  • les bureaucrates qui rédigent les textes officiels que cosignent ensuite des ministres ignorent presque tout de la syntaxe française. Je prendrai, pour seule preuve de cela, une phrase assez hallucinante : "Les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux qui assurent une formation initiale et continue de grande qualité des professeurs."


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