vendredi, 20 mars 2020
Chantage et désenchantement
Hier journée splendide ; nous avons déjeuné sur la terrasse, avec la grande table carrée en fer qui permet d'être encore plus éloignés les uns des autres que la table du salon. Petite promenade (avec nos attestations !) autour de 17 h et sans s'éloigner de la maison : ce n'est pas le désert ni le calme plat (surtout grâce à tous les casse-pieds qui n'ont pas d'autre occupation que le taille-haie électrique ou la tondeuse) mais ça ne ressemblait pas à l'heure de la débauche sur semaine.
Travaillé, certes, mais pas comme j'aurais voulu. Fatigue ou lassitude ? Un peu des deux, je pense.
Ce matin je me suis réveillé à 6 h 15 : j'ai gagné plus d'une heure de sommeil. Pourvu que ça continue de s'améliorer.
J'ai déjà rendu visible pour les étudiant·es de mon CM du vendredi matin les contenus correspondant aux séances de cette semaine et de vendredi prochain. Je leur ai aussi envoyé la petite soufflante ci-après.
Message de M. Cingal, cours 6320 (CM de RDM), 20 mars 2020.
Dear students
I hope you are coping. If anything is not working out properly, please remember that you can write to Dr *** for questions about courses in general, or to the SSU for health issues.
Regarding THIS class, I have uploaded material for today's and next week's class. I expect you ALL to work. For the time being, only 54 students have downloaded the slideshow for the February 14th class, and only 31 students have downloaded the slideshow for the March 6th class.
This was BEFORE the current events. Let me be crystal-clear: we'll all be very attentive and helpful, but NOT with students who have not been working. CELENE makes it possible for us all to check who has been working and who hasn't.
In addition, only 134 students are registered in this online class. Anyone who is not even registered won't validate the credits for this class. Please try to inform your friends.
Health matters more than anything else, and I hope that you are not going outside or meeting anyone. Health matters, but to get a grip on the situation, you need to remain busy and to work for your L1. This will keep your minds busy and alive.
Best regards
GC
Je ne pratique jamais ce chantage d'ordinaire, mais là il est hors de question qu'ils/elles se la coulent douce en attendant qu'on bosse d'arrache-pied pour eux puis qu'on valide leur année comme par enchantement, juste pour compenser la crise sanitaire. Incidemment (non, pas du tout incidemment), il s'agit du groupe que j'ai fini par engueuler vendredi dernier (donc au lendemain du premier discours de Macron) parce qu'ils se massaient les uns contre les autres, se serraient la main etc. et ce trois semaines donc après la publication des “gestes barrière” (que je suis le seul, je crois, à écrire en considérant barrière comme un nom adjectivé invariable) comme préconisation absolue.
Ma mère m'a écrit que la dame qui livre les repas aux personnes âgées dans le village lui a dit ne pas porter de masque car ça ne sert que quand on est contagieux. Une poignée de quelques millions de parfaits imbéciles finira par nous faire tous crever !!!
Hier, O*** a lu (après les deux premiers la veille (et sur ma recommandation, sa prof de latin n'ayant pas encore donné de travail)) l'un des 25 chapitres d'un livre qui adapte les Métamorphoses. Il fait à chaque fois un petit résumé (sur le mode burlesque, les chiens ne font pas des chats), et hier j'ai rejeté un œil au passage du livre VIII consacré à Philémon et Baucis. Si le confinement pouvait être l'occasion de me remettre au latin autrement qu'en butinant ou à la volée (cochez la métaphore animalière de votre choix)... En effet, la langue d'Ovide est quand même formidable. Dans les vers 620-1,
tiliae contermina quercus
collibus est Phrygiis modico circumdata muro
le narrateur annonce déjà, par la syntaxe, la fusion des deux corps en deux arbres entrelacés : les trois premiers mots signifient littéralement (mais dans le sens inverse, en commençant par le génitif, ce qui a aussi son importance) “un chêne adossé à / tout proche d'un tilleul”. Le fait que quercus soit de genre féminin suggère déjà un rapprochement avec le très féminin, de première déclinaison, tilia (et ce sera Baucis). Le placement de l'adjectif conterminus au féminin entre les deux noms, tout à fait classique en latin, montre en quoi l'adjectif relie les deux noms. Ainsi, dès le début du récit, Philémon et Baucis sont reliés, différents et inséparables. Les traductions qui commencent par traduire en parlant du mur ou des monts phrygiens du vers 621 manquent totalement cela.
Outre la magnifique édition très grand format richement illustrée publiée aux éditions Diane de Selliers, je possède l'édition bilingue avec la traduction de Danièle Robert. Ces livres vont traîner au salon quelque temps, je pense...
07:10 Publié dans *2020*, WAW | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
En vous remettant au latin - ou même simplement en déjeunant sur votre terrasse, n'avez-vous pas peur de rejoindre "Slimani et les autres bourges friqués puants" dans leur "dégueulasserie" ?
Écrit par : Fernand Chocapic | vendredi, 20 mars 2020
Et je finirai agonisant en "type d'une connerie pure et dure seul chez lui un jour d'orage (à cause d'un simple mot mal compris)".
;-)
Écrit par : Guillaume Cingal | vendredi, 20 mars 2020
Mais non, vous allez vous ressaisir ! Je vous suis depuis longtemps, je sais que vous avez de la ressource.
Écrit par : Fernand Chocapic | samedi, 21 mars 2020
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