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samedi, 25 février 2023

Pineapple

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Peut-être avais-je déjà « vu passer » ce tableau, ou plutôt une reproduction de ce tableau*. Je parle de reproduction, car outre la blagounette sur Twitter (cf ci-contre), je ne peux m’empêcher de trouver ce tableau réussi à tous égards sauf pour la représentation de l’ananas, justement. Or, le sujet est bien cet ananas : même si le roi en majesté ne doit pas se voir voler la vedette par un fruit, si exceptionnel soit-il sous les climats anglais, et encore moins par l’homme agenouillé qui le lui présente (et qui lui vole si peu la vedette que son identité est demeurée hypothétique), l’ananas est au centre du tableau.

Ce qui ne va pas, c’est qu’on ne le voit pas, cet ananas. Et peut-être est-ce justement dû à la qualité des reproductions sur le Web. J’en ai consulté une dizaine, et franchement sur toutes on devine l’ananas plus qu'on ne le voit. Il faudrait donc voir la toile « en vrai », pouvoir s’approcher, et, même sans s’approcher particulièrement, juger de cet ananas dans le contraste des couleurs. Il n’en demeure pas moins que le choix de placer l’offrande d’un fruit brunâtre devant la balustrade d’un gris ocreux n’était sans doute pas très judicieux. Imaginons que, même en trichant par rapport à la pose des sujets, le peintre ait choisi de placer le roi en haut des marches, et le jardinier deux ou trois marches plus bas, l’ananas se trouverait (à condition ne pas représenter le jet d’eau ?) devant l’allée blanchâtre, et ne pourrait que ressortir : n’est-ce pas ce qu’on demande à l’objet central d’une toile ?

Ou alors, le peintre aurait pu tricher et choisir des tons beaucoup plus clairs pour les deux balustrades et les deux statues. L’ironie est que la plante en pot située quelques centimètres plus bas sur le tableau, de forme ananasoïde, si j’ose le néologisme, est beaucoup plus visible que l’ananas, et que plus que je regarde ces reproductions, plus je me dis que, si le peintre était vraiment habile, il s’agit peut-être de la représentation d’une supercherie, avec ces huit jarres ananasoïdes entourant le jet d’eau, avec cette demeure difficile à identifier, avec ce petit chien dont la pose semble mimer celle du jardinier mais qui pourrait tout aussi bien pousser des jappements à l’encontre du monarque.

 

Il est impossible pour moi de finir ce billet sans donner en lien la chanson de mon (peut-être) groupe préféré, Sparks. À en croire les images choisies par l’auteur de la vidéo, il y aurait un Pineapple Rag de Scott Joplin, mais j’en ai assez vu et entendu pour aujourd’hui : trêve d’ananas.

 

 

 

* Ce billet n’existerait pas sans le visionnage, hier soir, d’un épisode de la 12e et dernière saison de The Big Bang Theory, dans lequel Sheldon Cooper est tout content de pouvoir placer l’anecdote sur le portrait de Charles II avec un ananas. La citation exacte (retrouvée sur le site officiel de la série) est : « Now, I'm not sure if this helps, but did you know that pineapples were once so rare that King Charles posed for a portrait with one? » Je n’ai pas le courage de retrouver le passage précis, mais il me semble que dans les sous-titres King Charles a été traduit par Charles Ier.

 

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