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mardi, 22 novembre 2011

Kids (Melquiot / Bouillon), Nouvel Olympia (Tours), 21 novembre 2011

Hier soir, nous sommes allés voir la mise en scène de Kids, de Fabrice Melquiot, par Gilles Bouillon.

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire tout le mal que je pense de l’inepte Gilles Bouillon. Cette fois-ci, en choisissant de mettre en scène un texte qui est absolument nul d’un bout à l’autre, le grand manitou du Nouvel Olympia avait l’occasion – amplement saisie – de mettre une sorte de point d’orgue à sa navrante carrière. En effet, le texte de Kids est absolument nul, au sens premier du terme : plat, fade, creux – rien ne dépasse, même du mauvais côté.

 

Il m’arrive très souvent d’être agacé par tel ou tel travers de l’écriture théâtrale contemporaine. Là, c’est bien simple : Melquiot s’est livré à un exercice de style qui consiste à les réunir tous, de sorte que son texte constitue une accumulation de tous les tics et imbécilités de la dramaturgie française des années 1990-2000 : faux style familier totalement clinquant, revolver présenté comme un « jouet » qui finit par exploser à la gueule d’un des adolescents, métaphores d’élève de CE2 peu inventif, jeux de mots Carambar, recours à la langue anglaise (délibérément mal prononcée) pour-montrer-l’attrait-de-l’Amérique-sur-les-jeunes-générations-des-pays-ravagés, structure en prolepse et analepse abondamment soulignée des fois qu’un spectateur demeuré (ou endormi, le bienheureux !) continue de ne pas comprendre, didascalies lues par une actrice en semi-off, chansons a cappella ou accompagnées en veux-tu en voilà. Kids est donc, dès son écriture, une sorte de mise en pratique de tout ce qu’il y a de plus explicite et idiot dans les versions dérivées les plus creuses d’un « brechtisme » compris de travers.

Bien entendu, le défi, pour Gilles Bouillon, consistait à réussir à mettre son grain de sel et à rendre le texte encore plus effroyablement mauvais. Gilles Bouillon est un maître, et c’est le genre de défi qu’il ne craint pas. Pari gagné, donc : ce qui était déjà d’une surprenante mièvrerie, il réussit à l’accentuer encore par une direction d’acteurs qui tient du patronage façon années 70. Ce qui est totalement explicite, et, du coup, parfaitement ennuyeux, dans le texte, il le souligne encore par des gimmicks de mise en scène déjà vus cent fois, même pour quelqu’un qui, comme moi, ne va quasiment plus jamais au théâtre. Par exemple, les personnages figurent les murs de la pièce dans laquelle ils sont censés se trouver à l’aide d’un tracé de craie sur le sol de la scène – mais, attendez, ce n’est pas tout : quand un personnage demande à être admis dans la pièce, un des acteurs qui se trouve dans la « pièce » efface environ 80 cm du tracé de craie avec une éponge ! (Oui, oui, les 80 cm effacés, c’est la PORTE !!! ils ont osé aller jusque là dans l’idiotie. Heureusement que la mort est une chose sérieuse : Brecht ne peut pas se retourner dans sa tombe.)

 

Bouillon, donc, en un sens, se surpasse. Y a-t-il, dans le texte de la pièce, des chansons bêtasses, mi-Sheila mi-Gotainer ? L’illustre metteur en scène fait prendre à la « chanteuse » des poses et des mines de radio-crochet, avec œillades que même leur caractère très évidemment « second degré » ne sauve pas du ridicule. Je pense même que c’est encore plus ridicule et vil de faire tout cela au second degré.

Y a-t-il un accompagnement de guitare (cela, je ne sais pas si c’est dans le texte et je ne compte certainement pas vérifier) ? Le guitariste a évidemment des dreadlocks, et il joue évidemment les pieds nus. D'ailleurs, si j’en crois le programme, c’est évidemment un fils ou un neveu du metteur en scène. Il ne manquait, comme corde à l’arc de M. Bouillon, que le népotisme ; c’est chose faite.

J’en passe, et des pires.

 

Un dernier mot. De quoi parle cette pièce ? Des orphelins de guerre, et de la guerre en Bosnie. J’hésite à donner à l’auteur de la pièce une importance qu’il n’a sans doute pas en faisant une lecture politique de son texte… Melquiot doit prétendre, je suppose, que sa pièce subvertit le discours dominant par un recours au second degré (l’insupportable second degré, vieux jeu et élimé depuis déjà trois décennies) et au carnavalesque. Toutefois, ce qui est absolument choquant, c’est de voir une telle pantalonnade, qui, à force de ne pas vouloir dire, de surexprimer ce qui va de soi et d’éviter de parler du vrai drame bosnien, ne dit finalement rien du tout. « Faire une pièce » sur les orphelins de Sarajevo, et ne rien dire du tout, en fin de compte, de ce qu’a pu signifier la guerre en Bosnie, c’est bougrement indécent. Il n’y a ni sens, ni ambiguïté, ni jeu – juste l’immense vacuité d’un plateau hélas surpeuplé.

Commentaires

Eh beh... Ca ne donne pas envie...

Écrit par : Olivier | mercredi, 23 novembre 2011

Et si l' homonyme était chaussé ?
Question à Guillaume Cingal :
le népotisme peut-il s' étendre à l'homonymie patronymique ?
Guillaume Cingal aime-t-il les stéréotypes au point de déchausser Gabriel Bouillon ?

Écrit par : anna seliger | dimanche, 27 novembre 2011

Réponse à Anna ;-)

1. J'ai conclu hâtivement. Peut-être est-ce une totale coïncidence s'il y a deux acteurs dont le patronyme est Bouillon.
2. Lundi soir, le guitariste était pieds nus.
3. Indépendamment de ce double détail, la pièce est exécrablement écrite, et encore plus mal mise en scène.

Il serait temps que cet imposteur (Gilles Bouillon) cesse de raser tout le monde avec son insignifiance.

Écrit par : Guillaume Cingal | dimanche, 27 novembre 2011

Incroyable comme les professeurs se prennent au sérieux de nos jours ...
Critiquer un grand metteur en scène avec des mensonges et une haine enfantine. Guillaume Cingal j'attend de voir votre travail d'art " contemporain " ( ? ).

PS : J'y étais lundi soir et le guitariste avait des chaussures, une haine contre les rastas peut être ?
( cela commence à faire beaucoup ! )

Écrit par : Louise | dimanche, 27 novembre 2011

Bien, admettons : LE GUITARISTE AVAIT DES CHAUSSURES ET J'AI EU MOMENTANEMENT LA BERLUE.

Si c'est mon seul "mensonge", c'est-à-dire la seule de mes critiques que vous trouvez à contester, cela signifie donc que les autres sont fondées...

Il ne s'agit pas de "se prendre au sérieux". Le metteur en scène "se la raconte" totalement. Certaines fois, il se compare à Meyerbeer, d'autres fois à Brecht. C'est donc lui, par ses mises en scène ampoulées et ses "déclarations d'intention", qui incite les spectateurs à le prendre au sérieux, non ?
Visiblement, il est entouré de quelques personnes qui ne savent pas expliquer leur adulation autrement que par des tautologies, mais qui veillent à faire "rentrer dans le rang" les personnes qui, comme moi, commettent le sacrilège de dégonfler la baudruche du CDRT.

DONC ::: Si cette pièce est si bonne que ça, si je me trompe, expliquez-moi pourquoi. Démontez mon argumentation autrement que par l'exemple des pieds nus.

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Aucune haine contre les rastas, au fait. Le rastafarisme est une religion, qui, comme toutes les religions, présente une bonne dose de simplisme. C'est aussi un courant musical tout à fait intéressant. Je ne réduis pas le fait d'être rasta à une coupe de cheveux... vous oui, peut-être ?

Écrit par : Guillaume Cingal | dimanche, 27 novembre 2011

Juste une interrogation de ma part : de quel " grand metteur en scène" est-il question ici ?
Oui, ce spectacle était bourré de clichés : un théâtre comme on n'en fait plus depuis 10 ans au moins. Rien de novateur, et à coup sûr aucune prise de risque (prise de risque qui fait pour moi, un "grand metteur en scène").

Écrit par : C. T. | dimanche, 27 novembre 2011

Comme vous êtes un professeur bien têtu à mon gout on va jouer jusqu'au bout ! Un petit commentaire de KIDS, LET'S GO ! ( j'ai des dreads et je crois en la religion rasta alors tout va bien ).



Le Nouvel Olympia a programmé " KIDS", pièce contemporaine écrite par Fabrice Melquiot en 2002. Ancien acteur de la compagnie de théâtre des Millefontaines, Fabrice Melquiot se met à écrire pour la toute première fois en 1998. Depuis cette date il ne cesse de créer de nouvelles pièces (en effet, en si peu de temps il a déjà plus de quarante pièce à son actif). Le langage qu'il utilise dans " Kids" est très particulier puisque le texte est disposé de façon à ce que les répliques soient travaillées de la même manière que des poèmes en vers libres (la ponctuation étant non existante). Dans sa pièce, Fabrice Melquiot aborde une multitude de thèmes qui résonnent entre eux : les relations entre adolescents lors de la guerre, une misère matérielle, les traumatismes dût à des stigmates angoissantes causées par cette bataille.
Sarajevo , Février 1996, fin du siège, début des premiers jours de paix. Après toutes ces années insoutenables, cette guerre que l'on croyait éternelle prend fin. Entre une colline et la plaine, les Kids se retrouvent. Orphelins de guerre, cette petite troupe d'adolescents âgés de 13 à 18 ans, entreprennent une lutte pour vivre avec cette guerre et survivre coûte que coûte. Livrés à eux mêmes et s'entraidant, l'angoisse d'une vie après les questionne. Sead, leader du gang de l'orphelinat fume en écoutant les moindres maux de chacun. Bosco et Admira s'aiment depuis tellement longtemps que même le temps ne s'en souvient plus. Refka compte ses cailloux volés aux morts en faisant pipi. Stipan pointe son revolver sur son frère Josip en jouant à l'indien qui a bouffé un sniper. Amar mange un pré. Nada dérobe des lipsticks aux filles pas encore mortes pour que son amie Refka n'est plus l'air d'un rat. Sedhika air dans la brume tel un épervier. Ils ont tous l'appétit de vivre malgré tout et apprennent l'anglais dans l'espoir de s'en servir un jour prochain. Plus forts que tous, leur vies continuent à travers des cries, des rêves, de l'amour et des jeux.
Fabrice Melquiot nous offre un jeu de théâtre qui parle de la souffrance de la guerre et de ses atrocités, de l'amour et du dégout, de l'adolescence et ses difficultés. L'équipe artistique de Gilles Bouillon pour ce projet, a fait des choix étonnants. L'effet d'une salle en bi frontale donne une prise direct avec le public, dans une très grande proximité avec les spectateurs, ce qui entraîne une écoute parfaite et immédiate.
Il serait donc pertinent de se demander, dans un second temps à quoi sert et comment expliquer cette proximité intense entre le spectacle et le public. Dans un premier temps nous interpréterons et analyserons les choix donnés par l'équipe artistique pour nous transmettre des images fortes.

Dans la représentation de " KIDS ", les costumes de Mars Anselmi sont très symboliques d'une période de guerre et de crise sociale contemporaine. En effet, ils donnent un sentiment de justesse qui ne part en aucun cas dans un cliché moderne. La sensation du "vrai" dans un costume de théâtre ne m'etait jamais parvenu avant que je vois " KIDS". Le choeur que constitue l'ensemble des personnages est habillé avec la même ligne directive : des vêtements sales, boueux, tagués, transpirants, découpés. Une dégaine d'enfants des rues.
Les filles sont toutes en robes ou jupes déchirées recouvertes d'un blouson en cuir ou en jean. Elles portent de petites chaussures montantes abîmées par la course qu'entreprend chaque jour leurs jambes sautillantes. Bien entendu, aucune des filles n'a de bijoux ou d'accessoires. Eva Gorszcyk (maquilleuse et coiffeuse) les a coiffé de façon à ce qu'on ai l'impression qu'elles n'ont jamais eu un peigne entre les mains. Mise à part Refka, qui elle, fait tout pour ne pas avoir l'air d'un rat et a une couette montante sur le coté de la tête. La seul qui, pour moi n'a pas sa place dans le choeur des costumes féminins c'est Nada la voleuse. Son costume fait trop soigné et ce n'est pas le rôle de Nada d'être soigné comme elle le dit en se mettant du rouge à lèvre :" c'est pas mon genre !". La façon dont les filles portent leurs costumes me fait penser au rôle de Sarah dans le film " Sarajevo mon amour ".
Les garçons font également parti de ce choeur des rues. Ils "trimbalent" leurs costumes avec une dégaine négligé qui les rend plus âgés. Ils portaient des joggings ou des jeans troués et tagués, avec des t-shirt à motifs (sauf Stippan avec son pull rouge en laine) recouvert de sweet à capuche disproportionnés. Chaque adolescent garde son costume propre durant la globalité de la pièce mise à part Jossip le frère léger de Stippan, qui change trois fois de costumes (restant dans la même teinte) : lors de la nuit, après la bataille d'eau et lorsqu'il s'urine dessus. Les garçons sont tous décoiffés par le temps. Le personnage d'Amar est le seul à porter des lunettes et une cagoule verte. Mis à part ce détail, le reste des Kids est simple.
Lors du moment de la parade, les déguisements et accessoires que la troupe des Kids utilisent semblent banals et sans significations particulières mais pour moi, c'est plus complexe que cela en a l'air. Sead donne des bandelettes sanglantes trouvées près d'un hospital de la ville à Stipan, Bosco et Admira. En regardant bien, on voit tout le travail de précision qu'a opéré Marc Anselmi puisque ses bandelettes ne sont pas coupées ou salies par hasard. Jossip lui, hérite d'une vieille blouse d'infirmier marquée d'une grosse croix rouge. Amar, d'un sac à patate. Refka se maquille avec une pelle. Sead se déguise en vampire. Si l'on reprend tout ces éléments on peut en déduire que les bandelettes la cape et la blouse représentent la douleur, le sang, la souffrance mentale et physique , que le sac à patate signifie la faim et le maquillage la découverte d'un corps et son camouflage. Ces symboles sont pour moi d'une importance capital et ils renvoient à une appartenance au texte.

Dans ce spectacle, je pense que l'organisation scénographique était d'une véritable importance. Je ne développerai pas dans cette partie la bi frontalité et l'absence direct d'un quatrième mur mais malgré cela, beaucoup de choses ressortent. La scénographie de Nathalie Holt est basée sur des éléments très symboliques. Dans un premier temps, nous sommes confrontés aux quatre éléments que la nature nous a offerte : l'eau avec le robinet, le feu avec la maison en papier et les allumettes que craquent Jossip, la terre présente sur le chariot à roulette tout autour de la maison avec l'herbe à jardin et le vent avec la vitesse des personnages glissant sur la piste de skate. Ce rapprochement naïf met en évidence la simplicité de cette pièce. Dans cette proposition, le sol est un des éléments capital. En effet, les Kids peuvent écrire, inscrire, tracer, effacer, garder, oublier tout les moments qu'ils souhaitent sur ce tapis de danse. Le fait qu'ils le fassent avec des craies rappel le coté scolaire d'une institution. Il est vrai qu'en plus ils commencent à prendre des craies lors de la scène de classe.
L'éclairagiste Michel Theuil joue avec une souplesse étonnante dans l'espace construit par Nathalie Holt et l'ambiance musicale du guitariste Gabriel Bouillon et du compositeur Alain Bruel. Il construit sans cesse des cercles de lumière lors des passages musicaux et installe une ambiance effrayante lorsque la sirène retenti dans la vie des Kids. Dans la scène de la classe c'est la lumière qui délimite en premier temps les frontières de la salle (pour faire place ensuite à la craie de Refka). Jouer à ce point avec un ensemble construit est très rare pour le rôle de la lumière. En effet, c'était bien la première fois que j'observais un travail de ce genre.

Les jeunes comédiens composant ce spectacle avaient une véritable force qui les a poussé à rendre leurs personnages vivants, attendrissants et très expressifs. En effet, jouer des rôles d'enfants peut très vite tomber dans la caricature mais ils étaient dans une justesse incroyable à travers les différentes silhouettes qu'ils créent.
Le couple Jossip et Stippan interprété par Clément Bertani et Bastien Bouillon m'a beaucoup touché. Ils arrivaient à créer une complicité très puissante qui faisait que le spectateur se prenait totalement au jeu. Le rôle de Shedika interprété par charlotte Barbier m'a également beaucoup touché par sa simplicité. Elle était si loin et si présente à la fois. Ses apparitions lointaines me faisaient passer un courant froid dans tout le corps. Lors du monologue de Sead (son frère), à la fin lorsqu' elle tombe dans ses bras, le lien est rompu et on commence à comprendre sa présence glaciale sur le plateau tout au long de la pièce.
Pour moi, une seul comédienne ne faisait pas parti entièrement de ce choeur, c'est Pauline Bertani interprétant le rôle de la voleuse Nada. Il est vrai, que j'étais déçue car elle n'a pas réussi à trouver la dimension poétique de son personnage. Nada, dans la pièce est une des plus jeunes filles. Elle ne sait rien faire mis à part voler. Elle est folle amoureuse de Sead depuis le premier jour de leur rencontre. Ces informations très simples permettent, à mon avis, de trouver une ligne directive. La comédienne n'en est pas loin mais il lui manque quelque chose.

La pièce de Fabrice Melquiot se réfère à une période (contemporaine) importante de l'histoire qui a laissé énormément de sang derrière elle : la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Travailler sur le bi frontale avec un thème aussi fort, qui nous concerne, est une idée tout à fait pertinente. Il est vrai que quand je suis rentrée dans cette espace inconnu, j'ai eu peur d'être confrontée aux visages du gradin situé en face de moi. La sensation de se sentir observé pendant la pièce et de pouvoir soit même observer les autres est très instructive. Elle nous apprend à observer différentes réactions, comme différents points de vue par rapport à cette guerre. A certains moments, j'ai perçu comme des tentions entre les deux gradins, comme si les deux clans s'affrontaient.
Être en lien direct avec les personnages de "KIDS" permet de fixer son attention partout et rester en suspens à chaque moment. Il est à mon avis difficile de s'ennuyer quand on va voir cette pièce car, le bi frontale installe une ambiance envoûtante dès les premières minutes. Les acteurs jouent avec cette proximité intense, en s'adressant directement aux spectateurs. Ce qui entraîne un échange d'énergie positive incroyable et permanent. Par exemple, juste après le coup de feu annonçant la mort de Jossip, le reste des kids cherche une réponse en observant le public et grâce à ce geste simple, on se sent directement concernés par l'action.
Ajouter un musicien en direct sur le plateau avec cette ambiance bi frontale nous fait encore plus plonger dans l'univers du jeu. Car, donner au public la possibilité de ne pas voir qu'une pièce mais d'arpenter aussi d'autres milieux artistiques comme la vidéo, la musique et le mouvement du corps (danse) marche généralement très bien sur un public, la salle est en écoute constante.

A chaque fois que je suis allée voir Kids, j'avais toujours cette sensation de ne pas être au théâtre mais, dans une salle de cinéma. Est ce le coté bi frontale qui me transmet cette sensation ? Ou bien le texte qui sonne avec une résonance très moderne ? C'est sûrement cette émotions nouvelle qui fait battre mon coeur car j'ai été très touchée par ce spectacle qui pour moi est vraiment ce que j'aime au théâtre.

On se boit un café pour en parler quand vous voulez au CDRT ahahahahah !

Écrit par : Louise | dimanche, 27 novembre 2011

Merci d'avoir pris la peine de développer. Je ne partage pas votre analyse, mais au moins je la comprends et l'admets.

Côté comédiens, il n'y a, selon moi, que les acteurs jouant les rôles de Stipan et Nada qui aient un peu de talent. Tous les autres sont totalement stéréotypés, ridicules, et très mal dirigés. Le personnage de Nada était plein d'ambiguïté, grâce à la comédienne. Elle est capable de ne pas jouer dans du cliché permanent.
Vous voyez que, décidément, notre culture théâtrale diffère totalement.

J'ai "vécu" la "bifrontalité" comme un truc totalement stérile, fait cent fois (j'ai déjà vu ça, peut-être pas cent, mais au moins cinquante fois, et dans des spectacles bien meilleurs). On peut ne pas être d'accord...

Salutations,

Écrit par : Guillaume Cingal | dimanche, 27 novembre 2011

Par ailleurs, votre mépris pour les professeurs est étonnant : le CDRT ne vit que grâce aux partenariats avec les lycées et l'Université. Je suis bien placé pour le savoir. Par ailleurs, la plupart des "professeurs têtus" que je connais (professeurs de lycée, notamment) ont a-do-ré Kids, comme ils a-do-rent systématiquement toutes les pauvres productions ultra-dérivatives de Gilles Bouillon.

Écrit par : GC | dimanche, 27 novembre 2011

"La pièce de Fabrice Melquiot se réfère à une période (contemporaine) importante de l'histoire qui a laissé énormément de sang derrière elle : la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995)"
C'est vrai et il est dommage justement que le texte de Melquiot soit vide de toute idéologie. Certes, on pourra toujours dire que c'est la guerre (de Bosnie, du Rwanda, et d'ailleurs) qui est ici objet de discours. Le problème c'est que le dit discours est d'une grande pauvreté : la guerre, c'est moche, c'est pas beau, c'est pas bien ...

"Car, donner au public la possibilité de ne pas voir qu'une pièce mais d'arpenter aussi d'autres milieux artistiques comme la vidéo, la musique et le mouvement du corps (danse) marche généralement très bien sur un public, la salle est en écoute constante". Ah, bon, c'était donc ça ! Il s'agissait de capter un auditoire et non de faire du sens ! Je vous rassure cela a très bien fonctionné en effet sur les jeunes spectateurs qui étaient dans la salle. Pour eux, au moins, le spectacle semblait nouveau.

Je n'ai pas aimé ce spectacle non plus même si je suis moins sévère que l'auteur de ce blog sur le travail de Gilles Bouillon (j'ai aimé son Cyrano par exemple l'année dernière, j'avais beaucoup aimé les pièces de Tchekhov il y a quelques années). Par contre, Louise, je vous remercie pour votre analyse et je vous rejoins sur un point : les costumes sont peut-être ce qu'il y a de meilleur dans cette mise en scène qui reste, pour moi, un échec.

Écrit par : C. T. | lundi, 28 novembre 2011

Bon, on va tous finir par se mettre d'accord sur l'essentiel : la costumière n'a pas volé son salaire et le guitariste ne jouait pas pieds nus. C'était peut-être tout ce qu'il fallait comprendre.

Écrit par : GC | lundi, 28 novembre 2011

Bonjour,
Tout d'abord permettez moi de m'interroger.
Pourquoi aller voir une pièce d'un metteur en scène que visiblement on déteste si ce n'est pour avoir le plaisir de le descendre ? De plus, pourquoi ne pas se renseigner sur le texte avant d'en faire la critique ?
Manifestement l'écriture théâtrale contemporaine ne vous plait pas. C'est votre droit et je le respecte. De là à dire que le texte "est absolument nul d'un bout à l'autre" cela me semble exagéré.

Concernant les murs dessinés à la craie, puis effacés pour permettre le passage des enfants, en voici ma lecture : la pièce se déroule autour de l'univers de l'enfance. Dans ce passage il s'agit d'un flash-back mais on peut presque aller jusqu'à dire que les enfants nous raconte ce qu'il s'est passé. Et l'on voit donc les enfants dans le jeu, les enfants qui font "comme si". Ils vont jusqu'au bout de leurs idées, et oui un enfant qui dessine des murs au sol, en effacera une partie pour pouvoir passer s'il veut sortir.
Je ne vais pas détailler point par point chacune de vos remarques, mais les choix de mise en scène ne sont pas gratuits, ils sont le fruit d'un travail, qui même s'il ne vous a pas plu, mérite qu'on le respecte.
Concernant la musique, et le musicien... Tout d'abord oui il y a de la musique dans cette pièce, et non je ne pense pas qu'il soit interdit de mélanger théâtre et musique (et tout autre forme d'art). De plus je préfère largement un guitariste en direct plutôt qu'une bande son. Ensuite, votre remarque à propos du guitariste, de ses dreds, de ses pieds nus (ou non d'ailleurs) ne me semble pas constructive.

A propos du sujet de la pièce, il ne me semble pas être la guerre de Bosnie proprement dite, mais plutôt les enfants face à la guerre, d'une manière générale. L'auteur a fait plusieurs voyages en Bosnie et c'est de cette guerre là qu'il s'est inspiré, c'est à Sarajevo qu'il a choisi de faire vivre ses personnages. Mais il ne me semble pas que son but ait été de nous parler de Sarajevo, de la guerre de Bosnie et de ses enjeux.
Encore une fois, un texte est le fruit d'un long travail. Ne pas l'aimer est votre droit. Il ne me semble pas approprié cependant de dire simplement qu'il est nul.

Vous dites ne plus aller au théâtre. Est-ce le théâtre contemporain qui vous effraie, vous dégoute ? Dieu sait que certaines mises en scène et certains textes contemporains ont pu me déplaire, m'ennuyer, mais de là a fuir les théâtres... Le théâtre évolue avec son temps et il me semble plus intéressant d'analyser ses évolutions plutôt que de les refuser tout simplement. (je sais que vous accusez justement cette pièce de ne pas être novatrice, mais cette remarque concerne plutôt le théâtre contemporain dans son ensemble)

Comme vous l'aurez compris j'ai beaucoup apprécié ce spectacle et je le conseille vraiment à ceux qui ne l'ont pas encore vu. Ils pourront se faire leur propre idée.

Cordialement

Écrit par : Marcelline Daucourt | lundi, 28 novembre 2011

Chère Marcelline,

merci de votre intervention. Je vous concède que certaines remarques ne sont pas constructives ; il me semble que l'ensemble de ma critique est suffisamment argumenté pour permettre un ou deux traits un peu plus pamphlétaires.
Je ne suis pas fâché avec l'écriture théâtrale contemporaine, ou plutôt seulement avec ce que j'en connais sur le versant français. Il y a de grands textes très contemporains en Afrique, ou dans les pays germanophones. En France, plus grand chose depuis Koltès, j'en ai peur (et même Koltès n'arrivait pas à la cheville de Beckett ou Pinget). Lagarce, Melquiot, Durif, pitié !!!

Je ne vais pas souvent au théâtre pour deux raisons : 1) j'ai des enfants encore jeunes et n'ai pas de mode de garde très pratique, ce qui limite les sorties en général 2) Tours est une ville qui propose assez peu de spectacles théâtraux de bon niveau, ce qui est suffisant, conjointement avec la raison 1 ci-dessus exposée, pour ne pas dépenser 40 euros en baby-sitting.

Ce que vous dites quant au fait que j'aurais dû "me renseigner sur le texte avant d'en faire la critique" est intéressant. Si vous voulez dire que j'aurais dû lire un peu de Melquiot avant d'aller à ce spectacle, sachez que, pour moi, le théâtre peut (doit ?) faire entendre un texte même sans connaissance préalable. Une fois la pièce vue, tout ce que j'ai entendu était tellement mal écrit, ou plutôt "pas écrit" (ce qui est pire que "mal écrit"), que je n'ai ni le besoin ni l'envie d'aller (re)voir sur pièces.
Enfin, pour ce qui est de Gilles Bouillon, il est vrai que, son Tchekhov mis à part, je n'aime pas du tout son travail, surtout parce que c'est, dans tous les sens du terme, un TRAVAIL : mise bout à bout de petites idées poussives piquées à droite et à gauche et le tout cousu laborieusement et en appuyant tous les effets 800 fois. Si je me suis retrouvé, malgré moi en un sens, dans la salle lundi dernier, c'est que ma femme et moi avons choisi de reprendre un abonnement et que, le CDRT sachant pertinemment que la salle sera aux trois quarts vide si on ne contraint pas les gens à aller voir la mise en scène "locale", KIDS était inclus obligatoirement dans l'abonnement. De plus, l'amie de ma femme qui devait me remplacer (car il était exclu, a priori, que j'y aille) n'a pu s'y rendre, et j'ai donc décidé, pauvre naïf que je suis, de donner une énième chance à la fine équipe. J'espérais voir quelque chose de moyen, disons, peut-être même, en cas de chance, quelque chose de pas trop mal. C'était navrant de platitude d'un bout à l'autre. J'ai écrit le texte du billet ci-dessus pour dire combien c'était navrant, et quel scandale c'était de continuer à confier une scène régionale à une telle équipe de bras cassés et de m'as-tu-vu. Vous n'êtes pas d'accord. Voilà l'histoire.

J'aimerais souligner combien il est honnête, intellectuellement, de ma part, de redonner régulièrement leur chance aux mises en scène "maison" du CDRT, étant donné que je paie mes billets (ce qui n'est pas le cas de tous les thuriféraires de M. Bouillon) et que je n'ai quasiment jamais été convaincu par elles.


Avec mes remerciements pour votre contribution solide,

Écrit par : GC | lundi, 28 novembre 2011

Vu Kids à Châtillon . J' avais beaucoup aimé Cyrano à la Tempête l'an dernier et j' étais curieux de voir ce que G Bouillon ferait de la pièce de Melquiot (découverte à Avignon il y a quelques années ).
L' espace nous place d'emblée dans une très grande proximité avec les acteurs pas d'effet d'illusion . L'histoire se raconte avec presque rien, des craies, des chaises d'enfant, des débris de mur. Je ne pense pas que Kids nous apprenne beaucoup sur la guerre en Bosnie mais il est possible que la pièce nous conduise, nous et les jeunes spectateurs à ré-interroger l'Histoire, à penser cette tragédie .
Kids est une pièce qui tente de dire ce qu'est survivre dans les décombres d'une guerre, elle fait parler des enfants et elle touche juste . La direction d'acteur est d'une extrême précision, la mise en scène en totale adéquation avec ces jeux d'enfants trop vite grandis par la guerre . Les jeunes comédiens existent individuellement et se rejoignent dans un bel équilibre choral . Mentions spéciales à Stephne blay la porteuse de cailloux avec sa voix lumineuse , à Pauline Bertani avec son air buté et tendre , à la composition de Clément Bertani , à Bastien Bouillon inquiétant et émouvant à la fois, à … Laure Carrois , Edouard Bonnet , Mikael Tessier , Charlotte Barbier
En tombant sur votre article assez violent ( Touraine sereine ?) il m'a semblé nécessaire d'ajouter une modeste contribution de la région parisienne .
M.C.

Écrit par : Cohen | vendredi, 09 décembre 2011

Merci beaucoup pour votre contribution, et ce point de vue que, sans partager, je comprends tout à fait...

Écrit par : GC | samedi, 10 décembre 2011

Les commentaires sont fermés.