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jeudi, 01 décembre 2011

3111 / Le Lapin sous le prunier

Dans tous ses états, elle était, la pauvre femme. On va se laisser passer l’heure… le sablier, ça n’est pas rien… la seconde du rendez-vous elle-même est importante… Des foutaises. Mais bon. Elle était dans tous ses états. J’aurais voulu la calmer, la secouer, la calmer ou la secouer, je ne sais, toujours est-il qu’elle faisait pâle figure, un sacré tableau.

C’est quand elle a fait brûler le cadre que je me suis énervé.

Ce n’était plus possible.

Joachim Wtewael, Festin chez EmmaüsOn avait fait la sieste sous un prunier, c’était l’hiver – mais quoi ?

Pénible. Pas moyen de se reposer, toujours cette injonction, le lapin d’Alice, en retard, en retard, j’entendais la voix de Guy Piérauld, en retard en retard en retard. Pffff. Pénible. Kano pensively lifted a plum upon the point of a toothpick and began nibbling at its wrinkled skin. Pourtant, je finis par me rendre à l’évidence et par l’accompagner, non sans ramasser les feuilles de prunier et les déposer dans les conteneurs spéciaux prévus à cet effet.

Roger Dorsinville m’ennuyait ; René Barjavel encore plus ; même mon idole, Flann O’Brien, je n’arrivais pas à me plonger dans son univers dense et loufoque. J’avais passé toute la nuit précédente à traduire des poèmes de Bedri Rahmi Eyüboğlu, sans rien savoir du turc, bien sûr, mais juste comme ça, par science immanente. (Ce n’est pas donné à tout le monde. Je raconterai un jour ce qui m’est arrivé. Barjavel peut pâlir.) J’avais appris l’existence de ce peintre et écrivain turc par le biais d’un texte méconnu du majoral Sylvain Toulze. J’avais voulu traduire aussitôt tout ce qui m’était tombé sous la main. Et Marie, devant ces lilas, avait ménagé une large plate-bande, où elle s'amusait à cultiver elle-même quelques rosiers, des giroflées et des résédas. Et j’étais satisfait du résultat.

Mais, quand elle a commencé à faire cramer les cadres, là, j’ai explosé. Dans la ligne de tir. Trop de fers au feu. Et le centenaire de Pompidou, dont tout le monde se contrefout. Alors, voilà, je l’accompagne à son rendez-vous.

Pas moyen autrement.

mercredi, 30 novembre 2011

3011 / Galet (traduit du turc)

Berdri Rahmi Eyuboğlu, Han Kahvesi, 1973 Tandis que je pense à toi, en moi un galet se réchauffe, et un oiseau se pose au rebord de mon cœur.

Un coquelicot soudain fleurit, un coquelicot saigne, subtil coquelicot.

 

Tandis qu’à toi je pense, et m’interroge, un prunier se redresse et commence à tourner, pareil à un derviche.

En en tournant sur lui-même, il se délie, il se dénoue, il se défait. Il diminue, rapetisse, et sa sève encore laiteuse devient une prune d’un bleu si noir

Que le bleu de la prune à chaque fois me brûle les lèvres.

 

Tandis que je pense à toi, en moi un galet se réchauffe.

 

(Oui, c'est un poème de Bedri Rahmi Eyüboğlu que j'ai traduit, avec toute une fournée d'autres textes tous plus beaux les uns que les autres. Oui, je deviens fou à ne plus savoir qui m'écrit. J'attends la nuit. A street in Constantinople is a picture which one ought to see once—not oftener. L'année va être plus folle et plus longue que toutes les autres. J'ai trouvé les messages de la narratrice, mais pas dans les couloirs de la National Gallery. En fait, à Istanbul. Et il y avait ce tableau du peintre et poète turc aussi. Je deviens fou.)

mardi, 22 novembre 2011

Kids (Melquiot / Bouillon), Nouvel Olympia (Tours), 21 novembre 2011

Hier soir, nous sommes allés voir la mise en scène de Kids, de Fabrice Melquiot, par Gilles Bouillon.

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire tout le mal que je pense de l’inepte Gilles Bouillon. Cette fois-ci, en choisissant de mettre en scène un texte qui est absolument nul d’un bout à l’autre, le grand manitou du Nouvel Olympia avait l’occasion – amplement saisie – de mettre une sorte de point d’orgue à sa navrante carrière. En effet, le texte de Kids est absolument nul, au sens premier du terme : plat, fade, creux – rien ne dépasse, même du mauvais côté.

 

Il m’arrive très souvent d’être agacé par tel ou tel travers de l’écriture théâtrale contemporaine. Là, c’est bien simple : Melquiot s’est livré à un exercice de style qui consiste à les réunir tous, de sorte que son texte constitue une accumulation de tous les tics et imbécilités de la dramaturgie française des années 1990-2000 : faux style familier totalement clinquant, revolver présenté comme un « jouet » qui finit par exploser à la gueule d’un des adolescents, métaphores d’élève de CE2 peu inventif, jeux de mots Carambar, recours à la langue anglaise (délibérément mal prononcée) pour-montrer-l’attrait-de-l’Amérique-sur-les-jeunes-générations-des-pays-ravagés, structure en prolepse et analepse abondamment soulignée des fois qu’un spectateur demeuré (ou endormi, le bienheureux !) continue de ne pas comprendre, didascalies lues par une actrice en semi-off, chansons a cappella ou accompagnées en veux-tu en voilà. Kids est donc, dès son écriture, une sorte de mise en pratique de tout ce qu’il y a de plus explicite et idiot dans les versions dérivées les plus creuses d’un « brechtisme » compris de travers.

Bien entendu, le défi, pour Gilles Bouillon, consistait à réussir à mettre son grain de sel et à rendre le texte encore plus effroyablement mauvais. Gilles Bouillon est un maître, et c’est le genre de défi qu’il ne craint pas. Pari gagné, donc : ce qui était déjà d’une surprenante mièvrerie, il réussit à l’accentuer encore par une direction d’acteurs qui tient du patronage façon années 70. Ce qui est totalement explicite, et, du coup, parfaitement ennuyeux, dans le texte, il le souligne encore par des gimmicks de mise en scène déjà vus cent fois, même pour quelqu’un qui, comme moi, ne va quasiment plus jamais au théâtre. Par exemple, les personnages figurent les murs de la pièce dans laquelle ils sont censés se trouver à l’aide d’un tracé de craie sur le sol de la scène – mais, attendez, ce n’est pas tout : quand un personnage demande à être admis dans la pièce, un des acteurs qui se trouve dans la « pièce » efface environ 80 cm du tracé de craie avec une éponge ! (Oui, oui, les 80 cm effacés, c’est la PORTE !!! ils ont osé aller jusque là dans l’idiotie. Heureusement que la mort est une chose sérieuse : Brecht ne peut pas se retourner dans sa tombe.)

 

Bouillon, donc, en un sens, se surpasse. Y a-t-il, dans le texte de la pièce, des chansons bêtasses, mi-Sheila mi-Gotainer ? L’illustre metteur en scène fait prendre à la « chanteuse » des poses et des mines de radio-crochet, avec œillades que même leur caractère très évidemment « second degré » ne sauve pas du ridicule. Je pense même que c’est encore plus ridicule et vil de faire tout cela au second degré.

Y a-t-il un accompagnement de guitare (cela, je ne sais pas si c’est dans le texte et je ne compte certainement pas vérifier) ? Le guitariste a évidemment des dreadlocks, et il joue évidemment les pieds nus. D'ailleurs, si j’en crois le programme, c’est évidemment un fils ou un neveu du metteur en scène. Il ne manquait, comme corde à l’arc de M. Bouillon, que le népotisme ; c’est chose faite.

J’en passe, et des pires.

 

Un dernier mot. De quoi parle cette pièce ? Des orphelins de guerre, et de la guerre en Bosnie. J’hésite à donner à l’auteur de la pièce une importance qu’il n’a sans doute pas en faisant une lecture politique de son texte… Melquiot doit prétendre, je suppose, que sa pièce subvertit le discours dominant par un recours au second degré (l’insupportable second degré, vieux jeu et élimé depuis déjà trois décennies) et au carnavalesque. Toutefois, ce qui est absolument choquant, c’est de voir une telle pantalonnade, qui, à force de ne pas vouloir dire, de surexprimer ce qui va de soi et d’éviter de parler du vrai drame bosnien, ne dit finalement rien du tout. « Faire une pièce » sur les orphelins de Sarajevo, et ne rien dire du tout, en fin de compte, de ce qu’a pu signifier la guerre en Bosnie, c’est bougrement indécent. Il n’y a ni sens, ni ambiguïté, ni jeu – juste l’immense vacuité d’un plateau hélas surpeuplé.

samedi, 05 novembre 2011

Aux vingt-et-un boutons dorés

Le maréchal des logis Frumence Biche (Henri Rousseau).jpg

Henri Rousseau. Le maréchal des logis Frumence Biche (1893).

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vendredi, 07 octobre 2011

Giacometti n'attend pas (l'isba albâtre)

Après avoir poursuivi poussivement ma préparation in progress de la communication que je délivre (même s'il est peu probable que j'en sois définitivement délivré) demain matin (non : ce matin -- garçon, il est minuit passé), il me resterait à écrire deux textes pour mes deux carnétoiles, et surtout à noter quelques passages de Call It Sleep, que je dois rendre demain --- le PEB n'attend pas. Pas la force, tant pis, je ferai rapidos des photocopies des quelques pages que je voulais, voudrais archiver.

Call It Sleep, en effet : il faut aller dormir, je n'y tiens plus......... et ce même après une belle soirée # Hôtel de Rive, un spectacle court mais marquant, avec ses défauts même, de Frank Soehnle, l'artiste en résidence cette année à l'Université -/- un spectacle qui gagnait surtout à ce qu'on ne sache pas (et je ne le savais pas) que le texte était de Giacometti (la révélation finale éclairait la forme des figures marionnettes).

N'arrive plus à faire des phrases, doit se pieuter. Planque quand même un lien vers le billet que la publication de celui-ci fait disparaître. (Arrive encore à faire des phrases tordues, doit se pieuter.)

mercredi, 07 septembre 2011

Le gris, le palimpseste


« Produit de sept ou huit couches de peinture blanche sur une couche de peinture blanc et noir, mon fond actuel a l’épaisseur grasse que je lui souhaitais, et sa clarté grise, conquise de haute lutte, se souvient très bien du noir qu’elle a eu tant de mal à recouvrir. Or c’est exactement ce que j’aime, dans les tableaux (et dans les phrases) : que chaque couleur se souvienne de toutes celles dont elle a triomphé. Il faut viser au palimpseste. » (Renaud Camus. Parti pris, p. 49)

5729 Couverte-Boîte n° 6 (12.VI.2011, YHWH 16), huile sur toile, 40x40x8

 

« Il me semble qu’il n’y a rien de plus désirable pour un peintre que d’être sacré le maître des gris. Sur les sept heures du soir j’étais enchanté de mon gris, mais à huit heures et demie il m’a semblé parfaitement plat. Nous verrons ce qu’il en est demain. » (p. 200)

 

vendredi, 22 juillet 2011

Homecoming

Le Jour ni l'Heure 0538 : Carl Kylberg, 1878-1952, Homecoming, 1938, musée des Beaux-Arts de Gothembourg, Suède, samedi 28 août 2010, 16:55:47 "J'aime mieux le Homecoming de Kylberg, ou son Soleil levant, que n'importe quel Nicolas de Staël." (Parti pris, p. 363)

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samedi, 02 juillet 2011

Le Rouge et le bleu

Le Nietzsche peint par Munch de la collection Thiel n’est pas celui que j’avais cru, celui qui était reproduit sur la couverture d’Ecce homo dans la collection “10-18”, je crois bien. Celui d’ici est à dominante bleue, alors que l’autre est à dominante rouge – au moins dans mon souvenir. Et comme l’autre m’est plus familier, au moins en reproduction, celui-ci m’a un peu déçu, d’autant qu’il occupe le fond d’une grande pièce à lumière zénithale, un peu glauque comme on dit à tort, et qu’il faut le contempler entre de hautes palmes de salon d’hiver, un peu gênantes. (Renaud Camus, K. 310, journal 2000 – entrée du 27 mars 2000. P.O.L., 2003, p. 83)

 

Je croyais me souvenir d’un Nietzsche de Munch très rouge (pas Nietzsche, le tableau). Ce Nietzsche rouge doit être ailleurs, je ne sais où. Celui de Thiel a des dominantes bleues et brunes, un peu éteintes. Il m’a légèrement déçu. Je serais curieux de voir ce que j’en disais en 2000. La collection des Munch de M. Thiel est néanmoins très impressionnante. (Parti pris, journal 2010 – entrée du 2 août 2010. Fayard, 2011, p. 314)

 

Même persistance d’une grande acuité dans le doute (« je crois bien », « je ne sais où »).

Même incertitude sur la source de première vue (la couverture de l’édition de poche d’Ecce homo aura servi d’écran premier).

Même relativisme de la déception (« un peu », « légèrement »).

Même point de départ : la croyance (« cru », « croyais »).

    è Ce que je nomme la (blême) mêmoire – avec son accent circonflexe.

 

Munch_Nietzsche.jpg  M0254.jpg  nietsche_3.jpg

(Sinon, pour ce qui est de l’existence de deux toiles (une rouge, une bleue), je me demande, après avoir consulté rapidement la Toile, s’il n’y a pas un seul tableau (celui de droite, ci-dessus, provient de la collection Thiel), mais que le maquettiste de l’édition de poche mentionnée par Renaud Camus aurait accommodée au moyen d’un filtrage rouge.)

jeudi, 09 juin 2011

De quoi Cucuphas est-il le nom ?

 

Ayne Bru.jpgLes entrées des différentes WP (francophone, lusophone, hispanophone) donnent la même étymologie pour le nom de saint Cucuphas, dont on peut voir, dans la basilique de Saint-Denis, une chapelle qui lui est consacrée. (Je ne suis pas très sûr de la syntaxe, bancale voire fautive, de la phrase qui précède.*) Il s’agirait d’un nom dérivé du copte cacupat, par l’intermédiaire du grec kukupha et du latin upupa : ces noms désignent la huppe.

Or, pour l’entrée de la WP anglophone, nettement plus complète, l’étymologie proposée, empruntée au site Web Santi Beati, fait remonter ce nom à une expression phénicienne dont le sens serait « celui qui aime faire des plaisanteries ».

hoopoe.jpgJe ne dispose ni des compétences ni des ressources, ni surtout du temps nécessaire à l’élucidation de ces hypothèses contradictoires, de sorte qu’il m’est aisé d’imaginer qu’elles sont en fait complémentaires : le cri de la huppe appelle l’analogie avec l’homme qui se gausse, comme on le dit du merle moqueur, ou qui glousse. Cela, pourtant, est bien incertain. Je ferais mieux de m’intéresser à cet Ayne Bru qui a peint le tableau le plus connu, et surtout le plus reproduit, représentant ce martyre – ou tenter de lire sérieusement l’hymne que Prudence lui a consacré – ou encore envisager d’aller me promener dans le bois de saint Cucufa à La Celle-Saint-Cloud – ou, seulement, décrire la chapelle à la minute même où je la vis.

 

* ...saint à qui une chapelle est consacrée, dans la basilique Saint-Denis.

samedi, 27 novembre 2010

Dents, arceaux, percussions

Lena nYadbi, 2008.jpg   Ce mardi-là à Canberra, parcourant à pas comptés (et la tête échauffée, solitaire et attentif) les salles de la National Gallery of Australia consacrées à l'exposition Emerging Elders, pouvais-je, en contemplant, me rappeler ce texte de Daudet étudié dans un de mes cours de traductologie deux ou trois ans auparavant, et dans lequel l'expression "salons en enfilade" peut donner lieu à de subtils développements sur les métaphores figées, les changements d'image d'une langue à une autre, ainsi que sur les doubles sens involontaires (anachroniques), d'autant que, la sueur perlant à mon front, peut-être, après une promenade dans le jardin des sculptures, je n'avais pas encore lu (ni même acheté : c'était place de Strasbourg le 29 août 2010) le bref et assez vain (quoique (ou parce que) habile) roman de Christophe Claro dans lequel, à la page 74, l'Esprit de la cave prend son envol ?

 

Parfois, il arrive qu'ils me croisent. Le noir leur tombe dessus comme un rat d'une canalisation haut perchée - un bruit mat et lourd, puis plus rien, même pas le grattement des pattes, juste son poids, sa trompeuse chaleur -- et alors, ALORS, ils me sentent. Ils sentent l'Esprit de la cave. des peurs d'enfance leur griffent l'entrecuisse, une toux sèche leur noue le thorax, un invisible pic à glace leur taquine l'échine.

Ni vigile d'une vulgaire Lascaux, ni tour-operator de je ne sais quelle catacombe, j'halète et grince et sue, tenu à de solitaires inspections, à de très chiantes circonvolutions dans cet univers de cadenas et de minuteries.

 

 

Ne trouve-t-on pas, dans le nom même de Lena Nyadbi, l'image même du tissage...

"Bo Diddley Meets the Monster". Self-Portrait with one of Bert Flugelman's Cones. National Gallery Sculpture Garden, Canberra, May 11, 2010.

... et, dans les cônes de Bert Flugelman, une rencontre quasi incestueuse avec l'Esprit de la mêmoire ?

lundi, 06 septembre 2010

Italiques gibleuses

[Samedimanche.]

Le soir, nous achevons de regarder, à marches forcées, la série Rome. L'après-midi, au réveil de la sieste d'Oméga, je lis, assis par terre, Sols, tout en supervisant le jeu avec les cavaliers romains. Le conducteur du quadrige (l'aurige ?) se nomme Labonnibeul ; le dux du char gris et rouge se nomme Gibleuse.

Fusco.jpg

"Sylvain Fusco, le grand peintre schizophrène" (p. 56)

 

mardi, 13 mai 2008

1981 - Michel Puygrenier, le génie festivalier

Michel Puygrenier, l'âme des Fêtes Musicales de Touraine, est un être divin aux multiples facettes. Tantôt il est capable, sans se départir de son rictus narquois ni de son chapeau mou, d'asséner de merveilleuses pépites afin d'expliquer à un grincheux pourquoi le Festival l'escroque de soixante-dix euros, en arguant notamment que "ce genre d'incident ne se produit jamais", puis de se retourner vers une des dames patronesses qui lui servent d'escorte en expliquant qu'"on ne rembourse jamais les gens, et puis quoi encore".

Mais il sait aussi présenter somptueusement les artistes qui viennent se produire "dans [s]a Grange" [sic]. Ainsi, le 22 juin, à quatre heures, ne l'entendit-on pas annoncer le quatuor Artémy, et une oeuvre de Kapustain ? Rien de surprenant, dès lors, que le violoncelliste du quatuor Artémis se soit autorisé à lancer au public que "Kapustin [qu'il faut prononcer comme Raspoutine, eh oui, mon vieux Michel] n'était pas du tout connu en France".

Cela n'est pas vrai, très cher Eckart Runge : Michel Puygrenier n'est pas la France. Il est un univers à lui tout seul.

 

mercredi, 30 avril 2008

Artistes estoniens au Château de Tours, [3] : dessins de Priit Pärn

Dessin de Priit Pärn, exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie # 17

À mi-chemin entre les visions arachnéennes et plombées d'Alfred Kubin et l'humour noir d'un Topor, Priit Pärn, sans casser trois pattes à un canard, fait preuve de métier.

 

Dessin de Priit Pärn, exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie # 24    Dessin de Priit Pärn, exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie # 31

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samedi, 26 avril 2008

"Plaisirs de l'imagination", [2] : Fleurs imaginaires d'Urmo Raus

Urmo Raus, Série "Les Fleurs imaginaires", Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie...

Courbes rouges, orbes, volutes :

Urmo Raus, Série "Les Fleurs imaginaires", Exposition Plaisirs de l'Imagination, Château de Tours, avril 2008

 trois carrés pris dans les Fleurs imaginaires de l'artiste estonien

Urmo Raus, Série "Les Fleurs imaginaires", Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie.

Urmo Raus.

10:17 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 23 avril 2008

Exposition "Plaisirs de l'imagination", Château de Tours [1]

Il ne reste que qutre jours (pas un de plus) pour aller découvrir l'exposition d'art contemporain estonien qui est présentée, pour trois semaines seulement, au Château de Tours. Elle occupe les deux étages médians du Château.

Erki Kasemets, Life-File, installation, 2008, Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie, Château de Tours, avril 2008 : vue d'ensemble.

Il s'agit d'un panachage des collections du Kumu (Eesti Kunstimuuseum) de Talinn, forcément inégal mais très intéressant.

Erki Kasemets, Life-File, installation, 2008, Exposition Plaisirs de l'Imagination, Art contemporain d'Estonie, détails de boîtes de lait peintes (Château de Tours, avril 2008)

J'ai choisi, pour illustrer ce bref billet, deux photographies de l'installation d'Erki Kasemets, "Life File", réalisée in situ.

12:05 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (9)

vendredi, 29 février 2008

Né un 29 février, il y a 100 ans

Balthus, Autoportrait (1940)

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mardi, 19 février 2008

De dos

Tournedos à la forestière

Stalles de l'abbatiale de la Trinité, Vendôme.

dimanche, 17 février 2008

Sens aigu de la propriété

Refus de partager


Il n'y a pas si longtemps, pour pouvoir accéder aux magnifiques stalles de la cathédrale d'Amiens, il fallait attendre qu'un vieux fou ouvre le lourd portail avec la clef qu'il était seul à détenir, puis subir sa "visite guidée", toute en approximations et en imbécilités dignes de figurer dans les meilleures anthologies. Un jour, nous l'entendîmes, un ami et moi, décrire comme suit la sculpture, très belle et sobre, représentant Joseph et la femme de Putiphar : "elle ressent ce que les femmes ressentent dans ces cas là... pire que les fumerolles du Kamchatka... vous voyez, c'est plus chaud qu'un film X, il y a des godasses dans tous les sens..."
Une autre fois, quand je m'y trouvai avec mes parents, il avait lancé au public déconcerté : "quand vous aurez admiré notre belle cathédrale d'Amiens, vous pourrez aller voir la catastrophe de Beauvais".
Une autre fois encore, comme, selon notre ordinaire, nous refusions délibérément d'écouter ses sornettes et préférions admirer les détails des stalles, nous nous entendîmes semoncer de la belle façon : "on n'ouvre pas les stalles pour flâner mais pour écouter quelqu'un".

J'espère que ce vieux schnock ne sévit plus à la cathédrale d'Amiens, et qu'il n'a pas trop dégoûté de touristes dans sa carrière de mufle professionnel.


Le détail ci-dessus représente, en une légère discrépance ici encore hommage à Isou, une miséricorde de l'abbatiale de la Trinité (Vendôme, Loir-et-Cher).

vendredi, 15 février 2008

De la cornemuse...

Cornemusier


Yet to give some light into the business, I'll e'en tell you what had been anciently foretold in the matter by a venerable doctor, who, being moved by the spirit in a prophetic vein, wrote a book ycleped the Prelatical Bagpipe.  What d'ye think the old fornicator saith?  Hearken, you old noddies, hearken now or never.
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D'où ces trois phrases sortent-elles ? Non ?!? Si ! De la traduction du Cinquième Livre de Rabelais publiée en 1653, et signée par Sir Thomas Urquhart of Cromarty et Peter Antony Motteux.
Aussi, dans ce fil : "Les vezes, bousines et cornemuses sonnèrent harmonieusement." (Le Quart Livre, 1552)

La miséricorde, elle, provient (toujours) des stalles de l'abbatiale de la Trinité, à Vendôme.

mercredi, 13 février 2008

Vendanges tardives

Foulon tenté

Stalles de l'abbatiale de la Trinité (Vendôme, Loir-et-Cher).

mardi, 05 février 2008

Les trois traits noirs du souci

N'ayant pas eu le temps de retourner visiter l'exposition "Julio Gonzalez en famille", n'ayant pas eu le temps de poursuivre mes forages dans l'univers sombre et livresque de Petite nuit, je me contente (les yeux crépitant de petits signes gris anthracite (pages de Soyinka)) de reproduire un dessin de l'artiste espagnol, un dessin de 1936 :

Julio Gonzalez, Dessin de 1936.

lundi, 04 février 2008

Perutz, Poitiers, saules, lentes dédicaces

Comme je voulais aborder l'écriture du (long, peut-être) texte que je veux consacrer à Petite nuit de Marianne Alphant, j'ai ouvert le document Word où j'écris certains textes avant de les publier dans l'un ou l'autre de mes carnétoiles, et j'y retrouve ces bribes, datées du 19 janvier dernier et jamais publiées / franchement oubliées :

19 janvier, déjà, minuit quinze, je ne m’endors pas du tout.

 

        Le seizième chapitre de Turlupin est parfaitement hilarant. Leo Perutz, dont le goût du roman historique – même déconstruit – me semblait un peu fade, sur les premiers chapitres, est maître dans l’art de faire dérailler progressivement, mais non sans une violence jubilatoire, un récit de prime abord anodin. (Il y a aussi la façon dont, subrepticement, « la danse de Toulouse », p. 104, me rappelle « la jambe de Poitiers », octobre 2003.)

        Autour du titre. D’emblée : Je crache des gauloiseries. Avant, il y eut turlupiner, dont je crus lire que l’expression française était « ça me turlupiline » (j’avais sept ans, mettons, ou huit). Turlupin était, nous apprennent les dictionnaires, un auteur de comédies vite populaire pour l’inanité de ses calembours en dessous de la ceinture (ou, en adaptant à la mode du dix-septième siècle, ses mots proches du haut-de-chausses). Le nom de Tirelupin, dans Gargantua, a fait couler beaucoup d’encre : les auteurs du Robert culturel y consacrent d’ailleurs un encart instructif.

        (Accessoirement, le lecteur vagabond finit par apprendre qu’en français du Québec et d’Acadie, la turlutte n’est pas ce qu’on pense. Cela dit, il n’est pas indifférent que le substantif turlupin soit encadré par turgescence et turlute.) Ça, c’était autour du titre. De pleines bouchées de mots crus...


 

Julio Gonzalez, Les saules (1925).


Pour tout compliquer, j'illustre ce billet au moyen d'une photographie de l'exposition "Julio Gonzalez en famille" [Julio Gonzalez. Les saules, 1925. (Ils n'ont pas l'air de saules, mais bon... la pâte prend l'ascendant...)].

samedi, 02 février 2008

Julio Gonzalez au Château de Tours I

Ce sont peut-être trente ou quarante billets que j'aurais voulu écrire, dans les pages de ce carnétoile, au cours de ces jours de vaches maigres. Une migraine atroce me martèle aux tempes. Avant de visiter, en coup de vent (et en passant entre les averses), l'exposition Julio Gonzalez en famille au Château de Tours, je n'avais (shame on me) jamais entendu parler de Julio Gonzalez, et encore moins, bien évidemment, de son frère Joan, mort jeune (à quarante ans), ou de sa fille, Roberta, huiliste, dont les toiles occupent tout le deuxième étage du Château. On est toujours l'inculte de quelqu'un. De retour à la maison, après un cours de thème dans une salle surchauffée qui a achevé de me plonger dans les bras de la sinusite (a foolish figure), j'ai pu vérifier, dans mon bon vieux L'Aventure de l'Art au XXe siècle (sous la direction de Jean-Louis Ferrier. Chêne/Hachette, 1990), l'étendue des dégâts : Julio Gonzalez y est cité pas moins de sept fois, dont deux petits articles à lui seul consacrés, avec deux reproductions de ses sculptures (la Tête aiguë de 1927 et le Masque de Montserrat criant de 1941).

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

Feuilletant L'Aventure de l'Art au XXe siècle, je me suis retrouvé à méditer sur La Patience de Braque, sur mon rapport ancien mais conflictuel avec la peinture de Baranoff-Rossiné, et, enfin, à découvrir l'histoire savoureuse du Coucher de soleil sur l'Adriatique de Joachim -Raphaël Boronali. C'est d'ailleurs cette anecdote qui m'a conduit (en chantonnant in petto la chanson de Jean Ferrat ("Il est au milieu d' la route / Le stupide aliboron / On dirait qu'il nous écoute / Avec sa têt' de cochon")) à vérifier l'étymologie du substantif/sobriquet aliboron, d'où la citation qui va clore ce modeste et foutraque billet et qui peut renvoyer tant au Livre des mines quà mes lectures récentes d'Orhan Pamuk (encore que, dans Istanbul, Gautier ne soit guère évoqué) :

" Ces ânes étaient harnachés de bâts, de tétières et de croupières agrémentés de dessins en petits coquillages de différentes couleurs et n'avaient pas la mine piteuse de nos pauvres aliborons qui se sentent plaisantés. "

(Théophile Gautier. Constantinople. 1854.)

 

Si tu as si mal que ça à la tête, je ne comprends pas que tu puisses rester comme ça devant l'ordinateur...

[The story of my life.]

jeudi, 17 janvier 2008

Fischerboote

Une collègue qui est désormais en poste à Paris-IV m'a renvoyé un volume que je lui avais prêté, et dans lequel se trouve sans doute mon article de "critique" le plus délirant.

Fischerboote im Seesturm

Elle m'a remercié d'un petit mot très cordial, au dos d'une carte postale représentant le tableau de Jan van Goyen, Fischerboote in einer Flussmündung (1655). Sur la vaste Toile aux milliards de marines, je n'ai pas trouvé ce tableau-là, mais cet autre, du même : Fischerboote im Seesturm (Bâteaux de pêche pris dans une tempête).

18:10 Publié dans BoozArtz | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Art

samedi, 22 décembre 2007

Itinéraires, au Château de Tours

D'emblée, j'ai un faible pour les expositions du Château de Tours. Le bâtiment a beau avoir subi les outrages du temps (et surtout des restaurations), il me plaît beaucoup ; il me plaît plus encore en tant que lieu d'exposition. Les salles sont vastes, amples, d'une grande sobriété pierreuse.

Ce vendredi après-midi, je m'y suis donc rendu, pour y découvrir l'exposition de l'association Itinéraires, qui occupe les trois étages et le rez-de-chaussée. Bien entendu, on ne s'attend pas à rencontrer le génie à toutes les cimaises, quand on parcourt les salles d'une exposition consacrée à 39 artistes tourangeaux contemporains : si la Touraine était peuplée d'artistes de premier plan, cela se saurait. Mais il y a tout de même, outre les inévitables croûteleux et ringards à la mode (dont Jean-Claude Loizeau est en passe de devenir le pire), quelques remarquables artistes du second rideau.


Florence Lespingal, "Meule"

J'ai retrouvé avec un grand plaisir les ardoises de Florence Lespingal, qui est de plus en plus inspirée et dont les meules, notamment, nous avaient séduits lors de notre visite de l'atelier. Les dernières en date sont encore plus belles.


Hélène Sellier Duplessis - Plante

Dans un style voisin, j'ai découvert Hélène Sellier-Duplessis, dont les toiles gagnent sans doute à partager la même salle que la kitschissime Malou Ancelin.


Charles Bujeau 1

Charles Bujeau a livré plusieurs grands formats abstraits, tôles peintes qui font grand effet sur les murs.

 


Alain Plouvier (Exposition Itinéraires au Château de Tours)

Les compositions d'Alain Plouvier sont très déconcertantes, et je ne sais trop qu'en penser.


 

Eraldo Buratti - Paysage intérieur avec effet de soleil (21 décembre à 15 h 51)

Après un premier mouvement de recul, je me suis surpris à aimer plutôt la peinture d'Eraldo Buratti, grands aplats de lumières bleues ou jaunes qui portent, si mon souvenir est bon, des titres conceptuels. J'ai photographié le tableau ci-dessus à quatre heures moins dix, alors que le soleil dessinait, à travers les carreaux, de jolies découpures de jour. La photographie, malheureusement, n'est pas à la hauteur de l'épiphanie.


 

Mise en cène ocre (Philippe Phérivong) Philippe Phérivong - Mise en cène (Totems au sol, détails)               Philippe Phérivong - Mise en cène (Totems au sol)

Au troisième étage, il y a aussi la salle conçue par Philippe Phérivong, artiste dont j'ai eu l'occasion de voir naguère des petits formats aux Bons Enfants. Philippe Phérivong propose une véritable installation, une série de toiles et de totems qui portent tous le titre Mise en cène. Le jeu de mots est un rien vaseux, mais la reprise du motif de la Cène est très convaincante. Il y a trois ou quatre grandes toiles rectangulaires, dont chacune représente les treize figures sous une couleur dominante, de petits triptyques, un ou deux Christ isolés, et enfin, au milieu de la salle, alignés, treize totems dont chacun représente deux ou trois apôtres et un verre de vin incarnat.

mercredi, 19 décembre 2007

Tout a l'air du toc / Tout a l'air tactique / Tu m'as l'air typique / -Ment sans trac

Médusés