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dimanche, 04 février 2024

Insurrection de la poussière

 

En 2018 à Lyon on avait vu l’exposition d’Adel Abdessemed avec l’installation Shams, dont il est beaucoup question ici. Cixous la décrit très bien (p. 93).

En empruntant plusieurs – et donc très peu, à peine une dizaine de – livres de Cixous j’ai donc découvert l’amitié qui la liait à Adel Abdessemed, et ce gros livre carré contenant de très belles photographies d’œuvres d’A.A., ainsi que la correspondance entre H.C. et A.A. (c’est comme ça sur la couverture), avec reproduction des pages manuscrites. J’ai survolé la correspondance, le temps de me confirmer le caractère insupportablement poseur, trop souvent, de Cixous (qui réussit à commencer une très longue lettre par la notation qu’elle a « un peu, très peu de temps, autour de mon stylo », p. 130 (on croirait la parodie de Proust dans À la manière de…, sauf que pour Cixous c’est premier degré)).

D’ailleurs, A.A. le 26 juin 2013 :

Insurrection de la poussière (04022024)

Peut-être aussi ne suis-je pas proustien parce que je traite des images… et non des mots… Toutes mes œuvres sont des autoportraits présents… J’ai toujours fait des autoportraits… et tout ce que je fais est un autoportrait… Un autoportrait dans un EXIL perpétuel… Je suis toujours là… et je ne suis jamais là… (p. 228)

 

Je n’avais pas compris, ou j’avais oublié (est-ce que ça revient au même ?), que Shams commémore – Cixous abuse ici encore de son néologisme-valise commémourant – les travailleurs (africains surtout) qui meurent chaque jour sur les chantiers au Qatar. Cixous :

Au Qatar on ne voit pas. Invisibles les maîtres. Invisibles les esclaves. Au Qatar on sent qu’on ne voit pas. La sensation que l’on est qatarisé croît de jour en jour. On nonvoit ce que l’on sent. Le ciel est fiévreux. La qatarisation des sens menace. (p. 97)

 

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Il est opportun que je dise que ce genre de livres que je parcours, ou dans lesquels je pioche plus que je ne les lis, résonnent particulièrement d’échos des autres lectures simultanées : pour les sens, L’Appel des odeurs de Ryoko Sekiguchi ; pour le chien de Goya (j’y viens), Aliène de Phoebe Hadjimarkos Clarke (que je finirai ce soir).

 

J’y viens, au chien d’A.A. (celui qu’il a enlevé, qui « n’aurait pas survécu dans cet enfer sans ciel », p. 108) et celui de Goya, auquel H.C. le rapporte :

Il [Goya] a créé le chien et l’être chien, la vérité de la vérité, le chien qu’il était et qui meurt, et pour rien, il n’y a pas de rédemption, ça ne sert à rienni à personne de mourir comme un chien, ni qu’un chien meure pour vous, il n’y a personne à appeler, personne pour dire votre nom, le monde est sans témoin. Sauf ce sourd fou de peintre qui dépose sur les murs de sa cellule. Une déposition que lui seul recueille. (p. 105)

 

Aussi : la poussière (qui me travaille beaucoup ces temps-ci, entre le Dust Bowl de Guthrie à McGrath, et la paronomase dust/rust (le roman de Khadija Abdalla Bajaber dont je me suis convaincu que seule S* était en mesure de savoir pouvoir le traduire)). Aussi : la cote en 700 du livre dans les collections de la B.U. et son classement à ABD (pas à CIX).

 

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