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vendredi, 06 mars 2015

Le cul de Judas

Comme, me semble-t-il, le dernier livre de Lobo Antunes encore inédit en français vient d'être publié et comme Lobo Antunes a dit qu'il n'écrirait plus, il me reste tous les premiers à lire, une bonne dizaine qui ne sont, pour moi, à ce jour, que des titres.

À la librairie Campus, j'ai donc acheté – avec Au bord des fleuves qui vont – ce fameux Cul de Judas, dans la collection de poche des éditions Métailié, et je suis en train d'en achever la lecture. Ce qui frappe le plus, bien sûr, c'est le caractère encore très lisible, très normatif, des chapitres ; pour résumer, on pourrait dire que Lobo Antunes faisait encore des phrases, structurait paragraphes et chapitres d'une manière, sinon conventionnelle, du moins beaucoup moins chorale qu'ultérieurement. Mais ce qui a le plus changé, dans l'esthétique de Lobo Antunes, c'est l'accumulation de références explicites, à des poètes, des poèmes, des tableaux, des peintres, des écrivains, des scènes mythologiques. La relation entre le narrateur et sa narrataire est également plus explicite, de même que la critique politique et historique.

On n'a pas l'impression, pourtant, de lire une esquisse, ou un croquis préparatoire. C'est quasiment un autre art, une autre langue, un autre regard – pour des obsessions déjà semblables. Peut-être est-ce un texte très largement autobiographique ; peu importe, en un sens : c'est un texte autobiographique du Portugal, d'une génération portugaise, comme tous les grands romans d'Antonio Lobo Antunes où semble s'entendre, de façon chorale, toute une génération irradiée d'une voix pourtant si singulière.

 

Un des motifs (mots, si l'on suppose que la traduction est scrupuleuse) les plus inattendus est celui de l'orbite, des orbites.