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samedi, 15 octobre 2016

Huit saints rares du 15 octobre

Un adolescent, Barsès,

Voudrait devenir Yann Barthès.

Ce n'est pas seulement

Son humour, son talent,

Mais sa coiffure et son faciès !

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

Je connais un type, Cannat,

Qui chaque jour un pan bagnat

Engloutit.

L'agouti

N'est pas plus goulu que Cannat.

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

Notre plombier, le bel Épain,

Ne sait pas faire le pain.

« Suis-je donc boulanger ?

Il n'y a pas de danger ! »

Pourtant, avec le boulanger il est copain !

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

Il paraît que le vieil Euthyme

Est un alcoolique anonyme.

Être né à Mélitène

Lui donnerait des phlyctènes...

Virez-moi ce vieux cacochyme !

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

Un vieux pêcheur nommé Gonsalve

Fait ses délices des bivalves.

Un beau jour que son oncle

Lui prenait un pétoncle,

Il saisit son pétard et lança une salve.

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

S'il se mire dans l'eau, Narcisse,

C'est qu'il a un teint de saucisse,

Et ça lui donne faim.

« Allons donc chez Épain ! »

« Je suis plombier ! Qu'on en finisse !!! »

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

Un écrivain ronchon, Sévère,

Depuis avant-hier persévère

À vociférer : « Bob ?

Poète ??? Peau de zob ! »

Quid des aèdes, des trouvères ?

 

ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

 

Le digne, fier, illustre Thècle

Dit souffrir de ce nouveau siècle.

« La sixième extinction ? Chicane !

Mais le prix Nobel à Dylane ?

Rien de pire qui me débècle ! »

 

D'un rapport de jury, et d'un corrigé.

Neuf mois après les épreuves écrites, le jury d'agrégation interne d'anglais vient enfin de publier son rapport sur la session 2016. Ce document est toujours très instructif pour les candidats, et pour les universitaires qui assurent les cours.

Il s'agit d'un document public, consultable ici.

Je viens de passer un certain temps à lire les parties qui me concernent le plus, et notamment les pages 43 à 50, sur l'explication des choix de traduction.

Toutefois, je me contenterai de reproduire ici le texte du sujet de version, et la proposition de traduction à laquelle finit par aboutir le jury.

 

Texte à traduire (extrait de Freedom de J. Franzen)

Walter had never liked cats. They'd seemed to him the sociopaths of the pet world, a species domesticated as an evil necessary for the control of rodents and subsequently fetishized the way unhappy countries fetishize their militaries, saluting the uniforms of killers as cat owners stroke their animals' lovely fur and forgive their claws and fangs. He'd never seen anything in a cat's face but simpering incuriosity and self-interest; you only had to tease one with a mouse-toy to see where its true heart lay. Until he came to live in his mother's house, however, he'd had many worse evils to contend against. Only now, when he was responsible for the feral cat populations wreaking havoc on the properties he managed for the Nature Conservancy, and when the injury that Canterbridge Estates had inflicted on his lake was compounded by the insult of its residents' free-roaming pets, did his old anti-feline prejudice swell into the kind of bludgeoning daily misery and grievance that depressive male Berglunds evidently needed to lend meaning and substance to their lives. The grievance that had served him for the previous two years —the misery of chainsaws and earthmovers and small-scale blasting and erosion, of hammers and tile cutters and boom-boxed classic rock— was over now, and he needed something new.

Some cats are lazy or inept as killers, but the white-footed black Bobby wasn't one of them. Bobby was shrewd enough to retreat to the Hoffbauer house at dusk, when raccoons and coyotes became a danger, but every morning in the snowless months he could be seen sallying freshly forth along the lake's denuded shore and entering Walter's property to kill things.

 

Proposition de traduction

Walter n'avait jamais aimé les chats. Il lui avait semblé que c'étaient les sociopathes du monde des animaux de compagnie, une espèce domestiquée comme un mal nécessaire à l'élimination des rongeurs et fétichisée ensuite comme les pays malheureux fétichisent leurs militaires, saluant l'uniforme de tueurs comme les propriétaires de chat caressent la jolie fourrure de leur animal et lui pardonnent ses griffes et ses dents pointues. Il n'avait jamais rien lu dans l'expression d'un chat si ce n'est une absence de curiosité et un égocentrisme de façade ; il suffisait d'en taquiner un avec une fausse souris pour voir quelle était sa véritable nature. Jusqu'à ce qu'il vînt habiter dans la maison de sa mère, il avait eu quantité de maux plus graves à affronter. C'est seulement maintenant, comme il avait la charge des populations de chats harets causant des ravages dans les terres que lui avait confiées The Nature Conservancy et qu'à la blessure infligée à son lac par les lotissements Canterbridge s'ajoutait l'affront des animaux de compagnie que les résidents laissaient vagabonder, que son vieux préjugé contre les félins avait grossi jusqu'à devenir cette espèce de grief, de tourment matraqué journellement dont les hommes dépressifs de la famille Berglund avaient manifestement besoin afin de donner sens et épaisseur à leur existence. Le grief qui lui avait servi ces deux dernières années —le tourment des tronçonneuses, des bouteurs, des petits dynamitages et des terrassements, des marteaux, des coupe-carreaux et du vieux rock à pleins tubes—avait cessé et il avait besoin d'autre chose.

Certains chats sont fainéants ou inaptes à tuer mais ce Bobby, noir, aux pattes blanches, n'était pas de ceux-là. Bobby était suffisamment rusé pour se replier dans la maison des Hoffbauer à la tombée de la nuit, à l'heure où les ratons laveurs et les coyotes devenaient un danger, mais tous les matins des mois sans neige on le voyait repartir à l'aventure sur la rive sud dénudée du lac et pénétrer le domaine de Walter pour y tuer.

 

Ma seule réaction, après avoir noté à la hâte toutes les erreurs de traduction (en rouge ci-dessus), fut, paraphrasant Coluche : ils s'y sont mis à plusieurs pour faire ça ???

Coings écrasés. — Un sonnet retrouvé.

tous ces coings écrasés

c'est pas de la gnognote

ça fait de la compote

en plein sur la chaussée

 

par le clavier glacé

j'écoute un vieux Blue Note

on me dira mon pote

au futur au passé

 

ma mémoire est un torque

& j'ai l'œil furibard

d'une ligne épurée :

 

le combat contre l'orque

dans la rue en slibard

glissant dans la purée

 

 

Écrit le 15 octobre 2015, jamais publié ici, ce sonnet ne figure pas dans le recueil qu'on peut toujours, cinq semaines après sa sortie, acheter ici.