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mardi, 17 janvier 2017

Nous repartons routine...

6 janvier, 7 h 42 — 7 h 56

 

Nous repartons routine

Tramway sans préposition

Pile à l'heure un coup de fion

Forfait dans la tontine

 

Arrêt Coppée toujours

Ce coup de blues

D'une voisine qui jouer-

Ait à Candy Crush

 

Hier le soleil dans la fac-

E en descendant à la fac ;

Aujourd'hui visage en glac-

E aux yeux noyés comme un lac.

 

J'ai remisé ma gomme :

Plus besoin.

Dans le foin

Dormirait un homme.

 

Contre l'attrape

À coups de fourche

Langue dérape

Pour rien dans ma course

 

Collégiens de Léonard

En tchatches éparses

On ferait des farces

À grandes gorgées de Ruinart

 

Une poussette monte

Au Christ-Roi.

Tout le monde à l'étroit,

Pas de fausse honte.

 

Hauts totems

Rayés

S'élancent au ciel

Comme des poèmes

 

À Mi-Côte les collégiens

En masse descendent.

Trop nombreux -- certains

Sont coincés. Esclandre ?

 

Voici la Loire. Pas

Comme avant-hier, la

Nuit régnant,

Je ne verrai les goélands.

 

La Loire tourne son limon.

Mon regard s'accointe

À la pointe

De l'île Simon.

 

« Du travail fait avec la main »

Ce matin, j'ai commencé à lire le Journal d'une traduction de Marie-Hélène Dumas, dont j'avais entendu parler par François Bon, dans son Service de presse.

Tout à l'heure, j'ai lu ceci, à la page 34 (il faudrait citer l'ensemble du paragraphe, mais je vous y renvoie — comme ça, vous l'achèterez) : « La traduction, c'est du travail fait avec la main. Je tripote les mots, je malaxe, j'énonce, mes doigts bougent, sculptent. Probablement parce que le mouvement des mains est une partie profondément inconsciente et inséparable de la parole naturelle, que lorsqu'on parle on bouge les mains alors qu'on ne le fait pas quand on lit à haute voix. »

Cela me renvoie aux rares traductions de longue haleine que j'ai eu à faire (que j'ai eu la chance de faire), et en un sens je suis d'accord avec elle. En un autre sens, il est assez ironique de lire ça le jour même où j'ai remis un peu sur le métier les traductions sans filet, qui consistent justement à improviser à haute voix, face caméra, une traduction sans l'avoir vraiment préparée. (Il m'arrive de vérifier un ou deux mots, mais, dans l'ensemble, même le choix du poème, du paragraphe, des phrases se fait en moins de deux minutes, juste avant l'enregistrement.)

Pas le temps de développer, mais il y a encore cette question de la sacralisation de l'écrit, la fameuse main à plume de Rimbaud aussi. Ce que je tente dans les vidéos — avec une liberté immense vu que presque personne ne regarde ni ne commente (donc, comme sur ce blog, je me parle presque à moi-même, je prends des risques sans craindre les jugements et en essayant de ne pas trop mettre en alerte le sens du ridicule) —, c'est précisément autre chose que le clavier, que le corps-à-corps avec l'écran ou le papier ou les dictionnaires, fussent-ils foisonnants et en ligne. Ça montre mes propres failles : mon incapacité à vraiment comprendre et traduire bouffanted dans Pies and Prejudice ; ma mauvaise prononciation de colobus dans la dernière vidéo (landaise) de 2016 (j'étais tombé juste à 1'35" et je m'autocorrige erronément à 1'37"...) ; l'impossibilité de rendre la langue faussement simple mais incandescente d'Esther Nirina aujourd'hui même ; etc.

Depuis que j'ai renoncé à perdre un temps fou en montage (en vain, d'ailleurs, car je suis nullissime), ces vidéos brèves sont aussi l'occasion de poser des jalons, d'entrouvrir des textes qui comptent pour moi, de marquer d'une pierre de langue (ou d'une pierre de voix) telle ou telle journée. En choisissant de tourner ces vidéos dans un grand nombre de pièces (et même de lieux), je m'amuse à mettre en scène mes lieux de vie.

Autant dire que tout cela constitue une série de raccourcis, sorte de double des blogs.

Rondel 14 — Sur un distique de “Peuplades”

Tout passe à la cascade

Et retourne dans le flot.

Non, ce n'est pas un complot

Qu'on puisse écrire cagade

 

À l'estran ou l'estocade.

Je fais tinter mon grelot :

Tout passe à la cascade

Et retourne dans le flot.

 

Pourrais-je écrire panade

Ou encore tapenade,

Ce serait un peu ballot,

Mais, à la fin des fins mon lot :

Tout passe à la cascade.

09:52 Publié dans Rondels | Lien permanent | Commentaires (0)