lundi, 16 janvier 2017
Frigorifié
Bientôt minuit au moment où, frigorifié, j'atteins enfin ce rivage, et tente de reprendre — sans grande conviction — ces notes. Il y a toujours, il y aura toujours eu, trop de chantiers. c'est ainsi que je procède : trop de livres en même temps, trop de fers au feu côté écriture (histoire d'avoir un bon prétexte pour ne jamais rien finir ?).
D'ailleurs, sur cette question, ne jamais rien finir : le billet que j'aurais dû écrire aujourd'hui pour le Testament °° portera sur une des rubriques les plus embarrassantes de ce site, un texte dont je ne comprends plus du tout le mécanisme. Seulement un vague souvenir de son point de départ, de m'être bien amusé avec l'histoire des faux poètes (polonais ?).
Venons-en au journal.
Que je reprends.
Matinée : nombreux rendez-vous étudiants, car c'est le jour de reprise des cours, et les R.I. ont accueilli les étudiants d'échange un peu in extremis, nous les “envoyant” plus in extremis encore. Avec C° je reparle de la mort de Philippe C***, nouvelle qui me déprime durablement. On est évidemment renvoyé à la dureté du métier, à la complexité des souvenirs, et au miroir (ferai-je cela, moi ?). (Avoir écrit, ce soir, un quatorzain in memoriam n'a servi à rien : zéro catharsis.)
Midi : escapade rapide pour aller engloutir une bonne tarte tourangelle de chez Grimaud. Je n'ose pas écrire à une des collègues les plus proches de P***. Qu'est-ce qui me retient ?
Après-midi : report des dernières notes de Documentation (celles de Droit-Langues), divers courriels, lettre de recommandation, report des notes de Master et de L3 (traductologie). Rentré tôt à la maison, car Alpha finissait à midi. Sommes allés chercher ensemble, une fois n'est pas coutume, son frère qui pestait à cause de l'atelier zumba. — Soir : avant le dîner (et avant de nouveaux mails), lecture d'un des nombreux Réda empruntés, Un paradis d'oiseaux, magnifique. — Soirée : fini de relire et de corriger un chapitre de M.-A. Ce qu'elle écrit est vraiment très beau, très prenant. Elle sait donner à voir ; ce n'est pas si courant.
°° Ce titre, choisi il y a une quinzaine, résonne sombrement aujourd'hui, mais ce n'était qu'à moitié une blague aussi. Je pense profondément que, quand on commence à tirer son bilan, on songe aussi au moment où il faudra, bon gré mal gré, tirer sa révérence.
23:53 Publié dans Sauver Maurice (journal 2016-7) | Lien permanent | Commentaires (0)
Quel est ce ciel laiteux...
4 janvier, 9 h 54 — 10 h 12
Quel est ce ciel laiteux
Qui nous emmène
Depuis une semaine
Au nouvel an boiteux
Avenue de l'Europe
Cette plaque qu'on croit
Avoir vu même myope
On attend dans le froid
Ce tramway qui sait
Se faire attendre. C'est
Autre chose que ce qu'on croit.
Croire, une fois au chaud,
Au halo
Lumineux,
Mais de peu.
Le clavier qui
Écrit ces quatrains :
Cadavre exquis
Pour d'autres trains.
Ciel gris, laitance.
Attente au bord du vide.
Le visage livide
Se saigne de croyance.
Reprise des semaines :
Couple taiseux,
Dealer sourcilleux,
Un anorak doublé à l'arrêt Trois-Fontaines.
Ces vers ? Des bidules
Fredonnés, crayonnés.
J'en connais un rayon
Pour bercer les crédules.
"Rêveur. Réas. Ancore."
Mur couvert de tags
Dont la surface en body-bags
Toujours se redore.
Le clavier qui presque
Seul pianote.
Pas même une frasque,
Même pas de faute.
L'absurdité se niche
Au hasard
Sur une enseigne ou une affiche :
"La Maison du placard".
Longue traîne sur un banc
De sable :
Goélands.
Je reprends mon cartable.
08:00 Publié dans Quatramways | Lien permanent | Commentaires (0)