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dimanche, 02 octobre 2005

Julien Duthu & Rémi Panossian : No End…

Il n’est de meilleure retenue, en musique, que de savoir distiller les moments, non de relâche, mais où “ça se lâche”. Le fil se tend brusquement, plus de retenue, plus de notes de sénateur. Dans la retenue comme dans la brusque intensification des sons, ce duo, formé d’un jeune contrebassiste et d’un jeune pianiste, excelle.

Il a fallu attendre le dernier mot, le verbe principal de la troisième phrase, pour lâcher le mot, laisser filer ce sens en embuscade : l’album No End… est tout simplement excellent. Je me suis laissé dire que ce duo avait charmé, enthousiasmé le public des Rencontres de Contrebasses de Caprbreton, en août, et cela ne fait pas de doute. En concert, une telle écoute, une telle entente, un tel mixte savant, suave, de tension retenue et de tendres détentes, cela doit vous aviver les oreilles, vous adoucir le cœur, et vous faire exploser de joie.

Il est peu d’épiphanies musicales, ou, s’il en est, souvent, elles réclament une attention soutenue ; ici, je le maintiens, rien de tel, et il serait aisé de dire qu’une telle musique ne saurait, en effet, avoir de fin, car elle connaît, en chaque instant, des ramifications insensées. Le final de L’exception devient la règle, par exemple, est remarquable de touché, dans le rendu des émotions, dans la vigueur des doigtés. On vit, on imagine, on se représente ces deux musiciens à l’œuvre, nous voici avec eux, presque contre les cordes, à nous voler dans les plumes. On s’envole avec eux, c’est vrai, je m’y plais, je plane dans ces cieux que leurs phrasés étendent à perte de vue comme autant d’aplats sur des toiles de brume.

Si je me lâchais vraiment, je pourrais écrire, cédant à une métaphore facile et rebattue, que le troisième morceau, Origines, m’a scotché. C’est tentant, mais je me retiens, tout de même. Les mots sont trop précieux, et les notes avec eux. Je retiens ce verbe, autant dire que je le conserve et ne lui cède pas. Origines, pourtant, déroulant le long ruban de ses scintillations, exige que l’on se plie, toutes affaires cessantes. Ecouter comme on danse. Ecoutez chaque fragment de chaque note, et c’est impossible, bien sûr. Le ruban virevolte, avance, une lumière qui refuse de se décomposer.

Sur Kessispass, je restais convaincu, après trois écoutes, que le contrebassiste, Julien Duthu, avait délaissé sa grande dame pour une basse électrique, et seul le nom du label (de la maison de production? je ne comprends rien à ces subtilités) des deux lascars, Two t’acoustic, m’amène à émettre des doutes : parvient-il vraiment à ce son avec une contrebasse acoustique frottée au plus près et au plus saccadé ? je croyais pourtant, avec mon admiration fanatique pour l’OCB, tout savoir des sons retors et trompeurs qu’u contrebassiste peut tirer de son instrument.

Septime et Hommage se répondent dans le plus superbe désarroi, la plus ravissante des extases. En d’autres termes, aussi, le disque invente un trajet qui conduit d’une musique aux accents modernistes, éloignée du jazz, à un jazz retrouvé, retenu par devers les cordes, et livré en bouquet final dans Poursuivant, sorte de chase intime, prolongé en un neuvième morceau « caché » où les amateurs de jazz plus classique retrouveront leurs repères, assez confondus et confus pourtant de ce manège affolant, subtil, doux, et beau.

 

A écouter : Julien Duthu et Rémi Panossian. No End… (c) Two t’acoustic, 2004. Nocturne 2005.

Commentaires

Je ne commente pas, c'est juste pour dire que suis passé. Ah oui, si tu étais a sainte radegonde, au parc, ce midi à 13h00 environ, nous nous sommes croisés de quelqies centaines de mètres, moins peut-être ! Je passais dans le coin, hihi.

Écrit par : Simon | dimanche, 02 octobre 2005

je suis ravie de voir un article sur ces 2 jeunes toulousains Julien Duthu et Rémi Panossian, qui ont enchantés le festival de contrebasse de capbreton....je voulais féliciter l'auteur de ce texte somptieux qui caractérise avec une force fulgurante tout l'univers de ce beau duo....d'ailleurs qui est cet ecrivain...??? je pense que eux aussi souhaiteront le remercier!!

Écrit par : carole | mardi, 04 octobre 2005

Il n'y a rien à dire de plus... à part féliciter ces deux artistes et se laisser envouter par leur musique...
Merci les garçons

Écrit par : anne | jeudi, 06 octobre 2005

...Merci les garcons, au risque de se répéter... No End est magique!

Écrit par : Caro | samedi, 08 octobre 2005

Très bel article! J'ai bien envie de l'écouter cette album ^o^
Bybye
Une hay de Montpellier

Écrit par : Gassia | vendredi, 17 février 2006

Les commentaires sont fermés.