dimanche, 21 avril 2013
D'une phrase de Paul Auster
Intemperate cold (three degrees one morning), drizzles and mizzles, mist and slush, ever-aggressive winds, but most of all the snow, which will not melt, and as one storm falls on top of another, the bushes and trees in your back garden are all wearing ever-longer and heavier beards of snow.
(Paul Auster. Winter Journal. Faber & Faber, 2012, p. 33)
L'expression drizzles and mizzles, qui joue classiquement sur une réduplication par paronomase, est assez courante, ainsi qu'en atteste qu'une brève recherche sur Google. (D'ailleurs, la tournure inversée est plus rare. La variante au singulier est répandue, sans d'ailleurs qu'on puisse envisager, en français, de rendre compte d'une éventuelle variation entre le pluriel et le singulier.)
La réduplication est elle-même difficile à conserver. Dans sa traduction publiée par Actes Sud, Pierre Furlan choisit « de la bruine et du crachin, de la brume et de la neige fondue » (Chronique d'hiver, p. 42). La proximité de mist a permis au traducteur, sans forcer le sens, de déplacer la paronomase sur bruine/brume, ce qui est habile.
Il est curieux, par conséquent, de constater que Pierre Furlan commet deux contresens assez élémentaires dans le reste de cette phrase. En effet, il traduit le modal will par un futur, alors que le sens est évidemment « neige persistante » ou « neige qui refuse de fondre » ; le futur semble impliquer, dans ce récit rétrospectif,que la neige n'a jamais fondu, ce qui est une ineptie. De même, back garden, expression figée usuelle, est traduite par « jardin derrière chez toi », ce qui est inexact : en français, cette expression désigne souvent un jardin qui ne fait pas partie de la propriété, d'où une ambiguïté absente du texte anglais (il suffisait de traduire par « dans ton jardin » en effaçant back).
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