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jeudi, 26 mars 2015

Sens le latin

Les “défenseurs” des langues anciennes qui poussent des cris d'orfraie depuis deux ou trois semaines ont souvent le chic pour choisir les arguments les plus faux ou les moins convaincants. Mais là, on passe le mur du çon, comme on dirait dans le Canard enchaîné.

J'ai fait huit ans de latin et quatre ans de grec entre 1986 et 1994 — et j'étais au moins aussi inculte ( : avec une culture fragmentée, sans substrat) que le “jeune des années 2000” décrit par ce type idiot qui n'a jamais vu un jeune des années 2000.

 

Un seul exemple :

« Ignorant la langue, tu saisiras quelques tronçons de savoir objectif, mais le génie t’en échappera, la cohérence profonde t’en sera étrangère. Ce savoir effacé, cette mémoire perdue te priveront de fait du lien le plus direct avec Rabelais, imbibé de latin, avec Boileau, Racine, Corneille, La Bruyère, qui tournent sans cesse autour du paradigme antique ; tu ne saisiras pas les sous-entendus de la pensée des révolutionnaires de 1789, ni la sensibilité de Rousseau, lecteur de Plutarque ; tu ne verras pas bien ce que Victor Hugo peut bien avoir à nous rebattre les oreilles de Tacite et Juvénal pour moquer Napoléon le Petit ; tu resteras sourd aux envoûtements de la poésie symboliste, entichée des élégiaques latins ; tu te gratteras la tête lorsque Camus te parlera de Sysiphe [sic - M. Sylvain n'est pas très fort en orthographe hellène], Giraudoux d’Electre, sans même parler des auteurs italiens, anglais, espagnols, allemands tout imprégnés de culture grecque et latine jusqu’à ce jour. »

Je connais quelques certifiés de lettres actuellement en exercice et qui ne comprendraient pas la moitié de ce paragraphe. Donc le problème doit être ailleurs, ou plus lointain, non ?

Par ailleurs, la façon dont on m'a enseigné le latin jusqu'en première (pour ne rien dire du grec, pour lequel j'étais très mauvais) était totalement coupée de toute culture ou de tout élément historique, de sorte que des faits constitutifs aussi banals que les périodes royauté/République/Empire, je les ai découverts en hypokhâgne, ou peu s'en faut. Mon fils aîné, qui fait du latin depuis l'an dernier (5e) mais qui, surtout, s'est beaucoup passionné d'histoire antique depuis fort jeune, apprend le latin avec une méthode qui va beaucoup "moins vite" pour ce qui relève des déclinaisons et des conjugaisons, mais qui est très supérieure dans les rapports de l'enseignement avec la culture, l'histoire, et même la linguistique (sans jamais prononcer d'aussi gros mots).