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mardi, 06 juin 2017

juin 6

pèle

cette banane et puis cette autre encore

comme tu pèlerais une orange et te mettrais du jus partout ou devrais l'éloigner de toi et de tes habits, sans assiette ni couverts, pour ne pas te tacher,

si du moins j'ose à présent m'adresser à 

(et même tutoyer) ce type qui a dégusté précipitamment cinq bananes en six ou sept minutes,

ce que jamais je n'osai faire ce midi-là où je le regardais sans le dévisager, où je l'observais de loin, comme sans y toucher

(sans toucher à son repas mais sans paraître même effleurer du regard la scène qu'il offrait pourtant aux passants ou témoins),

et l'action de peler me parut presque plus essentielle, ce midi-là, que l'engloutissement (relatif, cette question a déjà été abordée) des cinq fruits à la FILE, car à la façon dont on pèle tel fruit on peut certainement deviner bien des traits de caractère

du type, donc,

du presque dandy comme je l'ai déjà qualifié,

à qui je ne me suis pas adressé, que je n'ai pas interpellé, et que j'interpelle à présent dans ce texte, avec des mots que jamais sur le coup je n'ai pensés, des mots que je ne dis pas à voix haute, des mots que j'aligne ou que j'égrène

peut-être pour tenter donner un sens, ou à tout le moins façonner, donner tournure à cet événement sans importance

& pourtant singulier : un type mange sans marquer de pause et en moins de dix minutes cinq bananes arrachées au même régime

(je tiens au mot régime, je tiens à tant de mots, tant de mots me tiennent, et par la présente je tiens ma quatrième de couverture)

en se comportant, par ses gestes, en presque dandy

qui mange ou dévore moins qu'il ne pèle

& pour tout dire qui pèle moins qu'il ne détache les fruits & même moins qu'il ne les déguste

car dans l'acte de peler c'est la peau qui l'emporte,

la peau de chaque fruit avec la tige

& peut-être le contact des doigts avec la peau des fruits

le contact d'une peau humaine peut-être souffrante avec la peau peut-être talée ou brunie de la banane,

et c'est autant à cette peau de la main ramassée en doigts qui détachent et pèlent que je voudrais parler qu'à l'individu, le type, l'être humain,

pour autant que ses gestes de presque dandy m'ont fait considérer sa peau

& le tas de peaux de bananes que, chaque fruit mangé l'un après l'autre, il constituait sans savoir en fin de compte où les jeter,

peau de type étonnant bouffeur bananivore

dont peut-être le nom était banal, si son nom à aucun moment ne reflétait la bizarrerie du choix de ce déjeuner,

& quand bien même la banane est devenue un fruit banal, commun, vulgaire même ou familier peut-être, elle qu'on peut manger par cinq, cinq à cinq en un rien de temps

(si j'écrivais un texte sur les nèfles ou sur l'amélanche ce serait une autre affaire, une autre paire de manches)

même devenue banale la banane ne se laisse pas dévorer ni déguster souvent en mains de cinq comme ça sur un banc aux yeux des passants

pour ça qu'on voudrait pouvoir interpeller le type, ou que j'aurais dû l'interpeller et, qui sait, lui demande son nom, si ça se trouve banal, et si ça se trouve compliqué, à faire répéter sept fois, à coucher dehors

sur un banc,

nom que tandis que je l'exhorte à continuer de détacher, peler et déguster cinq bananes à la file, dans cette fiction où je l'interpelle pour ma gouverne il é-

pèle

19:24 Publié dans Juin | Lien permanent | Commentaires (0)

Douzième anniversaire

Il y a douze ans — quand j'ai commencé ces carnets — il avait plu, beaucoup, dans l'après-midi, et cela avait donc été une journée de printemps plutôt frisquette, comme aujourd'hui, finalement, en Touraine.

Il y a sept ans, en Anjou.

Il y a trois ans je créai les rubriques Ping-Pong et Pong-ping.

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Et dans sept ans où (en) serai-je ?

09:57 Publié dans 10 ans | Lien permanent | Commentaires (2)