Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 08 octobre 2020

Retour au Nobel

Chaque année, ou presque, la proclamation du Prix Nobel de Littérature est l'occasion de quelques réflexions sociologiques sur l'état de la littérature, ou de sa réception, ou des malentendus à son sujet.

 

Il y a six ans, atterré par le choix de Modiano, j'avais pondu une petite liste rebrousse-poil, dans laquelle j'avais fait exprès de mettre le nom de Renaud Camus, mais dans laquelle j'avais surtout inclus très peu de noms d'écrivaines : je ne triche pas, je laisse la liste telle quelle. Avoir oublié Annie Ernaux, notamment, n'était pas très malin. Il est vrai, toutefois, que je lis beaucoup plus d'autrices étrangères que de langue française. Depuis, trois ou quatre noms s'ajouteraient, mais pas forcément davantage.

Il y a quatre ans, les délires les plus ineptes autour de l'attribution du Prix à Bob Dylan m'avaient conduit à une mise au point.

 

Cette année, on peut le regretter, c'est encore une autrice anglophone qui est récompensée... mais au moins, c'est une autrice. Et même une poète. Louise Glück, donc. Que je connais très mal, et dont j'ai improvisé une traduction tout à l'heure juste après l'annonce (cf infra). Il semble que l'académie Nobel, en continuant de ponctuer ses justifications de l'adjectif universel ou du substantif universalité, qui sonnent de plus en plus creux, essaie de rétablir un peu le déséquilibre en décernant le Prix à des écrivaines.

Oui, mais, quelles écrivaines ? à brûle-pourpoint, on ne peut guère parler d'écrivaines radicales. J'ai lu depuis octobre dernier Tokarczuk, dont j'ai beaucoup aimé Les Pérégrins. Mais politiquement elle ne pose pas d'embûches. Pour le dire en termes féministes un peu caricaturaux, ni elle ni Glück ne se trouvent à enrayer les mécanismes du patriarcat.

Autre élément, aucun livre d'elle n'est disponible en français ; seulement quelques fragments traduits dans des revues ou dans des blogs. Il paraît qu'un universitaire qui tente de placer une traduction depuis quelques mois entend soudain vibrer son téléphone... toutefois, les autres poètes inconnu-es, les Africain-es absolument indispensables dont aucun éditeur français ne veut (au point que j'ai renoncé), resteront dans les limbes.