samedi, 25 février 2023
Palilalie (encore...)
Dans le roman de Will Self, Phone, dont je parlais ce matin lors de mon billet inaugural de ce samedi foisonnant, revient à plusieurs reprises le concept de palilalie, car Ben, le jeune homme autiste, petit-fils du docteur Busner, répète souvent les derniers mots de la phrase qu’il vient de dire, voire une proposition entière, ce qui est généralement signalé dans le texte par le recours à l’italique.
Il me semblait n’avoir jamais rencontré ce concept, ou cette figure de style, mais heureusement que la machine a plus de mémoire que moi : je l’avais évoqué après lecture d’une page de – et au sujet même de – Renaud C*mus. Que C*mus soit devenu, contre trente années d’écriture au bas mot, une espèce de fou furieux raciste et paranoïaque qui se contente de vomir des tweets avant de les publier à compte d’auteur tout en ne remettant jamais en cause sa responsabilité indirecte dans l’attentat de Christchurch notamment, ne signifie pas que je vais balancer mon étagère du bonhomme à la baille, ni censurer ou caviarder rétrospectivement ce que j’ai écrit à son sujet. J’assume, car c’est C*mus (je tronque son nom afin de dérouter les algorithmes (à chacun sa paranoïa)) qui a totalement tort, politiquement, depuis la fondation du Parti de l’In-nocence en 2002, et plus généralement depuis onze ou douze ans.
Comme l’écrivait très justement Valérie Sċıgala en 2012 : « pourquoi s'intéresser au Renaud C*mus littéraire quand Renaud C*mus lui-même l'a condamné ? »
Tout ceci m’éloigne de la palilalie.
Or, la palilalie n’est-elle pas aussi une figure de la mémoire ? En effet, je rencontre – une première fois, peut-on supposer (mais comment en être sûr ?) – ce mot en 2007. Le (re)trouvant dans une lecture de février 2023, je pense le découvrir. Sans la recherche par mot-clé dans mon blog, comment me serais-je avisé de la répétition de la découverte ? Autrement dit : mon second apprentissage du mot revient à une palilalie de sa découverte première. Autrement dit, encore : peut-on dire qu’on apprend quelque chose qu’on a oublié quand on n’a aucun souvenir de l’avoir su ? [Ouvrir sur la mêmoire.]
Dans le roman de Will Self, la palilalie sert d’effet-miroir aux 20-30 premières pages, très fragmentées, qui suivent le cheminement des pensées de Busner, dont la mémoire est en train de se fracturer ou de se creuser sous l'effet d’un Alzheimer galopant. De fait, la plupart des sites que j’ai consultés ne retiennent de la palilalie que son caractère pathologique : il s’agit d’un tic consistant à répéter ses propres mots, souvent de façon involontaire (mais Ben en est conscient, dans Phone), parfois à voix basse, et d’un symptôme du spectre autistique. Il n’y a, dans Wikisource, aucune occurrence du terme en français, et une seule en anglais, mais sans rapport : il s’agirait d’un toponyme du continent subasiatique, ce que n’a toutefois pas confirmé Google Maps (ni d’autre ressource). D’après le Robert culturel, que je citais en 2007, le mot a été inventé par un clinicien, A. Soques, en 1908, ce qui explique l’absence d’occurrences dans Wikisource (site où ne sont publiés que des textes du domaine public).
Apparemment, le mot revêt une réelle importance dans L’Etat honteux, un des livres de Sony Labou Tansi que je ne possède pas. Encore une bricole à vérifier, un jour (...), via un emprunt à la B.U.
12:55 Publié dans Corps, elle absente, Pynchoniana, Words Words Words | Lien permanent | Commentaires (0)
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