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mercredi, 31 mai 2023

31052023

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Comme le texte stupide de Christophe Clavé sur l'appauvrissement de la langue française, qui traîne déjà depuis quelques années, refait surface ces temps-ci, je me permets de copier-coller un commentaire que j'ai rédigé à ce sujet sur Facebook :

 

 

Ce billet est entièrement faux. Il repose sur une interprétation réductrice de l'hypothèse Sapir-Whorf, déjà pas mal remise en cause par l'essentiel des linguistes, et depuis un bon moment.

En effet, si cette idée que la complexité d'une langue est seule à même de permettre la complexité de la pensée était vraie, cela impliquerait par conséquence immédiate que les Chinois, les Basques et les Hongrois, pour prendre trois exemples, sont tous plus intelligents et plus capables de complexité que les anglophones ou les italophones. On voit bien que c'est une idiotie. Je ne vais pas entrer dans le détail mais il y a des dizaines de langues qui permettent à leurs locuteurs/locutrices de penser le futur, sans avoir le moindre marqueur grammatical du futur.

Par ailleurs, pour ce qui est du français, on constate empiriquement que des personnes qui maîtrisent le subjonctif et le passé simple ont une pensée pauvre ou formatée tandis que des locuteurs/locutrices qui confondent à l'écrit les terminaisons ais/ai ou qui ont recours à des tics de langage sont tout à fait capables d'une pensée complexe.

Le passage sur "mademoiselle" est d'un confusionnisme total : en effet, même sans l'emploi de ce mot comme "titre", il y a de nombreuses façons d'exprimer les états intermédiaires entre la petite fille et la femme adulte ("jeune fille", "adolescente", etc.). D'ailleurs, ce passage montre bien l'origine réelle de ce discours : un galimatias sans fondement scientifique et à visée conservatrice. Ironie particulière de ce texte qui se réclame de 1984 d'Orwell en faisant un contresens à son sujet, et en n'étant même pas capable d'orthographier correctement le prénom de son auteur.

C'est vraiment désolant de lire de telles âneries réactionnaires, et de les voir partagées sans recul, comme vérité d'Eglise.

 

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(Je n'ai pas ajouté, sur Facebook, de commentaire sur le fait que toustes les commentateurices qui s'engouffrent dans la brèche avec leurs "c'est ben vrai" façon mère Denis se prénomment Suzanne, Jean-Claude, Bruno et Chantal. L'absence totale de pensée critique de ces boomers qui partagent un post bourré d'erreurs et qui pensent, ce faisant, être du côté de l'esprit critique est si aberrante qu'il vaut mieux en rire.)