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jeudi, 23 juin 2005

Place Jean-Jaurès, 2: Musiques

Je reviens sur mes pas pour répondre à une suggestion de Livy, en début de semaine : quel air ou quelle musique vient accompagner ma traversée de la place Jean-Jaurès ? A question simple, réponse complexe… L’air qui me vient à l’esprit quand je pense à la place Jean-Jaurès, c’est un air des Pièces pour clavecin de Couperin, « Les Baricades mistérieuses » ou « Le Bavolet flottant ». C’est l’architecture, en croix majestueuse, de la place qui appelle cette musique tout en chatoiements et volte-faces.

(Des souvenirs de notre maisonnette de Beauvais s’entent aussi à ces mélodies.)

Mais, si j’essaie de me rappeler quel air m’accompagna lors de ma première promenade tourangelle, c’est l’échec. Me voilà réduit aux supputations stériles. Je suis à peu près certain d’avoir chantonné « Avant l’exil » de Gérard Manset lors d’une de mes dernières virées piétonnières en ces parages. Ou « Spirits Rejoice » d’Albert Ayler ? (J’aime beaucoup « chanter » la partition du saxophone et de la trompette.)

Mais je ne dirais pas tout si je taisais un souvenir que le nom de Jaurès convoque immédiatement. Quand j’avais entre trois et six ans, dans la petite maison que nous occupions, mes parents, ma sœur et moi, à Saint-Paul-lès-Dax, j’écoutais le plus souvent ce qui fut le dernier disque de Brel ; il s’agissait d’un enregistrement sur cassette, un « repiquage ». J’avais appris à me servir du petit magnétophone : ouvrir la trappe, retourner la cassette, appuyer sur PLAY.
« Le Bon Dieu » me tirait des larmes. Cela ne m’est quasiment jamais arrivé avec d’autres chansons, mais celle-là a poursuivi ses efforts lacrymogènes jusqu’à récemment !

Si j’évoque ici ce disque, c’est qu’il s’ouvre sur la chanson terrible et sobre dédiée au grand socialiste français :
Ils étaient usés à quinze ans,
Ils débutaient en finissant,
Les douze mois s’appelaient Décembre.
Quelle vie ont eu nos grands-parents
Entre la faim et les grand-messes ?
Ils étaient vieux avant que d’être.
Quinze heures par jour, le corps en laisse
Laisse au visage un teint de cendre.
Oui, not’ monsieur,
Oui, not’ bon maître !
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?!


Tout le disque me bouleversait, quoique je ne comprisse à peu près rien, assurément, aux paroles. Pareil bouleversement me secoua, mutatis mutandis, entre dix et douze ans, en lisant la poésie de René Char, à laquelle je ne comprenais goutte (et, dès que je compris, cette poésie me parut plus fade…).

J’ai quelque peu dévié de la place Jean-Jaurès, et vais bifurquer plus encore. L’une des chansons les plus primesautières, dans sa mélodie et son rythme, du disque de Brel, s’intitulait Les Remparts de Varsovie. Je l’adorais et la connus bientôt par cœur, au point de la chanter un jour, dans la cour de l’école maternelle, aux maîtresses et dames de service dont, la légende familiale ayant embelli et réagencé constamment l’épisode, je ne sais plus si elles étaient amusées ou médusées. Qu’on juge à tout le moins de leur désarroi sur pièces.

Pareille mésaventure pourrait bien arriver à mon cher petit garçon, qui, fêtant bientôt son quatrième anniversaire, aime beaucoup fredonner le refrain suivant, de Mathieu Boogaerts :

Un hurricane
Sur Marianne
Et toute la panoplie
Des souvenirs, son zizi…
Mais tout nu dans l’avion,
J’aurais dû dire non.


Quintil en -OPS

Après avoir quelque peu hésité, je vous livre un feuillet arraché au long livre des délires que généra, en mars dernier, une discussion débridée autour d'un boulanger qui sévissait naguère en la belle commune de Souvigny. Si ce n'est pas parler de la Touraine, cela...

***

Puant, cro-magnonnien, plus qu'un tricératops,
Et le gousset au jus d'une huître de Marenne,
S'il était suédois il vendrait des rollmops,
De la rate d'élan, des terrines de rennes...

Et de ses excréments ferait des CHOCO POPS...!

Autre ordinateur, autres moeurs

Confirmation de mes soupçons, c'est bien mon ordinateur portable qui me joue des tours, car, ce matin, à l'ordinateur du bureau, je n'ai eu aucune difficulté à laisser mon commentaire en réponse à Marione sur le Blog Oranginal.

Par ailleurs, les CRS sont venus expulser les demandeurs d'asile ce matin, et toutes les issues sont fermées sauf la porte M, qui est large de 80 centimètres. Il y a des examens, des réunions etc. Des milliers de personnes dans le bâtiment des Tanneurs. S'il y a un incident (ou un incendie), tout le monde crève (ou crame). Vive le Comité de Gestion de Site de l'Université François-Rabelais!!!

(Sur la question des demandeurs d'asile, lire une précédente note.)