vendredi, 24 juin 2005
Irritations majuscules
J’écris rarement sur des événements politiques, ou sur mes opinions. Toutefois, deux informations entendues aujourd’hui témoignent du sens de la politique de notre gouvernement depuis 2002, et du degré d’estime qu’il faut avoir pour elle.
Un rapport de l’INSEE montre que la réforme des 35 heures a bel et bien créé des emplois, et qu’elle n’a pas fait décroître la consommation, au contraire. Les arguments de la droite contre les 35 heures se voient opposer un cruel démenti.
Le Ministre des Finances annonce la suppression de 7 000 postes de fonctionnaires, ou, pour parler en jargon bien-pensant, le non-renouvellement des départs en retraite, ce qui revient au même. Les postes les plus touchés sont les Finances et l’Education nationale. Avez-vous remarqué comme la Défense et l’Intérieur ne sont jamais touchés par ces mesures ? La peur, les phobies, l’imbécillité militariste ont de beaux jours devant elles, et les autres andouilles n’ont pas fini de nous casser les oreilles aux commandes de leurs avions de chasse...
La recherche fondamentale, l’enseignement et la santé, ce sont les danseuses de la nation, à qui on refile un petit billet quand on n’a pas envie de recommander une caisse de champagne (ou de missiles).
Toujours plus de cadeaux aux grandes entreprises, à leurs dirigeants multi-millionnaires, aux grands actionnaires et aux marchands de mort. Jaurès, reviens ! (Parce que, s’il faut compter sur Hollande, Lang ou Buffet, nous sommes cuits…)
En écoute : la Sonate pour violon et piano de Zdenek Fibich, par Josef Suk et Josef Hala (Supraphon, 2000, SU 3473-2 131).
22:10 | Lien permanent | Commentaires (1)
Papier recyclé, 3
Il n’y a pas, sur le site Tanneurs, où travaillent des centaines de secrétaires, de professeurs, et environ six mille étudiants, de benne pour le papier recyclé. Cela m’a toujours choqué, et, si l’administration est, en quelque sorte, excusable, c’est que cela ne choque guère la majorité des collègues, qui jettent des liasses entières dans la poubelle. C’est un geste que je suis incapable de faire, un acte qui me semble quasiment criminel. (Traitez-moi de chochotte si vous le désirez. Peu me chaut.)
Quand je dois me défaire d’une liasse de papier, je la ramène dans mon cartable pour la déposer dans la poubelle jaune du tri sélectif, chez moi.
J’ai réclamé plusieurs fois que les autorités se penchent sur la question. il semblerait qu’il y aura bientôt des conteneurs spéciaux. Nous sommes en 2005 ! Pas trop tôt !!!
20:10 | Lien permanent | Commentaires (6)
Papier recyclé, 2
Les sujets en surplus, dont j’ai près de moi la pile, sont des textes extraits de Abroad at Home de Julian Street (1914), de An Appeal of one Half of the Race, Women…, de William Thompson (1825), de Theatre, de Somerset Maugham (date non mentionnée).
18:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Papier recyclé
En écoute : « Kalicom » de Julien Jacob (album Shanti, 2000).
Au rang des irritations minuscules, je pourrais compter la gestion du papier dans les administrations. E*** et G***, les collègues chargés de la surveillance des diverses épreuves d’anglais pour germanistes, hispanistes, lettres modernes, qui se tiennent aujourd’hui rue Fromont, m’ont fait remarquer tout à l’heure que, là où le nombre d’inscrits sur la liste ne dépassait jamais la demi-douzaine d’étudiants collés lors de la première session, les secrétaires, peut-être poussées à cela par qui sait quelle circulaire émanant de telle ou telle responsable administrative inepte et sûre de son fait (ça va ensemble, en général), le nombre d’exemplaires du sujet était fréquemment de cinquante ou soixante.
Dans certains cas, le sujet peut être réutilisé par un collègue l’année suivante dans un cours, mais c’est loin d’être systématique.
Le plus absurde, c’est, pour le sujet de deuxième année d’allemand, le tirage à 60 exemplaires, alors qu’il n’est même pas sûr qu’il y ait soixante étudiants germanistes dans notre université, tous niveaux confondus ! Comme j’étais venu en voiture, j’ai récupéré tout le surplus, dans l’intention d’épargner mes collègues parisiens et piétons, mais aussi de réutiliser ces feuilles ou de les déposer dans une benne destinée au recyclage.
M***, drôle et passionnant collègue recruté cette année sur un poste de professeur, et comme moi africaniste, me racontait que Chang-Kaï-Chek (Jiang Jie-shi, comme je crois que la nouvelle doxa historique veut nous faire écrire, ou dire) avait inondé les villages chinois, au début des années 1950, de tracts. Mao décida de réutiliser les tracts pliés en deux, face imprimée vers l’intérieur, évidemment, et d’en faire des cahiers d’école.
En écoute : « Abandon » de Julien Jacob (album Shanti, 2000).
16:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Philippe Lejeune
Je me suis sans doute montré exagérément léger en mentionnant les travaux de Philippe Lejeune, dont on peut consulter le site AUTOPACTE, qui vaut le détour, et mérite que l'on s'y attarde ou s'y égare.
...
Je suis l'auteur de deux tentatives (avortées) de journal intime en ligne, Quiproquotidien au printemps 2001, et le Multijournal, en décembre-janvier. Je songe à publier, de temps à autre, des bribes de ces journaux sur ce blog... histoire de semer à tout jamais la pagaille et qu'une chatte n'y retrouve pas ses petits.
15:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Enfin des images...
... mais pas les miennes...
En effet, j'ai encore essayé de transférer des fichiers de mon ordinateur portable dans le dossier FILES de mon carnet de toile, mais en vain. La manipulation toujours échouait.
Je viens donc d'essayer de transférer un fichier image à partir de la vieille bécane de Fromont, et ça marche, confirmant ainsi tous les soupçons que je nourris à l'encontre de mon portable et/ou de Netscape Navigator.
Toujours est-il que j'ai l'immense plaisir de vous proposer une vue de la chapelle Saint-Eloi, l'un des monuments que je préfère à Tours, et qui sert de siège aux archives municipales.
12:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
Dérange du globe (les genres du blog)
Récemment, en son blog, Simon…
(Cet incipit ressemble furieusement au titre du premier roman de Christine Montalbetti, Sa fable achevée, Simon sort dans la bruine…)
Simon, disais-je avant d’être assez grossièrement interrompu par moi-même, a écrit récemment une note relative à la question des genres littéraires et de la nouveauté que représente le blog. Je crois savoir que Philippe Lejeune, le pape de l’autobiographie comme disent ceux que la tournure gentiment « fond de commerce » du projet de recherche a fini par prendre, a déjà pondu quelque article ou quelque ouvrage sur le phénomène des blogs (qu’il n’a pas songé, contrairement à moi, à rebaptiser « carnets de toile »). Il doit certainement consacrer une part de sa réflexion à la question du genre.
Mais point n’est besoin de lui. Je trouve intéressante l’analyse de Simon, qui postule que le blog est un nouveau genre en devenir constant. A mon avis, la plupart des blogs se rattachent à un genre déjà existant, pour l’essentiel au genre autobiographique mais sous des formes d’expression variées (journal, chronique, récit de vie parfois). Certains blogs proposent des textes poétiques sans lien réel avec la vie de leur auteur, et s’apparentent donc à des recueils poétiques. D’autres, certainement, sont plus romanesques. Existe-t-il des blogs théâtraux ?
Il ne faudrait pas sous-estimer non plus les forts liens entre le blogging et le journalisme : bulletin d’information, billet d’humeur, analyse politique, pamphlet, propagande pour telle ou telle chapelle.
Parmi les genres peu exploités, il y a la chronique topographique, dont mon pauvre Touraine sereine se voudrait un exemple, au-delà de son titre, si possible… (Je recommande au passage la lecture des différents ouvrages de topographie de Renaud Camus, dont l’un au moins, Le Département du Gers, est en ligne sur son site.)
Là où les carnets de toile proposent assurément quelque chose de nouveau, c’est par l’interaction qu’ils permettent entre l’auteur principal et les lecteurs, susceptibles de devenir eux-mêmes auteurs. En ce sens, ce que le blogging réinvente et réinvestit, c’est le genre épistolaire. Je me commets moi-même passablement à ce titre, puisque plusieurs de mes notes sont des réponses à telle ou telle note d’un autre blog, ou à tel ou tel commentaire glané sur le mien.
Evidemment, on continuera longtemps de lire Les Lettres Persanes, Les Liaisons dangereuses, les Mémoires de deux jeunes mariées ou Une si longue lettre, pour ne citer que quatre romans écrits en français au fil de quatre siècles. (Et d’ailleurs, si vous n’avez rien lu de cela, qu’attendez-vous pour éteindre votre ordinateur and do some serious reading for once !!??!)
Mais le blogging réinvente le genre épistolaire en donnant la parole à une réelle multiplicité d’auteurs. On pourrait d’ailleurs imaginer une publication conjointe, sur papier, de plusieurs blogs qui se répondent, comme le mien et celui de Simon par exemple. (C’est un exemple ; je suis persuadé que Simon est promis à une belle carrière et je ne compte nullement m’accrocher à lui comme je ne sais quel rémora à la baleine nonchalante et orangée qui fend les flots profonds de sa course puissante.)
Dans la plupart des cas, une version papier démontrerait le caractère restreint de la polyphonie : par exemple, je dois reconnaître que je suis moi-même l’auteur de plus d’un tiers des commentaires publiés sur mon propre carnet de toile. (Livy, Fuligineuse et Simon existent vraiment. La signataire pseudonyme des premiers commentaires aussi.)
A creuser…
09:35 | Lien permanent | Commentaires (1)
Rue Fromont
Dans la salle des professeurs de l'annexe de l'université, rue Fromont. Canicule chaque jour plus marquée. Déplacement en catastrophe de tous les examens sur le site Fromont. Contraint de courir dans tous les sens, d'apporter les sujets, les copies et le brouillon avec ma voiture, tout au long de la journée. De flécher les salles. De guider les étudiants, car l'une des salles est introuvable si l'on ne connaît pas le site sur le bout des doigts.
Le site Tanneurs est fermé pour cause de paranoïa.
De plus, j'ai fait suivre mon appareil numérique mais j'avais oublié de recharger la batterie. Et je voulais prendre enfin quelques photos pour ce carnet de toile...
09:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
Enquiquiné
Je me suis quelque peu enlisé il y a une semaine. La note suivante devait être publiée le 18 juin.
***
Hier, vendredi, j'avais envie de reproduire ce quatrain de Mathieu Boogaerts:
C'est le jour de Vénus
Avec ponctualité
Cent-soixante-huit heures de plus
Que vendredi dernier.
Toutefois, c'est aujourd'hui samedi, le 18 juin. Et je sais ce que cela signifie.
Cela signifie:
TREIZE ANS APRES !
Et non:
DEUX SEMAINES APRES.
Ou autres variations temporelles, tout dans l'équivoque.
06:00 | Lien permanent | Commentaires (2)