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vendredi, 24 juin 2005

Dérange du globe (les genres du blog)

Récemment, en son blog, Simon…
(Cet incipit ressemble furieusement au titre du premier roman de Christine Montalbetti, Sa fable achevée, Simon sort dans la bruine…)

Simon, disais-je avant d’être assez grossièrement interrompu par moi-même, a écrit récemment une note relative à la question des genres littéraires et de la nouveauté que représente le blog. Je crois savoir que Philippe Lejeune, le pape de l’autobiographie comme disent ceux que la tournure gentiment « fond de commerce » du projet de recherche a fini par prendre, a déjà pondu quelque article ou quelque ouvrage sur le phénomène des blogs (qu’il n’a pas songé, contrairement à moi, à rebaptiser « carnets de toile »). Il doit certainement consacrer une part de sa réflexion à la question du genre.

Mais point n’est besoin de lui. Je trouve intéressante l’analyse de Simon, qui postule que le blog est un nouveau genre en devenir constant. A mon avis, la plupart des blogs se rattachent à un genre déjà existant, pour l’essentiel au genre autobiographique mais sous des formes d’expression variées (journal, chronique, récit de vie parfois). Certains blogs proposent des textes poétiques sans lien réel avec la vie de leur auteur, et s’apparentent donc à des recueils poétiques. D’autres, certainement, sont plus romanesques. Existe-t-il des blogs théâtraux ?

Il ne faudrait pas sous-estimer non plus les forts liens entre le blogging et le journalisme : bulletin d’information, billet d’humeur, analyse politique, pamphlet, propagande pour telle ou telle chapelle.

Parmi les genres peu exploités, il y a la chronique topographique, dont mon pauvre Touraine sereine se voudrait un exemple, au-delà de son titre, si possible… (Je recommande au passage la lecture des différents ouvrages de topographie de Renaud Camus, dont l’un au moins, Le Département du Gers, est en ligne sur son site.)

Là où les carnets de toile proposent assurément quelque chose de nouveau, c’est par l’interaction qu’ils permettent entre l’auteur principal et les lecteurs, susceptibles de devenir eux-mêmes auteurs. En ce sens, ce que le blogging réinvente et réinvestit, c’est le genre épistolaire. Je me commets moi-même passablement à ce titre, puisque plusieurs de mes notes sont des réponses à telle ou telle note d’un autre blog, ou à tel ou tel commentaire glané sur le mien.

Evidemment, on continuera longtemps de lire Les Lettres Persanes, Les Liaisons dangereuses, les Mémoires de deux jeunes mariées ou Une si longue lettre, pour ne citer que quatre romans écrits en français au fil de quatre siècles. (Et d’ailleurs, si vous n’avez rien lu de cela, qu’attendez-vous pour éteindre votre ordinateur and do some serious reading for once !!??!)

Mais le blogging réinvente le genre épistolaire en donnant la parole à une réelle multiplicité d’auteurs. On pourrait d’ailleurs imaginer une publication conjointe, sur papier, de plusieurs blogs qui se répondent, comme le mien et celui de Simon par exemple. (C’est un exemple ; je suis persuadé que Simon est promis à une belle carrière et je ne compte nullement m’accrocher à lui comme je ne sais quel rémora à la baleine nonchalante et orangée qui fend les flots profonds de sa course puissante.)

Dans la plupart des cas, une version papier démontrerait le caractère restreint de la polyphonie : par exemple, je dois reconnaître que je suis moi-même l’auteur de plus d’un tiers des commentaires publiés sur mon propre carnet de toile. (Livy, Fuligineuse et Simon existent vraiment. La signataire pseudonyme des premiers commentaires aussi.)

A creuser…

Commentaires

Et comment, que j'existe vraiment ! Ceux qui en douteraient n'ont qu'à me demander ! Non mais des fois !!! (mdr)

Écrit par : fuligineuse | samedi, 25 juin 2005

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