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samedi, 16 juillet 2005

Dehors, 2

Un remords me saisit, car je sais ne pas avoir très consciencieusement « recensé » le roman d’Eric Laurrent. Plutôt, j’ai noirci le trait, insisté sur ce qui m’agaçait. Il faut toutefois avouer que les descriptions sont souvent séduisantes, et qu’il émane d’elles une forme de picturalité objective, certes ludique, mais qui ne peut manquer d’évoquer certaines toiles, comme, dans l’extrait ci-dessous, des cieux turneriens :

« Quelques minutes plus tard, dès la sortie de Clermont-Ferrand, l’incandescence du crépuscule était à ce point prononcée, mélange très dense de sulfure de cadmium et d’oxyde de fer, qu’elle semblait tirée d’un effet de matière autant que de lumière, le soleil ayant pris l’apparence d’un vitellus orangé dont la membrane crevée eût laissé échapper autour d’elle, entre les phlyctènes pâteuses de quelques cumulus gris de Payne, un liquide homogène et visqueux qui se fût coagulé en larges plissures horizontales. » (Eric Laurrent. Dehors. Paris : Minuit, 2000, pp. 111-2)

Il y a aussi, pour faire justice au texte, de nombreuses références à des œuvres musicales, qui peuvent sembler contraintes, mais qui sont très convaincantes, si le lecteur les a en tête au moment de la lecture. Ainsi, de telle référence à Waterwheel de Hamza El Din (que je sais être, même si Eric Laurrent n’en dit rien, la version enregistrée par le Kronos Quartet) au cours d’une scène de fellation dans un taxi (oui, j’ai bien précisé auparavant que c’était très branché cul), on peut constater la grande pertinence.

Commentaires

Tu es vraiment un polygraphe caractérisé, et je ne connais aucun autre blogger qui puisse écrire autant et rester intéressant (car il ne manque pas de gens qui écrivent long et/ou souvent, mais sans aucun intérêt...)

Quant à la critique du livre d'Eric Laurrent, je la trouve fort bien faite, y compris le "repentir" ci-dessus. Je n'ai pas lu de livres de cet auteur et, je l'avoue, ce que tu en dis ne m'en donne guère envie. L'adjectif qui me vient à l'esprit est "prétentieux".

Écrit par : fuligineuse | dimanche, 17 juillet 2005

Merci de déverser de tels déluges d'éloges sur mes écrits... je doute de les mériter, mais c'est indéniablement agréable de se savoir lu. Je doute aussi d'avoir rendu justice à l'écriture d'Eric Laurrent; même donner des extraits est assez spécieux, car il y manque l'unité d'un texte de 240 pages. Par exemple, j'aime beaucoup les intrusions d'auteurs, très réussies et très drôles, qui me font penser quelque peu aux meilleurs romans de Chevillard (c'est-à-dire: pas au dernier, qui est très mauvais).

Écrit par : Guillaume | lundi, 18 juillet 2005

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