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lundi, 29 août 2005

Dominique et Dante

J’ai retrouvé avec plaisir, en rentrant ici, à Tours, mercredi dernier, notre demeure, et notamment ma table de chevet, plus chargée de livres que la barque de Dante. Justement, j’ai repris ma lecture, interrompue début juillet pour cause de vacances, de La Divine Comédie, dans l’édition bilingue parue il y a peu aux éditions La Différence (très belle traduction de Didier Marc Garin).

 

Jeudi soir, je lus les chants XXX à XXXIV de l’Inferno. Par une de ces coïncidences si fréquentes, et qu’accentue la lecture simultanée de quatre ou cinq livres au minimum (as is my wont), j’ai lu vendredi, le lendemain donc, l’opuscule de Dominique Fourcade, en laisse, dont le meilleur texte est d’ailleurs, à mon avis, celui qui donne son titre au recueil et s’inspire de l’une des photographies représentant les sévices subis par les prisonniers irakiens dans les geôles américaines. Fourcade cite à deux reprises le tercet suivant, extrait du chant XXXI :

Cercati al collo, e troverai la soga
che’l tien legato, o anima confusa,
e vedi lui che’l gran petto ti doga.*

 

On pourrait, je pense tenir un répertoire de ces coïncidences souvent frappantes, et qui éclairent les œuvres lues sous un jour nouveau, qui est peut-être celui, aussi, de la maigre existence du lecteur

 

* Traduction de Didier Marc Garin :

Cherche à ton cou, tu trouveras la sangle
qui le** tient attaché, âme confuse,
et vois-le** qui barre ton grand poitrail

** Les deux pronoms le font ici référence au cor de Nemrod, auquel Virgile ici s’adresse.

Fourcade, lui, traduit différemment, avec un faux-sens sans doute délibéré qui lui permet de relier, justement, ces beaux vers à la situation infernale que représente la photo du soldat irakien tenu en laisse comme un chien : cherche au cou tu trouveras la laisse qui te tient lié (Dominique Fourcade. en laisse. Paris: P.O.L., 2005, p.46).

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